PNUE/38

RESTRICTION PROBABLE DU COMMERCE DU CAVIAR DE LA CASPIENNE

18/06/01
Communiqué de presse
PNUE/38


RESTRICTION PROBABLE DU COMMERCE DU CAVIAR DE LA CASPIENNE


Paris, le 18 juin (PNUE) -- Plus d'une centaine de représentants des pays membres de la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d'extinction (CITES) se réunissent du 19 au 22 juin pour prendre des décisions sur une série de questions, notamment sur le déclin rapide des populations d'esturgeons de la Mer Caspienne.


La session du Comité permanent de la CITES va étudier une probable restriction du commerce international du caviar d'Azerbaïdjan, du Kazakhstan, de la Russie et du Turkménistan. Un comité scientifique de la CITES a recommandé une réduction drastique de ce commerce car les stocks d'esturgeons sont décimés par la pêche illicite. L'Iran, cinquième Etat riverain de la Caspienne, n'a pas à craindre de restrictions car son dispositif de gestion des esturgeons fonctionne.


"L'esturgeon, qui produit le caviar, est sans doute aujourd'hui la ressource naturelle la plus coûteuse qui soit", déclare Ken Stansell, Président du Comité permanent. "Notre devoir à l'égard des habitants de la région de la Caspienne est d'aider leurs gouvernements à gérer scientifiquement les stocks d'esturgeons et à les protéger des trafiquants."


Les cinq pays de la Caspienne envisagent de faire une déclaration commune au Comité demandant la mise en place d'une coopération régionale pour l'esturgeon comportant la négociation d'un accord régional sur la conservation et l'exploitation durable des ressources halieutiques de la mer Caspienne d'ici à la fin de l'année, de faire une étude exhaustive des ressources halieutiques et des populations, de demander à Interpol d'analyser le commerce illicite de l'esturgeon, de renforcer la coopération en matière de pêche et de vente illicites, et d'inviter la CITES à mener des inspections sur place. Ces pays se sont réunis la semaine dernière à l'initiative du Programme des Nations Unies pour l'environnement et de ses partenaires.


Jusqu'en 1991, deux pays - l'URSS et l'Iran - contrôlaient virtuellement tout le marché du caviar et réalisaient de lourds investissement pour surveiller et maintenir les stocks de poissons. Cela permettait d'identifier facilement la provenance de n'importe quel envoi de caviar. La disparition de l'URSS a sonné le glas de ce système et un grand nombre d'entrepreneurs traitant cet "or noir" se sont substitués aux entreprises d'Etat.


Il fut un temps où la Caspienne représentait 95% du caviar mondial. Aujourd'hui, ce pourcentage est plus proche de 90%. Les prises officielles ont diminué, passant d'un pic d'environ 30 000 tonnes à la fin des années 1970 à moins

d'un dixième de ce chiffre à la fin des années 1990. La réduction du débit fluvial, la destruction des sites de reproduction, la corruption, le braconnage, le crime organisé et le commerce illicite ont contribué à ce déclin.


Il en est notamment résulté que les prises illicites dans les quatre anciennes républiques soviétiques sont désormais 10 ou 12 fois supérieures aux prises licites. Le commerce licite du caviar représente environ 100 millions de dollars par an. Comme le prix du caviar illicite varie considérablement d'un pays à l'autre, il est difficile d'estimer la valeur du commerce illicite mais à l'évidence, il s'agit de sommes considérables.


Reconnaissant la nécessité de prendre des mesures, la session de 1997 de la Conférence des Parties à la CITES a inscrit toutes les espèces d'esturgeons à l'Annexe II de la CITES, avec effet le 1er avril 1998. Cette inscription signifie que toutes les exportations de caviar et d'autres produits tirés de l'esturgeon doivent désormais être strictement conformes aux dispositions de la CITES, y compris aux obligations en matière de permis et de certificats. Pour obtenir les permis nécessaires à l'exportation, il faut établir que ce commerce n'est pas préjudiciable à la survie à long terme de l'espèce.


En avril 2000, la CdP a renforcé les contrôles sur l'esturgeon en adoptant un système d'étiquetage universel pour les exportations de caviar. Elle a en outre exigé que tous les Etats de l'aire de répartition coordonnent leurs quotas de pêche et d'exportation pour 2001.


L'esturgeon a été inclus dans le processus permanent mené par la CITES d'étude du commerce important. En décembre, un comité scientifique de la CITES en a examiné les conclusions. Ses recommandations, communiquées aux Etats de l'aire de répartition en février 2001, ont invité l'Azerbaïdjan, le Kazakhstan, la Russie et le Turkménistan à réduire de manière substantielle les quotas de pêche d'esturgeons et d'exportation de caviar auxquels ils prétendaient pour 2001. Les quotas d'exportation de caviar sont actuellement de 790 kg pour l'Azerbaïdjan,

32 210 kg pour le Kazakhstan (dont 1410 pour l'Azerbaïdjan et 3890 pour le Turkménistan), et 62 040 kg pour la Russie (dont 2300 pour l'Azerbaïdjan et 1700 pour le Turkménistan). Le quota de caviar de l'Iran est fixé à 82 810 kg.


Le comité scientifique à appelé les gouvernements à mettre en place un certain nombre de réformes, à réaliser des études scientifiques sur le niveau des populations d'esturgeons (avec l'appui de la FAO) pour garantir que les quotas de pêche et d'exportation sont fondés sur une base scientifique, à renforcer les contrôles sur le commerce intérieur de l'esturgeon, et à améliorer leur application et les systèmes de licence, d'identification, d'étiquetage, d'élevage des alevins et de contrôle de la production.


Le Comité permanent de la CITES (lequel fait office d'autorité intérimaire entre les sessions de la CdP) doit prendre maintenant des décisions sur la base de ces recommandations.


A l'attention des journalistes: le Président du Comité permanent, Kenneth Stansell, et le Secrétaire général de la CITES, Willem Wijnstekers, feront à la presse le compte-rendu des conclusions de cette session en anglais et en français, jeudi 21 juin à 12 h 15 au Centre de conférences internationales du Ministère des affaires étrangères, 19, avenue Kléber, à Paris (entrée : 5, rue des Portugais, près de l'Arc de Triomphe).


Pour vérifier que l'horaire du compte rendu n'a pas été modifié à la dernière minute si les décisions se faisaient attendre, ou pour plus d'informations, veuillez contacter Michael Williams au +41-22-9178242/244/196, +41-79-4091528 (portable) ou michael.williams@unep.ch.


Les documents officiels sont placés sur le site www.cites.org.  Voir en particulier Comité permanent 45, document 12 et notification 2001/005 Annexe 1. Pour les antécédents, consulter www.traffic.org.


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