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AG/SHC/469

LES DELEGATIONS INSISTENT SUR LA SYNERGIE A MEME DE RENFORCER LA LUTTE CONTRE LA CRIMINALITE ET L'ABUS DES DROGUES

4 octobre 2000


Communiqué de Presse
AG/SHC/469


LES DELEGATIONS INSISTENT SUR LA SYNERGIE A MEME DE RENFORCER LA LUTTE CONTRE LA CRIMINALITE ET L’ABUS DES DROGUES

20001004

Plusieurs délégations s'inquiètent de l’ampleur des crimes informatiques

La Commission des affaires sociales, humanitaires et culturelles (Troisième Commission) a poursuivi, ce matin, son débat sur la prévention du crime et la justice pénale ainsi que sur le contrôle international des drogues en se concentrant une nouvelle fois sur les racines du problème, qui, selon plusieurs délégations, sont la pauvreté et les déséquilibres socioéconomiques, le chômage et le manque d'accès à l'éducation qui frappent la plupart des sociétés urbaines modernes. Outre la corruption et le blanchiment de l'argent, les représentants ont fait part de leur grande préoccupation au sujet des crimes nouveaux tels que les crimes informatiques.

Les représentants ont souligné l'importance de la coopération multilatérale et bilatérale mais aussi entre les citoyens et leurs systèmes de justice pénale, dans la lutte contre la criminalité et la toxicomanie. Dans le cadre de l'application du Plan d'action et de la Déclaration sur les principes directeurs sur la réduction de la demande de drogues, le représentant du Mexique a appelé les Etats à accorder la priorité aux activités de prévention de la consommation de stupéfiants chez les enfants. En plus de la nécessité de réduite les cultures illicites, de mettre en place des cultures alternatives et de coopérer activement dans le domaine policier et judiciaire, plusieurs représentants ont également estimé qu'il faut absolument être en mesure de poursuivre les personnes qui engrangent les bénéfices du trafic de drogues et de la criminalité transnationale en général. La représentante d'Israël a suggéré la création d'une équipe spéciale chargée exclusivement du problème de la drogue. Quant au représentant de la République de Guinée, il a proposé l'inclusion, dans les missions d'opérations de maintien de la paix, de conseillers chargés de la question de l'influence de la drogue dans les conflits armés.

Face à l'expansion rapide du pouvoir des réseaux criminels transnationaux, l'ensemble des délégations s'est félicité de l'adoption prochaine du projet de convention sur la criminalité transnationale organisée et de la tenue, en décembre prochain, d'une cérémonie spéciale de signature qui sera accueillie par le Gouvernement italien à Palerme. A cet égard, la représentante de l'Italie a indiqué que son Gouvernement avait pris des mesures pour assurer la participation à cet évènement, et au plus haut niveau de représentation, de 80 pays en développement.

Les délégations des pays suivants ont pris la parole ce matin: Chypre; Kirghizstan; Liechtenstein; Malaisie; Israël; Jamaïque au nom de la Communauté des Caraïbes; Ukraine; Pakistan; Mexique; Chine; Guatemala; Kazakhstan au nom du Kirghizistan, de l’Arménie, du Bélarus, du Tadjukistan et de la Fédération de Russie; Guinée; Italie; Madagascar; Bangladesh et Jamahiriya arabe lybienne.

La Troisième Commission achèvera son débat sur la prévention du crime et la justice pénale et sur le contrôle international des drogues, cet après-midi, à partir de 15 heures.

PREVENTION DU CRIME ET JUSTICE PENALE

CONTROLE INTERNATIONAL DES DROGUES

Suite du débat général

M. DEMETRIS HADJIARGYROU (Chypre) a déclaré qu'il est indispensable d'élaborer un régime juridique complet pour affronter les dangers que posent les opérations de plus en plus sophistiquées que mènent les syndicats du crime organisé. Chypre se félicite donc de la conclusion de l'élaboration du projet de convention contre la criminalité transnationale organisée et espère que les trois protocoles sur les trafics d'armes, de migrants et d'êtres humains, qui doivent le compléter seront finalisés ce mois-ci. Le représentant a rappelé que son Gouvernement participe au renforcement de la coopération internationale dans le domaine de la justice pénale. Chypre est également partie aux conventions européennes sur l'éradication du terrorisme et contre le blanchiment de l'argent. En outre, Chypre a passé des accords bilatéraux avec d'autres pays, y compris ses voisins, en vue de lutter contre le crime transnational et le trafic de drogue.

