AG/EF/309

SEULE UNE COOPERATION MULTILATERALE RENFORCEE PERMETTRA DE TROUVER DES SOLUTIONS EQUITABLES ET DURABLES AUX QUESTIONS DE LA DETTE, DU COMMERCE ET DU TRANSFERT DE TECHNOLOGIE

3 octobre 2000


Communiqué de Presse
AG/EF/309


SEULE UNE COOPERATION MULTILATERALE RENFORCEE PERMETTRA DE TROUVER DES SOLUTIONS EQUITABLES ET DURABLES AUX QUESTIONS DE LA DETTE, DU COMMERCE ET DU TRANSFERT DE TECHNOLOGIE

20001003

Le monde actuel est caractérisé par deux tendances que sont la mondialisation rapide et l’érosion de la coopération multilatérale, a estimé le représentant de l’Indonésie dans le cadre du débat général de la Commission économique et financière (Deuxième Commission). La relance indispensable à la coopération multilatérale, fondement du nouvel ordre économique mondial attendu, doit passer par le lancement d’un dialogue entre pays en développement et partenaires du développement, a-t-il expliqué tout en observant que les bases de ce dialogue doivent être la recherche de solutions durables aux questions du financement du développement, des termes inéquitables du commerce international et du transfert de technologie de l’information et de la communication (TIC). Le règlement de la question de la dette des pays du Sud demeure la clef de voûte des autres problèmes qui se posent en matière de relance économique, a en outre observé le représentant, soutenu en cela par le représentant de l'Ouganda. Premier bénéficiaire de l’Initiative HIPC renforcée à l’intention des pays pauvres lourdement endettés, l’Ouganda s’est félicité que l'Initiative ait pour principe une réduction de la dette à un niveau soutenable à long terme, qu'elle couvre les dettes contractées auprès des institutions multilatérales et qu'elle établisse le lien entre allègement de la dette et réduction de la pauvreté. Le représentant de l’Ouganda a souhaité que les choses aillent plus loin et que les Banques régionales soient dotées des moyens d'accorder des prêts au titre de l’Initiative. Le représentant de l’Ouganda a aussi plaidé pour que les créanciers bilatéraux non-membres du Club de Paris soient inclus dans l’Initiative.

Dans cet ordre d'idées, un appel tendant à ce que l’HIPC couvre toutes les catégories de dette a été lancé par le Malawi qui a estimé que les termes de l’Initiative sont trop rigides, ses critères d’éligibilité manquant d'objectivité. Evoquant les aspects éthique et moral de la question de la dette, l’ex-République yougoslave de Macédoine a plaidé pour une annulation pure et simple de celle-ci. Pourquoi exigerait-on des générations actuelles qu’elles remboursent des dettes empruntées par les générations précédentes dans un contexte et en des termes peu clairs pour procéder à des investissements inutiles et improductifs dont le financement n’a en fait profité qu’à des créanciers soucieux de placer à des taux rémunérateurs leurs excédents de capitaux? La coopération multilatérale a, sur un autre plan, été encouragée par Monaco en ce qui concerne la lutte contre le blanchiment de fonds d’origine douteuse.

(à suivre - 1a) - 1a - AG/EF/309 3 octobre 2000

La Commission a entendu les représentants des pays suivants: Tadjikistan, Uruguay, Ouganda, Cuba, Malawi, Guatemala, Indonésie, Ethiopie, Jamahiriya arabe libyenne, ex-République yougoslave de Macédoine et Monaco. Elle a tenu un dialogue sur la mondialisation avec le Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, au cours duquel des questions relatives au lien entre mondialisation et développement, aux types de croissance nécessaire à la réduction des inégalités, à l’application de la notion de responsabilité partagée mais différenciée, ont, entre autres, été examinées.

La Commission reprendra son débat général jeudi 5 octobre à 10 heures.

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Déclaration du Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales

M. NITIN DESAI, Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, a estimé que le Sommet du Millénaire a contribué à attirer l’attention sur les problèmes que confronte l’Organisation et à réaffirmer la confiance en la capacité des Nations Unies à relever les défis actuels. Le Sommet du millénaire a réussi à placer au centre des préoccupations la question de la répartition équitable des bénéfices de la mondialisation et celle de l’élimination de la pauvreté. Ces deux questions, a souligné M. Desai, sont au centre de l’ordre du jour de la Deuxième Commission. Le rapport du millénaire du Secrétaire général a d’ailleurs pour axe central la gestion de la mondialisation pour en faire un élément au bénéfice de tous. “La mondialisation veut dire plus que l’élargissement des marchés”, est-il souligné dans le rapport. Cet aspect de la mondialisation est bien réel, a dit M. Desai lorsqu'on s'imagine, aujourd'hui, que la masse monétaire en circulation, au titre des investissements étrangers directs, s’élève à 2 milliards de dollars par jour alors que les chiffres des marchés de devises sont de 1,5 trillion de dollars par jour. La mondialisation avec la révolution technologique qui l’accompagne a donc eu un impact réel sur le commerce, les finances ou encore l’interconnectivité entre les personnes.

