AG/EF/331

L'ANNULATION DE LA DETTE, SANS UN ACCES AUX MARCHES DU NORD ET UN ACCROISSEMENT DE L'APD, N'ASSURERA PAS LE DEVELOPPEMENT DURABLE, SELON DES DELEGATIONS

26 octobre 2000


Communiqué de Presse
AG/EF/331


L’ANNULATION DE LA DETTE, SANS UN ACCES AUX MARCHES DU NORD ET UN ACCROISSEMENT DE L'APD, N’ASSURERA PAS LE DEVELOPPEMENT DURABLE, SELON DES DELEGATIONS

20001026

Poursuivant cet après-midi l’examen des questions de politique macroéconomique, les délégations ayant participé aux travaux de la Commission économique et financière (Deuxième Commission) ont, dans l’ensemble, reconnu que la seule résolution du problème de la dette ne permettra pas de mettre en place les conditions et le cadre d’un développement durable et d’une élimination de la pauvreté. La réduction ou même l’annulation de la dette, si elles ne sont pas accompagnées d’un redressement des termes de l’échange accordant un juste prix aux produits de base et d’un accroissement de l’Aide publique au développement (APD), ne seront que des mesures partielles et sans impact durable sur l’avenir, ont estimé plusieurs délégations. A cet égard, le représentant de l’Ethiopie, dressant un tableau de la situation des pays africains et des pays les moins avancés (PMA), a soutenu qu’une hausse de l’APD pouvait rétablir la confiance du secteur privé à l'égard des pays d’Afrique. Citant des études menées par des organismes indépendants, il a déclaré qu’un dollar d’APD investi en Afrique pouvait entraîner un investissement de deux dollars de capitaux privés.

Prenant note du montant total de la dette des pays en développement et en transition qui, selon le rapport du Secrétaire général, s'élève à 2 554 milliards de dollars en 1999, le représentant du Japon a souligné qu’en soi, la dette n’est pas une mauvaise chose. Les pays en développement, a-t-il dit, peuvent tirer plus de ressources des prêts concessionnels que de l'assistance pour améliorer les infrastructures nécessaires à leur compétitivité et à l’afflux des capitaux privés. Confiant en cette analyse, le Japon a accordé des prêts de ce type à un certain nombre de pays tout en soutenant d’autres initiatives comme l’Initiative PPTE. Le représentant a appelé les créditeurs à financer dûment cette Initiative que d’autres délégations ont critiquée comme trop restrictive et assortie de conditionnalités trop lourdes.

Evoquant l’aspect insoutenable de la dette, le représentant de la Zambie a déclaré que les obligations du service de la dette seraient de 30% supérieurs aux revenus d’exportations de son pays. Sans réduction substantielle, a-t-il estimé, la dette obère toute possibilité de promotion de la croissance et du développement durable. Le représentant de la République populaire démocratique de Corée s’est étonné que la moitié de la population du globe, qui doit la totalité de la dette extérieure, ne reçoive que 20% des revenus de l’économie mondiale, et que le ratio dette/exportation des 41 pays les plus endettés soit de 345 pour 1, ce qui rend caduques tous les efforts déployés pour lutter contre la pauvreté et le sous- développement.

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La représentante du Canada a rappelé que son pays avait demandé aux pays créditeurs, lors du Sommet de Prague de la Banque mondiale et du FMI, de cesser de percevoir les paiements des services de la dette de tous les pays opérant sous le régime de l’Initiative PPTE qui améliorent leur gouvernance. Le Canada, a-t-elle ajouté, a plaidé pour un élargissement de cette mesure, et dans ce cadre, a décidé l’annulation des dettes bilatérales qui lui sont dues.

Les représentants des pays suivants ont également pris la parole: Bélarus, Philippines, Australie, Pologne, Chine, Togo(au nom de l’Organisation de l’Unité africaine), Yémen, Equateur (au nom de la Communauté des pays andins), République- Unie de Tanzanie (au nom de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC), Kazakhstan, Fidji et Zambie. L’Observateur de la Suisse a pris la parole.

La Commission était également saisie de projets de résolution relatifs à l’application des décisions de la Conférence des Nations Unies sur les établissements humains (Habitat II), à la mise en oeuvre d’Action 21, et à l’application de la Convention sur la lutte contre la désertification, qui ont été présentés par le représentant du Nigéria, au nom du Groupe des 77 et de la Chine.

La Commission poursuivra ses travaux demain, vendredi, 27 octobre, à 10 heures.

