AG/EF/326

LES PAYS DU SUD DEMANDENT QUE LEUR DROIT A L'ACCES AUX NOUVELLES TECHNOLOGIES DE L'INFORMATION ET DE LA COMMUNICATION SOIT RECONNU

23 octobre 2000


Communiqué de Presse
AG/EF/326


LES PAYS DU SUD DEMANDENT QUE LEUR DROIT A L'ACCES AUX NOUVELLES TECHNOLOGIES DE L'INFORMATION ET DE LA COMMUNICATION SOIT RECONNU

20001023

La mondialisation devra s'accompagner de mesures permettant de la rendre plus humaine et plus bénéfique à tous les individus, ont estimé la majorité des délégations ayant pris part, ce matin, à l’examen, par la Commission économique et financière (Deuxième Commission), du point de son ordre du jour relatif à la mondialisation et à l’interdépendance. C'est ainsi que le représentant de la France, au nom de l’Union européenne, a observé que les politiques en la matière devraient se fonder sur un environnement interne et externe favorable à la mise en place d’une croissance économique forte et de mesures sociales bénéfiques aux populations les plus pauvres. L'Union européenne attache beaucoup d’importance à une bonne gouvernance caractérisée par la transparence et la participation, a-t-il souligné. L’Union européenne plaide pour une approche équilibrée des enjeux de la mondialisation intégrant les dimensions sociale, humaine et environnementale du développement, qui est essentielle à la poursuite du dialogue entre pays du Nord et du Sud, a ajouté le représentant.

Pour le Pakistan, la mondialisation et le mouvement des capitaux, dans leur forme actuelle, ne sont que le triomphe du capital sur le travail, une forme de nouveau colonialisme qui voit les gouvernements des pays riches négocier durement en faveur de leurs entreprises multinationales dans le but de leur assurer des gains et des profits substantiels au dépens des pays en développement. Le Nigéria, par son représentant qui est intervenu au nom du Groupe du Groupe des 77 et de la Chine, a insisté pour qu’une solution urgente soit trouvée au problème de la fracture numérique qui divise le Nord et le Sud et contribue à l'élargissement des écarts et des inégalités dans la répartition des bénéfices de la mondialisation. Rappelant les constats faits par le Sommet du Sud à la Havane et par la Xème la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED) à Bangkok ainsi que par la session annuelle du Conseil économique et social, et le Sommet du millénaire, le représentant a appelé la communauté internationale à déployer tous les efforts possibles afin que le commerce international, l’Investissement étranger direct et les technologies de l’information et des communications favorisent l’intégration des pays en développement à la mondialisation. Les TIC, a-t-il rappelé, ont généré 45 milliards de dollars de revenus commerciaux en 1998 au seul bénéfice des pays riches. Ce montant devrait atteindre 7 trillions de dollars en l’an 2004. Pour faire bénéficier les pays du Sud de la manne de ces activités, le Groupe des 77 et la Chine demandent que l’accès aux TIC soit inscrit comme faisant partie des droits humains fondamentaux, comme l’a préconisé le Groupe d’experts de haut niveau sur les TIC.

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A cela, l’Inde, citée dans le rapport du Secrétaire général comme le seul pays en développement ayant fait des percées remarquables dans le domaine des technologies de l’information et des communications, a ajouté que les Nations Unies devaient négocier un accord universel d’accès aux nouvelles technologies en dénonçant les régimes unilatéraux de contrôle des technologies à double usage, qui ne sont qu’un instrument de plus pour restreindre l’accès des pays en développement aux technologies dont ils ont besoin pour intégrer l’économie mondiale.

Les délégations suivantes ont également pris la parole: Colombie (au nom du Groupe de Rio), Norvège, Mozambique (au nom de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC)), Indonésie, Jamahiriya arabe libyenne, Cuba, Fédération de Russie, Bélarus, Ethiopie, Trinité-et-Tobago (au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM)) et Yémen. Le représentant de l’Organisation internationale du travail (OIT) est intervenu.

La Commission a également été saisie d’un projet de résolution présenté par le Tadjikistan et relatif à la proclamation en 2003 de l’Année internationale de l’eau douce. La Commission poursuivra ses travaux cet après-midi à 15 heures.

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ENVIRONNEMENT ET DEVELOPPEMENT DURABLE

La Commission a été saisie d’un projet de résolution sur l’Année internationale de l’eau douce, 2003 (A/C.2/55/L.2) qui engage tous les Etats Membres, les organismes des Nations Unies et tous les acteurs à saisir l’occasion qu’offrira la célébration de l’Année pour faire mieux comprendre l’importance de l’eau douce et pour promouvoir l’action aux niveaux local, national, régional et international. Il est demandé aux Etats Membres ainsi qu’aux organisations nationales et internationales, aux grands groupes et au secteur privé d’offrir des contributions volontaires et de contribuer d’autres façons à l’Année internationale.

Présentant le projet de résolution, le représentant du Tadjikistan a dit espérer que le texte jouira de l’appui de toutes les délégations et que l’Assemblée générale pourra l’adopter par consensus.

