AG/EF/328

LA BONNE GOUVERNANCE CONJUGUEE A UNE ASSISTANCE FINANCIERE SOUTENUE CONTRIBUERA A LA LUTTE CONTRE LA PAUVRETE

25 octobre 2000


Communiqué de Presse
AG/EF/328


LA BONNE GOUVERNANCE CONJUGUEE A UNE ASSISTANCE FINANCIERE SOUTENUE CONTRIBUERA A LA LUTTE CONTRE LA PAUVRETE

20001025

Le principal problème des pays en développement dans la lutte contre la pauvreté est celui du financement du développement, souligne le Secrétaire général dans son rapport qu'examine la Commission économique et financière (Deuxième Commission) dans le cadre de la mise en oeuvre de la première Décennie des Nations Unies pour l’élimination de la pauvreté (1997-2006). Pour sortir de la pauvreté absolue le cinquième de la population mondiale et réaliser ainsi l’objectif visant à réduire de moitié la population pauvre d’ici à 2015, des solutions devront être trouvées de façon à inverser la tendance au déclin de l’Aide publique au développement (APD) et à redresser les déséquilibres dans la répartition des flux de l’investissement étranger direct (IED), ont suggéré un ensemble de délégations dont le Nigéria, qui, au nom du Groupe des 77 et de la Chine, a observé que la pauvreté se généralise dans le monde, en particulier en Afrique. Il a cité le Secrétaire général, qui a indiqué, dans son rapport que l’APD ne représente plus actuellement que 0,2% du produit intérieur brut (PIB) des pays donateurs alors même que l’objectif convenu est de 0,7% du produit national brut (PNB). S’agissant de l’IED, il se concentre dans quelque 20 pays d’Asie du Sud-Est, d’Amérique latine et des pays à économie en transition qui ont reçu à eux seuls 83% des 177 milliards de dollars que représente ce type d’investissement.

En plus des problèmes liés au déclin de l’APD et à la mauvaise répartition de l’IED, le poids de la dette, l’absence d’épargne nationale et la dégradation des termes de l’échange qui compromettent l’investissement dans le développement social, ont également été évoqués par les délégations des pays du Sud. Le représentant de la France a estimé, au nom de l’Union européenne, que l’initiative 20/20 peut assurer l’accès le plus large aux services sociaux de base, en soulignant que la mise en oeuvre de ce concept, qui suppose l’appui de la communauté internationale, relève de la responsabilité des pays bénéficiaires auxquels il revient d’établir une planification de l’affectation des ressources. Plaidant pour la création d’un environnement externe favorable au développement de l’investissement productif, le représentant a, en ce qui concerne l’environnement interne, renouvelé l’attachement de l’Union européenne à la bonne gouvernance notamment la saine gestion des affaires publiques, le respect des droits humains et de l’Etat de droit, la démocratisation des institutions, la transparence, l’obligation de rendre des comptes dans la gestion des affaires publiques et la participation des citoyens à la prise des décisions qui les concernent. Cette démarche a été appuyée par la Norvège qui a souligné que l’assistance au développement et le financement du développement resteront vains si les pays en développement ne font pas montre de la volonté politique et de la détermination nécessaires pour sortir les populations pauvres de leur condition. La Tunisie a renouvelé sa proposition, appuyée par les pays du Sud, de créer un Fonds mondial de solidarité qui fera l'objet d'un projet de résolution.

(à suivre - 1a) - 1a - AG/EF/328 25 octobre 2000

Outre les délégations citées, les représentants des pays suivants ont pris la parole : Bangladesh, Colombie, au nom du Groupe de Rio, Botswana et Ethiopie ainsi que le représentant du Programme alimentaire mondial (PAM).

La Commission a également été saisie d’un projet de résolution sur le renforcement de la complémentarité des instruments internationaux relatifs à l’environnement et au développement durable, qui a été présenté par la Fédération de Russie.

La Commission poursuivra l’examen de la mise en oeuvre de la Décennie pour l’élimination de la pauvreté cet après-midi à 15 heures.

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ENVIRONNEMENT ET DEVELOPPEMENT DURABLE

La Commission a été saisie d’un projet de résolution sur le renforcement de la complémentarité des instruments internationaux relatifs à l’environnement et au développement durable (A/C.2/55/L.11) engageant les conférences des parties et les secrétariats permanents de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques, de la Convention sur la diversité biologique et de la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification ainsi que les organisations compétentes et tout spécialement le Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE) à resserrer leur coopération pour favoriser les progrès dans la mise en oeuvre des dites conventions aux niveaux international, régional et national. Le texte engage en outre les conférences des parties et les secrétariats permanents à combiner les dates de leurs sessions et de celles de leurs organes subsidiaires.

