AG/EF/308

L'ONU, LES INSTITUTIONS DE BRETTON WOODS ET L'OMC APPELEES A TRAVAILLER A L'EMERGENCE D'UN ORDRE COMMERCIAL ET FINANCIER PLUS EQUITABLE

2 octobre 2000


Communiqué de Presse
AG/EF/308


L’ONU, LES INSTITUTIONS DE BRETTON WOODS ET L’OMC APPELEES A TRAVAILLER A L’EMERGENCE D’UN ORDRE COMMERCIAL ET FINANCIER PLUS EQUITABLE

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Des appels ont été lancés en faveur d’une répartition plus équitable des bénéfices de la mondialisation par des délégations, cet après-midi, à la Commission économique et financière (Deuxième Commission) qui poursuivait son débat général sur les questions économiques et financières internationales. Le Maroc, dans ce cadre, a cité des statistiques selon lesquelles 44% de la population africaine vivent dans un état de pauvreté absolue, la dette du continent représentant 300% de ses exportations de biens et services et le flux d’investissements étrangers directs n’étant que de 3%. Devant ce risque de marginalisation, les délégations ont appelé les Nations Unies, les institutions de Bretton de Woods – la Banque mondiale et le Fonds monétaire international (FMI) – et l’Organisation mondiale du commerce (OMC) à œuvrer de concert pour mettre en place une architecture commerciale et financière plus soucieuse des besoins des pays en développement et des pays à économie en transition. A cet appel, les Etats-Unis ont répondu que la capacité d’un pays à tirer parti de la mondialisation dépend d’abord et avant tout de l’environnement juridique et politique qu’il aura instauré.

L’appel de la Fédération de Russie et d’autres délégations pour que les efforts dans l’instauration d’un nouvel ordre économique et social mettent un accent particulier sur la nécessité de combler le fossé numérique et d’ouvrir l’accès des pays en développement aux technologies de l’information a conduit les Philippines a relevé le caractère prématuré de ce type d’appels. Constatant que la majorité de l’humanité n’a jamais entendu un appel téléphonique, les Philippines ont estimé que la priorité devrait être de s’attaquer aux problèmes liés au manque d’infrastructures, au besoin de formation, au renforcement des capacités, aux investissements et à la connectivité. Pour les Philippines, il est important de garder à l’esprit que la technologie de l’information doit être utilisée comme un complément et un instrument visant à renforcer le développement et la modernisation des secteurs de base de l’économie.

Les représentants des pays suivants ont pris la parole : Ukraine, Fédération de Russie, Equateur, Bélarus, Maroc, Emirats arabes unis, Namibie, au nom de la Communauté pour le développement de l’Afrique australe (SADC), Etats-Unis, Népal et Philippines.

(à suivre - 1a) - 1a - AG/EF/308 2 octobre 2000

Après le débat, le Président de la Commission a demandé aux Etats Membres de réfléchir à la possibilité d’organiser, le 16 octobre de 10 heures à 12 heures, une réunion en vidéoconférence avec le Conseil du commerce et du développement de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED) sur le thème de l’intégration régionale avec comme sous-point l’intégration des pays les moins avancés (PMA) dans l’économie mondiale. L’Union européenne, appuyée par la CNUCED, s’est dite favorable au thème du développement des PMA, en prévision de la troisième conférence sur les PMA qui doit se tenir à Bruxelles en 2001 alors que le Groupe des 77 et la Chine ont dit leur préférence pour le thème du financement du développement mais au vu de la proposition de l’Union européenne, ils se sont prononcés en faveur du thème de l’intégration des PMA dans l’économie mondiale.

La Commission reprendra son débat général demain, mardi 3 octobre à 10 heures.

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Suite du débat général

M. VOLODYMYR KROKHMAL (Ukraine) a estimé que les équilibres et les risques qu’encourent les Etats dans l’économie mondiale avaient considérablement changé ces dernières années à cause de la mondialisation. Une nouvelle architecture financière internationale et un cadre institutionnel international basés sur des consensus devraient permettre aux pays en transition de mieux tirer parti de la mondialisation, a estimé le représentant. Les économies en transition demeurent vulnérables depuis la dernière crise financière internationale de 1998, et les changements structurels profonds qu’elle a entraînés n’ont pas encore permis à ces pays de trouver un nouvel équilibre dans le nouveau paysage financier ainsi créé. L’Ukraine a pris des mesures budgétaires en vue d’équilibrer sa balance des paiements. Le traitement de sa dette intérieure et extérieure fait l’objet de mesures spéciales qui démontrent sa volonté de mener à terme les réformes économiques qu’elle a lancées.

