AG/EF/310

SANS L'ELIMINATION DE SES DISTORSIONS, LA MONDIALISATION NE PEUT DEVENIR UN MOTEUR DU DEVELOPPEMENT, ESTIMENT LES PAYS DU SUD

5 octobre 2000


Communiqué de Presse
AG/EF/310


SANS L’ELIMINATION DE SES DISTORSIONS, LA MONDIALISATION NE PEUT DEVENIR UN MOTEUR DU DEVELOPPEMENT, ESTIMENT LES PAYS DU SUD

20001005

Les causes de l'endettement et les solutions durables à la question de la dette seront examinées par l'OUA

Pour les pays en développement, et en particulier les Pays les moins avancés, la mondialisation n’est que le perfectionnement d’un système inique qui a conduit à l’accumulation des richesses par les pays déjà nantis et à l’accentuation de la paupérisation des pays faibles, s’est entendu dire la Commission économique et financière (Deuxième Commission) qui poursuivait, ce matin, son débat général. Le Bénin, qui a tenu ces propos, a exprimé son scepticisme, voire son opposition aux recettes et prescriptions des experts recommandant de saisir les opportunités de la mondialisation pour se développer. Comment réaliser les objectifs de développement devant l’absence de financement pour le développement? a demandé le Yémen en écho aux propos du Bénin. Cette position a conduit l’Afrique du Sud à rappeler aux pays donateurs le rôle de l’aide au développement comme source importante d’investissements dans les infrastructures, catalyseur des investissements étrangers directs et instrument susceptible de combler le fossé entre l’épargne et l’investissement, condition sine qua non de la croissance. La mondialisation a en outre été stigmatisé en raison des difficultés que rencontrent les pays du Sud pour leurs exportations vers les marchés du Nord. Citant les chiffres du rapport sur le développement de la Banque mondiale, l’Afrique du Sud a indiqué que les tarifs agricoles et les autres distorsions commerciales imposées par les pays développés causent aux pays en développement des pertes de près de 20 milliards de dollars par an en revenus des exportations.

La question du manque à gagner des pays du Sud a également été soulevée par l’Arabie saoudite qui a dénoncé les politiques d’exploitation des ressources par le Nord dans le Sud qui ont causé la déstabilisation économique et sociale de nombreuses régions. Le pays a appelé au respect des principes de l’égalité et de la parité dans les relations internationales. Les critiques adressées à la mondialisation ne se sont pas limitées à l’aspect commercial, la Malaisie soulignant que les crises financières qui ont secoué la région de l’Asie du Sud- Est ont démontré l’impact négatif de cette mondialisation sur les pays en développement et leur impuissance devant la force des spéculateurs. Même quand les pays en développement bénéficient des investissements étrangers directs, ces derniers sont dirigés vers des secteurs qui ne sont favorables qu'à l'investisseur, a expliqué l'Inde.

(à suivre - 1a) - 1a - AG/EF/310 5 octobre 2000

Des appels à des actions renforcées ont donc été lancés, une nouvelle fois, pour imprimer à la mondialisation un caractère équitable par la mise en place d’un nouveau système commercial international et d’un système financier susceptible de prévenir les crises et d’apporter une réponse rapide aux crises naissantes. Des appels ont également été lancés pour que des solutions durables soient apportées à la question de la dette; le Sénégal rappelant que le Sommet de l’Organisation de l’unité africaine (OUA), en juillet dernier, lui a confié le soin de coordonner les préparatifs d’un séminaire continental sur la dette qui sera l’occasion d’un diagnostic sans complaisance des causes de l’endettement en même temps qu’il cherchera à dégager des solutions crédibles à ce problème.

Les représentants des pays suivants ont participé au débat général : Israël, Viet Nam, Sénégal, Venezuela, Costa Rica, Bénin, Botswana, Kenya, République démocratique populaire lao, Afrique du sud, Arabie saoudite, Malaisie, Inde, Saint-Marin, Yémen, République populaire démocratique de Corée, et la Jamaïque, au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM). Le représentant de l’Organisation internationale du Travail (OIT) s’est exprimé.

La Commission reprendra son débat général cet après-midi à 15 heures.