MONDIALISATION ET INTERDEPENDENCE

Le rapport du Secrétaire général intitulé "rôle de l'Organisation des Nations Unies s'agissant de promouvoir le développement dans le contexte de la mondialisation et de l'interdépendance" (A/55/381) stipule que l'ensemble des manifestations et activités réalisées par l'Organisation des Nations Unies en l'an 2000, en vue de canaliser efficacement le potentiel des technologies de l'information et de la communication (TIC) en faveur du développement, témoigne du rôle central de ces technologies dans la nouvelle économie mondiale basée sur les connaissances. Ces manifestations ont permis d'insister sur le potentiel inégalable du système des Nations Unies pour mettre les TIC au service du développement pour tous, de fixer les priorités de l'Organisation à cet égard et de lancer un processus de participation plus active et efficace de l'ONU, en particulier s'agissant de fournir des orientations au niveau international, venir en complément du marché et faciliter ainsi les flux de technologie, en particulier des TIC, et des ressources là où elles sont le plus nécessaires. Le rapport s'intéresse aux besoins en matière de transfert de TIC à l'ère de la mondialisation, ainsi qu'à certains problèmes liés au transfert de ces technologies vers les pays en développement. Il examine les activités du système des Nations Unies visant à améliorer les capacités nationales dans ce domaine, et il présente plusieurs recommandations concrètes pour un nouveau renforcement du rôle joué par l'ONU dans le transfert des TIC aux pays en développement. L'accent est également mis, dans ce document, sur des recommandations visant à améliorer les composantes de TIC dans des programmes de renforcement des capacités régionales et nationales mis en oeuvre par des organismes de l'ONU. Quant à la dernière section du rapport, établie par la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED), elle porte sur la promotion de la cohérence, de la complémentarité et de la coordination des politiques.

Concernant la contribution de la CNUCED à ce rapport, elle a trait à la promotion de la cohérence, de la complémentarité et de la coopération en ce qui concerne les politiques. A ce propos, le rapport estime que c'est dans la période initiale de l'après-guerre, période d'édification institutionnelle, qu'il faut rechercher certaines des raisons de l'absence de cohérence, de complémentarité et de coordination en ce qui concerne les problèmes économiques, financiers, commerciaux et de développement dans le cadre d'un système financier et commercial stable.

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Les rapports indissociables existant entre le commerce et l'emploi, sont, estime le rapport, reflétés dans les objectifs du Fonds monétaires international (FMI) et de la Banque mondiale, deux institutions de l'après-guerre dont les missions d'origine sont respectivement de "faciliter l'expansion et l'accroissement du commerce international et contribuer ainsi à l'instauration et au maintien de niveaux élevés d'emploi et de revenu réel, et au développement des ressources productives de tous les Etats Membres, objectifs premiers de la politique économique" (FMI). A la Banque internationale pour la reconstruction et le développement (Banque mondiale), a été assignée la mission de "promouvoir l'harmonieuse expansion, sur une longue période, des échanges internationaux, et l'équilibre des balances des paiements, en encourageant les investissements internationaux consacrés au développement des ressources productives des Etats Membres, contribuant par-là à relever, sur leurs territoires, la productivité, le niveau d'existence et la situation des travailleurs". La Banque fut chargée "d'aider à la reconstruction et au développement des territoires des Etats Membres, en facilitant l'investissement de capitaux consacrés à des fins productives, y compris la restauration des économies détruites ou disloquées pendant la guerre, la réadaptation des moyens de production aux besoins du temps de paix et l'encouragement au développement des ressources et moyens de production des pays les moins avancés".

L'Organisation internationale du commerce (OIC), troisième institution spécialisée créée lors de la deuxième Conférence des Nations Unies sur le commerce et l'emploi, devait s'occuper du rétablissement d'échanges multilatéraux non discriminatoires. La Charte de la Havane consacre des chapitres à "l'emploi et à l'activité économique", comme condition préalable de toute répartition équitable des avantages d'une plus grande liberté des échanges commerciaux, au "développement économique", pour assurer aux pays en développement la possibilité d'avoir pleinement part à ces avantages, à la "politique commerciale" et aux "pratiques commerciales restrictives" pour veiller à ce que le commerce ne soit pas faussé par les particularités locales, et aux "Accords intergouvernementaux sur les produits de base" pour prévoir les moyens de stabiliser la demande en stabilisant les cours de ces produits et en assurant des recettes d'exportations plus sûres aux pays en développement cherchant à s'industrialiser. La proposition du Gouvernement américain de l'époque pour un régime commercial multilatéral ouvert, qui exigeait un dispositif reposant sur des règles garantissant l'application d'accords visant à réduire les restrictions au commerce par des négociations intergouvernementales, fut incorporée à la Charte de la Havane instituant l'OIC sous le titre: "Accord général sur les tarifs douaniers et le commerce". Le projet d'organisation commerciale prévoyait une surveillance mondiale des politiques économiques nationales par le Secrétariat de l'ONU, pour veiller à ce que les réductions généralisées des restrictions au commerce opérées suivant le principe de la nation la plus favorisée, appliqué inconditionnellement, soient compatibles avec des politiques de plein emploi. L'"Accord général" fut institué, qui stipulait cependant que les pays en développement auraient besoin d'un traitement spécial, et notamment d'avantages commerciaux spéciaux et d'exemptions des engagements inscrits dans l'Accord général pour être en mesure d'atteindre des niveaux d'industrialisation qui leur permettent d'intervenir sur un pied d'égalité avec les pays développés.

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Dans l'esprit des signataires, les restrictions commerciales étant étroitement liées à celles frappant les opérations courantes, la coordination avec le FMI fut prévue comme partie intégrante de l'OIC. Mais la Charte de l'OIC ne fut jamais intégralement ratifiée par les Etats-Unis et le Royaume-Uni qui pourtant l'avaient proposée à l'origine. C'est plus tard que fut créée la CNUCED, non pas comme institution spécialisée, mais comme prolongement de l'Assemblée générale. A l'heure de la mondialisation, les moyens de s'attaquer directement aux problèmes de la cohérence, de la complémentarité et de la coordination des politiques sont plus indispensables que jamais.