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QUESTIONS DE POLITIQUE MACROECONOMIQUE

Débat général

M. ANDREI POPOV (Bélarus) a estimé qu’il est inadmissible d’utiliser unilatéralement des mesures de rétorsion économique dans un but politique et de manière extraterritoriale contre un Etat, quel qu’il soit. Le Bélarus demande une condamnation de ces pratiques qui vont à l’encontre des règles internationales. On continue d’observer des pratiques qui vont à l’encontre de l’universalité des accords et mesures adoptés par l’ensemble de la communauté internationale en vue de faciliter un véritable commerce international sans entrave. Le Bélarus demande un accès sans obstacle des produits des pays en développement et en transition aux marchés de tous les pays parties aux accords internationaux. Il est injuste que le processus d’universalisation du commerce international soit volontairement retardé par une poignée de pays qui s’arrogent des droits et prérogatives sur lesquels ils ne devraient avoir aucun monopole. L’adhésion à l’OMC doit se faire sur des normes respectant la situation et la capacité des pays à ajuster leur production à la concurrence internationale. Des mesures de libéralisation indues et précipitées ne devraient pas leur être imposées. En vue de faciliter la transparence de l’OMC, nous demandons que tous les travaux de cette organisation et la rédaction de ses documents se fassent dans les six langues officielles de l’Organisation des Nations Unies, dont le russe, le chinois et l’arabe.

M. GLENN CORPIN (Philippines)a souhaité que les programmes d’allègement de la dette ne se fassent pas au détriment de l’Aide publique au développement (APD) et qu’au contraire, ces deux éléments soient perçus comme des outils complémentaires. Le représentant a exprimé sa préoccupation devant le déclin de l’APD en espérant que les pays développés respecteront leur engagement de réaliser l’objectif visant à consacrer 0,7% de leur PNB à l’APD, conformément à l’accord conclu au sein des Nations Unies. Tout en se félicitant de l’Initiative en faveur des pays pauvres très endettés (PPTE), le représentant s’est dit préoccupé par la lenteur de sa mise en oeuvre. Des fonds doivent être trouvés, a insisté le représentant, afin de prouver au moins que l’allègement de la dette vient en complément de l’APD. Poursuivant, le représentant a souligné que la manière de prévenir les crises de la dette est d’aider les pays à ne pas recourir aux prêts. Il s’est dit préoccupé par le fait que les flux nets des ressources vers les pays en développement continuent de diminuer depuis les crises financières de 1997. Il s’est dit convaincu que le meilleur moteur du développement est le secteur privé et a souligné qu’il est de l’intérêt des pays développés de contribuer au développement économique de leurs pairs moins développés. Le représentant a conclu en soulignant l’importance qu’il y a à prendre des mesures concrètes pour élargir l’accès aux ressources internationales et renforcer la cohérence et la pertinence des systèmes financier, monétaire et commercial internationaux afin de les mettre au service du développement.

M. ALAN FERGUSON (Australie) a déclaré, au nom des pays membres du Groupe de Cairns, que le Groupe reste profondément préoccupé par les distorsions aux marchés mondiaux résultant des subventions fournies à l’exportation de leurs produits agricoles par certains pays développés. Ces distorsions sont aggravées par les difficultés d’accès aux marchés, et par d’autres barrières artificielles comme les mesures sanitaires et phytosanitaires que ces pays imposent aux exportations des autres producteurs.

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Le soutien financier protectionniste accordé aux agriculteurs des pays en développement dépasse aujourd’hui 360 milliards de dollars l’an, et indique l’urgence d’une action internationale concertée en vue de mettre en oeuvre les engagements pris dans le cadre des accords agricoles de l’OMC. Le Groupe de Cairns tient à réaffirmer sa détermination à oeuvrer en faveur d’un marché agricole juste et concurrentiel sur la scène internationale. Il y va du bien-être et de la survie de millions de paysans dans de nombreuses régions du monde. Notre Groupe a activement participé aux négociations de l’OMC en vue d’éliminer les subventions à l’exportation et d’ouvrir équitablement les différents marchés aux exportations. Nous préparons à cet égard une proposition d’amélioration de l’accès aux marchés que nous présenterons au mois de novembre 2000. Le Groupe de Cairns encourage les autres membres de l’OMC à soumettre leurs propositions de réforme le plus vite possible et de permettre le début des préparatifs de la seconde étape de ces négociations à partir de mars 2001. Ces négociations auront le mérite d’éviter au monde des conflits commerciaux et de réduire les pressions que subit l’OMC sur la question. Les négociations commerciales sur les questions agricoles auront aussi le mérite de permettre aux pays en développement de prendre part à l’élaboration des mesures qui pourraient résoudre la question de la sécurité alimentaire dont ils sont si cruellement victimes. Nous tenons dans ce cadre à affirmer notre reconnaissance à la Décision de Marrakech sur les PMA et les pays importateurs nets de produits alimentaires. Nous aimerions voir les termes de cette décision pleinement appliqués.

