AG/EF/334

LA TROISIEME CONFERENCE DES NATIONS UNIES SUR LES PMA DEVRA LANCER CES PAYS DANS LA VOIE DE LA PERFORMANCE

31 octobre 2000


Communiqué de Presse
AG/EF/334


LA TROISIEME CONFERENCE DES NATIONS UNIES SUR LES PMA DEVRA LANCER CES PAYS DANS LA VOIE DE LA PERFORMANCE

20001031

Le nombre des PMA est passé de 42 à 48 au cours des deux dernières décennies. Cependant les efforts de l'ONU et de la communauté internationale en faveur de ces pays n'ont pas été en reste. Toutefois, les pays trouvent que ces efforts n'ont pas été à la mesure de leurs espoirs, d'où un appel à leur élan de solidarité pour sortir ces pays de leur catégorie. C’est le sentiment qu’ont partagé, ce matin, les délégations devant la Commission Deuxième Commission (économique et financière) qui examinait la question liée à la Troisième Conférence des Nations Unies sur les PMA qui devra se dérouler à Bruxelles, sous l’égide de l’Union européenne, au cours du premier semestre de 2001. La Troisième Conférence, a dit le Togo, offre l’occasion à la communauté internationale d’aller au-delà des déclarations générales d’intention pour amorcer des actions concrètes visant à améliorer la situation socioéconomique des PMA et à réaliser l’objectif de réduire de moitié le niveau de pauvreté d’ici l’an 2015. Le représentant du Népal a indiqué que les PMA, qui représentent 610 millions de personnes, ont connu, depuis les années 80, une chute de 40% de leur part dans le commerce international en ajoutant qu’alors que le régime de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) est sensé accroître de 200 à 500 milliards de dollars le revenu mondial, les PMA vont subir une perte nette de 600 millions de dollars. Le représentant a conclu que la première décennie pour les PMA a été une décennie perdue, la deuxième, une décennie de frustrations en souhaitant que la troisième décennie soit celle de la performance. Les délégations ont souhaité que le Programme d’action qui sera adopté, à l’issue de la Conférence de Bruxelles, contienne des objectifs quantifiables, des modalités précises d’exécution et des mécanismes clairs de financement. Outre les inéquités de l’économie mondialisée à propos desquelles elles ont demandé des mesures de redressement, les délégations ont cité comme premier obstacle à leur développement le poids de la dette extérieure et du service de la dette.

La plupart des délégations ont demandé une annulation pure et simple de la dette des PMA et rappelé à leurs partenaires du développement les engagements pris en ce qui concerne le financement de l’Initiative PPTE en faveur des pays pauvres. Les délégations ont cité comme obstacle à leur développement la chute de l’Aide publique au développement (APD) qui stagne à son niveau le plus bas par rapport à l’objectif agréé de 0,7% du PNB, alors même qu’il s’agit d’une source indispensable d’investissements dans les secteurs non productifs comme l’éducation, la santé ou encore les infrastructures de base.

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La dette et l’APD mises à part, les délégations ont souligné que leur développement dépend d’abord et avant tout de leur capacité à générer leurs propres ressources. Des délégations ont mis l’accent sur l’importance du transfert de technologie et des flux de l’investissement étranger direct (IED), éléments indispensables au développement et à la diversification de leur secteur productif et, en conséquence, au renforcement de leur compétitivité et à leur intégration dans le système commercial multilatéral. A cet égard, si les délégations se sont félicitées de la décision de l’Union européenne d’accorder aux produits des PMA un accès exempt de taxes et de quotas, elles ont dénoncé les mesures ne concernent pas les secteurs pour lesquels ils ont un avantage comparatif tels que le textile, l’industrie de la chaussure ou l’agriculture. Beaucoup d’entre elles ont demandé une application stricte des accords du Cycle d’Uruguay sur les traitements spéciaux et préférentiels. Intervenant également, l’Observateur de la Suisse a souligné que les revendications des PMA doivent tenir compte de l’importance d’une bonne gouvernance. La bonne gouvernance qui, selon l’Observateur, recouvre une politique économique qui vise à soutenir davantage les investissements privés –domestiques et extérieures- et qui contribue à stimuler une croissance économique équilibrée mais aussi la participation de la société civile aux processus de prise de décisions et une administration publique transparente et honnête.

