En cours au Siège de l'ONU

AG/EF/313

LA SCIENCE ET LA TECHNOLOGIE CONSTITUENT LES MOTEURS DU DEVELOPPEMENT DANS L'ECONOMIE DU XXIE SIECLE BASEE SUR LES CONNAISSANCES

6 octobre 2000


Communiqué de Presse
AG/EF/313


LA SCIENCE ET LA TECHNOLOGIE CONSTITUENT LES MOTEURS DU DEVELOPPEMENT DANS L’ECONOMIE DU XXIE SIECLE BASEE SUR LES CONNAISSANCES

20001006

La Commission économique et financière (Deuxième Commission) a poursuivi cet après-midi l’examen des questions de politique macroéconomique de son ordre du jour en examinant la question de la science et de la technique au service du développement. De nombreuses délégations ont relevé que la question des technologies de l’information et des communications, dont le Conseil économique et social avait fait le thème de son débat annuel de haut niveau lors de sa dernière session, était cruciale dans une économie mondialisée basée sur les connaissances et l’usage des technologies. Intervenant sur cet aspect du problème, le représentant de la Namibie a relevé que le volume des transactions de biens et de services faites grâce au commerce électronique que permettent l’Internet et les nouvelles technologies avait atteint des montants vertigineux, la somme des transactions ayant atteint les 45 milliards de dollars en 1998, et pourrait s'élever à plus de 7 trillions de dollars en l’an 2004, selon certaines prévisions.

En même temps qu’elles faisaient le constat de la nécessité de mettre les technologies de l’information au service du redressement des économies en développement, qui ne pourront sans leur maîtrise joindre le train de la mondialisation, les délégations ont évoqué la place importance qu’occupent les biotechnologies et notamment la révolution biogénétique, dans les perspectives de production et de rentabilité accrûes de l’agriculture mondiale. A ce sujet, l’Inde s’est élevée contre toute politique qui viserait à faire des pays du Sud de simples clients de la recherche agricole à but commercial menée dans les pays développés. Elle a fait savoir que son gouvernement, soucieux de promouvoir des mesures qui assureront l’indépendance et la sécurité alimentaire de son pays, encourageait des recherches scientifiques sur le génome végétal. Joints aux efforts de la «révolution verte », a estimé le représentant de l’Inde, les résultats d’une « révolution du génome végétal» mettront à la disposition des agriculteurs de l’Inde et des pays du Sud, les moyens de leur sécurité alimentaire.

Au vu de l’importance de la science et des technologies sur l’évolution des modes de vie et des échanges mondiaux, plusieurs délégations, dont celle de la Barbade, ont exprimé leur soutien à un rôle accru de l’ONU dans le renforcement de la coopération internationale. A ce sujet, la représentante de la Barbade a remercié, au nom des pays du CARICOM, les Nations Unies pour le lancement d’un Réseau digital de santé qui permettra de mettre à la disposition des services et des personnels de santé des pays du Sud les connaissances les plus avancées et adaptées à chaque région de la recherche scientifique moderne.

(à suivre - 1a) - 1a - AG/EF/313 6 octobre 2000

La création par l’ONU d’un Groupe de volontaires chargés de la formation dans les pays en développement de personnes et de communautés dans les techniques de l’information et des communications a été saluée. Toujours dans le cadre de la coopération internationale, le Nigéria a rappelé que les dispositions de l’Accord du Cycle d’Uruguay relatives au transfert de technologie n’ont jamais été appliquées, et il a plaidé pour que les pays en développement puissent exercer leurs droits de propriété intellectuelle en ce qui concerne leurs connaissances traditionnelles.

Les représentants des pays suivants ont pris la parole : Nigéria, au nom du Groupe des 77 et de la Chine ; France, au nom de l’Union européenne et des pays associés ; Colombie, au nom du Groupe de Rio ; Pakistan ; Ghana ; Fédération de Russie ; Barbade, au nom des Etats membres de la Communauté des Caraïbes (CARICOM); Brésil, au nom du Mercosur ; Inde ; Bélarus ; Ukraine ; Namibie, au nom de la Communauté pour le développement de l’Afrique australe (SADC), et République démocratique populaire de Corée.

La Commission poursuivra l’examen de ce point lundi 9 octobre à 15 heures.