Mme ARIANE WALDVOGEL (Suisse) a rappelé que son pays a lancé en 1991, un programme de désendettement bilatéral dont l’objectif est de réduire les obstacles que rencontrent les pays engagés dans la voie des réformes; créer un lien entre le désendettement et le regain d’investissements dans le secteur social; et par ce biais, donner des signaux claires aux pays créditeurs. Grâce à ce programme, la Suisse a effacé la quasi-totalité de la dette bilatérale qui affectait les pays les plus pauvres. La Suisse s’est aussi efforcée d’améliorer la coordination entre les pays qui participent à l’Initiative PPTE en améliorant ainsi leurs moyens de développer une stratégie nationale de lutte contre l’endettement. Appuyant le lien entre l’Initiative PPTE et la lutte contre la pauvreté, la représentante s’est dite d’avis que seul un dialogue entre les institutions d’Etat et la société civile peut garantir une allocation efficace des ressources économisées grâce à l’Initiative. Elle a jugé important de soutenir les efforts visant à améliorer la transparence budgétaire et à faire avancer le débat public sur les questions budgétaires. Son pays contribuant substantiellement à l’Initiative, la représentante a appelé les pays dont les conditions financières le permettent à apporter une aide financière à cette Initiative.

M. ARTUR KLOPOTOWSKI (Pologne) a, après avoir associé sa délégation à la déclaration de l’Union européenne, dit que l’allègement de le dette avait permis il y a quelques années à son pays de mettre en place les bases d’une économie saine et de plus en plus concurrentielle. La Pologne partage l’avis du Secrétaire général que les pays qui font des efforts substantiels devraient recevoir le soutien de la communauté internationale en matière de réduction de la dette. Concernant l’Initiative PPTE, il ne faudrait pas que ses objectifs ne soient qu’une épuration technique des comptes des pays endettés. Il faudrait que la mise en oeuvre de l'Initiative PPTE ouvre ensuite aux pays qui en bénéficie de nouvelles possibilités d’emprunts et d’accès à des capitaux d’investissements frais.

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Sans une solution durable à la question de la dette, il ne saurait y avoir de véritable perspective de développement pour les pays aujourd’hui endettés. Notre solidarité envers eux se manifeste par le versement de 240 millions de dollars au fonds de l’Initiative PPTE, versement qui a été décidé par notre gouvernement avec l’accord de tous les partis politiques.

M. HUANG XUEQUI (Chine) a estimé que la mondialisation crée des inégalités et iniquités, et qu’aujourd’hui, en raison de la mondialisation, les pays en développement sont confrontés à des défis qu'ils doivent relever s'ils veulent éviter la marginalisation. Une telle situation exige que l'on réforme le système commercial multilatéral, a dit le représentant en soulignant que les concessions commerciales faites aux pays en développement grâce au Cycle d’Uruguay ont été érodées au fil du temps. Il a demandé à l’OMC d’examiner, de manière plus approfondie, les préoccupations des pays en développement. Le représentant a espéré une relance rapide des négociations commerciales auxquelles les pays en développement doivent prendre une part active. Pour la Chine, ces négociations doivent porter sur le suivi du Cycle d’Uruguay et non sur des questions qui, de toute évidence “vont bien au-delà de la compétence des pays développés”, a dit le représentant en arguant qu’il doit plutôt s’agir de lancer un appel aux pays développés pour qu’ils honorent les engagements du Cycle d’Uruguay. En vertu de ces engagements, a rappelé le représentant, les pays développés doivent offrir un meilleur accès aux biens et services des pays en développement et éliminer toutes les taxes et tous les quotas pour les exportations des PMA. Les pays développés doivent respecter les engagements pris en matière d’APD, offrir une assistance technique aux pays en développement, prendre des mesures efficaces de réduction de la dette et encourager la diversification de la production des pays en développement afin qu’ils puissent au mieux profiter de la mondialisation économique et de la libéralisation des échanges.