Les représentants des pays suivants ont pris la parole : Bangladesh (au nom des pays les moins avancés (PMA)), Bénin, Soudan, Ethiopie, Pakistan, Etats-Unis, Yémen, Haïti, République-Unie de Tanzanie, République populaire démocratique lao, Mozambique, Cambodge, Népal, Myanmar, Chine, Ouganda et Zambie.

La Commission a également été saisie de trois projets de résolution concernant la coopération entre l’ONU et l’Organisation de coopération économique de la mer Noire, la situation en matière de transit des Etats sans littoral d’Asie centrale et des pays de transit qui leur sont voisins, et la création du Fonds mondial de solidarité pour l’élimination de la pauvreté.

La Commission poursuivra ses travaux cet après-midi à 15 heures.

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QUESTIONS DE POLITIQUE MACROECONOMIQUE : COMMERCE ET DEVELOPPEMENT

La Commission est saisie d’un projet de résolution relatif à la situation en matière de transit des Etats sans littoral d’Asie centrale et des pays de transit qui sont leur voisins (A/C.2/55/L.19). Aux termes de ce texte présenté par le Kazakhstan, l’Assemblée générale inviterait le Secrétaire général de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED) et les gouvernements intéressés, agissant en coopération avec le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), la Commission économique et sociale pour l’Asie et le Pacifique, la Commission économique pour l’Europe et les organisations internationales et régionales compétentes, à continuer d’élaborer un programme visant à améliorer, sur le plan de l’efficacité, la situation actuelle en matière de transit dans les Etats en développement sans littoral d’Asie centrale ayant récemment accédé à l’indépendance et dans les pays en développement de transit qui sont leurs voisins. Aux termes de ce projet, l’Assemblée inviterait également la CNUCED et les commissions économiques régionales, agissant dans leurs mandats respectifs et dans la limite des ressources disponibles, et avec les organisations internationales compétentes, à fournir une assistance technique et des services consultatifs à ces Etats. L’Assemblée demanderait aux organismes des Nations Unies de continuer d’étudier, en vue de l’application du présent projet de résolution, les moyens qui permettraient de favoriser l’adoption de dispositions de coopération plus efficaces entre les Etats sans littoral d’Asie centrale et les pays en développement qui sont leurs voisins.

MONDIALISATION ET INTERDEPENDANCE

Le représentant de la Roumanie a présenté un projet de résolution relatif à la coopération entre l’ONU et l’Organisation de coopération économique de la Mer Noire (A/C.2/55/L.16) dans lequel il est demandé au Secrétaire général de l’ONU d’engager des consultations avec le Secrétaire général de l’Organisation de coopération économique de la mer Noire, en vue de resserrer la coopération et la coordination entre les deux secrétariats. Il est également demandé aux institutions spécialisées et autres organisations et programmes des Nations Unies de coopérer avec le Secrétaire général de l’Organisation de coopération économique en vue d’engager des consultations et d’élaborer des programmes conformes aux objectifs fixés. Le représentant s’est dit convaincu que la coopération entre l’ONU et son Organisation contribuera à renforcer la coopération internationale dans les domaines économique et politique.

Le représentant de l’Ukraine a expliqué que les pays de la région ont déjà renforcé leur coopération dans le domaine des transports, des communications ou encore de la lutte contre le trafic illicite des drogues. Les partenaires essayent aussi d’agir dans le domaine de l’atténuation des catastrophes naturelles. L’Organisation est déjà reconnue pour ses relations remarquables avec les organisations internationales financières et économiques et avec l’Union européenne. L’Ukraine attache une importance capitale à la mise en place d’une coopération dynamique qu’elle considère comme un élément indispensable de l’intégration à l’espace économique mondial.

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TROISIEME CONFERENCE DES NATIONS UNIES SUR LES PAYS LES MOINS AVANCES

