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AG/EF/364

RIO+10 DOIT REAFFIRMER LES DISPOSITIONS D’ACTION 21 ET LE PRINCIPE DE LA RESPONSABILITE COMMUNE MAIS DIFFERENCIEE EN MATIERE DE PROTECTION DE L’ENVIRONNEMENT

30/10/01
Communiqué de presse
AG/EF/364


Deuxième Commission

19e séance – matin


RIO+10 DOIT REAFFIRMER LES DISPOSITIONS D’ACTION 21 ET LE PRINCIPE DE LA RESPONSABILITE COMMUNE MAIS DIFFERENCIEE EN MATIERE DE PROTECTION DE L’ENVIRONNEMENT


La Commission économique et financière (Deuxième Commission) a poursuivi, ce matin, son débat sur l’environnement et le développement qui a donné aux délégations l’occasion de faire valoir leur point de vue sur l’issue que devrait avoir le Sommet mondial pour le développement durable, qui doit se dérouler à Johannesburg en septembre 2002, soit dix ans après le “Sommet de la Terre” de Rio.  Toutes les délégations, qui sont intervenues, ce matin, ont rejeté l’idée d’une renégociation  d’Action 21 – le Programme d’action de Rio-.  Elles ont voulu, au contraire, que le Sommet de Johannesburg réaffirme l’interdépendance entre les trois piliers du développement durable définis à Rio, à savoir, « la croissance économique, le développement social et la protection de l’environnement », ainsi que le principe de la responsabilité commune mais différenciée. 


Etant donné le peu de progrès réalisé depuis le Sommet de Rio, l’ensemble des délégations a fixé comme priorité, au rendez-vous de Johannesburg, la lutte contre la pauvreté compte tenu de son lien direct avec la dégradation de l’environnement.  D’autres priorités ont été défendues comme celles concernant la préservation de la biodiversité, l’accès aux ressources génétiques et la répartition équitable des bénéfices tirés de leur utilisation, la sécurité des biotechnologies, le changement climatique ou encore la conservation du milieu marin.  Dans ce contexte, la tâche du Sommet de Johannesburg sera, selon les délégations, de dessiner les contours de la coopération internationale nécessaires à la résolution de ces problèmes.  Cette coopération, du point de vue des pays du Sud, devrait se traduire par la mobilisation des ressources financières, y compris des ressources nouvelles et additionnelles, le transfert effectif des technologies écologiquement saines et à des termes concessionnels, et le renforcement des capacités humaines, institutionnelles, scientifiques et techniques.


Toujours en matière de coopération internationale, la question de la gouvernance mondiale a été posée par des pays comme l’Algérie qui ont appuyé la mise en place d’une gouvernance environnementale mondiale qui, selon cette délégation, implique qu’une place centrale soit reconnue au Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE), en tant qu’autorité mondiale en matière d’environnement.  A ce propos, la représentante de l’Inde a voulu que cette question soit examinée dans le contexte plus large de la gouvernance du développement durable en arguant que toute structure de gouvernance environnementale qui ignorerait le rôle des autres institutions internationales serait vouée à l’échec.  Pour sa part, le représentant du Koweït a proposé l’inscription à l’ordre du jour d’une “Journée internationale pour la prévention de l’utilisation de l’environnement à des fins de conflits armés”.


Outre les délégations citées, ont pris part au débat les représentants des pays suivants : Canada, Oman, Népal, Thaïlande, Chili, au nom du Groupe de Rio, El Salvador, au nom des pays d’Amérique centrale, de Bélize et de la République dominicaine, République tchèque, Venezuela, Bélize, au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), Islande, Chine, Mexique, Brunei Darussalam, République de Corée, Tunisie, Brésil, et Andorre ainsi que les représentants de l’Organisation internationale du Travail (OIT) et de la Banque mondiale.


La Commission reprendra son débat cet après-midi, à 15 heures.


Environnement et développement durable


M. MATTHEW LEVIN (Canada), à propos du Sommet de Johannesburg, a défini cinq thèmes qui, selon lui, contribueront à la réalisation du développement durable.  Il a cité, en premier lieu, la santé et l’environnement, en annonçant la décision de son pays d’accueillir une réunion des ministres de la santé et de l’environnement de l’Amérique, à Ottawa, au printemps de 2002.  En deuxième lieu, le représentant a cité la conservation et l’intendance, en souhaitant un dialogue mondial pour permettre aux gouvernements et aux autres parties intéressées d’explorer comment les minéraux et les métaux peuvent contribuer au développement durable.  En troisième lieu, le représentant a cité l’innovation et le partenariat qui exigent que les responsabilités soient partagées en misant sur les capacités des gouvernements, des grands groupes comme le secteur privé et des individus.  En quatrième lieu, le représentant a évoqué la gouvernance internationale en matière d’environnement en disant attendre beaucoup du processus lancé par le PNUE.  Enfin, il a cité les collectivités durables où il s’agit d’envisager le développement durable comme une question qui touche à la vie quotidienne et qui constitue le gagne-pain de chaque individu.