La Chine, a poursuivi le représentant, reste fidèle à sa politique d’ouverture économique et considère que son adhésion à l’OMC représente un élément prometteur. Tout en bénéficiant de ses droits, la Chine entend bien appliquer à la lettre le règlement de l’OMC et jouer un rôle positif dans l’amélioration du système commercial multilatéral par la promotion d’un nouvel ordre international juste et rationnel permettant aux pays en développement de tirer parti du système multilatéral. Sur la dette, le représentant a estimé que l’Initiative PPTE est venue trop tard et en plein déclin de l’APD. Il a appelé à d’autres mesures pour que les pays en développement puissent régler définitivement leur problème d’endettement. La réduction de la dette ne saurait se faire au détriment de l’APD, a averti le représentant avant de dire que son pays, qui est un pays en développement aux prises à de nombreuses difficultés, entend continuer à appuyer les efforts de la communauté internationale pour réduire la dette. Le représentant a rappelé qu’au cours de la réunion sur la coopération sino- africaine, la Chine s’est engagée à participer à hauteur de 10 millions de yuans au paiement de la dette des pays africains.

M. ROLAND Y. KPOTSRA (Togo) a déclaré, au nom de la Présidence en exercice de l’Organisation de l’unité africaine (OUA), que les chefs d’Etat et de gouvernement réunis au Caire lors du Sommet Afrique-Europe ont reconnu que l'accroissement de la dette africaine, qui est passée de 110 milliards de dollars en 1980 à 350 milliards aujourd’hui, a entraîné une perte de confiance des investisseurs envers les pays du continent, ce qui a eu un effet négatif sur la croissance économique, le développement durable et l’élimination de la pauvreté.

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Il y a une douzaine d’années, a rappelé le représentant, les dirigeants africains avaient adopté lors de la 3e session extraordinaire de l’OUA, une position commune sur la crise de la dette du continent. Le 36e Sommet de l’OUA, à Lomé au mois de juillet dernier, est arrivé à la conclusion que le développement économique et social de l’Afrique passe par l’élimination des obstacles majeurs, en particulier la dette. Il a demandé aux créanciers d’adopter des mesures urgentes aux fins d’assouplir les modalités de l’Initiative PPTE et de l’étendre à tous les pays du continent. Le Sommet de Lomé a également souhaité l’élimination de tous les arriérés de la dette extérieure africaine à l’avènement du nouveau millénaire, et il a constitué un groupe d’experts susceptible d’assister le Groupe de contact de l’OUA sur la dette extérieure, dans la préparation d’une position commune africaine dans la perspective de la réunion de haut niveau sur le financement du développement, prévue en 2001. Il est aujourd’hui de plus en plus admis que les mesures d’allègement de la dette prises par les donateurs bilatéraux servent aussi les pays créditeurs. L’Afrique attend de la réunion sur le financement du développement qu’elle permette de résoudre la question de la dette en renforçant et en généralisant l’Initiative PPTE, et qu’elle prévienne les crises de l’endettement en mettant en place les moyens d’éviter l’accumulation de dettes publiques et privées insoutenables.

M. YUJI KUMAMARU (Japon) s’est prononcé en faveur d'une admission importante des pays en développement à l’OMC tout en s'opposant à certaines conclusions contenues dans le rapport de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED). Le représentant ne partage pas l’assertion selon laquelle il n’y aurait pas eu de progrès dans la libéralisation des secteurs qui ont un intérêt particulier pour les pays en développement. Il a rejeté l’allégation selon laquelle des déséquilibres importants existent entre les droits et les obligations des pays en développement. Le représentant ne partage pas non plus les conclusions concernant l’élimination des crêtes tarifaires et des tarifs progressifs qui, selon lui, préjugent des résultats des négociations de l’OMC. Le Japon, a-t-il dit, n’acceptera aucune approche consistant à traiter le secteur agricole et les autres produits de base sous le même régime commercial. Le Japon ne peut accepter l’idée d’éliminer les mesures d’appui au secteur agricole dans les pays développés.

Poursuivant sur les produits de base, le représentant a rappelé le principe économique selon lequel les prix sont déterminés par le marché. Il a convenu que les mécanismes du marché ne permettront pas à eux seuls d’assurer la stabilité et la durabilité des économies des pays en développement et a, par conséquent, appelé les pays développés à mobiliser des efforts pour aider ces pays à diversifier leur production et renforcer leur capacité manufacturière. Venant à la question de la dette, le représentant a souligné que la dette n’est pas une mauvaise chose en soi. Il a estimé que les pays en développement peuvent obtenir davantage de ressources sous la forme de prêts concessionnels plutôt que sous la forme de dons. Les prêts concessionnels, a expliqué le représentant, peuvent aider les pays en développement à améliorer leurs infrastructures économiques et à attirer ainsi les capitaux privés. Le représentant a reconnu l’importance des programmes d'allègement de la dette pour les pays qui ont atteint un niveau insoutenable d’endettement. A ce propos, il a relevé les “questions complexes” qui sous- tendent la mise en oeuvre de l’Initiative PPTE.

