AG/EF/311

SEUL UN CONTRAT DE SOLIDARITE ENTRE LE NORD ET LE SUD PERMETTRA AUX PAYS EN DEVELOPPEMENT DE BRISER LES CHAINES DE LA MARGINALISATION ECONOMIQUE

5 octobre 2000


Communiqué de Presse
AG/EF/311


SEUL UN CONTRAT DE SOLIDARITE ENTRE LE NORD ET LE SUD PERMETTRA AUX PAYS EN DEVELOPPEMENT DE BRISER LES CHAINES DE LA MARGINALISATION ECONOMIQUE

20001005

Il faut cesser de réclamer une mondialisation à visage humain et une réduction de la pauvreté dans le seul et unique but de se donner “bonne conscience” aux yeux de l’opinion et des médias, a dit l’Algérie en souhaitant que le débat sur la mondialisation et la pauvreté n’occulte pas celui plus fondamental sur les obstacles au développement. L’Algérie s’est ainsi exprimée, cet après- midi, devant la Commission économique et sociale (Deuxième Commission) qui achevait son débat général, entamé lundi dernier, sur la mondialisation et la nécessité d’assurer un caractère équitable à ses bénéfices. La “bonne conscience” a également été évoquée par Singapour pour dénoncer les prétendus protecteurs de l’environnement qui, tout en imposant leurs normes écologiques aux pays en développement, continuent de réclamer des prix de l’énergie toujours plus bas pour des voitures toujours plus polluantes. Souhaitant centrer le débat sur les obstacles au développement dans le contexte de la mondialisation, les intervenants ont cité, à ce titre, le poids de la dette extérieure, la participation insignifiante aux échanges commerciaux, l’instabilité des prix des produits de base, la faiblesse des flux de l'investissement étranger direct et le déclin de l’Aide publique au développement. Devant ces faits, le Cameroun a appelé à un contrat de solidarité en estimant que la Déclaration du millénaire, adoptée par les quelque 150 chefs d’Etat et de gouvernement à l’issue du Sommet du millénaire, qui s’est tenue à New York du 6 au 8 septembre, constitue un test de la volonté de la communauté internationale de s’engager dans la voie salutaire de la solidarité.

Le concept de solidarité a également été défendu par la Tunisie qui a réitéré sa proposition de créer un fonds mondial de solidarité pour aider les pays démunis à assurer leur développement. Le fonds, qui serait financé par des dons et des contributions volontaires, a déjà fait l’objet de discussions avec le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) pour définir ses objectifs et son mécanisme de fonctionnement. Toujours au nom de la solidarité, l'OUA a appelé les créanciers et la communauté internationale a assouplir les modalités de l’Initiative HIPC et de l’étendre à tous les pays africains en tant qu’étape vers l’annulation de la dette extérieure africaine, et à annuler tous les arriérés de la dette extérieure du continent antérieurs au nouveau millénaire, a rappelé le Togo.

Les représentants des pays suivants ont pris part au débat général : Angola, Algérie, Myanmar, Soudan, Madagascar, Tunisie, Singapour, Syrie, Turquie, Togo, Kirghizistan, République de Corée, Mongolie, Jordanie, Bhoutan, El Salvador, République dominicaine et Cameroun.

La Commission entamera demain, vendredi 6 octobre, à 10 heures la question du financement du développement.

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Mme MARGARIDA ROSA DA SILVA IZATA (Angola) a associé sa délégation à la déclaration du Groupe des 77 et de la Chine faite par le Nigéria, et à celle des Etats membres de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC)présentée par la Namibie. L’Angola, a dit la représentante, soutient le point de vue énoncé au Sommet du Sud à la Havane par les dirigeants des pays en développement, qui ont recommandé, dans le programme d’action issu de la rencontre, qu’il est urgent de s’atteler à la création d’une nouvelle architecture financière internationale. La nouvelle architecture devra être conçue de manière à permettre aux pays en développement d’acquérir les moyens techniques, technologiques et financiers pouvant leur donner la capacité de participer à la mondialisation de l’économie sur un pied d’égalité avec les pays développés. Cette nouvelle architecture financière devra contribuer à la paix, à la stabilité et au développement économique.

