En cours au Siège de l'ONU

AG/1238

LES PETITS ETATS INSULAIRES PLAIDENT DEVANT L´ASSEMBLEE GENERALE POUR QU´UNE PLUS GRANDE ATTENTION SOIT ACCORDÉE A LEURS PROBLEMES PARTICULIERS

15/11/2001
Communiqué de presse
AG/1238


Assemblée générale

55e séance plénière –après-midi


LES PETITS ETATS INSULAIRES PLAIDENT DEVANT L´ASSEMBLEE GENERALE POUR QU´UNE PLUS GRANDE ATTENTION SOIT ACCORDÉE A LEURS PROBLEMES PARTICULIERS


Avec une majorité de participants originaires de petits Etats insulaires en développement ou de la région des Caraïbes, l’Assemblée générale, qui poursuivait cet après-midi son débat général, a entendu un véritable plaidoyer pour que les besoins et les fragilités de ces pays soient pris en considération.  Dépendants de la mer pour leur survie, ces pays sont particulièrement vulnérables à la dégradation de l’environnement, au réchauffement de la planète et aux catastrophes naturelles, telles que l’Ouragan Michelle qui a ravagé récemment la région des Caraïbes, et notamment Cuba.  Ainsi que l’a expliqué le Ministre du développement du secteur privé et des affaires étrangères de Trinité-et-Tobago, les petits Etats insulaires s’efforcent de mettre en valeur leurs ressources nationales, mais le succès de ces efforts dépend largement de l’environnement mondial.  Il a donc lancé un appel pour la prompte entrée en vigueur du Protocole de Kyoto et de la Convention sur le changement climatique.  Il s’est aussi inquiété du transport de déchets dangereux en mer des Caraïbes.  Le Chef de la délégation de la Papouasie-Nouvelle-Guinée a, quant à lui, demandé une meilleure répartition et une exploitation plus durable des ressources marines du Pacifique.


Bien entendu, le terrorisme et ses répercussions à court et long termes sont constamment évoqués dans les interventions.  Les pays des Caraïbes ont par exemple exposé les mesures qu’ils ont prises pour participer à la lutte collective contre le terrorisme, en particulier dans les domaines bancaire et financier.  Mais comme le Ministre des affaires étrangères et du commerce international de la Grenade, ils ont aussi insisté sur les répercussions économiques pour leurs pays des événements du 11 septembre.  Les turbulences qui agitent l’économie mondiale touchent en effet le plus durement le tourisme et le transport aérien, des secteurs qui jouent un rôle synergique et capital dans l’économie de ces petits Etats.  Le Fonds monétaire international prévoit d’ailleurs que la baisse du nombre de touristes dans les Caraïbes pourrait atteindre les 50%.  Le Programme d’action de la Barbade relatif aux petits Etats insulaires en développement, constitue un des acquis importants de la Conférence de Rio à ne pas avoir été pleinement appliqué.  Il devra donc être placé haut sur l’ordre du jour des conférences à venir sur le financement du développement, à Monterrey, et sur le développement durable, en septembre prochain à Johannesburg.  La Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères et du commerce extérieur de la


Barbade, a, quant à elle, exprimé l´espoir que la décision prise à Doha de lancer un nouveau cycle de négociations de l’Organisation mondiale du commerce permettra de résoudre les problèmes de déséquilibre des droits et avantages commerciaux dont ont tant souffert les pays en développement lors de l'Uruguay Round.  Un problème que le représentant de Sainte-Lucie a illustré par l’exemple de l’industrie de la banane aujourd’hui en péril dans son pays.


De nombreux appels ont été lancés pour que la réforme du Conseil de sécurité soit menée à bien et pour qu´enfin il soit plus représentatif de toutes les grandes régions du monde.


L’Assemblée générale a aussi entendu le Premier Ministre de la Bulgarie, ainsi que les Ministres des affaires étrangères du Panama, du Lesotho, de la République centrafricaine, du Mozambique de l’Ethiopie et de la Guinée équatoriale.  Les chefs de délégation du Danemark et de la Thaïlande se sont aussi exprimés.  Les représentants de l’Erythrée, de l’Arménie, et de l’Indonésie ont exercé leur droit de réponse.


En début de séance, M. Murari Raj Sharma (Népal), Vice-Président de l’Assemblée général, a adressé, au nom de tous les Etats Membres, ses sincères condoléances au Gouvernement et au peuple algérien pour les pertes de vies humaines et les importants dommages causés par les récentes inondations qui ont affligé le pays. 


Le débat général, qui entrera dans sa dernière journée, se poursuivra demain, vendredi 16 novembre, à 9 heures.


Déclarations


M. SIMEON SAXE-COBURG-GOTHA (Premier Ministre de Bulgarie) : La position engagée et active de l'Organisation des Nations Unies à l'encontre des actes terroristes et les résolutions adoptées à l'unanimité par le Conseil de sécurité les condamnant sont la preuve du rôle et de l'importance accrus de l'Organisation des Nations Unies en tant qu'instrument collectif pour répondre aux défis de notre monde.  La Bulgarie a appuyé sans réserve ces résolutions et l'Assemblée nationale comme le Gouvernement bulgare ont adopté des déclarations allant dans le même sens.  J'ose rappeler que ce combat ne sera que partiel sans un engagement moral, voire spirituel.  Il existe d'autres valeurs que la poursuite du bien-être matériel pour améliorer le sort des peuples.


Pour l'opinion publique bulgare et pour mon Gouvernement l'élection de la Bulgarie au sein du Conseil de sécurité est considérée comme une reconnaissance du prestige international dont bénéficient la Bulgarie et sa politique extérieure active et équilibrée.  Les priorités de cette dernière -adhésion à l'Union européenne et à l'OTAN, relations de bon voisinage et de coopération renforcée avec les pays de notre région- restent plus valables que jamais.  En tant que membre non permanent du Conseil de sécurité, nous sommes disposés à participer au dialogue sur tout l'éventail de questions ayant trait à la paix et à la sécurité internationales et nous sommes ouverts au dialogue avec tous les Etats Membres de l'Organisation.


La Bulgarie est pour la pleine application de la résolution 1244 du Conseil de sécurité relative au Kosovo et considère que les élections du 17 novembre prochain seront déterminantes pour le processus de stabilisation et de démocratisation du pays.  De même, la Bulgarie attache une importance primordiale à la stabilité de la République de Macédoine, et mon pays appuie l'application intégrale des Accords de Dayton.  Il convient d'établir une stratégie à long terme pour le rétablissement et le développement économique de l'Europe du Sud-Est afin de pouvoir à son relèvement après les différentes crises qu´elle a connues.  Je tiens à souligner la position bulgare en faveur du règlement pacifique d'autres conflits régionaux aussi déchirants que ceux du Proche-Orient, d'Afrique et d'ailleurs.  Nos positions sur tous ces conflits sont en conformité avec la Charte de l'Organisation des Nations Unies.