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Suite du débat général

M. DANIEL MEGIDDO (Israël) a estimé que certaines mauvaises pratiques économiques avaient déjà causé des dégâts considérables à l’environnement de la planète. Seul un développement durable peut assurer l’avenir de l’humanité, a dit le délégué. Israël s’est attelé à développer des méthodes de production alimentaires sur des bases écologiques saines, grâce aux recherches et aux actions de son centre de développement agricole “Mashav”. L’expérience d’Israël dans le domaine de la gestion des ressources en eau et de la préservation des terres agricoles a permis à de nombreux stagiaires de pays en développement, aujourd’hui au nombre de 75 000 de se former dans ce domaine. Sur les 5 000 personnes formées en 1999 par “Mashav” et originaires de pays étrangers, 1 250 venaient de pays du Moyen-Orient et des territoires sous contrôle de l’Autorité palestinienne. L’eau est une ressource précieuse pour la gestion de laquelle Israël a une expérience qu’il pourrait partager avec le reste du monde. Nous avons pris des initiatives en ce sens en présentant nos expériences à la Banque mondiale et à la Commission économique pour l’Afrique. Israël partage sur la question de l’eau le point de vue de la délégation du Tadjikistan qui a proposé que l’année 2003 soit déclarée “Année internationale de l’eau potable”.

M. LAI XUAN CHIEU (Viet Nam) a estimé que pour combler le fossé actuel entre pays développés et pays en développement, la communauté internationale doit fixer pour priorité l’examen des questions relatives à la mobilisation de ressources aux fins du développement économique et de la lutte contre la pauvreté, à l’établissement de systèmes financier et commercial justes, transparents et non discriminatoires assurant une assistance satisfaisante aux pays en développement et des traitements préférentiels à leur intention, à l’augmentation de l’Aide publique au développement (APD), à la facilitation du transfert de technologie et à la mise en œuvre des engagements pris lors des conférences des Nations Unies. Au Viet Nam, a indiqué le représentant, les nouvelles stratégies de développement pour les périodes 2001-2005 et 2001-2010 visent à consolider les acquis des dernières années et à surmonter les obstacles et contraintes existants comme le niveau peu élevé du revenu par habitant, la faible compétitivité de l’économie, le sous-développement du système bancaire, la lourdeur de la bureaucratie ou encore la corruption.

M. IBRA DEGUENE KA (Sénégal) a déclaré que la réalisation du bien-être économique pour tous, qui est l’un des objectifs majeurs de l’ONU est loin d’être atteint. Les conférences internationales organisées par les Nations Unies au cours des années 90 ont élaboré des recommandations et des plans d’action dont les conférences d’examen de ces grandes rencontres ont clairement démontré que la mise en œuvre était loin d’être satisfaisante. Nous pensons aux nombreux sans-voix et aux laissés-pour-compte de la mondialisation, dont l’existence dans la plus abjecte pauvreté prouve l’extrême marginalisation. Les moyens de relever les défis de la mondialisation existent. Ils passent notamment par un meilleur accès aux marchés et par la résolution de la crise de la dette.

Aucun effort de développement ne pourra s’inscrire dans la durée tant que la crise de la dette n’aura pas trouvé de solution. Comme l’a dit le Président Abdoulaye Wade lors du Sommet du millénaire: “le drame de la dette, ce n’est pas qu’elle ne soit ni remboursée ni effacée…C’est que c’est une maladie récurrente qui reviendra toujours si ses causes profondes ne sont pas éliminées.

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Il y a quelque part, comme une indécence, voire un défi à la raison, de faire du couple développement/dette le seul choix possible pour nos pays”. C’est pour rompre avec ce cycle infernal que le Sommet de l’Organisation de l’unité africaine (OUA), tenu en juillet dernier à Lomé au Togo, a confié au Sénégal le soin de coordonner les préparatifs d’un séminaire continental sur la dette qui sera l’occasion d’un diagnostic sans complaisance des causes de l’endettement, en même temps qu’il cherchera à dégager des solutions crédibles à ce problème. Le Sénégal attache beaucoup d’importance à la bonne gouvernance, et soutient en matière de développement la création de grands ensembles. D’où le fait qu’il ait été le deuxième pays à ratifier l’acte portant création de l’Union africaine à Lomé. Nous espérons que l’ONU continuera d’apporter un appui résolu à la consolidation des efforts de regroupements des dirigeants à l’échelle continentale.