Il est impossible de demander à deux groupes de pays totalement inégaux de participer, sous les mêmes conditions, à un processus qui les met en compétition. A cet égard, nous pensons qu’il est indispensable que les règles gouvernant les relations économiques entre nations soient redéfinies. Comme l’a dit, à La Havane, le Président de l’Angola, M. Jose Eduardo Dos Santos : "La mondialisation est devenue une réalité inévitable et elle nous appelle à prendre à bras le corps ses défis de manière à maximiser les bénéfices que nous pouvons en tirer et à en minimiser les effets négatifs”. C’est dans ce cadre que l’Angola fait des efforts pour créer une économie de marché moderne et efficace qui puisse attirer le maximum de capitaux privés possibles pour le développement d’un marché intérieur à haut niveau de compétitivité. Je voudrais réitérer l’importance que notre pays attache à la prochaine réunion sur le financement du développement, et je lance un appel à toutes les parties prenantes, et en particulier à la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED), à la Banque mondiale, au Fonds monétaire international et à l’Organisation mondiale du commerce, pour qu’ils s’impliquent davantage dans les préparatifs de l’évènement et à la rencontre elle-même, a dit la représentante.

M. ABDALLAH BAALI (Algérie) a estimé que les opportunités de la mondialisation relèvent encore du domaine du virtuel pour la majorité des pays du Sud notamment les PMA. Il s’est dit encouragé, à cet égard, par la tendance à la convergence des vues au niveau international sur l’impératif d’oeuvrer à étendre les bénéfices de la mondialisation à tous les pays. Il faut néanmoins, a dit le représentant, davantage que de bonnes intentions. Il faut une conjugaison d’efforts et une coopération internationale plus intense et plus soutenue dans un environnement international plus favorable au développement des pays du Sud. Le débat sur la mondialisation tout comme celui sur la pauvreté, a-t-il poursuivi, ne saurait se substituer ni masquer ou altérer celui plus fondamental et global sur le développement et sur les nombreux obstacles qui continuent d’entraver les efforts des pays en développement, menés le plus souvent au prix d’immenses sacrifices. L’on ne saurait continuer de revendiquer une mondialisation à visage humain et une réduction de la pauvreté à laquelle l’on s’ingénie à trouver une multitude de qualificatifs et de concepts dans le seul et unique but de se donner bonne conscience aux yeux de l’opinion publique et des médias. Le représentant a souligné les problèmes de la dette, des termes de l'échange, des prix des produits de base, de l'investissement étranger direct (IED) et de l’Aide publique au développement (APD).

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Parlant de la révolution numérique, le représentant a indiqué que des efforts considérables, dépassant de loin les capacités propres des pays en développement, sont requis dans ce domaine tant en matière d’éducation que d’infrastructures et d’équipements de connectivité et de communication. Il a dit espérer que les partenaires du Nord s’investiront dans l’appui nécessaire aux pays du Sud et, à cet égard, a-t-il dit, il serait utile de mettre l’ONU en mesure d’aider les pays en développement à faire un état des lieux en matière de nouvelles technologies. Abordant la question de la conférence d’examen décennal de la mise en oeuvre des recommandations de la Conférence de Rio, le représentant a constaté que depuis Rio, en 1992, l’on a plutôt assisté à des velléités de faire endosser aux pays en développement plus d’obligations et de responsabilités que ce qui était convenu alors. Il a jugé regrettable de noter que de tous les principaux instruments juridiques issus de la Conférence, c’est surtout la Convention sur la lutte contre la désertification qui continue de souffrir d’un manque d’intérêt et d’appui de la part de la communauté internationale.

M. U TIN WINN (Myanmar) a déclaré que malgré les avancées scientifiques et techniques effectuées par l’humanité au cours des dernières décennies, la pauvreté continuait de frapper de nombreuses populations de la planète. La réduction de moitié du niveau de pauvreté actuel d’ici à 2015, bien qu’étant un but ambitieux, peut être atteinte. S’il est vrai que les tâches de développement incombent d’abord à chaque peuple et à chaque nation, certaines mesures de facilitation de la relance et de la croissance économique ne peuvent être initiées et soutenues qu’au niveau international. Il est certain que de nombreux pays ne pourront se passer pendant longtemps de l’Aide publique au développement (APD), qui est la forme d’assistance la plus indiquée pour certains Etats vivant dans des conditions très difficiles. C’est pourquoi nous demandons aux pays développés de respecter les niveaux d’APD convenus par consensus au niveau international.

