AG/EF/352

UN CONSENSUS SUR LES REMEDES AUX DISPARITES ECONOMIQUES ET COMMERCIALES EST UN PREALABLE AU LANCEMENT DE NOUVELLES NEGOCIATIONS A L’OMC, SELON CERTAINES DELEGATIONS

03/10/01
Communiqué de presse
AG/EF/352


Deuxième Commission

7e séance – matin


UN CONSENSUS SUR LES REMEDES AUX DISPARITES ECONOMIQUES ET COMMERCIALES EST UN PREALABLE AU LANCEMENT DE NOUVELLES NEGOCIATIONS A L’OMC, SELON CERTAINES DELEGATIONS


Un milliard de dollars s’échange toutes les 19 minutes dans le cadre des transactions commerciales internationales.  L’investissement direct étranger (IED) a atteint le nombre record de 1 300 milliards de dollars en 2000.  Sur les marchés des devises, 1,5 milliard s’échangent chaque jour.  Pourtant, 75% de la population du monde vit avec moins de 25% des revenus mondiaux et le montant des revenus que se partagent 57% des plus pauvres correspond à celui de la petite minorité que forme le 1% des personnes les plus riches du monde.  Ce sont les chiffres qu’a avancés, ce matin, le représentant de l’Inde pour illustrer, devant la Deuxième Commission (Commission économique et financière) qui a poursuivi son débat général, les déséquilibres générés par la mondialisation et la libéralisation du commerce.


A l’instar du représentant de l’Inde, les délégations ont d’abord invoqué, pour expliquer cette situation, le caractère injuste du système commercial international d’autant plus difficile à supporter que le ralentissement de l’économie mondiale a déjà entraîné, dans les pays en développement, la chute des exportations et la baisse des prix des produits de base.  Les délégations ont donc demandé que la quatrième réunion ministérielle de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), qui doit se tenir au Qatar en novembre, ait, comme l’a dit le représentant de la Jordanie “le développement pour colonne vertébrale” et qu’elle aboutisse à la mise en place d’un système juste, équitable, fondé sur des règles et non discriminatoire.  Pour ce faire, de nombreuses délégations ont jugé urgent d’élargir la composition de l’OMC dont les nouveaux membres devraient être admis aux mêmes conditions que les membres existants, comme l’a souligné le représentant de la République fédérale de Yougoslavie. 


Toujours à propos de la réunion ministérielle, des délégations comme l’Inde ou le Népal ont mis en garde contre toute inscription, dans l’ordre du jour, de questions non liées au commerce telles que le droit du travail ou les normes écologiques.  L’Inde s’est même opposée au lancement d’un nouveau cycle de négociations sans un consensus préalable.  En règle générale, les délégations ont fixé comme priorité l’élimination des obstacles à la mise en oeuvre des accords issus du cycle d’Uruguay de 1995, en citant notamment les barrières tarifaires et non tarifaires, le non-respect des accords relatifs aux traitements spéciaux et différenciés et l’interprétation jugée abusive des droits de propriété intellectuelle liés au commerce (TRIPS).


Le fardeau de la dette, la chute de l’APD, qui est passée à 0, 22% du PNB, la répartition inégale de l’investissement direct étranger (IED), la stagnation des flux de capitaux privés et l’absence d’accès aux institutions internationales de crédits ont également été invoqués pour expliquer la dégradation des économies des pays en développement.  Devant ces faits, les délégations ont jugé impératif de fixer comme priorité la réforme de l’architecture financière internationale qui, sous sa nouvelle forme, devrait être en mesure de générer les 50 milliards de dollars par an jugés nécessaires par le Groupe d’experts sur la question – “Rapport Zedillo”- pour surmonter les obstacles actuels.  La Conférence internationale sur le financement du développement, qui doit se tenir au Mexique en mars 2002, a été perçue, par de nombreuses délégations, comme un test pour la communauté internationale dans son ensemble puisqu’y sont attendus les gouvernements, les institutions financières internationales dont celles de Bretton Woods, les représentants du secteur privé et les ONG.