Pour M. Desai, les critiques adressées à la mondialisation viennent du fait que cette mondialisation reste incomplète. La base de l’intégration et de l’ouverture varie d’une région à l’autre. Si le commerce a connu une expansion formidable grâce à la mondialisation, cette expansion n’a pas touché tous les secteurs commerciaux comme le montrent les chiffres du commerce des textiles et de l’agriculture. Il en va de même pour la circulation des capitaux qui a connu une expansion considérable alors que les mouvements des biens et des personnes n’évoluent pas à la même vitesse. La perception est donc bien que les bénéfices de la mondialisation ne sont pas équitablement répartis. Que faire? s’est interrogé M. Desai, qui a proposé de reconnaître que les populations pauvres ont besoin d’une croissance que doit leur assurer la mondialisation. Très peu de pays ont respecté la norme fixée d’une croissance régulière de 3% nécessaire pour doubler le revenu par habitant sur une période de 24 ans, soit une génération. Une analyse des pays qui ont réalisé cette croissance montre que l’accent a été mis sur l’agriculture lorsqu'une grande partie de la population continue de dépendre de ce secteur. Il faut résoudre les problèmes de l'absence d'une démocratisation plus larde dans les institutions internationales et du manque de contrôle sur les activités des sociétés transnationales. Il est urgent d’inculquer dans la mentalité des sociétés commerciales les préoccupations sociales et écologiques. Il faut un système international qui donne une voix plus forte aux petits pays et aux ONG. Le problème n’est pas de mettre fin à la mondialisation, a conclu M. Desai, mais de comprendre comment l'exploiter pour le bien de tous.

Commentant les propos de M. Desai, la représentante des Etats-Unis a souhaité que l’on souligne davantage les responsabilités du monde en développement pour bénéficier de la mondialisation. Le représentant de la France a lui souhaité connaître le sentiment de M. Desai sur le débat actuel entre les défenseurs de la croissance quantitative et ceux de la croissance qualitative pour réduire la pauvreté. Les Nations Unies ont de tout temps condamner l’impérialisme, a dit pour sa part la représentante de Sainte-Lucie en se déclarant surprise que l’on vienne aujourd’hui à défendre la mondialisation qui est une autre forme d’impérialisme.

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La mondialisation n’ayant pas produit la croissance prévue, il faut réfléchir à une nouvelle théorie économique, a estimé la représentante. Ces propos ont été appuyés par le représentant du Pakistan qui a ajouté qu’aujourd’hui aucune preuve n’est venue montrer que la mondialisation favorise le développement. Il a invité les Nations Unies à étudier cette question en partant de l’évidence empirique du lien entre mondialisation et développement. Si ce lien n’existe pas, il faut repenser la théorie économique, a dit le représentant. Le représentant du Brésil a lui souhaité connaître l’avis de M. Desai sur le nouveau consensus qui apparaît notamment au Fonds monétaire international (FMI) qui met davantage l’accent sur les mesures visant l’allègement de la dette et la libéralisation des marchés du Nord. A cet égard, le représentant du Népal a souligné les avantages que les pays en développement pourraient tirer d’une ouverture des marchés pour des produits tels que les textiles, l’agriculture ou les logiciels. Les pays en développement peuvent se révéler hautement concurrentiels, a dit le représentant, en souhaitant attendre des arrangements favorables à ces pays. Le représentant a souligné le caractère toujours fluide de la notion du droit au développement. Comment, a-t-il demandé, doivent se définir les droits et les obligations. Après ce commentaire, le représentant du Mexique a rappelé la notion déjà agréée de la responsabilité commune mais différenciée en arguant que l’idée de la responsabilité différenciée serait peut-être à même de relever les défis de la mondialisation.

