AG/EF/329

LES DIFFICULTES D'ACCES AUX MARCHES MONDIAUX, LES CONSEQUENCES DES CONFLITS ET

25 octobre 2000


Communiqué de Presse
AG/EF/329


LES DIFFICULTES D’ACCES AUX MARCHES MONDIAUX, LES CONSEQUENCES DES CONFLITS ET

20001025

L’IMPACT DU VIH/SIDA CITES COMME OBSTACLES A l’ERADICATION DE LA PAUVRETE

La Commission économique et financière (Deuxième Commission) a achevé cet après-midi l’examen du point de son ordre du jour relatif à la mise en oeuvre de la première Décennie des Nations Unies pour l’élimination de la pauvreté (1997- 2006). Les délégations, après avoir fait le constat de l’aggravation des conditions de pauvreté dans la plupart des pays en développement pendant la décennie qui s’achève, ont noté que plusieurs facteurs avaient contribué à entraver les efforts déployés par la communauté internationale. Elles ont principalement évoqué les effets négatifs des mécanismes de la mondialisation sur des économies mal préparées à s’y intégrer et à subir les règles compétitives d’une économie de marché déréglementée. A ce facteur structurel et politique, sont venus se joindre, particulièrement en ce qui concerne l’Afrique, continent le plus affecté par la faim et la pauvreté et comptant le plus d’Etats classés dans la catégorie des pays les moins avancés, le fléau des conflits armés, et celui de la pandémie du VIH/sida, qui prive un continent déjà fort démuni d’une part appréciable de ses ressources humaines les plus productives.

Parlant de l’Afrique, en faveur de laquelle elle a jugé indispensable l'élaboration et la mise en oeuvre de plusieurs initiatives internationales d’envergure, la délégation du Japon a estimé que le continent ne pouvait, dans les conditions actuelles, atteindre le taux de croissance de 7% par an, dont il a besoin pour réduire de moitié, d’ici à l’an 2015, le nombre de ses pauvres et de ses populations vivant dans un état chronique de malnutrition. A ce sujet, le représentant a appelé les Nations Unies à travailler de manière concertée et coordonnée avec les institutions de Bretton Woods et les donateurs bilatéraux pour arriver à concevoir et mettre en oeuvre des politiques qui puissent produire des résultats tangibles.

Reconnaissant, au vu des expériences de la décennie écoulée, que la croissance économique à elle seule ne suffit pas à générer l'emploi, la répartition équitable des revenus et un développement intégré, facteurs indispensables à une véritable réduction de la pauvreté, des délégations ont demandé que le nouveau concept de développement auquel doit réfléchir l’Organisation des Nations Unies se base, non pas sur des considérations mercantilistes, mais sur une notion du développement basé sur le droit de chaque individu, de chaque peuple et de chaque nation à vivre à l’abri de la faim et de la pauvreté. A cet égard, les délégations ont émis le vœu que les prochaines grandes réunions internationales qui seront respectivement consacrées aux pays les moins avancés et au financement du développement, intègrent la lutte contre la pauvreté, et la promotion d’un développement durable, comme objectif primordial de leurs réflexions.

(à suivre - 1a) - 1a - AG/EF/329 25 octobre 2000

Les représentants des pays suivants sont intervenus: Haïti, Kenya, Uruguay, Guinée, Chine, Mozambique, Israël, Myanmar, Andorre, Cambodge, El Salvador, Ouganda, Saint-Vincent-et Grenadines, Népal et Tanzanie.

La Commission a également été saisie d’un projet de résolution relatif à la culture et au développement présenté par l’Uruguay.

La Commission poursuivra ses travaux demain, jeudi 26 octobre, à 10 heures, pour entamer l’examen des questions de politique macroéconomique.

