POUR LA CNUCED, LE REMEDE AUX ASYMETRIES ECONOMIQUES ACTUELLES RESIDE DANS LA COHERENCE DES POLITIQUES ET LA BONNE GOUVERNANCE AU NIVEAU MONDIAL
Communiqué de presse AG/EF/358 |
Deuxième Commission
13e séance – matin
POUR LA CNUCED, LE REMEDE AUX ASYMETRIES ECONOMIQUES ACTUELLES RESIDE DANS
LA COHERENCE DES POLITIQUES ET LA BONNE GOUVERNANCE AU NIVEAU MONDIAL
Devant la Deuxième Commission (Commission économique et financière), le Secrétaire général de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement, M. Rubens Ricupero, a présenté, ce matin, un plaidoyer en faveur de la cohérence des politiques et de la bonne gouvernance aux niveaux national et international. Invité à s’exprimer sur “L’impact du ralentissement actuel sur les pays en développement dans une économie mondiale interdépendante”, le Secrétaire général de la CNUCED a dénoncé les asymétries qui caractérisent toujours le système économique international. Il a illustré ses propos en attirant l’attention sur la différence dans les moyens dont disposent les pays industrialisés et les pays en développement pour soutenir leur croissance économique dans le contexte du ralentissement actuel de l’économie mondiale et en particulier, des attentats terroristes du 11 septembre.
L’économie mondiale est dans la situation de baisse la plus grave depuis
30 ans non seulement du fait de la baisse en tant que telle mais aussi et surtout du fait de son caractère généralisé, a soulignant M. Ricupero en rappelant l’impuissance des pays du Sud alors que ceux du Nord se montrés capables de prendre des mesures telles que lesinjections massives de liquidités dans le système, la baisse des taux d’intérêt ou les incitations fiscales. Le Secrétaire général a donc dit espérer que les pays industrialisés montreront la même célérité et la même vigueur pour venir en aide aux pays en développement. Il a perçu, dans ce cadre, la Quatrième réunion de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) à Doha comme une excellente occasion de démontrer la détermination de la communauté internationale à donner au développement la place qu’il mérite dans le nouveau cycle de négociations commerciales. Il en a donc appelé à la volonté politique de tous qui doit être d’autant plus facile à forger du fait de l’interdépendance avérée entre les nations. La solidarité doit être mise au coeur du développement, a encore dit M. Ricupero.
Dans le même contexte, la Deuxième Commission a été saisie d’un projet de résolution relatif à la “Mise en oeuvre de la première Décennie des Nations Unies pour l’élimination de la pauvreté (1997-2006), et notamment de l’initiative visant à la création d’un fonds mondial de solidarité pour l’élimination de la pauvreté”, présenté par le représentant de l’Iran, au nom du Groupe des 77 et de la Chine. Le texte recommande la création d’un Fonds mondial de solidarité pour l’élimination de la pauvreté et la promotion du développement humain et social dans les pays en développement.
Par ailleurs, la Commission a pris connaissance du rapport sur les liens institutionnels entre le Secrétaire général de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques et l’ONU, dans le cadre de l’examen de la protection du climat mondial pour les générations présentes et futures, sous-point de la question “Environnement et développement durable”. En présentant ce rapport, le Directeur exécutif du secrétariat de la Convention-cadre a annoncé la réunion, dans trois semaines, à Marrakech, des Etats parties à la Convention. Cette réunion devrait poursuivre les négociations entamées à Bonn en juillet dernier. Il a dit espérer que les Etats Parties pourront parvenir à des consensus qui pourraient amener les pays industrialisés à ratifier le Protocole de Kyoto. A cet égard, il a estimé que la position des Etats-Unis à Bonn met un peu plus de pression sur les autres pays industrialisés, dont la responsabilité dans les efforts de réduction des émissions de gaz à effet de serre devient plus grande.
La Commission devrait commencer un débat sur cette question mercredi
28 novembre. En attendant, elle se réunira le jeudi 25 octobre pour entamer l’examen des questions relatives aux activités opérationnelles de développement.
Allocution du Secrétaire général de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED) sur le thème “L’impact du ralentissement actuel sur les pays en développement dans une économie mondiale interdépendante”
M. RUBENS RICUPERO, Secrétaire général de la CNUCED, a d’emblée établi une distinction entre le ralentissement économique et les changements intervenus dans le système international à la suite des attentats terroristes. Ces éléments sont certes liés, a-t-il dit, mais ils restent distincts en ce sens que le ralentissement avait commencé bien avant les attentats terroristes lesquels n’ont fait qu’accentuer la décélération de la croissance économique à l’échelle mondiale. Nous sommes face à une situation “extrêmement” grave que personne ne doit sous-estimer, a prévenu M. Ricupero en illustrant ses propos par les prévisions de JP Morgan. Selon cette société, l’économie mondiale est dans la situation de baisse la plus grave depuis 30 ans non seulement pour ce qui est de la baisse en tant que telle mais aussi pour ce qui est de son caractère généralisé. Sur les 41 pays suivis avant les attentats terroristes, 38 montraient un taux de croissance économique inférieur au taux de l’année précédente et il est très probable que les économies faibles montraient le même type de tendance.