Répondant à ces observations, le Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales s’est adressé au représentant des Etats-Unis sur la question de la responsabilité nationale. Il a reconnu que les gouvernements devraient fournir davantage d'efforts dans de nombreux domaines qui sont l’agriculture, l’éducation ou encore le renforcement des capacités. En Asie, a-t-il dit, après les crises financières, les pays ont admis leur responsabilité quant à la mise en place de règles et d’institutions financières saines. Il faudrait en outre que la communauté internationale reconnaisse que les réformes faites par de nombreux pays n’ont pas été à la mesure des espoirs attendus, a dit M. Desai en précisant que les efforts de restructuration de certains n’ont pas automatiquement donné lieu à une hausse de l’Aide publique au développement (APD). Répondant au représentant de la France sur le débat entre les deux types de croissance, M. Desai a réaffirmé le lien entre croissance et réduction de la pauvreté. Il faut toutefois, a-t-il dit, accepter le fait que la notion de croissance est une notion complexe et qu’une hausse de la croissance peut entraîner une augmentation des inégalités entre secteurs, entre groupes ou encore régions. M. Desai a affirmé que l’inégalité est même un produit inhérent de la croissance arguant que des pays qui connaissent une croissance élevée sont toujours dans l’impossibilité de rectifier les inégalités. M. Desai a reconnu avec la représentante de Sainte-Lucie la nécessité de faire peser les préoccupations des pays en développement dans les décisions politiques internationales. Il a rappelé, à cet égard, que les Nations Unies ont toujours lancé un appel à la participation et à la démocratisation des institutions internationales. Répondant au représentant du Brésil sur le consensus portant sur l’allègement de la dette, M. Desai s’est dit heureux de ce consensus qui est né aux Nations Unies. Cela montre, a-t-il dit, l’impact de l’ONU sur les décisions politiques internationales. Le défi est de s’assurer que les Nations Unies restent pertinentes pour tous les pays.

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A la question du représentant du Pakistan sur le lien entre mondialisation et développement, M. Desai a répondu qu’il faut "reconstruire" le concept de la mondialisation. Les preuves existent qui montrent que la libéralisation du commerce est favorable à la croissance et à la réduction de la pauvreté. La mondialisation dans ce cas a donc été un élément positif. En revanche, le problème se pose avec la mondialisation financière qui n’a pas encore fait ses preuves. Et la question qu’il faut se poser maintenant est de savoir ce que peuvent faire les petites économies pour se protéger des aspects négatifs de la mondialisation. Les Nations Unies, la CNUCED, les Commissions régionales continueront d’étudier cette question. Répondant au représentant du Népal sur le caractère compétitif des pays en développement, M. Desai a estimé que la question de la marginalisation des pays en développement serait écartée si l’on procédait à une libéralisation totale des marchés. A la question du représentant du Mexique concernant la notion de responsabilité commune mais différenciée, M. Desai a souhaité que l’on accorde la même importance au deux parties de la notion, responsabilité commune et responsabilité différenciée. L’application de cette notion a déjà fait avancer bien des questions, a dit M. Desai en arguant que les politiques d’ouverture des marchés, d’APD ou encore d’allègement de la dette se fondent sur cette responsabilité commune mais différenciée

Débat général

M. RASHID ALIMOV (Tadjikistan) a estimé que la Déclaration du Sommet du millénaire traçait bien les grandes lignes de la stratégie à adopter pour arriver à jeter les bases d’un développement stable et durable. Dans l’esprit de la Déclaration, toutes les inégalités engendrées par la mondialisation devraient être supprimées dans l’avenir pour donner des chances égales à toutes les nations. Le fossé numérique qui se crée et se creuse chaque jour un peu plus entre le Nord et le Sud peut malheureusement faire craindre que la pauvreté davantage. Les pays à économie en transition comme le nôtre ont des problèmes spécifiques, a dit M. Alimov. Seules des mesures spéciales prises en leur faveur leur permettront de prendre le train de la mondialisation, mesures qui porteraient notamment sur les secteurs structurel et financier. Nous apprécions le projet de résolution visant les économies en transition qui sera discuté au cours des travaux de la Deuxième Commission.

Nous pensons que les futures stratégies de développement devront mettre un accent sur la préservation des ressources naturelles, et notamment l’eau, dont la disponibilité à long terme peut seule être garante d’un véritable développement durable. Les études menées par le système de l’ONU montrent clairement que si rien n’est fait, le tiers de l’humanité n’aura pas accès à de l’eau potable d’ici à quelques décennies. Le Tadjikistan propose donc que l’année 2003 soit proclamée «Année internationale de l'eau potable». Nous présenterons à cet égard un projet de résolution qui bénéfice déjà du soutien et du parrainage de 63 Etats Membres, et nous espérons que d’autres se joindront à nous de façon à la faire adopter par la présente session de l’Assemblée générale. Concernant une question qui a fait l’objet de nombreux débats, et qui est celle de l’aide et de l’intervention humanitaires, nous sommes d’avis qu’il faille travailler sous l’angle de la considération de la souveraineté des Etats, tout en mettant un accent sur les cadres d’assistance régionale qui pourraient être opérationnels en cas de catastrophes. La Fédération de Russie a, à cet égard, fait une analyse que nous soutenons pleinement.