Présentant ce projet de résolution, le représentant de la Fédération de Russie a souligné que le texte s’inscrit dans le cadre de deux résolutions que l’Assemblée générale a adoptées lors de ses deux précédentes sessions. Le texte vise à favoriser les synergies dans la mise en oeuvre des instruments internationaux pour qu’elle puisse aboutir aux résultats escomptés. Le texte contient une suggestion pratique, a ajouté le représentant, concernant l’harmonisation des dates des sessions des conférences des parties et des secrétariats permanents. Ceci vise à permettre aux gouvernements de se préparer dûment à ces travaux, a dit le représentant avant d’émettre l’espoir que ce projet sera largement appuyé et d’exprimer sa disposition à engager un dialogue constructif avec tous les pays intéressés.

Intervenant à la suite de cette présentation, le représentant de la France s'exprimant au nom de l'Union européenne a apporté un ferme appui aux dispositions contenues dans le projet et a annoncé la décision de l'Union européenne de s'en porter coauteur.

MISE EN OEUVRE DE LA PREMIERE DECENNIE DES NATIONS UNIES POUR L'ELIMINATION DE LA PAUVRETÉ (1997-2006) (A/55/407)

Le rapport du Secrétaire général présente la suite donnée aux mesures, recommandations et activités s'inscrivant dans le cadre de la première Décennie des Nations Unies pour l'élimination de la pauvreté et comporte une étude approfondie de l'impact de la mondialisation sur l'élimination de la pauvreté. Le Secrétaire général y décrit les progrès réalisés dans la lutte contre la pauvreté à l'échelle mondiale depuis le sommet mondial pour le développement social, en soulignant la nécessité de déployer des efforts mieux coordonnés et plus soutenus afin de l'éradiquer. Le thème intitulé "La mondialisation et l'élimination de la pauvreté", est également examiné dans le contexte des effets de la mondialisation sur les pays les moins avancés en particulier les différentes initiatives à prendre tant au niveau national qu'international, afin de permettre aux pays en développement de tirer un meilleur parti de la mondialisation.

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Le rapport, dans ses conclusions, stipule entre autres que l'un des principaux défis lancés aux responsables de l'économie mondiale dans les années à venir sera de parvenir à conserver les aspects positifs de la mondialisation des marchés tout en assurant une répartition plus équitable de ses bienfaits. Il est généralement admis que la mondialisation pourrait avoir des effets positifs sur la lutte contre la pauvreté, si des mesures rigoureuses étaient prises aux niveaux national et international. Ces mesures devraient notamment faire en sorte que le commerce apporte une contribution plus importante à la lutte contre la pauvreté dans les pays en développement. Les nouveaux débouchés commerciaux, qui pourraient être créés par une plus grande ouverture des marchés des pays riches aux produits des pays en développement, devraient aussi être complétés par des programmes opérationnels, une assistance technique, et des ressources en vue du développement. L'éducation et la formation peuvent aussi jouer un rôle clef en aidant les pays à relever les défis de la mondialisation de manière à assurer une croissance économique soutenue, à favoriser la création d'emplois, à réduire les inégalités et à démarginaliser les femmes. Les pauvres doivent recevoir une meilleure éducation en vue de pouvoir mieux s'adapter aux mesures de libéralisation en étant plus mobiles, est-il souligné dans le rapport.