La brutalité des attentats terroristes a provoqué “une réaction musclée” de la part des pays industrialisés, s’est félicité M. Ricupero en mettant l’accent sur les injections massives de liquidités dans le système. Des centaines de millions de dollars, a-t-il dit, ont été injectés dans le système sous forme de prêts ou de garanties de restructuration des dettes. Ce sont certes des mesures à court terme mais elles sont efficaces pour rétablir un certain degré de confiance dans le marché. L’autre réaction importante, a-t-il ajouté, a été la décision des banques centrales de baisser les taux d’intérêt. Aujourd’hui, a-t-il donné en exemple, le taux d’intérêt américain est en dessous du taux d’inflation. A cela, il faut ajouter des stimulants fiscaux “vigoureux”, représentant quelque 1 à 2% du PNB américain. Selon M. Ricupero, cette réaction très vigoureuse laisse prévoir un redressement “fort” de l’économie, la seule incertitude concernant son moment. Le pire a donc pu être évité, à savoir la perte de confiance dans les systèmes commerciaux et financiers.
En revanche, en ce qui concerne les pays en développement, M. Ricupero a espéré que la même célérité et la même vigueur accompagneront les mesures d’aide. Ces pays, a-t-il souligné, ont également été affectés par les attentats terroristes comme le montrent leurs secteurs aérien, touristique ou des produits de base. M. Ricupero a dit déceler une asymétrie dans ce sens que les pays en développement n’ont pas la marge de manoeuvre suffisante pour prendre les mesures nécessaires au sauvetage de leur économie. Citant le cas du Brésil, il a indiqué que, dans le cadre de son accord avec le FMI, le pays doit assurer un excédent budgétaire de plus de 3,5% de son PIB, ce qui rend difficile toute affectation de ressources au redressement du secteur aérien. Pour M. Ricupero, la seule solution réside dans la mobilisation de tous les moyens dont disposent les organisations financières internationales. Selon lui, il est possible de recourir à certains des mécanismes de secours d’urgence du FMI ou de ses mécanismes compensatoires. A cet égard, il a dit espérer que la Banque mondiale et les banques régionales créeront des créneaux particuliers pour aider les compagnies aériennes et d’assurance des pays en développement. Il s’est donc dit encouragé par les initiatives de la Banque mondiale et du FMI qui paraissent conscients de ces dangers.
Le Secrétaire général de la CNUCED a pourtant mis l’accent sur le fait que les réserves financières de ces institutions sont beaucoup plus difficiles à débourser en ce sens qu’elles sont dans l’obligation de proposer des taux d’intérêt supérieurs à ceux des marchés. Aux Etats-Unis, a-t-il souligné, les liquidités ont été disponibles sans exigence de garanties et à des taux inférieurs aux taux qui prévalaient auparavant. Il y a donc là une deuxième asymétrie, a dit M. Ricupero en arguant que ce ne sont pas seulement des problèmes théoriques mais des problèmes concrets qui exigent une attention immédiate. Il a appelé, par ailleurs, l’attention sur d’autres moyens d’agir dans l’intérêt du développement. En raison des nouvelles priorités, a-t-il d’abord indiqué, la communauté internationale dans son ensemble se permet de moins s’intéresser à ses membres les plus vulnérables, ceux qui n’ont pas de poids réel du point de vue économique ou financier. Aujourd’hui, les considérations politiques ont la primauté sur les considérations économiques et, par conséquent, les gouvernements ont un rôle fondamental à jouer, en particulier en ce qui concerne les marchés comme l’ont montré les mesures prises pour soutenir le marché. Il a ainsi rappelé la situation des PMA même si l’un d’entre eux, l’Afghanistan, se trouve au coeur de la crise actuelle. Mais, s’est-il interrogé, qu’en sera-t-il des pays d’Afrique sub-saharienne qui viennent pourtant d’adopter leur “Nouvelle Initiative africaine”? Il faut discuter publiquement de cette question pou écarter le danger d’une marginalisation plus avant de ces pays.