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M. FELIPE H. PAOLILLO (Uruguay) a estimé que la réalité est que la mondialisation n'a pas été en mesure de résoudre la pauvreté qui sévit dans les pays pauvres. L’objectif de réduire de moitié la pauvreté, d’ici à l’année 2015, ne sera pas réalisable sans une coopération internationale efficace qui permettrait aux pays pauvres et marginalisés de s’intégrer à la mondialisation et de combler le fossé numérique qui les sépare des pays du Nord. L’accès des produits des pays en développement aux marchés mondiaux devrait être assuré, si l’on veut donner aux pays du Sud une chance de décollage économique, et il faudrait, à cet égard, revoir les mécanismes de fonctionnement de l’OMC pour les rendre plus ouverts et plus transparents.

Les subventions agricoles des pays du Nord à leurs producteurs sont une injustice flagrante contre les pays du Sud, et elles devraient être démantelées dans le respect des termes agréés. L’Uruguay s’efforce d’intégrer son économie à celles des pays membres du Marché commun du Sud (MERCOSUR) de tirer parti des potentialités que pourrait créer la coopération entre ce groupe économique et la Communauté européenne. Nous attachons une importance majeure à la question du financement pour le développement, et espérons que la réunion internationale qui se tiendra sur ce sujet se déroule de manière juste, équitable et ordonnée, et qu'elle ouvre un espace qui tienne compte des intérêts de tous les Etats. Une nouvelle problématique du développement se fait jour et la communauté internationale devra pleinement se soucier de la préservation des ressources naturelles de la planète, et notamment de l’eau, qui sont la garantie d’un développement durable. A cet égard, nous espérons vivement que les recommandations et plans d’action des grandes conférences organisées par les Nations Unies, et notamment de la Conférence de Rio, seront pleinement mises en œuvre.

M. HAROLD ACEMAH (Ouganda) s’est dit convaincu que l’établissement d’un nouvel ordre économique mondial, comme l’a envisagé la sixième session extraordinaire de l’Assemblée générale sur les matières premières et le développement en 1974, est la meilleure manière de relever les défis auxquels est confrontée la communauté internationale tels que la dette, l’analphabétisme, la pauvreté, le développement durable, la dégradation de l’environnement ou encore les pandémies. Les manifestations de la société civile qui ont eu lieu à Seattle ou à Prague sont des signes du temps. Les gens ordinaires, a dit le représentant, ont exprimé leurs frustrations et leurs difficultés croissantes à comprendre l’absence d’action de la part des gouvernements et la résistance au changement manifestée par les principales institutions financières internationales. Point n’est besoin de faire preuve génie et de s’embarquer dans un exercice inutile de recherche de moyens pour résoudre les problèmes sociaux et économiques considérables. Les solutions existent et il suffit aux Etats Membres de faire montre de la volonté politique nécessaire afin de mettre en œuvre rapidement ce qui a été agréé pendant la sixième session extraordinaire de l’Assemblée générale.

Parlant de la question de la dette extérieure, le représentant a indiqué que son pays a été le premier bénéficiaire en 1998 de l’Initiative HIPC et également le premier bénéficiaire de l’Initiative HIPC élargie au début de cette année. Même si la première HIPC s’est révélée trop coûteuse pour assurer la durabilité de la dette et a été, par conséquent, ajustée par la deuxième HIPC, le principe selon lequel son allègement doit permettre de la réduire à un niveau durable constitue une étape importante dans l’élaboration des programmes d’allègement de la dette, a estimé le représentant.

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Il a ajouté que les Initiatives HIPC ont ceci de révolutionnaires qu’elles incluent les dettes contractées auprès des créditeurs multilatéraux – Banque mondiale et FMI - dans les programmes d’allègement. Le représentant a ajouté, en s’en félicitant, que les Initiatives HIPC lient l’engagement des pays récipiendaires à utiliser les ressources épargnées pour le financement de programmes de lutte contre la pauvreté.