En tant qu'important centre financier offshore, Chypre est consciente de la possibilité que ses services soient utilisés pour blanchir des capitaux d’origine illicite et le Gouvernement a pris un éventail de mesures pour lutter contre cette menace. Le Gouvernement chypriote a ainsi mis en place un cadre législatif approprié, ainsi que des mécanismes spéciaux chargés de surveiller l'application de ces lois, complétés par un renforcement du dialogue avec le secteur privé et de la coopération régionale et internationale.

En ce qui concerne l'augmentation sans précédent du trafic de drogues, Chypre estime qu'elle a des implications mondiales et constitue une importante menace contre la civilisation. A cet égard, le représentant a estimé que les efforts de la communauté internationale ne permettront pas d’obtenir les résultats désirés tant qu'elle ne s’attaquera pas aux racines du problème. Il faut s'attaquer à la pauvreté et aux déséquilibres socioéconomiques, au chômage, au manque de perspectives dans l'éducation et à l'aliénation qui dominent si souvent la vie des sociétés urbaines modernes. Une action efficace en vue de la réduction de la consommation de drogues doit combiner les efforts nationaux et internationaux pour éradiquer les cultures illicites. Le développement alternatif et la substitution des cultures doivent être soutenus activement, ainsi que des programmes de réhabilitation et de réinsertion sociale des toxicomanes. Le représentant a également jugé impératif de mettre en place une coopération active entre les organes de répression ainsi qu’entre les organes judiciaires afin de renforcer les capacités à poursuivre en justice les personnes qui engrangent les bénéfices du trafic de drogue.

MME ELMIRA IBRAIMOVA (Kirghizstan)a indiqué que sa délégation s’associe à la déclaration faite par le Kazakhstan. Elle a assuré que son pays accorde une attention particulière au fléau de la drogue, parce qu’actuellement le trafic et la consommation menacent la sécurité et l’avenir du pays. Mme Ibraimova a noté avec satisfaction les travaux du Programme des Nations Unies sur le contrôle des drogues en Afghanistan, et s’est dite encouragée par le fait que la culture du pavot dans trois districts afghans a été réduite de 50%. Elle a apporté le soutien de son pays au Plan régional d’action entériné par le Groupe ‘’Six + deux’’ le 13 septembre 2000 et attend avec impatience l’application des dispositions de ce document relatives au combat contre le trafic de drogues. La représentante a exprimé sa préoccupation sur le fait que l’abus des drogues représente toujours une grande menace pour les jeunes au XXIe siècle, en dépit des efforts de lutte déployés jusqu’ici citant des statistiques des Nations Unies et de l’Organisation mondiale de la santé, elle a précisé que dans son pays, sur 50 000 toxicomanes, 75% ont moins de 30 ans. Elle a aussi exprimé sa préoccupation quant à l’augmentation de la consommation de l’opium. Dans la sous-région, en Asie centrale, la représentante a indiqué que les pays collaborent ardemment pour faire face au fléau de la drogue. Elle a ajouté que sa délégation souhaite appuyer le projet de résolution intitulé “Coopération internationale contre le problème mondial des drogues”.

MME CLAUDIA FRITSCHE (Liechtenstein) a pleinement soutenu les initiatives de la communauté internationale dans le domaine de la prévention du crime et de la justice pénale, en particulier dans le domaine de la lutte contre le crime transnational organisé, le trafic de migrants, la corruption et la criminalité financière. En mettant en œuvre le Programme mondial de lutte contre le trafic d'êtres humains, les pays d'origine, de destination et de transit développeront des stratégies communes et des actions concrètes allant au-delà des approches purement bilatérales, a relevé la représentante.