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Du côté des débiteurs, le représentant a décelé des facteurs politiques tels que les conflits et les troubles politiques internes et les retards dans l’application des politiques d’ajustement structurel et dans la préparation des stratégies de lutte contre la pauvreté, condition préalable à l’allègement de la dette sous l’Initiative. Le Japon a d’ailleurs dépêché des conseillers techniques en la matière.

Du côté des créditeurs, le représentant a vu la nécessité de fournir les fonds requis, en particulier par ceux qui souhaitent réduire la dette multilatérale. Le Japon a déjà réduit de 10 milliards de dollars la dette officielle bilatérale. Le Japon a en outre décidé d’annuler purement et simplement les dettes des pays éligibles à l’Initiative PPTE. Le pays a décidé de contribuer quelque 200 millions de dollars au Fonds d’affectation pour l’Initiative de la Banque mondiale et de près de 193 millions de dollars au Fonds du Fonds monétaire international (FMI). L’allègement de la dette est important, mais il ne représente pas une panacée pour les problèmes des pays en développement. Le représentant a invité ces pays à mettre en oeuvre des politiques économiques et de développement appropriées et à renforcer leur capacité de gestion de la dette.

M. AZANAW T. ABREHA (Ethiopie) a déclaré que face aux énormes défis que pose le développement, l’Afrique a besoin de mesures qui aillent au-delà des termes de l’Initiative PPTE. La seule annulation de la dette ne pourra suffire aux pays africains, notamment aux PMA, dans leurs efforts de redressement de leurs économies. Des ressources supplémentaires, notamment une APD accrue et fournie ponctuellement, sont indispensables. Des études ont montré qu’un accroissement de l’APD aurait un effet d’entraînement sur les flux de capitaux d’investissement privés de l’ordre de 2 dollars de fonds privés pour 1 dollar d’APD investi. L’Ethiopie lance un appel aux partenaires de l’Afrique pour qu’ils consacrent plus de ressources à l’APD. Nous pensons en outre que les revenus que notre continent pourrait tirer de ses exportations commerciales dans un cadre plus ouvert pourraient constituer les principales sources de financement de son développement. La plupart des pays en développement dont l'économie est essentiellement tributaire des exportations des produits de base, ne peuvent permettre une chute des cours de ces produits, car l’iniquité actuelle des termes de l’échange, conjuguée à la diminution des ressources de l’APD est la vraie cause immédiate de la pauvreté actuelle du continent. Nous espérons que la Conférence sur les PMA, qui se tiendra à Bruxelles, débattra et mettra en place une approche holistique du financement dont ont besoin les PMA, et que cette question sera réglée à la prochaine conférence internationale sur le financement du développement.

M. AHMED AL-HADDAD (Yémen) a plaidé pour le renforcement du système commercial multilatéral afin, a-t-il dit, d’assurer une réponse adéquate aux préoccupations des pays en développement. L’expérience de l’OMC a montré que ces pays ont confiance dans le système commercial même si des déséquilibres subsistent, a souligné le représentant. La principale préoccupation des pays en développement concerne l’accès aux marchés internationaux qui est toujours limité par les mesures protectionnistes. Le représentant a réitéré les recommandations du Groupe des 77 et de la Chine, de décembre 1999, qui ont appelé à la mise en oeuvre des clauses du Cycle d’Uruguay.

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Le représentant a rappelé l’importance qu’il y a pour les pays en développement à intégrer le secteur agricole dans le dispositif réglementaire du commerce multilatéral et la nécessité pour les exportations des PMA d’accéder aux marchés internationaux sans quota et sans droit de douane. Il faut s'attaquer au problème de l’augmentation des tarifs douaniers et des conditions techniques ou sanitaires posées aux produits des pays en développement. Le représentant a plaidé pour le transfert de technologie, l’augmentation de l’IED et l’application de traitements spéciaux et préférentiels. Il a demandé une assistance technique pour renforcer la capacité de son pays à suivre la procédure d’adhésion à l’OMC. A ce propos, il a souligné l’importance pour l’OMC de tenir compte de la situation particulière des PMA, lors des discussions sur la proposition de certains pays développés de supprimer les traitements spéciaux et préférentiels.