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DEVELOPPEMENT DURABLE ET COOPERATION ECONOMIQUE INTERNATIONALE

Développement culturel

La Commission a été saisie d’un projet de résolution sur la culture et le développement (A/C.2/55/L.10) invitant les Etats Membres, les organes intergouvernementaux, les organismes des Nations Unies et les ONG à assurer, en coopération avec l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO), la mise en oeuvre du Plan d’action sur les politiques culturelles pour le développement contenu dans la résolution 53/243 de l’Assemblée générale. Ces acteurs sont également invités à intensifier leurs efforts pour intégrer la dimension culturelle dans leurs programmes et projets de développement et à analyser le lien entre culture et pauvreté. Le texte encourage, par ailleurs, l’UNESCO à prêter un appui aux pays en développement en ce qui concerne le renforcement de leurs capacités nationales pour la mise en oeuvre des conventions culturelles internationales et la protection de leurs biens culturels ainsi qu’à leur offrir les moyens et les possibilités de promouvoir et valoriser leurs biens et services culturels, et plus particulièrement le tourisme culturel.

Présentant ce texte, le représentant de l’Uruguay a rappelé qu’il y a quelques jours les Etats membres de la Commission ont été appelés à contribuer à l’enrichissement des cultures nationales pour consolider la diversité culturelle du monde. Le texte présenté se fonde sur la résolution 53/184 de l’Assemblée générale et souligne l’importance de la Conférence de l’UNESCO sur les politiques culturelles au service du développement. Il encourage les progrès des Etats dans la mise en oeuvre du Plan d’action de la Conférence. Comme le montre le texte, il est important que la diversité culturelle soit une composante clef du développement. Le représentant a émis l’espoir que le texte fera l’objet d’un consensus en se déclarant prêt à entamer les négociations nécessaires.

MISE EN OEUVRE DE LA PREMIERE DECENNIE DES NATIONS UNIES POUR L'ELIMINATION DE LA PAUVRETÉ (1997-2006) (A/55/407)

Débat général

M. JEAN MAXIME MURAT (Haïti) a déclaré que les efforts entrepris dans le cadre de la Décennie internationale pour l’élimination de la pauvreté avaient été entravés par de nombreux obstacles, dont entre autres, le ralentissement de la croissance économique dans les pays en développement à la suite de la crise financière asiatique et la baisse dramatique des cours des produits de base. D’autre part, les effets des catastrophes naturelles, des conflits armés et civils, des maladies et des pandémies comme celle du VIH/sida, ont gravement miné les politiques de lutte contre la pauvreté. L’objectif de réduire de moitié, d’ici à l’an 2015 le nombre de personnes en situation de pauvreté, semble difficile à atteindre dans les conditions actuelles. La "marchandisation" des mots et des choses, des corps et des esprits que vit le monde, jointe à celle de la culture provoque une aggravation dramatique des inégalités. Alors que la production alimentaire mondiale de base représente plus de 110% des besoins du monde, 30 millions de personnes meurent chaque année de faim, tandis que plus de 800 millions de personnes connaissent la malnutrition.

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Si en 1960, les 20% les plus riches de la population du monde disposaient d’un revenu 30 fois plus élevé que celui des 20% les plus pauvres, aujourd’hui cette proportion est de 82 fois plus élevée. Sur les 6 milliards d’habitants de la planète, à peine 500 millions vivent dans l’aisance, le reste connaissant les affres de la pauvreté et de besoins élémentaires insatisfaits. Haïti se félicite des démarches et initiatives entreprises dans le cadre du système des Nations Unies pour réduire le niveau de pauvreté, y compris la proclamation de la Décennie internationale de lutte contre la pauvreté. Mais nous aimerions que cette déclaration aille au-delà des mots et ne reste pas au niveau de simples promesses comme tant d’autres avant elle. En matière financière et de dette, Haïti, tout en se félicitant des initiatives de Cologne, et de celle des institutions internationales connue sous l’acronyme PPTE, plaide pour des mesures plus généreuses et plus souples dans le cadre de Cologne, pour que les 48 PMA puissent bénéficier de l’allègement de leur dette. Haïti appelle la communauté internationale à prendre des politiques plus favorables au microcrédit, qui est un moyen efficace de lutte contre la pauvreté. Concernant les difficiles conditions de la mondialisation, dont les effets sont négatifs pour les pauvres, notre pays appelle à un engagement de la communauté internationale favorisant un développement commercial progressif qui s’accompagne de mesures de développement institutionnel pour aider les pauvres à s’intégrer aux nouvelles conditions économiques et éviter la marginalisation.

