RIOE10 DEVRA TROUVER DES REPONSES AUX INSUFFISANCES FINANCIERES ET POLITIQUES QUI ONT FAIT DEFAUT A LA MISE EN OEUVRE D'ACTION 21, DECLARENT DES DELEGATIONS
Communiqué de Presse
AG/EF/321
RIO+10 DEVRA TROUVER DES REPONSES AUX INSUFFISANCES FINANCIERES ET POLITIQUES QUI ONT FAIT DEFAUT A LA MISE EN OEUVRE DACTION 21, DECLARENT DES DELEGATIONS
20001019La Commission économique et financière (Deuxième Commission) a poursuivi, ce matin, lexamen des questions relatives à lenvironnement et au développement durable, ce qui a permis aux délégations de mettre laccent sur la mise en uvre dAction 21, le programme daction de la Conférence des Nations Unies sur lenvironnement et le développement (Rio, 1992). Les intervenants ont appuyé la tenue en lan 2002, dans un pays en développement, dune conférence dexamen décennal sur la mise en uvre dAction 21 (Rio+10). LIndonésie et lAfrique du Sud sétant proposées comme hôtes, le représentant des Etats-Unis a rappelé que les lois en vigueur dans son pays interdisent tout appui à des conférences internationales des Nations Unies se déroulant hors du Siège. De nombreuses délégations ont souligné limportance quil y a à garantir une certaine visibilité à Rio + 10 pour mobiliser la volonté politique nécessaire. Elles se sont donc prononcées pour lorganisation dun sommet de chefs dEtat et de gouvernement qui réaffirmerait leur attachement aux dispositions dAction 21. Si lordre du jour de la conférence reste encore à déterminer par la Commission du développement durable, l'organe préparatoire, des délégations ont déjà exprimé leur préférence.
Ainsi le représentant de lIslande, reprenant les propositions de la France, qui sest exprimée hier au nom de lUnion européenne, a souhaité que la conférence ait pour axe les trois piliers que sont le développement durable, les liens entre développement économique et social et environnement, et les nouveaux mécanismes de mise en uvre dAction 21. Dans ce contexte, il a proposé comme thème prioritaire, la lutte contre la pauvreté, la manière de concilier la croissance économique et la protection de lenvironnement, et la préservation des écosystèmes.
Rio + 10 ne saurait se transformer en un forum de discussion sur le lien entre environnement et pauvreté, a dit le Brésil, au nom du Mercosur, qui soppose à ce que la conférence dexamen décennal aboutisse à de nouvelles obligations contraignantes pour les pays en développement alors que les engagements de 1992 n'ont pas pleinement été mis en uvre par les pays développés, en particulier en ce qui concerne les forêts, le changement climatique et la biodiversité. Abondant dans ce sens, Belize, au nom de la Communauté des Etats des Caraïbes (CARICOM) a exigé des pays développés quils ratifient, sans plus tarder, le Protocole de Kyoto sur les émissions de gaz à effet de serre. Reprenant la position du Groupe des 77, la Chine a souhaité que Rio + 10 se concentre plutôt sur les moyens daider les pays en développement à surmonter les obstacles à la mise en uvre dAction 21, fruits du non-respect par les pays développés des engagements pris en matière de ressources financières et de transfert des technologies.
Outre les pays cités, les représentants des pays suivants ont également pris la parole : Fédération de Russie, Colombie (au nom du Groupe de Rio), Tadjikistan, Pakistan, Bélarus, Australie, Canada, Nouvelle-Zélande, Costa Rica, Kenya, Bulgarie et Maroc ainsi que lObservateur de la Suisse et la représentante de lOrganisation internationale du travail (OIT).
La Commission a été saisie de deux projets de résolution sur létat davancement des préparatifs de lAnnée internationale de la montagne, 2002 et lintégration des pays à économie de transition dans léconomie mondiale.
La Commission poursuivra son débat sur lenvironnement et le développement durable, cet après-midi à 15 heures.
DEVELOPPEMENT DURABLE ET COOPERATION ECONOMIQUE INTERNATIONALE [94]
Présentation dun projet de résolution sur létat davancement des préparatifs de lAnnée internationale de la montagne, 2002 (A/C.2/55/L.5)
Le projet encourage notamment les Etats et les fonds et programmes intéressés de lONU, les institutions spécialisées, les ONG et le secteur privé à soutenir, notamment par des contributions financières volontaires, des programmes et projets nationaux et internationaux à lappui de lAnnée.