Débat général

M. ANRAWUL KARIM CHOWDHURY (Bangladesh) a déclaré que le projet de Programme d’action sur les PMA devrait être examiné de façon officielle avant la tenue de la conférence sur les PMA, et que cet examen devrait se faire en avril 2001. Le Conseil du commerce et du développement a pu discuter à Genève, du projet de Programme qui sera examiné lors de la prochaine conférence de Bruxelles. Les grandes conférences des années 90 ont clairement tracé la voie à suivre en ce qui concerne le développement durable des PMA. Le nouveau Programme d’action devrait tirer expérience de l’application du dernier, qui n’a pas été une réussite. Ceci permettrait d’aboutir à un nouveau texte beaucoup plus opérationnel. Le Bangladesh estime qu’un accent particulier devrait être mis sur la lutte contre la pauvreté. Les programmes d’aide doivent être, à ce propos, réorientés. Les ressources de l’Aide publique au développement (APD) se font de plus en plus rares alors que le dernier Programme d’action leur avait donné un rôle central en matière de promotion du développement durable des PMA. La dette continue de poser un obstacle majeur à tous les efforts de développement ou simplement de lutte contre la pauvreté des PMA. La dette de nos pays devrait donc être simplement supprimée. Il faudrait aussi mettre un accent particulier sur la création d’un cadre propice à l'Investissement étranger direct (IED) dans les PMA tout en donnant à ces pays un accès sans limite aux marchés des pays du Nord. Enfin, il est indispensable de donner aux PMA les moyens de renforcer leurs ressources humaines et leurs autres capacités nationales.

M. OUSSOU EDOUARD AHO-GLELE (Bénin) a souligné que la catégorie des PMA comprend des pays pauvres et faibles dont la situation exige des solutions rapides et efficaces. Le succès de la Troisième Conférence des Nations Unies sur les PMA, a ajouté le représentant, participera de la volonté de la communauté internationale de rechercher des solutions aux préoccupations mondiales actuelles. Le représentant a regretté la vacance du poste de Secrétaire exécutif de la Conférence en souhaitant qu’il soit pourvu sur une base permanente. Rappelant également que des mesures avaient été prises pour renforcer le Secrétariat exécutif et lui permettre de contribuer au processus préparatoire de la Troisième Conférence, le représentant a souhaité que ces mesures soient maintenues. Soulignant l’objectif du troisième Programme d’action pour les PMA qui est de supprimer cette catégorie de pays d’ici 2020, le représentant a jugé important que ce programme indique en données chiffrées les objectifs à atteindre, les repères et les indicateurs de performance afin de déterminer les progrès, les défaillances et les mesures correctrices nécessaires. Le problème le plus important après l’adoption du Programme, a estimé le représentant, est celui de financement. Il a donc appelé à de nouvelles méthodes de mobilisation des ressources financières et souhaité que le Programme d’action comporte des engagements précis en la matière. Le représentant a également plaidé pour la conception de structures de suivi et d’évaluation aux niveaux national, régional et international. Pour l’Afrique, il a souhaité que les comités nationaux du Programme d’action actuel soient transformés en comités de mise en oeuvre, de suivi et d’évaluation dont les activités doivent être appuyées par les organes des Nations Unies sur le terrain.

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Le représentant a souhaité que le Secrétaire général mette en place une commission des Nations Unies qui s’occuperait essentiellement de la mise en oeuvre du suivi et de l’évaluation du Programme d’action. Il a réaffirmé l’importance que son pays attache à ce que le projet de résolution qui sera élaboré sur la question, au cours de cette session, soit présenté sous l’autorité du Président de la Commission et non par un groupe d’intérêts particuliers.

M. MUBARAK HUSSEIN RAHMTALLA (Soudan) a associé sa délégation à la déclaration du Groupe des 77 et de la Chine. Le Soudan partage les préoccupations de la commission sur la marginalisation dont sont de plus en plus victimes les PMA. Le rapport présenté par la CNUCED, qui relève que l’APD n’a fait que décroître comme une peau de chagrin, et que l’IED est indispensable pour pallier les manques d’aide publique, est pertinent. Tant que la question de la dette ne sera pas réglée de manière judicieuse, et que des politiques intégrées ne seront pas mises en oeuvre en faveur des PMA, ces pays n’auront aucune possibilité réelle de développement durable. L’accès sans obstacle de leurs produits aux marchés des pays riches est aussi indispensable. L’amélioration de leur situation commerciale est, d’autre part, la mesure qui pourrait leur assurer des ressources constantes et stables pour le développement. Le Soudan tient à réaffirmer la nécessité de ne pas répéter les deux derniers Programmes d’action en faveur des PMA, mais de partir plutôt sur de nouvelles bases tenant compte des erreurs du passé. Les ministres des affaires étrangères des 77 et de la Chine ont émis le voeu de voir une meilleure préparation de la conférence des Nations Unies sur les PMA afin de mettre en relief les vraies difficultés que rencontrent ces pays. Le Soudan se joint une nouvelle fois de plus à cet appel.

