AG/EF/315

SELON DES DELEGATIONS, LE CARACTERE MULTILATERAL DES ACTIVITES DE DEVELOPPEMENT DE L'ONU EST COMPROMIS PAR L'AUGMENTATION DE FINANCEMENTS SUJETS A CONDIONNALITES

10 octobre 2000


Communiqué de Presse
AG/EF/315


SELON DES DELEGATIONS, LE CARACTERE MULTILATERAL DES ACTIVITES DE DEVELOPPEMENT DE L’ONU EST COMPROMIS PAR L’AUGMENTATION DE FINANCEMENTS SUJETS A CONDIONNALITES

20001010

La Commission économique et financière (Deuxième Commission) a achevé, cet après-midi, l’examen de la question des activités opérationnelles de développement menées par les fonds et les programmes des Nations Unies. Un examen plus approfondi de ces activités – examen triennal- devant se faire l’année prochaine, les délégations, qui interviennent depuis hier, se sont principalement limitées à des commentaires sur les incidences du déclin des ressources de base des fonds et programmes et de leur stagnation depuis 1992. L’Inde a ainsi eu l’occasion de montrer du doigt les défenseurs d’un remplacement de l’Aide publique au développement (APD) – canal des ressources de base - et de l’assistance multilatérale, par les flux de capitaux privés et l’assistance bilatérale. L’Inde, premier contributeur des fonds et programmes de l’ONU parmi les pays en développement, a réaffirmé sa conviction qu'une réalisation réussie des objectifs globaux de “prospérité pour tous” passe par une assistance multilatérale menée sous l’égide du système des Nations Unies.

Les ressources dites “non de base” étant elles en augmentation, les délégations se sont inquiétées de cette tendance qui, selon elles, va à l’encontre des principes d’universalité et de neutralité attachés aux activités opérationnelles de développement de l’ONU. Ces ressources sont, en effet, affectées à des projets de développement dont les bénéficiaires sont choisis par les donateurs eux-mêmes. L’expérience ayant montré que ces projets de développement profitent surtout à une certaine catégorie de pays en fonction de critères de vulnérabilité économique, Sainte-Lucie, au nom de la Communauté des Etats des Caraïbes (CARICOM), a demandé aux Nations Unies d’arrêter purement et simplement les études menées en ce moment sur l’établissement d’un indice unique de vulnérabilité pour tous les pays en l’invitant à élaborer plusieurs types d’indice qui tiennent compte aussi des données qualitatives telles que la vulnérabilité des Etats insulaires aux catastrophes naturelles.

Outre l’Inde et Sainte-Lucie, les représentants de l’Ukraine et de la République de Corée ont pris la parole.

La Commission se réunira jeudi 12 octobre à 10 heures pour entamer l’examen de la question relative au développement durable et à la coopération économique internationale.

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ACTIVITES OPERATIONNELLES DE DEVELOPPEMENT

Fin du Débat général

M. OLEKSII HOLUBOV (Ukraine) a déclaré que l’Ukraine soutient les missions du Fonds de développement des Nations Unies pour la femme (UNIFEM). Nous pensons que l’UNIFEM est une institution clef pour la promotion de la sexospécificité à l’intérieur du système des Nations Unies et dans les différents pays dans lesquels l’Organisation des Nations Unies mène des activités opérationnelles de développement. Ces activités jouent un rôle important dans le développement des secteurs d’activités dans lesquels les fonds et programmes de l’Organisation des Nations Unies fournissent une aide aux Etats Membres. Evoquant la pauvreté dans le monde qui constitue, selon le représentant, la plus grande menace à la paix et à la stabilité, les activités opérationnelles de l’Organisation des Nations Unies doivent être considérées comme une importante contribution à la sauvegarde de la paix et de la stabilité régionales et internationales. L’Ukraine pense que l’Organisation des Nations Unies est bien placée pour, de part son mandat unique, faire face aux questions de développement de manière intégrée et coordonnée. Elle seule peut mener des actions coordonnées pouvant harmoniser les interventions des institutions de Bretton Woods, des donateurs bilatéraux, du secteur privé et des ONG. Nous tenons à relever le rôle critique que joue en la matière le cadre d’assistance au développement des Nations Unies (UNDAF) comme mécanisme de coordination des activités opérationnelles, et nous pensons que les efforts récemment déployés par le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) en vue de lier réformes, résultats et ressources, peuvent améliorer la situation qui prévaut en ce moment en matière de ressources et de financements, et améliorer le niveau d’efficacité des actions du PNUD sur le terrain. A cet égard, nous partageons le point de vue selon lequel les résultats de la réunion ministérielle, tenue le 11 septembre à New York, sur l’initiative de l’Administrateur du PNUD, traduisent une réussite. Nous espérons que les recommandations de cette réunion contribueront à améliorer la manière dont le PNUD est financé, en rendant ses contributions plus prévisibles et plus substantielles.

Nous pensons que le PNUD doit continuer à jouer un rôle central dans les activités de développement de l’Organisation des Nations Unies, et qu’il devrait servir à coordonner les activités des autres fonds et programmes et à faciliter les efforts de développement de la communauté des donateurs. Les fonds et programmes ont fourni une aide substantielle à notre pays en y aidant la mise en œuvre d’un grand nombre de réformes économiques et sociales, et en nous aidant à minimiser les conséquences de la catastrophe de Tchernobyl. Aujourd’hui, le Bureau du PNUD en Ukraine travaille en étroite collaboration avec notre Gouvernement en vue de finaliser notre second cadre de coopération-pays pour la période 2001-2003, qui orientera les priorités d’action à observer au cours des prochaines années. Il y a quelque temps, un nouveau programme appelé «ONU- Tchernobyl» a été lancé qui vise à éliminer les conséquences médicales, environnementales et sociales de la catastrophe technologique dont il porte le nom.