Présentant ce projet, la représentante du Kirghizistan, au nom des 88 coauteurs, a déclaré que lAnnée internationale doit être vue comme une chance de sensibiliser lopinion aux écosystèmes des montagnes. Le texte invite à profiter de cette Année pour arriver à réaliser les objectifs de développement durable des montagnes. Les montagnes, a souligné la représentante, représentent un quart des terres émergées. Plus de la moitié de la population mondiale, a-t-elle dit, profite de leau des régions montagneuses. Le chapitre III dAction 21 reconnaissant limportance vitale et réciproque des écosystèmes montagneux et de la survie des écosystèmes planétaires, il est important, au seuil du nouveau millénaire, dadopter une nouvelle approche pour les questions liées au développement durable des montagnes. Il faut espérer que lAnnée soit le point de départ dune véritable politique de mise en valeur des montagnes, a conclu la représentante.
DEVELOPPEMENT DURABLE ET COOPERATION ECONOMIQUE INTERNATIONALE: INTEGRATION DE L'ECONOMIE DES PAYS EN TRANSITION A L'ECONOMIE MONDIALE [94(b)]
Présentation dun projet de résolution sur lintégration de léconomie des pays en transition à léconomie mondiale (A/C.2/55/L.4)
Dans ce texte, il est demandé aux organismes des Nations Unies notamment aux institutions de Bretton Woods de continuer à fournir aux pays en transition des conseils techniques et une assistance technique visant à renforcer le cadre social et politique nécessaire pour mener à bien les réformes axées sur louverture aux forces du marché.
Sexprimant sur le texte au nom des coauteurs, le représentant de la Fédération de Russie a indiqué que le texte reflète la nécessité de poursuivre les travaux en vue de fournir une coopération technique aux pays à économie en transition pour assurer leur intégration dans léconomie mondiale compte tenu des réalités nouvelles et des décisions récentes des Nations Unies. Se fondant sur la Déclaration du Millénaire et la Déclaration ministérielle du Conseil économique et social, le texte souligne limportance de laccès aux marchés, de linvestissement étranger direct et de la maîtrise des technologies de linformation et des communications, a souligné le représentant.
ENVIRONNEMENT ET DEVELOPPEMENT DURABLE
Mise en oeuvre d'Action 21 et Programme relatif à la poursuite de la mise en oeuvre d'Action 21
Introduction et débat général
M. THORSTEINN INGOLFSSON (Islande) a suggéré en matière denvironnement et de développement durable, que les efforts portent sur les thèmes généraux reconnus aujourdhui comme des défis majeurs. Lattention devra être focalisée sur les trois piliers que sont le développement durable, le développement social et économique et le développement de lenvironnement. Les trois principaux défis sont la lutte contre la pauvreté et lamélioration des conditions de vie; la manière de concilier la croissance économique et la protection de lenvironnement; et lintégrité fonctionnelle des écosystèmes. Le développement durable place lhomme au centre des préoccupations contrairement aux anciennes approches de la protection de lenvironnement qui recherchaient avant tout à minimiser linfluence de lhomme sur la nature. Le développement durable ne signifie pas pour autant que la nature nest pas au centre des efforts. La protection de la biodiversité, des habitats et de la nature doit être une priorité aux côtés de la lutte contre la pauvreté. Il faut se concentrer sur la recherche de stratégies novatrices pour faire de la nature et de la biodiversité des biens à conserver et non à exploiter.
M. YURIY ISAKOV (Fédération de Russie)a déclaré que le gouvernement russe venait de créer un nouveau ministère des ressources naturelles, dont les missions vont dans le sens dune meilleure gestion des ressources naturelles et de lenvironnement. Notre pays est partie à de nombreuses conventions internationales, à cet égard, pertinentes, et nous sommes en train dengager notre ratification de la convention contre la désertification. La Russie accorde une grande importance à la conservation des forêts et nous sommes en faveur de ladoption de toutes résolutions visant à renforcer le rôle des Nations Unies dans la défense de lenvironnement. Concernant Rio+10, nous pensons que cette rencontre devrait se faire au plus haut niveau et devrait avoir lieu dans un pays en développement. La Russie est dautre part contre toute remise en question ou tentative de renégociation des Accords de Rio. Il sera important de faire le bilan des actions accomplies depuis Rio et de se projeter sur lavenir de la mise en uvre de ses recommandations. Nous estimons que lAssemblée générale devrait approuver la proposition de la Commission du développement durable (CDD) de transformer sa dixième session en comité préparatoire de Rio+10. Il est important que le processus préparatoire de Rio+10 fasse pleinement participer les institutions pertinentes de lOrganisation des Nations Unies à toutes ses négociations. La Russie est satisfaite des efforts du Programme des Nations Unies pour lenvironnement pour remplir lagenda arrêté par la communauté internationale en matière de développement durable. Nous sommes ouverts à toutes discussions sur les projets de résolutions relatifs à la conservation de lenvironnement et des ressources naturelles.