M. FARES M. KUINDWA (Kenya) a déclaré que les efforts des pays africains pour lutter contre la pauvreté ont été compromis par un certain nombre de facteurs internes et externes parmi lesquels l’absence d’infrastructures adéquates, le manque de capitaux, le sous-développement technologique, la pandémie du VIH/sida et les conflits internes. Au niveau international, le représentant a estimé que la faculté des pays en développement à exercer leurs droits au sein de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) sera un facteur déterminant de leurs efforts de lutte contre la pauvreté. Une participation active des pays en développement dans le commerce international, a insisté le représentant, contribuera à jeter les bases de la croissance, de la création d’emplois et partant de la réduction de la pauvreté. Le représentant a lancé un appel aux Nations Unies pour qu’elles renforcent leurs institutions de développement et a, à cet égard, souhaité que le Centre de l’ONU sur les établissements humains soit mieux préparé à régler les questions liées au logement. Le représentant a appelé les Nations Unies à jouer un rôle plus actif dans les initiatives de réduction de la pauvreté et à s’assurer que les Etats respectent leurs engagements financiers, en particulier celui lié à l’objectif de 0,7% du PNB. Dans ce contexte, le représentant a appelé les institutions de Bretton Woods à n’épargner aucun effort pour coordonner et appuyer la mise en oeuvre des initiatives de réduction de la pauvreté dans les pays en développement.

M. BORIS SVETOGORSKY MARINO (Uruguay) a rappelé que la Conférence mondiale de l’alimentation, tenue à Rome en 1996, avait déclaré que chaque être humain a un droit inaliénable à ne pas souffrir de la faim. Cette déclaration traduit certes de bonnes intentions. Mais la réalité est plus triste. Plus de 800 millions de personnes continuent de souffrir et même de mourir de la faim. Ces gens, dont font partie 200 millions d’enfants souffrant de déficiences alimentaires sévères, vivent en majorité dans les pays en développement. Les discours de la Conférence de Rome n’ont donc pas été suivis d’actions concrètes.

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Notre pays soutient les termes de la déclaration instituant la Décennie internationale pour la lutte contre la pauvreté. Nous estimons que cet objectif est non seulement un devoir moral, mais aussi légal et politique. Notre pays considère les jeunes comme la force potentielle que la communauté internationale devrait développer pour mener une lutte efficace contre la pauvreté. L’image négative que les jeunes ont souvent eu du travail agricole et de la vie dans les zones rurales, doit être combattue et corrigée. Les idéaux de la Charte ne pourront être réellement réalisés que le jour où la communauté internationale aura mis un terme aux problèmes de la faim et de la pauvreté.

M. ALPHA OUMAR DIALLO (Guinée) a souligné que ce ne sont pas seulement la mondialisation, la dette et la baisse de l’APD qui contribuent à l’aggravation de la pauvreté dans les pays en développement mais aussi les conflits, déclenchés et entretenus par la haine, l’intolérance et les intérêts égoïstes. La Guinée appartient à une sous-région qui vit les affres de la guerre depuis maintenant une décennie avec les conflits du Libéria et de la Sierra Leone. La présence en Guinée de 700 000 réfugiés venus de ces pays – soit environ 10% de la population nationale - a conduit à la détérioration du cadre de vie des populations hôtes et au ralentissement de leurs activités économiques. Ayant fait face aux contraintes budgétaires liées à la sécurisation des frontières et aux actions de maintien de la paix dans les pays voisins, le Gouvernement a dû procéder à une réaffectation des ressources financières qui a considérablement perturbé la mise en oeuvre des programmes et des projets de développement notamment dans les secteurs sociaux. La communauté internationale, dans sa lutte contre la pauvreté, doit déployer tous les efforts pour combattre les “faiseurs de guerre” qui sont en même temps des “faiseurs de pauvres”.