Le développement durable devant allier les exigences de la croissance économique et celles de la protection de l’environnement, les délégations se sont fixées rendez-vous au Sommet mondial sur le développement durable de septembre 2002 pour réfléchir aux moyens de lever les obstacles à la mise en oeuvre d’Action 21 notamment en ce qui concerne la mobilisation des ressources nouvelles et additionnelles et le transfert des technologies écologiques saines.


Outre les délégations citées, les représentants des pays suivants ont pris la parole : Tunisie, Mexique, République démocratique populaire de Corée, Burkina Faso, Jordanie, Venezuela, Yémen, Israël, Iraq, Emirats arabes unis, République de Moldova, Koweït et Soudan.  Le représentant de la République de Corée a présenté une motion d’ordre.


La Commission devrait finir son débat général cet après-midi à 15 heures, avant d’entamer l’examen du sous-point “Science et technique au service du développement” dans le cadre de la question intitulée “Questions de politique macroéconomique”.


Débat général


M. MOHAMED FADHEL AYARI (Tunisie) a déclaré qu’il est temps pour la communauté internationale de redoubler d’efforts et d’accélérer la dynamique des formes de coopération et de partenariat pour relever l’ensemble des défis que pose la mise en oeuvre des objectifs de développement arrêtés par la Déclaration  du Millénaire.  La Tunisie espère que la Conférence sur le financement du développement permettra de discuter des différents aspects de cette question, et pourra adopter des conclusions et des décisions importantes tenant compte des préoccupations des pays en développement. L’aggravation des disparités au niveau mondial et l’accroissement du taux de pauvreté sous l’effet d’un développement à deux vitesses constituent l’un des paradoxes inhérents au phénomène de la mondialisation.  L’universalisation du système économique évolue dans le sens d’une intégration à grande échelle des économies nationales aussi bien au niveau des regroupements régionaux, qu’au niveau mondial. Nous faisons face à des défis et à des enjeux nouveaux dans tous les domaines, tels que l’aggravation du chômage et l’élargissement du fossé qui sépare les riches et les pauvres.  La proposition visant la création d’un fonds mondial de solidarité devant contribuer à l’élimination de la pauvreté et à la promotion du développement social et humain dans les régions les plus défavorisées dans le monde, procède de notre conviction de la nécessité de l’avènement d’un ordre mondial plus humain, où la mondialisation devra aller de pair avec les valeurs de solidarité et d’entraide.  Le fonds mondial de solidarité proposé est un instrument qui complète les mécanismes et les modes d’intervention existants et doit être financé par des dons et des contributions volontaires.  La Tunisie invite tous les Etats Membres et les institutions internationales à contribuer à la concrétisation de ce projet civilisationnel lors de la 56ème session. 


La Tunisie constate que les pays en développement n’ont pas été en mesure de profiter pleinement des progrès fulgurants enregistrés dans les domaines des technologies modernes.  L’existence de la “fracture numérique” rend nécessaire la mise en place d’un dialogue international et celle d’approches mondiales pour faciliter l’adaptation à cette nouvelle réalité et l’amélioration de la réinsertion des pays en développement dans le réseau mondial de l’information.  La Tunisie souligne le besoin d’intensifier les efforts de la communauté internationale visant à combler le fossé numérique à la veille des deux phases du Sommet mondial sur la société d’information qui sera organisé par le système de l’ONU à Genève à 2003 et à Tunis en 2005 en collaboration avec l’UIT.


M. DEJAN SAHOVIC (République fédérale de Yougoslavie) a estimé que l’intégration économique augmente en même temps que se renforce le rôle des institutions internationales.  Leur efficacité est fondamentale, a –t-il dit, en mettant un accent particulier sur les nécessaires cohérence et complémentarité qu’il faut entre les différents organes internationaux chargés des questions financières, commerciales et de développement.  A cet égard, la Conférence internationale sur le financement du développement pourrait apporter une contribution importante, a dit le représentant avant d’appeler aussi l’OMC à une libéralisation plus complète du commerce.  Il a souhaité, en particulier, que les termes d’admission des nouveaux membres soient comparables aux obligations des membres existants. 