M. ALFONSO VALDIVIESO (Colombie), au nom des pays membres du Groupe de Rio a déclaré que ce Groupe réaffirme son soutien aux principes du développement durable tels que définis dans le plan Action 21 de la Déclaration de Rio. Le Groupe de Rio soutient en particulier le principe des responsabilités partagées et différenciées. Lenvironnement naturel continue de se dégrader dans les Etats membres du Groupe de Rio, a dit M. Valdivieso, ces menaces étant accentuées par les conséquences de la pauvreté, de la pression démographique et des processus
durbanisation mal contrôlés. Les catastrophes naturelles ont aussi porté des coups durs à lenvironnement naturel de la région. Concernant la conférence dexamen « Rio+10 », le Groupe de Rio pense que les engagements pris lors du Sommet de Rio en 1992 doivent être tenus. Rio+10 devrait donc surtout servir à mobiliser le soutien politique de la communauté internationale à cet égard, et la conférence devrait aussi faire une évaluation du statut actuel de la mise en uvre des engagements de Rio en vue de réaffirmer lattachement de la communauté internationale au développement durable. Action 21 ne doit pas être renégocié. Le Groupe de Rio tient à souligner limportance du renforcement de la coopération internationale sous toutes ses formes, en vue darriver au développement durable et équilibré de toutes les parties de la planète. Les Nations Unies et leurs agences sont appelées, dans ce cadre, à jouer un rôle crucial dans la protection de lenvironnement et la promotion des conditions du développement.
M. RASHID ALIMOV (Tadjikistan) a souhaité que la réalisation du développement durable aux plans mondial, régional et national soit une priorité. Les efforts du Tadjikistan, a dit le représentant, porte sur la création dune base législative et dinstruments pertinents pour garantir le développement durable. Le Tadjikistan est partie aux trois conventions issues de la Conférence de Rio et vient de prendre la décision dadhérer au Protocole de Kyoto sur les émissions de gaz à effet de serre. Le représentant a dit accorder une grande importance à la Conférence dexamen décennal de la mise en uvre dAction 21 en souhaitant que le travail préparatoire se fasse à un niveau analytique élevé. Il sest félicité des efforts déployés pour assurer une complémentarité entre les conventions sur lenvironnement et sur le développement durable. Commentant les problèmes daccès à leau salubre, il a estimé que lune des tâches sera dattirer lattention des gouvernements sur ces problèmes et sur limportance quil y a à adopter en la matière une approche intégrée. Il a souhaité que lONU proclame une Année internationale de leau douce pour mobiliser tous les efforts et assurer un certain degré de coordination. Etant donné que les montagnes jouent un rôle de château deau, les manifestations faites à loccasion de lAnnée internationale des montagnes doivent bénéficier à lAnnée internationale de leau douce, a dit le représentant.
M. SHAMSHAD AHMAD (Pakistan) a estimé que les progrès en faveur de la mise en uvre dAction 21 étaient peu visibles. Depuis 1997, date à laquelle sest tenue la première conférence quinquennale dexamen de Rio, il est clair que la dégradation de lenvironnement naturel mondial se poursuit à une allure qui ne ralentit pas. En fait la situation est aujourdhui pire quelle nétait au moment du Sommet de Rio. Le développement durable continue dêtre un rêve lointain dans les pays en développement, dont les conditions économiques et naturelles se sont fortement dégradées. La pauvreté a, par contre, augmenté de manière catastrophique dans ces pays. Nous faisons aujourdhui face à une crise environnementale sévère, et la communauté internationale doit réaliser que la surexploitation des ressources de la planète au profit dune minorité, dont les habitudes de consommation sont insoutenables, ne peut que conduire lhumanité entière au désastre. Nous devons agir ensemble sur la base du principe des responsabilités partagées et différenciées.