Au titre des moyens à la disposition de la communauté internationale,
M. Ricupero a cité la Conférence sur le financement du développement mais surtout la Quatrième réunion de l’OMC à Doha. Pour lui, il s’agit là d’une excellente occasion de donner des signes concrets de la détermination de la communauté internationale à faire tendre les négociations commerciales vers les intérêts du développement. A ce propos, il a rejeté le terme “cycle du développement” en arguant qu’il est peu probable que les Etats-Unis ou le Japon qui ont d’autres priorités les mettent de côté pour axer leur attention sur le développement. Il faut tout simplement espérer que le nouveau cycle soit tel qu’il réserve une place importante au développement, a dit M. Ricupero en appelant à la volonté politique de tous. Il s’est, dans ce contexte, félicité du changement de cap dans les discours officiels des donateurs en citant celui de la Secrétaire d’Etat à la coopération du Royaume-Uni devant la CNUCED en 1999, ou son Livre Blanc sur le développement.
Le problème demeure pourtant, a poursuivi M. Ricupero, que les négociateurs continuent d’adopter la même démarche et que du point de vue concret, on ne trouve nulle trace des déclarations telles que celles du Royaume-Uni comme le montre l’évolution des choses dans les traitements préférentiels promis aux PMA. La difficulté n’est pas de lancer ces négociations mais de les faire aboutir en tenant compte des différences de structures économiques dans les pays en développement et chez les grands partenaires commerciaux. Il faut faire montre de sérieux, a voulu M. Ricupero en prévenant néanmoins qu’il faut tout attendre de ces négociations car elles ne peuvent que créer des opportunités. Pour en profiter, les pays en développement doivent être mesure d’offrir des biens et services à des prix et à des qualités compétitifs.
En conclusion, M. Ricupero a déclaré que les changements majeurs qui se produisent sous nos yeux sont de nature à surmonter les impasses et à contribuer à la recherche de solutions aux anciens problèmes. La leçon principale qu’il faut tirer des évènements tragiques du 11 septembre, a-t-il estimé, est l’interdépendance entre les nations. Il est avéré aujourd’hui que personne ne peut seul garantir la prospérité, la paix et la sécurité. La sécurité humaine ne peut être assurée que par une coopération renforcée et une solidarité qui doit être mise au coeur du développement. Cela ne sera possible que si l’on comprend la nécessité d’améliorer la cohérence dans les politiques et la gouvernance aux niveaux national et mondial. L’époque est dramatique et triste mais il faut malgré tout voir les opportunités. Faisons tout ce qui est en notre pouvoir pour que les choses évoluent dans le bon sens, a conclu le Secrétaire général de la CNUCED.
Environnement et développement durable: protection du climat mondial pour les générations présentes et futures
Liens institutionnels entre le secrétariat de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques et l'Organisation des Nations Unies
Rapport du Secrétaire général (A/56/385)
Dans sa résolution 54/222, en date du 22 décembre 1999, l'Assemblée générale a approuvé le maintien des liens institutionnels établis entre le secrétariat de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques et l'Organisation des Nations Unies, comme le Secrétaire général l'avait proposé et la Conférence des parties à la Convention approuvé à sa cinquième session. L'Assemblée a en outre prié le Secrétaire général de réexaminer le fonctionnement de ces liens institutionnels au plus tard le 31 décembre 2001, en consultation avec la Conférence des Parties en vue d'y apporter les modifications que les Parties pourraient juger souhaitables, et de lui présenter un rapport à ce sujet.
A la reprise de sa sixième session, tenue à Bonn (Allemagne), du 18 au
27 juillet 2001, la Conférence de parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques a approuvé la reconduction des liens institutionnels existant entre le secrétariat de la Convention et l'ONU pour une nouvelle période de cinq ans, jusqu'au 31 décembre 2006. La Conférence des Parties a également invité le Secrétaire général à obtenir l'aval de l'Assemblée générale à sa cinquante-sixième session en vue de la reconduction des liens institutionnels et du dispositif administratif connexe pour une nouvelle période de cinq ans.
Dans ce rapport, le Secrétaire général fait le point de la situation et présente une vue d'ensemble des liens institutionnels entre le secrétariat de la Convention et l'ONU. Dans le dernier chapitre de ce document, après avoir conclu que dans l'ensemble, les liens institutionnels existant entre les deux entités constituent un bon outil de gestion du secrétariat de la Convention et ont assuré la souplesse nécessaire pour faire face à l'évolution de la situation, le Secrétaire général fait une recommandation finale. Il recommande que l'Assemblée générale, comme suite à la demande de la Conférence des Parties dans sa décision 6/CP.6, prise à la deuxième partie de sa sixième session, approuve la reconduction des liens institutionnels existants et du dispositif administratif connexe pour une nouvelle période de cinq ans, cet arrangement devant être reçu par les deux organes au plus tard le 31 décembre 2006.