M. BERHANU KEBEDE (Ethiopie) a appelé les partenaires de développement à fournir une aide au développement conforme aux besoins des PMA, à prendre des mesures réalistes en matière de dette, à augmenter les investissements dans les infrastructures physiques et humaines des PMA, à élargir l’accès aux marchés internationaux et à encourager l’intégration des PMA dans le système commercial multilatéral, en appliquant notamment les mesures spéciales et différenciées prévus par différents accords du Cycle d’Uruguay. En ce qui concerne le Programme d’action qui doit être adopté à l’issue de la Troisième Conférence des Nations Unies, le représentant a souhaité notamment qu’il comporte un mécanisme chargé d’analyser les défis anciens et émergeants auxquels sont confrontés les PMA. Il a souhaité que le Programme comprenne des objectifs quantifiables et réalistes ainsi que les moyens de réalisation. La communauté internationale, a ajouté le représentant, doit assurer une certaine cohérence entre les documents de travail sur les stratégies de lutte contre la pauvreté, préparés avec les institutions de Bretton Woods et le Programme d’action de la Troisième Conférence. Le représentant a jugé important que la Conférence mette en place un organe intergouvernemental de suivi et d’évaluation de la mise en oeuvre du Programme d’action.

M. ALAMGIR BABAR (Pakistan) a estimé que le processus de la prochaine conférence sur les PMA et son projet de Programme d’action doivent être complétés par des démarches mettant l’accent sur la mise en valeur des ressources humaines, qui permettrait à ces pays de participer à l’économie mondiale. La capacité de production et l’accroissement du caractère concurrentiel des PMA doivent bénéficier d’un soutien accru de la communauté internationale.

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Les effets de la mondialisation doivent être pris en compte dans l’élaboration des politiques que l’on veut recommander aux PMA. Il est indispensable que la communauté internationale fasse preuve d’une volonté politique sans faille pour aider la mise en oeuvre de tout programme en faveur des PMA. Nous devons tenir les engagements et les promesses pris par le Sommet du millénaire. Le Pakistan espère, après celle de Bruxelles, que la prochaine conférence sur les PMA qui se tiendra en 2010 se tiendra dans un cadre nettement plus en faveur des PMA.

M. OLIVIER CHAVE (Observateur de la Suisse) a souhaité que les PMA apportent une contribution essentielle à l’élaboration du Programme d’action qui devra être adopté à l’issue de la Troisième Conférence. Il a invité les PMA à soumettre leurs programmes d’action nationaux le plus rapidement possible afin de fournir la matière première nécessaire à l’élaboration du Programme d’action. Il a rappelé que pour la Suisse, il est important que ces programmes d’action viennent en complément du Plan-cadre des Nations Unies pour le développement (UNDAF), du Cadre global de développement de la Banque mondiale et des documents sur la stratégie de lutte contre la pauvreté de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international (FMI). Le représentant a cité les cinq piliers sur lequel doit reposer le plan d’action: bonne gouvernance; développement des ressources humaines; accès aux services de santé; pleine intégration du secteur informel dans les divers domaines d’action retenus; et financement qui doit comprendre des mesures significatives permettant d’augmenter les ressources financières liées à l’APD. Le représentant a dit penser notamment à assurer un meilleur accès des produits des PMA aux marchés du Nord, à la mobilisation de l’épargne locale grâce à des institutions financières décentralisées, et à une réforme de la fiscalité permettant d’élargir l’assiette fiscale, d’une part grâce à la taxation directe sur le revenu et la fortune et d’autre part, par l’introduction de mesures de taxation indirecte.

M. JAY SNIDER (Etats-Unis) a déclaré que son pays espérait que tout contentieux susceptible de se manifester pouvait être réglé, avant la tenue de la Conférence de l’ONU sur les PMA, dans le cadre de son processus préparatoire. Les Etats-Unis pensent que le développement durable relève de la seule autorité et des seules ressources des gouvernements et de chaque Etat, qui devraient veiller à y faire participer tout partenaire du secteur privé, de la société civile et les autres gouvernements qui le souhaiteraient. Nous estimons , en ce qui concerne le processus d’organisation de la Conférence, que plus de transparence est nécessaire, et notre délégation est prête, à cet égard, à travailler avec les autres délégations, en particulier celles des PMA et de l’Union européenne. Nous tenons à souligner l’importance de la participation à ce processus du secteur privé et des ONG pour s’assurer que tous les points de vue et ressources sont mis à contribution. Les Etats-Unis pensent que la Conférence de Bruxelles pourrait être le début de l’intégration des PMA au processus de la mondialisation.

