AG/EF/348

LE GRAND DEFI A RELEVER EST LA CREATION DE LA PROSPERITE MONDIALE PAR UNE SOLUTION RAPIDE AUX PROBLEMES ECONOMIQUES ET FINANCIERS PERSISTANTS

01/10/2001
Communiqué de presse
AG/EF/348


Deuxième Commission

3e séance –matin


LE GRAND DEFI A RELEVER EST LA CREATION DE LA PROSPERITE MONDIALE PAR UNE SOLUTION RAPIDE AUX PROBLEMES ECONOMIQUES ET FINANCIERS PERSISTANTS


Sous la présidence de M. Francesco Seixas da Costa (Portugal), la Deuxième Commission (Commission économique et financière) a entamé, ce matin, un débat – dit débat général- sur l’ensemble des questions dont elle est saisie.  Dans ce cadre, elle a entendu une déclaration du Secrétaire général aux affaires économiques et sociales, M. Nitin Desai, qui, sur fond de ralentissement de l’économie mondiale, a mis l’accent sur les quatre questions qui, selon lui, devraient retenir l’attention des délégations, au cours de cette cinquante-sixième session de l’Assemblée générale.  Il a ainsi cité la mondialisation, le développement durable, les activités opérationnelles de développement menées par le système des Nations Unies, et le développement de l’Afrique.  La Déclaration du Millénaire de septembre 2000 a d’ailleurs fixé comme priorité le développement de l’Afrique, a dit en écho, le Président du Conseil économique et social, M. Martin Belinga Eboutou du Cameroun en mettant l’accent sur la reconnaissance par le Conseil de la Nouvelle initiative africaine (NIA) adoptée par les Chefs d’Etat africains lors du 37ème Sommet de l’OUA à Lusaka en Zambie.


Pour les pays africains comme pour les autres pays en développement, le représentant de l’Iran, au nom du Groupe des 77, a fait un plaidoyer en faveur d’un véritable renforcement de la coopération internationale pour résoudre les questions de la mauvaise répartition des flux financiers dans le monde, en particulier de l’investissement étranger direct (IED) qui est passé de 37% en 1997 à 17% en 2000 et de la dette extérieure, en demandant l’élargissement de l’Initiative pour les pays pauvres très endettés (HIPC/PPTE) et en réclamant des mesures additionnelles pour régler la crise de la dette des pays à revenu intermédiaire.  Une solution à la question de l’aide publique au développement (APD), qui a chuté de 56,4 milliards de dollars en 1999 à 53,1 milliards de dollars en 2000, doit être trouvée, a déclaré le représentant qui a aussi appelé à un rétablissement de la confiance dans le système commercial multilatéral.


Ce système doit être ouvert et équitable, reposant sur l’Etat de droit, prévisible et non discriminatoire, a affirmé à son tour, le représentant de la Belgique, parlant au nom de l’Union européenne, et se prononçant pour un cycle de négociations commerciales en faveur du développement.  Le représentant s’est particulièrement attardé sur la question du suivi de la Troisième Conférence des Nations Unies sur les PMA, qui a eu lieu à Bruxelles en endossant la désignation d’un haut représentant du Secrétaire général sur cette question. La question du développement et de son financement étant au coeur des travaux de la Commission, toutes les délégations ont été d’accord pour souligner le caractère


déterminant des réunions internationales à venir, comme la Conférence internationale sur le financement de développement, la quatrième réunion ministérielle de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) ou encore le Sommet sur le développement durable.


Outre les orateurs cités, les représentants de l’Algérie, du Pakistan, des Etats-Unis, de l’Egypte, de la Fédération de Russie et du Japon ont pris la parole.


Par ailleurs, la Commission a composé son Bureau en élisant à ses trois Vice-Présidences, MM. Dharmansjah Djumala (Indonésie), Garfield Barnwell (Guyana) et Félix Mbayu (Cameroun).  Mme Jana Simonova (République tchèque) assumera les fonctions de Rapporteur.


La Commission poursuivra son débat général, cet après-midi, à 15 heures.