La représentante a noté que la criminalité financière est au cœur de la criminalité organisée et consiste en grande partie à blanchir les profits réalisés dans le trafic de drogues ou grâce à d'autres activités illicites. Elle a toutefois mis en garde contre une confusion entre le blanchiment de l'argent et d'autres questions telles que la compétitivité fiscale. Le Liechtenstein a introduit en 1995, dans son Code pénal, une loi condamnant le blanchiment de l'argent et son Parlement a récemment adopté des mesures législatives supplémentaires pour prévenir des abus de ses services financiers, en conformité avec les normes internationales les plus sévères en la matière. La représentante a ajouté que, dans ce domaine, l'approche est presque aussi importante que la lutte elle-même car il est indispensable d'avoir une volonté commune d'application des normes internationales agréées. Saluant les travaux menés par l'Office de contrôle des drogues et de la prévention du crime (ODCP) à Vienne, la représentante a jugé fondamental que les pays touchés par la criminalité financière travaillent ensemble et non pas les uns contre les autres, de manière transparente et non discriminatoire. Il faut également reconnaître les efforts positifs entrepris par des juridictions individuelles et bannir toute approche punitive, qui serait contraire à l'esprit de coopération internationale.

M. SHAZIMAN ABU MANSOR (Malaisie) a déclaré que son pays est très préoccupé par la criminalité transfrontalière et transnationale organisée favorisée par le développement des nouvelles technologies de communication. Il a précisé que de nouvelles formes de crimes sont apparues tels que les fraudes dans le commerce international, de nouvelles formes d’esclavage, utilisant l’Internet et autres actes de cybercriminalité. M. Mansor a estimé que les conclusions du dixième Congrès des Nations Unies pour la prévention du crime et le traitement des délinquants doivent être suivies d’une action efficace. Il a indiqué que la Malaisie souhaite conclure des accords bilatéraux avec tous les pays qui souhaitent une société sans drogue. Il a évoqué la nécessité de mieux gérer les mesures d’extradition, de combattre plus fermement le trafic illicite de véhicules et la contrebande des migrants illégaux par des mécanismes efficaces.

La Malaisie, a jouté M. Mansor, est confrontée aux problèmes majeurs liés à la drogue que sont l’entrée, la contrebande, le transit et la consommation des stupéfiants. La Malaisie a pris des mesures fermes de manière à ce que les générations futures soient épargnées par ce fléau, contribuant ainsi aux objectifs de la communauté internationale. Par ailleurs, M. Mansor a affirmé que les programmes de prévention peuvent être renforcés sur les lieux de travail et dans la communauté. Il a expliqué que les ONG malaisiennes ont mis en place plusieurs programmes qui offrent également des services aux groupes affectés, mais l’élimination de l’offre ne peut cependant être obtenue que grâce à la coopération internationale. La Malaisie s’engage à ce que tous ses organes nationaux adhèrent aux dispositions prises sur le plan de la sous-région et les appliquent avec assiduité, tout en appuyant sur la scène internationale les autres efforts de coopération.

MME SIMONA FRANKEL (Israël) a déclaré que la seule manière efficace de lutter contre la vague grandissante du trafic de drogues et de la toxicomanie est de créer une équipe spéciale internationale spécialement chargée de ce problème. La représentante a déclaré que les actions menées par son Gouvernement dans ce domaine ont pour principal objectif de créer un climat social qui incite les jeunes à rejeter l'usage des drogues. Des programmes et des services spéciaux ont été mis en place pour les enfants et les adolescents que l'on pense être particulièrement exposés à la toxicomanie. Des centres de conseils ont également été créés pour conduire, aux niveaux local et national, des activités préventives de l'"utilisation occasionnelle" des drogues. Le rôle principal de la Police israélienne face à la jeunesse est d'assurer le respect des lois, notamment par le biais d'ateliers de sensibilisation et d'information des jeunes. Ce sont des jeunes qui transmettent les messages des campagnes anti-drogues à leurs pairs. En outre, les programmes de désintoxication et de réinsertion des toxicomanes comprennent l'allocation de bourses d'études et la formation professionnelle.

En ce qui concerne le blanchiment de l'argent, le Parlement israélien, la Knesset, a adopté une loi réprimant ce crime qui sera par ailleurs très utile pour les autorités chargées de la lutte contre le trafic de drogues. Dans le cadre général de la lutte contre la criminalité, Israël estime que la participation publique est essentielle. La coopération a donc été renforcée entre les citoyens et le système de justice pénale par le biais du volontariat.