- 2 - AG/EF/313 6 octobre 2000

QUESTIONS DE POLITIQUE MACROECONOMIQUE

Science et technique au service du développement

Note du Secrétaire général transmettant le rapport de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED) les progrès réalisés dans l’application de la résolution 54/201 (A/55/413) Dans cette résolution, l’Assemblée générale a prié le Secrétaire général de lui présenter des propositions en vue du renforcement de la coordination des mécanismes de la Commission de la science et de la technique au service du développement dans le cadre de la CNUCED. Le rapport demandé par l’Assemblée générale a été rédigé par la CNUCED sous le titre “Propositions tendants à renforcer la coordination des mécanismes de la Commission de la science et de la technique au service du développement dans le cadre de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement afin de favoriser la complémentarité des activités de l’ensemble des organismes des Nations Unies” (A/55/96-E/2000/84). Ce rapport fait la synthèse des débats antérieurs de la Commission de la science et de la technique au service du développement consacrés à la question de la coordination et présente un certain nombre de propositions en vue du renforcement des mécanismes de coordination, notamment les mesures que le secrétariat de la CNUCED doit prendre pour créer un réseau électronique sur la science et la technique au service du développement qui permette de coordonner les politiques et les programmes suivis en matière de sciences et de technologie et d’améliorer la mise en commun de l’information, la diffusion des connaissances et la formulation d’idées nouvelles par tous les organismes des Nations Unies compétents et les autres acteurs principaux dans ce domaine, y compris le secteur privé. Le secrétariat de la CNUCED a déjà engagé le processus de création d’un tel réseau, qui est censé être opérationnel avant la fin de l’an 2000. Le suivi de la résolution 54/201 de l’Assemblée générale est également directement lié à la récente déclaration ministérielle du débat de haut niveau du Conseil économique et social (voir A/55/3, chap. III) concernant le rôle des technologies de l’information et de la communication (TIC) dans le contexte d’une économie à forte intensité de connaissances et la proposition de créer un groupe de travail sur les TIC.

Un rapport plus détaillé sur les progrès réalisés dans l’application de la résolution 54/201 de l’Assemblée générale sera établi après la cinquième session de la Commission de la science et de la technique au service du développement, qui se tiendra à Genève au printemps 2001, et sera présenté à l’Assemblée générale pour examen à sa cinquante-sixième session.

Débat général

Mme CATHERINE GRAS (France) a déclaré, au nom de l’Union européenne et des pays associés, que la fracture sociale était devenue, au-delà de la seule mondialisation, un des soucis de la communauté internationale qui doit s’efforcer de promouvoir les technologies en vue d’aider le développement, dans le respect de la protection des droits de propriété intellectuelle. L’Union européenne estime que l’émergence de la société numérique rend nécessaire le transfert vers les pays en développement des dernières technologies et notamment de celles de l’information et des communications (TIC).

- 3 - AG/EF/313 6 octobre 2000

L’accès des pays en développement aux TIC est important pour leur permettre de s’intégrer à la mondialisation et d’effectuer le décollage économique dont ils ont besoin. Ces pays sont cependant fortement handicapés par l’absence de structures et infrastructures indispensables à la maîtrise des TIC. L’ONU peut jouer un rôle important dans le transfert des TIC vers les pays en développement et l’Union européenne se réjouit des recommandations émises à cet égard par la session annuelle du Conseil économique et social. Nous reconnaissons que la maîtrise des TIC peut remédier aux manques dont souffrent les pays pauvres dans de nombreux domaines dont ceux de la santé et de l’éducation. L’Union européenne est pour des mesures qui focaliseraient l’attention sur la gestion des ressources naturelles, la maîtrise des activités agricoles et la santé. Des agences comme l’Organisation des Nations Unies pour le développement industriel (ONUDI) et le Programme des Nations Unies pour l'environnement (PNUE) doivent jouer un rôle indispensable en matière de transfert et de propagation de technologie ne menaçant pas l’environnement. Nous sommes prêts à travailler avec les pays en développement pour faciliter l’accès aux technologies adaptées à leurs spécificités. L’Union européenne soutient d’autre part des politiques visant à assurer la maîtrise par les femmes de toutes les technologies pour leur permettre de prendre part aux activités de développement.