Beaucoup reste à faire pour optimiser la portée de ces initiatives, a dit le représentant en plaidant pour le financement des banques régionales pour leur permettre de participer à l’Initiative HIPC élargie et de leur donner ainsi les moyens de prêter sans pour autant compromettre leur stabilité financière. Il faut aussi, a poursuivi le représentant, rechercher les moyens d’inclure les créditeurs bilatéraux non-membres du Club de Paris dans l’Initiative HIPC élargie au nom du respect du principe du partage du fardeau entre tous les créditeurs. L’Initiative HIPC est importante, a souligné le représentant en estimant toutefois qu’elle ne doit pas être perçue comme la panacée des problèmes de développement des pays les moins avancés. La solution à leur problème d’endettement réside dans l’ouverture des marchés à leurs exportations. En dernière analyse, une solution à long terme du problème de la dette exige une annulation pure et simple de la dette des pays les moins avancés et l’Ouganda espère une action en ce sens de la part des pays et des institutions créditeurs, a conclu le représentant.

M. RAFAEL DAUSA CESPEDES (Cuba) a associé sa délégation à la déclaration du Groupe des 77 et de la Chine et à celle de l’Alliance des petits Etats insulaires en développement. Revenant sur le premier Sommet du Sud, à la Havane au printemps dernier, M. Cespedes a déclaré que la Déclaration adoptée à la fin de ce sommet et celle du Sommet du millénaire sont l’expression de la nécessité de créer un nouvel ordre économique international plus juste. Comme l’a dit le Président Fidel Castro, le monde est un navire dans lequel les différents peuples de la planète voyagent dans des classes différentes et inégales, certains se retrouvant carrément enfermé dans les soutes, alors que d’autres se font bronzer sur le pont et jouissent de tous les avantages de la vie. Le monde actuel rappelle tout simplement l’ère coloniale, a estimé le représentant.

L’absence de ressources et d’accès aux technologies laisse la majorité de la population mondiale dans le besoin et dans les ténèbres. La mondialisation est une camisole de force créée par le néolibéralisme pour mieux imposer la volonté et les intérêts d’une minorité au reste du monde. La question des finances internationales est à cet égard un exemple négatif criant. Rien ne pourra être fait dans les pays du Sud sans le règlement du problème de la dette. Cuba est attentive à la question du financement pour le développement et espère que la conférence internationale prévue à cet égard mettra l’accent sur les véritables intérêts des pays du Sud, et que l’on reconnaîtra la nécessité d’une réforme en profondeur du système financier international. Concernant les différentes conférences des Nations Unies, et notamment celle de Rio, il est inacceptable que les recommandations de ce Sommet, agréées par tous, n’aient pas été mises en œuvre, le non-respect des objectifs arrêtés menaçant clairement l’avenir même de la planète. Concernant l’Afrique, Cuba apporte tout son soutien aux pays frères de ce continent et continuera dans l’avenir à apporter un soutien, notamment en matière de santé, à tout Etat qui en exprimera le besoin, fut-ce au niveau multilatéral ou de manière bilatérale.

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M. DIN BALAKASI (Malawi) s’est dit préoccupé par le fait que l’on confie aux seules politiques monétaires le soin de corriger les déséquilibres économiques mondiaux. Le représentant a estimé que les déséquilibres macroéconomiques actuels ressemblent, de manière inquiétante, aux déséquilibres des années 70 et 80 lorsque l’absence de coopération et de coordination entre les principales puissances économiques a conduit à un effondrement du système. L’expérience a montré que la persistance des déséquilibres macroéconomiques actuels conduira inévitablement à une baisse de la croissance dans les pays en développement. Alors que les institutions de Bretton Woods et les autres institutions multilatérales avaient été créées pour réglementer le marché et assurer un traitement égal à tous les pays, elles travaillent aujourd’hui le plus souvent pour les intérêts des principaux pays développés. Le représentant s’est félicité de l’Initiative HIPC élargie qu'il a jugé insuffisante. Les conditionnalités devraient être souples, a dit le représentant, en réclamant plus d’objectivité dans les critères d’éligibilité afin qu’un plus grand nombre de pays moins avancés puissent en bénéficier. Une action déterminée est également utile pour couvrir toutes les catégories de dette, a ajouté le représentant qui a plaidé en faveur de l’annulation pure et simple de la dette des pays en développement. L’Afrique souffre de difficultés économiques graves dues à sa dette, à la chute des prix des produits de base, au manque d’accès aux marchés, à l’absence d’investissements étrangers directs, au déclin de l’Aide publique au développement et dans certains cas, à l’impact des guerres civiles. Une action collective de la communauté internationale est nécessaire pour appuyer les efforts des pays africains visant une croissance économique concrète et un développement durable.