La Commission a également été saisie d’une lettre adressée au Président de l’Assemblée générale par le Représentant permanent du Nigéria auprès de l’ONU et transmettant la Déclaration et le Programme d’action adoptés par le Sommet du Sud du Groupe des 77, réuni à la Havane du 10 au 14 avril 2000 (A/55/74). Elle a aussi été saisie d’une série de lettres adressées au Secrétaire général par les Représentants permanents de l’Egypte et de l’Indonésie et transmettant le texte du communiqué commun du dixième Sommet des chefs d’Etats et de gouvernement du Groupe des quinze, tenu au Caire les 19 et 20 juin (A/55/139-E/2000/93); par le Chargé d’affaires par intérim de la Mission permanente du Japon auprès de l’Organisation des Nations Unies et transmettant le communiqué de la réunion au sommet du G-8, tenu à Okinawa du 21 au 23 juillet 2000 (A/55/257-S/2000/766); par le Représentant permanent de la Mongolie auprès de l’Organisation des Nations Unies et transmettant le Mémorandum du Gouvernement mongol sur le renforcement du rôle de l’ONU dans la défense des intérêts des petits Etats en matière de sécurité (A/55/310); ainsi que par le Représentant permanent du Brésil auprès de l’Organisation des Nations Unies et transmettant le texte du communiqué et du projet d’action adoptés par les présidents des pays d’Amérique du Sud lors de la réunion de Brasilia les 31 août et 1er septembre 2000 sur l’intégration des infrastructures régionales en Amérique du Sud (A/55/375).

Débat général

M. SERGE TOMASI (France) a déclaré, au nom de l’Union européenne et des pays associés, que l’Union européenne affirme son attachement aux dispositions et aux engagements de la Déclaration du millénaire relatifs à l’élimination de la pauvreté et à l’organisation d’une réunion intergouvernementale de haut niveau consacrée au financement du développement. L’impact social et économique négatif des multiples conflits, les catastrophes naturelles et le déclin des cours des produits de base doivent être soulignés comme cause d’aggravation de la pauvreté en Afrique. L’Union européenne est particulièrement inquiète de l’impact dramatique de la pandémie du VIH/sida, notamment en Afrique subsaharienne et de ses effets sur l’expansion de la pauvreté. Elle soutient le projet de convoquer une session extraordinaire de l’Assemblée générale sur ce sujet.

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Beaucoup reste à faire pour atteindre l’objectif, réaffirmé par la communauté internationale à la session extraordinaire “Copenhague+5” et dans la Déclaration du millénaire, de la réduction de moitié de la population vivant dans la pauvreté d’ici à 2015. Concernant l’accès aux services sociaux de base, l’Union européenne est d’avis que l’initiative 20/20, telle que définie lors des conférences d’Oslo en 1996 et de Hanoi en 1998, peut efficacement l’améliorer. La mise en oeuvre de ce concept, qui suppose l’appui de la communauté internationale, relève en premier lieu de la responsabilité des pays bénéficiaires auxquels il revient d’établir une planification de l’affectation des ressources. L’Union européenne pense, à cet égard, que tous les pays donateurs devraient accentuer leurs efforts en vue d’atteindre l’objectif de 0,7% du PNB versé à l’Aide publique au développement (APD).

L’Union européenne considère d’autre part que les politiques économiques doivent viser à renforcer les capacités de production des pauvres, à travers notamment la promotion d’activités économiques créatrices d’emplois et de mesures assurant aux pauvres un accès aux moyens de production; à assurer une distribution équitable des revenus et de plus larges opportunités de choix aux populations les plus déshéritées, et enfin, à préserver l’environnement. Nous pensons que le secteur privé devrait être plus fermement impliqué dans la lutte contre la pauvreté. Il est nécessaire, à cet effet, d’augmenter l’investissement étranger direct (IED) dans les pays en développement et dans les PMA, notamment d’Afrique. L’Union européenne pense aussi qu’il faut favoriser la création d’un environnement interne et externe favorable au développement de l’investissement productif pouvant soutenir une croissance économique forte. C’est l’une des raisons de notre plaidoyer pour une bonne gouvernance, notamment la saine gestion des affaires publiques, le respect des droits de l’homme et de l’Etat de droit, la démocratisation des institutions et la transparence. L’union européenne reconnaît que le poids de la dette obère l’action des pays en développement les plus démunis contre la pauvreté. L’Initiative PPTE renforcée est un élément essentiel de lutte contre la pauvreté, en vue d’atteindre un développement durable. Nous appelons les pays éligibles à prendre les mesures politiques et économiques nécessaires pour entrer dans ce processus, et lançons un appel aux pays créanciers qui ne l’ont pas encore fait à participer au financement de l’Initiative dans le cadre d’un partage équitable du fardeau. La Déclaration du Millénaire rappelle la nécessité de s’attacher à “promouvoir l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes, en tant que moyen efficace de combattre la pauvreté, la faim, la maladie et de promouvoir un développement durable”. La lutte contre la pauvreté exige que les hommes et les femmes travaillent ensemble dans le cadre de politiques d’équité.