C'est faute de cadre multilatéral dans lequel inscrire la coordination des politiques économiques, que l'on observe les asymétries qui remontent aux premières discussions sur les abaissements de droits de douane envisagés dans le cadre de l'"Accord général" sur les tarifs douaniers. Les avantages dont bénéficiaient dans ce cadre les pays développés exportateurs de produits manufacturés sont proportionnellement beaucoup plus importants que ceux accordés aux pays du Sud exportateurs de ressources naturelles. Des asymétries analogues existent après l'application des même mesures aux produits de haute technicité et aux droits de propriété intellectuelle, et les pays développés continuent, en plus, de protéger des secteurs stratégiques comme l'agriculture et d'autres activités économiques sensibles sur le plan social, tout en demandant dans le même temps aux pays en développement de mettre rapidement en place la libéralisation du commerce des produits manufacturés. L'asymétrie existe aussi dans le secteur financier, comme l'a montré la crise asiatique de la fin des années 90. Et malgré les appels de plus en plus fréquents à la participation du secteur privé à la gestion de la crise dans les pays du Nord d'où sont partis les capitaux, peu de mesures ont été prises pour appuyer un renforcement de la surveillance de leurs institutions financières ou pour les faire participer davantage à la prise en charge de coûts dont ils sont pourtant, en partie, responsables.

Note du Secrétaire général transmettant le rapport du Groupe d’experts de haut niveau des technologies de l’information et de la communication (A/55/75- E/2000/55)

Le rapport a pour objectif de tirer les enseignements de l’expérience afin de permettre à d’autres pays de mettre les technologies de l’information et de la communication au service du développement en adaptant les solutions proposées à leur propre situation. Le rapport identifie aussi les domaines dans lesquels les membres de la communauté internationale, notamment les organismes des Nations Unies, pourraient intervenir afin d’appuyer les initiatives nationales. Dans ce rapport, les membres du Groupe d’experts expliquent pourquoi tous les pays doivent s’associer dès maintenant à la révolution numérique. Ils présentent un ensemble d’initiatives qui ont fait leurs preuves dans leurs pays respectifs, mettent en évidence les conditions qui doivent être réunies pour que ces initiatives soient fructueuses et recensent les problèmes et les obstacles auxquels il convient de s’attaquer si l’on veut que les technologies de l’information et de la communication contribuent durablement et efficacement au développement.

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Le rapport rappelle qu’en mars 2000, on dénombrait dans le monde quelque 276 millions d’usagers et 220 millions de machines raccordées à l’Internet, et l’on recensait environ 150 000 nouveaux usagers et 200 000 nouvelles machines par jour. Le Web comptait 1,5 milliard de pages et s’enrichissait de près de 2 millions de pages par jour. Le commerce électronique, c’est-à-dire les transactions conclues par l’intermédiaire de l’Internet, représentait 45 milliards de dollars en 1998, il y à peine deux ans, mais selon des estimations datant de janvier 2000, il connaîtrait une croissance fulgurante et rapporterait plus de 7 trillions de dollars dès 2004. Le rapport souligne que ces chiffres “stupéfiants et inouïs” ne concernent pourtant que moins de 5% de la population mondiale. Abstraction faite des progrès remarquables accomplis par l’Inde dans le domaine des technologies de l’information et de la communication, nombre de villages ne sont toujours pas raccordés au réseau téléphonique. Selon les experts, l’exemple des pays étudiés ôte tout fondement à l’argument selon lequel les technologies de l’information et de la communication ne devraient être introduites qu’une fois que la pauvreté aurait reculée; les pauvres retirant très vite de réels avantages de ces technologies.

Débat général

M. JEAN DAVID LEVITTE (France) a déclaré, au nom de l’Union européenne et des pays associés, que l’espérance évoquée par les chefs d’Etat et de gouvernement, lors du Sommet du millénaire, de contribuer à l’émergence d’une économie mondiale plus harmonieuse et plus solidaire dans laquelle les pays en développement pourront relever les défis du XXIème siècle et accéder à la prospérité économique en réalisant les objectifs de développement durable en faveur de leurs populations, ne doit pas rester vaine. La mondialisation, a dit le représentant, se caractérise à la fois par la montée de l’interdépendance et par le creusement des inégalités. Tout en reconnaissant le potentiel de la mondialisation pour stimuler la croissance économique des pays les plus pauvres, l’Union européenne est préoccupée par le fait que certains pays en développement, et notamment ceux dont les structures institutionnelles et les cadres prudentiels sont les plus fragiles, ne peuvent pleinement profiter de ce potentiel. La mondialisation doit être accompagnée de mesures, aux niveaux international et national, permettant de lui donner un visage humain et de la rendre bénéfique à tous les individus. L’Union européenne attache beaucoup d’importance à une bonne gouvernance caractérisée par la transparence et la participation. Elle estime que la prise de décision en matière de politique économique internationale doit être transparente et responsable, et elle est attachée à la nécessité d’accroître les capacités des pays les moins avancés à faire entendre leurs besoins dans les négociations internationales. A cet égard, nous encourageons la CNUCED à poursuivre ses activités d’assistance aux pays en développement pour le renforcement de leurs capacités et la prise en compte, dans les négociations commerciales mondiales, des enjeux du développement. L’Union européenne soutient la poursuite des efforts tendant à promouvoir le renforcement de la cohérence, de la complémentarité et de la coordination des questions économiques et de développement entre l’Organisation des Nations Unies, les institutions de Bretton Woods et l’Organisation mondiale du commerce. La Xème CNUCED a souligné l’importance de la conception et de la mise en oeuvre de stratégies de développement intégrées dans un monde de plus en plus interdépendant. Nous plaidons à cet égard pour une approche équilibrée des enjeux de la mondialisation intégrant les dimensions sociale, humaine et environnementale du développement, a dit le représentant.