M. RIM SONG CHOL (République populaire démocratique de Corée) a fait remarquer qu’il est étrange et inacceptable que les 3,5 milliards de personnes, soit la moitié de la population du monde, vivant dans des pays en développement et qui doivent la totalité de la dette extérieure mondiale, soit 2,5 trillions de dollars, ne reçoivent dans le même temps que 20% des revenus de la planète. En particulier les 41 pays les plus endettés qui doivent 201 milliards de dollars, sont dans une situation aberrante, où leur ratio dette/exportation est de 345 pour 1, ce qui rend pratiquement impossible toute perspective de développement pour ces Etats. Notre pays se félicite et encourage les initiatives en faveur de la réduction de la dette, y compris l’Initiative de Cologne et les mesures prises par le Club de Paris. Mais les mesures de réduction doivent aboutir à l'élimination complète de la dette sans aucune condition.

M. FERNANDO YEPEZ LASSO (Equateur) a dit que les pays du Groupe andin avaient pu ces dernières années consolider les perspectives d’intégration des Etats de la Communauté andine, et la zone de libre-échange est devenue une réalité qui fait espérer qu’en 2005 pourra être mis en oeuvre le marché commun de la Communauté. Les pays de la région avaient décidé de concentrer leurs efforts sur la production de produits manufacturés à forte valeur ajoutée. Malheureusement les crises financières de ces dernières années ont porté des coups durs à cet objectif et ont fait planer une menace sur les marchés. Nous nous sommes cependant attachés à améliorer nos liens avec le Mercosur afin de renforcer les possibilités de création d’un marché commun des pays d’Amérique latine. Nous menons aussi des activités de coopération économique avec l’Union européenne et les pays en transition. L’ambition de la Communauté andine est de s’intégrer pleinement à la mondialisation dans un cadre libéral et démocratique.

M. DAUDI N. MWAKAWAGO (République-Unie de Tanzanie), au nom de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC), a qualifié d’"ambigu" l’impact de la mise en oeuvre du Cycle d’Uruguay sur les pays africains, en particulier dans les domaines liés à l’accès aux marchés, à l’agriculture et aux traitements spéciaux et préférentiels. Le représentant a jugé nécessaire d’aider les pays en développement à augmenter leur performance économique et commerciale par l’apport d’une assistance technique et financière et le transfert de technologie. Au niveau régional, le représentant a fait part de la signature du Protocole commercial de la SADC qui prévoit la création progressive d’une zone de libre- échange sur une période de huit ans. La SADC, a ajouté le représentant, a également adopté un mécanisme de règlement des différends et d’autres mécanismes institutionnels pour la mise de gestion de la zone de libre échange.

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Venant à la question des produits de base, le représentant a appelé à une stabilisation de leurs prix; à une assistance aux efforts de diversification; à l’élimination de tarifs douaniers sur les produits ayant un intérêt particulier pour les pays en développement; et à la suppression des barrières techniques. Concluant sur la question de la dette, le représentant a indiqué que les pays de la région n’ont pu attirer l’IED malgré des réformes économiques douloureuses. Il a appelé les partenaires du développement à trouver une solution efficace au problème de l’endettement et commentant l’Initiative PPTE, a appelé à l’assouplissement de ses critères d’éligibilité et de ses conditionnalités. Le représentant a estimé qu’en plus de cette Initiative, une solution globale et durable au problème de la dette doit être trouvée et qui compterait des mesures d’annulation.

Mme MADINA B. JARBUSSYNOVA (Kazakhstan) a déclaré que le commerce de l’Asie centrale est lourdement handicapé aujourd’hui par les coûts de transport élevés auxquels doivent faire face ses pays enclavés. Dans certains cas, les frais de transport coûtent 60% de la valeur des produits exportés par ces pays. Notre pays a besoin de moyens de transport fiables et peu coûteux pour assurer la commercialisation de ses ressources minérales, et à cet égard nous avons besoin d’équipements de gazoducs et d’oléoducs. Nous attendons avec espoir la mise en place du Consortium d’oléoducs de la Mer Caspienne, pour enfin exploiter les perspectives d’exploitation des hydrocarbures de cette mer, et notamment des champs pétroliers kazakhs, qui représentent selon la dernière évaluation, 7 milliards de tonnes de pétrole de haute qualité. Nous sommes attentifs aux travaux conduits par la CNUCED en vue d’élaborer un programme d’amélioration de l’efficacité des transports de marchandises en Asie Centrale. Notre délégation soumettra à cet égard un projet de résolution à cette Commission, au nom de ses coauteurs. Les commissions régionales de l’ONU, notamment la CEE et la CESAP ont élaboré des documents de fond en ce qui concerne les questions de transports dans notre région. Nous espérons que l’adoption du programme élaboré à partir de ces études qui a eu lieu récemment lors d’un sommet tenu à Almaty, suscitera des investissements substantiels dans le domaine des transports lourds de marchandises et dans celui des pipelines dans notre région. Ces réalisations permettront à l’Asie Centrale de s’intégrer à l’économie mondiale.