Rien que pour l’année 2000, a souligné le représentant, les contributions aux opérations de maintien de la paix dans le monde sont estimées à 2,1 milliards de dollars. Un tel montant investi dans des projets au titre de l’APD aurait pu amener l’humanité à faire un grand pas dans l’élimination de la pauvreté. Poursuivant, le représentant a estimé qu’en matière d’élimination de la pauvreté, la coopération internationale ne suffit pas à elle seule. Il faut en plus, a-t-il dit, des mesures nationales prises dans le cadre de politiques de développement bien élaborées avec des priorités clairement définies et objectivement ciblées. Après avoir rendu compte des efforts déployés par son pays, le représentant a souligné que le succès de son pays dépend en partie de la disponibilité des ressources. Il a ainsi exprimé la détermination de son Gouvernement à utiliser les ressources résultant de l’allègement de la dette pour financer les programmes de lutte contre la pauvreté. Compte tenu de la situation sécuritaire dans la sous-région, le succès de la Guinée dépendra aussi de la sauvegarde de la paix et de la sécurité au nom desquelles elle a consenti et continue de consentir tous les sacrifices nécessaires, a conclu le représentant.

Mme BAI YONGJIE (Chine) a déclaré que l’éradication de la pauvreté ne doit pas se faire dans un cadre où sont imposées des conditionnalités. Le Sommet du millénaire a déclaré que le monde devait réduire de moitié son niveau actuel de pauvreté d’ici à 2015. Nous nous devons d’abord d’identifier les raisons et les causes de la pauvreté, dont on constate que la mondialisation a accéléré le développement et la prévalence dans les régions du Sud. La question du partage des bénéfices de la mondialisation devrait être placée au centre des réflexions sur la lutte contre la pauvreté.

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Les pays développés doivent intégrer la lutte contre la pauvreté en faveur des pays pauvres, comme une composante à part entière de leurs politiques économiques. Il faut renforcer le potentiel des pays en développement à lutter efficacement contre la pauvreté, notamment en améliorant les conditions d’accès de leurs produits aux marchés des pays riches. Les Nations Unies doivent jouer un rôle important dans la définition des priorités des politiques à élaborer, et l’efficacité de l’action des fonds et programmes de l’ONU devrait être améliorée. Sur le plan national, la Chine a pu vaincre les cycles de famine qu’elle connaissait, il y a un certain nombre de décennies, et nous fournissons une aide et une assistance technique et financière à d’autres pays en développement dans le domaine de la sécurité alimentaire. Mais il faut que les populations des régions sujettes à la faim soient étroitement associées à tous les efforts visant l'éradication de la pauvreté. C’est une condition indispensable, si l’on veut atteindre l’objectif qu’a fixé la Conférence mondiale sur l’alimentation. C’est un travail de longue haleine qui exige des efforts spécifiques aux niveaux national et international.

M. NUNO TOMAS (Mozambique) a estimé que s’il faut résister à la tentation d’établir un lien direct entre la mondialisation et la pauvreté, il faut pourtant constater que la mondialisation, telle qu’elle évolue aujourd’hui, a conduit à des inégalités dans le partage de ses bénéfices. Pour qu’elle devienne une force positive et centrale aux yeux de toutes les nations, la mondialisation doit se transformer en une mondialisation du développement. Ce concept implique, a expliqué le représentant, l’augmentation de l’APD et de l’IED, l’élargissement de l’accès aux marchés internationaux, l’annulation de la dette et la réforme du système des Nations Unies pour en faire un instrument plus efficace de l’assistance au développement. Après avoir fait part des efforts déployés par son pays dans la lutte contre la pauvreté, le représentant a cité Mahatma Gandhi pour qui “la pauvreté est une forme de violence parce qu’elle touche à l’essence même de l’être humain”.

Le représentant a ainsi estimé qu’il est temps pour les dirigeants du monde de traduire leurs engagements en actes concrets au risque de perdre toute crédibilité aux yeux de leurs concitoyens.. Il faut abandonner la rhétorique, a insisté le représentant, et s’embarquer dans des actions concrètes comme l’adoption de programmes de lutte contre la pauvreté économiquement viables, plus participatoires et plus rentables. Dans ce nouveau partenariat mondial, il faut garantir à l’être humain une place centrale en investissant dans le développement humain. Les programmes de lutte contre la pauvreté doivent être élaborés sur le terrain, en coopération étroite avec les populations concernées. Toutefois, compte tenu du manque de ressources des pays en développement, la coopération internationale et l’assistance demeurent des éléments fondamentaux, a conclu le représentant.