M. OSITADINMA ANAEDU (Nigéria), au nom du Groupe des 77 et de la Chine, s’est montré préoccupé par le retard pris par les pays en développement dans cette génération de la connaissance et de ses applications dans les nouveaux domaines de l’industrie, lesquels sont générateurs de revenus et de richesses nationales. Le représentant s’est dit préoccupé par le rôle des Nations Unies marginalisé. Il a plaidé pour que la place de l’Organisation soit consolidée, de manière urgente, pour lui permettre de s’engager efficacement dans la promotion de la coopération internationale dans le domaine de la science et de la technologie. Il est urgent, a dit le représentant, de mettre en route une action internationale concertée dans les domaines de la recherche et du développement, du renforcement des capacités, du transfert de technologie écologiquement saine à des termes "concessionnels" et préférentiels et de l’accès aux ressources financières.

Il est également important d’éliminer les barrières qui empêchent les pays en développement d’exploiter la science et la technologie, notamment dans les domaines des connaissances traditionnelles. Le représentant a aussi estimé que les dispositions de l’Accord sur le commerce lié à la propriété intellectuelle relatives au transfert de technologie n’aient pas été pleinement mises en œuvre. Il a appelé la communauté internationale à reconnaître le droit des pays en développement de breveter leurs connaissances, notamment celles des communautés autochtones.

M. ALFONSO VALDIVIESO (Colombie) a dit, s’exprimant au nom du Groupe de Rio, que la communauté internationale devait tout faire pour limiter la marginalisation des pays en développement qui sont pour le moment exclus des échanges économiques générés par l’usage de l’Internet et dont les transactions financières toucheront 700 millions de personnes en l’an 2001.

- 4 - AG/EF/313 6 octobre 2000

Nous soulignons ici l’importance du segment de haut niveau de l’ECOSOC consacré aux TIC, et nous pensons que le succès de la révolution de l’information se mesurera à l’une des initiatives qu’elle permettra de mener sur des questions comme celle de l’élimination de la pauvreté. Nous savons cependant que tous les efforts de transfert des TIC vers les pays pauvres seront vains sans une participation active du secteur privé.

Nous devons bannir toute nouvelle forme d’exclusion et notamment celle de la «division numérique». Les valeurs, les cultures et les identités nationales et autochtones en matière de développement doivent être préservées par les usages que l’on fait des nouveaux outils technologiques. Au niveau du Marché commun du Sud (Mercosur) nous travaillons à mettre en place des structures capables d’assurer la présence de nos économies dans la nouvelle économie digitale tout en y apportant notre identité. A cet égard, les pays de notre région se joindront aux plans d’action internationaux pour être pleinement membres de l’économie mondiale à base de connaissances.

M. SHAMSHAD AHMAD (Pakistan) a estimé que la période actuelle est marquée par de grandes opportunités mais aussi par d’abominables disparités. Plus de 40% de la population n’a pas accès à un téléphone, a dit le représentant pour illustrer à quel point le monde est loin d’utiliser les nouveaux outils dans le développement et la lutte contre la pauvreté. Le représentant a appelé à des mesures pratiques pour diffuser les connaissances nécessaires à la satisfaction des besoins de base des populations. Il faudra, a-t-il poursuivi, une action engagée aux niveaux national et international. Sur le plan national, les pays du Sud ont déjà lancé des initiatives pour promouvoir la science et la technologie aux fins du développement. Le Pakistan a, par exemple, augmenté de 12000% son budget lié au développement du secteur de la science et de la technologie. Il a également tout mis en oeuvre pour attirer les investissements étrangers dans les secteurs des télécommunications et de la production de logiciels. Il entend aussi créer un Institut des technologies de l’information pour le Sud. Au niveau international, le représentant a appelé à une action concertée pour appuyer les efforts des pays en développement et les pays à économie en transition tendant à utiliser la science et la technologie au service du développement. Il faut leur donner l’appui financier et technique requis et éliminer les obstacles à l’acquisition des connaissances.

A cet égard, le représentant s’est félicité des initiatives du Secrétaire général concernant l’inter-réseaux sur la santé et les services des Nations Unies pour les technologies de l’information. Il s’est félicité de la création de l’Equipe spéciale du Conseil économique et social sur les nouvelles technologies de l’information et des communications. Il a l’initiative de la CNUCED visant à lancer un réseau sur la connaissance et la technologie au service du développement. Pour dynamiser le rôle des Nations Unies en la matière, le représentant a plaidé pour une allocation de ressources suffisantes prélevées sur le budget ordinaire de l’ONU pour financer les activités du système des Nations Unies. Il a aussi défendu l’idée que l’Assemblée continue à examiner cette question pour aider l’ONU à suivre le rythme des progrès technologiques.