Les questions que nous devons nous poser sont de savoir si nous avons pu respecter lesprit de Rio. Si non, y a-t-il des erreurs majeures dans lapproche que nous avons adoptée en vue den atteindre les buts? Comment devrions-nous concevoir le second examen de la mise en uvre des recommandations et principes de Rio? Et le moment nest-il pas venu de conclure un new deal en vue de réellement promouvoir les engagements de Rio? Le Pakistan pense que Rio+10 devrait se tenir dans un pays en développement. Le Groupe des pays dAsie a soutenu la proposition indonésienne de tenir de cet évènement en Indonésie, et nous espérons que le dialogue et la concertation permettront à lensemble des Etats daccepter ce choix. Les préparatifs de Rio+10 devraient, quant à eux, se baser sur les vraies causes du manque de progrès dans la mise en uvre dAction 21, et nous devrions décider dobjectifs à atteindre sur des dates précises pour débloquer la situation actuelle. Rio+10 devrait mettre un accent particulier sur le développement durable, et en particulier sur les mesures visant à réduire la pauvreté. Les Nations Unies ont dans ce cadre un rôle important à jouer. Les ressources dont lOrganisation des Nations Unies a besoin pour mener ses missions doivent lui être fournies, de même que lAide publique au développement doit être fournie aux pays pauvres qui en ont besoin. Le Pakistan fonde beaucoup despoirs sur lengagement international pour un renouveau de la coopération et du partenariat Nord-Sud, qui, au plus haut niveau, devraient permettre à la solidarité internationale de promouvoir un véritable développement durable.
M. ANDREI POPOV (Bélarus) a rappelé quen 1999, le Bélarus a été élu membre de la Commission du développement durable, ce qui témoigne de limportance qu'il attache à cette question. Lun des aspects essentiels de la Commission, au cours de sa dernière session, a été la préparation de la conférence dexamen décennal de la mise en uvre dAction 21, a-t-il noté. Lexamen des progrès réalisés doit non seulement être loccasion de dresser un bilan sans complaisance mais aussi celle de donner une impulsion aux efforts visant la mise en uvre du Programme daction. M. POPOV a attiré lattention sur la Déclaration ministérielle de Malmö, adoptée en mai dernier, en appelant à une intensification de la coopération pour mettre en uvre la conception générale du développement des civilisations qui a été formulée dans la ville suédoise. Action 21, a-t-il insisté, reste la base des actions futures. Il faut cependant, accorder lattention requise aux problèmes nouveaux et analyser les raisons pour lesquelles certains domaines nont pas connu de progrès. A cet égard, le représentant a cité les questions de financement et de transfert des technologies à des fins de développement durable. Il a souhaité que la conférence dexamen décennal explore de nouveaux mécanismes de financement et procède à une étude critique des mécanismes existants. Il est également très important, a conclu le représentant, que dans le cadre de lexamen décennal soit organisée une manifestation au plus haut niveau afin de mobiliser la volonté politique nécessaire à lapplication des décisions prises et à la formulation de nouveaux mécanismes de coopération internationale dans ce domaine.
M. STUART LESLIE (Belize) a déclaré, au nom des Etats de la Communauté des Caraïbes (CARICOM) que les pays des Caraïbes, en majorité des petits Etats insulaires en développement, souffrent de conditions environnementales négatives. Les économies de la CARICOM sont extrêmement vulnérables aux catastrophes naturelles. A l'époque de la proclamation de la décennie contre les catastrophes naturelles, les Etats de notre région furent peu frappées par les ouragans, qui par contre, se sont déchaînés ces dernières années, causant des pertes de lordre de plusieurs centaines de millions de dollars à nos économies et des pertes en vies humaines. Il en a été de même des éruptions volcaniques, comme celle qui a dévasté lîle de Montserrat. Nos pays sopposent vigoureusement au déversement de
déchets toxiques et parfois radioactifs qui se font dans la mer des Caraïbes. Nos territoires sont devenus de plus en plus vulnérables au réchauffement de la planète et à la montée des eaux qui sensuit. Nous appelons les pays industrialisés à adhérer et à ratifier le Protocole de Kyoto. Il est inacceptable que les grands pays qui sont souvent la source des malheurs écologiques que connaissent nos pays, ne veuillent pas assumer les responsabilités internationales qui sont les leurs, pour remédier à la situation actuelle. La mise en uvre dAction 21 exige un partage équitable des responsabilités et des charges. Un partenariat mondial doit sétablir si lon veut sauver lenvironnement et mettre en place les conditions dun développement durable. La CARICOM est davis que Rio+10 doit être précédée dun processus préparatoire substantiel. Les pays en développement ont besoin dassistance pour participer à la fois aux préparatifs de la conférence et à la conférence elle-même. Nous sommes davis que Rio+10 ne doit pas servir à remettre en cause les engagements du Sommet de Rio, mais que la conférence dexamen devrait plutôt intégrer les nouveaux défis nés de la mondialisation. Les Etats de la CARICOM tiennent aussi, dautre part, à annoncer, au sein de cette Commission, leur soutien à la candidature de lAfrique du Sud pour lorganisation de Rio+10.