M. IGNACIO ARCAYA (Venezuela) a rappelé que le Sommet du millénaire a mis en lumière la volonté de la communauté internationale de fixer comme priorités le maintien de la paix et le développement économique et social. Les dirigeants du monde se sont mis d’accord pour jouer un rôle central dans la réalisation de ces objectifs. Dans ce contexte, il faut reconnaître que les Nations Unies n’ayant pas les moyens d’agir de manière décisive, il revient aux Etats Membres de doter l’Organisation des outils nécessaires. Le Conseil de sécurité a des moyens d’action qui ne peuvent être comparés à ceux du Conseil économique et social. Il faut aborder la question du renforcement du Conseil économique et social pour le transformer en un véritable Conseil de sécurité du développement humain. Ce Conseil devra être le principal organe chargé d’orienter le processus de mondialisation qui jusqu’ici a fonctionné comme une force aveugle de la nature en donnant lieu à une coexistence entre la prospérité et la misère. Aujourd’hui, le Fonds monétaire international (FMI), la Banque mondiale et l’Organisation mondiale du commerce (OMC) font l’objet de critiques en raison de leur indifférence apparente devant les préoccupations du monde en développement. Il faut donc une collaboration plus accrue entre l’ONU et ces institutions. Le représentant a souligné les efforts de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) en matière de développement économique des pays du Sud, en particulier des pays les plus pauvres. Les fonds de l’OPEP ont été récemment augmentés permettant ainsi à l’Organisation du pétrole de jouer un plus grand rôle dans un plus grand nombre de pays. Il a exprimé son appui à toutes les initiatives visant à créer un environnement économique favorable par le biais d’une nouvelle architecture financière internationale, à rechercher des solutions aux problèmes de la dette, à mettre en place un nouvel ordre économique fondé sur l’égalité des chances, et à renforcer la coopération Sud-Sud et la coopération Nord-Sud.

M. BERND NIEHAUS (Costa Rica) a déclaré que la lutte contre la pauvreté et la recherche du développement économique étaient des objectifs intimement liés pour la réalisation desquels des recherches holistiques doivent être menées. Nous ne devons pas oublier le milliard de personnes et les centaines de millions d’enfants qui vivent dans la faim et dans la pauvreté quasi absolue. Nous devons toujours nous inspirer d’une volonté indéfectible de promouvoir davantage de solidarité internationale. Depuis une décennie, la révolution informatique apparaît comme un outil qui pourrait permettre aux pays en développement de se joindre aux échanges d’idées et à la création de richesses au niveau mondial.

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Il est nécessaire d’élaborer et mettre en œuvre une stratégie mondiale basée sur le développement du secteur des technologies de l’information et de la communication (TIC). Cette stratégie doit, dans l’équité, promouvoir à la fois le développement humain et les échanges économiques. C’est ce genre de stratégie que le Costa Rica, dont les exportations de microprocesseurs représentent 38% des exportations nationales, a mis en œuvre. Nous travaillons à offrir à tous nos citoyens un accès aux TIC et à l’Internet. Ceci se traduit par des équipements de TIC dans les écoles et les bureaux de postes et la création d’unités mobiles TIC en vue de mettre les outils de la révolution numérique à la portée de toutes nos populations.

Le Costa Rica se soucie de la préservation de ses richesses naturelles et de son environnement. 26% de notre territoire sont ainsi placés sous un régime spécial de zones vertes réservées. Nous demandons à tous les pays de ratifier le Protocole de Kyoto et sommes convaincus que seule la mise en œuvre totale d’Action 21 offrira au monde les chances d’un développement durable. Notre pays réaffirme aujourd’hui son vœu d’être le siège du Secrétariat du Forum des Nations Unies sur les forêts.

M. OUSSOU EDOUARD AHO-GLELE (Bénin) a indiqué que pour les pays en développement, la mondialisation ne signifie pas que la perfection d’un système inique qui a conduit jusqu’ici à l’accélération de l’accumulation des richesses par les pays déjà nantis et parallèlement à l’accentuation de la paupérisation des pays faibles avec pour corollaire l’émergence d’une catégorie de pays les moins avancés (PMA) dont le nombre ne cesse de s’accroître passant de 25 en 1971 à 48 à l’heure actuelle avec une nouvelle perspective d’augmentation par l’inclusion de trois autres pays africains. Il faut que l’on cesse d’utiliser le mot mondialisation comme un mot fétiche par lequel les pays en développement pourraient par enchantement accéder à une ère de prospérité, a recommandé le représentant en ajoutant que les remèdes préconisés restent vagues et ses composantes ne sont pas clairement définies. Il faut que certains experts en développement cessent de mystifier les simples citoyens avec des incantations qui n’apportent rien de constructif à l’humanité sinon qu’à exacerber les disparités déjà existantes, a-t-il encore dit.