M. YAACOV AVRAHAMY (Israël), parlant en particulier de la sécurité alimentaire, a estimé que la solution réside dans le recours aux technologies améliorées de l’irrigation, de la fertilisation et des méthodes de protection des récoltes. Il est donc particulièrement important, a estimé le représentant, d’encourager les innovations dans l’agronomie, l’éducation ou la protection de l’environnement pour provoquer la révolution nécessaire dans le domaine des récoltes.

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Ces innovations conjuguées à la mise au point d’un système décentralisé d’entreposage des aliments pourraient contribuer à surmonter les problèmes logistiques ingérables connus aujourd’hui. Le représentant a ainsi annoncé qu’au cours des dix dernières années, le MASHAV, le Centre israélien pour la coopération, a exposé des prototypes dans différentes régions semi-arides du monde. Il s’agissait de montrer des nouvelles technologies et apprendre aux fermiers des régions moins développées des techniques agricoles plus modernes et plus efficaces.

A l’heure actuelle, Israël est en train de mettre au point un nouveau mini- arroseur et un système d'irrigation aux gouttes à gouttes qui nécessitent un niveau bien moins élevé de pression atmosphérique que les systèmes actuels. Cette invention peut conduire à la création de jardins agricoles individuels dans des petites régions et contribuer ainsi à une production alimentaire durable. Par ce système, les fermiers seront capables de construire une petite réserve d’eau et des installations d’entreposage. Le but est de révolutionner l’agriculture traditionnelle par la multiplication de jardins communautaires et individuels. A cet égard, Israël recherche la coopération des pays donateurs et des Nations Unies pour lancer un programme d’importance visant à organiser des présentations de prototypes dans les régions vulnérables. Ce concept serait ainsi l’étape initiale des efforts d’Israël de promouvoir des actions multidisciplinaires dans la lutte contre la pauvreté.

M. U AUNG HTOO (Myanmar) a déclaré que le Cadre intégré d’assistance au développement de l’Organisation des Nations Unies (UNDAF), et le Cadre stratégique de réduction de la pauvreté de la Banque mondiale permettront de traiter la question de la lutte contre la pauvreté de manière holistique et cohérente. L’efficacité des plans de réduction de la pauvreté a besoin de stratégies beaucoup plus coordonnées que par le passé. L’expérience des années écoulées a clairement démontré que la croissance économique à elle seule ne suffit pas à résoudre les questions liées à la pauvreté. C’est un problème complexe qui exige des réponses coordonnées et une approche multidimensionnelle. La réduction de la pauvreté doit résoudre la question de l’accès aux services sociaux et d’éducation. Les politiques de réduction de la pauvreté doivent renforcer les ressources humaines en faveur des pauvres, mettre à leur disposition des ressources, favoriser la création des petites et moyennes entreprises, promouvoir le microcrédit, stimuler l’agriculture et le développement rural, et assurer la sécurité alimentaire. Ces politiques doivent aussi assurer une meilleure répartition sociale des revenus et préserver l’environnement et les ressources naturelles. L’expansion du commerce international devrait promouvoir la croissance économique durable tout en mettant en oeuvre des plans de lutte contre la pauvreté. A notre avis, cette politique devrait ouvrir, sans obstacle, les marchés des pays riches aux produits des pays en développement, qui devraient aussi bénéficier de mesures leur permettant d’exploiter leurs avantages comparatifs dans les secteurs agricole et textile. Il est évident que l'IED joue un rôle important d’incitation au développement et à la croissance durable dans les pays du Sud. Mais les pays qui ne sont pas capables d’attirer des flux suffisants d’IED devraient, en compensation, bénéficier d’une APD conséquente, régulière et prévisible. A cela, il faudrait ajouter des actions énergiques de réduction et d’annulation de la dette. Le Myanmar prie à cet égard les pays développés de libérer les pays pauvres endettés du poids de la dette qu’ils leur doivent.