M. GUY OBRIEN (Australie) a souhaité que la conférence dexamen décennal de la mise en uvre dAction 21 bénéficie de la plus grande visibilité politique. La volonté politique est un élément essentiel qui assurera des progrès dans lordre du jour du développement durable, a insisté le représentant. Il sest ainsi prononcé en faveur de la tenue, pendant la conférence, dune réunion ministérielle et dun sommet de chefs dEtat et de gouvernement. Pour lheure, a dit le représentant, les efforts doivent porter sur lidentification de nouvelles approches de mise en uvre et de toutes autres questions émergentes. Abordant la question de laccès à leau salubre, le représentant a apporté son appui à la proclamation en 2003 dune Année internationale de leau. Il a indiqué que par le biais de ses programmes daide au développement, lAustralie a accordé une somme de 400 millions de dollars australiens pour améliorer laccès à leau et à lassainissement dans les pays en développement. Pour ce qui est de la désertification, le représentant a annoncé ladhésion de son pays à la Convention sur la lutte contre la désertification et un financement de 43 millions de dollars australiens de programmes et de projets dans ce domaine. Concluant sur la question de lénergie, il a annoncé la tenue du 21 au 24 novembre 2000, à Bali, dune réunion ministérielle, au niveau régional, sur lénergie et le développement durable. Il a aussi indiqué que, dans ce cadre, son pays organisera, aux côtés de lIndonésie, un forum régional, le 23 novembre, qui permettra aux représentants du monde des affaires de discuter des questions de promotion, de développement et dinvestissement dans les infrastructures, technologies et services de lénergie.
M. PAUL HEINBECKER (Canada) a déclaré que le Canada soutient lorganisation de Rio+10 dans un pays en développement, et souhaite que le lieu et la date de la tenue de lévènement soit rapidement choisis. La dixième Commission du développement durable (CDD) constitue loccasion de procéder rapidement à un examen complet dAction 21, un examen qui devra faire le bilan des actions accomplies et des défis qui restent à relever. La dixième CDD ne devrait pas viser une révision dAction 21, qui reste une étape valable et utile. La préparation de la dixième CDD et de Rio+10 doit être ouverte, en veillant en particulier à y faire participer les jeunes, qui sont un élément important de la mise en uvre dAction 21. Il sera important de pleinement impliquer les organisations du système des Nations Unies comme le PNUD et le PNUE, ainsi que les institutions financières internationales dans les travaux préparatoires.
M. GRANT ROBERTSON (Nouvelle-Zélande) a souhaité que le processus préparatoire de la conférence dexamen décennal de la mise en uvre dAction 21 soit ouvert et transparent et bénéficie de lapport des communautés locales. Il a également souhaité que les choses soient analysées sous un angle national, sous- régional et régional. Le représentant a souhaité que la conférence dexamen se fasse au plus haut niveau de participation pour montrer lengagement politique en faveur du développement durable. Pour lui, la conférence doit se tenir dans un pays en développement. Le travail de préparation, a-t-il poursuivi, doit consister à formuler une approche multisectorielle, à identifier les obstacles et à élaborer des mécanismes novateurs pour les surmonter. Soulignant limportance de la Convention-cadre sur le changement climatique, le représentant a estimé que le plus grand défi de la Conférence des Parties au Protocole de Kyoto sur les émissions de gaz à effet de serre, qui doit se dérouler le13 novembre 2000, à la Haye, doit être détablir léquilibre entre lintégrité de lenvironnement et le développement économique de tous les pays. Expliquant les efforts de son pays en ce qui concerne la mise en uvre du Programme daction sur le développement des petits Etats insulaires et de la Convention sur la lutte contre la désertification, le représentant a estimé que la clé du succès réside dans la faculté à établir une certaine coordination entre les différentes conventions.