M. ABDULLAH OMAR AL-HADDAD (Oman) a transmis les félicitations de son gouvernement au Secrétaire général et aux Nations Unies pour le prix Nobel de la paix.  Aucun pays ne peut à lui seul réussir à mettre en place les conditions d’un développement durable, a estimé le représentent en déclarant que le rôle de l’Organisation des Nations Unies est central sur cette question.  Aussi appelons-nous la communauté internationale à relancer sur une base plus efficace les partenariats entre les pays du Nord et ceux du Sud, a-t-il poursuivi.  Oman tient beaucoup à la mise en oeuvre d’Action 21 et nous pensons que chaque pays doit concevoir un plan d’action au niveau national, qui inclut à la fois les initiatives gouvernementales et les efforts de la société civile et des ONG.  Oman est fermement engagé dans la lutte contre la pauvreté et la préservation de l’environnement, comme le prouvent les différentes initiatives prises par son Sultan lui-même, qui a créé un prix spécial honorant les personnes et les groupes qui s’illustrent dans ces domaines.  Nous demandons à tous les pays de signer et de ratifier le Protocole de Kyoto et de ratifier la Convention sur les changements climatiques.


Concernant la pollution marine, nous sommes conscients du danger que présente le trafic des pétroliers qui circulent dans la zone du Golfe, et qui naviguent au large de nos côtes.  Nous avons créé à cet égard un cadre de concertation avec les organismes mondiaux qui s’intéressent aux dangers que présentent les matières polluantes qui pourraient mettre en danger la vie marine.  Oman soutient fermement la tenue du Sommet de Johannesburg.  Nous avons participé à toutes les sessions du Comité préparatoire et militons pour que des accords et des consensus soient trouvés sur les divergences qui pourraient exister sur certains points sensibles.


M. ARJUN KANT MAINALI (Népal) a estimé, en ce qui concerne la mise en oeuvre d’Action 21, que les progrès ont été lents.  D’une part, les pays développés,

a-t-il dit, doivent encore honorer les objectifs financiers et environnementaux qui ont été fixés pour eux, et d’autre part, les ressources n’ont pas été mises à la disposition des pays en développement pour mettre en oeuvre les dispositions pertinentes d’Action 21.  Les pays pauvres comme le Népal, a insisté le


représentant, ne peuvent seuls mettre en oeuvre les engagements pris.  Ils ont besoin d’une augmentation substantielle de l’aide publique au développement (APD, d’un allègement plus réel de la dette, de l’accès aux marchés et aux technologies et d’un environnement extérieur favorable à l’investissement étranger et national.


De plus, a poursuivi le représentant, tous les accords internationaux sur l’environnement doivent être appliqués et leurs lacunes corrigées.  Le Népal attache également beaucoup d’importance à la coopération régionale et travaille avec les autres pays d’Asie du Sud au sein de l’Association pour la coopération régionale.  Pour tous les pays en développement, a conclu le représentant, le financement de la mise en oeuvre d’Action 21 est la question cruciale.  Le Népal espère donc que la prochaine conférence sur le financement du développement et la Conférence Rio+10 aboutiront à des engagements concrets pour éliminer cet obstacle.


M. CHUCHAI KASEMSARN (Thaïlande)a associé sa délégation à la déclaration faite hier par l’Iran au nom du Groupe des 77 et de la Chine.  La Thaïlande, a poursuivi le représentant, a toujours adhéré aux principes du Rapport Brundtland qui, publié en 1987, définissait le développement durable comme “un développement qui satisfait les besoins présents sans compromettre la possibilité pour les futures générations de satisfaire les leurs”.  La Thaïlande attache beaucoup d’importance à la mise en oeuvre d’Action 21, que nous considérons comme le schéma de mise en oeuvre du développement durable au niveau national, régional et mondial.  Ce plan doit être soutenu sans faille par les Nations Unies, les gouvernements et toutes les autres parties prenantes, dans tous les domaines touchant à la préservation de l’environnement.  Comme convenu dans la résolution 55/199 adoptée l’an dernier par l’Assemblée générale, l’évaluation de la mise en oeuvre d’Action 21 devrait se concentrer sur l’identification des réussites dans les secteurs où des efforts supplémentaires sont cependant encore nécessaires et sur les autres résultats obtenus dans l’application des engagements pris à Rio.  Le Sommet de Johannesburg devrait aussi aboutir à une réaffirmation de l’engagement politique et du soutien envers le développement durable, entre autres, avec une réaffirmation du principe des responsabilités communes mais différentiées.  La Thaïlande prend acte de la nomination par le Secrétaire général de M. Jan Pronk, le Ministre de l’environnement des Pays-Bas, comme son Envoyé spécial sur la question du développement durable.  La mission de M. Pronk, d’après ce que nous avons compris, est de rencontrer les dirigeants politiques au plus haut niveau pour prendre connaissance de leurs vues sur le développement durable et la tenue du Sommet de Johannesburg.  Nous prenons aussi acte de la nomination d’un Panel consultatif de haut niveau composé de hautes personnalités ayant une expertise dans les domaines les plus pertinents, et dont la mission est de hausser le profil du Sommet et d’aider à la dissémination des informations et des buts que s’assigne le développement durable.