Déclarations du Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales et du Président du Conseil économique et social


M. NITIN DESAI, Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, a d’abord indiqué que la mise à jour de l’état de l’économie mondiale, qui sera présentée à la Deuxième Commission, montre que le ralentissement économique est beaucoup plus profond que l’on ne pouvait le croire en début d’année.  A ce propos, il s’est dit incapable d’évaluer l’impact des évènements du 11 septembre sur l’économie mondiale tout en soulignant que le contexte économique peut véritablement servir de base pour examiner les quatre questions essentielles devant la Commission et dont la première est le thème de la mondialisation.  Dans les années 90, a-t-il dit à ce propos, l’hypothèse de base était que la mondialisation commerciale et financière était une force motrice de la croissance.  Or, en 1998, les premiers doutes sont apparus en raison des crises financières même s’ils ont été très vite effacés par une stabilisation de la croissance.  Aujourd’hui, pourtant, a souligné M. Desai, il faut constater le déclin de l’intégration qui montre que seules les grandes économies maintiennent le processus de la croissance au détriment des pays en développement qui se trouvent ainsi en situation de risques comme en témoigne les chiffres selon lesquels ils ne participeraient qu’à hauteur de 25% au commerce mondial.  Le constat est donc qu’une économie donnée peut avoir une incidence sur une autre économie.


Les préoccupations concernant la mondialisation vont au-delà de l’impact macroéconomique, a poursuivi M. Desai, car la vulnérabilité des pays en développement s’est avérée non pas seulement conjoncturelle mais surtout structurelle.  Ces vulnérabilités sont dues aux problèmes d’accès aux flux financiers, au système commercial international, aux catastrophes naturelles, ou encore aux changements dans le système économique comme dans les pays à économie en transition.  A bien des égards, on peut résumer cette question de vulnérabilité par le degré auquel les pays en développement et leur société peuvent influer sur les choses.


Au titre des trois autres questions importantes, M. Desai a d’abord cité le développement durable en jugeant essentiel que les discussions de la Deuxième Commission commencent à donner quelques orientations en prévision de la Conférence de Johannesburg prévue en 2002.  Il a cité, en troisième lieu, l’examen des politiques des activités opérationnelles de développement des institutions des Nations Unies en considérant que le point essentiel est de savoir comment le système des Nations Unies peut répondre à cet exercice de coopération internationale géré par les pays eux-mêmes.  En quatrième lieu, M. Desai a cité la question du développement de l’Afrique en appelant les délégations à se concentrer sur les préparatifs sur la Conférence des Nations Unies sur la question.  Comment, a-t-il offert comme cadre de réflexion, rationaliser toutes les préoccupations relatives à l’Afrique.  Dans ce même contexte, il a soulevé la question du suivi de la Conférence de Bruxelles sur les pays les moins avancés (PMA).


M. MARTIN BELINGA EBOUTOU (Cameroun), Président du Conseil économique et social (ECOSOC), a déclaré que les évènements que le monde a vécus ces derniers jours ont rappelé aux Etats Membres leur interdépendance, et leur ont aussi rappelé la nécessité de renforcer la coopération et la solidarité internationale pour garantir l’équité, la sécurité et la paix dans le monde.  Ce sont ces objectifs que se sont assignés les Chefs d’Etat et de Gouvernement dans la Déclaration du millénaire.  Nous sommes appelés à oeuvrer en faveur de la traduction dans la réalité de ladite Déclaration, qui constitue le principal instrument de la volonté politique internationale en matière de paix, de sécurité et de développement, a dit M. Belinga Eboutou.  L’ECOSOC, a-t-il rappelé, sert de tribune centrale aux débats sur les questions économiques et sociales internationales, qu’elles soient d’ordre général ou interdisciplinaire.  Il est aussi le garant de la cohérence de la coopération économique et sociale internationale.  C’est à la lumière de ces missions que les Chefs d’Etat et de Gouvernement ont invité au renforcement de l’ECOSOC pour lui permettre de s’acquitter efficacement des fonctions qui lui sont dévolues de par la Charte.  La Déclaration du millénaire a servi de toile de fond aux travaux de la session de fond de l’ECOSOC qui s’est tenue à Genève. Au cours de ces travaux, dans son segment de haut niveau, l’ECOSOC a accordé une place importante au développement de l’Afrique, qui est une des priorités de la Déclaration du millénaire.  Le thème du segment de haut niveau était le “rôle du système des Nations Unies en appui aux efforts des pays africains pour un développement durable”.  La Déclaration ministérielle adoptée à Genève revêt une importance particulière, étant donné que c’était la première opportunité pour l’ONU de prendre en compte la Nouvelle initiative africaine (NIA) adoptée par les Chefs d’Etat africains lors du 37ème Sommet de l’OUA à Lusaka en Zambie.  La NIA est désormais le document de référence pour le développement de l’Afrique.