Notre Gouvernement a fait un effort très spécial pour lutter contre le terrorisme sur son propre territoire; il participe également activement à la coopération dans le domaine économique et social, des droits de l'homme, de la non-prolifération des armes de destruction massive et du désarmement global ainsi que de la protection de l'environnement.  Ces objectifs correspondent du reste à ceux du nouveau Gouvernement bulgare: veiller aux besoins sociaux des citoyens bulgares, assurer une croissance économique soutenue et ce, malgré les aléas d'une conjoncture économique internationale parfois difficile.


M. JOSE MIGUEL ALEMAN, Ministre des affaires étrangères du Panama: Les attaques terroristes du 11 septembre sont des crimes contre l’humanité qui ne seront jamais oubliés.  En hommage aux milliers de vies innocentes perdues, les Etats-Unis doivent prendre toutes les mesures nécessaires pour éliminer ce fléau international.  Le Gouvernement du Panama est de son côté disposé à appliquer vigoureusement toutes les dispositions contenues dans tous les instruments des Nations Unies ayant trait au terrorisme international.  Nous allons d’ailleurs, bientôt, déposer les instruments de ratification de quatre conventions des Nations Unies, y compris celle visant à éliminer le financement du terrorisme.  Nous prévoyons aussi de ratifier dès que possible le Statut de Rome portant création de la Cour pénale internationale.  Tout en s’attaquant au terrorisme international, il faudrait aussi veiller à surmonter les différences d’opinion qui sont apparues, en juillet dernier, concernant le trafic illégal des armes légères.  Il est bien connu, en effet, que les groupes terroristes sont souvent les bénéficiaires de ce trafic.  Particulièrement préoccupé par cette question, le Gouvernement du Panama a l’intention de parrainer l´élaboration d´une convention de l’hémisphère américain sur cette question. 


En adhérant à l’ONU, les Etats Membres ont pris l’engagement de chérir la paix, de promouvoir les droits de l’homme, de fournir nourriture, santé et éducation à leur population, et de préserver l’environnement.  Malheureusement ces engagements doivent encore être honorés.  Se faisant concurrence, parfois par simple fanatisme, surtout au Moyen-Orient, les Etats ont été incapables de concilier leurs politiques avec les principes et les idéaux de la Charte des Nations Unies.  Compte tenu du degré de brutalité au Moyen-Orient, Panama estime que l’ONU doit renforcer, de manière énergique, son rôle de médiateur, afin de mettre un terme à ce bain de sang qui atterre la communauté internationale depuis tant de décennies.  Le Conseil de sécurité devrait notamment assumer un rôle plus actif dans la mise en oeuvre des recommandations du rapport Mitchell.  Le principe fondamental sur cette question est de reconnaître le droit des Palestiniens à disposer d´un Etat souverain et le droit d’Israël à vivre en paix et en toute sécurité. 


Le Panama défend sans réserve les droits de l’homme et dans ce contexte, il adhère pleinement à la campagne mondiale visant à protéger les droits des enfants et à lutter contre le VIH/sida.  Sur ce dernier point, aucun pays ne peut se soustraire à sa responsabilité économique et sociale et tous doivent mettre en place des programmes de planification, aux niveaux local et provincial, permettant de prévenir ce fléau et d’autres maladies sexuellement transmissibles.  Les droits de l’homme s’inscrivent non seulement dans les domaines politique et civil, mais aussi dans les domaines économique, social et culturel.  Or, les principes défendus par la Déclaration universelle des droits de l’homme sont aujourd’hui mis en péril par les inégalités de la mondialisation et du financement du développement, par le fardeau insupportable de la dette et par la destruction indiscriminée de l’environnement.  Tous ces facteurs de l’extrême pauvreté dans le monde exigent une action volontariste et collective de la part des nations les plus privilégiées.  La Conférence des Nations Unies sur l’environnement et le développement, tenue à Rio en 1992, a représenté un remarquable effort en faveur du développement durable, notamment grâce à l’adoption d’Action 21.  Ce plan


d’action demeure valide et ne doit pas être jeté aux oubliettes.  Avec la tenue prochaine de la Conférence sur le financement du développement, il faudra saisir l’opportunité qui est donnée de combler le fossé entre les pays riches du Nord et les pays pauvres du Sud.  Il faudra approcher la question, avec créativité et responsabilité, afin que le financement du développement prenne en compte les réalités nouvelles.  De leur côté, les pays d’Amérique centrale et les Etats-Unis ont signé en juin dernier une déclaration conjointe intitulée Alliance pour le développement durable, qui constitue une véritable stratégie régionale d’intégration économique de la région dans l’économie internationale.  L’action de l’ONU en faveur de la résolution des problèmes majeurs souffre des débats structurels qui l’agitent, dont notamment la question de l’élargissement de la composition du Conseil de sécurité.  Le Panama estime que le Conseil doit être plus représentatif et plus équitable.  Plus que jamais après le 11 septembre, la légitimité des actions du Conseil dépendra de sa capacité de démontrer qu’il n’est pas régi par une force unilatérale et que les Etats Membres ne seront plus laissés de côté lorsque des décisions sont prises sur des questions qui nous affectent tous. 


M. MOTSOAHE THOMAS THABANE, Ministre des affaires étrangères du Royaume du Lesotho: Le Lesotho réitère sans équivoque sa condamnation des actes barbares de terreur commis contre des civils innocents le 11 septembre.  Ceux qui sont responsables doivent être punis.  Il existe encore d´importantes disparités entre les pays industrialisés et les pays en développement, particulièrement ceux d´Afrique.  Il y a beaucoup à faire pour que les technologies de la communication et de l’information (TIC) puissent être introduites dans les écoles primaires des pays en développement pour mieux les préparer aux changements intervenant dans la société et l’économie.  On attend un effort particulier des Nations Unies à cet égard.  Les TIC demeurent incontestablement une priorité pour le développement de l’Afrique.