M. JUAN GABRIEL VALDES (Chili), au nom du Groupe de Rio, a appelé la communauté internationale à redoubler d’efforts, au Sommet de Johannesburg, et à renforcer la volonté politique d’entreprendre des actions aux niveaux local, régional et mondial en matière de développement durable afin de garantir au mieux un monde plus équitable et un environnement international pacifique.  Le Groupe de Rio, a insisté le représentant, appelle au renforcement de la coopération internationale dans le domaine des capacités institutionnelles et humaines, à un transfert plus dynamique des technologies et du savoir et à une mobilisation plus adéquate des ressources financières nécessaires à la mise en oeuvre des politiques


nationales et des engagements régionaux et internationaux en matière de développement durable.  Il appelle aussi à une réelle complémentarité entre les pays développés et les pays en développement et au renforcement des cadres de la coopération Sud-Sud.


Le représentant a alors énuméré les priorités dans le domaine du développement durable.  Il s’agit de la lutte contre la pauvreté, de la protection de la santé, de la préservation de sa biodiversité, de l’accès aux ressources génétiques et de la répartition équitable et juste des bénéfices tirés de leur utilisation, du développement durable des forêts et des eaux, de la conservation des sols, de la conservation et de l’utilisation durable du milieu marin, et de la gestion des déchets toxiques et dangereux.


Le Groupe de Rio a d’ailleurs adopté une Plate-forme d’action pour Johannesburg lors de la Conférence régionale qu’il a tenue les 23 et 24 octobre.  Ce document propose que l’ordre du jour du prochain Sommet accorde la priorité requise aux questions intersectorielles dont le financement, la science et la technologie, le renforcement des capacités et la vulnérabilité.  Le document offre comme thème central du Sommet “ Vers une nouvelle mondialisation qui garantit un développement équitable, participatif et durable”. Toujours pour le Groupe de Rio, a encore dit le représentant, les progrès en matière de développement durable exigent une harmonisation entre les politiques sociales, économiques et environnementales.  Les problèmes d’inégalité et de pauvreté exigent une politique environnementale intersectorielle. 


En conséquence, le Groupe de Rio accueillerait avec satisfaction des mesures incitatives économiques et fiscales pour promouvoir la participation du secteur privé dans les programmes publics de développement durable.  Le Groupe est convaincu que la viabilité du développement durable dans la région exige un système économique international stable, prévisible, ouvert et participatif dans lequel la dimension “environnement” serait reconnu comme une opportunité d’investissements et de commerce et non comme un obstacle ou une source de discrimination.  C’est pourquoi, le Groupe de Rio exprime sa préoccupation devant les conditionnalités environnementales et appelle à l’élimination de toutes les formes de subventions à l’exportation et à une véritable amélioration de l’accès aux marchés.  Le Groupe de Rio, a conclu le représentant, souligne l’importance d’une participation active de la société civile et des communautés locales et autochtones dans les efforts de développement durable.


M. JOSE ROBERTO ANDINO SALAZAR (El Salvador) a déclaré, au nom des Etats d’Amérique centrale, de Belize et de la République dominicaine, que sa délégation s’associait à la déclaration du Groupe des 77 et de la Chine.  La Conférence de Rio a ouvert la voie à de nouveaux accords régionaux entre pays membres de notre Groupe, a dit le représentant.  La conférence qui s’est tenue sur cette question à San Salvador a permis à nos pays de discuter de la crise qui sévissait en Amérique centrale et faisait stagner les économies de nos pays, a-t-il poursuivi en évoquant les pertes économiques provoquées par les catastrophes naturelles et les phénomènes El Niño et La Niña, dont les conséquences ont été la destruction des sols et des forêts de la région.  La pollution de l’air s’est aggravée en Amérique centrale et les pays ont reconnu la nécessité d’intégrer les recommandations de Rio à toutes leurs politiques en vue de faire face à cette situation.  Cinq pays de la région, plus Belize et Panama, ont créé un plan général dénommé « Alliance pour le développement durable ».  Ce plan vise à améliorer la qualité de vie des populations et à préserver les ressources naturelles de la région.  Plusieurs conventions régionales ont été signées dans ce cadre. Certaines ont trait au transport et au stockage des déchets toxiques, à la préservation des forêts, et à la sauvegarde de la biodiversité.