M. AHMED A. AL-HADDAD (Yémen) a jugé important d’établir des priorités dans le Programme d’action en souhaitant que les mesures d’élimination de la pauvreté soient en tête de liste. A cet égard, le représentant a souligné la nécessité d’augmenter de l’APD. L’une des solutions aux problèmes des PMA, a poursuivi le représentant, réside dans une assistance dans le domaine agricole afin de lui fournir l’accès aux marchés par la réduction des taxes douanières.

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Cette question, a dit le représentant, doit être examinée le plus rapidement possible par l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Tous les acteurs, les Nations Unies, les institutions financières internationales, les institutions commerciales internationales, la société civile et le secteur privé, doivent coordonner leurs efforts pour réaliser le développement intégré des PMA.

M. PIERRE LELONG (Haïti) a remercié l’Union européenne d’accueillir, à Bruxelles, la Troisième Conférence des Nations Unies sur les PMA. Haïti remercie l’Union européenne d’avoir pris l’engagement de verser 80 000 Euros par pays en vue de financer les préparatifs de la Conférence. La libéralisation et la mondialisation des échanges économiques internationaux, la chute vertigineuse de l’APD et les taux d’endettement très élevés et insoutenables des PMA, ont été les principaux obstacles à la réalisation des objectifs du dernier Programme d’action en faveur des PMA. L’APD, qui leur est allouée, a diminué de 22,6% en valeur réelle au cours des années 90, alors que le nombre de ces pays est passé de 42 à 48. Au niveau national, la faiblesse de l’épargne intérieure, la chute des prix des produits de base, et l’incapacité des PMA à attirer l’IED et les conflits politiques sont un obstacle majeur au développement. Le Gouvernement d'Haïti pour sa part, s’est efforcé de redresser l’économie du pays malgré la rareté de ses ressources. Le PIB a crû de 4% en 1998 et l’inflation a été ramenée de 21% à 8,5% au cours de la même période. Notre pays souhaite l’élargissement de l’Initiative de Cologne en ce qui concerne le problème de la dette. Il faudrait à cet égard reconsidérer les critères d’éligibilité, auxquels Haïti, seul PMA de l’hémisphère américain, n’est actuellement pas éligible. Notre délégation est d’avis que des critères comprenant les montants de dette à rembourser et ceux dépensés pour l’éducation et la santé de la population reflèteraient mieux la situation d'Haïti, et le rendraient éligible aux termes de l'Initiative de Cologne et celle en faveur des PPTE. Nous mettons beaucoup d’espoir en la conférence de Bruxelles, et espérons qu’il en sortira un véritable agenda mondial et un plan d’action permettant l’éradication de la pauvreté et un développement durable des PMA au cours de la prochaine décennie.

M. DAUDI N. MWAKAWAGO (République-Unie de Tanzanie), au nom de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC), a souligné la nécessité de prendre des mesures favorables à l’intégration des PMA dans le système commercial multilatéral, lesquelles doivent viser l’amélioration de la production des biens et services et l’élargissement de l’accès aux marchés internationaux. Le représentant a souhaité que la Conférence de Bruxelles examine soigneusement la question des ressources et de l'assistance technique à fournir aux PMA. Il a jugé utile de procéder à une augmentation des ressources de l’Initiative PPTE afin d’accélérer sa pleine mise en oeuvre. Ayant dit cela, le représentant a plaidé pour un élargissement de l’Initiative à un plus grand nombre de pays. Souhaitant que la Conférence de Bruxelles serve aussi à explorer les moyens d’attirer l’IED dans les PMA, le représentant a, d’autre part, souligné l’importance de la coopération internationale dans le domaine du transfert de technologie, lequel est un élément indispensable au renforcement des capacités des PMA, de leur productivité et de leur compétitivité. Le représentant a fait appel à la coopération internationale dans les domaines des catastrophes naturelles et de la lutte contre le VIH/Sida.