La mondialisation s’accompagne aujourd’hui d’un certain nombre de menaces qui sont souvent plus nombreuses pour les pays en développement que ses bienfaits théoriques. La nouvelle économie dont on parle tant, ne bénéficie jusqu’ici qu’aux pays les plus riches. La perpétuation et l’aggravation de ces tendances pourraient devenir une source de grande instabilité internationale. Nous sommes attristés du fait que les mesures de réduction ou d’allègement de la dette ne touchent qu’une minorité parmi les pays qui en ont besoin. Nous pensons que les mesures de réduction et d’annulation de la dette devraient bénéficier à un maximum de pays en développement, dont ceux à revenu intermédiaire, et nous nous félicitons de la mesure annoncée par l’Italie, qui a fait savoir qu’elle annulerait la dette des pays les plus pauvres. Le Myanmar attend beaucoup de la prochaine tenue de la conférence internationale sur les pays les moins avancés. Après la crise financière asiatique, notre pays estime que la création d’un réseau de fonds financiers régionaux est nécessaire, en vue de soutenir un système financier international plus stable. Le Myanmar soutient le contenu du rapport du Secrétaire général sur les perspectives économiques internationales en ce qui concerne les réformes à apporter au commerce international et, à cet égard, nous avons retenu les conclusions de la Xème CNUCED à Bangkok. Au niveau national, notre gouvernement mène des politiques visant l’intégration de toutes les régions du pays et des différents groupes ethniques à l’économie du Myanmar. A ce sujet nous encourageons les initiatives visant la diversification des productions agricoles, ce qui éloignera nos paysans de la culture de l’opium..

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M. MUBARAK HUSSEIN RAHMTALLA (Soudan) a estimé que la réalisation des objectifs fixés lors du Sommet du millénaire relève d’une responsabilité conjointe des pays du Nord et du Sud dans le cadre d’un partenariat fondé sur le respect mutuel. Aujourd’hui, a dit le représentant, les Africains sont conscients de l’importance qu’il y a à placer la réduction de la pauvreté en tête des priorités et que la croissance économique est un préalable en la matière. Les Africains sont également conscients que le développement économique durable doit s’adapter à la croissance démographique comme ils sont conscients du rôle important que peuvent jouer la société civile et le secteur privé. Dans ce contexte, il revient donc à la communauté internationale de trouver des solutions au déclin de l’Aide publique au développement et à la question de la dette. Les Nations Unies ont un rôle crucial à jouer en la matière.

M. JEAN DELACROIX BAKONIARIVO (Madagascar) a déclaré que le développement échappe à la majorité des pays qui constituent le “village planétaire” et continue d’être accaparé par une poignée de pays nantis qui s’enrichissent toujours plus. Comment le monde pourra-t-il continuer à vivre dans de telles conditions d’inégalité et d’iniquité? s’est demandé le représentant, qui a dit que la pauvreté était un affront à toute l’humanité. L’aide aux plus démunis est non seulement une obligation morale, mais aussi un raisonnement logique qui a ses avantages. Nous formons l’espoir que le deuxième dialogue de haut niveau pour le renforcement de la coopération économique internationale pour le développement par le partenariat qui aura lieu l’année prochaine, conformément à la résolution 54/213 de l’Assemblée générale, favorisera la mise en place d’un développement intégral, équilibré et de portée mondiale. La tenue de ce dialogue est essentielle dans la recherche de solutions adéquates aux différents problèmes et notamment à ceux engendrés par la mondialisation de l’économie. Forum par excellence de concertation et de négociations, l’ONU est appelée à jouer un rôle important et déterminant pour inverser la tendance actuelle et pour faire de la mondialisation un facteur de croissance et de bien-être pour toutes les nations où qu’elles soient.

Tout effort de développement durable ne peut donner les résultats escomptés sans un transfert effectif des ressources technologiques et sans des actions énergiques et concertées pour la protection de l’environnement et de ses ressources naturelles. En tant que pays fréquemment frappé par des catastrophes naturelles, Madagascar estime que ce nouveau millénaire est une occasion idéale pour adopter une nouvelle éthique de protection et de bonne gestion de l’environnement. Concernant la question de la dette, tout en se félicitant des mesures et initiatives prises à ce jour sur les plans multilatéral et bilatéral, Madagascar estime que des mesures plus larges, et notamment l’annulation totale de la dette, doivent être prises d’urgence si l’on veut réduire de moitié la pauvreté d’ici à l’année 2015.

M. SAID BEN MUSTAPHA (Tunisie) a rappelé que, face à la situation mondiale actuelle, son pays a formulé certaines idées et initiatives pouvant donner corps à un nouveau modèle de coopération entre riches et pauvres dans le monde et ce, par l’appel à la conclusion de contrats de partenariat et de développement entre pays avancés et pays en développement ainsi qu’au recyclage des dettes pour les investir dans des projets de développement. Le représentant a estimé que la mise en place d’une charte mondiale de développement commun et de partenariat contribuera, assurément, à atténuer les disparités criantes et à résoudre les autres problèmes humains.