Après plusieurs années de dictatures militaires et de coups d’Etats, le Continent africain a commencé à sortir de l´ornière et aujourd’hui les vents de la démocratie soufflent sur l´Afrique.  On constate que le développement devient évident et que beaucoup de pays africains élaborent leurs propres stratégies de développement.  Le seul moyen de réaliser le développement durable du continent est d´offrir aux populations des conditions de travail stables.  Le lancement de la Nouvelle Initiative africaine à Lusaka en juillet dernier constitue un tournant, mais les Africains sont tout à fait conscients de la tâche énorme qu’ils se sont fixé.  Il faut que les pauvres aient accès à la terre, aux technologies, au juste marché, à la santé, à l’éducation et aux services économiques, y compris le crédit.  Malgré la réaffirmation du Sommet du Millénaire de réduire de moitié la proportion de gens vivant dans l’extrême pauvreté d’ici 2015, la pauvreté abjecte, des bases de ressources limitées, le niveau de la dette et les effets délétères du virus VIH/sida continuent d’être la réalité quotidienne pour la majorité des peuples dans le monde.  Un règlement rapide et durable du problème de la dette est impératif.  Nous pensons que le Programme d’action pour les pays les moins avancés, pour la décennie 2001-2010, est un cadre extrêmement utile pour accélérer la croissance économique et le développement durable des plus pauvres et des plus faibles.  La pauvreté continue d’être un facteur majeur qui empêche de réaliser le double objectif de l’Agenda Habitat.  L’Afrique abrite 70 % des personnes infectées par le virus VIH/SIDA.  L’engagement politique est essentiel pour élaborer les stratégies nationales globales de prévention de la maladie.


La véritable contribution du Lesotho pour mettre fin à la culture de l’impunité est prouvée par son assistance aux activités des tribunaux internationaux pour la Yougoslavie et le Rwanda, ainsi que par son soutien à la création de tribunal ad hoc pour la Sierra Leone.  Beaucoup reste encore à faire pour aboutir à un monde sans arsenaux d’armes légères et avec des normes contraignantes pour la non-prolifération nucléaire et le désarmement.  Nous en appelons à la conscience de la communauté internationale qui a condamné et a réussi à éradiquer l’esclavage, à se prononcer avec autant de véhémence contre le fléau de l’exploitation qui alimente les conflits.  Le Lesotho soutient la création de deux Etats -Israël et la Palestine- fondés sur les résolutions du Conseil de sécurité.


M. AGBA OTIKPO MEZODE, Ministre des affaires étrangères de la République centrafricaine: La Déclaration du Millénaire doit être perçue comme la stratégie que les Etats devraient observer pour leur permettre de relever les nombreux défis qui se posent aujourd'hui au monde et qui ont pour nom la pauvreté, les conflits, l'intolérance, le terrorisme, la dette, la marginalisation, les maladies endémiques, le VIH/Sida, etc.  Ces défis ne peuvent être relevés que par le jeu de la coopération multilatérale, notamment dans le cadre des Nations Unies.  La coopération est nécessaire en autres à un règlement juste et durable de la question du Moyen-Orient.  De même, nous exhortons les parties concernées par la mise en oeuvre des Accords de Lusaka à honorer cet Accord afin de permettre à la République démocratique du Congo de recouvrer son intégrité territoriale, son unité et une paix durable qui aura des effets bénéfiques en République centrafricaine.  


Il faudrait qu'une coopération pour le développement s'instaure entre les Etats pour aider l'Afrique.  Nous appelons les pays du Nord à déterminer avec l'Afrique un partenariat réel, tant public que privé.  Cela implique une certaine volonté politique puisque devant la situation de conflit entre Etats voir même à l'intérieur des Etats, nos partenaires cèdent parfois à l'indifférence et au désespoir devant la lenteur des progrès.  Ils cèdent parfois à l'émotion que certains hommes suscitent aux fins de décourager les initiatives en manipulant abusivement des concepts porteurs de génocide, d'épuration ethnique vécus naguère par certains pays mais qui n'ont aujourd'hui aucun fondement dans un pays comme la République centrafricaine.  On oublie souvent que ces conflits ont pour origine un déficit de culture, de démocratie et l'extrême pauvreté.  Il faudrait que nos partenaires appuient nos efforts de démocratisation en privilégiant l'aspect économique.


Pour la quatrième fois en cinq ans depuis 1996, une tentative de coup de force a été perpétrée en République centrafricaine le 28 mai dernier.  Auparavant, le Conseil de sécurité avait le 23 janvier 2001 reconnu les efforts du Gouvernement et l'avait encouragé à persévérer dans la voie de la consolidation de la démocratie et de la préservation de la paix.  Pour cela, le mandat du Bureau des Nations Unies pour la République centrafricaine (BONUCA) a été prorogé.  Au mois de mai 2001, on enregistrait même la présence des institutions financières internationales.  Mais contre toute attente, les mêmes groupes d'hommes qui soumettent le peuple centrafricain depuis cinq ans à un terrorisme  répétitif ont fait une tentative de coup de force, s'abritant derrière des concepts de pratiques génocidaires.  Cette récurrence de crises violentes nous interpelle sur la pratique de la justice dans nos jeunes états de droits où les amnisties imposées


font office de justice et instaurent le règne de l'impunité, facteur de récidivité.  La République centrafricaine a pris une série d'actes comme la création d'une Commission mixte d'enquête judiciaire, une prise de contact avec les différentes couches sociales, chancelleries, organisations et institutions accréditées dans le pays et des actions diplomatiques auprès des pays de la sous-région et de la région.


 Des événements cependant viennent remettre en plein jour la question de la marche de la démocratie en République centrafricaine comme le refus de l'ancien chef d'état-major des armées de se présenter devant la Commission d'enquête judiciaire constituée après le coup d'Etat.  Celui-ci a organisé une résistance qui a pris la forme d'une rébellion.  La marche de la démocratie est également rendue difficile par l'extrême pauvreté et la fragilisation de l'Etat, véritable terreau de l'instabilité.  La tentative de coup d'Etat du 28 mai 2001 a aggravé la situation du pays en le faisant tomber dans un dénuement dramatique.  Nous souhaitons que les Nations Unies plaident davantage pour la cause de notre pays car les conséquences des événements qui se sont produits depuis 1996 sont telles qu'il faudrait des ressources financières importantes pour assurer le relèvement du pays.


Mme. BILLIE MILLER, Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères et du commerce extérieur de la Barbade: Le Gouvernement de la Barbade a condamné de façon explicite les attaques terroristes du 11 septembre et s'est engagé à coopérer pleinement avec la communauté internationale pour répondre à cette menace mondiale.  La Barbade partage la peine de l'Amérique, car elle a perdu cinq ressortissants dans ce carnage absurde.  Elle partage également sa détermination à traduire en justice les auteurs des attaques du 11 septembre.  Le terrorisme est un problème global qui requiert une solution globale.  Depuis 1963, l'Organisation des Nations Unies a approuvé une douzaine de Conventions sur le terrorisme; la Barbade en a adopté sept et étudie les autres en vue d'une adoption.  La Barbade s'engage à prendre toutes les mesures nécessaires pour éviter que des actes terroristes soient financés ou organisés sur son territoire.  Elle a révisé la sécurité de son aéroport et a pris des mesures pour renforcer sa législation dans le domaine financier.