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M. SIMWABA AWESSO (Togo) a souligné que les pays africains, parmi lesquels on dénombre 33 des 48 PMA, attachent du prix au succès de la Conférence de Bruxelles pour la simple raison que cette Conférence offre à la communauté internationale l’occasion d’aller au-delà des déclarations générales d’intention et d’engagement pour amorcer des actions concrètes visant à améliorer la situation socioéconomique des PMA et à réaliser l’objectif de réduire de moitié le niveau de pauvreté d’ici à l’an 2015. A cet égard, le représentant a rappelé que le 36e Sommet de l’Organisation de l’unité africaine (OUA), tenu à Lomé du 10 au 12 juillet 2000, a adopté une Déclaration concernant cette Conférence. Dans cette Déclaration, les chefs d’Etat et de gouvernement de l’OUA ont invité la communauté internationale à redoubler d’efforts dans les domaines cruciaux de l’annulation de la dette, du flux des ressources, du renforcement des capacités et du développement des infrastructures par la mise en oeuvre de programmes concrets en coopération avec l’OUA et les organisations régionales africaines. Ils ont invité la Conférence à lancer un programme visant à accélérer la transformation des économies des PMA, avec un accent particulier sur l’expansion et la diversification de la base de production et des exportations. Les chefs d’Etat et de gouvernement ont lancé un appel aux pays créanciers et aux institutions financières multilatérales pour qu’ils acceptent un allègement substantiel de la dette, y compris l’annulation de la dette de tous les PMA, et l’augmentation du flux des capitaux, en particulier l’APD et l'IED. Pour leur part, les chefs d’Etat et de gouvernement se sont engagés à affecter les fonds libérés par les annulations des dettes à la lutte contre la pauvreté, a souligné le représentant.

M. ALOUNKEO KITTIKHOUN (République populaire démocratique lao) a associé sa délégation aux déclarations du Groupe des 77 et de la Chine, et à celle du Bangladesh. Nous attachons la plus grande importance à la Conférence des Nations Unies sur les PMA, notre pays en étant un et étant aussi un pays très enclavé. Nous sommes satisfaits des préparatifs actuellement conduits par le Secrétaire général de la CNUCED, M. Rubens Ricupero, et sommes heureux que le projet de programme d’action ait reçu l’aval de toutes les délégations. La mondialisation, qui n’est pas un phénomène nouveau, a, en ce moment, des effets négatifs, du fait de politiques délibérées. Il est inacceptable que des asymétries soient délibérément créées et maintenues dans le seul but de générer des profits qui ne bénéficient qu’à une poignée de pays et de peuples. Il est temps de mettre fin à ces asymétries et d’accompagner la libéralisation des échanges de celle des déplacements des personnes. La relance à la hausse de l’APD et de nouveaux termes commerciaux basés sur un plus grand accès aux marchés des pays riches des produits des PMA sont essentiels. Il est temps que l’on accepte que les PMA, et les pays du Sud en général, ne sont pas simplement des débouchés pour les produits des pays riches et ne sont pas là pour simplement assurer du travail et des revenus à leurs peuples. Les pertes que nos pays ont subi du fait de ces politiques doivent être compensées. Nous demandons d’autre part que soient réexaminés les modes de consommation actuels, qui ne sont pas durables et épuisent les ressources au bénéfice d’une seule partie du monde. La pauvreté doit être éliminée en comblant l’écart entre riches et pauvres et en intégrant les femmes à toutes les activités et à leurs bénéfices.

M. CARLOS DOS SANTOS (Mozambique) a invité la communauté internationale à faire preuve d’une ferme volonté politique pour gérer la mondialisation et permettre aux PMA de s’intégrer dans l’économie mondiale et de tirer un meilleur parti de la mondialisation. Cela ne sera possible qu’à travers une mondialisation du développement et une amélioration de l’accès aux marchés, une augmentation de l’APD et de l’IED.

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Tout en se félicitant de la décision de l’Union européenne d’éliminer les taxes douanières et les quotas pour les exportations des PMA, le représentant a dit regretter que ces mesures ne s’appliquent pas à tous les produits. Nous avons constaté, a-t-il expliqué, que le libre accès des produits des PMA ne concerne que des domaines dans lesquels les PMA ne sont pas compétitifs et que les domaines compétitifs comme le textile, la chaussure et l’agriculture sont ignorés. Le représentant a noté que la compétitivité des PMA exige certes une augmentation de l’IED et un renforcement du transfert de technologie mais d’abord et avant tout, une augmentation des flux d’APD pour les investissements dans les secteurs non productifs comme l’éducation, la santé, la fourniture d’eau potable, les infrastructures de base et le développement du secteur privé.