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C’est dans ce cadre, a dit le représentant, que s’inscrit la proposition de la Tunisie portant sur la création d’un fonds mondial de solidarité en vue d’aider les pays démunis à se soustraire à leur dénuement et à assurer leur développement. Le Fonds mondial de solidarité, a-t-il expliqué, est un instrument qui complète les mécanismes et les modes d’intervention existant actuellement et qui doit être financé par des dons et des contributions volontaires. Le représentant a indiqué qu’une délégation tunisienne de haut niveau s’est rendue, du 14 au 18 août à New York, où elle a eu une série de séances de travail avec les responsables du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) pour élaborer le projet du fonds mondial de solidarité et préparer un texte définissant les contours généraux du concept de ce fonds, de ses objectifs et de son mécanisme de fonctionnement.

Le représentant a poursuivi en espérant que la Conférence sur le financement du développement prévue pour 2001 pourra adopter des conclusions et des décisions importantes qui tiennent compte des préoccupations particulières des pays en développement. Il a, dans ce contexte, dit croire que les problèmes spécifiques de chaque pays doivent être pris en considération sans exception et que rien ne justifie que les facilités existantes ne soient pas étendues aux pays à revenu intermédiaire d’autant que ces derniers ont consenti d’importants efforts pour l’application de réformes structurelles de leurs économies et pour honorer leurs engagements en recourant à leurs ressources propres.

Mme TAN YEE WOAN (Singapour) a dit que moins de 5% des enfants sont mal nourris dans les pays développés alors que ce chiffre est de 50% dans les pays en développement. Ces chiffres traduisent symboliquement la situation économique et sociale du monde en ce début de millénaire. Les produits des technologies de l’information permettent aux riches, confortablement assis dans leurs salons, de voir à la télévision les malheurs qui arrivent aux pauvres et les catastrophes qui les frappent. Ces images suscitent parfois des mouvements ponctuels de solidarité, mais on ne peut baser le développement et le bien-être de peuples entiers sur la charité. Les pays développés peuvent aussi faire preuve de grande violence, comme par exemple quand il s’agit d’imposer des prix sur l’énergie dont ont besoin les automobiles de leurs citoyens. Les comportements humains sont toujours liés à des instincts de survie. Les malheurs des pauvres peuvent être directement ressentis dans les pays riches, notamment quand il s’agit de déplacements de populations et de main-d’œuvre. Mais ces migrations humaines elles-mêmes sont de grandes pertes pour les pays pauvres, qui en perdent leurs meilleures ressources humaines.

La réduction de la pauvreté est conditionnée, selon certaines analyses, par la promotion d’une croissance soutenue. Mais comment y arriver quand les marchés des pays riches, déjà difficiles d’accès, sont encore plus fermés par les phénomènes de subventions que leurs gouvernements accordent à leurs producteurs agricoles? Les tentatives visant à lier la protection de l’environnement au développement doivent être dénoncées, et celles visant à renforcer artificiellement des mesures protectionnistes ne peuvent être acceptées. On ne manque pas d’idées en ce qui concerne la lutte contre la pauvreté. Alors que des stratégies intégrées sont conçues au sein des grandes organisations internationales, la coordination qu’elles impliquent si on veut les mettre en oeuvre n’existe pas encore.

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Les Nations Unies, selon nous, devraient chercher des personnes bénévoles et volontaires, et il y en a, qui pourraient énoncer des plans de développement selon les pays et leurs particularités. Si ces plans sont acceptés, les Nations Unies pourraient alors cautionner leur mise en oeuvre. Singapour a bénéficié de ce genre de coopération il y a un certain nombre de décennies. C’est pourquoi nous avançons aujourd’hui cette proposition.

M. HUSSAM-EDIN A’ALA (Syrie) a argué que quiconque suit le développement de l’économie ne peut manquer de constater l’effondrement du taux de croissance économique qui a baissé de moitié depuis 1997 dans les pays du Sud. La chute des prix des produits de base est un élément essentiel qui a contribué à la marginalisation des pays en développement qui subissent, en outre, les conséquences du non-accès aux marchés du Nord et aux ressources financières et technologiques. Dans ces conditions, il est difficile de contredire ceux qui affirment que la mondialisation n’est qu’une nouvelle dénomination du vieil ordre économique mondial dans lequel les plus forts imposent les règles du jeu aux plus faibles. Cette tendance est dangereuse et il faut relever le défi de mettre en place une coopération internationale visant à renverser la tendance à la marginalisation des pays en développement et à encourager leur intégration dans l’économie mondialisée. A ce titre, la conférence des Nations Unies sur le financement du développement bénéficie d’un appui ferme de la Syrie qui estime d’ailleurs qu’elle devrait se tenir dans un pays du Groupe des 77.