MME MARIA LUIZA RIBEIRO VIOTTI (Brésil) a déclaré au nom des pays du Mercosur, que lenvironnement et le développement sont les normes de base sur lesquelles doivent sappuyer la production économique et lexpansion des marchés. Cette exigence est inscrite dans le préambule du Traité dAsunción, qui est le cadre légal et fiscal du Mercosur. La Conférence de Rio a clairement défini les bases de ce que doit être le développement durable en adoptant le plan Action 21, qui est un texte de consensus. Dans tous les pays du Mercosur, les principes de Rio sont inscrits dans la définition des politiques économiques et sociales. Nous pensons que Rio+10 doit mettre en évidence les raisons qui ont empêché la mise en uvre totale dAction 21. Rio+10 doit veiller à préserver lesprit du Sommet de la Terre.
Les pays en développement naccepteront aucun nouvel engagement légalement contraignant pour eux si, dun autre côté, les engagements pris à Rio ne sont pas pleinement respectés par les pays du Nord, notamment en matière de pollution atmosphérique. La question de léducation étant pleinement intégrée à Action 21, nous pensons que Rio+10 devrait prendre des mesures opérationnelles en vue dintégrer dans léducation lesprit de sauvegarde de lenvironnement. La lutte contre la pauvreté fait elle aussi partie dAction 21. Mais nous refusons que Rio+10 soit réduit à une discussion sur le lien entre environnement et pauvreté. Nous demandons le respect de toutes les conventions et protocoles internationaux touchant aux différents aspects de la préservation de lenvironnement. Les pays du Mercosur prendront les mesures qui simposent pour promouvoir le respect des Conventions sur les changements climatiques et sur la désertification. Nous soutenons dautre part la création du Forum des Nations Unies sur les forêts, qui devrait être officialisée par le Conseil économique et social.
MME NURY VARGAS (Costa Rica) a rappelé que son pays est lun des pays du monde dont la biodiversité est la plus grande. Les résultats obtenus en matière de tourisme et de production hydroélectrique viennent des zones boisées 26% du territoire national- que le Gouvernement sest empressé de déclarer zones protégées. La vocation forestière du pays remonte loin dans lhistoire du pays qui vit depuis longtemps une culture de la protection de lenvironnement. Cest fier de ces acquis et de sa politique écologique, que le Costa Rica a offert à la communauté internationale dabriter le Secrétariat du Forum intergouvernemental sur les forêts, a conclu la représentante.
M. JENÖ C.A. STAEHLIN (Observateur de la Suisse)a déclaré que lobjectif de Rio+10 doit être de renouveler les engagements dAction 21, qui est le fondement de toute évolution en faveur du développement durable. A cet égard un engagement au plus haut niveau politique simpose, qui fasse aussi participer la société civile et le secteur privé. La Suisse propose de donner à Rio+10 un statut de conférence mondiale de chefs dEtat et de gouvernement plutôt que den faire une session spéciale de lAssemblée générale. La conférence pourrait prendre le titre de Sommet mondial sur le développement durable. Il faudrait dans le même temps, veiller à prendre des mesures permettant une large participation de la société civile, des ONG, du secteur privé et des milieux scientifiques au processus préparatoire de Rio+10. Nous attachons une grande importance aux réunions préparatoires régionales et sommes prêts à soutenir le processus préparatoire en Europe. Selon nous ces réunions préparatoires doivent définir les principales questions politiques, les priorités et les mesures de suivi de Rio+10, dont les résultats devraient ensuite être repris dans les conférences préparatoires mondiales. Cest au niveau national que le développement durable doit être mis en uvre. Lordre du jour de Rio+10 devrait donc prévoir un renforcement des institutions et des instruments internationaux impliqués dans la défense de lenvironnement et du développement à ce niveau. La Suisse soutient la tenue de Rio+10 dans un pays en développement.