Un autre point important à l’ordre du jour des travaux de Genève était celui des nouvelles technologies de l’information et de la communication (TIC).  Le Conseil a, dans son segment de coordination, continué un processus qu’il avait commencé en 1997.  Dans les conclusions agréées adoptées à la fin de ce segment, l’ECOSOC a donné un aval appuyé au groupe de travail sur les TIC récemment mis en place, et a reconnu l’importance d’un partenariat entre les secteurs public et privé en vue d’accomplir les objectifs de l’ONU dans ce domaine.  Nous nous réjouissons dans cet ordre d’idées que le Président de l’Assemblée générale ait décidé d’accorder la priorité, lors de la 56ème session, aux questions du développement de l’Afrique et des technologies de l’information et de la communication.  Dans son segment sur les activités opérationnelles, l’ECOSOC a fait des recommandations qui doivent faciliter l’adoption par consensus au sein de la Deuxième Commission d’une résolution sur la nouvelle vision pour les activités opérationnelles de l’ONU.  Quant au segment consacré aux affaires humanitaires, le Conseil a insisté pour que les ressources destinées au développement ne s’étiolent pas au profit de l’humanitaire, qui doit cependant voir ses propres ressources augmentées.  Guidé par la Déclaration du millénaire, l’ECOSOC a choisi pour thème de son segment de haut niveau pour 2002 “l’apport du renforcement des ressources humaines, y inclus dans les secteurs de la santé et de l’éducation, dans le processus du développement.  Le segment de coordination aura quant à lui trait au "renforcement continu de l’ECOSOC”, ce thème rejoignant les soucis de la Déclaration du millénaire, dont l’ECOSOC a posé les premiers jalons de la mise en oeuvre.


Débat général


M. BAGHER ASADI (Iran), au nom du Groupe des 77, a d’abord commenté l’état de l’économie mondiale en indiquant que si les pays en développement ont connu une croissance de 5,7% en 2000, les conditions du financement extérieur se sont néanmoins détériorées alors que les services de la dette se sont accrus au cours de la même année.  Les flux financiers vers les pays en développement ont baissé, a poursuivi le représentant, en ajoutant que les termes et les conditions du financement extérieur ont empiré l’année dernière, et cela est resté vrai au début de l’année 2001.  Parlant, en particulier, de l’investissement étranger direct (IED), il a indiqué que les flux ont continué de décliner, passant de 37% en 1997 à 17% en 2000.  A cela, il faut ajouter que la distribution de cet IED demeure mal répartie.  En conséquence, le représentant a plaidé pour une coopération élargie, en particulier entre le Nord et le Sud, afin d’exploiter le potentiel de la mondialisation dans le développement.


Abordant la question de la dette, le représentant a expliqué que si 22 pays sur 44 ont atteint “le point de décision”, en vertu de l’Initiative pour les pays pauvres très endettés (HIPC/PPTE), l’Ouganda est le seul pays le moins avancé à avoir atteint “le point de finalisation” lui permettant de bénéficier de tous les avantages de l’Initiative.  Le représentant s’est, dans ce contexte, félicité de l’instauration d’«un point de finalisation flottant» dans le cadre de l’HIPC renforcée et de l’engagement des pays créditeurs à offrir l’annulation totale de la dette bilatérale.  Il a néanmoins souhaité l’élargissement du cadre de l’Initiative pour donner l’occasion à tous les pays à bas revenus d’en bénéficier.  Il a aussi souhaité que la fourniture de ressources pour financer cette Initiative ne se fasse au détriment de l’aide publique au développement (APD) et que les nouvelles modalités de financement de l’HIPC se fassent sous la forme de dons à des conditions hautement concessionnelles.  N’oubliant pas les pays à revenu intermédiaire, le représentant a souhaité que les créditeurs privés participent à la résolution de leur crise de la dette.


Revenant à l’APD, il a indiqué qu’elle a chuté de 56,4 milliards de dollars en 1999 à 53,1 milliards de dollars en 2000, soit un déclin de 6% en termes nominaux; éloignant par là l’objectif, fixé pour les pays développés, visant à consacrer 7% de leur PNB à l’APD.  Pour le représentant, la Conférence internationale sur le financement de développement doit être un tournant en la matière.  Venant à la question du commerce, il a souligné la nécessité de rétablir la confiance dans le système multilatéral par une pleine participation des pays en développement.  Dans ce contexte, il a aussi souligné la nécessité d’une mise en oeuvre fidèle des accords du Cycle de l’Uruguay.  Le système commercial international, a-t-il insisté, a besoin d’un ordre du jour qui assure la transparence et qui écarte toute question non liée au commerce.  Le défi de la quatrième réunion ministérielle de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) doit faire des progrès substantiels à cet égard, a dit le représentant.