M. SARUN NERAL (Cambodge) a estimé que la Déclaration du Millénaire avait clairement souligné l’engagement des dirigeants de la planète en faveur du développement. Ceux-ci ont adopté des politiques prioritaires pour l’amélioration de la situation économique des PMA, y compris des propositions visant à établir un accès aux marchés sans quota et libre de taxes à tous les produits exportés par ces pays vers les pays riches. Dans le même ordre d’idées, la dette des pays pauvres lourdement endettés devrait être allégée, et une généreuse aide publique au développement devrait leur être accordée. Le Cambodge espère que la Conférence de Bruxelles se tiendra dans un esprit de solidarité, et qu’elle discutera de l’importance d’un système commercial multilatéral plus ouvert comme moyen de croissance et de développement des PMA. La Conférence devra, d’autre part, discuter du respect du niveau agréé de l’APD, qui est à la baisse, et de l’objectif de réduire de moitié la pauvreté d’ici à l’an 2015. Il est de même important d’assurer des flux d’IED et de ressources technologiques aux PMA en vue de leur permettre de s’intégrer et de participer à l’économie mondiale.

M. RAMBHAKTA P. B. THAKUR (Népal) a estimé qu’avec le recul, pour les PMA, la première décennie a été “une décennie perdue” et la deuxième “une décennie de frustrations”. Il a souhaité que cette troisième décennie soit “la décennie de la performance”. Soulignant la complexité de la tâche, le représentant a rappelé que les PMA, qui représentent 10% de la population mondiale, n’ont participé, en 1998, qu’à hauteur de 0,4% à l’économie mondiale, soit un déclin de 40% par rapport aux années 80. Alors même que le régime de l’OMC est sensé accroître le revenu mondial de 200 milliards à 500 milliards de dollars, les PMA auront à subir une perte nette de 600 millions de dollars. Sur les 600 milliards de dollars d’IED, les PMA n’ont reçu que 3 milliards et tandis que le revenu par habitant dans les pays riches s'est accru et s’élève à plus de 25 000 dollars, il n'est que de 400 dollars dans les PMA. Les PMA sont passés de 42 à 48 au cours des dernières décennies, ce qui explique l'inefficacité des tendances actuelles, a dit le représentant, en précisant que seul le Botswana a réussi à échapper à cette catégorie. Le représentant a préconisé des mesures urgentes qui selon lui doivent viser à permettre un accès sans taxe et sans quota des produits des PMA aux marchés du Nord, à mettre en place des mesures plus larges et plus ambitieuses d’allègement de la dette, à augmenter substantiellement l’APD, et à encourager l’IED dans les PMA.

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M. NYUNT SWE (MYANMAR) a associé sa délégation à la déclaration du Groupe des 77 et de la Chine. Les progrès de la science et de la technologie n’ont pas apporté de bienfaits perceptibles aux populations des PMA en cette ère de prospérité, a estimé le représentant, et aucun des 48 PMA n’a reçu les bénéfices qu’ils étaient en droit d’espérer de la mondialisation. Nous espérons que les bénéfices de la mondialisation pourront être mieux répartis sans discrimination après le sommet de Bruxelles. Nous soutenons les termes du Sommet du millénaire et de sa Déclaration, et espérons que les pays développés feront preuve de la volonté politique nécessaire à l’intégration des PMA à l’économie mondiale. Le Myanmar a développé des politiques nationales, sous la forme d’un programme national d’action, destinées à lutter contre la pauvreté. Notre pays, qui ne reçoit pas d’aide de l’extérieur, réalise en ce moment, seul, les projets qu’il a élaborés en vue de réduire le niveau de pauvreté de sa population et de promouvoir son développement durable.

M. HUANG XUEQUI (Chine) a émis l’espoir que la Troisième Conférence de l’ONU sur les PMA permettra à la communauté internationale de donner un nouvel élan à la coopération économique et sociale avec les PMA. Le représentant a dit attendre de la communauté internationale qu’elle mette en place un Programme d’action pragmatique se fondant sur les préoccupations des pays concernés eux-mêmes. Les pays du Nord, a estimé le représentant, doivent faire davantage pour permettre l’intégration des PMA à l’économie mondiale. A cet égard, il a évoqué les déséquilibres et autres iniquités du commerce, de l’APD, de la dette, du transfert de technologie ou encore de l’IED. La Chine a, pour sa part, accordé aux PMA une assistance de plus de 2 milliards pour financer plus de 1000 projets, a indiqué le représentant. Au cours du Forum sur la coopération, la Chine a, en outre, annoncé son intention de réduire la dette des PMA à hauteur d’1,2 milliard de dollars, a souligné le représentant.