Les pays de notre région reconnaissent d’autre part de plus en plus le rôle important que peut jouer la société civile et ont mis le développement durable au centre de leurs politiques nationales de développement.  Conscients des menaces que font planer la surexploitation des ressources marines, les changements climatiques et la déforestation, les pays d’Amérique centrale, Belize, et la République dominicaine reconnaissent que des mesures exceptionnelles doivent être prises au niveau international, et nous espérons que cela sera fait lors du Sommet mondial de Johannesburg.


Mme MARTINA MOTLOVA (République tchèque) a fermement appuyé la participation active de tous les acteurs intéressés au processus préparatoire et au Sommet lui-même.  Elle a donc espéré que le Comité préparatoire mènera ses travaux d’une manière telle que les gouvernements pourront avoir accès aux vues et aux idées des autres acteurs et qu’une véritable interaction ait lieu.  A ce propos, la représentante a souligné le rôle de la communauté scientifique en arguant que la science en matière de développement durable doit renforcer davantage ses structures internationales afin de fournir les conseils requis aux processus intergouvernementaux.  La représentante a poursuivi en regrettant que la question de la biodiversité n’ait pas reçu la place qu’elle mérite dans le projet de document final de Johannesburg.  Elle a donc souhaité que son importance pour le développement durable soit pleinement reconnue avant de s’attarder sur la question de l’éducation.  Elle a ainsi observé que les systèmes éducatifs actuels sont loin de répondre aux défis du développement durable et qu’ils ne reflètent pas toujours les trois piliers de la durabilité.  Elle a donc souligné le rôle de l’éducation dans le développement durable avant, pour conclure, de donner son ferme appui à l’idée d’un pacte planétaire même si, a-t-elle convenu, le concept doit être précisé et élaboré plus avant.


Mme JULIA LOPEZ-CAMACARO (Venezuela) a associé sa délégation aux déclarations du Groupe des 77 et de la Chine et du Groupe de Rio.  Le Sommet de Johannesburg nous permettra de prendre connaissance des acquis et des insuffisances que le monde vit dans la mise en oeuvre d’Action 21.  Cet examen nous permettra d’examiner la portée de cette mise en oeuvre qui dure depuis

10 ans.  Le Venezuela est d’avis que la Commission du développement durable et le Sommet de Johannesburg doivent rester le cadre de prédilection d’examen d’Action 21.  Le Venezuela a déjà élaboré son rapport national sur cette question.  Ce rapport met l’accent sur la coopération entre le secteur public et les ONG et le secteur privé dans la mise en oeuvre du développement durable.  Le Venezuela souhaite participer activement aux sessions préparatoires de Johannesburg, afin d’inciter au respect des engagements pris à Rio.  Pour notre pays, il n’est pas question de renégocier les acquis de Rio, mais d’aller de l’avant et de trouver les moyens qui pourraient simplement faciliter l’application d’Action 21.  Les insuffisances, selon nous, viennent surtout du manque de ressources et de l’insuffisance des transferts de technologies propres vers les pays en développement.  D’autre part, au vu de l’aggravation de la pauvreté, il nous paraît urgent d’assurer des ressources nouvelles aux programmes de lutte contre la pauvreté, ce qui serait aussi un apport à la promotion du développement durable.


M. STUART W. LESLIE (Bélize) au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM) a souligné qu’en ce qui concerne la mise en oeuvre d’Action 21, le problème fondamental auquel sont confrontés les pays de la CARICOM est celui du manque de ressources financières.  Dans ce cadre, il a dit l’importance que la CARICOM attache à la Convention-cadre des Nations Unies sur le changement climatique et au Protocole de Kyoto.  Etant donné l’impact du changement climatique sur les pays de la CARICOM, ces derniers continuent à solliciter l’appui des Nations Unies à un régime spécial pour la Mer des Caraïbes. Venant aux processus préparatoires du Sommet de Johannesburg, le représentant a rejeté toute renégociation d’Action 21 en appelant plutôt à un engagement renouvelé et renforcé dans le domaine de la mobilisation des ressources nécessaires à la mise en oeuvre du Programme d’action.  Le représentant s’est aussi attardé sur l’application de la Convention sur la diversité biologique en exprimant sa préoccupation face aux questions de l’accès aux ressources génétiques et d’une répartition juste et équitable des bénéfices tirés de leur utilisation.  Ces questions, a-t-il dit, doivent être résolues, de manière urgente, afin de permettre aux différents acteurs, dont les communautés locales et autochtones, à participer pleinement à la mise en oeuvre de la Convention.  Le représentant a, par ailleurs, commenté la mise en oeuvre du Programme mondial solaire de 1996 en appelant à la résolution des problèmes technologiques, économiques et législatifs qui empêchent les pays en développement de renforcer ce programme.