Abordant la question des pays les moins avancés (PMA), il a souligné que la mise en oeuvre du Programme d’action de Bruxelles nécessite des ressources additionnelles.  A propos du Sommet sur le développement durable, qui doit se tenir à Johannesburg l’année prochaine, le représentant a attiré l’attention sur les discussions en cours au sein de la “Gouvernance internationale de l’environnement” dans laquelle le Groupe des 77 s’est activement engagé.  S’il a souscrit à l’idée de renforcer le Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUED), le représentant a toutefois estimé qu’il convient d’abord de renforcer la Commission du développement durable, en tant que forum unique d’un dialogue de haut niveau sur le développement durable.  Il a aussi mis l’accent sur la Septième Conférence des Etats parties à la Convention sur le changement climatique, qui doit se tenir dans un mois, et sur les travaux du Forum des Nations Unies sur les forêts.  A propos de la cinquième session de la Conférence des Etats parties à la Convention sur la désertification, le représentant a appelé de ses voeux la création rapide du Fonds mondial de l’environnement comme mécanisme permanent de financement et le lancement des travaux du Mécanisme mondial chargé de la mobilisation des ressources financières.


M. Asadi a conclu par la question des activités opérationnelles de développement des Nations Unies en plaidant pour la mobilisation des ressources financières.  En la matière, il a aussi souhaité que l’appropriation des programmes par les pays soit toujours assurée et que ces pays soient toujours associés à la définition, la mise en oeuvre, le contrôle et l’évaluation des programmes et projets de développement.


M. JEAN DE RUYT (Belgique) a estimé, au nom de l’Union européenne et des pays qui lui sont associés, que la Deuxième Commission, qui est le lieu des débats sur le “développement durable”, peut contribuer utilement aux défis qui ont été lancés à la communauté internationale, le 11 septembre dernier, à New York et Washington.  Le sous-développement chronique et la pauvreté sont parfois un terrain propice à l’éclosion de formes d’extrémisme, a déclaré le représentant.  Une pauvreté quotidienne, un système d’éducation déficient et un environnement politique oppressant peuvent être la source d’un engagement fanatique.  La Deuxième Commission peut contribuer de manière indirecte au redressement des valeurs de liberté et de tolérance qui sont l’âme d’une mondialisation à visage humain, projet auquel les Chefs d’Etat et de Gouvernement se sont ralliés il y a un an lors du Sommet du millénaire en décidant d’humaniser la mondialisation d’ici à l’an 2015.  La Commission adoptera une résolution sur l’éradication de la pauvreté.  L’Union européenne pense que les stratégies de lutte contre la pauvreté doivent viser prioritairement la consolidation des processus démocratiques, de la paix, de la prévention des conflits et des structures institutionnelles de bonne gouvernance, notamment économiques, financières juridiques et d’administration publique.  Les préoccupations liées au respect des droits de l’homme et à l’égalité des sexes contribuent puissamment à l’émergence d’un environnement stabilisé, propice à la promotion du développement humain.  L’Union européenne traduira cette vision au cours des débats qui auront lieu sur la “mondialisation et l’interdépendance”.


L’Union européenne réaffirme son engagement en faveur d’un système commercial multilatéral ouvert et équitable, reposant sur l’Etat de droit, prévisible et non discriminatoire.  Cette préoccupation sera traduite au sein du processus préparatoire à la Conférence internationale sur le financement du développement et à travers des résolutions liées au commerce et à l’architecture financière internationale.  Nous sommes pour un nouveau cycle de négociations commerciales en faveur du développement.  Nous attachons beaucoup d’importance à la cohérence du système de gouvernance internationale, et en particulier entre l’ONU et les institutions de Bretton Woods, auxquels il faut joindre les institutions et organisations régionales et les Commissions régionales de l’ONU.  Concernant la mobilisation des ressources pour le financement du développement, l’Union européenne pense que ce financement doit en premier lieu être d’origine interne, publique et privée.  Mais nous reconnaissons cependant le caractère irremplaçable de l’Aide publique au développement (APD), notamment pour les pays les moins avancés.  Dans le contexte de mondialisation des ressources, l’Union européenne oeuvrera de toutes ses forces à la réussite des travaux préparatoires à la Conférence internationale sur le financement du développement prévue à Monterrey au Mexique, et dont le Comité préparatoire se réunira à partir du 15 octobre.  De notre point de vue, la Conférence de Monterrey devra permettre une meilleure mobilisation des ressources nationales et internationales et une plus grande cohérence des politiques pour atteindre les objectifs du développement durable.  La Conférence devra également lancer le débat sur les “biens publics globaux”, dont l’Union européenne est prête à examiner l’importance et le rôle à cette occasion.