Nous pensons que rayer l’Ukraine de la liste des pays qui pratiqueraient des politiques contre lesquelles s’opposent les mesures antidumping de l’Union européenne et l'accession de notre pays à l’OMC ne seraient que justice. La composante régionale de l’économie mondiale doit pleinement jouer en vue de faciliter l’intégration des économies nationales aux échanges internationaux. L’intégration de l’Ukraine à l’Union européenne est une mesure capitale pour notre pays et la rencontre que nous venons d’avoir à Paris avec la présidence de l’Union européenne revêt pour nous la plus grande importance. Nous voulons d’autre part exprimer notre gratitude à l’Union européenne pour l’aide qu’elle nous apporte en vue d’une solution aux conséquences désastreuses de la catastrophe de Tchernobyl. Parlant de l’environnement et des menaces qui pèsent sur le cadre naturel, notre pays appuie la ratification par tous les Etats Membres du Protocole de Kyoto et il soutient une mise en œuvre totale du plan Action 21.

L’Ukraine tient d’autre part à citer deux domaines pour lesquels elle insiste que la communauté internationale et l’ONU trouvent des solutions pour tous les pays. Il s’agit des technologies de l’information et de la communication (TIC) et du VIH/sida. Nous pensons que les Nations Unies peuvent créer un cadre normatif pour une coopération accrue et efficace entre les pays riches et les autres en matière de TIC, et nous estimons que, sur le problème du VIH/sida, seule l’ONU peut permettre de répondre globalement aux dangers et aux défis que pose la pandémie.

M. SERGEY V. LAVROV (Fédération de Russie) a estimé que la mondialisation doit être comparée à un train dans lequel on ne peut monter que si l’on dispose de la plate-forme adéquate. Il s’est donc dit convaincu que le propos des Nations Unies doit être de compléter les efforts nationaux tendant à construire ces plates-formes. Le pilier de l’action de l’ONU devra être la recherche de solutions aux problèmes socioéconomiques avec un accent particulier sur l’élimination du fossé numérique. Le représentant a reconnu les progrès accomplis dans le renforcement des mécanismes financiers internationaux depuis les crises financières des années 1997 et 1998. Des mesures ont été prises, a-t-il dit, pour améliorer l’échange d’informations, réviser les normes et les règles du secteur bancaire, introduire des schémas de crédit d’urgence et tester de nouveaux mécanismes de consensus sur la réforme du système financier international au nombre desquels on compte le Groupe des 20 ou le Forum pour la stabilité financière.

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Le représentant a regretté les retards enregistrés dans l’amélioration des mécanismes d’alerte rapide et de prévention des crises financières. Pour lui, les Nations Unies et leur capacité analytique considérable peuvent jouer un rôle crucial dans la solution de ce problème.

Abordant les questions de l’environnement, le représentant a mis l’accent sur l’initiative du Tadjikistan consistant à proclamer l’année 2003, Année internationale de l’eau salubre. Il a abordé les questions humanitaires pour rappeler que le Sommet du millénaire a confirmé le rejet par la communauté internationale du concept d’intervention humanitaire, destructeur pour l’ensemble du système des relations internationales. Exprimant son attachement à la coordination des activités humanitaires du Conseil de sécurité et du Conseil économique et social, le représentant a estimé que la mise en œuvre du nouveau cadre de collaboration pour les questions politiques, humanitaires, des droits de l’homme et économiques en ce qui concerne les efforts de consolidation de la paix permettra de faire atteindre à la coopération internationale en matière humanitaire un niveau plus élevé. Le représentant a conclu en se prononçant pour l’élaboration d’une résolution sur l’intégration des pays à économie en transition dans l’économie mondiale.

M. FERNADO YEPEZ LASSO (Equateur) a exprimé le soutien de sa délégation à la déclaration faite par le Nigéria au nom du Groupe des 77 et de la Chine. Une importante réunion internationale sur le financement du développement a été convoquée pour l’an prochain, a dit le représentant, qui a estimé que cette conférence sera l' occasion pour les Nations Unies de démontrer qu’elles peuvent engager des actions en dehors des simples discours sur les questions économiques et sociales. Des dialogues et des échanges de vue pourront se faire sur des sujets comme la production, les investissements productifs, le commerce, la dette extérieure et la nouvelle architecture financière internationale. La crise économique profonde que notre pays a connue, conjuguée à des facteurs extérieurs, a engendré une profonde instabilité dans son processus démocratique et a accru les déséquilibres macroéconomiques qui, aujourd’hui, affectent la société équatorienne. Une “dollarisation” de l’économie a été lancée, et les premiers signes de redressement apparaissent en ce qui concerne notre secteur privé. De même, on observe un accroissement des investissements, et en ce qui concerne notre dette extérieure, nous avons pu en renégocier le segment lié à la “dette Brady”, malgré les coûts sociaux élevés que cela entraîne auprès du Club de Paris. Le service de la dette, nous tenons à la souligner, absorbe plus de 50% de notre budget national et représente un puissant frein à tout investissement dans la santé, l'éducation, l’emploi et la défense de l’environnement. Nous espérons qu’une solution sera trouvée à cette question sur la base des principes de justice, de responsabilité et de solidarité.