M. GARETH HOWELL, Directeur par intérim de l’Organisation internationale du travail (OIT) a déclaré que le concept de durabilité ou de pérennité s’applique à parts égales aux politiques économiques, sociales et environnementales, et nécessite une plus grande intégration des décisions politiques publiques et de leur mise en oeuvre.  L’Agenda 21 a mis en place un cadre pour la création de ces liens.  Les questions de politiques d’emploi, dans trois secteurs clefs: l’énergie, les transports et l’agriculture, sont d’une importance particulière pour le processus de développement.  Le manque d’énergie dans les zones rurales est le problème le plus sérieux auquel doit remédier la communauté internationale dans ce secteur.  Ce manque d’énergie à bon marché plonge plus de deux milliards de personnes dans la pauvreté absolue.  Il est donc crucial de créer un cadre politique qui stimule des choix efficaces sur le plan énergétique et s’appuie sur la collaboration internationale.  Quant au secteur des transports, il compte pour 25% de la consommation d’énergie commerciale au monde et s’accroît ou recule au rythme de l’avancée ou du recul du produit national brut (PNB).  L’usage d’énergie fossile, c’est-à-dire essentiellement de charbon et de dérivés du pétrole, est la première source d’émissions polluantes de gaz à effet de serre.  L’usage de ces carburants dégage dans l’atmosphère du plomb, des particules fines, des oxydes de nitrates et des oxydes de soufre.  Des investissements judicieux et stratégiques devraient être faits pour assurer le développement durable dans ce domaine tout en assurant des créations d’emplois dans les secteurs de l’automobile et le développement et la construction des infrastructures.


Les trois quarts des populations pauvres de la planète vivent dans les zones rurales et dépendent de l’agriculture pour leur survie.  Un récent rapport de l’OIT intitulé “Une agriculture durable dans une économie en mondialisation” indique que 80% des habitants des pays les plus pauvres dépendent de l’agriculture, alors que ce taux n’est que de 3% dans les pays riches.  Des partenariats entre les secteurs public et privé sont donc nécessaires pour permettre la formation des gens et leur apporter de nouvelles technologies et méthodes de production plus rentables.  L’augmentation de leurs revenus pourrait créer des marchés ruraux et créer de nouveaux types d’emplois dans ces régions rurales.  Le programme “SafeWork” de l’OIT vise à placer la santé et la sécurité des travailleurs sur l’agenda international.   Comme outil politique et comme moyen opérationnel, nous promouvons la primauté de la prévention comme le meilleur moyen d’assurer la santé et la sécurité des travailleurs.  Ceci sera un thème central des travaux du Sommet de Johannesburg.


M. THORSTEINN INGOLFSSON (Islande) a considéré qu’au cours du Sommet de Johannesburg, le défi sera de renouveler les engagements en faveur de la lutte contre la pauvreté, la dissociation de la croissance économique de la dégradation de l’environnement, et de la préservation des écosystèmes.  Il est clair, a expliqué le représentant, qu’un engagement renouvelé en faveur de la lutte contre la pauvreté devra être au centre des préoccupations à Johannesburg et que le concept de dissociation est perçu par beaucoup comme l’instrument de choix d’une croissance qui, à long terme, ne réduirait pas ses propres fondements.  En ce qui concerne la préservation des écosystèmes, le représentant s’est dit convaincu que le rôle des océans dans la vie durable et le bien-être de l’être humain doit être mis en avant au Sommet de Johannesburg.  A cet égard, il a attiré l’attention  sur la Conférence de Reykjavik sur la pêche responsable dans l’écosystème marin.  Cette Conférence, a-t-il indiqué, a donné lieu à une Déclaration qui engage les Etats à intégrer les préoccupations liées l’écosystème dans la gestion de la pêche afin d’assurer une pêche responsable et durable dans l’écosystème marin.