M. Sahovic a estimé que les initiatives d’allègement de la dette doivent être complétées par d’autres ressources afin d’aider les bénéficiaires à accélérer la croissance et à réduire la pauvreté.  Il a souligné, dans ce contexte, la situation difficile des pays à bas revenu ou à revenu intermédiaire.  Le représentant a aussi rappelé l’importance de l’APD, de l’IED et des flux de capitaux privés pour le développement avant de mettre l’accent sur les enjeux du Sommet mondial sur le développement durable qui doit se dérouler en septembre 2002 à Johannesburg.


M. JOSE RAMON LORENZO (Mexique) a déclaré que les conséquences des attentats du 11 septembre sont venues s’ajouter au ralentissement que l’économie connaissait depuis quelques mois pour faire planer encore plus d’incertitudes sur l’avenir des économies des pays en développement. 


La Conférence internationale sur le financement du développement et le Sommet sur le développement devraient servir de cadres privilégiés du renforcement indispensable de la coopération internationale pour le développement.  La pauvreté qui frappe les pays en développement crée des problèmes qui affectent à la fois les riches et les pauvres.  Comme le disait le Général Marshall, si l’on ne met pas fin au désespoir que crée la pauvreté, les extrémismes les plus violents et les plus incontrôlables peuvent s’exprimer.  La Conférence de Monterrey doit ouvrir la voie à la concrétisation des engagements pris par les Etats dans la Déclaration du Millénaire.  L’interdépendance des économies crée celles des sorts des peuples.  Le Sommet sur le développement durable offrira pour sa part une occasion de réaffirmer les engagements pris pour la réalisation des principes de Rio.  Johannesburg doit identifier les nouveaux défis et tracer la voie commune que devront emprunter les Etats pour assurer un destin prévisible et durable à l’humanité.  Le développement durable doit avoir un caractère mondial, et le Mexique pense que les résultats de la Conférence sur le financement du développement devront servir à faciliter la tenue du Sommet de Johannesburg.


M. KAMALESH SHARMA (Inde) a souligné que les années 90 ont été une ère d’interaction et de libéralisation accélérée avec une croissance considérable du commerce et des flux financiers internationaux.  Il y a cinquante ans, a-t-il rappelé, le monde échangeait 1 milliard de dollars par jour alors qu’aujourd’hui, 1 milliard de dollars est échangé toutes les 19 minutes.  En 2000, l’IED a augmenté de 18%, atteignant la somme de 1300 milliards de dollars.  Dans un monde de plus en plus interdépendant, l’argent circule rapidement.  Ainsi, les échanges sur les marchés des devises se font à un niveau d’1,5 milliard de dollars par jour.  A cela, il faut ajouter que les technologies de l’information et des communications ont réduit les distances à la taille d’une souris.  Pourtant, a déploré le représentant, 75% de la population mondiale continuent de vivre avec moins de 25% des revenus mondiaux.  Pour lui, la persistance de deux mondes en un est le plus grand des dangers possibles.  Un monde fondé sur l’absence d’équité dans ses transactions ne peut avoir un futur radieux.


Le milieu économique actuel est difficile, a poursuivi le représentant en soulignant que le ralentissement de l’économie s’étend déjà aux pays en développement sous la forme de la diminution des exportations, de la chute des prix des produits de base, de la stagnation des flux de capitaux et de la sévérité de plus en plus grande des conditions de crédits.  Citant une étude de la Banque mondiale, il a indiqué que la croissance des pays en développement devrait passer de 5,5% en 2000 à 2,9% en 2001, bien moins que ce qui est requis pour lutter efficacement contre la pauvreté.  Pour les pays en développement, a souligné le représentant, le commerce est un moteur de la croissance par sa capacité à générer des ressources prévisibles et croissantes.  Les pays en développement ont donc besoin d’un régime de l’OMC impartial et favorable au développement.  Il est par conséquent impérieux, a insisté le représentant, que la réunion ministérielle de l’OMC passe en revue les questions importantes de mise en oeuvre des accords signés tels que l’interprétation des accords sur les droits de propriété intellectuelle liés au commerce pour prévenir le piratage des connaissances traditionnelles et régler les questions de santé publique.