Nous croyons en un système commercial international clair, transparent et prévisible, dont les règles devraient faire partie de toutes politiques d’intégration régionale et internationale. Aussi notre pays est-il en faveur d’un nouveau cycle de négociations multilatérales qui incluraient tous les secteurs économiques et feraient tomber les barrières protectionnistes et injustes.

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M. SERGEI LING (Bélarus) a appelé à une nouvelle approche de la coopération internationale. Le fait que le système financier et économique ne soit pas encore réglementé, conduit le Bélarus à plaider pour un cadre de coopération et de partenariat dans lequel chaque acteur est responsable de ses actes devant la communauté internationale. Le représentant a défendu le principe d’une adaptation graduelle à la libéralisation de l’économie. Il a souhaité l’émergence rapide d’un consensus sur une nouvelle architecture financière mondiale. Il s’est dit en faveur d’une participation plus grande des différentes institutions de Bretton Woods aux activités de développement.

M. AHMED AMEZIANE (Maroc) a relevé, après avoir associé sa délégation à la déclaration faite par le Nigéria au nom du Groupe des 77 et de la Chine, que la différence de revenu entre les 20% les plus riches de la population mondiale et les 20% les plus pauvres étaient de 30 pour 1 en 1960. Elle est ensuite passée à 60 pour 1 en 1990 et à 74 pour 1 en 1997. Les 3 personnes les plus riches du monde ont un revenu supérieur au PNB des 48 pays les plus pauvres de la planète, et les avoirs des 200 personnes les plus riches sont en ce moment supérieurs au revenu de 41% de la population mondiale. 84% des investissements en recherche- développement, a dit le représentant, sont concentrés dans 10 pays, lesquels contrôlent 95% des brevets, alors que 80% des brevets octroyés aux pays en développement sont en réalité possédés par des résidents des pays industrialisés. En ce qui concerne l’Afrique, 44% de ses habitants, et 55% de ceux vivant au sud du Sahara, vivent dans un état de pauvreté absolue. Sur les 34,3 millions de séropositifs ou malades du sida dans le monde, 24,5 millions se trouvent en Afrique subsaharienne. Le fardeau de la dette africaine, qui s’élève à 350 milliards de dollars, représente 300% des exportations de biens et services du continent en 1999, qui ont elles-mêmes reculé de 15%, alors que la part du continent dans les flux d’investissements étrangers directs n’a atteint que 3%. Au niveau international, seule l’instauration d’une communauté internationale régie par des règles équitables qui protègent les nations faibles et petites et leur assurent le droit à la parole et la prise en compte de leurs intérêts économiques vitaux permettra de donner aux peuples une vie décente. L’ONU a un rôle crucial à jouer dans l’émergence d’une communauté de destin dont la culture transcende les particularismes en les acceptant comme un enrichissement et non comme des handicaps qu’il faut éliminer.

M. RASHED AL DHAHERI (Emirats arabes unis) s’est félicité de l’importance accrue que les Nations Unies accordent au développement économique et social. La communauté internationale, a souhaité le représentant, doit trouver une nouvelle stratégie qui prendrait en considération les spécificités et les priorités de chaque pays et région. Les pays en développement continuent de se heurter au fardeau de la dette, aux conditionnalités liées au transfert de technologie ou encore à la volatilité des capitaux, autant d’éléments qui empêchent leur intégration dans l’économie mondiale. Le représentant a plaidé pour que soient prises des mesures vigoureuses et a appuyé, en ce sens, les efforts déployés pour restructurer les Nations Unies et leurs institutions. Il a lancé un appel à la Banque mondiale, à la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED) et à l’Organisation mondiale du commerce (OMC) pour qu’elles jouent un rôle efficace dans la réalisation du développement durable. Le représentant a appuyé la proposition du Groupe des 77 et de la Chine pour une participation accrue des pays en développement à la prise de décisions internationales. Il a conclu en plaidant pour une augmentation de l’aide financière au développement et au maintien de la paix.