Le terrorisme est un phénomène global mais c'est aussi un problème complexe qui nécessite une approche multidisciplinaire.  La lutte contre le terrorisme ne prendra jamais fin si elle se réduit à une simple campagne militaire contre les responsables des dernières attaques.  Il est également nécessaire de trouver des solutions efficaces et durables aux problèmes du sous-développement, de la pauvreté, de l'inégalité, de l'intolérance et de l'injustice.  En effet c'est dans ces conditions désespérantes que naissent les nouveaux convertis à la cause terroriste.


Les événements du 11 septembre ont mis en évidence notre interdépendance économique.  Dans ce contexte il est encore plus nécessaire de reconnaître la valeur du multilatéralisme.  A cet égard la Barbade attend de la Conférence internationale sur le financement du développement qu'elle trouve des mécanismes pour mettre en œuvre l'Agenda pour le développement, actuellement dans l'impasse.  Nous appuyons la réforme des institutions économiques internationales pour répondre aux défis du développement.  La majorité des pays en développement ont souffert lors de l'Uruguay Round de déséquilibres en matière de droits et


d'avantages commerciaux.  Après l'échec de la réunion de Seattle, nous espérons que la décision prise à Doha d'enclencher un nouveau cycle de négociations permettra de résoudre ces problèmes critiques pour les pays en développement.  Nous sommes convaincus que ces pays ne pourront connaître de progrès économique et social que dans le cadre d'un arrangement juste et équitable, qui tienne compte des différences de taille et de niveau de développement des Etats Membres.  Les événements du 11 septembre ont eu des conséquences graves sur l'économie des Caraïbes, qui dépend dans une large part du tourisme, et les pays de la région ont mis en commun leurs forces pour mettre au point une réponse coordonnée.  Toutefois, la Barbade juge que la gravité de la crise nécessite une intervention de la communauté internationale au niveau financier.


La Barbade regrette que la Conférence des Nations Unies contre le racisme n'ait pas bénéficié de l'attention qu'elle méritait.  Les citoyens des Caraïbes sont issus de populations déplacées qui ont forgé une société basée sur le respect de la diversité ethnique, culturelle et religieuse.  Nous pensons qu'il y aurait beaucoup à apprendre de notre expérience, en particulier en ce qui concerne la promotion d´une culture de paix et de compréhension chez les jeunes.


M. ELVIN NIMROD, Ministre des affaires étrangères et du commerce international de la Grenade: La présente session de l’Assemblée générale peut être appelée la session des défis imprévus et de l’adversité.  La Grenade appuie pleinement la résolution 1373 (2001) du Conseil de sécurité qui énumère d’importantes mesures que tous les pays, grands ou petits, riches ou pauvres, doivent prendre pour prévenir et combattre le terrorisme.  Au niveau national, notre priorité est d’empêcher ceux qui financent, planifient, favorisent et commettent des actes terroristes, d’utiliser le territoire à cet effet.  La Grenade s’efforce aussi de trouver les moyens d’accélérer les échanges d’informations sur les terroristes et coopère avec les Etats-Unis pour faire en sorte qu’aucun fonds terroriste ne soit déposé dans ses institutions financières off-shore.  Enfin, nous avons suspendu, pour une période indéfinie notre programme d’octroi de la citoyenneté pour raisons économiques, afin qu’aucun terroriste ne devienne citoyen de notre pays.  Nous appuyons pleinement le développement d’un cadre juridique complet et efficace pour la lutte contre le terrorisme.  Nous allons envisager de manière prioritaire la signature, la ratification et l’application des 12 conventions des Nations Unies sur la lutte contre le terrorisme, en particulier celle visant à l’élimination de ses sources de financement. 


Les actes horribles du 11 septembre ont pour mon pays, comme pour tous ceux de la région des Caraïbes, des répercussions importantes.  Les turbulences qui agitent l’économie mondiale ont touché en effet très durement le tourisme et le transport aérien ainsi que les secteurs qui jouent un rôle synergique dans l’économie de nos petits Etats.  Nos revenus baissent rapidement, nos économies sont sévèrement mises à mal.  Le Fonds monétaire international a d’ailleurs prédit que la baisse du nombre de touristes reçus dans la région pourrait atteindre près de 50%.  Les compagnies aériennes régionales ont déjà enregistré une baisse des passagers de 45% depuis le 11 septembre.  C’est pourquoi nous avons organisé une réunion de l’Organisation des Etats de l’Est des Caraïbes afin d´examiner les conséquences du 11 septembre sur les secteurs hôtelier, banquier, agricole, industriel et des transports.  Il faut aujourd’hui restaurer la confiance dans l’économie mondiale et dans la coopération multilatérale.  Or chacun sait que les membres de l’Organisation mondiale du commerce ne participent pas tous sur un pied d’égalité.  Et si le terrorisme a, à juste titre, dominé le débat général cette année, il ne faut pas pour autant oublier certains problèmes hérités du XXème siècle et ayant trait au développement économique et social.  Les nombreux sommets et conférences des Nations Unies tenus ces dix dernières années ont tous mis l’accent sur le développement durable et sur l’importance du facteur humain.  Il faut donc aujourd’hui savoir dans quelle mesure les déclarations et plans d’action adoptés lors de ces événements ont été mis en oeuvre.  Se pourrait-il que ces conférences ont promis plus qu’elles ne pouvaient tenir?  La lutte contre la pauvreté soustend tous ces problèmes, c’est pourquoi les prochaines conférences sur le financement du développement et sur le développement durable sont si importantes.  Le Programme d’action de la Barbade relatif aux petits Etats insulaires en développement continue d’être un important élément de la Conférence de Rio qui n´a pas été pleinement appliqué; il devrait donc être placé haut sur l’ordre du jour de ces événements. 


Depuis plus de 40 ans, l’un des petits pays des Caraïbes, Cuba, est victime d’un embargo qui est cause de beaucoup de souffrances pour sa population.  Au lendemain des importants dégâts causés par l’ouragan Michelle, il est fondamental de prendre des mesures pour que cet embargo soit levé et que la population cubaine ait ainsi une chance de se relever de cette catastrophe naturelle imparable.  La Grenade appuie également l’octroi du statut de Membre des Nations Unies à la République de Chine à Taiwan, qui vient d’ailleurs d’être admise en tant que telle au sein de l’Organisation mondiale du commerce. 