Concernant les questions liées aux pays les moins avancés (PMA), à la dette et aux pays à bas et moyen revenu, nous devrons débattre du suivi de la IIIème Conférence des Nations Unies sur les PMA, qui a eu lieu à Bruxelles.  Nous réaffirmons l’importance que nous attachons à la mise en oeuvre du programme d’action au niveau national et international, tel qu’adopté lors de la Conférence de Bruxelles.  L’Union européenne est prête, pour assurer la continuité de ce débat, à endosser la demande des PMA pour la désignation d’un haut représentant du Secrétaire général sur cette question.  Concernant la dette, nous soutenons l’initiative PPTE renforcée et nous appelons les pays éligibles à prendre les mesures politiques et économiques nécessaires pour entrer pleinement dans ce processus, et nous demandons aux pays créanciers de partager de manière équitable le fardeau du financement de l’Initiative, tout en précisant que la mobilisation de ces ressources additionnelles ne doit pas se faire au détriment des autres canaux de l’aide au développement.  Concernant le développement durable, l’Union européenne attache une importance prioritaire au succès du Sommet de Johannesburg, au renforcement de la gouvernance environnementale, à l’entrée en vigueur du Protocole de Kyoto et à l’action du Forum des Nations Unies sur les forêts.  Le Sommet de Johannesburg devra prendre des engagements concrets et réaffirmer les objectifs internationaux de développement et ceux fixés par la Déclaration du millénaire.  Le Sommet pourrait se fixer comme objectifs principaux l’éradication de la pauvreté et la promotion de modes de production et de consommation durables.  Concernant les thèmes de ce Sommet, l’Union européenne a identifié les éléments suivants: protéger les ressources naturelles qui sont à la base du développement économique et social; intégrer environnement et éradication de la pauvreté; mettre la mondialisation au service du développement durable, et améliorer la gouveranance et la participation.


M. MOURAD BENMEHIDI (Algérie) a souhaité que la mondialisation ne soit pas érigée en remède à prescrire à un pays pour qu’il accède au développement mais qu’elle soit perçue et traitée comme l’aboutissement naturel du développement dans toutes ses dimensions économique, sociale, commerciale, environnementale et culturelle.  En ce sens, a-t-il dit, la lutte contre la pauvreté s’inscrit d’elle-même dans la démarche de la communauté internationale comme la priorité à prendre en charge d’urgence et avec toute la volonté et la détermination que nécessite son éradication.  Dans ce contexte, le représentant a souligné un déséquilibre manifeste entre la notion de responsabilité primordiale des pays en développement dans la conduite de leur redressement économique et la part des ressources d’appui exogènes qui doit être plus explicitement admis par tous si l’on veut atteindre les objectifs poursuivis.


Le représentant a donc considéré que la Conférence sur le financement du développement est un rendez-vous historique pour décider de la mise en place de mécanismes adaptés et plus efficaces, à même de vaincre le sous-développement et la pauvreté, de réduire le fossé grandissant entre Nord et Sud et d’engager les pays en développement sur la voie d’une croissance et d’un développement durables.  Dans le cadre de l’entreprise de redressement économique, social et politique du continent africain, a rappelé le représentant, les Chefs d’Etat et de gouvernement ont endossé la Nouvelle initiative africaine destinée à relancer la croissance économique en Afrique avec l’objectif d’atteindre un taux de croissance de 7%.  Si cette Initiative met l’effort national en avant, elle compte également sur un appui et un soutien forts et concrets de la part de la communauté internationale, a précisé le représentant. 


A ce propos, il a argué que pour atteindre les objectifs arrêtés, les initiatives d’allègement de la dette doivent être élargies à tous les pays en développement et consolidées par un renforcement de l’APD et une adaptation du système financier internationale aux exigences de la mondialisation.  L’APD doit être envisagée, a précisé le représentant, dans la perspective de mettre fin à la dépendance des pays concernés à l’égard de l’assistance extérieure.  Il a aussi souligné l’importance du prochain Sommet mondial sur le développement durable avant d’en venir aux activités opérationnelles des Nations Unies et de plaider pour qu’on leur assure un niveau de financement approprié et pour que la direction des programmes soit assurée par les pays bénéficiaires qui doivent être associés étroitement à tous les stades de l’élaboration et de la mise en oeuvre de ces programmes.  Le représentant a enfin manifesté son appui à la création du Fonds mondial pour la lutte contre les maladies du sida, de la malaria et de la tuberculose et à la mise en place du Groupe d’études des Nations Unies sur les technologies de l’information et de la communication.