M. SHEN GUOFANG (Chine) a estimé que le Sommet de Johannesburg devait maintenir et mettre en oeuvre les principes adoptés lors de la Conférence de Rio.  Rio a mis en place une série de principes de base pour la promotion d’un développement durable au niveau mondial.  Ces principes ont, entres autres, trait à l’intégration de l’environnement et du développement, aux responsabilités communes et différentiées, et au respect de la souveraineté des Etats sur leurs ressources.  Johannesburg devrait donc, tout d’abord, simplement réitérer ces principes tout en oeuvrant en faveur de leur application à travers des mesures concrètes. Ensuite l’objectif du Sommet de Johannesburg devrait être de mener un examen complet de la mise en oeuvre d’Action 21, et il devrait identifier les obstacles qui se posent au respect des engagements pris, tout en évaluant le fossé qui existe entre ces engagements et les actions réellement entreprises.  Ensuite la priorité du Sommet devrait être d’aider les pays en développement à surmonter les difficultés qui se posent à eux, et devrait les soutenir dans leurs efforts de parvenir à la mise en place de conditions propices au développement durable.  A cet égard, le Sommet devrait pouvoir arrêter des calendriers de mise en oeuvre des mesures sectorielles et intersectorielles qui permettraient le respect des engagements financiers et des transferts de technologies, et de renforcement des capacités pris par la communauté internationale.  Enfin, en ce qui concerne la gouvernance internationale des questions d’environnement, la Chine pense qu’elle devrait être menée en intégrant les trois piliers du développement durable.  Toute décision prise à cet égard devrait impliquer la mise en oeuvre d’Action 21.  Ces décisions devraient d’autre part tenir compte des recommandations et des résolutions prises par l’Assemblée générale de l’Organisation des Nations Unies.


M. JOSE RAMON LORENZO (Mexique) a estimé que le Sommet de Johannesburg est une occasion unique de se tourner vers l’avenir et d’adopter un programme de travail renouvelé conforme aux nouveaux défis.  Il faut, a-t-il dit, une volonté politique pour relancer les engagements et un consensus sur la mobilisation des efforts, dans la perspective d’une responsabilité commune mais différenciée.  A cet égard, le représentant a dit accorder une grande importance aux travaux en cours sur la gouvernance environnementale internationale.  Il a espéré que les conclusions du Groupe chargé de ces travaux constituera un apport important au processus préparatoire du Sommet de Johannesburg.  Rappelant que le Mexique est un pays de “mégabiodiversité”, le représentant a souligné l’importance des travaux en cours sur le renforcement des capacités.  Il a souhaité que ces travaux soient menés en coordination avec d’autres efforts notamment ceux de la FAO, de l’OCDE ou de l’OMC.  Il a ainsi estimé que l’entrée en vigueur du Protocole de Carthagène sur la sécurité de la biotechnologie permettra de faire prévaloir des règles agréées en matière de biosécurité.  Il a aussi souligné l’attachement de son pays au Protocole de Kyoto en estimant que les accords de Bonn constituent un bon point de départ pour régler les questions relatives au changement climatique sous le principe de la responsabilité commune mais différentiée.


Mme KRISTALINA GEORGIEVA (Banque mondiale) a déclaré que la Banque mondiale estime que les attentats du 11 septembre auront pour résultats une augmentation des difficultés et des souffrances que connaissent les populations des pays en développement.  La croissance économique de ces pays pourrait être réduite entre 0,5 et 0,7% en 2002, du fait des retombées de ces évènements, condamnant ainsi

10 millions de personnes supplémentaires à la pauvreté, l’an prochain.  Environ

20 000 à 40 000 enfants de moins de 5 ans pourraient mourir à cause de cette situation, a dit la représentante.


La Banque mondiale publiera son prochain Rapport sur le développement dans le monde, intitulé “Le développement durable accompagné d’une dynamique économique” au moment de l’ouverture du Sommet de Johannesburg pour aider à susciter la création d’un lien entre les dimensions environnementales, sociales et économiques du développement durable.  Le rapport traitera de l’interaction entre la croissance, la réduction de la pauvreté, la cohésion sociale et l’environnement.  Nous espérons que sa préparation contribuera au dialogue mondial sur les institutions sociales.  Il est clair que les individus et les communautés doivent mieux gérer leurs biens naturels, sociaux, et infrastructurels, et leurs ressources humaines.  La Banque espère voir se dessiner un effort international pour réformer les systèmes nationaux de comptabilité et de gestion, et nous espérons voir les pays adopter des mesures d’évaluation plus précises de la croissance et du développement.  Nous continuerons aussi le travail que nous avons entamé sur l’interdépendance entre la durabilité du développement et la réduction de la pauvreté.  Le “Prototype Carbon Fund” créé par la Banque est le premier mécanisme mondial basé sur les règles de marché qui s’adresse à la question des changements climatiques et qui promeut le transfert amical de ressources financières et de technologies vers les pays en développement. La Banque a aussi lancé un fonds de 150 millions de dollars en partenariat avec le Fonds mondial de l’environnement et la fondation “Conservation internationale”.  Ce fonds vise à préserver la biodiversité dans certaines parties du monde en développement.