M. BEN LUKWIYA (Ouganda) a, après avoir associé sa délégation à la déclaration du Groupe des 77 et de la Chine, lancé un appel à un soutien financier accru à la préparation de la Troisième Conférence sur les PMA. Les PMA ont pris des mesures pour mettre en oeuvre les réformes économiques qui leur avaient été préconisées. Mais dans le même temps, la communauté internationale pour sa part n’a pas respecté ses engagements, notamment en ce qui concerne l’APD. L’Ouganda est pleinement engagé dans la préparation de la Conférence de Bruxelles. La société civile, le gouvernement et les autres acteurs économiques, sont en train d’y mettre en place un programme d’action national pour l’Ouganda. Notre pays souhaite une nouvelle approche en matière de coopération internationale, notamment en vue de faciliter l’intégration des PMA à la mondialisation. L’annulation de la dette, si elle est indispensable, doit cependant s’accompagner de nouveaux flux de ressources en vue de relancer l’investissement et la croissance des PMA. Il faudrait améliorer la qualité et la quantité de l’APD, et les produits des PMA doivent bénéficier d’exonérations douanières sur les marchés des pays développés, qui doivent aussi mettre fin au versement de subventions à leurs exportations agricoles. Le développement des PMA ne pourra d’autre part se faire sans renforcement substantiel de leurs capacités. La paix et la sécurité étant indispensables au développement, des mesures renforcées doivent être prises aux niveaux international et régional pour les assurer. Sur le plan sanitaire et de la santé, les épidémies et pandémies, et notamment celle du VIH/sida, doivent être vigoureusement combattues. Nous pensons que la communauté internationale doit faire montre de volonté politique sans faille pour permettre la mise en oeuvre du nouveau plan d’action qui sera adopté à Bruxelles.

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M. MWELWA C. MUSAMBACHIME (Zambie) a estimé que la Conférence de Bruxelles sera l’occasion de corriger la situation des PMA et d’adopter un “New Deal” mondial. Pour que le processus de mondialisation apporte le plus grand nombre d’avantages possibles, le représentant a préconisé une coopération authentique entre les PMA et leurs partenaires de développement du monde développé. Au nombre des obstacles au développement des PMA, le représentant a cité les conflits et leurs cortèges de réfugiés, le faible rendement agricole et l’absence de cadres institutionnels adéquats. Au niveau international, le représentant a évoqué la question de l’accès aux marchés en demandant une coopération plus accrue des partenaires du développement. Il les a appelés à augmenter l’APD et à alléger la dette en précisant que le niveau élevé de la dette et du service de la dette continue de saper les efforts de ces pays. Qualifiant d’étape décisive l’Initiative PPTE, le représentant a regretté qu’elle n’avance pas à la vitesse escomptée et a plaidé pour un assouplissement des critères d’éligibilité.

MISE EN OEUVRE DE LA PREMIERE DECENNIE DES NATIONS UNIES POUR L'ELIMINATION DE LA PAUVRETE (1997-2006)

La Commission a entendu la présentation d’un projet de résolution sur la mise en oeuvre de la première Décennie des Nations Unies pour l’élimination de la pauvreté (1997-2006), notamment la création du Fonds mondial de solidarité pour l’élimination de la pauvreté” (A/C.2/55/L.18). Aux termes de ce projet présenté par la délégation du Nigéria, l’Assemblée générale appellerait tous les gouvernements à prendre des mesures concrètes en vue de formuler des stratégies nationales de lutte contre la pauvreté afin de parvenir à l’objectif consistant à réduire de moitié, d’ici à 2015, le pourcentage de la population mondiale dont le revenu est inférieur à 1 dollar des Etats-Unis par jour, et la proportion de ceux qui souffrent de la faim. Aux termes du projet, l’Assemblée engagerait les pays développés à redoubler d’efforts pour atteindre le plus tôt possible l’objectif convenu de 0,7% de leur PNB pour l’ensemble de l’APD et, sur ce montant, à réserver aux PMA une part comprise entre 0,15% et 0,20% de leur PNB. Aux termes du projet de résolution, l’Assemblée générale déciderait de créer un Fonds mondial de solidarité pour l’élimination de la pauvreté contribuant à l’élimination de la pauvreté et à la promotion du développement social et humain dans les régions les plus pauvres du monde.

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