M. ANWARUL KARIM CHOWDHURY (Bangladesh) a souligné que la pauvreté est un phénomène complexe et qu'il a été établi qu'elle ne concerne pas seulement le niveau des revenus et de la consommation mais aussi le niveau d’accès à l’éducation, à la santé, à l’alimentation et à d’autres domaines du développement humain. Les pays en développement, et les pays les moins avancés (PMA) en particulier, font face à des difficultés énormes devant ce fléau. Ces pays, a expliqué le représentant, ont trop de priorités qui se font concurrence.

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Ainsi des ressources ne peuvent être consacrées à un secteur sans que cela n’affecte un autre secteur tout aussi important. Les “promesses” de l’élimination de la pauvreté par la stabilisation et les programmes d’ajustement structurel n'ont jamais été tenues, a ajouté le représentant qui a souligné le besoin urgent pour la communauté internationale de renouveler son engagement en faveur de la lutte contre la pauvreté et faire montre de la volonté politique nécessaire.

Dans la lutte contre la pauvreté, la croissance est un facteur important mais elle ne peut seule garantir une victoire, compte tenu de la complexité et la nature multidimensionnelle de la condition de pauvreté. De nombreuses ramifications sociales existent qui contribuent à rendre plus tortueuse la spirale de la pauvreté, a dit le représentant, qui a souligné en outre les conclusions du rapport du Secrétaire général sur la question. Il a mis l'accent sur la nécessité de protéger les populations vulnérables par des efforts bilatéraux et multilatéraux, entre autres l'ouverture des marchés par des programmes opérationnels, le renforcement de l'assistance technique et des ressources en vue du développement ainsi que l'investissement dans le développement.

M. ALFONSO VALDIVIESO (Colombie) a déclaré, au nom des Etats membres du Groupe de Rio, que le Groupe souligne le besoin de mettre l’accent sur le développement et ses aspects purement économiques. Le Groupe pense que la communauté internationale doit donner à la notion de développement un aspect beaucoup plus humain qu’elle ne l’a fait par le passé. La nouvelle définition et les nouvelles politiques qui devraient accompagner ce concept devraient pleinement inclure les notions d’exercice par les peuples et les nations de leurs droits civiques, politiques, culturels et économiques. Les efforts déployés par le Groupe et les autres pays en développement pour la lutte contre la pauvreté devraient être soutenus par la mise en place d’un environnement économique et financier plus favorable, qui serait le pilier d’une nouvelle dimension internationale du droit au développement. Nous proposons en conséquence, pour lutter contre les différents aspects et dimensions de la pauvreté, que chaque point examiné dans l’ordre du jour de cette Commission comporte un aspect visant la lutte contre la pauvreté. La pauvreté étant aggravée dans notre région par les conséquences d'El Niño, nous demandons que la communauté internationale fasse preuve davantage de solidarité envers les pays du Groupe de Rio pour les aider à faire face aux désastres occasionnés par les catastrophes naturelles.

M. JOSTEIN LEIRO (Norvège) a souligné la nécessité d’augmenter l’APD et de réaliser l’objectif consistant à y consacrer 0,7% du PNB. Il a souligné la nécessité de créer un environnement international favorable à l’investissement et au commerce et au niveau national, celle de mettre en place des cadres institutionnels et juridiques pour promouvoir l’investissement domestique et étranger. Il a plaidé pour des partenariats entre les secteurs public et privé en soulignant toutefois que tout effort de la communauté internationale en faveur du développement et de l’élimination de la pauvreté restera vain en l’absence d’une bonne gouvernance au niveau national.

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M. Leiro s’est félicité des Stratégies de lutte contre la pauvreté qui devraient contribuer à une meilleure utilisation des ressources. Il a souligné, dans ce cadre, que les partenaires doivent être autorisés à élaborer leurs stratégies à un rythme conforme à leur évolution. Il est clair, a encore dit le représentant, que le VIH/sida est devenu un problème de développement. Il a annoncé l’intention de son pays de doubler ses contributions en la matière. L’assistance au développement et le financement du développement, a conclu le représentant, ne peuvent venir qu'en complément des efforts nationaux. Le facteur le plus important est la volonté politique et la détermination des pays concernés à améliorer la condition des populations pauvres.