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Concernant le domaine des technologies de l’information et des communications (TIC), il est urgent de mener à bien une lutte efficace contre la fracture numérique, comme l’a recommandé le dialogue de haut niveau du Conseil économique et social (ECOSOC). Ceci suppose d’améliorer la connectivité et renforcer les capacités en infrastructures de base des pays en développement; de favoriser le transfert de technologie; assurer un meilleur niveau d’alphabétisation et d’éducation tout au long de la vie de leurs populations. Dans un souci de préservation de la diversité culturelle, l’Union européenne estime nécessaire que les contenus de l’Internet dans les pays en développement et en particulier dans les PMA soient enrichis et développés. Le partage des connaissances est essentiel à une participation efficace des pays en développement à l’économie mondiale, et la mobilisation de l’ensemble de la communauté internationale est nécessaire : acteurs internationaux, régionaux et locaux, sans oublier une participation dynamique de la société civile. L’action des Nations Unies dans la lutte contre la fracture numérique, déjà importante, doit être accrue. L’Union européenne encourage le renforcement des actions entreprises au niveau du système de l’Organisation des Nations Unies, et à cet égard, soutient la création de la «Task force» proposée par la résolution du Conseil économique et social (ECOSOC) à cet égard, et qui devrait être placée auprès du Secrétaire général. Le segment de coordination de la session de fond de l’ECOSOC de 2001 pourrait contribuer à la cohérence et à la complémentarité des actions du système de l’Organisation des Nations Unies, de même que le prochain rapport du PNUD sur le développement humain.

M. ALFONSO VALDIVIESO (Colombie), au nom du Groupe de Rio, a rappelé que la révolution numérique a été intimement liée au phénomène de la mondialisation, obligeant tous les acteurs de la scène internationale à s’adapter rapidement à cette nouvelle réalité. Il faut pourtant garder à l’esprit, a dit le représentant, que les avantages de la révolution numérique et de la mondialisation ne touchent encore qu’un nombre restreint de pays. Les Nations Unies ont, dans ce cadre, un rôle à jouer pour éviter que la fracture numérique ne continue de se creuser. Le représentant a renouvelé son appui à la Déclaration du Conseil économique et social sur les technologies de l’information et de la communication, à l’initiative du Secrétaire général laquelle tend à créer un groupe de volontaires pour former les communautés à ces technologies. Il a renouvelé en outre son appui à l’initiative du Secrétaire général sur “le Pacte mondial”, qui invite les entreprises à fonder leurs activités sur les principes des droits de l’homme et du développement durable.

Les Nations Unies peuvent jouer un rôle pour atténuer les effets non souhaitables de la mondialisation, a insisté le représentant en invitant les Etats Membres à prendre toutes les mesures nécessaires pour combler le fossé social, en particulier dans le domaine de l’éducation. Le représentant a estimé que l’instabilité des capitaux et les mesures de décentralisation peuvent créer une instabilité macroéconomique en l’absence d’une discipline fiscale et de politiques sociales. Les processus d'intégration régionale et le renforcement de la démocratie, a-t-il poursuivi, ont augmenté le potentiel des économies de la région et faciliter leur intégration dans l’économie mondiale. L’intégration régionale, a expliqué le représentant, est plus qu’une libéralisation des marchés mais bien la consolidation des liens entre les intérêts nationaux.

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M. JOSTEIN LEIRO (Norvège) a déclaré que le développement rapide des technologies de l’information et des communications (TIC) a revitalisé le commerce international et les perspectives mondiales de développement. Les immenses possibilités qu’offrent les TIC ne sont pas encore pleinement utilisées, la connectivité digitale n’étant pas encore un fait universel, et ses applications étant loin d’être disponibles pour toutes les populations de la planète, a-t-il regretté. La fracture numérique entre les pays développés et ceux en développement reflète l’inégalité qui existe en terme de possibilités d’accès et d’opportunités de participation à l’économie mondiale. Au moins 80% de la population mondiale n’ont pas accès aux formes les plus élémentaires de communication. L’Afrique, qui compte 20% de la population mondiale, ne dispose que de 2% des lignes téléphoniques de la planète, et son accès à l’Internet reste très marginal. Le Ministère norvégien du développement international soutient les recommandations du Secrétaire général visant la création de sites reflétant les cultures et les connaissances locales et nationales, et nous nous soucions aussi de résoudre les questions liées à l’intrusion culturelle que peut représenter l’Internet dans de nombreuses parties du monde. L’internet ne doit pas devenir un domaine qui évolue sans tenir compte des normes juridiques ni des réglementations en vigueur. Nous devons lui appliquer les mêmes valeurs que celles que nous appliquons à notre vie et à notre organisation sociale. La Norvège soutient les recommandations du Secrétaire général visant à faire usage de l’Internet dans la lutte contre les maladies et les grandes pandémies, dont notamment celle du VIH/sida. Nous accueillons à cet égard favorablement la proposition de l’ECOSOC de créer un Groupe spécial digital au sein de l’Organisation des Nations Unies, dont l'objectif sera de forger des partenariats stratégiques entre le système des Nations Unies, les fondations privées, les donateurs et les autres acteurs de la vie internationale. Notre Gouvernement tient à déclarer son soutien aux politiques visant le développement et le renforcement des ressources humaines en matière d’usage des TIC; ainsi que le développement de programmes basés sur la coopération Sud-Sud; et les mesures encourageant les femmes à se servir des TIC en vue d’améliorer leur rôle socioéconomique.