MME PATRICIA DURRANT (Jamaïque) s’exprimant au nom des 14 pays États Membres de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), a déclaré qu’il est possible d’obtenir des résultats dans la lutte contre la drogue et la criminalité transnationale à condition que la communauté internationale fasse preuve d’un engagement politique et d’une coopération accrue. La représentante a évoqué la situation géographique des Caraïbes qui entraîne une multiplication des problèmes engendrés par le trafic de drogues. Elle a dans ce contexte insisté sur le lien entre le trafic des drogues, la corruption, le blanchiment d’argent et le trafic d’armes légères. La CARICOM, a–t-elle dit, a bénéficié d’une assistance technique et financière appréciable des Nations Unies pour l’aider à mieux comprendre et à faire face à ces fléaux. Mais Mme Durrant a estimé qu’il existe encore un besoin de mieux identifier les problèmes et d’établir une collaboration plus efficace, notamment pour la mise en œuvre de certains programmes sous-régionaux dans la région.

Elle a affirmé que la menace que représente l’abus des drogues chez les jeunes doit recevoir une attention prioritaire et doit être gérée par une approche intersectorielle. Ainsi, un mécanisme régional de coordination pour une politique intégrée dans la sous-région aidera à confronter le problème du trafic des drogues. Une Equipe spéciale intergouvernementale a été établie à cet effet. La représentante a remercié l’Union européenne pour l’aide accordée à la CARICOM pour la révision de l’Accord portant sur les opérations maritimes dans les Caraïbes, un facteur essentiel.

Selon la représentante, la lutte contre les drogues ne peut être confinée à une rhétorique appelant à la réduction de l’offre et de la demande. Il faut faire face à la pauvreté, aux disparités économiques et sociales ainsi qu’aux structures internationales, économiques et financières injustes. Aussi sommes-nous satisfaits de l’importance accordée par le Secrétaire général dans son rapport sur le développement alternatif, a-t-elle ajouté.

Expliquant que la criminalité transnationale menace la paix et la sécurité des pays de la sous-région, Mme Durrant a déclaré que la prévention de ce fléau préoccupe tout particulièrement la CARICOM, dont les pays membres sont de petits Etats qui peuvent difficilement lutter par exemple contre la prolifération des armes légères. La CARICOM fait donc appel aux états producteurs pour qu’ils établissent des contrôles plus stricts sur l’exportation de ces armes.

M. MYKOLA MELENEVSKY (Ukraine) a estimé que les défis sans précédent posés par un monde de plus en plus criminalisé font clairement apparaître qu'aucun pays ne peut gérer ou résoudre isolément la croissance de la criminalité transnationale organisée. La corruption évolue au gré de changements qui dépassent les frontières nationales. Le phénomène de la mondialisation rend encore plus urgent que les partenaires internationaux unissent leurs efforts de lutte contre le crime. Si les criminels agissent au niveau mondial, il faut que ceux qui les combattent lancent une campagne mondiale et créent un réseau efficace de coopération technique, légale et judiciaire. Faute de quoi, la lutte contre la criminalité sera toujours en retard d'une étape. A cet égard, le représentant a indiqué que l'Ukraine est partie à plus de 130 accords bilatéraux d'entraide judiciaire.

Le représentant a également espéré que la traite des personnes, en particulier des femmes et des enfants, recevrait une attention particulière et que les pays d'origine, de transit et de destination mettront en place une coopération plus efficace pour la combattre. Il a également déploré les menaces posées par le terrorisme international, et plus particulièrement le terrorisme informatique, appelant à l'élaboration d'un instrument international de lutte contre ce dernier problème. En conclusion, il a estimé qu'il serait judicieux de mettre en place une coopération judiciaire renforcée pour assurer l'application de la future convention sur la criminalité transnationale organisée.

M. MUNAWAR SAEED BHATTI (Pakistan)a déclaré que la communauté internationale doit mettre fin aux activités des cartels et des groupes criminels internationaux. Il a rappelé que le Pakistan avait lancé un plan quinquennal pour lutter contre l’abus des stupéfiants, dont l’un des objectifs était de mettre fin totalement à la culture du pavot à opium avant la fin de l’an 2000. Il a ajouté que ce but était aujourd’hui atteint. Le représentant a indiqué que les organisations rurales ont joué, dans les villages, un rôle important dans cet effort herculéen et le Pakistan remercie le PNUCID pour son appui, en espérant que le Programme aidera son pays à consolider les acquis.