Il convient plutôt de focaliser les efforts sur les stratégies qui permettront aux pays en développement d’accéder aux richesses mondiales. Ces stratégies doivent être conçues dans le cadre du Programme d’action en faveur des PMA, des stratégies de réduction de la pauvreté et de la Conférence des Nations Unies sur le financement du développement. Il faut plaider pour une mobilisation et un apport importants de l’Aide publique au développement, étant entendu que cette aide pourrait diminuer progressivement au fur et à mesure que les pays concernés parviendront à une maîtrise de leur développement en créant une capacité à générer par eux-mêmes les ressources propres susceptibles d’alimenter l’épargne interne et de faciliter l’investissement. Le représentant a plaidé pour l’annulation totale de la dette couplée à des mesures novatrices pour accroître l’accès des pays en développement aux ressources financières. Il s’est félicité de l’initiative “hardie” du Japon qui a décidé d’annuler les dettes officielles et non officielles des pays admis à l’Initiative HIPC. Cette initiative, a dit le représentant, doit être généralisée dans le cadre des Nations Unies.

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M. LEUTLWETSE MMUALEFE (Botswana) a déclaré que la Deuxième Commission devrait placer ses travaux sous l’angle des objectifs énoncés par les chefs d’Etat et de gouvernement lors du Sommet du millénaire, et proposer des recommandations allant dans le sens d’un développement durable. Dans notre recherche de solutions aux questions évoquées lors du Sommet, nous devons être conscients que l’environnement mondial n’est pas stagnant et que les propositions que nous avancerons devraient aller dans le sens d’une souplesse accrue dans l’élaboration et la mise en œuvre des politiques. C’est au niveau national que l’action des Nations Unies doit être pensée en tenant compte des développements et des évolutions qui diffèrent entre régions et pays. Il est désolant que les objectifs arrêtés après chaque grande conférence de l’ONU au cours de la décennie écoulée n’aient pas été atteints en raison des difficultés financières. Des déséquilibres graves persistent entre les différentes régions de la planète. L’Afrique subsaharienne, dont les mauvaises performances économiques se traduisent par un accroissement intolérable de 50% de la pauvreté ces dernières années, a besoin de mesures spéciales. Alors que le continent honore ses engagements de réforme structurelle et d’augmentation de l’épargne intérieure, des facteurs extérieurs, comme la chute des produits de base, l’absence d’accès aux marchés et d’investissements étrangers directs (IED), et le poids persistant d’une dette insoutenable sont venus saper les efforts accomplis. Nous ne pouvons pas parler de perspectives de développement en Afrique sans évoquer la difficile question de la pandémie du VIH/sida, qui est le problème de santé le plus dangereux, et dont les conséquences directes mettent en danger les succès économiques qu’a connus le continent. Le Botswana soutient la perspective de la convocation d’une session extraordinaire de l’ONU sur le VIH/sida.

La question du financement du développement doit retenir toute notre attention, et à cet égard, le Botswana attache beaucoup d’importance à la tenue de l’Evènement de haut niveau sur le financement du développement prévu pour 2001. La réussite de cette rencontre nécessitera la pleine et efficace participation de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international, de même que celle du secteur privé et des autres partenaires du développement. En ce qui nous concerne, nous souhaitons que la rencontre préparatoire à cette conférence veille à assurer suffisamment de flexibilité pour donner à tous les pays et aux autres acteurs, des chances et des opportunités de participation égales.

M. FARES M. KUINDWA (Kenya) a estimé que la meilleure manière de faire profiter les pays en développement des bénéfices de la mondialisation consiste à démocratiser les processus de décisions économiques à l’échelle internationale, à examiner de manière intégrée les questions du commerce, des finances et du développement, à procéder à une réforme en profondeur du système financier international, et à régler le problème de la marginalisation par un meilleur accès aux ressources, aux marchés et à la technologie. Le représentant a, dans ce contexte, jugé important de mettre en place un système commercial multilatéral ouvert, fondé sur des règles, équitable, sûr, non discriminatoire, transparent et prévisible.

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Un tel système, a-t-il estimé, ne pourrait que renforcer les opportunités commerciales et de développement des pays en développement et augmenter leur part dans le commerce international. Ceci exige, a dit le représentant, un véritable partenariat mondial qui pourrait alors assurer au financement du développement une base solide et prévisible et faciliter le développement des infrastructures et le renforcement des systèmes éducatifs et de santé.

Le représentant a appelé la communauté internationale, y compris les Nations Unies et les institutions de Bretton Woods, à fournir les ressources nouvelles et additionnelles requises pour régler les problèmes économiques et sociaux que connaissent les pays en développement. Il a souhaité, dans ce contexte, que les institutions financières et commerciales internationales adaptent leurs politiques aux besoins des pays en développement. Le représentant a souligné que les effets négatifs de la mondialisation ont mis en lumière l’importance qu’il y a à mettre en place un nouvel ordre économique mondial. Pour établir cet ordre, a-t-il dit, les pays en développement doivent être en mesure d’exercer leurs droits dans la prise des décisions économiques, y compris dans la réforme et la formulation des nouvelles règles et procédures des systèmes financier et commercial internationaux.