M. HIPOLITO PATRICIO, Vice-Ministre des affaires étrangères et de la coopération du Mozambique, au nom de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC), a fait part des progrès enregistrés par la région dans le domaine économique, en soulignant que l’intégration à l’économie mondiale est la seule manière de tirer parti des avantages de la mondialisation. Au cours du Sommet des chefs d’Etat et de gouvernement de la SADC, tenu en Namibie, les dirigeants ont ratifié le Protocole de commerce consacrant l’ouverture du marché régional et la libre circulation des personnes, des biens et des services. Le représentant a souligné les besoins de la SADC en matière de coopération internationale et d’assistance. La région, a dit le représentant, a besoin de l’Aide publique au développement (APD), de l’investissement étranger direct (IED) et d’une annulation de la dette sans condition ni retard. De telles mesures donneront aux pays de la région la possibilité d’investir dans les secteurs sociaux et la réhabilitation des secteurs générateurs de revenus et d’emplois, a expliqué le représentant en soulignant que c’est la condition préalable pour que la SADC devienne un acteur plus compétitif et un partenaire plus actif dans le processus de la mondialisation.

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M. CECEP HERAWAN (Indonésie) a déclaré que l’Indonésie est convaincue que la tendance actuelle de mondialisation doit être inversée afin qu'elle puisse favoriser le développement. Tous les aspects de la vie socioéconomique et culturelle des nations sont affectés par ce phénomène, comme l’a constaté le segment de haut niveau de l’ECOSOC au mois de juillet dernier. La Déclaration ministérielle a relevé l’importance des TIC dans le développement de l’économie mondiale. Les Sommets de la Havane et du G-8 à Okinawa ont évoqué le rôle et l’importance des TIC et de la révolution numérique dans la promotion de la mondialisation. Malheureusement, les TIC restent inaccessibles aux populations des pays en développement et leur usage accéléré dans les pays développés contribue davantage à la marginalisation des peuple des pays du Sud. Le transfert de technologies en lui-même, n’est peut-être pas une panacée; il faudrait plutôt examiner l’utilisation de ces outils en faveur du développement. La connectivité des pays en développement, et celle de leurs régions les plus pauvres, ne sera jamais possible tant que les infrastructures physiques nécessaires à l’installation des TIC seront inexistantes. De nombreux obstacles persistent sur le chemin qui pourrait mener les pays du Sud sur la voie de la participation à une économie basée sur les connaissances. Notre pays attend à cet égard le rapport du groupe de travail sur les TIC pour voir comment on peut opérer dans le cadre de l’interface entre les TIC et le développement durable, ce dernier devant s’inscrire dans l’intégration aux échanges mondiaux.

M. ABDUSSALAM OWN (Jamahiriya arabe libyenne) a estimé que l’aspect le plus important de la mondialisation est l’interdépendance entre les marchés mondiaux, les multinationales et les trois institutions que sont la Banque mondiale, le Fonds monétaire international (FMI) et l’Organisation mondiale du commerce (OMC). A l’heure actuelle, aucun Etat ne peut contrôler les opérations financières à l’intérieur de ses frontières et, à fortiori, l’effondrement d’une place financière qui peut avoir des répercussions graves sur les économies d’autres régions du monde. Citant le rapport de la Banque mondiale, le représentant a mis l’accent sur les menaces qui pèsent sur les pays en développement, dans le contexte de la mondialisation. Les problèmes sont réels et importants, a insisté le représentant. Le problème de la mondialisation, c’est qu’elle s’est fondée sur l’ouverture et la libéralisation des marchés sans une réforme de l’ordre financier mondial. De plus, il est permis de croire que l’engouement pour la mondialisation a engendré la marginalisation du développement comme l'indique le déclin des ressources de base du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) ou encore du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP). Quant à l’APD, elle va en s’amenuisant d’année en année, a dit le représentant en appelant à des mesures vigoureuses pour redresser la situation et à des initiatives réalistes pour régler la question de la dette des pays en développement.

Mme MIRTHA MARIA HORMILLA CASTRO (Cuba)a estimé que l’inquiétude des pays du Sud face à la mondialisation et à ses exclusions et inégalités était largement justifiée. Il est chaque jour plus évident que l’imposition, par des pressions, du modèle néolibéral rendra les pays en développement de plus en plus vulnérables. Sur le plan financier, rien n’a été résolu depuis la crise financière asiatique, et Cuba pense qu’il est indispensable de réformer l’architecture financière internationale pour la rendre plus équitable, plus claire et plus transparente. D’autre part, la mondialisation et ses perspectives de gains et de profits ne doivent pas servir à réinterpréter les lois et règlements internationaux basés sur la Charte des Nations Unies.