MME CINDY BERMAN, Conseiller à lOrganisation internationale du travail (OIT), a estimé que pour parvenir à une agriculture durable et au développement durable, il faut que les travailleurs ruraux et leurs familles aient accès à des conditions de travail et de vie adéquates. Attirant lattention sur un rapport de lOIT, intitulé lagriculture durable dans une économie mondialisée, la représentante a indiqué que létude montre la marginalisation du secteur agricole dans la mondialisation. Une réunion tripartite a été tenue le mois dernier, pour discuter des conclusions du rapport et trouver des stratégies appropriées. Aujourdhui, le secteur agricole emploie 1,3 milliards de personnes dont la majorité se trouve dans les pays en développement. Les travailleurs agricoles ont été plus souvent victimes que bénéficiaires de la révolution verte, des progrès techniques et de la mondialisation. En matière de santé et de sécurité, le rapport montre que lagriculture est un des trois des métiers les plus dangereux. Le taux de mortalité y demeure élevé avec 170 000 travailleurs tués par an alors que des millions sont gravement blessés par le matériel ou empoisonnés par des pesticides ou autres produits chimiques. Dans la plupart des pays, les lois nationales de protection sociale ne couvrent quune certaine catégorie de travailleurs agricoles et quand des lois de portée plus large existent, elles sont appliquées, de manière sporadique ou médiocre.
Le programme de lOIT sur la sécurité au travail et la santé dans lagriculture encourage ladoption de normes minimales, de programmes de lutte contre la pauvreté, et de politiques visant lamélioration des conditions de travail et la protection de lenvironnement. En avril dernier, lOIT a recommandé à la Commission du développement durable dappuyer un nouvel instrument sur la santé et la sécurité des travailleurs agricoles pour combler le vide au niveau international. LOIT appuie dailleurs les conclusions du dialogue de la Commission sur les travailleurs et les syndicats dans lagriculture et le système alimentaire. A lâge de la mondialisation, a conclu la représentante, il est important dencourager le rôle du secteur privé comment agent de changement social et de protection des droits des travailleurs et de lenvironnement. Etant donné limportance de lindustrie agricole dans les pays en développement, il est de plus en plus urgent de promouvoir des pratiques agricoles durables auprès des petites et moyennes entreprises de lagro-alimentaire et la responsabilité sociale auprès des multinationales. Le concept de travail décent de lOIT aborde ces questions mais le cadre juridique ne suffit pas, il doit être appuyé par des programmes visant à créer des opportunités de travail décent, à garantir la protection sociale des groupes vulnérables, et à renforcer le dialogue social.
M. MICHAEL K. KOECH (Kenya) a indiqué le soutien de sa délégation aux activités du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUE). En dépit des conditions économiques difficiles que traverse le Kenya, nous avons adopté et mis en uvre des plans daction sur la préservation des ressources naturelles et de lenvironnement. Par exemple, en 1994, notre gouvernement a adopté un plan national qui met laccent sur lintégration de considérations écologiques dans tous les plans dactions concernant les différents secteurs de lactivité socioéconomique. Ces mesures comprennent aussi des plans daction sur les ressources biologiques et la désertification. Le Kenya a ratifié la plupart des accords, traités et conventions internationaux, ainsi que les différents protocoles existant quand ils sont en accord avec les stratégies nationales de notre pays pour un développement durable. La volonté politique nécessaire à la mise en place des mesures dAction 21 existe donc au Kenya.
La vision de notre gouvernement est de créer un environnement sain qui garantisse dabondantes ressources et assure la sécurité alimentaire à nos populations. Nos ressources naturelles devront donc continuer à être gérées de manière rationnelle par des communautés locales, en appliquant des méthodes à la fois traditionnelles et modernes. La pauvreté est devenue une cause supplémentaire des soucis écologiques dans notre pays. Elle contribue à la dégradation rapide du cadre naturel et à lépuisement des ressources naturelles. La destruction du milieu naturel accélère aussi lavancée de la désertification. Il serait donc bienvenu que la communauté internationale garantisse aux pays en développement, dans le cadre de la promotion du développement durable, le bénéfice dune Aide publique au développement prévisible.
M. JAY T. SNYDER (Etats-Unis), parlant de la conférence dexamen décennal de la mise en uvre dAction 21, a souhaité que le libellé précis et équilibré du texte soit préservé. Il a aussi souhaité que la conférence se penche sur les nouveaux instruments du développement durable comme le microcrédit au niveau local ou les technologies de linformation et des communications. Parlant du processus préparatoire en tant que tel, le représentant a souhaité que la Commission du développement durable en tant que comité préparatoire, attendent les résultats des réunions régionales pour fixer lordre du jour de la conférence dexamen. Le représentant sest, par ailleurs, dissocié du consensus visant à organiser la
conférence dexamen hors du siège de lONU. Il a indiqué que son pays sera dans limpossibilité de contribuer au financement dune telle conférence, car la législation actuelle, si elle est renouvelée, interdit tout appui américain aux conférences mondiales du système des Nations Unies hors du siège. Le représentant a conclu sur la nécessité douvrir la conférence à la société civile, aux universités et au secteur privé. La présence du monde des affaires et du monde industriel est nécessaire aussi, a dit le représentant, si, dans un contexte de déclin de laide publique au développement et daugmentation de linvestissement étranger direct, lon veut voir des progrès dans la mise en uvre des dispositions économiques dAction 21.