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M. HIDEAKI MARUYAMA (Japon) a déclaré que le nombre de personnes atteintes du VIH/sida avait plus que doublé en sept ans, passant de 15 millions en 1997, à plus de 33 millions aujourd’hui. Plus de 1,5 milliard des personnes vivant aujourd’hui n’atteindront sans doute pas l’âge de 60 ans. 340 millions de femmes n’atteindront pas 40 ans. 880 millions de personnes n’ont pas accès à des services de santé, et 2,6 milliards n’ont pas de service d’hygiène et de salubrité publique. Plus de 840 millions d’individus souffrent de la faim, dont 160 millions sont des enfants. Plus de 260 millions d’enfants sont démunis d’accès à l’éducation primaire et secondaire, et plus de 250 millions d’enfants et d’adolescents travaillent dans des conditions de quasi-esclavage. Nous continuons donc de vivre dans un monde de pauvreté et de grande inégalité. Quelque chose va très mal lorsque 1,3 milliard de personnes vivent avec moins d’un dollar par jour. Les maladies, les pandémies et les conflits ont porté des coups fatals aux perspectives de développement de nombreuses régions du monde.

Concernant le VIH/sida, il affecte la vie de 22 millions de personnes sur le seul continent africain, qui est le plus affecté, et requiert une attention spéciale de la communauté internationale. Si l’Afrique veut espérer réduire de moitié son nombre de pauvres d’ici à l’an 2015, elle doit connaître, au minimum, un taux de croissance annuelle de 7% durant une période d’une ou deux décennies, ce qui semble impossible dans les conditions actuelles. C’est pourquoi le Gouvernement du Japon demande à la communauté internationale de redoubler d’efforts dans son assistance à l’Afrique. Les individus étant les principaux acteurs du changement social et économique, le Japon met, par conséquent, un accent majeur sur la question de la sécurité humaine. Nous demandons aux Nations Unies de travailler plus étroitement avec les institutions de Bretton Woods, notamment dans leur cadre stratégique de réduction de la pauvreté pour, de manière plus coordonnée, faciliter une coopération plus productive avec le secteur privé au niveau des pays. Dans le même ordre d’idées, nous demandons à l’Organisation des Nations Unies de promouvoir la coopération avec les donateurs bilatéraux. Ces demandes et recommandations entrent dans le cadre de la coopération bilatérale à plusieurs niveaux, que soutient le Japon, pour promouvoir des politiques axées sur l’obtention de résultats au niveau international.

Mme JELENA PIA COMELLA (Andorre) s’est félicitée des résultats du Sommet du G-8 à Okinawa en juillet 2000 concernant l’Initiative en faveur des pays pauvres très endettés (PPTE) qu’elle a qualifiés de pas positif vers la réduction de la pauvreté. Elle a jugé important que toute politique de lutte contre la pauvreté cible les femmes parce qu’à long terme, la réduction de la féminisation de la pauvreté renforcera le niveau de production et permettra ainsi le développement durable. Elle permettra en outre, a ajouté la représentante, d’alléger la pauvreté des enfants et de briser ainsi le cercle vicieux de la misère. La représentante a conclu en souhaitant que les analyses sur la pauvreté tiennent compte des paramètres non monétaires, à savoir les conflits, les pandémies et l’érosion de l’environnement. Ceci est d’autant plus important, a-t-elle estimé, que ces facteurs ont une incidence réelle sur la pauvreté et partant, sur la pertinence des prévisions statistiques en la matière.

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M. OUCH BORITH (Cambodge) a déclaré que la réduction de la pauvreté et la promotion de la sécurité alimentaire en vue de protéger les groupes les plus vulnérables de sa population étaient les priorités du Gouvernement du Royaume du Cambodge. Pour atteindre ces objectifs, le Cambodge a mis en place une stratégie triangulaire dont les piliers sont la paix et la stabilité, l’intégration du Cambodge au sein de la communauté internationale et le développement et la réforme de ses structures fiscales, administratives et judiciaires. La paix et la sécurité étant désormais rétablies, le Cambodge poursuit les efforts qui doivent mener à sa pleine réintégration dans la communauté des nations et doivent créer sur le plan intérieur le cadre administratif et politique le mieux adapté au développement durable. La lutte contre la pauvreté, à laquelle est largement associée la population du pays, doit d’abord identifier les liens entre vulnérabilité économique et pauvreté, pour ensuite résoudre les problèmes qui posent des obstacles au développement durable. L’accès foncier et la propriété de la terre, le développement foncier du milieu urbain et le logement constituent à l’heure actuelle les problèmes les plus urgents à résoudre.