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Nous estimons que la Déclaration ministérielle de l’ECOSOC doit devenir le texte fondamental du transfert des TIC dans les pays en développement. Mais en même temps, nous sommes contre toute politique irréaliste, qui prétend parler de logiciels et de connectivité à des populations qui vivent dans la misère la plus abjecte et n’ont même pas accès aux soins médicaux de base ou à un repas quotidien décent. Un nouvel ordre de l’information et de la communication, garantissant un partage équitable des flux d’information Sud-Nord, et le respect de toutes les cultures sont nécessaires, et les Nations Unies sont le seul forum qui puisse, de manière légitime, contribuer à leur naissance et leur gestion. Les pays développés doivent respecter les principes légitimes d’interdépendance et d’équité dans le cadre de la gestion du phénomène de la mondialisation.

M. GEORGY PETROV (Fédération de Russie) a jugé nécessaire d’utiliser pleinement les avantages comparatifs des Nations Unies pour procéder à un examen approfondi des questions liées à la mondialisation et trouver les moyens d’optimiser ses bénéfices en atténuant ses effets négatifs. La recherche d’approches concertées sur les questions de développement dans le contexte de la mondialisation, notamment pour ce qui est du commerce international, des relations financières ou de la dette extérieure, doit se faire en coopération étroite avec les institutions de Bretton Woods, l’OMC et les autres structures multilatérales, a dit le représentant. A son avis, la nouvelle stratégie doit tenir compte de la nécessité de transformer radicalement plusieurs structures multilatérales et mécanismes de gestion et d’adapter leurs activités aux paramètres de la mondialisation. L’intégration croissante des économies nationales dans l’économie mondiale, conjuguée à l’ouverture croissante des marchés, exige le renforcement du système financier international et du régime commercial multilatéral. Elle exige davantage de coordination entre les politiques macroéconomiques, commerciales financières et environnementales pour permettre à la communauté internationale de prévenir les crises ou de leur apporter une réponse lorsqu’elles se manifestent.

M. ANDREI POPOV (Bélarus) a estimé que les manifestations internationales, et notamment les Conférences de l’OMC à Seattle, la Xème CNUCED à Bangkok et la dernière session de l’ECOSOC, auxquelles il faut ajouter la préparation des réunions sur le financement du développement et celles sur les pays les moins avancés, ont orienté l’agenda international dans une direction qui donne une priorité au rôle de l’Organisation des Nations Unies. Seule l’Organisation des Nations Unies, de par son caractère universel, peut favoriser de manière légitime l’amélioration des différents systèmes économiques, commerciaux ou financiers internationaux. Le Bélarus pense que l’élargissement de l’usage et l’accès aux TIC sont indispensables à toute intégration des pays en développement et en transition à l’économie mondiale. La fracture numérique, qui est le signe visible de l’exclusion de nombreux pays du domaine d’usage des TIC, doit être comblée par une action internationale concertée. La Déclaration ministérielle de l’ECOSOC a tracé, à cet égard, la voie à suivre. Le Bélarus accorde la plus grande importance au rôle de l’information dans le développement, comme le démontre la tenue d’une conférence sur le rôle du commerce électronique dans le développement il y a quelques mois à Minsk. Cet évènement a permis d’énoncer des mesures pratiques qui peuvent aider notre pays et ceux de sa région à s’intégrer aux échanges économiques générés par l’Internet et aux courants de la mondialisation.

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Nous soutenons les recommandations contenues dans les rapports du Secrétariat sur le rôle de l’Organisation des Nations Unies dans la promotion des moyens de l’économie et du commerce électronique. Notre pays soutient les notions de complémentarité et de cohérence préconisées pour rendre plus efficaces les actions des organes du système de l’Organisation des Nations Unies. Nous estimons que l’universalisation des TIC est essentielle.

M. SHAMSHAD AHMAD (Pakistan) a souligné que le rôle des Nations Unies est de mettre les nouvelles technologies de l’information et de la communication au service du développement et non d’en faire un complément des marchés. Les Nations Unies doivent mettre les forces du marché au service du développement en minimisant leur impact sur le développement social. En matière de TIC, le développement ne saurait en aucun cas devenir un élément accessoire du partenariat entre les secteurs public et privé mais en être l’objectif fondamental. En réalité, la mondialisation a conduit à l’appauvrissement d’une large partie de la population du monde. Les fossés financier et numérique continuent de s’agrandir conduisant, à une augmentation de la pauvreté et à la désintégration sociale, a dit le représentant. Une libéralisation du commerce inique et une répartition inégale des flux financiers contredisent l’assertion selon laquelle la mondialisation à long terme finira par profiter à tous. Les fusions de multinationales ne font qu’accroître le pouvoir de quelques-un et la mobilité des capitaux ne servant qu’à l’élite économique, montrent que la mondialisation est la victoire du capital sur le travail. La mondialisation est un fait du colonialisme économique qui voit les pays développés intervenir au nom de leurs multinationales pour leur assurer des opérations sûres dans les pays hôtes. Les “mondialisateurs” continuent de défendre le potentiel de la mondialisation alors que les “mondialisés” savent que sans les instruments qui leur sont refusés, ils ne pourront profiter de la mondialisation. Il est temps de présenter d’autres alternatives qui puissent bénéficier à tous, a conclu le représentant.