M. AHMED EL-SAID RAGAB (Egypte)a déclaré que l’Egypte s’associe à la déclaration du Groupe des 77 et de la Chine.  L’éradication de la pauvreté fait l’objet de consensus entre le Nord et le Sud, a dit le représentant, qui a ensuite émis l’espoir que les programmes d’action des différentes conférences internationales tenues au cours des années 90 soient pleinement mis en œuvre.  Il faut éviter l’agrandissement du fossé entre les revenus qui existe entre peuples des pays en développement et populations des pays développés, a dit le représentant en recommandant que la mondialisation soit traitée comme un phénomène concret dont les impacts sont visibles dans la vie quotidienne des individus.  Les pays qui ont le plus bénéficié de la mondialisation sont certes ceux où les peuples jouissent de droits démocratiques, mais en même temps, on a aussi pu observer que certains pays démocratiques ont connu un ralentissement ou une stagnation de leurs économies.  Ce sont donc des facteurs structurels et non politiques qui peuvent provoquer la stagnation économique, a estimé le représentant.  L’Egypte est favorable à la démocratisation et à la bonne gouvernance, qu’elles se fassent au niveau national ou au niveau international, les interdépendances entre pays étant de plus en plus grandes.  Elle demande cependant que la gouvernance internationale soit plus démocratisée.


Les actions menées au niveau international sont primordiales si l’on veut parvenir à la mise en œuvre des résolutions adoptées dans les forums internationaux.  Les questions liées au commerce et aux produits de base, ou celles relatives au renforcement des ressources humaines et au transfert des technologies et des connaissances ne peuvent être résolues que par une bonne gouvernance au niveau mondial.  L’Egypte accorde la plus grande importance à la tenue de la Conférence internationale sur le financement du développement, qui aura lieu au Mexique et à l’organisation, dans un esprit d’équité et de renforcement des structures et des ressources du développement, de la réunion ministérielle de l’OMC prévue à Doha au Qatar.  Nous sommes engagés dans la réussite du Sommet du développement durable, prévu à Johannesburg.  Concernant cette rencontre, l’Egypte est contre toute renégociation des termes du plan “Action 21”, et souhaite que la préparation du Sommet de Johannesburg se fasse autour d’un nombre limité de questions.


M. SERGEY V. LAVROV (Fédération de Russie) a, dans le cadre de la question du commerce international, dénoncé le recours “injustifié et à des fins protectionnistes” des mécanismes antidumping et les tentatives “arbitraires” d’appliquer des normes internationales pour limiter les avantages naturels des exportateurs des pays en développement et des pays à économie en transition.  Il faut, a insisté le représentant, renforcer davantage le principe d’universalité du système commercial international par un élargissement de la composition de l’OMC.  Mais, a-t-il prévenu, l’admission de nouveaux membres ne devrait pas entraîner pour ceux-ci un niveau d’obligations supérieur aux membres existants.  Parlant de la nécessaire stabilisation du système financier international, le représentant a souligné l’importance de la prochaine Conférence sur le financement du développement.  Il a aussi abordé la question de la dette pour mettre l’accent sur le fait que son pays, un des plus grands créditeurs des pays les plus pauvres, a fait une contribution importante à la mise en œuvre de l’Initiave HIPC.  Ainsi, la part des crédits accordés à ces pays sera réduite à 28 milliards de dollars, plaçant la Fédération de Russie en tête du G-8 en termes de contribution à l’Initiative HIPC.  Dans le même temps, le représentant a souhaité que les partenaires économiques et financiers gardent à l’esprit le fait que la Fédération de Russie a une dette extérieure considérable dont les services font obstacle à la réalisation des objectifs social et économique fixés au niveau national. 


Ajoutant aussi que la Fédération de Russie est le premier des G-8 à avoir aboli les droits de douane pour les exportations des PMA, le représentant est, par ailleurs, revenu sur la question de la dette pour plaider en faveur d’un allègement de celle des pays à revenu intermédiaire.  Il a d’ailleurs demandé aux Nations Unies de procéder à une étude sur l’impact de la dette extérieure sur la faculté des pays débiteurs à résoudre les problèmes sociaux.  Abordant la question du développement durable, le représentant a estimé, qu’en ce qui concerne le Protocole de Kyoto, il convient de finaliser et d’adopter les documents de la Conférence des Etats parties afin d’accélérer la mise en œuvre pratique de ce Protocole.  Il a posé comme une des conditions à une ratification de son pays, la prise en considération des intérêts particuliers des pays à économie en transition.