M. LEONARDO SANTOS SIMAO, Ministre des affaires étrangères et de la coopération du Mozambique: Nous réitérons notre condamnation du terrorisme sous toutes ses formes et manifestations, quels que soient son origine, l’endroit où il se manifeste, la race ou la religion de ceux qui le commettent.  La lutte contre ce fléau nécessite une action concertée de toute la communauté internationale, dans le cadre des Nations Unies.  Les habitants du Mozambique connaissent la distinction entre le terrorisme et les luttes légitimes des peuples pour leur liberté et leur indépendance.  Le Mozambique est prêt à participer à une discussion mondiale sur ce problème.  Le Mozambique est fier d’avoir joué un rôle actif dans l’obtention de résultats prometteurs de la Conférence des Nations Unies sur les armes légères. 


Nous vivons aujourd’hui dans un monde où peu de pays profitent des bienfaits de la mondialisation et où la majorité des habitants de la terre est de plus en plus marginalisée.  Pour renverser cette tendance, nous appelons les pays développés à honorer leurs engagements en ce qui concerne l’Aide publique au développement (APD).  Les conflits sont l’un des principaux obstacles au développement, en Afrique en particulier.  Nous devons concentrer nos actions sur des mesures de prévention et en aborder les causes premières.  Nous devons aussi réfléchir sur la mise en oeuvre de stratégies saines pour la résolution des conflits et leur gestion.  Nous participons aux efforts de la Communauté pour le développement du Sud de l’Afrique qui vise à éradiquer la pauvreté et combattre la pandémie du VIH/sida et mieux répondre aux défis posés par la mondialisation.  Le dialogue politique, l’édification d’un consensus, le partenariat et la coopération sont et doivent être poursuivis avec plus de vigueur.  Au Mozambique, la pauvreté affecte environ 70 % de la population.  Pour aborder ce problème, le Gouvernement a approuvé un projet de stratégie de réduction de la pauvreté.  A long terme, il a lancé une initiative nationale, «l’Agenda 2025».  Le combat contre le virus


VIH/sida est une autre priorité du Gouvernement.  Les inondations qui ont affecté le Mozambique deux années consécutives, en 2000 et 2001, entraînant de nombreuses pertes en vies humaines de la production et des dommages aux infrastructures, sont responsables du grave recul du développement du pays.


Nous sommes encouragés par les résultats de la Conférence de reconstruction après les inondations, tenue à Maputo.  Le Gouvernement du Mozambique exprime sa reconnaissance au système des Nations Unies et à la communauté internationale pour leurs contributions aux efforts déployés pour consolider la paix, renforcer les institutions démocratiques et encourager le développement.


M. SEYOUM MESFIN, Ministre des affaires étrangères de l'Ethiopie: L'Ethiopie n'a pas été épargnée par le terrorisme.  Depuis dix ans, nous avons été les victimes du terrorisme et l'avons combattu.  C'est aussi la raison pour laquelle nous demeurons disposés à faire le maximum pour accroître les efforts internationaux de lutte contre ce phénomène.  A long terme, le terrorisme sera vaincu quand sa couverture idéologique tombera.  Ceci ne sera possible que lorsque les responsables d'actes haineux ne trouveront plus de havres où se cacher et lorsqu'ils ne disposeront plus d'alibis.  C'est la raison pour laquelle, entre autres, la lutte contre la pauvreté devient essentielle.  La lutte contre la pauvreté n'est pas aussi insaisissable que la lutte contre le terrorisme.  Elle exige cependant de la volonté politique.  Le Nouveau partenariat pour le développement de l'Afrique repose sur la reconnaissance des responsabilités qui incombent au continent africain. Nous acceptons pleinement que la paix, la sécurité, la démocratie, la bonne gouvernance et une gestion macroéconomique saine soient des conditions essentielles à la croissance économique et au développement durable.  Nous sommes également conscients que l'Afrique ne dispose pas de ressources et de capacités pour mettre en oeuvre cette initiative qui prévoit également des obligations complémentaires de la part de la communauté internationale.  En Ethiopie, nous sommes en mesure de jouer le rôle qui nous revient dans le processus de paix et d'investir notre énergie et nos ressources pour la lutte contre la pauvreté au niveau national. 


Pour ce qui est de la sécurité dans la sous-région, et plus particulièrement de la Somalie, nous appelons les parties à s'asseoir à la table des négociations afin de mettre en place un gouvernement de transition sur une base élargie.  Nous sommes également disposés à faire de notre mieux pour aider le processus de réconciliation nationale au Soudan.  En revanche, il serait imprudent de dissimuler notre déception et préoccupation grandissante quant à la mise en oeuvre de l'Accord d'Alger conclu entre l'Ethiopie et l'Erythrée.  L'Ethiopie est tout à fait acquise au processus de paix et à la mise en oeuvre scrupuleuse de l'Accord d'Alger.  Nous souhaitons que la Mission des Nations Unies en Ethiopie et en Erythrée (MINUEE) soit couronnée de succès.  L'Erythrée cependant continue de ne pas respecter l'intégrité de la Zone temporaire de sécurité et y multiplie les violations sous les yeux de la MINUEE.  Nous nous sommes plaints mais en vain.  L'expérience a montré qu'une politique d'apaisement est vouée à l'échec avec l'Erythrée.  Nous appelons les Nations Unies, garants de l'Accord d'Alger, à faire en sorte qu'il soit respecté.  Le Conseil de sécurité doit envoyer un message clair à l'Erythrée pour qu'elle s'abstienne de tout acte contraire au processus de paix.


M. MERVYN ASSAM, Ministre du développement du secteur privé et des affaires étrangères de Trinité-et-Tobago: Aucun pays n'est à l'abri du terrorisme et il est de notre responsabilité collective de faire savoir sans équivoque que ces actes ne resteront pas impunis.  Trinité-et-Tobago a déjà signé onze conventions internationales contre le terrorisme et estime que dans sa lutte contre ce fléau la communauté internationale doit également traiter les causes fondamentales qui lui fournissent un terreau fertile.  Nous pensons cependant que la gravité des événements ne devrait toutefois pas nous détourner de nos autres préoccupations comme le trafic des drogues et le commerce illégal des petites armes.