M. ZVETOYUB VASMAJIEV (Bulgarie) a associé sa délégation à la déclaration faite par la France au nom de lUnion européenne. Laccent devrait être mis sur la préparation au niveau régional de Rio+10, a-t-il souligné, en demandant que soit pris en considération un processus de protection de lenvironnement pour lEurope. La Bulgarie partage le point de vue des organes de lOrganisation des Nations Unies qui estiment que des consultations devraient avoir lieu au printemps de 2001 pour permettre un dialogue en profondeur avec la société civile et les ONG en vue de les intégrer à Rio+10. La Bulgarie soutient la tenue de la 10ème CDD comme comité préparatoire de Rio+10. Nous soutenons aussi les propositions visant à faire de Rio+10 une occasion de relancer un partenariat et une collaboration accrus entre le Nord et le Sud en matière de développement durable.
MME BAI YONGJIE (Chine) a imputé les échecs dans la mise en uvre dAction 21 à une coopération internationale défaillante et au retard quont pris les pays développés dans le respect des engagements pris. La représentante a souhaité que la conférence dexamen décennal de la mise en uvre dAction 21 réaffirme les principes énoncés dans le Programme daction; tels que ceux portant sur les responsabilités communes mais différenciées et sur le respect de la souveraineté dun Etat sur ses ressources naturelles. Elle a aussi souhaité que la conférence souligne la nécessité dappliquer intégralement toutes les dispositions dAction 21 dont celles relatives aux ressources financières et au transfert des technologies. Un des thèmes prioritaires de la Conférence, a dit la représentante, doit être détudier la manière daider les pays en développement à surmonter les obstacles et les problèmes dans la mise en uvre dAction 21. La représentante a plaidé pour une pleine participation de tous les pays en développement en arguant que la protection de lenvironnement mondial ne sera pas effective tant que les pays en développement nauront pas atteint un développement durable véritable.
M. AHMED AMAZIANE (Maroc) a déclaré que lAssemblée générale doit prendre toutes les décisions visant l'organisation et les ressources nécessaires à la tenue de Rio+10. Il convient que des réunions intergouvernementales et internationales en nombre suffisant soient organisées en vue de permettre une évaluation exhaustive des progrès accomplis depuis 1992, et d'identifier les obstacles à surmonter. La communauté internationale doit, dautre part, assister les pays en développement techniquement et financièrement pour leur permettre de participer activement au processus préparatoire de Rio+10. Le Maroc estime que la tenue de ce sommet dans un pays en développement devrait contribuer à attirer lattention de la communauté internationale sur les problèmes qui empêchent ces pays demprunter la voie du développement durable. La pauvreté extrême, la désertification et les effets de la sécheresse, la démographie, la rareté des ressources financières et linsuffisance des capacités techniques et
technologiques sont, entre autres, les facteurs qui accélèrent la détérioration de lenvironnement dans les pays du Sud. Malgré les promesses de Rio, la dégradation de l'environnement mondial s'est poursuivie, en particulier, en ce qui concerne leau, les forêts et les sols. Le principe des responsabilités communes mais différenciées semble séroder, les pays en développement se voyant aujourdhui sommés de consentir des efforts disproportionnés par rapport à leurs capacités et à leur contribution à létat actuel de lenvironnement.
Nous partageons le point de vue du Secrétaire général lorsqu'il affirme que Rio+10 doit aboutir à un engagement planétaire en faveur dun partenariat Nord- Sud renouvelé et à un niveau de solidarité internationale élevé pour promouvoir le développement durable. Rio+10 doit donner une plus grande visibilité politique aux questions de développement durable, et il serait futile de renégocier les principes et engagements dAction 21. En adoptant une démarche intégrée et multisectorielle, Rio+10 devrait se concentrer sur les thèmes dintérêt international comme la pauvreté, les schémas de production et de consommation, le climat, lénergie et leau, de même que ceux qui risquent de peser lourdement sur les efforts déployés par les pays en développement comme les ressources financières et la technologie.
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