M. TEKLU HABTE (Ethiopie) a estimé que si elle était bien contrôlée et gérée, la mondialisation pourrait bénéficier à tous les pays de la planète. A cet effet, les échanges commerciaux transfrontières et les investissements et flux financiers de même nature, devraient être correctement orientés en vue de promouvoir la “prospérité pour tous” dont on parle tant dans les discours. Il est indispensale que la communauté internationale multiplie les soutiens qu’elle apporte à l’intégration des pays en développement à l’économie mondiale. Les pays riches devraient accorder l’attention que mérite l’accès libre à leurs marchés des produits des pays pauvres et notamment ceux les moins avancés. Il est indispensable d’appliquer les recommandations de toutes les grandes réunions organisées sur les pays les moins avancés (PMA), et en particulier celle que l’OMC a tenue en octobre 1997. Nos partenaires de développement et notamment la CNUCED, l’OMC, la Banque mondiale, le FMI et le PNUD, devraient s’attacher à mettre en oeuvre le programme intégré d’assistance technique aux PMA sur les questions liées au commerce. Les PMA ont besoin que les pays créditeurs et les institutions internationales de financement appliquent rapidement en leur faveur les termes de l’Initiative renforcée en faveur des pays pauvres très endettés (PPTE). Nous demandons aux pays riches de respecter le niveau de versement de l’APD auquel ils ont souscrit et de mettre en oeuvre toutes les recommandations des grandes conférences des années 90.

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L’Afrique ne bénéficiant pas du niveau d’IED auquel elle devrait s’attendre, nous lançons un appel aux pays d’où émanent ces investissements pour qu’ils prennent des mesures encourageant leurs détenteurs de capitaux à investir dans les PMA du continent. Ces mesures pourraient inclure un ajustement des évaluations trop souvent négatives des risques d’investissements dans les PMA. Concernant les TIC, les pays africains et les PMA ont besoin que soient prises des mesures spéciales en leur faveur, notamment en termes d’infrastructure, de formation et de renforcement des ressources humaines dans le domaine des technologies électroniques et des communications digitales.

M. S. S. PALANIMANICHAM (Inde) a estimé que pour être réussie, la révolution numérique doit se mettre au service des peuples et du développement, et toucher les masses par un contenu utilisable. Convaincue de cela, l’Inde a fixé pour objectif de garantir l’accès de tous aux TIC d’ici à 2008. Le représentant a dénoncé les régimes unilatéraux de contrôle des technologies à double usage qui limitent l’accès des pays en développement à de nombreuses technologies. L’appel à un accord universel pour promouvoir le transfert de technologie à double usage, négocié sous les auspices des Nations Unies, est resté vain, a regretté le représentant. Pour lui, la mondialisation et l’utilisation des nouvelles technologies doivent être fondées sur la libre circulation des idées, chère à toutes les démocraties. Les Nations Unies doivent se concentrer sur les questions urgentes de transfert de technologie plutôt que de consacrer leur temps, déjà précieux, à de prétendues politiques consultatives comme le recommande le Groupe d’experts dans son rapport. Il ne faut pas confondre la connaissance avec l’existence d’une grande quantité d’information.

La mondialisation peut créer une diversité riche grâce aux partages des idées, des cultures et des points de vue, même si aucune garantie n’existe que cela ne servira pas à dominer plutôt qu’à libérer, à exploiter plutôt qu’à aider ou à diviser plutôt qu’à unir. Il faut une action concertée, à l’échelle internationale, pour lutter contre l’utilisation que font des technologies de l’information les “cyberbandits”. Maintenant que nous passons d’une économie déterminée par le capital, le coût peu élevé de la main-d’oeuvre, l’abondance de matières premières et par la technologie manufacturière, à une économie fondée sur les connaissances, le monopole de l'information peut très vite se transformer en un instrument redoutable de division, de domination, d’oppression, de nationalisme et de haine, c'est cela qu'il faudrait éviter.

Mme ROSLYN KHAN CUMMINGS (Trinité-et-Tobago) a déclaré, au nom des Etats de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), que la tendance actuelle de l’usage des TIC, qui montre que 19% de la population mondiale représentent 91% des utilisateurs de l’Internet, est inquiétante. Le défi à relever, en vue de réduire la fracture numérique dans les cinq années qui viennent, est important. Mais bien que les TIC représentent une grande source d’inquiétude pour leur avenir, les Pays de la CARICOM font aussi face à des défis plus urgents et aussi cruciaux. Les vulnérabilités auxquelles sont exposés nos pays, et qui se manifestent entre autres par l'étroitesse de leur superficie, l'importance de leur populations et leurs marchés, et par l’absence de ressources naturelles abondantes, ont été aggravées ces dernières années par les atteintes à certains régimes préférentiels, au bénéfice de ces pays.

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Les vulnérabilités des petits Etats insulaires ont été clairement reconnues dans les conventions, telles celles de Lomé, qui accordaient des accès préférentiels à certains de nos produits, dont notamment la banane. Ce produit représente 16% des revenus extérieurs de Sainte-Lucie et 17% de ceux de l’île voisine de Saint-Vincent-et-les Grenadine et de la République dominicaine. Nous demandons, une nouvelle fois, que la libéralisation des échanges économiques et commerciaux respecte les préférences commerciales sans lesquelles les économies de petits pays comme les nôtres ne sont pas viables. De nouveaux critères doivent être appliqués dans le cadre de la mondialisation pour que les Etats de la CARICOM bénéficient de préférences commerciales et puissent promouvoir des politiques économiques stables et prévisibles en faveur de leurs populations.

Il est également indispensable de réformer l’architecture financière internationale et les institutions commerciales pour pouvoir mieux faire face aux asymétries de la mondialisation. Nous devons oeuvrer pour une transparence et une cohérence accrue des processus de décisions financières, monétaires et commerciales au niveau international, qui ont des effets directs sur les questions sociales et environnementales. Les pays en développement doivent à cet égard être acceptés comme des partenaires à part entière par les pays développés.