Concluant sur les activités opérationnelles du système des Nations Unies, le représentant a insisté sur les principes que sont le caractère volontaire des contributions et l’universalité.  Il a souhaité un renforcement de la coopération entre le système des Nations Unies et les institutions de Bretton Woods, en appuyant, par ailleurs, l’idée d’un renforcement de la coopération avec le secteur privé.  A ce propos, il a fait part de la décision de son pays de convoquer, à la fin du mois de novembre, une table ronde réunissant les milieux d’affaires russes et les chefs des institutions des Nations Unies pour développer une coopération entre les sociétés russes et les Nations Unies et étudier les moyens de leur participation au Pacte mondial lancé par le Secrétaire général.


M. SHAMSHAD AHMAD (Pakistan) a souscrit à la déclaration faite par le représentant de l’Iran au nom du Groupe des 77 et de la Chine,  et a déclaré qu’aucun phénomène n’a jamais prêté autant à controverse que la mondialisation, qui a bénéficié à certains et a aggravé les asymétries qui défavorisent la majorité des pays.  Les promesses faites par les promoteurs de la mondialisation, qui s’appuyaient sur des prévisions et des chiffres reflétant la bonne santé de la croissance mondiale de l’époque qui s’achève, ne peuvent aujourd’hui être tenues.  L’espoir qui existait d’éliminer la pauvreté a aujourd’hui disparu.  Le ralentissement actuel de l’économie fait craindre que la croissance des échanges mondiaux ne se ralentisse rapidement.  Les attentats terroristes qui ont eu lieu il y a quelques jours en Amérique sont un autre aspect, négatif, de la mondialisation.  Les conséquences de ces actes sur l’économie mondiale se feront bientôt sentir de façon négative.  Le ralentissement des principales économies va porter un coup dur aux économies des pays en développement, faisant craindre ce que certains ont appelé une “mondialisation du sous-développement”.  Le Pakistan avait déjà dit l’an dernier que la mondialisation n’était pas viable à long terme si ses mécanismes actuels n’étaient pas corrigés.  Comme nous le constatons aujourd’hui, une prospérité apparente durement gagnée peut s’évaporer en quelques jours.  Les questions que nous devons poser et auxquels nous devons répondre doivent porter sur la manière dont on pourrait éviter une marginalisation accrue des pays en développement.  Si la tendance actuelle se poursuit, il faudra craindre, comme l’a dit le Secrétaire général, que si la mondialisation ne profite pas à tous, elle finisse par ne profiter à personne.


L’APD et les investissements étrangers directs (IED) doivent être soigneusement revus à la hausse en faveur des pays qui ont jusqu ici été négligés.  Les efforts internationaux devraient veiller à stabiliser les flux financiers du secteur privé et créer une meilleure collaboration entre celui-ci et le secteur public.  La question de la dette doit recevoir une réponse urgente.  Nous pensons que l’argent que l’on oblige les pays en difficulté à consacrer au service de la dette devrait être réorienté vers des investissements sociaux.  Le Pakistan est d’autre part en faveur d’une réforme du système commercial multilatéral, qui doit être plus transparent et plus équitable.  Nous demandons à nos partenaires développés de ne pas se servir de prétextes environnementaux pour poser de nouvelles barrières protectionnistes au commerce des pays en développement.  L’accès aux marchés doit être équitable.  Le Pakistan soutient des actions régulatrices des Nations Unies et de leur système.  L’ONU est à nos yeux le seul cadre représentatif et légitime au sein duquel peuvent être débattus les défis de la mondialisation.


M. JOHN W. DAVISON (Etats-Unis) a estimé qu’un nouveau cycle de négociations commerciales offrirait l’occasion de développer le commerce et l’investissement, à l’échelle mondiale, et de trouver un moteur pour la croissance et la lutte contre la pauvreté.  Depuis la fin du Cycle de l’Uruguay, en 1995, les exportations des pays en développement vers les Etats-Unis ont progressé de plus 80%, a insisté le représentant avant de reconnaître l’importance pour l’Afrique d’une discussion approfondie sur l’agriculture et les services.  Il a ainsi indiqué que son Gouvernement a déjà entamé un dialogue avec de nombreux pays en développement sur l’importance d’un nouveau cycle de négociations commerciales.  Citant des études récentes, il a estimé que, dans les années 90, les pays en développement qui ont baissé leurs barrières tarifaires et élargi leur commerce ont connu une hausse du revenu par habitant de 5,1% contre 1,9% pour les pays à haut revenu par habitant.  Mais, a convenu le représentant, la stabilité macroéconomique et l’ouverture de l’économie ne suffiront pas au développement durable.  Il a souhaité que l’on se concentre donc sur les politiques nationales. 