Déclaration liminaire du Directeur exécutif du secrétariat de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques
M. MICHAEL ZAMMIT CUTAJAR, Directeur exécutif du secrétariat de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques, a dit que les Etats parties à la Convention-cadre allaient se réunir dans trois semaines à Marrakech. Cette réunion sera importante du fait qu’elle donnera l’occasion de mettre l’accent sur la dimension africaine de la stratégie de sauvegarde du climat mondial. Nous remercions le Gouvernement du Maroc d’accepter de tenir cette rencontre dans le contexte international actuel, a dit M. Cutajar. Nous nous sommes réunis au mois de juillet à Bonn, et les accords politiques qui existaient déjà sur la question de la sauvegarde du climat mondial ont fait l’objet de négociations politiques qui devraient être conclues à Marrakech. Certaines questions délicates restent à négocier, mais nous espérons que les Parties à la Convention-cadre pourront parvenir à des consensus qui pourraient amener les pays industrialisés à ratifier le Protocole de Kyoto, ce qui permettrait de donner un élan au processus de préparation du Sommet mondial sur le développement durable prévu en automne prochain à Johannesburg.
Il est dommage que les Etats-Unis n’aient pas pris part aux négociations de Bonn, a dit M. Cutajar. Cette absence des Etats-Unis met un peu plus de pression sur les autres pays industrialisés, dont la responsabilité dans les efforts de réduction des émissions de gaz à effet de serre devient plus grande. Un lien existe entre les conventions sur la biodiversité, sur la désertification et sur les changements climatiques. On envisage donc de créer un organe de liaison entre les secrétariats de ces trois conventions. On cherche ainsi à améliorer la coopération entre les trois centres focaux de mise en oeuvre de ces conventions. Nous sommes d’avis qu’il faut maximiser la complémentarité entre ces trois instruments juridiques. Le rapport que présente aujourd’hui le Secrétaire général à la Deuxième Commission est un document récapitulant le fonctionnement des liens institutionnels qui existent entre la Convention-cadre sur les changements climatiques et le Secrétariat de l’ONU. Nous souscrivons entièrement à la recommandation qu’il fait en vue de reconduire les liens institutionnels de travail existants entre notre secrétariat et l’ONU, si l’Assemblée générale l’approuve.
Présentation de projet de résolution
La Deuxième Commission a été saisie d’un projet de résolution relatif à la “Mise en oeuvre de la première Décennie des Nations Unies pour l’élimination de la pauvreté (1997-2006), et notamment de l’initiative visant à la création d’un fonds mondial de solidarité pour l’élimination de la pauvreté” (A/C.2/56/L.5). Introduisant ce projet de résolution au nom du Groupe des 77 et de la Chine, le représentant de l’Iran a dit que les pays membres de ce Groupe estimaient que la lutte contre la pauvreté était le premier objectif à la réalisation duquel devaient s’atteler les travaux de la Commission. La réduction de la pauvreté, a poursuivi le représentant, peut être atteinte à travers une meilleure croissance économique. La création d’un environnement international plus propice est à cet effet essentielle, et devrait être encouragée au niveau mondial, a-t-il souhaité. Le texte que présente le Groupe des 77 et la Chine appuie la création d’un Fonds mondial de solidarité pour lutter contre la pauvreté, et nous espérons que la Commission adoptera ce projet de résolution à l’unanimité, a conclu le représentant.
Aux termes de ce projet de résolution, l’Assemblée générale soulignerait que la Décennie des Nations Unies pour l’élimination de la pauvreté devrait contribuer à la réalisation des objectifs consistant à réduire de moitié, d’ici à 2015, la proportion de la population mondiale dont le revenu est inférieur à un dollar par jour et celles des personnes qui souffrent de la faim, grâce à l’adoption de mesures nationales décisives et au renforcement de la coopération internationale. L’Assemblée mettrait l’accent sur le rôle fondamental, pour l’élimination de la pauvreté, d’une croissance économique forte et soutenue qui profite aux pauvres, engendre une expansion réelle des débouchés et des emplois productifs, augmente les revenus et favorise la répartition équitable, et réduise au minimum la dégradation de l’environnement. Selon ce texte, l’Assemblée reconnaîtrait l’importance de l’expansion du commerce international, moteur de la croissance et du développement, et elle déciderait de créer le Fonds mondial de solidarité pour l’élimination de la pauvreté et la promotion du développement humain et social dans les pays en développement.
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