Plaidant pour une augmentation de l’APD dont l’affectation doit se fonder sur les priorités définies par les pays en développement eux-mêmes, le représentant a plaidé pour une solution collective à la question de la dette en défendant une annulation pure et simple de la dette des pays les moins avancés. Il a abordé les questions de l’environnement pour accueillir avec satisfaction le projet de décision dont la Commission est saisie sur la gestion de l’eau salubre et la proclamation d’une année internationale de l’eau salubre en 2003. Le représentant a, en revanche, regretté le manque de ressources disponibles pour la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la diversification qui continue de faire l’objet d’une discrimination par rapport aux autres conventions issues de la Conférence de Rio. Le représentant a conclu sur la question de la relation étroite entre paix et développement et a dénoncé, dans ce cadre, le génocide dont est victime le peuple palestinien dans les territoires occupés par Israël. Comment réaliser les objectifs de développement dans un contexte de colonisation et d’occupation étrangère? s’est demandé le représentant en expliquant que l’agression récente d’Israël contre des enfants palestiniens n’est que la poursuite d’une politique de provocation menée par un Gouvernement qui, il n’y a pas si longtemps, se réclamait de la paix. L’annexion des terres, la spoliation des ressources en eau et l’établissement des colonies se poursuivent, a-t-il dit, en relevant la contradiction entre l’esprit de coopération internationale tant attendu en matière de développement et l’occupation israélienne depuis 1967.

M. YAVUZ SELIM ÇUBUKÇU (Turquie) a dit que la communauté internationale n’a pas géré comme elle se devait le phénomène de la mondialisation. Si cela avait été le cas, 1,5 milliard de personnes ne vivraient pas aujourd’hui dans la pauvreté la plus abjecte. La communauté internationale doit prendre en considération les problèmes difficiles que vivent en ce moment les pays les plus affectés et les plus marginalisés. La Turquie soutient l’organisation de la conférence sur les pays les moins avancés qui se tiendra bientôt en Belgique à Bruxelles.

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Nous sommes fermement engagés dans les politiques visant une protection et une meilleure gestion de l’environnement naturel de la planète. Aussi estimons- nous que la neuvième session de la Commission du développement durable qui aura lieu en avril 2001 sera cruciale en ce qui concerne la compréhension et l’établissement de liens entre l’environnement et le développement, surtout en ce qui concerne les ressources en énergie. Nous accueillons aussi favorablement le fait que la huitième session de la Commission du développement ait recommandé que sa neuvième session serve d’organe préparatoire du Sommet de Rio+10.

M. SIMBAWA AWESSO (Togo) a indiqué que l’Afrique, qui connaît un taux de croissance modeste, un encours de la dette souvent supérieur au PNB et de faibles volumes de ressources d’exportation dus à la chute des cours des produits de base, voit 44% de la population continuer de vivre en dessous du seuil de pauvreté, à savoir avec un peu plus de 1 dollar par jour. La situation en Afrique subsaharienne est encore plus catastrophique, a dit le représentant, en indiquant que plus de la moitié de la population de cette région vit dans la pauvreté absolue. Dans ces conditions, a-t-il estimé, l’objectif de réduire de moitié la pauvreté d’ici à 2015 est difficilement réalisable. Cette situation a été davantage compliquée par la mondialisation qui n’a pas donné les résultats escomptés. Même les analyses économiques les moins sérieuses indiquent que les effets pervers de la mondialisation sont davantage ressentis par les PMA et rendent plus difficile leur intégration à l’économie mondiale. Le représentant a rappelé l’appel lancé aux créanciers et à la communauté internationale par l’OUA les invitant à assouplir les modalités de l’Initiative HIPC et à l’étendre à tous les pays africains, en tant qu’étape vers l’annulation de la dette extérieure des pays africains. L’appel les invitait aussi à annuler tous les arriérés de la dette extérieure du continent antérieur au nouveau millénaire.

Le représentant a souscrit à l’appel du Secrétaire général visant à faire que les pays industrialisés envisagent d’admettre, en franchise de droits et hors quota, les exportations en provenance des pays les moins avancés. Le représentant a appelé les pays développés à augmenter l’APD et à encourager les flux de l’investissement étranger direct vers les pays les moins avancés. Parlant en particulier de la troisième Conférence des Nations Unies sur les pays les moins avancés, qui se tiendra à Bruxelles en mai 2001, le représentant a insisté que le succès de la réunion dépendra des mesures que la communauté internationale décidera de mettre en œuvre dans les domaines de l’Aide publique au développement, de l’allègement de la dette, de l’accroissement des investissements, de l’amélioration des échanges, du renforcement des capacités et du développement des infrastructures.