Le représentant s’est opposé, dans ce contexte, à l’inclusion de toutes questions non liées au commerce comme le travail ou l’environnement.  Aucune question, a-t-il insisté, y compris le lancement d’un nouveau cycle de négociations, ne devrait être incluse à moins d’un consensus préalable.  Poursuivant, il a exprimé l’attachement de son pays à la question de la science et de la technologie au service du développement.  La technologie, a-t-il dit, ne saurait devenir un instrument de développement par la seule largesse des multinationales pharmaceutiques.  Ce qu’il faut, c’est un équilibre dans le régime de droits de propriété intellectuelle qui est en ce moment  défavorable aux pays en développement.  Le défi est d’assurer que le régime évolue de manière à promouvoir plutôt qu’à empêcher une distribution plus équitable des fruits de la science et de la technologie.


Au sujet de la Conférence internationale sur le financement du développement, le représentant a déclaré que ce serait là un test pour la communauté internationale quant à sa détermination à trouver  et à faire fonctionner des mécanismes qui pourraient mobiliser les ressources financières nécessaires à la réalisation des objectifs de lutte contre la pauvreté et des recommandations contenues dans la Déclaration du Millénaire qui, selon le Rapport “Zedillo”, nécessiteraient une somme de 50 milliards de dollars par an.  Le représentant a estimé enfin que le Sommet mondial sur le développement durable permettra d’identifier les contraintes dans la mise en oeuvre d’Action 21, en particulier celles relatives au transfert des technologies écologiquement saines à des taux préférentiels et à la mobilisation des ressources financières nouvelles et additionnelles.


M. SIN SON HO (République démocratique populaire de Corée) a déclaré que le développement économique tient à la maîtrise des sciences et des technologies et, a estimé le représentant, aucun développement durable ne peut être envisagé si l’on ne prend en compte cette vérité.  Le fossé entre les pays développés et les autres est dû à leur différence de maîtrise de la science et de la technologie, a-t-il poursuivi.  Notre délégation pense que si nous voulons faire de ce nouveau siècle un siècle de développement et de prospérité pour tous, nous devons accepter de partager équitablement les fruits technologiques actuels à travers plus de coopération.  Les monopoles scientifiques et technologiques que se sont arrogés certains pays doivent prendre fin.  Les obstacles artificiels que les pays développés posent au progrès des pays en développement devraient quant à eux être éliminés.  Les pays riches doivent accepter de partager les bénéfices commerciaux que génère l’économie mondiale et accepter d’aider les pays pauvres en leur permettant de fixer leurs propres priorités et les programmes dont ils ont réellement besoin.  Ni le développement durable de l’économie, ni les progrès


technologiques, ne peuvent cependant être atteints si les peuples continuent de vivre dans la pauvreté la plus abjecte, a estimé le représentant.  Pour mettre fin à la pauvreté des pays du Sud, les pays riches devraient accepter de prendre des mesures drastiques pour la réduction ou l’élimination pure et simple de la dette extérieure.


M. MURARI RAJ SHARMA (Népal) a estimé qu’il était moralement inacceptable qu’en dix ans, quelque 66 pays se soient appauvris davantage.  Il s’est donc félicité des documents finaux de la Conférence de Bruxelles sur les PMA en saluant particulièrement les efforts de l’Union européenne en ce qui concerne l’APD et l’accès aux marchés.  Il a, dans ce contexte, plaidé pour l’admission des PMA à l’OMC, sans conditions difficiles à satisfaire.  Dans son plaidoyer, le représentant a rappelé que les pays en développement sans littoral comme le sien nécessitent un appui additionnel de la part de la communauté internationale pour leur développement mais aussi pour l’amélioration de leurs infrastructures de transit et de transport.  Le représentant a poursuivi en manifestant sa préoccupation face à la diminution des ressources allouées aux fonds et programmes des Nations Unies dont les activités sont essentielles pour les PMA.  Malgré les efforts déployés par mon pays, a conclu le représentant, la résolution des problèmes persistants requiert un climat extérieur favorable, une augmentation de l’APD, un meilleur accès aux marchés et à la technologie et le renforcement de la coopération Sud-Sud; y compris celui de la coopération régionale.  Il a donc lancé un appel urgent aux pays du Nord et à ceux du Sud pour qu’il renforce ces types de coopération.