M. Bhatti a affirmé qu’il y a 20 ans, le Pakistan ne connaissait pas le problème des stupéfiants. Il en est aujourd’hui une victime, notamment du transit. Ces derniers développements négatifs sont dus à la situation en Afghanistan. Le représentant du Pakistan a indiqué que la formation des programmes bien conçus pour les zones rurales, des équipes mobiles, ainsi que des centres de réhabilitation constituent les éléments principaux de la stratégie de son pays. Il a expliqué que les ONG et les organisations communautaires participent pleinement à cet effort national.

Le Pakistan a pris également des mesures sévères pour arrêter les drogues aux frontières; à ce sujet, il a notamment cité l’exemple de la collaboration avec l’Iran. Le représentant du Pakistan a aussi évoqué son appui à la stratégie défendue par M. Arlacchi, le Directeur exécutif du PNUCID, sur les politiques alternatives et les cultures de substitution en Afghanistan, estimant qu’elles peuvent aboutir à de bons résultats. Mais il a dit sa préoccupation par rapport au manque de ressources adéquates dont souffre le PNUCID pour la réalisation de ses activités dans la sous-région.

M. Bhatti a enfin souligné qu’il faut également éliminer la corruption dans tous les pays et mettre en place un instrument juridique international efficace à cet effet. A ton avis, toutes les personnes impliquées dans un acte de corruption, quel qu’il soit, doivent être tenues responsables de leurs actes.

M. GUSTAVO ALBIN (Mexique) s'est félicité de l'adoption par la Commission des stupéfiants, lors de sa 43e session, d'une initiative mexicaine relative à la coopération internationale pour la prévention de la consommation de stupéfiants chez les enfants. Il a appelé les Etats à accorder la priorité aux activités de prévention de l'usage des drogues par des enfants, dans le cadre de l'application du Plan d'action et de la Déclaration sur les principes directeurs sur la réduction de la demande de drogues. Le représentant a ensuite lancé un appel afin que l'on mette à la disposition du PNUCID les ressources et les moyens nécessaires pour mener à bien l'application de la Déclaration sur la période 2002-2003.

Le représentant a également attiré l'attention de la Commission sur le problème du trafic illicite par voie maritime et appelé à l'application de la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer et sur l'article 17 de la Convention des Nations Unies contre le trafic illicite de stupéfiants et de substances psychotropes.

Evoquant les projets de protocoles additionnels au projet de convention sur la criminalité transnationale organisée, le représentant a notamment été d'avis que le protocole sur la traite des personnes devrait prévoir une large définition de la traite et distinguer entre exploitation professionnelle et sexuelle. Pour ce qui est du protocole sur le trafic des migrants, il a notamment appelé les Etats à s'engager à ne pas engager de poursuites contre les migrants objets de la traite, le trafiquant devant être l'objet des sanctions. Enfin, la délégation du Mexique a exprimé son appui à l'élaboration d'un instrument efficace de lutte contre la corruption.

M. MEI YUNCAI (Chine) a déclaré que les drogues constituent une menace pour l’humanité. Il a indiqué que le gouvernement chinois, au cours des deux dernières années, a déployé de grands efforts, partout dans le pays, pour instituer des collectivités sans drogue et prévenir de façon plus efficace que de nouveaux cas de toxicomanie se présentent, tout en lançant des programmes visant notamment les jeunes. Ces efforts ont entraîné, selon M. Yuncai, une réduction substantielle de la demande. Le représentant de la Chine a indiquant que des cultures de substitution ont aussi été introduites. Il a ajouté que d’importantes quantités de stupéfiants ont également été saisies ou confisquées: il s’agit de 5300 kilogrammes d’héroïne, 16 tonnes d’amphétamines et 272 tonnes de précurseurs qui allaient passer en contrebande.

M. Yuncai a affirmé que la lutte contre la drogue est une question sociale étroitement liée à tous les aspects de la vie en société. Ainsi, a-t-il expliqué, cette lutte se fait par la collaboration de plusieurs départements ministériels, y compris celui de la santé qui est chargé des activités de réhabilitation. Il s’agit d'une approche globale et intégrée qui utilise plusieurs voies et moyens, qui incluent la famille, les moyens légaux, administratives, économiques et éducationnels. Concluant sa déclaration, le représentant a souligné que la position de son pays sur le problème de la drogue est ferme: tant que ce fléau existera dans le monde, la Chine poursuivra sa lutte.