M. AHMED AL-HADDAD (Yémen) a estimé que les Nations Unies offrent la tribune adéquate pour traiter des questions de mondialisation et élaborer des plans d’action communs. La mondialisation fait l’objet de beaucoup de préoccupations compte tenu du fossé entre riches et pauvres en matière financière et numérique. Aujourd’hui, les craintes sont encore plus aiguës étant donné que de plus en plus de pays faibles sont menacés par une marginalisation aggravée davantage par le fardeau de la dette. La communauté internationale doit être vigilante et reconnaître la nécessité d’apporter une aide globale aux pays faibles pour leur permettre de rejoindre le rang de ceux qui bénéficient de la mondialisation. Il faut faire davantage confiance aux Nations Unies qui doivent devenir une tribune essentielle pour mettre fin à l’impact négatif de la mondialisation. Le Sommet du millénaire a donné, en ce sens, un mandat clair à l’Organisation. La mondialisation doit aller dans la voie qui permettra à tous les peuples de préserver leurs développements social et économique et la stabilité dans le monde. Le représentant a plaidé pour l’ouverture des marchés internationaux aux produits agricoles et manufacturés des pays du Sud.

M. J.K. SHINKAIYE (Nigéria) a déclaré, en s’exprimant au nom du Groupe des 77 et de la Chine, que des efforts devraient être déployés en vue de promouvoir les principaux instruments de la mondialisation, qui sont le commerce international, les transactions financières transfrontières, l’IED, et les TIC, en vue de les mettre au service de l’intégration des pays en développement aux échanges internationaux et au phénomène de la mondialisation. La Xème CNUCED tenue à Bangkok a conclu que la priorité devrait être accordée à la mise en place de politiques macroéconomiques complétant les efforts déjà accomplis par les pays en développement en vue de leur assurer un juste partage des bénéfices de la mondialisation. Le Programme d’action de la Havane adopté par le Groupe des 77 et la Chine, à Cuba lors du Sommet du Sud, a attiré l’attention sur l’impact de la mondialisation sur le commerce, sur les flux de capitaux, et sur les TIC.

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Etant donné le fossé grandissant dans tous ces domaines entre riches et pauvres, le Groupe des 77 et la Chine ont estimé que le défi le plus important à relever actuellement est celui de rendre la mondialisation plus inclusive et plus bénéfique à tous. Il y a quelques semaines, lors de la réunion annuelle de la Banque mondiale et du FMI, à Prague, le Président de la Banque mondiale a clairement indiqué qu’il était conscient des risques et des défis que pose la mondialisation aux pays en développement. Nous avons pris note à cette occasion de la position des institutions de Bretton Woods en ce qui concerne les transferts de TIC et la coordination des politiques dans les domaines de la finance, des technologies et des questions de développement au niveau mondial. Le Groupe des 77 est d’avis que les TIC doivent jouer un rôle essentiel dans la nouvelle économie. Ce qui justifie l’appel lancé à la Havane en faveur de la réduction de la fracture numérique. Nous estimons que les Nations Unies sont, à cet égard, le forum le plus pertinent pour discuter de la politique à suivre en vue d’intégrer les pays du Sud à l’usage des TIC. Les recommndations de la Déclaration ministérielle de l’ECOSOC sont une base de travail pertinente.

Le commerce électronique, servi par quelque 220 millions de machines dans le monde, qui a généré environ 45 milliards de dollars en 1998, et devrait susciter des échanges de l’ordre de 7 trillions en 2004, ne profite cependant qu’à 5% de la population mondiale concentrés dans les pays riches. Pour pallier à cette grave asymétrie, le Groupe des 77 et la Chine proposent que la recommandation du Groupe de travail des Nations Unies sur la question, de faire de l’accès aux TIC et à l’Internet un droit universel inclus dans les principes de l'ONU, soit reconnue. Nous demandons aussi que soit créé un fonds qui collecterait des ressources pour aider les pays en développement à mettre en oeuvre leurs programmes nationaux de TIC.

M. FRANKLIN LISK, Représentant de l'Organisation internationale du travail (OIT), a déclaré que la mondialisation a posé des défis importants à la réalisation des objectifs liés à la création d’emplois et au marché du travail. Les technologies de l’information et de la communication, a poursuivi le représentant, ont conduit à une transformation fondamentale du monde du travail; le concept d’emploi ayant changé dans sa signification, sa forme et son contenu. Contrairement aux autres changements technologiques, les technologies de l’information et de la communication ont affecté tous les secteurs économiques ainsi que les structures organisationnelles et de travail. Si par le passé, le capital représentait la base principale de la production et de la création de revenus, la nouvelle économie donne, en revanche, une place de choix à la connaissance. L’ordre du jour du développement sera donc défini en termes de développement des ressources humaines et de développement des infrastructures de communication. Pour l’OIT, le défi consistera à s’assurer que les nouvelles technologies de l’information et de la communication seront créatrices d’emplois décents et de travail productif dans des conditions de liberté, d’égalité, de sécurité et de dignité humaine. Le rôle de l’OIT et de sa structure tripartite peut être crucial pour ce qui est du renforcement du dialogue social entre les gouvernements et les représentants du monde des affaires et du travail. Il sera aussi crucial pour ce qui est de l’intégration par les institutions du marché du travail des technologies de l’information et des communications dans les processus de développement. L’OIT entend consacrer son prochain rapport sur l’emploi dans le monde, aux relations entre les nouvelles technologies et l’emploi, a indiqué le représentant.

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