- 5 - AG/EF/313 6 octobre 2000

La CNUCED doit continuer à identifier les domaines potentiels de partenariats entre l’ONU et le secteur privé alors que le Secrétariat de l’ONU, les fonds et les programmes doivent explorer les moyens de lancer une campagne visant le renforcement des capacités nationales. Il convient enfin, a estimé le représentant, de procéder à un examen d’ensemble des dispositions de l’Accord sur le commerce lié à la propriété intellectuelle, en particulier les dispositions relatives au transfert de technologie.

M. KWABENA OSEI-DANQUAH (Ghana) a exprimé le soutien de sa délégation aux efforts déployés par la CNUCED en vue de créer des réseaux électroniques ouverts aux membres du Comité de la science et de la technique au service du développement et à tous autres Etats intéressés par ces questions. On peut dire que le rapport de la CNUCED est la clef de voûte du traitement de la question de la science et de la technique au service du développement. La mise en place progressive des mesures visant à créer des communautés interconnectées et qui établirait une collaboration entre différents acteurs, dont les chercheurs et les scientifiques, les ONG et la société civile nous semble pratique et réaliste. Nous demandons dans ce cadre d’idées à la société privée “Yet2.com” qui a fait une proposition allant dans ce sens, de coopérer avec la CNUCED, tout en demandant que des ressources supplémentaires soient allouées à la CNUCED et aux autres organes de l’ONU pour leur permettre d’achever la mise en place des réseaux d’échanges d’information et de coordination qui iraient dans le sens des recommandations du débat de haut niveau de l’ECOSOC sur les technologies de l’information et des communications.

M. DMITRY MAKSIMYCHEVA (Fédération de Russie) a souhaité que la question de la coopération en matière scientifique et technologique devienne la priorité des Nations Unies. L’efficacité future de l’ONU en la matière déterminera l’adaptation des pays au processus de mondialisation, a estimé le représentant en demandant à la Commission de la science et de la technique au service du développement de développer des partenariats entre le secteur public et le secteur pour ouvrir l’accès aux technologies nouvelles, y compris les techniques de production écologiquement propres, la biotechnologie et les technologies de l’information et des communications. La Commission doit se rapprocher des autres partenaires du système des Nations Unies pour assurer une actualisation des activités des Nations Unies dans ce domaine. Le représentant s’est félicité des mesures prises par l’Assemblée visant à renforcer le rôle de coordination de la Commission dans les technologies nouvelles. Pour renforcer ce rôle, le représentant a souhaité des mesures visant à garantir une participation plus active des organismes des Nations unies aux groupes de travail de la Commission. Pour ce faire, il a encouragé la mise à disposition d’informations sur les activités analogues menées par d’autres institutions des Nations Unies. Il faut développer l’interaction entre la Commission et la Commission du développement durable sur l’introduction des technologies écologiques propres, a dit le représentant avant d’appeler aussi à une interaction entre la Commission et le Groupe de travail spécial sur les nouvelles technologies du Conseil économique et social.

- 6 - AG/EF/313 6 octobre 2000

Mme DONNA FORDE (Barbade) a déclaré, au nom des pays de la Communauté des Etats des Caraïbes (CARICOM) que les technologies modernes pourraient permettre de résoudre des questions auxquelles l’humanité n’avaient pas depuis longtemps de réponses. La révolution en matière de biotechnologie moléculaire donne par exemple aujourd’hui à la médecine et à l’agriculture des perspectives immenses non encore totalement explorées. La science et la technologie peuvent permettre aux pays des Caraïbes de lancer des actions préventives ou curatives contre des maladies endémiques, par exemple le diabète, l’hypertension, les cancers ou même le VIH/sida. A cet égard les pays du CARICOM expriment leur soutien aux Nations Unies pour l’initiative d’un réseau intégré de santé en faveur des pays en développement. Cette initiative vise à créer et à opérer 10 000 sites de santé Internet dont pourraient se servir les hôpitaux, cliniques et autres structures de santé dans le monde en développement. Ces sites aideraient à former et à actualiser de manière régulière les connaissances des spécialistes et du personnel de santé dans ces pays.