Mme LAURA CRUZ (El Salvador) a estimé que malgré le renouvellement des engagements pris par la communauté internationale, les progrès insuffisants observés aujourd’hui mettent en relief la nécessité de déployer des efforts concertés pour réaliser les objectifs relatifs à l’élimination de la pauvreté. Faisant part des mesures prises par son pays et des résultats encourageants, la représentante a indiqué que les progrès envisagés ont été compromis par les différentes crises économiques et financières externes. Elle s’est félicitée des recommandations du Secrétaire général visant à mettre la mondialisation au service du développement humain. La représentante a, dans ce cadre, plaidé pour le transfert de l’information et de la technologie, l’accroissement de l’IED et l’élargissement de l’accès aux marchés internationaux. Elle a toutefois reconnu la nécessité, au niveau national, de mettre en oeuvre des politiques adéquates qui doivent être appuyées par un environnement externe favorable. La représentante a voulu le renforcement de la coopération entre l’ONU, les institutions de Bretton Woods et la société civile qui, selon elle, contribuera à la recherche de moyens efficaces pour réaliser l’objectif de l’élimination de la pauvreté.

M. L. B. LUKWIYA (Ouganda) a estimé que les efforts de la communauté internationale et de la Deuxième Commission devraient s’orienter vers l’élimination des souffrances des populations qui subissent la pauvreté, et qu’ils devraient progressivement réduire l’impact de ce phénomène en vue de l’éliminer totalement à moyen ou long terme. Pour atteindre cet objectif, il convient d’éliminer les causes de la pauvreté qui sont à la fois internes et externes par nature. A cet égard, la mise en oeuvre de la première Décennie des Nations Unies pour l’élimination de la pauvreté doit recevoir toute l’attention dont elle a besoin aussi bien au niveau national qu’international. Au niveau national, a estimé le représentant, les gouvernements doivent faire preuve de beaucoup plus de détermination et d’engagement dans la mise en oeuvre des politiques économiques et sociales, en créant des cadres favorables à la croissance économique et à la transformation structurelle. Ils doivent mettre en place les moyens d’une meilleure gouvernance et de la sécurité à travers la démocratisation, tout en améliorant la transparence et la qualité des prestations publiques rendues à la population. Ils doivent aussi prendre des mesures pour améliorer la capacité des pauvres et des groupes vulnérables à améliorer leurs revenus et à moderniser en particulier l’agriculture. Enfin, les pays doivent améliorer la qualité de leur éducation et en favoriser l’accès aux pauvres.

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Au niveau international, des mesures devraient être prises en vue de réduire ou d’annuler la dette, et le niveau de l’APD devrait être relancé à la hausse. L’amélioration de l’accès aux marchés des pays riches des produits des pays pauvres et un renforcement à cet égard des règles de l’OMC, sont également indispensables, de même qu’un renforcement de l’assistance à la lutte contre le VIH/sida, et une redéfinition du rôle des Nations Unies dans le soutien au développement économique et social.