M. MICHEL KAFANDO (Burkina Faso) a déclaré que les efforts des Nations Unies devraient tendre vers une approche plus équilibrée des enjeux de la mondialisation en y intégrant les dimensions sociale, humaine et environnementale du développement.  Le Burkina Faso souhaite aussi qu’une solution urgente soit trouvée au problème de la fracture numérique entre le Nord et le Sud, qui est une source d’inégalités flagrantes dans la répartition des avantages de la mondialisation.  Nous espérons que la Conférence internationale sur le financement du développement trouvera des solutions aux handicaps que connaissent les pays du Sud et qui sont le financement limité inhérent à la faiblesse de leurs revenus; la baisse drastique de l’Aide publique au développement (APD); l’insuffisance de l’IED, particulièrement en Afrique; et le fardeau écrasant de la dette.  Concernant le développement, nous sommes de plus en plus convaincus de l’inanité des efforts qui sont déployés à cette fin, si la question du financement de la mise en oeuvre d’Action 21 et d’autres projets de développement n’est pas sérieusement examinée.  C’est pourquoi le Burkina Faso attend beaucoup du Sommet mondial sur le développement durable prévu en 2002 en Afrique du Sud.


Le mécanisme de coopération économique et technique entre les pays en développement gagnerait à être intégré dans les plans de développement des pays du Sud et à être soutenu par les partenaires au développement sans lesquels la lutte contre la pauvreté sera vaine.  Le dialogue sur le renforcement de la coopération internationale pour le développement par le partenariat, qui s’est déroulé les 20 et 21 septembre derniers, a donné l’occasion aux composantes de la communauté internationale d’échanger leurs vues sur les opportunités et les formes de partenariats novateurs au profit du développement international.  Le Burkina Faso rend d’autre part hommage à l’Union européenne et aux autres partenaires pour ce


qui a été fait pour assurer le succès de la IIIème Conférence de l’ONU sur les PMA à Bruxelles.  Nous attendons désormais la mise en place du mécanisme de suivi du programme d’action de Bruxelles au niveau mondial et la création du Bureau du Haut représentant pour les PMA, les pays sans littoral et les Etats insulaires. 


M. ZAID AL HADIDI (Jordanie) a dit attendre avec intérêt la Conférence internationale sur le financement du développement en raison des questions qui vont y être évoquées. La Conférence, a-t-il estimé, sera le lieu de la reprise du dialogue nécessaire entre le Nord et le Sud pour faire face aux défis du développement dans le contexte de la mondialisation.  Il espère que cette Conférence permettra d’atteindre les objectifs fixés depuis longtemps dans l’agenda du développement.  Le représentant a accordé la même importance au Sommet mondial sur le développement durable qui doit marquer un véritablement tournant dans la mise en oeuvre d’Action 21, en particulier en ce qui concerne la mobilisation de ressources nouvelles et additionnelles et la reconnaissance du caractère intégré du développement durable dans ses dimensions économique, écologique et politique.  Le lien entre la pauvreté et l’environnement constitue l’élément le plus important du développement durable.  Il est donc fondamental de bien insister sur la qualité de vie durable conformément à la Déclaration du millénaire qui prévoit la réduction de la pauvreté absolue d’ici 2015.


Le problème de la dette constitue toujours le principal obstacle au développement durable dans les pays en développement, a poursuivi le représentant en jugeant urgent de réfléchir aux solutions pour régler ce problème, une fois pour toutes, y compris pour les pays à revenu intermédiaire au nombre desquels se trouve la Jordanie.  Le représentant a aussi plaidé pour l’augmentation de l’APD et l’élargissement de l’accès aux marchés des pays du Nord conformément aux accords issus du Cycle d’Uruguay.  Il attend avec intérêt la quatrième réunion ministérielle de l’OMC qui doit avoir pour “colonne vertébrale” le développement.  