Mme SILVIA CHRISTINA CORADO-CUEVAS (Guatemala) a associé sa délégation à la déclaration du Groupe des 77 et de la Chine et a affirmé le soutien du Guatemala à la résolution de la question du financement du développement sur laquelle se tiendra une conférence internationale en 2001. A cet égard le Guatemala soutient les activités de développement des Nations Unies et s’inquiète de la baisse des ressources des organes du système de l’ONU, et notamment du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) dont l'action dans les pays en développement n’est plus à démontrer. Nous soutenons le concept d’un lien sans équivoque entre la paix et le développement et le Guatemala partage les recommandations du “Rapport Brahimi”, a dit la représentante.

M. MAKARIM WIBISONO (Indonésie) a estimé que deux tendances, à savoir la mondialisation rapide et l’érosion de la coopération multilatérale dominent le paysage économique actuellement. L’approche multilatérale a cédé la place à une approche du marché. Compte tenu du caractère ambivalent de la mondialisation, l’Indonésie encourage l’établissement d’un nouvel ordre économique mondial juste et démocratique pour transformer la mondialisation en un instrument efficace de croissance et de développement. Il faut établir un équilibre où la coopération multilatérale serait revitalisée au point d’aider les pays en développement à s’intégrer, de manière efficace, à l’économie mondialisée et à acquérir les capacités humaines et institutionnelles nécessaires pour tirer parti au mieux de la mondialisation. Dans ce contexte, l’importance d’un dialogue avec les partenaires du développement et les autres acteurs concernés semblent évidente.

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Ce dialogue doit traiter des questions essentielles de développement que sont le financement du développement, la dette extérieure, le commerce international et le transfert de technologie. Parlant en particulier de la dette, le représentant a souhaité qu’un accent soit mis sur ses causes structurelles afin, a-t-il dit, de trouver une solution définitive à cette question. Il a dans ce contexte souligné l’importance qu’il y a à trouver des arrangements concernant l’endettement des pays à revenus intermédiaires.

Poursuivant sur la question du commerce international, le représentant a souligné que les avantages du Cycle d’Uruguay comme l’établissement d’un système multilatéral de commerce fondé sur des règles, sûr et prévisible, ne sont toujours pas disponibles. Il a souhaité que des solutions soient apportées pour corriger les déséquilibres des accords actuels de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) concernant, en particulier, le droit des pays en développement à exporter leurs biens à des conditions préférentielles. Le représentant a souligné la nécessité de renforcer le système commercial multilatéral représenté par l’OMC en en faisant une instance plus équitable, plus transparente et fondée sur des règles. Il a appelé les pays développés à respecter leurs engagements concernant la mise en œuvre des dispositions relatives au traitement spécial et différencié réservé aux exportations des pays en développement. Le représentant a conclu en évoquant la conférence d’examen décennal de la mise en oeuvre des recommandations de la Conférence sur l’environnement et le développement pour remercier les pays qui ont accepté la candidature de l’Indonésie comme hôte de la conférence d’examen. Il est urgent qu’une telle conférence se tienne dans la région d’Asie et du Pacifique pour fournir l’élan politique susceptible de renverser la tendance négative en matière d’environnement.

M. BERHANU KEBEDE (Ethiopie) a estimé qu’il était temps, sous un angle éthique, que la communauté internationale fasse preuve d’un véritable esprit de partenariat en soutenant le développement économique des pays les moins avancés et en évitant à ce groupe de pays de connaître une souffrance plus profonde. La Troisième Conférence des Nations Unies sur les pays les moins avancés (PMA) sera une occasion de soulager la détresse des peuples les plus défavorisés de la planète, surtout si elle adoptait un contrat mondial qui puisse restaurer un véritable partenariat entre les PMA et leurs partenaires de développement sur la base de la solidarité humaine et des responsabilités partagées. Nous espérons que cette conférence examinera les conditions du soutien international aux PMA, notamment en matière d’Aide publique au développement (APD). Nous mettons aussi des espoirs en cette rencontre en ce qui concerne les questions de la dette, des investissements et du commerce; et nous espérons qu’elle arrivera à formuler et à adopter des politiques nationales et internationales ainsi que des mesures favorables au développement durable des PMA et à leur intégration dans l’économie mondiale.

Une des questions essentielles que la communauté internationale doit aborder est la question du financement du développement. Nous attendons beaucoup de la convocation en 2001 d'une réunion internationale consacrée à cette question. Cette rencontre offrira l’opportunité à la communauté internationale de discuter de manière globale et systémique des questions du financement du développement. L’un des éléments importants que devra discuter cette conférence est celui du service de la dette extérieure des pays en développement.