M. LUIS CARRANZA (Guatemala) s'est félícité du fait que le débat sur le contrôle des drogues mené lors des sessions extraordinaires de l'Assemblée générale ait abouti à l'adoption d'une déclaration et d'un plan d'action sur les principes directeurs de réduction de la demande, après avoir établi le principe de la responsabilité partagée. Il a rappelé les estimations selon lesquelles les capitaux engagés dans le trafic de drogues seraient supérieurs à ceux engagés dans le commerce du pétrole et seulement inférieurs à ceux utilisés dans le trafic d'armes. Il est préoccupant de penser au nombre de vies humaines que ce trafic dégradant et mortel prend dans ses filets.

Le représentant a ensuite déclaré que le problème mondial de la drogue a frappé le Guatemala du fait de son emplacement géographique qui en fait une zone de transit puis une zone de cultures, à quoi s'est ajoutée une augmentation de la toxicomanie au sein de la population. Il s'est dit préoccupé par l'augmentation de la violence provoquée par les organisations criminelles et le pouvoir économique qu'elles ont accumulé en se livrant au trafic de drogue, en liaison avec les groupes mafieux internationaux. Les effets économiques du blanchiment de l'argent s'ajoutent aux menaces engendrées par la consommation de drogues. En outre, le représentant a souligné le danger que représente la corruption, dans ses différentes manifestations, et des problèmes qu'elle provoque dans la société et les institutions guatémaltèques.

M. MURAT SMAGULOV (Khazakstan) s’exprimant au nom du Kirghizistan, de l’Arménie, du Bélarus, du Tadjikistan et de la Fédération de Russie qui sont membres de la communauté des Etats indépendants, a déclaré qu’il est préoccupant de constater que ce sont les jeunes qui sont les plus touchés par les méfaits de la drogue. Il est urgent de lutter de manière globale contre ce fléau, à travers l’ONU, dont l’action renforcera les efforts des États dans ce domaine. M. Smagulov a ajouté que les Nations Unies doivent prendre le leadership de la coordination internationale des efforts de lutte.

Le représentant a indiqué que les États de la CEI au nom desquels il s’exprime luttent actuellement contre la criminalité transnationale organisée à travers leurs territoires. La mise à jour d’une base de coopération juridique au sein de ces états se poursuit, a-t-il ajouté. Des récentes opérations bien coordonnées ont permis la saisie d’importantes quantités de stupéfiants et la mise hors d’état de nuire de nombreux groupes criminels liés à ces trafics.

En conclusion, M. Smagulov a affirmé que la collaboration très étroite avec les Nations Unies doit se poursuivre car elle représente la voie privilégiée qui permettra de combattre ces fléaux constituant l’une des plus grandes menaces contre l’humanité.

M. PAUL GOA ZOUMANIGUI (République de Guinée) a déclaré que le problème de la drogue ne peut être dissocié des autres fléaux que sont la corruption, le vol, le viol, la criminalité, le blanchiment d'argent, le trafic et l'exploitation des êtres humains. Ce phénomène entraîne partout les mêmes conséquences et le renforcement de la coopération internationale demeure indispensable pour éradiquer ce fléau. L'adoption de la convention contre la criminalité transnationale organisée et de ses trois protocoles additionnels constituera une étape importante de la lutte internationale contre la criminalité organisée, a estimé le représentant. Le Gouvernement guinéen est disposé à signer et à ratifier la convention et ses protocoles, dès que ces instruments seront adoptés.

Le représentant a rappelé que son pays est partie à toutes les conventions internationales relatives à la drogue. Il a expliqué que la Guinée a mis en oeuvre une politique de lutte réelle qui s'est concrétisée par l'élaboration, l'adoption et la promulgation d'une série de textes juridiques et réglementaires dont l'objectif est de réprimer la production, la consommation, le trafic et la vente des drogues de toute nature. La création de l'Office central anti-drogue et du Comité interministériel national de lutte contre la drogue démontre à suffisance la volonté du Gouvernement de s'impliquer avec détermination dans toutes les stratégies de lutte contre le phénomène tant au niveau national qu'international. Le gouvernement, en collaboration avec l'Unesco, a inséré dans le cursus scolaire, professionnel et universitaire, un programme d'éducation préventive intégré.