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M. N. D. TIWARI (Inde) a montré du doigt ceux qui continuent à croire que la libération totale des forces du marché renferme la solution à tous les problèmes auxquels est confronté le monde actuel. Il a dénoncé ceux qui pourraient en déduire que les flux de capitaux privés finiront par remplacer l’Aide publique au développement (APD) dont le déclin est surtout la résultante de considérations politiques et budgétaires. Le représentant a poursuivi en attirant l’attention de la Commission sur les études récentes relatives aux tendances de la croissance et du développement dans les pays en développement, qui ont démontré que le miracle de la disparition de la pauvreté ne s’est pas produit. Certes la pauvreté peut diminuer avec la croissance mais il n'en demeure pas moins que les inégalités s’accroissent. Le représentant a souligné que la tendance persistante du déclin et de la stagnation des fonds disponibles représente une menace pour la viabilité des activités opérationnelles de développement du système des Nations Unies et compromet sérieusement la viabilité du travail relatif au développement des pays concernés. Le manque de ressources et la possibilité de réaffecter des ressources déjà maigres vers d’autres secteurs plus visibles du système des Nations Unies, tels que les opérations de maintien de la paix, sont un sujet de grande préoccupation.

Le représentant a rappelé, à cet égard, que bien souvent la paix et la stabilité se voient menacées quand les efforts de développement s’arrêtent et que la pauvreté et le chômage prennent des proportions endémiques. Donnant un exemple des efforts de l’Inde en matière d’APD, il a indiqué que la contribution indienne au Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) s’élève à 4,5 millions de dollars, plaçant le pays au 17ème rang des plus grands contributeurs du Programme et au premier rang des contributeurs parmi les pays en développement. Le représentant a donc appelé tous les partenaires à accroître leurs contributions aux ressources de base des fonds et programmes des Nations Unies et a salué les pays comme la Norvège qui l’ont déjà fait. Si l’importance des programmes bilatéraux ne peut et ne doit pas être minimiser, il faut néanmoins souligner, a conclu le représentant, que la mission globale de la prospérité pour tous ne pourra être menée que par le biais de l’aide multilatérale sous l’égide des Nations Unies et de ses institutions, a conclu le représentant.

M. SONIA LEONCE-CARRYL (Sainte-Lucie) a déclaré que les 14 membres de la Communauté des Etats des Caraïbes (CARICOM) sont d'avis que l’Organisation des Nations Unies a un mandat à remplir concernant la question du développement, mais que ce mandat devrait être renforcé en cette période de mondialisation accélérée. Les questions de développement dont son chargées les Nations Unies devraient se voir accorder la même priorité que la recherche de la paix et de la stabilité. Les activités opérationnelles constituent un des meilleurs moyens pour remplir cette mission de l’Organisation. La CARICOM, qui attache une grande importance à la question des ressources de base destinées à ces activités opérationnelles, constate que malheureusement leur financement ne cesse de décliner. Cette tendance négative mine dangereusement les bases du multilatéralisme. Les ressources de base ne devraient pas être supplantées par celles qui ne le sont pas, ou alors, ces dernières devraient être soumises aux principes qui régissent l’universalité. Nous regrettons que certains pays riches qui en ont pourtant la capacité, ne respectent pas les niveaux de contribution à l’APD agréés par l’ensemble de la communauté internationale, et qu’en même temps ces pays continuent de diminuer leurs versements concernant les ressources de base des fonds et programmes de l’ONU.

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La CARICOM exprime d’autre part certains soucis en ce qui concerne les mesures régissant les traitements concessionnels accordés aux pays, y compris la méthode employée pour déterminer des “indices de vulnérabilité”. A cet égard, nous demandons à l’Organisation des Nations Unies de corriger les données actuelles et d’introduire des données qualitatives, y compris les diverses formes de vulnérabilité, quand elle fait l’évaluation de nos pays en matière de possibilités de développement durable. A cet égard, nous demandons purement et simplement l’arrêt des travaux et études menés en ce moment sur un indice unique de vulnérabilité. Il est essentiel que face à la mondialisation qui accentue les inégalités et rend plus pressants les besoins des pays en développement, l’Organisation des Nations Unies remplisse pleinement son mandat en ce qui concerne le droit au développement.

M. CHA YOUNG-CHEOL (République de Corée) s'est réjoui du temps a jugé important, compte tenu du déclin et de la stagnation des ressources de base des fonds et programmes des Nations Unies, que les ressources disponibles soient utilisées de manière plus efficace. Le représentant a néanmoins salué les efforts de la communauté internationale tendant à consolider l’assise financière des fonds et programmes en appelant les Etats Membres à faire montre de la volonté politique nécessaire en la matière. Le représentant s’est, à cet égard, félicité de la réunion ministérielle du PNUD qui s’est tenue sur la question le 11 septembre dernier. Il a aussi salué les efforts de l’Administrateur du PNUD pour renforcer les activités relatives à la coopération technique entre pays en développement et à la coopération Sud-Sud. Il a rappelé que la coopération Sud-Sud est devenue un élément central de la politique de coopération au développement de la République de Corée et a indiqué, dans ce cadre, qu’en collaboration avec le PNUD, son pays a organisé à Séoul au mois de février dernier, un forum de haut niveau sur la science et la technique visant à promouvoir les activités de coopération Sud-Sud en la matière. Le représentant a dit espérer que ce Forum s'inscrira dans les annales comme une opportunité de partager les expériences de développement et de promouvoir le dialogue au profit de la coopération Sud-Sud dans les domaines de la science et de la technique.

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