M. ALOUNKEO KITTIKHOUN (République démocratique populaire lao) a dit que les bénéfices de la mondialisation sont répartis de manière fortement inéquitables. Les pays riches deviennent plus riches et les pauvres s’enfoncent davantage dans la pauvreté, dont la montée est l’une des conséquences négatives de la mondialisation sur les pays les moins avancés qui se trouvent ainsi marginalisés. Nous espérons que la conférence sur les pays les moins avancés (PMA), qui se tiendra à Bruxelles, sera précédée d’une réunion de son comité préparatoire permettant d’en augmenter les chances de réussite, notamment en matière d’APD, de dette extérieure, d’investissements et de commerce. Notre pays espère que la réunion de Bruxelles permettra de formuler et d’adopter des politiques nationales et internationales contenant des mesures favorables au développement durable des PMA.

Dans ce cadre, le représentant a indiqué que la Septième table ronde sur la République démocratique populaire lao aura lieu pour la première fois, dans la capitale de son pays, Vientiane, du 21 au 23 novembre prochains. Cette table ronde s’inscrira dans le processus de tables rondes lancé en janvier 2000, et qui vise à instaurer un dialogue politique substantiel entre notre gouvernement et ses partenaires de développement. Nous souhaitons que le maximum de partenaires au développement y prenne part, ce processus pouvant renforcer un véritable partenariat pour la mise en oeuvre des politiques que notre pays compte appliquer pour pouvoir sortir du groupe des PMA.

M DUMISANI S. KUMALO (Afrique du Sud) a fixé comme priorités les questions de lutte contre la pauvreté et le sous-développement. Il a souligné que ces questions nécessitent une approche globale en arguant que le monde ne peut plus traiter des défis actuels isolément. Le représentant est convaincu que les progrès en matière de développement durable ne pourront s’accomplir sans un partenariat entre le Nord et le Sud fondé sur le principe de responsabilités communes mais différenciées. Le fait que les pays soient différents exige que l’on s’appuie sur des règles susceptibles d’injecter un élément démocratique dans les relations internationales.

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Indiquant que son pays accueillera le prochain Sommet de la Terre, la Conférence d’examen décennal d’Action 21, le représentant a souhaité que ce soit là l’occasion de réaffirmer les engagements pris en matière de développement durable. Il a souhaité que les questions liées au social, à l’économie et à l’environnement soient examinées de manière coordonnée. Ces défis exigent un effort global visant à la fois à protéger l’environnement et à promouvoir le développement social et la croissance économique.

Parlant des effets délétères de la mondialisation, le représentant a mis l’accent sur l’élargissement du fossé numérique. Abordant les questions de l’assistance au développement, il a rappelé aux pays donateurs que les fonds alloués sont souvent une source importante d’investissements dans les infrastructures, font office de catalyseur pour attirer les investissements étrangers et jouent un rôle important dans le rétrécissement du fossé entre l’épargne et l’investissement, facteur de la croissance. Le représentant a soulevé la question de la vulnérabilité des pays pauvres devant les chocs financiers pour souligner l’importance qu’il y a à ce que les programmes mis en oeuvre pour régler ce problème tiennent compte de la dimension sociale. S’agissant du commerce, le représentant a appelé à un nouveau cycle de négociations internationales en arguant que les pays en développement paient trop cher les politiques protectionnistes mises en place par les pays développés. Citant un rapport de la Banque mondiale, il a indiqué que les tarifs agricoles et les autres distorsions commerciales comme les subsides, font perdre près de 20 milliards de dollars par an aux pays en développement. Le représentant a conclu sur la question de la dette en demandant à la Commission d’envoyer un message clair aux pays développés pour qu’ils financent comme il se doit l’Initiative HIPC et envisagent des programmes d’allègement de la dette plus élargis et plus en profondeur.

M. FAWZI BIN ABDUL MAJEED SHOBOKSHI (Arabie saoudite) a déclaré que les dirigeants de la planète avaient examiné, lors du Sommet du millénaire, les questions difficiles qui se posent au monde actuel et auxquelles aucun pays n’a individuellement de réponses. Nous assistons à des développements spectaculaires en matière de technologie et à des regroupements régionaux importants en matière économique et sociale, a dit le représentant. La mondialisation, qui vide les pays en développement de leurs ressources humaines et naturelles tout en les marginalisant, profite aussi aux pays riches en ce sens qu’elle renforce leur hégémonie et la concentration entre leurs mains des richesses mondiales. L’Arabie saoudite tient à rappeler le devoir de justice et d’équité que se doivent de respecter les différents peuples les uns envers les autres.