Le Gouvernement de Trinité-et-Tobago reconnaît la nécessité de promouvoir la croissance économique et de créer une meilleure qualité de vie pour ses citoyens.  Mais en tant que pays insulaire en développement, nous avons des besoins et des difficultés particuliers.  Ainsi, nous pensons qu'il faudrait étudier la possibilité d'étendre les mesures de réduction de la dette aux pays à revenu moyen, comme Trinité-et-Tobago, pour leur permettre d'utiliser les ressources jusqu'ici consacrées au service de la dette à des secteurs critiques comme la santé et l'éducation.  En tant que petit Etat insulaire, Trinité-et-Tobago donne actuellement la priorité à la mobilisation des ressources nationales, mais le succès de cette politique dépend dans une large mesure de l'environnement mondial et de sa capacité à accéder aux marchés des pays développés.  Par ailleurs, Trinité-et-Tobago appuie le projet de réforme de la prise de décision au sein des institutions financières, et trouve que les pays en développement devraient être plus étroitement associés aux politiques qui les affectent directement.  Enfin, le Gouvernement est convaincu que l'Organisation mondiale du commerce devrait prendre davantage en compte les différents niveaux de développement entre ses membres.


Trinité-et-Tobago s'inquiète du fait que la région des Caraïbes est la deuxième du monde en ce qui concerne le nombre de morts dus au VIH/sida dans la population des 15-44 ans.  A cet égard, le pays a montré son engagement en organisant le mois dernier la dixième Conférence internationale sur les malades du VIH/sida.  Le Gouvernement a également négocié avec les compagnies pharmaceutiques une réduction de 90% du prix de l'AZT et soutient la création d'un fonds mondial contre le VIH/sida. 


Sur le plan de l'environnement, Trinité-et-Tobago encourage les pays développés à signer le Protocole de Kyoto sur l'environnement pour qu'il soit mis en œuvre aussi vite que possible.  En tant qu'Etat insulaire dépendant de la mer aussi bien pour le pétrole que pour la pêche et pour l'industrie du tourisme, notre pays a pris l´engagement de respecter les principes de la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer et apporte son appui aux travaux de l'Autorité internationale sur le fond des mers, en particulier en ce qui concerne l'exploitation des minéraux en eau profonde.  Nous réitérons notre inquiétude au sujet du transport des déchets dangereux à travers la mer des Caraïbes, car pour les Etats de la région, la mer constitue la seule véritable ressource sur laquelle leur existence s'appuie.


M. JOSE ELA EBANG, Ministre des affaires étrangères, de la coopération internationale et de la francophonie de la Guinée équatoriale: La présente session de l’Assemblée générale est en deuil suite aux événements tragiques du 11 septembre et aujourd’hui plus que jamais, la nécessité d’assurer la paix, la stabilité, la justice, l’égalité et l’équilibre s’est convertie en un impératif vital, en la priorité des priorités.  L’Assemblée générale est face à un dilemme : évaluer le niveau d’exécution des engagements pris par la Déclaration du Millénaire et autres événements internationaux, et rassembler toutes les forces qu’exige la lutte pour l’élimination du terrorisme.  Autant de tâches et d’obligations qui ne peuvent être assumées par un seul peuple ou gouvernement, de manière individuelle, mais seulement au sein des Nations Unies.  La Guinée équatoriale lance donc un appel en faveur du renforcement de la coopération entre les Nations Unies et les organisations régionales, en particulier avec l´Union africaine.  Il est temps aussi d’établir des relations internationales réellement démocratiques, de promouvoir et réaffirmer les droits de l’homme, de consolider le désarmement et de consacrer les dépenses militaires à l’action internationale en faveur du développement.  Dans ce cadre, il est impératif de démocratiser le Conseil de sécurité. 


En dépit de certains progrès, la persistance de plusieurs foyers de tension et de conflits est préoccupante.  A l’heure où l’ONU s’efforce d’améliorer ses activités de maintien de la paix, l’aide au développement ne cesse de diminuer et les ressources allouées aux dépenses militaires d’augmenter.  Il en va de même de la lutte contre la pauvreté où le Groupe des Nations Unies pour le développement s’ingénie à convertir en actes les décisions prises lors du Sommet du Millénaire.  La Guinée équatoriale appuie le principe de la “responsabilité partagée”, car les problèmes auxquels continus d’être confrontés les pays les moins développés proviennent du manque de progrès enregistré dans la réalisation des objectifs internationaux de développement humain et social. 


Au moment où les Nations Unies s’efforcent de pallier les maux qui affectent les populations aux quatre coins de la planète, par l’intermédiaire du programme d’action contre le VIH/sida pour ne citer que celui là, l’attention de la communauté internationale est détournée par les actes terroristes sans précédent du 11 septembre.  Or dans le processus actuel de mondialisation accélérée, aucun des problèmes ne peut être réglé exclusivement au niveau national.  En sa qualité de président de la Communauté économique des Etats d’Afrique centrale, la Guinée équatoriale espère que la volonté politique dont ses pays membres font preuve dans la lutte contre les conflits et la pauvreté trouvera une fois de plus l’appui de l’Assemblée générale.


M. PETER DONIGI, Papouasie-Nouvelle-Guinée: Nous notons que les Nations Unies sont maintenant dans une situation financière bien plus saine qu’avant.  Nous pensons que les problèmes mondiaux ne peuvent pas être résolus sous le signe de la violence, du terrorisme, de la guerre et la destruction, de même qu’il ne peuvent l’être dans le vide.  Les Nations Unies offrent un forum de dialogue pour la résolution pacifique des conflits.  Mon Gouvernement estime que l’utilisation du droit de veto devrait être limitée aux problèmes relevant du chapitre VII de la Charte.  Les mesures que nous avons adoptées ont stabilisé l’économie.  Du fait de la récession aux Etats-Unis, il est évident que nous devons faire preuve d´imagination et de créativité pour assurer le succès de la Conférence sur le financement du développement, l’année prochaine.


Mon pays qui a fait l’expérience d’un malheureux et terrible conflit a tenté de rétablir la confiance mutuelle et la sécurité en mettant en œuvre une politique progressive dans la province de Bougainville au cours des quatre dernières années.  Le Gouvernement est fermement engagé à mettre en oeuvre l’Accord de paix de Bougainville signé le 30 août 2001.  Le processus de décolonisation ne sera pas achevé tant que le peuple des 17 territoires autonomes ne pourra exercer ses


droits inaliénables à l’autodétermination.  La Papouasie-Nouvelle-Guinée se félicite de la coopération entre elle et la France compte tenu des progrès accomplis dans la mise en oeuvre des Accords de Nouméa.  Nous continuons d’exhorter les autres pouvoirs administrant à coopérer avec la Commission de décolonisation.


Le Groupe du Forum des Iles du Pacifique comprend de petits pays insulaires en développement qui sont les gardiens des plus vastes espaces océaniques.  Cet espace océanique est riche en ressources naturelles marines.  Les pays insulaires en développement de la région ont cependant des capacités humaines, financières et technologiques limitées pour exploiter, contrôler et gérer ces ressources.