Mme ELMIRA S. IBRAIMOVA (Kirghizistan) a dit que la suppression du fossé qui sépare les pays riches et les pays pauvres devrait d’abord venir de changements radicaux dans le système du commerce international. Nous attendons avec intérêt, d’autre part, l’adoption de la résolution sur l’intégration des pays en transition dans l’économie mondiale et nous espérons que les questions liées au financement du développement et à l’aide seront examinées par cette Commission sous l’angle prioritaire de la réduction de la pauvreté.

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Loin des grands discours et théories économiques, la lutte contre la pauvreté est pour nous un ensemble de mesures visant simplement la création d’emplois pour tous, et la création de mesures visant à rendre aux gens leur dignité d’êtres humains. Dans notre pays nous avons lancé de politiques efficaces de lutte contre la pauvreté et notamment des initiatives basées sur le modèle de la Banque Gramen, en vue de fournir un soutien efficace aux femmes chefs d’entreprises.

Pays enclavé sans littoral, le Kirghizistan milite pour l’amélioration des réseaux de transports favorables au développement des échanges commerciaux des pays d’Asie centrale. Les questions d’environnement nous affectent beaucoup, aussi soutenons-nous une mise en oeuvre totale des recommandations du Sommet de Rio et des mesures et recommandations adoptées dans l’esprit de Rio, qui sont notamment la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques, la Convention sur la pollution atmosphérique transfrontalière, la Convention de Rotterdam sur l’agrément de certaines substances chimiques et pesticides dans le commerce international, et la Convention de Vienne sur la protection de la couche d’ozone. Nous sommes heureux de la reconnaissance par la communauté internationale de la spécificité des écosystèmes montagneux et de la décision de célébrer une Année internationale de la montagne en 2002 comme proposée par notre pays.

M. SUH DAE-WON (République de Corée) a estimé que face aux difficultés financières et structurelles que vit la plupart des pays en développement, l’Organisation des Nations Unies doit prendre la tête des efforts visant le développement durable et la lutte contre la pauvreté en recourant à sa compétence et la vaste expérience qu’elle a acquise dans différents domaines. Pour ce faire, l’ONU doit renforcer ses partenariats avec les acteurs les plus importants du développement comme les institutions de Bretton Woods et l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Le représentant a, dans ce cadre, accueilli avec satisfaction l’initiative du Secrétaire général des Nations Unies liée au “Pacte mondial”. L’ONU, a-t-il poursuivi, doit mettre en oeuvre ses stratégies de développement conformément aux besoins définis par les pays en développement eux-mêmes. Elle doit redoubler d’efforts pour promouvoir une plus grande cohérence dans ses activités. Le représentant a estimé que les conférences de l’ONU ne doivent plus faire l’objet d’examens systématiques et a appelé les Etats membres à se concentrer sur une mise en oeuvre plus efficace des mesures adoptées.

Abordant les questions de l’environnement, il a indiqué que son pays, qui avait offert d’accueillir la conférence d’examen décennal de la mise en oeuvre des recommandations de la Conférence de Rio, a choisi, dans un esprit de compromis et de coopération, de retirer sa candidature au profit de l’Indonésie. Mon pays, a ajouté le représentant, a tout de même l’intention de contribuer au Fonds d’affectation de Rio+10 pour faciliter la participation à la conférence des pays en développement. Poursuivant, le représentant a indiqué que son pays, sorti de la crise financière, renouvelle son engagement de renforcer sa coopération avec les pays en développement par une augmentation graduelle de l’Aide publique au développement.

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Le pays a pris l’initiative d’offrir des cours de formation aux experts africains dans les domaines de la promotion des exportations en collaboration avec le Bureau du Coordonnateur spécial des Nations Unies pour l’Afrique et les Pays les moins avancés. Compte tenu du fossé grandissant entre les nations et en leur sein, il est plus que jamais nécessaire de forger de véritables partenariats mondiaux souples et multidimensionnels qui impliquent non seulement les nations mais aussi le secteur privé et la société civile, a conclu le représentant.

Mme OCHIR ENKTSEGTSEG, Directrice du Département de la coopération multilatérale au Ministère des affaires étrangères de la Mongolie, a dit que la mondialisation crée des situations de vulnérabilité et d’insécurité. Les inégalités entre nations se sont accrues et le nombre de pauvres a augmenté et à atteint un niveau inacceptable. Sur le plan national, la réduction de la pauvreté, et notamment de la pauvreté absolue, est devenue un impératif du Gouvernement de la République de Mongolie. La moitié des gens qui souffrent sont des enfants en bas âge et des mères de famille. C’est pourquoi notre gouvernement a lancé des programmes de protection sociale dirigés vers les couches les plus vulnérables de la population.