M. AMENATAVE YAUVOLI (Fidji) a indiqué qu’en dépit de leurs efforts, Fidji et d’autres pays en développement sont confrontés à la nécessité de consentir davantage de sacrifices pour profiter pleinement de la mondialisation et de la libéralisation du commerce. La nature de ces processus est préoccupante, a dit le représentant, puisqu’ils ne reflètent ni l’équité ni la justice, qu'attendait Fidji lors de son adhésion à l’OMC en 1996. Pour redresser cette tendance, les pays en développement ont besoin de calendriers précis d’ajustement et de diversification et de l’assistance requise. L’expérience a montré que les ajustements et les diversifications sont des processus douloureux qui ne méritent pas seulement l’attention des pays développés mais leur engagement ainsi que celui des institutions multilatérales. Se félicitant que l’OMC ait reconnu le principe du traitement spécial et préférentiel comme partie intégrante des négociations futures, le représentant a jugé important que ce principe se fonde sur une approche holistique et pragmatique afin d’assurer une mise en oeuvre plus substantielle et plus rentable. Le principe doit aller au-delà de la “bonne conscience” et devenir un vecteur de réels profits.

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Mme GINETTE LACHANCE (Canada) a constaté que 11 pays avaient atteint le point de décision à l’admission à l’Initiative PPTE renforcée et profitent de ses mesures. Mais, a estimé la représentante, il faut faire plus, comme l’a dit le Ministre canadien des finances, M. Paul Martin à Prague, en déclarant que les pays qui pratiquent la bonne gouvernance et réforment leurs politiques devraient plus rapidement recevoir les avantages prévus par le programme PPTE. Il a engagé à cet égard tous les créanciers bilatéraux à cesser de percevoir les paiements des services des dettes des pays qui opèrent des réformes sous le programme PPTE tout en améliorant leur gouvernance. Comme l’a dit M. Paul Martin, des moyens plus souples doivent être mis en oeuvre lorsqu’il s’agit de relier les stratégies de réduction de la pauvreté à l’allègement des dettes, particulièrement dans les pays qui font des efforts reconnus en matière économique et sociale.

Le Canada a engagé 215 millions de dollars canadiens en faveur du Fonds d’affectation spéciale pour la réduction de la dette, dont 65 millions pour le FMI et 150 millions pour la Banque mondiale, et en ce sens notre pays vient en seconde position des contributeurs, sa contribution représentant 18,5% des sommes versées. Nous invitons les autres Etats qui en ont les moyens à verser rapidement leur part de contribution à ce fonds pour éviter de retarder l’allègement de la dette des pays méritants. Dans le cadre de notre programme national d’allègement de la dette, notre pays a promis de faire une remise intégrale et unilatérale des dettes bilatérales dans le cadre l'Initiative PPTE, a dit la représentante.

M. MWELWA C. MUSAMBACHIME (Zambie) a indiqué que le poids de la dette zambienne compromet voire annihile les efforts de son pays visant à éliminer la pauvreté, améliorer la fourniture des services sociaux de base et à stimuler la croissance économique. La dette totale de la Zambie s’élevait en mars 2000 à 6,419 milliards de dollars alors que le service de la dette s’élevait à près de 168,6 millions de dollars. Selon les estimations, ce service devrait s’élever en 2001 à 387,1 millions de dollars pour passer à 583,3 millions en 2002. Ces niveaux de service de la dette, a précisé le représentant, dépassent de 30% l’ensemble du revenu à l’exportation du pays. Partant, l’accès de la Zambie à l’Initiative PPTE contribuerait à une diminution substantielle de la dette, a souligné le représentant avant de demander une simplification des procédures d’admission, un assouplissement des conditionnalités et la réduction de la période d’adhésion. La Zambie, a dit le représentant, demande surtout l’annulation de la dette pour permettre aux pays très endettés d’utiliser les ressources économisées dans le développement social et économique.