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M. TJI-TJAI UANIVI (Namibie) a déclaré, au nom des pays de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC), que les travaux de la Deuxième Commission devaient viser à traduire en actions concrètes les engagements pris par les chefs d’Etat à l'issue du Sommet du millénaire. La mondialisation est le paradigme économique qui présente le plus de défis à la communauté internationale, a-t-il estimé. Malgré les nouveaux horizons et les nouvelles opportunités qu'elle ouvre, ses développements demeurent profondément inégaux et injustes. Le défi à relever est donc de poursuivre les objectifs de la mondialisation tout en faisant en sorte que toutes les régions du monde tirent parti de ses bénéfices et retombées. En fait les pays en développement devraient être assurés de participer au système économique international grâce à une révision des termes des échanges commerciaux et leur participation véritable aux processus de décision des institutions de Bretton Woods. Les pays de la SADC estiment que sur le plan des ressources allouées au développement, les pays nantis devraient honorer leurs engagements, notamment en ce qui concerne l’Aide publique au développement.

Au niveau de la SADC, ses Etats membres visent la création d’une structure économique régionale forte, qui pourrait leur permettre de faire face à la fois aux défis de l’industrialisation et à ceux de la mondialisation tout en améliorant le mode de vie de leurs populations. A cet effet, ces pays mettent en œuvre de profondes politiques de réformes économiques structurelles en vue de créer un espace économique commun au sein duquel les paramètres d’intégration économique et d’interaction politique harmonieuse pourraient être réalisés. La dette reste un problème majeur à résoudre. Tout en accueillant favorablement les mesures annoncées de réduction ou d’annulation de la dette, nous pensons qu’elles n’ont pas été très efficaces en ce qui concerne l’allègement du poids que fait porter le service de la dette aux pays de la SADC, étant donné que la dette est surtout due à des institutions multilatérales. Par conséquent nous attendons beaucoup de l’évènement de haut niveau sur le financement du développement qui doit se tenir l’an prochain.

Concernant le problème de la pandémie du VIH/sida, le Sommet tenu du 4 au 5 août dernier à Windhoek a permis de prendre note de la création d’un Sous-Comité technique multisectoriel sur le VIH/sida, qui entre autres, développera un cadre stratégique et un programme d’action de lutte contre la pandémie pour la période 2000-2004. La SADC a accueilli favorablement la tenue annoncée d’une session extraordinaire de l’Assemblée générale sur le VIH/sida l’année prochaine.

Mme BETTY E. KING (Etats-Unis) a estimé que refuser la mondialisation revient à priver d'un avenir meilleur tout le monde. Répondant aux critiques adressées à la mondialisation, la représentante a déclaré que la capacité de tirer parti de la mondialisation dépend de l’environnement juridique et politique de chaque pays. Le défi doit donc être de restructurer les institutions pour optimiser l’impact positif de la mondialisation. Toujours dans le contexte de la mondialisation et de la capacité de la communauté internationale de résoudre les problèmes des pays en développement, la représentante a énuméré les avantages de la biotechnologie. Passant à Internet, qu’elle se représente comme le symbole de la mondialisation, la représentante a fait part de l’initiative lancée par son pays appelée “l’Internet pour le développement”. A ce jour, 21 pays y participent, dont une majorité de pays africains. Les Etats-Unis entendent également voir les pays en développement participer à l’Equipe spéciale sur l’Internet créée par le G-8 en juillet dernier.

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En ce qui concerne l’accès des pays en développement aux marchés des pays industrialisés, la représentante a rappelé l’adoption d’une loi américaine favorable aux produits des Caraïbes. Elle a rappelé le rôle de son pays dans l’élargissement de l’Initiative HIPC. Elle a appuyé la conférence à venir sur les pays les moins avancés (PMA), et la future réunion de haut niveau sur le financement du développement. A cet égard, la Banque mondiale, le Fonds monétaire international et l’Organisation mondiale du commerce (OMC) mettent tout en œuvre pour que cette rencontre esquisse un cadre politique propre au financement pour le développement, a indiqué la représentante. Soulignant que le développement durable dépend de la stabilité politique et d’une politique économique et sociale saine, elle a souhaité que les Membres du Conseil économique et social se sentent plus responsables de la création d’un environnement qui permette une croissance susceptible de réduire la pauvreté.