Il est important de déterminer et de définir les voies et moyens en vue d'éviter le recyclage des drogues, stupéfiants et substances psychotropes qui font l'objet de saisie, a affirmé M. Zoumanigui. Compte tenu de l'importance capitale de cette question, la Guinée a créé un comité national d'incinération et de destruction des drogues saisies. Toutefois, ses efforts restent entravés par la non-qualification des ressources humaines disponibles, le manque de ressources financières et d'équipements appropriés ainsi que par l'impact de la présence de réfugiés dont le nombre représente 10% de la population locale. C'est l'occasion pour nous de souligner la problématique de l'influence de la drogue dans les zones de conflits armés, a ajouté le représentant. Il a exhorté la communauté internationale, le Programme des Nations Unies pour le contrôle international des drogues (PNUCID) à approfondir la réflexion sur cette question qui est de nature multidimensionnelle allant de la demande à la consommation en passant par le trafic, l'abus ainsi que d'autres activités connexes qui sont le financement des achats d'armes, le blanchiment d'argent et la criminalité etc… Somme toute, l'inclusion dans les missions d'opérations de maintien de la paix, de conseillers chargés de la question de l'influence de la drogue dans les conflits armés sera d'une grande importance, a-t-il conclu.

MME BRUNELLA BORZI CORNACCHIA (Italie) a déclaré que l'engagement de l'Italie dans la lutte contre la criminalité transnationale remonte, notamment, à 1994, date à laquelle s'est déroulée une conférence ministérielle sur ce thème. Elle a fortement espéré que le Comité spécial chargé de l'élaboration de la convention sur la criminalité transnationale organisée et de ses trois protocoles serait en mesure de conclure ses travaux avant la date de la conférence de Palerme. A ce propos, le Gouvernement espère que tous les Etats qui ont activement participé à l'élaboration de la convention et de ses protocoles seront présents à Palerme et qu'ils y seront représentés au plus haut niveau. La représentante a indiqué que le Gouvernement italien soucieux du principe de représentation géographique équitable, assurera financièrement la participation des représentants de 80 pays, dont ceux des pays les moins avancés. Elle a ensuite appelé les futurs Etats parties à verser des contributions adéquates et régulières pour contribuer à la mise en application rapide de la convention. En conclusion, la représentante a estimé que notre première priorité doit être de renforcer le respect de la règle de droit, faute de quoi nous n'arriverons pas à nous libérer de la pauvreté. Ce n'est pas un hasard si la majorité des travaux du PNUCID se déroulent dans des pays en développement, a-t-elle déclaré.

M. Jean Delacroix Bakoniarivo (République de Madagascar) a noté que la session extraordinaire de l'Assemblée générale sur le développement social à Genève a donné l'occasion aux Etats Membres de constater l'existence de liens incontournables entre la lutte contre la pauvreté et les problèmes entraînés par le trafic des drogues et la persistance des crimes organisés. Madagascar se félicite d'autre part du fait que le Sommet du millénaire a inclus dans sa Déclaration une série d'engagements en matière du respect de l'Etat de droit, de lutte contre le terrorisme, et même d'envisager l'élaboration d'une convention contre la corruption. Elle se réjouit de l'aboutissement des négociations sur l'élaboration de la Convention contre la criminalité transnationale organisée et des trois protocoles s'y rapportant et félicite le Gouvernement italien qui s'est offert d'accueillir à Palerme en décembre la Conférence des personnalités politiques de haut niveau en vue de signatures des instruments suscités.

Le représentant a rappelé que lors du Sommet du millénaire, le Président de la République de Madagascar a procédé aux signatures des protocoles facultatifs relatifs à la Convention des droits de l'Enfant, l'un concernant l'implication des enfants dans les conflits armés, l'autre sur la vente, la prostitution et la pornographie des enfants. Il a également signé le protocole facultatif sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes.