DEVELOPPEMENT DURABLE ET COOPERATION ECONOMIQUE INTERNATIONALE

Application des décisions de la Conférence des Nations Unies sur les établissement humains (Habitat)

Au titre de ce point, la Commission a été saisie d’un projet de résolution sur la session extraordinaire de l’Assemblée générale consacrée à un examen et à une évaluation d’ensemble de l’application des décisions de la Conférence des Nations Unies sur les établissements humains (Habitat II) (A/C.2/55/L.12), qui a été présenté par le Nigéria, au nom du Groupe des 77 et de la Chine. Le texte comprend des dispositions concernant la participation à la session des partenaires associés au Programme pour l’habitat, l’accréditation des partenaires associés au Programme pour l’habitat; l’action préparatoire aux niveaux local, national et régional; le rôle de la société civile; et le suivi et l’évaluation du Programme pour l’habitat.

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La Commission a également été saisie d’un projet de résolution sur les préparatifs de la session extraordinaire (A/C.2/55/L.13) qui prévoit la tenue de la session du 6 au 8 juin 2001 sur les questions suivantes : examen et évaluation des progrès accomplis dans la mise en oeuvre du Programme pour l’habitat; autres mesures et initiatives visant à surmonter les obstacles entravant la mise en oeuvre du Programme; et déclaration sur l’état des villes et des établissements humains en ce nouveau millénaire.

En présentant ce projet, le représentant du Nigéria, au nom du Groupe des 77 et de la Chine, a précisé que les dates prévues dépendent encore de l’accord du Secrétariat.

ENVIRONNEMENT ET DEVELOPPEMENT DURABLE

Mise en oeuvre d'Action 21 et Programme relatif à la poursuite de la mise en oeuvre d'Action 21

Au titre de ce point, la Commission a été saisie d’un projet de résolution a soumis à la Commission concernant l’examen des progrès accomplis en 10 ans dans la mise en oeuvre des résultats de la Conférence des Nations Unies sur l’environnement et le développement (CNUED) (A/C.2/55/L.15) qui prévoit l’organisation d’un examen décennal des progrès accomplis en 2002 sous forme d’une réunion au sommet qui se tiendra dans un pays en développement. Le texte se félicite d’ailleurs des propositions de l’Indonésie et de l’Afrique du Sud. Le texte demande à la Commission du développement durable, en tant que comité préparatoire de déterminer les principaux facteurs qui entravent la mise en oeuvre d’Action 21 –résultats de la CNUED; de proposer des mesures concrètes à entreprendre dans un délai précis; de déterminer les moyens de renforcer le cadre institutionnel pour le développement durable; et d’entreprendre toute autre tâche que pourrait nécessiter le processus préparatoire.

Présentant ce texte, le représentant du Nigéria, au nom du Groupe des 77 et de la Chine, a souligné l’importance d’examiner les progrès accomplis car, a-t-il dit, nous sommes à une phase critique du processus de développement durable. Il a expliqué que le dispositif du texte ne comprend que des questions de procédures puisque les questions de fond seront traitées dans le cadre de l’examen lui-même. Le texte vise surtout à faire que les préparatifs, au niveau national et régional, s’inscrivent dans le travail préparatoire au niveau international. A ce stade, les débats de fond sont inopportuns puisque le processus préparatoire n’est pas encore achevé, a insisté le représentant.

Application de la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification dans les pays gravement touchés par la sécheresseet/ou la désertification, en particulier en Afrique

La Commission a également été saisie d’un projet de résolution relatif à l’application de la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification dans les pays gravement touchés par la sécheresse et/ou la désertification, en particulier en Afrique (A/C.2/55/L.14) qui demande aux gouvernements d’accroître l’appui financier au Mécanisme mondial de la Convention et au Fonds pour l’environnement mondial de renforcer sa coopération avec lui.

- 12 - AG/EF/331 26 octobre 2000

Présentant ce texte, le représentant du Nigéria, au nom du Groupe des 77 et de la Chine, a indiqué que le texte vise à trouver les moyens d’accélérer la mise en oeuvre du programme relatif à la désertification. Cela est d’autant plus important, a dit le représentant, que le financement prévu à cette fin, même du point de vue du Mécanisme mondial – qui est un facilitateur de partenaires -, semble ne pouvoir remédier à la situation. Le texte demande donc une recherche d’options efficaces, a dit le représentant avant d’ajouter le projet de résolution demande à la Conférence des parties à la Convention d’élaborer un rapport pour le processus d’examen de 2002.

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