M. MILOS ALCALAY (Venezuela) a dit que  sa délégation est solidaire du peuple américain après les attentats “obscurantistes” commis contre lui, et qui sont une atteinte à la paix et à la sécurité internationales.  L’un des mandats de l’ONU est de promouvoir le bien-être de tous les peuples et d’améliorer leurs conditions socioéconomiques, comme l’a si bien rappelé le Sommet du Millénaire.  L’ONU doit répondre à la nouvelle vision et à la nouvelle réalité du monde.  Il nous faut agir pour faire face aux nouveaux défis que posent des nouvelles maladies, la pauvreté croissante et l’insécurité généralisée.  Il va falloir d’urgence trouver une solution à la question de la dette, à celle de la fracture numérique et à celle du financement du développement.  Le rapport du Secrétaire général sur les activités de l’Organisation donne une idée des immenses tâches à accomplir sur le plan économique.  Le Venezuela appuie tous les efforts visant à renforcer les activités de l’ECOSOC et à améliorer la gouvernance des institutions de Bretton Woods et de l’OMC.  Mais il faudra que nous allions au-delà des simples discours.  Des actes concrets sont indispensables.  Les pays en développement ne pourront atteindre aucun des objectifs de développement et de lutte contre la pauvreté si l’APD n’est pas amenée au niveau qui avait été prévue.  Il est alarmant que cette aide soit constamment en baisse.  La nouvelle situation internationale montre qu’il est urgent de trouver des mécanismes de financement durable pour le développement.  Le Venezuela aimerait que l’on distingue l’APD versée à des fins de développement, de l’aide publique qui est fournie pour des buts humanitaires ou de reconstruction après conflits ou après des catastrophes naturelles.  L’ONU doit sortir de la marginalisation dans laquelle on l’avait enfermée lors des définitions des règles de la mondialisation pour jouer le vrai rôle qui est le sien.  L’ONU étant le seul cadre multilatéral légitime et représentatif de tous les peuples, le Venezuela a proposé que l’on y crée un Conseil mondial du développement qui serait un centre d’orientation du processus de mondialisation.  Nous remettons sur la table cette idée qui avait été proposée il y a un an par le Président Hugo Chavez.  Notre pays s’est activement engagé dans les préparatifs de la Conférence sur le financement du développement qui, pour nous, doit arriver à jeter les bases d’une nouvelle architecture financière internationale.  Quant à la réunion de l’OMC, nous y appuierons les négociations pour un nouveau cycle de négociations commerciales multilatérales.  Mais nous tenons à dire qu’il est indispensable que soit discutée la question des subventions agricoles qui mettent des distorsions injustes et inacceptables dans le commerce mondial des produits agricoles.  


M. AHMED AL-HADDAD (Yémen) a dit craindre les retombées des attentats du 11 septembre sur l’économie mondiale, en particulier sur celles des pays en développement.  Déjà avant les attentats, a rappelé le représentant, le ralentissement des principales économies avait entraîné, dans les pays en développement, la baisse des prix de produits de base, la chute des exportations, l’arrêt des flux financiers et des difficultés à obtenir des crédits.  Il faut, aujourd’hui plus que jamais, réaffirmer la volonté politique de réaliser les objectifs définis par la Déclaration du Millénaire de septembre 2000.  Les pays en développement, a prévenu le représentant, ne pourront réaliser ces objectifs sans une résolution définitive du problème de la dette extérieure.  De plus, il faut augmenter l’APD et cela exige un plus grand engagement politique.  Quant au système commercial international, il est impératif de lever les barrières tarifaires et non tarifaires, de renverser la tendance à la baisse des prix des produits de base et d’encourager le transfert des technologies.  Dans ce contexte, le représentant a dit attendre beaucoup de la Conférence sur le financement du développement.