Les pays du CARICOM soutiennent les mesures énoncées en vue de réduire la fracture numérique Nord-Sud. Le Gouvernement de la Barbade en ce qui le concerne a déjà lancé de nouveaux programmes d’éducation à travers son initiative “Edutech 2000”. Celle-ci met en valeur l’usage de l’information et des techniques multimédias pour améliorer la qualité et la profondeur de l’enseignement en vue de préparer la Barbade à s’intégrer dans la nouvelle économie.

M. LUIZ TUPY CALDAS DE MOURA (Brésil), au nom des pays du Mercosur, a indiqué que dans la région du Mercosur, les gouvernements et le secteur privé jouent un rôle actif pour assurer la percée des nouvelles technologies. Pour ces pays, il s’agit de procéder à une analyse commune de l’utilisation des nouvelles technologies. Les pays ont convenu que le transfert ne suffit pas. Ils veulent jouer un rôle dans la société des connaissances en devenant aussi producteurs de connaissances. Le processus du Mercosur a pour objectif de renforcer les capacités techniques des populations grâce à la coopération et à la mise en place d’un cadre réglementaire commun. Récemment, les pays du Mercosur ont tenu un séminaire à Montevideo, sur les techniques de l’information, le développement et l’intégration. La position de ces pays est consacrée par la Déclaration de Florianopolis, le document final de la réunion tenue en juin au Brésil, en prévision de la session de fond du Conseil économique et social. La science et la technique, a conclu le représentant, représentent un instrument essentiel dans la quête pour le développement. Il est donc indispensable que la communauté internationale continue d’examiner la question et mette en oeuvre des actions spécifiques.

M. N. D. TIWARI, Président de la Commission des comptes du Parlement de l’Inde, a déclaré qu’il est indispensable que le développement de la science et de la technologie s’accompagne d’un respect strict de règles éthiques et morales. Sommes-nous sûrs que le développement des biotechnologies aidera réellement les pays en développement à assurer la satisfaction de leurs besoins alimentaires et qu’il ne sera pas plutôt utilisé pour les rendre plus dépendants des pays riches? Comment s’assurer que certaines découvertes scientifiques seront mises à profit pour améliorer la santé des êtres humains et ne seront pas utilisées pour vouloir, de manière eugénique, créer “l’enfant parfait”?

- 7 - AG/EF/313 6 octobre 2000

La révolution biogénétique opérée dans la sphère agricole offre de grandes possibilités d’assurer la sécurité alimentaire et d’autres actions sociales indispensables comme par exemple la gestion et le recyclage biologique des déchets. L’Inde mène des études très avancées dans ces domaines et en met les résultats à la disposition de ses petits agriculteurs. Nous avons créé, pour soutenir ces recherches, un Centre national de recherche sur le génome végétal, et espérons qu’une synthèse entre notre “révolution verte” et la “révolution génétique” pourra mener à une véritable révolution alimentaire permettant aux agriculteurs indiens de garantir la sécurité alimentaire du pays.

Il est clair que la technologie en elle-même ne doit pas être perçue comme une panacée aux problèmes de développement. Le véritable défi réside dans le potentiel et l’impact que peuvent avoir la science et la technologie sur les objectifs de développement que l’on se fixe. Nous pensons qu’elles doivent servir à augmenter la productivité des petites et moyennes entreprises qui sont l’épine dorsale des économies des pays en développement, et qu’elles doivent ainsi participer à la création d’emplois pour les jeunes, tout en aidant les efforts d'éducation, de santé et d’émancipation sociale.

M. ANDREI POPOV (Bélarus) a constaté que la libéralisation des marchés et la concurrence industrielle ont accru le rôle de la science et de la technique dans la croissance économique et le développement. La maîtrise de la technique, a-t-il insisté, est devenue un élément décisif du développement économique et social durable. Au Bélarus, la nouvelle atmosphère économique a eu son influence sur la communauté scientifique. Le Gouvernement a choisi d’appuyer, dans un premier temps, les innovations qui favorisent le développement notamment en encourageant la coopération entre les entreprises et les scientifiques dans des projets qui concernent aussi bien la science fondamentale que la science appliquée. Dans ce contexte, la question du financement durable et prévisible des programmes techniques et consultatifs internationaux trouve toute sa pertinence. Le représentant a plaidé pour le renforcement de la coopération internationale et surtout pour le renforcement de la coopération entre la Commission des Nations Unies sur la science et la technique et les autres organisations des Nations Unies de façon à renforcer le potentiel scientifique des pays en développement et des pays à économie en transition. Il est particulièrement utile que les organes pertinents des Nations Unies aident les pays en développement et les pays à économie en transition à renforcer leur potentiel dans le domaine de l’informatisation et des télécommunications pour favoriser leur intégration rapide dans l’économie mondialisation, a estimé le représentant.