M. TEK BAHADUR CHOKHEL (Népal) a estimé que bien qu’il soit dit que les pays en développement ont la responsabilité première de leur développement, il est clair qu’ils ne peuvent le faire tout seuls. Un environnement extérieur porteur des ressources adéquates pour mener des politiques rapides de réduction de la pauvreté et de mise en place des conditions d’un développement durable leur sont indispensables. Dans ce contexte, les pays en développement ont besoin de meilleurs termes commerciaux et d’un meilleur accès aux marchés des pays développés pour leurs produits et leurs services. Un accès aux technologies est aussi indispensable, si l’on veut permettre aux pays en développement de se moderniser. Seules des économies en croissance peuvent favoriser la création d’emplois et permettre à leur peuple de briser le cercle vicieux de la pauvreté. Les grandes conférences organisées par les Nations Unies ont permis d’aboutir à ces conclusions. Mais la mise en oeuvre des recommandations et des plans d’action de ces conférences laissent à désirer, et l’on constate qu’il y a eu plus de reculs que d’avancées en ce qui concerne la question du développement au cours des dernières années. La chute spectaculaire de l’Aide publique au développement en est un exemple frappant. Le Népal lance à cet égard un appel urgent aux pays riches pour que ce déclin soit arrêté et leur demande de respecter le niveau de versement de 0,7% de leur PNB à l’APD.

La mondialisation a engendré des inégalités flagrantes dans la répartition de ses bénéfices aux différents groupes de pays. Les riches sont de plus en plus nantis et les pauvres de plus en plus démunis. Elle a éliminé les barrières d’accès aux marchés des pays du Sud sans que dans le même temps le même phénomène se produise en ce qui concerne les marchés du Nord. Seules des règles commerciales justes pourront corriger ce déséquilibre et elles ne pourront être trouvées que si l’on amende certaines dispositions de l’Organisation mondiale du commerce (OMC). A ce propos, les pays les plus pauvres ont besoin qu’on leur accorde un accès libre aux marchés des pays riches, libéré de toute taxation, et des quotas fermes en faveur de leurs produits, aux marchés des pays riches. Dans le même temps, une réforme du système monétaire et de l’architecture financière internationale devra intervenir, et le Népal est heureux de constater que la Banque mondiale et le Fonds monétaire international l’ont compris. Nous espérons que les changements attendus donneront une voix aux pays en développement dans les processus de réflexion et de décision.

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Pays sans littoral et totalement enclavé, le Népal est démuni de toutes ressources halieutiques et marines. Son activité économique et commerciale est fortement handicapée par sa situation géographique qui lui fait perdre toute compétitivité. Notre pays, a dit le représentant, a donc besoin de soutien et de ressources supplémentaires pour son intégration dans l’économie mondiale. Un soutien durable et consistant à l’acquisition de technologies de l’information pourrait constituer un début de réponse à notre isolement géographique.

M. FELIPE MABILANGAN (Philippines)a souhaité que la communauté internationale s’attache à assurer un avenir non pas fondé sur une stratégie de développement limité dans le temps mais sur une stratégie de développement durable. Il a souhaité que la communauté internationale amène les institutions de Bretton Woods à reconnaître les nouvelles donnes et à évoluer avec le temps. Il faut, a dit le représentant, travailler à l’élaboration d’une nouvelle architecture financière et commerciale mondiale plus au fait des besoins du monde développé comme du monde en développement. A cet égard, le représentant a accueilli avec satisfaction le fait que le prochain Directeur de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) soit originaire du monde en développement. Il a vu dans cette nomination une reconnaissance de la nécessité pour l’OMC d’être plus à même de répondre aux besoins du monde en développement mais aussi une reconnaissance de l’importance à répartir équitablement la richesse engendrée par l’économie mondialisée. Il faut partir de l’élan du Sommet du millénaire, a dit le représentant, pour s’assurer d’une participation de haut niveau à la réunion sur le financement du développement. Le représentant a dit espérer que tous les acteurs concernés, en particulier les institutions de Bretton Woods et l’OMC participeront aux préparatifs de la réunion et à la réunion elle-même. Pour lui, il est important que cette réunion soit perçue comme la pierre angulaire d’un processus dynamique et non comme une fin en soi. Terminant sur la nécessité de combler le fossé numérique, le représentant a souligné à quel point il est prématuré de vouloir améliorer l’accès des pays en développement à l’Internet alors que la majeure partie de l’humanité n’a jamais entendu un appel téléphonique. En la matière, il faut plutôt concentrer les énergies sur le manque d’infrastructure, le besoin d’éducation, le renforcement des capacités, les investissements et la connectivité. Il faut également garder à l’esprit que la technologie de l’information doit venir en complément du développement qu'elle devra renforcer ainsi que la modernisation des secteurs de base de l’économie.

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