M.SAID BEN MUSTAPHA (Tunisie) a déclaré que le Président tunisien, M. Zine EL Abidine Ben Ali, a affirmé que “la pauvreté est l’un des plus grands défis auxquels se trouve confrontée la conscience universelle, tant il est vrai que la persistance de déséquilibres excessifs est en contradiction morale flagrante avec le progrès que nous connaissons dans tous les domaines, tout comme avec les nobles idéaux que nous nous employons tous à consacrer dans le monde”… C’est dans ce contexte que le chef d’Etat tunisien a lancé un appel à la communauté internationale pour la mise en place d’un “Fonds mondial de solidarité” qui devrait contribuer au traitement du fléau de la pauvreté et à l’allègement des effets de la faim et du dénuement dont souffrent des millions d’êtres humains. La Tunisie appelle à la création de ce Fonds qui ne se substituerait pas à l’action de la communauté internationale en matière d’éradication de la pauvreté, mais viendrait plutôt la compléter. Cet appel a déjà reçu l’appui des pays de l’Organisation de l’unité africaine, de l’Organisation de la conférence islamique, de la Ligue arabe, du Sommet du Sud réuni à la Havane, du Mouvement des pays non alignés, et du premier Sommet Euroafricain réuni au Caire en avril dernier. Notre délégation a élaboré sur cette question un projet de résolution que vient d’adopter le Groupe africain et qui sera présenté à la Commission après son adoption par le Groupe des 77. Nous considérons que la gestion de ce Fonds doit s’opérer dans le respect des principes de la transparence, de l’efficience et de la souplesse. Déterminées en fonction des priorités des pays bénéficiaires, les interventions de ce Fonds tiendront compte de la participation active de la société civile, et nous proposons que le Fonds s’appuie sur les structures administratives du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), dont le réseau est très développé dans les pays en développement.

Mme EMOLEMO MORAKE (Botswana), au nom de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC), a souligné qu’en Afrique les problèmes liés au retard technologique, au manque d’IED et à la dette extérieure persistent en dépit des engagements que la communauté internationale a pris lors des conférences des Nations Unies. Parlant de l’impact du VIH/sida dans la région d’Afrique australe, la représentante a fait part des efforts déployés en soulignant toutefois la nécessité pour la communauté internationale de les appuyer par l’apport de ressources financières additionnelles dans les secteurs de la santé et de l’éducation, domaines essentiels pour la prévention de l’épidémie. L’élimination de la pauvreté n’est pas un processus facile, a poursuivi la représentante, et ne peut être dissociée de la question générale du développement socioéconomique. Rendant compte des efforts entrepris en la matière dans la région d’Afrique australe, la représentante a insisté sur la nécessité pour ces efforts d’être complétés par des mesures pratiques pour combler les lacunes financières. Elle s’est dit préoccupée par le déclin de l’APD malgré l’augmentation des besoins en matière de développement et l’impact croissant de ce type d’aides sur l’élimination de la pauvreté.

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M. DANIEL T. TAYE (Ethiopie)a déclaré que l’Afrique est le continent le plus affecté par la pauvreté et que 300 millions d’Africains, soit presque la moitié de la population du continent, vivent avec 65 centimes par jour, soit moins d’un dollar, et que le manque sévère de capacités d’éducation, de structures de santé, et de moyens et de ressources alimentaires et nutritionnelles, peut faire craindre une aggravation de ce fléau. Bien qu’il soit accepté que les gouvernements nationaux sont les premiers responsables de leurs politiques économiques, qui doivent être stables et propices à la croissance, le soutien international reste indispensable à la création d’un environnement économique stable et favorable à la véritable éradication de la pauvreté. Nous lançons un appel aux pays développés pour qu’ils augmentent le niveau de l’APD en direction des pays d’Afrique, et notamment les moins avancés. Nous leur demandons de favoriser un règlement définitif de la question de la dette, et nous demandons à ceux qui ne l’ont pas encore fait de contribuer au fonds de l’Initiative PPTE. Les fonds et programmes des Nations Unies ont un rôle essentiel à jouer dans la lutte contre la pauvreté. Leurs avantages comparatifs et leurs mandats leur donnent des possibilités d’actions indispensables à nos pays. Nous leur demandons d’intensifier les efforts qu’ils déploient déjà sur le terrain. En ce qui la concerne, l’Ethiopie a engagé des actions prioritaires contre la pauvreté. Des mesures de décentralisation, de démocratisation, de réduction et de rationalisation des dépenses gouvernementales, ont été lancées. Jointes à la mise en place des structures d’une économie de marché, ces initiatives ont créé un cadre et un environnement propices à la lutte contre la pauvreté et favorable à la croissance. Notre Gouvernement demande que ces stratégies reçoivent un appui plus substantiel de la communauté internationale.