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Ce service continue de réduire les ressources budgétaires des pays en développement, les privant ainsi d'orienter leur développement. La démocratisation de la gouvernance financière internationale figure en bonne place dans les discussions sur le financement du développement. Il est urgent de mettre fin à la marginalisation des pays en développement.

M. ABDUSSALAM O IBRAHIM (Jamahiriya arabe libyenne) a déclaré que la pauvreté ne peut être réduite que grâce à l'adoption d’une véritable politique de développement économique. La science et l’expérience ont amplement démontré que l’augmentation du revenu par tête d'habitant ne peut se faire que si des mesures macroéconomiques efficaces sont appliquées. Le développement devrait être juste, durable, et humain, et la communauté internationale devrait mettre fin à toutes les formes de discrimination, notamment à l’égard des femmes. Ceci exige la restructuration des institutions des Etats et des sociétés des pays en développement, et un amendement et une remise à jour de leurs cadres juridiques en vue d’assurer l’équité de traitement et de droits à toutes les populations. A l’aube du nouveau millénaire, la Jamahiriya arabe libyenne pense que la communauté internationale devrait mettre en place un nouvel ordre mondial assurant une juste redistribution des richesses aux niveaux national et international. Nous pensons que l’on devrait arriver à un partage Nord-Sud des fruits de la mondialisation en vue de réduire le fossé qui sépare les deux hémisphères, réduire les disparités, et éviter la marginalisation croissante des pays pauvres. La mise en place d’un système financier international fort et stable est nécessaire, et sa création peut se faire à travers l’introduction de réformes fondamentales dans la structure de l’architecture financière internationale, qui doit devenir plus transparente et plus démocratique. Nous lançons un appel à nos partenaires pour ouvrir un dialogue sur la mise en place de mesures de développement visant l’équilibre entre les nations et favorable aux pays en développement. A cet égard, la session annuelle du Conseil économique et social a mis l’accent sur le rôle des technologies de l’information dans une nouvelle économie basée sur l’information. Le Conseil est arrivé à la conclusion que le fossé entre riches et pauvres ne faisait que s’élargir dans ce domaine que l’on dit crucial.

Sur un autre plan, on a constaté ces dernières années la montée du système des sanctions économiques que l’on impose ou dont on menace des pays à travers les structures des Nations Unies. Ces sanctions prennent la forme de blocus économiques, d’interdiction d’exporter des technologies vers les pays visés, de gel de leurs avoirs extérieurs, et d’autres mesures qui mettent en danger le progrès et la prospérité des peuples du monde en développement. Ces mesures sont la traduction d’une volonté hégémonique qui va contre l’esprit et les termes de la Charte des Nations Unies. La Jamahiriya arabe libyenne en a été victime, aussi appelons-nous la communauté internationale à y mettre fin sur la base de l’équité et de la justice. La Déclaration adoptée par les chefs d’Etat et de gouvernement des pays du Sud, réunis à la Havane, a clairement demandé au Conseil de sécurité de l’ONU de lever les sanctions "injustement" imposées à des pays souverains, a expliqué le représentant.

M. NASTE CALOVSKI (ex-République yougoslave de Macédoine) a dit que le Sommet du G-8 au Japon, et du Groupe des 77 et la Chine, qui a eu lieu à Cuba, ont clairement démontré que les avantages de la mondialisation pourraient être mieux partagés. La crise énergétique qui menace et le fardeau de la dette exigent que la coopération internationale soit relancée afin de faire face, ensemble, aux hauts et aux bas actuels de l’économie mondiale.

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La délégation de mon pays estime, a dit M. Calovski, que l’effet le plus néfaste de la mondialisation est celui de la marginalisation de nombreux pays qui ne peuvent, de ce fait, lutter contre une pauvreté toujours croissante. Nous pensons que le débat de la Deuxième Commission ne devrait pas être focalisé sur la manière de comprendre la mondialisation, mais qu’il devrait plutôt aller dans le sens de l’élaboration de propositions visant à rectifier les mécanismes actuels de la mondialisation. Nous pensons que l’ONU ne peut pas éviter de s’atteler à cette tâche, les chefs d’Etat et de gouvernement ayant clairement exprimé le vœu que la mondialisation avance en favorisant l’intégration de tous les Etats et de tous les peuples à ses mécanismes. Le processus deviendra une priorité politique dans les temps qui viennent.