M. DANIEL MEGIDDO (Israël) a condamné les attaques terroristes commises par “les forces du mal” qui ont été perpétrées contre les Etats-Unis, et qui sont “une attaque directe contre la démocratie, la liberté et toutes les valeurs sur lesquelles le monde vit”.


Israël est convaincu que seul un développement durable peut générer les ressources dont auront besoin les générations futures et il est très inquiet de l’exclusion de millions de personnes de l’économie mondiale actuelle.  En vue d’aider les pays en développement, Israël met à leur disposition l’expertise qu’il a développée dans certains domaines cruciaux, tel que celui de la production de denrées alimentaires sur des sols pauvres ou désertiques.  Nous pensons qu’aucune économie ne peut harmonieusement se développer sans une solide base agricole et sans sécurité alimentaire.   


Israël a créé le “Centre pour la coopération internationale” (MASHAV), qui à ce jour a formé environ 176 000 stagiaires venus de 140 pays en développement.  Si les missions de MASHAV ont grandi et se sont diversifiées avec le temps, les principes de la coopération d’Israël avec les autres pays restent les mêmes.   Notre coopération  est basée sur le transfert des connaissances techniques que nous maîtrisons, et qui ont permis à Israël de développer ses ressources en eau, son agriculture et ses programmes urbains, qui sont adaptés à son environnement.  MASHAV apporte son expertise aux pays en développement dans les domaines de l’irrigation, du combat contre la désertification, de la gestion de l’eau, et de la maîtrise de la médecine d’urgence et de catastrophe.  MASHAV met un accent particulier sur la formation des ressources humaines, l’éducation étant la voie la plus sûre pour l’autonomisation des individus, celle-ci leur permettant ensuite de profiter des opportunités qui peuvent leur être offertes.  La maîtrise des langues qui existe au sein de la population d’Israël nous permet de mener des programmes avec la plupart des pays du monde.  En l’an 2000, sur 4 252 stagiaires venant de 130 pays, 1 128 venaient du Moyen-Orient et de l’Autorité palestinienne.


M. ABDUL RAHMAN SAAD (Iraq) a appelé à la mise en place d’un véritable partenariat international pour rétablir la justice économique et sociale.  Un tel partenariat, a-t-il dit, rejetterait l’hégémonie, l’unilatéralisme et l’utilisation de la science et de la technologie comme instrument de domination.  Il a espéré que la Conférence sur le financement du développement et le Sommet mondial sur le développement social permettront de déceler les goulots d’étranglement et d’intégrer les pays en développement à l’économie mondiale.  Poursuivant sur la situation de son pays, le représentant a indiqué qu’en raison des sanctions imposées depuis 11 ans à son pays, le PNB a diminué de 2/3 en 1991 en raison de la chute des prix des produits de base et de la destruction des secteurs des biens et des services. 


De plus, de nombreux projets publics et privés se sont arrêtés causant une augmentation considérable du chômage et de la pauvreté.  Ces sanctions, a estimé le représentant, sont une forme de génocide érigée en vengeance contre tout un peuple.  Elles sont aussi, a-t-il ajouté, une violation flagrante de la Charte des Nations Unies qui préconise la coopération internationale pour résoudre les problèmes du monde. Il a jugé impératif que la Deuxième Commission étudie les effets économiques et sociaux des sanctions sur les pays cible et les pays tiers.