M. I. B. MOHAMMED (Nigéria), au nom du Groupe des 77 et de la Chine, a souligné qu’un cinquième de la population mondiale continue de vivre dans l’extrême pauvreté et que l’Afrique présente en la matière une image pathétique. Globalement, tous les indicateurs sociaux et économiques de l’Afrique ont baissé. De surcroît, la pandémie du VIH/sida est venue décimer la base productive de la population du continent. Cela est d’autant plus préoccupant que dans le même temps, les pays industrialisés ont connu une croissance économique et une richesse sans précédent. L’absence d’une action internationale déterminée a fini par faire de la pauvreté la plus grande menace à la paix et à la sécurité à l’aube du nouveau millénaire. Pour le Groupe des 77 et la Chine, la pauvreté est en effet la violation la plus flagrante des droits de l’homme et du droit au développement. Au nombre des obstacles à l’élimination de la pauvreté dans les pays en développement, le représentant a cité, entre autres, le manque de ressources financières aux fins de développement; la dégradation des termes de l’échange; le poids de la dette extérieure; l’analphabétisme; le chômage, les lacunes du système de gouvernance; ainsi que les inégalités dans l’accès aux revenus et à la protection sociale qui constituent autant de problèmes qui aggravent la mondialisation.

Le représentant a assigné à la communauté internationale la tâche de partager équitablement les bénéfices de la mondialisation en matière de commerce, d’investissements et de flux d’informations. Les pays développés, a-t-il poursuivi, doivent respecter leurs engagements en ce qui concerne l’APD, les flux des ressources financières vers les pays en développement et règlement du problème de l'endettement.

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Il est également utile de procéder à la réforme du système financier international pour réduire l’impact de la volatilité des capitaux, améliorer la transparence du système financier et encourager la participation des pays en développement dans les processus de prise de décisions des institutions financières internationales. Les prochaines conférences sur les PMA et le financement du développement devraient contribuer à redresser la tendance actuelle par l’adoption de mesures concrètes susceptibles d’encourager la croissance économique et le bien-être social des pays en développement.

M. RAOUL CABRAL, Programme alimentaire mondial (PAM), a déclaré que le monde était loin de l’objectif, assigné par le Sommet de l’alimentation de Rome en 1996, de réduire de moitié en 2015 le nombre de personnes souffrant de la faim. 800 millions de personnes ont encore faim dans le monde, soit 13% de la population mondiale. Les statistiques concernant les enfants sont les plus troublantes. On estime que 192 millions des enfants du monde souffrent de carences alimentaires chroniques, et que chaque jour 11 000 enfants meurent de faim, soit un enfant toutes les 8 secondes. Selon la Banque mondiale, les pertes de productivité causées par la malnutrition s’élèvent environ à 46 millions d’années de vie productive chaque année. La faim aggrave et est aggravée par l’instabilité sociale et politique. Un développement qui n'assure pas la sécurité alimentaire pour tous, et spécialement pour les femmes et les enfants, est un développement sans fondation solide et durable. La lutte contre la faim est donc le premier obstacle à surmonter dans la lutte contre la pauvreté.

Selon l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), il faudrait consacrer 6 milliards de dollars par an, en plus de l’APD actuelle, à la sécurité alimentaire, pour espérer réduire de moitié le nombre de personnes souffrant de la faim dans le monde d’ici à 2015. Dans une étude sur la même question, l’Agence pour le développement international des Etats-Unis (USAID) estime que l’investissement annuel nécessaire serait seulement de 2,6 milliards de dollars par an. Il est étrange de savoir que malgré cette situation, et malgré la chute de l’APD, seul un quart de cette aide au développement est dirigée vers les pays les plus pauvres où vivent pourtant le plus grand nombre de pauvres et de sous-alimentés. Dans un environnement international caractérisé par de nombreuses guerres civiles et des conflits locaux, le PAM a aidé, en 1999, 29 millions de personnes victimes de conflits civils et politiques et en danger de famine, à survivre. Il ne serait pas conforme aux normes morales d’oublier ces populations et toutes celles qui connaissent la faim dans le monde, un monde qui ne peut envisager d’avenir sans nuage tant que certaines de ses composantes humaines connaîtront les affres de la malnutrition.

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