M. OLEKSI HOLUBOV (Ukraine) a déclaré que les Nations Unies doivent veiller à résoudre la question posée par la fracture numérique en créant un cadre pour une coopération internationale en la matière. La capacité des pays à atteindre une croissance économique soutenue et à s’intégrer à l’économie est aujourd’hui largement dépendante de leur aptitude à accueillir efficacement les transformations technologiques et les évolutions scientifiques. L’Ukraine apprécie le rôle des Nations Unies dans le domaine de la coopération internationale en matière scientifique et technologique. La Commission des Nations Unies sur la science et la technique au service du développement a un rôle majeur à jouer comme forum mondial sur ces questions, et sur la formulation de recommandations.

- 8 - AG/EF/313 6 octobre 2000

La Commission devrait poursuivre la coopération qu’elle a établie avec les organes pertinents de l’ONU en accomplissant ses missions essentielles de coordonnateur des activités liées à l’usage des sciences et des techniques dans le développement, et ceci en tenant compte des grandes tendances internationales. Nous sommes convaincus que la communauté internationale a un rôle critique de soutien dans ce domaine.

M. HAROLDT URIB (Namibie), au nom de la Communauté pour le développement de l’Afrique australe (SADC), a convenu avec le Secrétaire général de l’ONU que la diffusion des connaissances est la clef du développement du potentiel humain et que, dans ce contexte, les institutions des Nations Unies doivent devenir des “institutions du savoir”. Illustrant l’importance accrue des nouveaux instruments scientifiques dans la croissance, le représentant a indiqué que le volume des transactions faites par le biais du commerce électronique et l’Internet, passera de 45 milliards de dollars en 1998 à 7 000 milliards de dollars en 2004. C’est dans ce contexte, a expliqué le représentant, que la Section de coordination de la science et de la technique de la SADC a décidé de créer un Groupe de travail pour formuler une stratégie de collecte, d’organisation et de diffusion des informations scientifiques dans la région. Il ne fait aucun doute que le partenariat mondial émergent fournira un environnement favorable à l’accès des pays en développement aux nouvelles technologies, a estimé le représentant en encourageant les institutions des Nations Unies à assurer, dans leurs activités opérationnelles, une place de choix aux activités liées au transfert des connaissances techniques et au renforcement des compétences.

Pour le représentant, l’intégration des technologies de l’information et des communications dans les politiques macroéconomiques combinée à une réforme systémique de l’architecture financière internationale, permettra à la révolution numérique de devenir réellement le moteur d’intégration des pays en développement dans l’économie mondialisée. C’est la raison pour laquelle, a-t-il dit, les Ministres de la SADC ont demandé à l’instance pertinente de la Communauté d’examiner la possibilité d’élargir le concept de partenariat au-delà de la notion traditionnelle de donateurs pour inclure les nouveaux acteurs de l’économie que sont le secteur privé, les ONG et les autres institutions internationales. La marginalisation de l’Afrique, qui fournit à l’économie mondiale une part substantielle des matières stratégiques, est totalement inacceptable, a dit le représentant avant d’appeler à des mesures de correction urgentes.

M. RIM SONG CHOL (République démocratique populaire de Corée) a estimé qu’il est important que les pays en développement définissent eux-mêmes leurs priorités et leurs plans nationaux en matière de science et de technique au service du développement. Cette réflexion doit se fonder sur la création d’industries nationales basées sur leurs ressources matérielles et naturelles, et dans le même temps, ils doivent déployer tous les efforts nécessaires pour établir dans ce domaine une véritable coopération entre pays en développement. Les pays développés quant à eux ne doivent pas simplement imposer des politiques bénéfiques à leurs propres intérêts et à leurs profits économiques en monopolisant les sciences et les technologies. Ils devraient accepter que ces outils représentent un bien commun de l’humanité et que les pays pauvres en ont besoin pour promouvoir leur développement durable. Les organes du système de l’ONU devraient jouer un rôle central en offrant des financements et des facilités technologiques aux pays du Sud en développement en ayant pour objectif de les soutenir dans leurs efforts d’industrialisation.

* *** *

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.