La peur de perdre son identité nationale et la volonté de préserver des acquis seront les éléments moteurs de l’évolution de la mondialisation, et les Nations Unies ont, à cet égard, un rôle important à jouer en tant que forum multilatéral légitime. De nombreux mécontentements existent, notamment en ce qui concerne les termes du commerce international, et l’accès aux marchés devient de plus en plus difficile. La Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED) et l’Organisation mondiale du commerce (OMC) déploient, certes, des efforts louables d’intégration, mais nous n’imaginons pas que des Etats puissent continuer à accepter d’être marginalisés au sein de l’OMC, alors que ce système se veut global. La conférence sur le financement du développement qui se tiendra en 2001 suscite beaucoup d’espoirs. Les préparatifs en sont avancés, mais seule une mobilisation de volonté politique pourra assurer son succès, qui sera grandement conditionné par les positions et la pleine participation de la Banque mondiale, du Fonds monétaire international (FMI) et de l’OMC, auxquels il faut bien sûr joindre les grandes économies. Mais au vu de ce qui vient de se passer à Prague, nous nous faisons quelques soucis quant au déroulement de la rencontre. Concernant la question de la dette, nous pensons qu’il est irréaliste de vouloir imposer des conditions insoutenables et inacceptables aux pays qui sont dans l’impossibilité de rembourser. Sur un plan moral, on peut se demander pourquoi la génération actuelle devrait rembourser des fonds empruntés par une autre génération, qui a investi, avec la complicité des créanciers soucieux seulement de placer des fonds, dans des projets totalement improductifs et inutiles. Pourquoi un pays, comme la Macédoine, devrait-il rembourser une dette qui n’est pas la sienne, surtout dans un contexte de conflits armés et d’instabilité qui a détruit les bases de son économie? Nous participons aux efforts de mise en œuvre du Pacte de stabilité de l’Europe du Sud-Est, et malgré les difficultés inhérentes à notre situation régionale, nous avons fait des efforts qui portent des fruits en matière économique. L’ex-République yougoslave de Macédoine a cependant un besoin crucial de recevoir des investissements étrangers directs qui pourraient aider à relancer son économie.

M. JACQUES L. BOISSON (Monaco), citant le philosophe Jacques Poulain qui a qualifié la mondialisation de “privatisation du monde”, a estimé que la mondialisation économique est largement menée par de puissants pouvoirs privés transnationaux qui souvent échappent, par maints artifices, à la loi nationale comme à loi internationale. Le représentant a appelé la Commission à s’efforcer d’engager plus avant une réflexion approfondie sur le rôle des sociétés multinationales essentiellement guidées par le profit immédiat et sur les risques qu’elles font courir notamment à l’environnement et aux ressources naturelles.

- 11 - AG/EF/309 3 octobre 2000

Les Etats, a dit le représentant, se trouvent trop souvent démunis face à ces puissances économiques et financières quand ils ne sont pas, parfois même, dépendants. Le représentant s’est référé à la résolution intitulée “Prévention de la corruption et du transfert illégal de fonds” adoptée lors de la précédente session de l’Assemblée générale. Il a, dans ce contexte, rappelé qu’à Monaco, la législation pour lutter contre le blanchiment d’argent est tout à fait semblable à celle adoptée dans les autres Etats européens. Sur certains points, a-t-il affirmé, elle va même au-delà. Monaco s’est, par exemple, doté d’un service d’information et de contrôle des circuits financiers très efficace afin, en cas de besoin, d’assurer, sans délai superflu, la saisine des autorités judiciaires et procéder aux échanges d’informations nécessaires avec les services étrangers compétents.

Personne, a encore dit le représentant, ne peut sérieusement méconnaître le réalisme et l’efficacité des dispositions prises en la matière par le Gouvernement monégasque ni, encore moins, nier la volonté qu’il manifeste en permanence de lutter contre le blanchiment de fonds d’origine douteuse. Ne faudrait-il pas, s’est demandé le représentant, s’atteler sérieusement à combattre au niveau international, en les arrêtant et en les condamnant très sévèrement, les vrais coupables des infamies, qui s’enrichissent impunément grâce aux trafics d’être humains, d’armes et de stupéfiants et qui, en violation des lois nationales et internationales, sont à la fois à l’origine de la constitution de ces fonds et à la recherche constante de moyens nouveaux pour leur blanchiment. Une coopération multilatérale, conséquente et responsable, s’impose à ce titre et serait certainement tout aussi utile que des mesures de nature principalement technique certainement nécessaires mais hélas, pas toujours suffisantes.

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