Le rôle décisif que jouent désormais les technologies de l’information et des communications (TIC) et qui est reconnu par les Nations Unies, a été relevé par la Déclaration ministérielle du débat de haut niveau du Conseil économique et social de l’ONU, qui a demandé que soit réduite la fracture numérique Nord-Sud. Notre pays lance à cet effet un programme spécial de maîtrise des TIC qui sera soutenu par des partenaires bilatéraux et multilatéraux. Notre délégation tient à exprimer sa reconnaissance aux pays développés qui ont atteint le niveau de financement de l’Aide publique au développement de 0,7% de leur PNB agréé au niveau international, et nous encourageons ceux qui ont promis d’atteindre ce niveau d’ici à l’an 2010 de tenir cet engagement. La Mongolie tient aussi à rappeler devant cette Commission le besoin de mesures adaptées à la situation des pays enclavés sans littoral. En tenant compte du processus de mondialisation, les ministres de ces pays ont rappelé les problèmes particuliers auxquels ils font face en matière de transport commercial, en appelant à la mise en place de tarifs spéciaux de transport en leur faveur. Lancé le 18 septembre dernier dans le cadre de l’Assemblée du millénaire, cet appel réaffirme l’engagement du groupe des pays enclavés sans littoral à poursuivre des actions communes aux Nations Unies et dans d’autres enceintes pour promouvoir les intérêts communs de leurs nations respectives. Ma délégation remercie sur cette question la Banque mondiale, la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED) et tous les autres organismes qui ont soutenu leurs efforts. La Mongolie propose que se tienne à cet égard une réunion ministérielle sur les questions de transports en 2003 pour faire l’examen des progrès accomplis dans la mise en oeuvre du Cadre mondial de coopération sur les transports de manière à mieux orienter les actions à venir.

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M. WALID HADID (Jordanie) a regretté qu’à la veille de son entrée dans le XXIè siècle, le monde n’ait toujours pas réussi à réduire le fossé entre les pays développés et les pays en développement. Tous les rapports indiquent que 20% du monde consomment les 80% des ressources tandis que 100 millions d’enfants sont sans abri. Le défi est donc de répartir les bénéfices de la mondialisation d’une façon équitable et d’écarter le danger de la marginalisation. Ainsi, la constitution de filets de sécurité sociale aux niveaux international et national est une mesure urgente. Le problème de la dette continue, pour sa part, à faire obstacle au développement durable. Si la Jordanie a ramené le niveau de sa dette au niveau du PNB en abolissant les barrières aux flux de l’investissement étranger direct et en mettant en place les infrastructures requises, le lourd fardeau de la dette continue d’engloutir plus de 800 millions de dollars.

Dans ce contexte, le rôle dévolu aux pays développés est de s’engager à fournir une aide publique au développement au niveau de 0,7% du PNB, à apporter des solutions à la question de la dette par des mesures d’allègement, d’annulation, de réduction, de rachat partiel ou de transformation de la dette en investissements locaux, d’améliorer les termes de l'échange, d’ouvrir l’accès des exportations, de faciliter l’accès des pays en développement aux marchés du crédit à des conditions préférentielles pour couvrir l’écart de l’épargne nationale, et d’accélérer le transfert de technologie pour améliorer la productivité des différents secteurs de l’économie. Il faut, dans ce cadre, réaffirmer le rôle central des Nations Unies, seule instance universelle du monde.

M. LYONPO OM PRADHAN (Bhoutan) a dit que l’Aide publique au développement (APD) était un facteur vital dans la promotion d’un développement durable et respectueux de l’environnement. Les investissements étrangers directs ne pourront jamais se substituer à l’APD. Il serait naïf de croire que les pays en développement pourront remplir toutes les conditionnalités exigées pour créer un cadre attractif pour les investissements privés étrangers. Le Bhoutan est conscient de la volonté des pays développés de contribuer au développement des pays pauvres en même temps que ceux-ci font des efforts de meilleure gouvernance. Les ressources naturelles sont en diminution constante, et si on observe la montée de la démographie et les migrations qui sont issues de cette explosion, on constate qu’elles mettent souvent à mal les progrès accomplis par de nombreux pays en développement au cours des dernières décennies. On parle beaucoup de réduire de moitié la pauvreté d’ici à 15 ans. Nous espérons que les réflexions menées sur ce sujet permettront d’atteindre cet objectif et que les moyens suivront les idées.