M. SERBINI ALI (Brunéi Darussalam) a estimé que l’environnement est un problème complexe du fait de ses dimensions politiques, économiques et sociales.  Une mise en oeuvre effective d’Action 21 exige une somme considérable de ressources.  Sa gestion exige, en effet, une approche multidimensionnelle étant donné l’importance qu’il y a à établir un équilibre entre les développements économique, social et environnemental.  Nous devons, a poursuivi le représentant, tenir compte des impacts régionaux et internationaux des politiques en la matière et à cet égard, souligner la nécessité pour les pays développés de partager leurs compétences et leurs expériences avec les pays en développement afin de renforcer la capacité de ces derniers dans les domaines scientifiques et technologiques.  Insistant sur l’importance, pour les pays en développement, du principe de la responsabilité commune mais différenciée dans la mise en oeuvre des engagements internationaux, le représentant a estimé que l’efficacité des politiques dépend, en effet, d’une compréhension commune des différences entre les pays.  Illustrant ses propos, il a jugé nécessaire de tenir compte des considérations en matière de tissu social et d’orientations des objectifs nationaux de développement économique.  Il a conclu sur les campagnes de sensibilisation du public aux niveaux national et international en arguant que le partage de l’information, notamment sur les systèmes d’alerte rapide, peut contribuer à résoudre les problèmes.  Il a, à cet égard, appelé l’ONU à continuer à renforcer son rôle dans ce domaine.


M. SEOK-YOUNG CHOI (République de Corée) a déclaré que le Sommet de Johannesburg devrait revitaliser l’engagement politique de soutien aux recommandations et engagements de Rio et à la mise en oeuvre du développement durable.  A cet égard, le Sommet de Johannesburg devrait d’abord être une conférence d’examen de la mise en oeuvre d’Action 21.  La République de Corée pense aussi que cette mise en oeuvre devrait être revue pour pouvoir y intégrer les impacts qu’a la mondialisation sur les pays en développement et sur les conditions de l’économie au niveau mondial.  La pauvreté étant devenue un sujet de préoccupation majeure, notre délégation souhaite aussi que “la réduction de la pauvreté et le développement durable dans le contexte de la mondialisation” soit un des thèmes centraux du Sommet.


M. MOHAMED FADHEL AYARI (Tunisie) a souhaité que le Sommet de Johannesburg reconnaisse que la croissance économique, le développement social et la protection de l’environnement sont interdépendants et se renforcent mutuellement.  Le Sommet devrait, à cet égard, a poursuivi le représentant, réaffirmer le principe fondamental des responsabilités communes mais différenciées entre les Etats, lequel serait alors la base de toutes les actions qui seront proposées à Johannesburg.  Le représentant a également dit attacher une grande importance à la transparence du processus Rio+10 qui, selon lui, doit arrêter un calendrier précis de mise en oeuvre des engagements de Rio concernant, en particulier, le renforcement des capacités humaines et institutionnelles, le transfert des technologies écologiquement saines et la fourniture des ressources financières, y compris des ressources nouvelles et additionnelles.  Le représentant a dit espérer que ce Sommet sera un tournant où seront adoptées des mesures efficaces de lutte contre la pauvreté qui, a-t-il souligné, est une des causes de la dégradation de l’environnement.  Il a conclu sur la politique tunisienne en matière d’environnement en arguant que dans cette grande tâche collective, il convient aussi de promouvoir un nouveau partenariat mondial, avec un transfert effectif de technologie et une nouvelle éthique sociale.


Mme MARIA LUIZA ROBEIRO VIOTTI (Brésil) a déclaré que la Conférence régionale des pays d’Amérique latine et les Caraïbes, tenue en prévision du Sommet mondial pour le développement durable, a eu lieu à Rio de Janeiro les 23 et 24 octobre derniers.  La Conférence s’est tenue au niveau ministériel avec le soutien de la Commission économique et sociale des Nations Unies pour l’Amérique latine et les Caraïbes (CEPALC).  Le Président du Brésil, M. Fernando Enrique Cardoso, a fait une allocution d’ouverture dans laquelle il a noté que la promotion d’un développement durable implique la prise en considération d’une hiérarchie de valeurs sociales, et doit entraîner des changements d’habitudes culturelles, qui devraient notamment s’appliquer à des modifications et même à l’abandon des modes de production et de consommation actuels.  La Conférence a adopté une déclaration et une plate-forme dite “Plate-forme d’action de Rio pour le Sommet de Johannesburg”.  Ce texte reconnaît que si des progrès ont été accomplis dans l’amélioration du fonctionnement des institutions, des politiques, des normes et des régulations, les conditions de mise en oeuvre n’ont pas cependant beaucoup progressé au niveau mondial.  Le texte reconnaît aussi que la rapidité de propagation des mesures de mondialisation pose de nouveaux problèmes, qui sont d’une nature qui était inconnue lors du Sommet de la terre, à la promotion du développement durable.