Nous demandons aux pays développés de ne pas persister dans les politiques qui visent à fermer leurs marchés aux produits des pays pauvres et à les empêcher de réaliser toute avancée et progrès humains véritables. Le Royaume d’Arabie saoudite a consacré en 1999, plus de 4% de son PNB à l’aide aux pays en développement et notamment aux pays les moins avancés. Notre pays, qui aspire à devenir membre de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), demande que l’on reconnaisse l’universalité de cette organisation. Nous demandons que les procédures d’adhésion deviennent simples et transparentes et que les pays en développement y aient une accession plus facile.

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D’autre part, il serait équitable que l’on ne demande pas aux nouveaux membres et à ceux qui sont aspirants à l’OMC de porter des fardeaux injustes que n’ont pas eu à assumer les nations qui ont été les premières à être membres de l’Organisation. Nous pensons que les Nations Unies ont un rôle important à jouer dans cette démarche. L’Arabie saoudite tient aussi à dénoncer les politiques d’exploitation qui ont conduit à la déstabilisation économique et sociale de nombreuses régions du Sud. Il ne peut y avoir de véritable dialogue international sans respect des principes de l’égalité et de la parité au niveau des relations internationales.

M. JACOB DUNGAU SAGAN (Malaisie) a souligné que l’expérience traumatisante qu’a vécue la région de l’Asie du Sud-Est constitue un souvenir douloureux de l’impact négatif de la mondialisation sur les pays en développement. La propre expérience de la Malaisie a montré l’impuissance des économies des pays en développement face à l’assaut des spéculateurs, a-t-il expliqué. Pour protéger son économie, la Malaisie a pris des mesures sélectives de contrôle des capitaux. Le contrôle des devises, imposé par le pays, a contribué à régler la question de la volatilité des capitaux, a dit le représentant avant de préciser que le PNB de son pays, qui avait chuté de 7% en 1998, a connu une croissance de 5,6% en 1999. Les mesures prises par la Malaisie ont été saluées par la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED) qui encourage même la promotion et la reconnaissance de ces mesures dans les accords internationaux des institutions d’investissement économiques internationales. A cet égard, le représentant a souligné la nécessité de repenser le cadre de la coopération économique internationale. Il a plaidé pour le renforcement d'une nouvelle l’architecture financière qui, comme convenu, doit inclure des mécanismes de prévention, de gestion et de règlement des crises financières.

Fixant comme priorité la lutte contre la pauvreté, le représentant a estimé que la dette des pays en développement rend cette lutte plus difficile encore. Il s’est félicité de la création d’un Comité conjoint de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international (FMI) chargé de coordonner les activités dans le cadre de l’Initiative HIPC et des documents de stratégie de réduction de la pauvreté (PRSP). Il ne peut pas y avoir de développement sans financement du développement, a conclu le représentant en appelant les pays donateurs à déployer davantage d’efforts pour réaliser l’objectif agréé de consacrer 0,7% de leur PNB à l’APD et 0,15 à 0,2% de ce même PNB à l’aide aux PMA.

M. N.D. TIWARI (Inde) a déclaré que le volume de capitaux à destination des pays en développement avait légèrement augmenté en 1999. Bien que cette évolution soit surtout le fruit des dures réformes structurelles entreprises par ces pays, ces capitaux sont à court terme et toujours aussi imprévisibles et volatiles, et donc incertains du point de vue de la croissance. L’analyse des investissements privés directs indique que ces capitaux sont fluctuants et volatiles et ciblés vers la richesse. Ces investissements continuent de se diriger vers un nombre limité de pays et ne vont pas toujours vers les secteurs qui en auraient réellement le plus besoin pour un développement de longue durée. La réforme de l’architecture financière internationale, à la fois pour la restructurer et pour promouvoir une certaine cohérence entre les systèmes financier, monétaire et commercial, est devenue, au vu des évolutions constatées sur la scène économique internationale, indispensable.

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L’Evènement sur le financement du développement qui se tiendra au niveau ministériel en 2001 offrira un cadre dans lequel pourront être discutés de manière holistique les différents aspects du financement du développement. L’Inde s’est étroitement associée aux préparatifs de cette rencontre et est co-Présidente du Groupe de travail discutant de son ordre du jour. Le Comité préparatoire de l’Evènement a adopté plusieurs des recommandations avancées par notre Groupe de travail. Nous veillerons, lors de la conférence, à ce que les questions liées à l’augmentation de la masse et à la prévisibilité des financements pour le développement soient traitées de manière effective, et que des solutions réalistes et durables soient trouvées.