M. JOSE ROBERTO ANDINO SALAZAR (El Salvador) s’est dit encouragé de constater que le débat général se déroule après le Sommet du millénaire et qu’il revient à la Commission de donner suite aux recommandations de ce Sommet. La solidarité et le déploiement d’efforts communs sont nécessaires pour relever les défis identifiés lors du Sommet du millénaire, a dit le représentant en précisant qu’il ne s’agit pas de demander aux pays développés de régler les problèmes des pays en développement mais de mettre en place un environnement favorable au développement par l’ouverture de leurs marchés, le transfert de technologie ou l’assistance au développement. Dans le contexte de la mondialisation, le rôle de l’investissement privé devient de plus en plus important, a ajouté le représentant en indiquant qu’il n’en demeure pas moins que les capitaux ne sont pas répartis de manière équitable, les petits pays restant les délaissés.

- 11 - AG/EF/311 5 octobre 2000

Le représentant a souligné le rôle important de l’Aide publique au développement pour un pays comme le sien et a appelé les Nations Unies à inclure des mesures de prévention aux catastrophes naturelles dans leurs stratégies de développement pour renforcer les capacités d’alerte rapide des pays concernés.

M. JOSE PIMENTEL PACHECO (République dominicaine) a associé sa délégation à la déclaration faite par le Nigéria au nom du Groupe des 77 et de la Chine. Le Gouvernement de la République dominicaine fait face aux conséquences négatives de la mondialisation conjuguées au fardeau de la dette extérieure pour accroître la pauvreté dont souffrent nos populations, a dit le représentant. Ce qui est en ce moment indispensable pour notre pays, ce serait, selon notre Président, que nous puissions orienter le maximum de nos dépenses budgétaires vers l’amélioration des conditions de vie de notre peuple et non au remboursement de dettes insoutenables. Parlant de la dette dans son rapport au Sommet du Millénaire, le Secrétaire général a reconnu que la dette était un frein aux investissements de santé et d’éducation dont ont besoin les populations des pays en développement. Notre Gouvernement a préparé un plan de développement qui nous permettrait de reprendre le contrôle, si ce plan était soutenu et appliqué, de nos ressources naturelles en vue de les orienter vers un développement profitable à notre peuple. Nous soumettrons les lignes de ce plan et ses idées à cette Commission, en pensant que c’est là une voie d’intégration à une mondialisation favorable aux peuples.

M. MARTIN BELINGA EBOUTOU (Cameroun) a affirmé qu’il ne serait pas exagéré de dire que la Deuxième Commission sera tenue pour responsable du bon ou mauvais départ du XXIe siècle. Notre époque, a-t-il poursuivi, n’est pas seulement, comme on se plaît si souvent à le dire, celle de la mondialisation de l’économie. Elle est aussi celle de la mondialisation des problèmes. Le grand avantage de la décennie qui s’achève, a-t-il dit, aura été précisément de favoriser la prise de conscience progressive du caractère mondial des problèmes. Ce caractère mondial ne date pas d’aujourd’hui, mais ce qui est nouveau, c’est la prise de conscience de cette mondialité. Face à ces problèmes partagés, l’on a pris conscience qu’il fallait une approche également partagée. Cette prise de conscience de la mondialisation des problèmes et de la nécessaire mondialisation des solutions est l’épine dorsale de la Déclaration du Millénaire. Elle appelle à un réel contrat de solidarité en vue d’un monde à l’abri du besoin et de la peur. Le chapitre VII de la Déclaration sur les besoins spécifiques de l’Afrique constitue donc un test de la capacité et de la volonté de la communauté internationale à s’engager dans cette voie salutaire de la solidarité.

Nos peuples, a dit le représentant, attendent que l’ONU prenne la tête de la croisade contre la pauvreté, le sida et pour l’accès aux technologies de l’information et de la communication afin de faciliter l’intégration dans l’économie mondiale d’une Afrique redevenue ce qu’elle ne doit jamais cesser d’être, un partenaire de choix pour l’équilibre du monde. Les organes de l’ONU que sont l’Assemblée générale et le Conseil économique et social ont à cet égard un rôle de très grande importance à jouer. Longtemps négligé aux profits de lutte de positionnement idéologique et militaire, le Conseil économique et social doit reprendre son importance en renversant dans le débat des problèmes qui tiennent la majorité des populations à coeur, a dit le représentant.

- 12 - AG/EF/311 5 octobre 2000

Le Conseil, ainsi placé au coeur de l’agenda socioéconomique des Nations Unies, devra jouer un rôle dans la revue finale du nouvel Accord des Nations Unies pour le développement de l’Afrique dans les années 90. Le Conseil, prenant en compte la situation de l’Afrique, doit servir, dans l’esprit de la Déclaration du millénaire, de laboratoire aux contrats de solidarité. Seuls de tels contrats de solidarité donneront un sens à l’expression “Nous les peuples des Nations Unies”. L’Afrique attend et s’en souviendra, a conclu le représentant.

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