Madagascar se hâte de voir les débuts des négociations concernant l'élaboration d'une convention contre la corruption, a affirmé le représentant ajoutant que la corruption a des conséquences désastreuses sur l'économie, la mentalité et le développement même du pays. Sur le plan national, dans le cadre de la lutte contre ce phénomène, une table ronde a été organisée à Antananarivo en mai 1999 par l'Institut International du Droit du Développement (IDLI-Rome) sous l'égide du Ministère de la Justice avec l'USAID, l'objectif étant de sensibiliser les différentes entités pour inciter l'adhésion de tous à la règle du droit. En septembre 2000, un séminaire de formation sur l'éthique et le professionnalisme du service public, a été organisé conjointement par le gouvernement et le PNUD, visant, entre autres, à la mise en place d'une administration performante, efficiente et crédible. En ce qui concerne la lutte contre la drogue, Madagascar a maintenu et renforcé un organe interministériel chargé notamment de coordonner les activités de lutte menées au niveau national par les organisations gouvernementales et non gouvernementales, et stimuler leur collaboration et coopération avec les autres pays et organisations régionales ainsi qu'internationales. Elle a harmonisé sa législation nationale avec l'esprit et les dispositions des Conventions internationales en vigueur par la promulgation en décembre 1997 d'une loi sur le contrôle des stupéfiants, des substances psychotropes et des précurseurs et ce avec l'assistance du service juridique du PNUCID.

M. ADBUL HASANAT ABDULLAH (Bangladesh) a déclaré que son pays a des lois extrêmement strictes pour lutter contre la criminalité transnationale organisée. Le Bangladesh souhaite que d’autres mesures soient prises sur les plans national et international sur les cinq secteurs prioritaires suivants: la coordination des stratégies, la finalisation et la signature dans les délais prévus de la Convention des Nations Unies sur la criminalité transnationale organisée et des trois protocoles qui seront soumis aux États Membres à Palerme en Italie; le renforcement du rôle central que doivent jouer les Nations Unies dans le combat de la criminalité transnationale en partenariat avec les autres organisations compétentes; l’appui financier aux efforts des pays en développement; et le besoin d’efforts coordonnés pour la sensibilisation du public, à travers des campagnes d’information et d’éducation.

M. Abdullah, reprenant une déclaration du représentant de la jeunesse de son pays, a précisé que le Bangladesh, malgré sa détermination et les accords bilatéraux conclus en vue d’élargir la coopération, se trouve dans une position très difficile à cause de sa situation géographique, entre deux importantes zones de production de stupéfiants, à savoir le croissant d’or et le triangle d’or. Cette situation rend le Bangladesh particulièrement vulnérable au trafic de la drogue. Pour faire face à ce fléau, le Bangladesh, a dit M. Abdullah, a besoin de l’aide internationale. Il a expliqué que la demande internationale a un impact sur le plan local et que les jeunes au Bangladesh en sont les plus grandes victimes, frustrés par l’absence de débouchés et tentés par les drogues bon marché. Le représentant a estimé qu’un train de mesures variées est donc nécessaire pour tuer ce mal aux multiples facettes qui mine et ruine le pays.

Mme HANAN K. ZOGHBIA(Jamahiriya arabe libyenne) a déclaré que l'on assiste actuellement à des changements politiques et sociaux nombreux, ainsi qu'à l'apparition de nouvelles formes de criminalité difficiles à combattre. Les trafics de ces criminels portent autant sur les antiquités et les œuvres d'art que sur le sang et les organes humains. La représentante a rendu hommage aux efforts du Centre pour la prévention du crime et la justice pénale et appuyé les conclusions du Dixième Congrès pour la prévention du crime et le traitement des délinquants. Nous attendons avec impatience la Conférence de signature de la convention contre la criminalité transnationale organisée de haut niveau qui se tiendra à Palerme en décembre 2000, a-t-elle ajouté. La représentante a souligné la responsabilité des pays développés de fournir une assistance technique et judiciaire aux pays en développement pour lutter contre la criminalité. Elle a également mis l'accent sur le soutien dont a besoin l'Institut africain de prévention du crime.

La représentante s'est inquiétée de la politique du silence, notamment par le biais du secret bancaire, que pratiquent certains pays face aux pratiques de groupes terroristes dont les capitaux transitent par leurs banques. Dans la lutte contre le crime, il faut adopter des mesures supplémentaires pour pénaliser les crimes financiers. Le statut de la cour pénale internationale doit permettre d’entreprendre des poursuites contre tous ceux qui commettent des agressions, se livrent au trafic de drogues ou mettent en danger la sécurité internationale par d'autres actions.

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