M. DENNIE M. J. WILSON (Saint-Vincent-et Grenadines) au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), a estimé que l’efficacité de la lutte contre la pauvreté exige différentes mesures. Il a estimé qu’en matière d’éducation et de santé, il convient de procéder à des investissements dans les ressources humaines, lesquels doivent être accompagnés par des interventions du gouvernement pour s’assurer que les ressources publiques servent à offrir des subventions aux groupes les plus vulnérables. Le représentant a jugé important de corriger les politiques de l’emploi pour élargir l’accès au marché du travail par des programmes de formation et d’autres schémas incitatifs. Pour le représentant, une attention particulière doit aussi être accordée à la nécessité de combler le fossé entre hommes et femmes en matière d’emploi. Il a souligné l’importance qu’il y a à intégrer une dimension sexospécifique dans les politiques de l’emploi et dans les budgets nationaux. Le représentant a jugé utile de mettre en place des programmes spéciaux pour renforcer les compétences des jeunes qu’il a identifiés comme les premières victimes de la pauvreté. Les réformes économiques et sociales mises en oeuvre par les pays des Caraïbes, a poursuivi le représentant, ont donné des résultats mitigés en ce que la performance économique de ces pays n’est pas seulement tributaire de leurs structures économiques mais aussi de leur vulnérabilité aux catastrophes naturelles. Le représentant a conclu en soulignant que deux éléments convergent lorsqu’il s’agit d’améliorer la condition des populations pauvres. Il s’agit de la création d’emplois et de la préparation de ces populations à entrer dans les rangs de la population active. Partant, les stratégies ne doivent pas seulement se fonder sur les politiques macroéconomiques mais aussi sur la nécessité d’intégrer les politiques de l’emploi dans le cadre macroéconomique.

M. TAPAS ADHIKARI (Népal) a déclaré que les pays les moins avancés, et notamment les pays enclavés sans littoral, devraient bénéficier de quotas préférentiels et d’un accès libre de leurs produits, sans aucun contingentement, aux marchés des pays riches et développés. Il est également souhaitable, a dit M. Adhikari, que les plus avancés des pays en développement se montrent plus ouverts envers les pays les moins avancés en vue de leur fournir une aide dans les domaines, et ils existent, où ils peuvent le faire. La coopération étant une donnée importante du développement, il serait nécessaire que la communauté internationale facilite les processus de collaboration et d’union régionales dans lesquels se lancent de nombreux pays du Sud. En Asie du Sud, les initiatives prises en ce sens devraient recevoir un soutien à la fois financier et technique de la part des pays développés et des institutions internationales. La délégation du Népal tient d’autre part à affirmer son soutien à la tenue de la prochaine conférence internationale sur les pays les moins avancés et exprime l’espoir qu’elle place dans l’organisation de l’évènement international sur le financement du développement qui doit avoir lieu en 2001.

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M. DAUDI N. MWAKAWAGO (Tanzanie) a souligné que dans de nombreux pays en développement, en particulier dans les pays les moins avancés (PMA), la pauvreté trouve son origine dans le sous-développement. Dans ces pays, a poursuivi le représentant, la pauvreté a été perpétuée par l’impact de la dette extérieure, de la baisse des ressources et de la détérioration des termes de l’échange. De plus, la mondialisation et la libéralisation de l’économie, par la marginalisation qu’elles ont créée, sont venues exacerber la pauvreté, en particulier dans les PMA. Dans ces conditions, l’objectif de réduire la pauvreté de moitié d’ici à l’an 2015 est apparue aux yeux du représentant, presque impossible. Compte tenu des besoins des pays en développement et des PMA, le représentant a appelé les Nations Unies et la communauté des donateurs à accroître l’assistance technique et financière aux pays pauvres. Il a, dans ce cadre, souligné l’importance que garde l’APD pour les efforts de développement et regretté son déclin actuel.

Si le représentant s’est félicité de l’Initiative PPTE, il a toutefois souligné la nécessité d’alléger ses conditionnalités pour permettre une adhésion plus rapide des pays. Il a souhaité que la mise au point de cette Initiative ne vienne pas retarder la recherche de solutions globales et durables à la question de la dette, en particulier l’adoption de mesures d’annulation de la dette. Les efforts des pays en développement pour améliorer la production de leurs biens et services doivent s’accompagner de mesures visant à améliorer les termes de l’échange et l’accès aux marchés internationaux, a dit le représentant avant d’insister sur le fait qu’au cours de ces dernières années, l’Afrique a appliqué des mesures d’ajustement sructurel et de création d’un environnement favorable à l’investissement et d’inviter les investisseurs potentiels et les partenaires du développement à tirer parti de cette situation.

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