M. AL-HAZEEM (Koweït) a souligné le rôle de la coopération internationale en matière d’environnement en faisant état des activités du Conseil de coopération des pays arabes qui a intégré les impératifs de la protection de l’environnement dans sa politique d’appui aux projets. Le représentant a ensuite souligné le lien entre pauvreté et dégradation de l’environnement en jugeant utile que le Sommet mette l’accent sur ce lien et sur les campagnes de sensibilisation qu’il nécessite.  En conclusion, le représentant a proposé l’inscription à l’ordre du jour de la célébration d’une “Journée internationale de la prévention de l’utilisation de l’environnement pour des guerres et des conflits armés”.


M. MOURAD BENMEHIDI (Algérie) a déclaré que dans le souci d’assurer toutes les chances de réussite au Sommet mondial pour le développement durable, il est hautement souhaitable d’éviter, au moment de la prochaine session de fond du Comité préparatoire de ce sommet en janvier prochain, la propagation de la culture du préalable qui conduirait l’une ou l’autre partie à vouloir établir un ordre de priorité infondé et inopportun entre les trois piliers du développement durable que sont la croissance économique, le développement social et la protection de l’environnement.  Il nous apparaît plus profitable au processus du développement en général, a dit le représentant, que les efforts soient concentrés sur une plus grande synergie et une coordination accrue entre les processus de la Conférence internationale sur le financement du développement de Monterrey et le processus de Rio+10, tant les liens entre les deux sont évidents.  L’interdépendance accrue entre pays et régions, du fait de la mondialisation et l’interrelation des sphères économique, sociale, et de la gestion et de la conservation des ressources qui nous intéressent ici, appellent, de notre point de vue, des réponses globales dans le cadre d’une approche elle aussi globale.  L’Algérie considère que le rôle principal d’organiser et de promouvoir ce partenariat global revient à l’Organisation des Nations Unies.  C’est dans cet esprit qu’elle a, dans la sphère de l’environnement, souscrit à l’idée de mettre en place une gouvernance internationale de l’environnement qui implique qu’une place centrale soit attribuée au Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE), en tant qu’autorité mondiale en matière d’environnement, en lui assurant notamment une universalité légale et en le dotant de ressources financières adéquates d’une façon stable et prévisible.   


Mme VIJAY THAKUR SINGH (Inde) a souhaité que le Sommet éloigne la communauté internationale de la rhétorique et des bonnes paroles pour la rapprocher des mesures concrètes.  Il ne s’agira pas, à Johannesburg, de renénogier Action 21 mais de faire en sorte que le principe de la responsabilité commune mais différenciée continue de déterminer la nature des actions et des engagements.  Nous devrons, a dit la représentante, parvenir à un accord sur des engagements limités dans le temps concernant les moyens de mise en oeuvre, notamment en ce qui concerne le transfert des technologies écologiques saines à des conditions concessionnelles et la mobilisation des ressources financières.  Il faudra aussi, a-t-elle ajouté, s’accorder sur la mise en place d’un environnement international

favorable au développement pour assurer la participation des pays en développement à l’élaboration des normes, aux processus de prise de décisions économiques et à la création d’un système commercial juste, fondé sur des règles et non discriminatoire. 


Les questions de gouvernance, y compris de gouvernance environnementale internationale, doivent être examinées dans le cadre plus large de la gouvernance en matière de développement durable, a estimé la représentante.  Elle a souhaité qu’en la matière l’on reconnaisse l’existence et le rôle de plusieurs institutions internationales qui contribuent au processus du développement durable.  Toute structure de gouvernance qui ignorerait ce fait serait vouée à l’échec, a considéré la représentante.


Mme JELENA PIÀ COMELLA (Andorre) a déclaré que la délégation d’Andorre pense que l’objectif général du Sommet de Johannesburg devrait être le renforcement de l’engagement de la communauté internationale envers le développement durable.  Ce renforcement implique la détermination des gouvernements à tenir les engagements pris depuis 1992.  Et il implique aussi leur volonté d’aller au-delà et de se donner de nouveaux objectifs ou de nouveaux moyens et de nouveaux instruments pour que les engagements se concrétisent.  Andorre pense d’autre part que les dossiers ayant trait à la lutte contre la pauvreté; à la protection et la conservation des écosystèmes nécessaires au développement et à la santé de toute la planète; au renforcement des capacités et à la coopération internationale; à la place de l’Afrique dans le processus de mondialisation; et à la surconsommation et aux modes de production actuels, devraient être prioritaires à Johannesburg.


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