Citant une autre étude, il a indiqué que dans les pays en développement, le tiers de la production économique vient du secteur informel dont le manque d’accès aux propriétés légales et aux contrats entraîne une production inefficace et dont aussi les revenus échappent aux institutions fiscales, avec pour conséquence, l’incapacité pour les gouvernements d’affecter ces ressources à la réalisation des objectifs de développement.  Pour le représentant, la Conférence sur le financement du développement doit étre l’occasion de conseiller les pays en développement sur leur politique nationale et leur cadre réglementaire qui aujourd’hui empêchent bien souvent la croissance du secteur privé et l’arrivée de l’investissement étranger.


En termes de mise en oeuvre de l’«African Growth and Opportunity Act», le représentant a annoncé la création d’un Forum sur la coopération économique et commerciale entre les Etats-Unis et les pays de l’Afrique sub-saharienne.  Dans ce cadre, 35 pays ont été invités à discuter des mesures que les deux entités peuvent prendre conjointement pour stimuler la croissance économique et commerciale et renforcer la démocratie, l’économie et la bonne gouvernance.  Les Etats-Unis, a aussi indiqué le représentant, ont également encouragé les milieux des affaires et les ONG à rencontrer leurs homologues africains dans le cadre du Forum.  En matière d’efforts bilatéraux, a-t-il poursuivi, les Etats-Unis continuent de travailler étroitement avec les organisations internationales.  Mais, a souligné le représentant, la clé du développement durable dans les pays ne réside pas dans les programmes d’assistance bilatéraux ni dans ceux de la Banque mondiale ou des Nations Unies.  Cette clef réside dans les politiques et les institutions de chaque pays et la Conférence sur le financement du développement serait un exercice futile si elle ne se concentre que sur la sphère internationale.


M. YOSHIYUKI MOTOMURA (Japon) a estimé que la préparation de la Conférence internationale sur le financement du développement était une des questions les plus importantes inscrites à l’ordre du jour de la 56ème session de l’Assemblée générale des Nations Unies.  Le principal défi auquel doit faire face la communauté internationale en ce 21ème siècle est celui de l’instauration de la paix et de la prospérité à travers le monde.  Etant donné que l’interdépendance est devenue la caractéristique essentielle de l’économie mondiale, la prospérité ne sera pas possible au niveau mondial sans le développement économique des pays en développement.  C’est pourquoi le Japon et la Deuxième Commission doivent attacher la plus grande importance au succès de la Conférence de Monterrey, qui est une occasion unique d’examiner les questions nationale, internationale et systémique dans leur globalité, en joignant aux efforts des Etats Membres ceux des autres parties prenantes.  Notre objectif doit être de réduire de moitié le nombre de personnes vivant actuellement dans  la pauvreté.  Notre délégation pense que les propositions visant l’ordre du jour de la Conférence doivent être réalistes et traduisibles dans les faits.  Nous n’avons pas encore atteint de consensus sur la meilleure manière de mobiliser et d’utiliser les ressources pour le développement.   Beaucoup de pays, dont le nôtre veulent mettre un accent particulier sur le développement des ressources humaines, qui sont indispensables à la promotion des ressources domestiques, à l’attraction des IED, à l’augmentation des ressources tirées du commerce, à la gestion de la dette extérieure, et à un usage prudent et efficient de l’APD.  Notre pays estime que la Conférence de Monterrey devrait se concentrer sur cette question.


Au plan national, notre Gouvernement, dirigé par le Premier Ministre Koizumi, est en train de mettre en place un plan d’ajustement structurel.  Le Premier Ministre a clairement déclaré à notre Parlement la semaine que le Japon a une responsabilité à remplir dans la revitalisation de l’économie mondiale.  La politique qu’il va appliquer va toucher à trois domaines qui seront l’effacement des dettes et la fin des processus de prêts financiers non performants; la création d’un cadre économique plus compétitif, et la réforme structurelle de la fiscalité. Cette politique pourrait affecter le niveau d’APD que verse le Japon aux pays en développement, mais notre pays, qui est conscient de l’importance de cette forme d’aide, fera tout pour minimiser les conséquences de la baisse de ses montants sur les économies des pays en développement. 


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