Concernant la question du commerce international, que nous percevons comme un puissant outil de croissance, un consensus s’est fait jour sur le besoin de créer des règles régissant un système commercial international plus sûr, équitable, et prévisible. Il faut mettre fin à l’asymétrie qui existe entre l’état de libéralisation avancée du système en ce qui concerne les biens et services avantageux pour les pays développés et le retard accusé par l’acceptation et la mise en œuvre de mesures qui seraient favorables aux pays en développement, et qui seraient, entre autres, la levée des barrières tarifaires imposées aux biens et des obstacles posés au mouvement des personnes. Nous insistons sur les questions touchant aux biens et services pour lesquels nos pays bénéficient d’avantages comparatifs, et notamment les secteurs agricole et textile. L’Inde ne saurait s’exprimer sans évoquer la question des sciences et des technologies. Dans ce domaine notre pays a consacré d’importants efforts en ce qui concerne les nouvelles technologies de l’information et des communications (TIC). Nos investissements dans la recherche et le développement se sont élevés à deux milliards de dollars durant la période 1996-2000. Mais, des déséquilibres importants continuent d’exister, notamment en ce qui concerne les droits de propriété intellectuelle. Aussi estimons-nous nécessaire un examen approfondi du fonctionnement des régimes de propriété intellectuelle pour établir un équilibre entre la protection des droits et les besoins de développement des nations du Sud.

Mme ENRICA TADDEI (Saint-Marin) a souscrit aux appels lancés à la communauté internationale pour qu’elle adopte un nouveau concept de sécurité humaine qui implique non seulement l’absence de conflit mais aussi l’élimination de la pauvreté et des fléaux tels que le VIH/sida. Elle a estimé que l’aide extérieure sera un élément essentiel du développement et a dit attendre avec impatience les résultats de la réunion de haut niveau sur le financement du développement qui doit se tenir en 2001. La représentante a jugé important que la communauté internationale se concentre sur la question de la dette et s’assure que les sommes épargnées, grâce aux initiatives d’allègement de la dette, soient directement affectées aux programmes de lutte contre la pauvreté. Elle a souhaité que la nouvelle structure financière internationale fournisse les moyens de prévenir l’émergence de nouvelles crises et garantisse une réponse rapide et appropriée aux crises naissantes. La représentante a estimé que l’accès à la technologie seul ne suffira pas à combler le fossé numérique et a mis l’accent sur l’importance de la formation. Elle a appuyé les activités du Service des technologies de l’information des Nations Unies qui, avec ses volontaires, contribuera à la formation des communautés dans le monde en développement.

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M. AHMED A. AL-HADDAD (Yémen)a pris acte du fait que la communauté internationale s’accorde sur le postulat selon lequel la mondialisation aura un impact sur la prospérité du monde. Mais la question est de savoir aujourd’hui pour qui la mondialisation sonne t-elle le glas? Où se situe la mondialisation par rapport aux buts et aux objectifs de la Charte des Nations Unies et par rapport aux résolutions des Nations Unies sur le développement durable? Aujourd’hui les pays moins avancés continuent de souffrir de la pauvreté. Comment peuvent-ils réaliser les objectifs de développement quand leurs maigres revenus sont engloutis dans le remboursement de la dette et que leurs efforts se heurtent à la fermeture des marchés, au manque de financement pour le développement ou au déclin de l’APD? Il faut espérer que la communauté internationale saura se montrer responsable et, en particulier, à l'occasion des travaux de la Conférence sur les PMA à Bruxelles, cette année. La mondialisation doit être garantie par des concepts sociaux efficaces et par les principes d’égalité et de justice sous- tendus par l’esprit de responsabilité partagée et du partage des bénéfices. Si le but visé est le développement économique et social et l’intégration dans l’économie mondiale, il faut se fonder sur une responsabilité humaine et commune. Il faut donc changer l’ordre actuel et faire de l’interdépendance et des intérêts communs le moteur de ce changement.