M. YASER KHAMIS SULAIMAN AL-SAGHEER (Emirats arabes unis) a déclaré que les travaux de la Commission devaient refléter les évolutions dramatiques qu’a connues l’économie mondiale au cours de la décennie écoulée.  La prospérité qu’a générée la mondialisation ne s’est pas étendue aux pays en développement, a fait remarquer le représentant en notant qu’au contraire, c’est la pauvreté qui s’est le plus répandue.  Les politiques imposées par les Etats les plus puissants n’ont pas tenu compte des besoins et des particularités des pays pauvres, a dit le représentant.  Nous lançons donc un appel aux pays développés pour qu’ils prennent plus en compte les besoins vitaux des pays du Sud.  Aucune conditionnalité ne devrait être imposée à des économies qui sont déjà en faillite, a estimé le représentant en demandant que des efforts et des moyens particuliers soient consacrés à la formation et au renforcement des ressources humaines sans lesquelles les pays pauvres ne peuvent s’intégrer à la mondialisation ou profiter de ses mécanismes.  Nous demandons aux institutions de Bretton Woods et à l’OMC de donner plus de place aux pays du Sud dans leurs processus de décision.  Les Emirats arabes unis ont adopté, en ce qui les concerne, un certain nombre de législations favorables à l’ouverture de leurs marchés et à l’IED.  Notre pays a tenu à être partie à tous les accords sur la libéralisation du commerce et des finances internationales, et il demande que les autres Etats adoptent de politiques similaires et aussi équitables.  Enfin, les Emirats arabes unis tiennent à réaffirmer leur opposition à l’occupation par Israël des terres palestiniennes et de leurs ressources.  Cette occupation va à l’encontre des résolutions de la communauté internationale que nous invitons à rappeler à Israël ses devoirs envers le droit international. 


M. ION BOTNARU (République de Moldova) a estimé que l’élimination de la pauvreté est une condition sine qua non pour accéder au développement durable.  Il a donc appelé à des solutions urgentes en la matière.  En appui aux politiques nationales, il a demandé que la Conférence internationale sur le financement du développement mettre au point en priorité une réforme de l’architecture financière internationale qui, sous sa nouvelle forme, doit être en mesure de régler les questions d’investissements et de la dette.  Dans ce contexte, le représentant a aussi souligné le rôle indispensable des organisations économiques régionales comme l’atteste la participation de son pays à de nombreuses structures de coopération telles que le Pacte pour la stabilité et la coopération en Europe.  En conclusion, le représentant a estimé que le principal pilier des actions communes doit être la coopération au développement au sein de l’ONU.


M. TAREQ AL-BANAI (Koweït) a fait part de la solidarité de son pays envers le Gouvernement et le peuple américains.  Le Koweït soutient toutes les mesures qui seront prises par la communauté des nations pour faire échec au terrorisme, a-t-il dit.  Il est à craindre, a poursuivi le représentant, que le monde ne pourra atteindre d’ici à 2015 l’objectif qu’il s’était fixé de réduire de moitié le niveau de pauvreté existant à l’heure actuelle.  En vue de relancer le développement au niveau mondial, le Koweït participera à la Conférence internationale sur le financement du développement, qui offrira une occasion de discuter des conditions d’intégration des pays en développement dans la mondialisation.  Nous attendons aussi beaucoup de l’organisation du Sommet mondial sur le développement durable qui doit se tenir en Afrique du Sud.  Sans préservation de l’environnement et des ressources naturelles, le monde ne pourra assurer l’existence des générations futures, et le Koweït soutiendra une résolution visant à interdire l’usage de la destruction de l’environnement dans les conflits armés comme stratégie militaire.


M. OMER BASHIR MOHAMED MANIS (Soudan) a souligné que la fatigue des donateurs s’est accompagnée d’indicateurs qui ont montré un désenchantement de la part des pays en développement.  Le représentant a donc jugé urgent d’adopter des mesures pratiques sur la base d’un partenariat et d’une responsabilité collective entre pays du Nord et pays du Sud.  La gestion de la mondialisation au service de l’humanité, a ajouté le représentant, exige un examen des questions du commerce, du développement et du financement par toutes les institutions internationales; la réforme de l’architecture financière internationale, et la prévention efficace de la marginalisation des pays en développement.  Le représentant s’est dit convaincu que le consensus qui se dégagera des trois réunions internationales à venir pourra générer des solutions satisfaisantes aux problèmes mondiaux.


Motion d’ordre


Le représentant de la République de Corée a tenu à préciser, en réponse à la déclaration de la République démocratique populaire de Corée que les termes employés par cette délégation pour parler de “toute la population de la Corée qui s’est levée en masse pour construire une nation basée sur les idées du Grand Leader Kim Jong Il”, ne pouvaient concerner que les populations de la République démocratique populaire de Corée et non pas celles de toute la péninsule coréenne ou de la République de Corée.


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