La Papouasie-Nouvelle-Guinée insiste sur l’utilisation et la gestion durables des ressources de cet espace et du fond de la mer.  Les pêcheries du Pacifique central et occidental ont des revenus annuels de 2,5 milliards de dollars alors que les pays insulaires en développement ne reçoivent annuellement que 66 millions de dollars pour les droits de pêche.  La situation doit changer.  Nous continuons de soutenir les principes contenus dans le Protocole de Kyoto et la Convention sur le changement climatique.  Nous soulignons l’urgence pour les pays développés de réduire de façon concertée leurs émissions de gaz à effet de serre.  La Papouasie-Nouvelle-Guinée a souffert de sécheresse et de gel en 1997, à cause du cyclone «EL NIÑO».  Les phénomènes «TSUNAMI» en 1998 et «LA NINA» ont provoqué des inondations et des glissements de terrain.  Le réchauffement global a également entrainé une recrudescence de la malaria.  Il y a un lien défini entre les modifications du climat, les catastrophes naturelles et la propagation des maladies.


L’aide au développement des petites îles, pays enclavés et les moins développés doit faire preuve de souplesse.  La Papouasie-Nouvelle-Guinée a noté la mort du dirigeant politique du peuple de la Province indonésienne d’Irian Jaya, Theys Eluay, dans des circonstances douteuses.  Nous exhortons l’Indonésie à entreprendre une enquête minutieuse, impartiale et transparente sur sa mort, de rendre publics les résultats et de déférer les responsables s´il y en a devant la justice.  Mon Gouvernement soutient les objectifs de non-prolifération nucléaire et du Traité d’interdiction totale des essais nucléaires.  Nous soutenons également les efforts visant à interdire les mouvements transfrontières de déchets dangereux ou radioactifs dans la région du Pacifique.  Nous appelons les pays qui ont effectué des tests nucléaires ou ont répandu des déchets non dégradables dans notre région à offrir des compensations et une assistance médicale appropriées.


Mme ELLEN MARGRETHE LOJ (Danemark): Le Danemark accueille favorablement la constitution d'une coalition mondiale pour lutter contre le terrorisme.  Au niveau international, les Nations Unies doivent fournir des normes et un cadre juridique international nécessaires pour définir et criminaliser les actes de terreur.  Les Nations Unies ont déjà mis en place une partie importante de ce mécanisme juridique avec l'élaboration de 12 conventions de lutte contre certaines menaces.  Des travaux sont en cours pour parvenir à une convention sur le terrorisme international.  Au niveau national, les Etats doivent prendre des mesures pour mettre en oeuvre la résolution 1373 du Conseil de sécurité.  Les Etats doivent légiférer au plan national pour poursuivre les personnes accusées de soutenir ou de commettre des actes de terrorisme.  Ces pays doivent être prêts à enrayer les opérations et le financement des réseaux terroristes.  Tous les pays doivent mettre en oeuvre les 12 conventions contre le terrorisme international.  Il y a trois semaines, le Gouvernement danois a élaboré un projet de loi sur le suivi national de la résolution 1373. 


Les conflits armés sont à l'origine de souffrances humaines inconcevables, de destructions matérielles et sont parfois un obstacle principal au développement.  Une réponse efficace aux conflits actuels exige un engagement politique sur le long terme qui prenne la forme d'un engagement diplomatique, politique, civil et militaire.  Les Nations Unies sont le seul organe international en mesure de légitimer la gestion des conflits.  Nous avons assisté à un certain nombre d'opérations réussies menées sous l'égide des Nations Unies.  La prévention et la gestion des conflits violents sont devenues une partie intégrante de l'engagement du Danemark en faveur des pays en développement.  Les Nations Unies ont un rôle unique à jouer dans la reconstruction de l'Afghanistan.  Elles doivent redoubler d'efforts, aux côtés de l'Union européenne, des Etats-Unis et des Etats voisins, pour que les parties au conflit au Moyen-Orient mettent fin à la violence. 


Les objectifs de développement du Millénaire fournissent un cadre d'action pour chaque pays.  Les dix dernières années ont été le témoin d'un engagement en faveur de la démocratie et de systèmes politiques prêts à reddition.  La bonne gouvernance, la promotion des droits de l'homme et la démocratisation des institutions sont des facteurs clefs du règlement pacifique des conflits et du développement économique.  Le Nouveau Partenariat pour le développement de l'Afrique est un pas encourageant dans la bonne direction.  Notre but ultime doit être l'élimination de la pauvreté.  Nous avons besoin d'un "Pacte mondial" et d'un partenariat entre les pays développés et pays en développement et tous les acteurs du développement.  La Conférence sur le financement du développement de mars prochain constituera une excellente occasion de faire preuve de notre détermination.


M. PRACHA GUNA-KASEM (Thaïlande): La Thaïlande condamne fermement toute forme de terrorisme et soutient les efforts déployés par les pays luttant pour se relever après la dernière crise et qui tentent de sauver leurs économies d'une plus grande crise.  Le Gouvernement thaïlandais a modifié sa législation nationale pour la mettre en accord avec les conventions internationales, en particulier avec la Convention internationale pour la répression du financement du terrorisme.  La Thaïlande appuie la tenue, aussi vite que possible, d'une conférence internationale au niveau ministériel sur le terrorisme international sous les auspices des Nations Unies.  Cette dernière faciliterait la discussion des problèmes, la coopération dans la lutte antiterroriste et l'adoption de mesures au niveau mondial.  Le terrorisme ne devrait pas être identifié à un groupe ethnique, une foi ou une nationalité.  Sinon, nos efforts pourraient déboucher sur un danger accru pour nos populations.


Le terrorisme international a également exacerbé le ralentissement de l'économie mondiale.  Les transports aériens, le tourisme et les industries connexes ont ressenti les conséquences de la crise internationale.  Les pays qui luttaient déjà pour se relever du dernier ralentissement tentent de sauver leur économie de la récession.  Confrontés à un fossé grandissant entre les pays développés et les nations en développement, les Nations Unies et les Etats Membres doivent travailler ensemble à renverser cette tendance.  Mais les efforts ne doivent pas s'arrêter aux Nations Unies: la réunion de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) à Doha a montré que les nations pouvaient réussir à mettre au point un agenda pour le commerce mondial.


Depuis le début de l'année, le Gouvernement thaïlandais a introduit une série de projets économiques et sociaux dirigés vers les classes populaires.  Par exemple, il a mis en place une Banque populaire ainsi que des plans de microcrédit en direction des populations pauvres des villes ou des campagnes.  En outre, plus de deux millions de petits fermiers vont bénéficier d'un plan de remise de la dette lancé par le Gouvernement et d'un système national d'assurance maladie.