M. SIN SON HO (République populaire démocratique de Corée) a estimé cruciale la question du développement des sciences et des technologies qui sont des facteurs majeurs du développement économique. Le développement économique durable ne sera possible pour les pays en développement que s’ils comblent leur retard en matière technologique, a déclaré le représentant. Le manque de moyens financiers en matière de développement ou d’acquisition de technologies est un frein à l’essor économique des pays du Sud. Nous estimons qu’il est urgent de revoir l’ordre économique international en vue de faire du nouveau siècle qui commence un siècle de développement équilibré et de prospérité dans l’esprit de la coopération mutuelle qui doit amener la communauté internationale à une utilisation équitable des avancées technologiques. Les obstacles artificiels créés par les pays développés et leurs barrières tarifaires imposés aux pays du Sud devraient être levés.

Nous vivons en période de l’après-guerre froide, et il est tout à fait anachronique et injuste que des mesures de sanctions qui visent à freiner le développement économique et social continuent d’être tolérées par la communauté internationale. A l’aube d’un nouveau siècle, toutes les nations du monde devraient démontrer leur volonté de promouvoir des intérêts qui sont communs et mutuels aux peuples de la communauté des nations. Les différends devraient se régler par la négociation et le dialogue, ceci dans le respect le plus strict des résolutions de l’Assemblée générale des Nations Unies et des autres mesures internationales. Dans le cadre de la mise en oeuvre de ces résolutions et mesures, toute tentative, par qui que ce soit, d’imposer sa volonté de manière coercitive, devrait être dénoncée.

M. GARETH HOWELL, Directeur adjoint de l’Organisation internationale du travail (OIT), a indiqué que la contribution de l’OIT à l’intégration des politiques économiques et sociales s’effectue par le biais du “Cadre pour un travail décent”. Le concept du travail décent, a expliqué le représentant, se fonde sur les quatre piliers que sont la création d’emplois, le respect du droit au travail, le renforcement de la protection sociale et la promotion du dialogue social; les thèmes multisectoriels étant la sexospécificité et le développement.

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Abordant la question de la révolution numérique, le représentant a indiqué que son Organisation encourage les politiques d’exploitation des “opportunités numériques” et de diminution du “fossé numérique” qui visent à réduire les inégalités entre les nations et au sein de celles-ci. Partant, le rapport mondial sur l’emploi sera centré sur le thème du travail décent dans une société de l’information. Citant le Directeur de l’OIT, le représentant a dit qu’”une croissance économique accompagnée d'une augmentation des opportunités de travail décent pour les pauvres représente le moteur le plus puissant de la réduction de la pauvreté”. Cela implique des politiques économiques et sociales intégrées qui encouragent l’emploi et la croissance de l’entreprise, renforcent le respect des normes essentielles du travail, assurent la protection sociale et garantissent le dialogue social entre employeurs et employés.

Mme PATRICIA DURRANT (Jamaïque) a, au nom de la Communauté des Etats des Caraïbes (CARICOM), déclaré que les Etats du CARICOM étaient en faveur de l’adoption par la communauté internationale d’une politique et de stratégies de développement intégrées qui sont les seuls moyens efficaces de lutte contre la faim et la pauvreté. Ces maux ne pourront être éradiqués sans un redressement durable des économies toujours plus en déclin de la majorité des pays en développement. L’une des mesures les plus urgentes à prendre serait celle de la levée des barrières tarifaires qui affectent les exportations et donc la croissance des économies des pays en développement. Aucune stratégie de développement ne saurait d’autre part ignorer la question de la dette, dont le service paralyse les finances des pays qu’elle écrase et qui empêche les investissements sociaux nécessaires en faveur des pauvres.

Les Etats du CARICOM s’inquiètent du maintien des barrières tarifaires pourtant dénoncé, dont abusent les pays développés, et dont l’usage, joint aux pratiques de subventions, affecte l’accès aux marchés des produits des petits pays. Ce genre de pratique, dans un système international de commerce qui a aussi éliminé tous les accès préférentiels à certains marchés dont bénéficiaient autrefois les pays vulnérables, pose aujourd’hui un véritable défi à la survie même des économies et des Etats du CARICOM. Un traitement préférentiel s’avère donc plus que nécessaire en faveur de ces pays. Les effets de la mondialisation sur la vie des populations sont catastrophiques, au vu de la montée de la pauvreté et des instabilités, qui accentuent la dégradation de la condition humaine. Les filets de sécurité mis en place aux niveaux national et communautaire sont depuis un certain temps, incapables de faire face à cette aggravation. Nous sommes à cet égard de l’avis du Secrétaire général qui, dans son Rapport du millénaire, souhaite que l’économie mondialisée soit basée sur de solides fondations de partage de ses bienfaits. Si l’on veut donner une chance de succès à la mondialisation, un nouveau régime de gouvernance économique internationale inclusif et qui assure la distribution équitable des bénéfices de ce phénomène doit voir le jour.

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