En ce qui concerne l'Afghanistan, les Nations Unies et la communauté internationale en collaboration avec les Afghans eux-mêmes doivent agir rapidement pour restaurer l'ordre et la stabilité.  Nous devrions aussi favoriser l'assistance humanitaire en direction de l'Afghanistan; la Thaïlande va pour sa part fournir près de 3 000 tonnes de riz à la population.  Au sein de son ensemble régional, la Thaïlande a relancé les relations bilatérales avec les pays voisins et a travaillé avec eux sur un projet envisageant l'ouverture des frontières.  La Thaïlande est également fière de concourir au maintien de la paix dans la région grâce à sa participation aux forces des Nations Unies au Timor oriental.


M. EARL S. HUNTEY (Sainte-Lucie):  La défaite du terrorisme ne va pas par elle-même créer une humanité ou un monde meilleur.  Il y a des millions de personnes qui souffrent d’autres terreurs, qui succombent à la malnutrition et à la famine.  Nous devons nous rappeler qu’il y a d’autres questions qui ont engendré peurs et conflits dans le monde.  La cause sous-jacente de ces conflits est l’absence de développement économique et des ressources humaines.  Nous devons adopter la même riposte mondiale rapide en ce qui concerne ces questions que celle que nous avons adoptée pour lutter contre le terrorisme.  Nous appelons à une approche intégrée de la pauvreté.  Les ravages du virus VIH/sida demandent une nouvelle riposte collective et prompte.  La communauté internationale doit dégager de nouveaux moyens financiers pour la recherche et le développement de remèdes efficaces.  Ne sommes-nous pas inhumains lorsque nous recherchons le profit maximum au lieu de faire en sorte que les médicaments essentiels soient facilement disponibles.


Sainte-Lucie est préoccupée du fait que la poussée des marchés ne soit pas compensée par des mécanismes visant à une distribution équitable des revenus de sorte à protéger les plus vulnérables.  L’industrie de la banane qui est en péril à Sainte-Lucie est le résultat douloureux de cette poussée.  Sainte-Lucie se félicite de la récente initiative des Etats-Unis sur un accord pour le marché des bananes sur le marché européen.  Sainte-Lucie remercie encore une fois la persévérance de l’Union européenne qui s’est acquittée de ses responsabilités internationales pendant toutes ces années.  Sainte-Lucie s’inquiète également des activités de plusieurs organisations comme le Conseil économique mondial et l’OCDE qui semblent usurper les rôles et les fonctions traditionnels des Nations Unies et des gouvernements nationaux.  Nous ne pouvons renoncer à notre souveraineté pour la remplacer par un système imposé par une minorité de pays.  Du fait de ces comportements égoïstes et de la myopie de la mondialisation, le rôle des Nations Unies est d’apporter de l’ordre dans le système.  Nous craignons que si les Nations Unies continuent d’être marginalisées dans la détermination des politiques mondiales et des stratégies de développement, les préoccupations des pays en développement seront exclues de l’ordre du jour.


Droits de réponse


Le représentant de l’Erythrée, répondant aux remarques du Ministre des affaires étrangères de l’Ethiopie concernant le processus de paix entre les deux pays et le respect de l’Accord d’Alger, a renvoyé à la déclaration du Représentant spécial du Secrétaire général, Chef de la MINUEE, qui a infirmé point par point les accusations éthiopiennes.  Certes il y a toujours des problèmes à régler, notamment pour ce qui est de la frontière sud.  Toutefois le règlement de ces questions dépend de la bonne volonté des parties en présence.  L’Ethiopie s’est notamment redéployée jusqu’à six kilomètres à l’intérieur d’une partie de la Zone temporaire de sécurité.  S’agissant de la mobilisation accrue des troupes érythréennes, soi-disant constatée par l’Ethiopie, l’enquête menée par le Chef de la MINUEE a conclu que rien ne permet de créditer ces allégations.  Le représentant a rappelé que l’Accord d’Alger prévoit le retour rapide des prisonniers de guerre, or faute d’obtenir les coordonnées d’une personne, les Ethiopiens ont arrêté l’ensemble du processus.  En réponse, mon pays a aussi suspendu la libération des prisonniers.  Pour ce qui est des cartes indiquant l’emplacement des mines antipersonnel, il a indiqué que son pays avait été et était toujours disposé à fournir ces informations.


Le représentant de l´Arménie: La déclaration du Ministre d'Azerbaïdjan est une tentative de nier les preuves d'activités terroristes soutenues par l'Etat d'Azerbaïdjan, et d'inverser les rôles entre victimes et agresseurs.  De nombreux observateurs et organisations non gouvernementales ont pourtant attesté de ce que ce sont les autorités azéries qui ont soit exterminé les populations non azéries de Nakhijevan et du Haut-Karabagh, soit ont créé pour elles des conditions de vie insupportables.  Il est bien établi de même que ce sont les autorités azéries qui étaient les premières à utiliser des tanks, des rockets, des missiles et des hélicoptères, non seulement contre les forces de défense du Haut-Karabagh mais également contre les populations vivant sur place et même au-delà de la frontière arménienne.  Lorsque les populations ont répondu avec les mêmes armes aux agressions, ces autorités ont décidé de les appeler "les agresseurs".  Mais l'Azerbaïdjan ne peut mentir sans arrêt au mensonge devant le monde entier.  Ce pays refuse le droit à l'autodétermination à la population du Haut-Karabagh et en même temps appelle à un règlement rapide du conflit reposant entre autres sur la Charte des Nations Unies.  Peut-être que le Ministre ne sait-il pas que le droit à l'autodétermination est un de ces principes de la Charte.  Il faudrait arrêter de jeter le blâme sur les autres et essayer de trouver une solution dans le respect des principes internationaux et des droits de l'homme, ce qui a déjà été dit par le Ministre des affaires étrangères d'Arménie hier.


Le représentant de l’Indonésie a usé de son droit de réponse concernant les préoccupations évoquées par le représentant de la Papouasie-Nouvelle-Guinée.  Le Gouvernement d’Indonésie annonce que l’affaire fera l’objet d’une enquête afin de porter les responsables devant la justice indonésienne.  Nous prions les autres Etats de ne pas s’ingérer dans le processus interne.  Il a assuré le représentant de Papouasie-Nouvelle-Guinée que ce cas sera suivi attentivement par le Gouvernement puisqu’il concernait des citoyens indonésiens.  C’est une affaire purement interne du Gouvernement indonésien.


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