AG/EF/307

DEUXIEME COMMISSION : APPEL A UN PARTENARIAT RENFORCE POUR SURMONTER LES OBSTACLES AU DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE ET SOCIAL

2 octobre 2000


Communiqué de Presse
AG/EF/307


DEUXIEME COMMISSION : APPEL A UN PARTENARIAT RENFORCE POUR SURMONTER LES OBSTACLES AU DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE ET SOCIAL

20001002

Le Japon annule la dette des pays pauvres

Le Japon a décidé d'annuler purement et simplement la dette des pays admis à l'Initiative HIPC, a indiqué ce matin son représentant à la Deuxième Commission (économique et financière) qui a entamé son débat général sur les questions économiques et financières internationales. Le représentant a précisé que cette annulation ne concernait pas seulement les dettes contractées au titre de l'Aide publique au développement (APD), mais également les dettes non officielles. Le Japon se propose, d'autre part, d'apporter une contribution de 200 millions de dollars au Fonds d'affectation de la Banque mondiale pour l'Initiative HIPC et de fournir une assistance aux pays concernés dans l'élaboration de leur stratégie de réduction de la pauvreté, a ajouté le représentant. Commentant l'impact de l’Initiative HIPC sur la réduction de la pauvreté, le Ghana a estimé que les termes qui la régissent sont insuffisants et arrivent trop tard. Il a rejeté l’hypothèse de travail du Fonds monétaire international et de la Banque mondiale selon laquelle l'Initiative accompagnée de mesures d'ouverture des marchés garantira le développement économique et social. Selon le Ghana, il s’agit d’une hypothèse irréaliste dans la mesure où l’Organisation mondiale du commerce, chargée de mettre en oeuvre les dispositions du Cycle d’Uruguay concernant les produits pour lesquels les pays du Sud ont des avantages comparatifs, n'a toujours rien entrepris en ce sens.

S'exprimant au nom de l'Union européenne, le représentant de la France a estimé que les stratégies de réduction de la pauvreté doivent intégrer toutes les dimensions de la pauvreté qui ne se définit pas uniquement par l'absence de ressource mais qui inclut aussi la notion de vulnérabilité. Les stratégies doivent viser prioritairement la consolidation des processus démocratiques, la paix et la prévention des conflits et le renforcement des structures institutionnelles de bonne gouvernance.

Les représentants des pays suivants ont pris part au débat : Nigéria, au nom du Groupe des 77 et de la Chine, France, au nom de l’Union européenne et des pays associés, Norvège, Bangladesh, Egypte, Pakistan, Japon, Pérou, Chine, Mexique, Samoa, au nom de l’Alliance des petits Etats insulaires, Ghana et Honduras.

Avant le débat général, la Commission a complété son Bureau en élisant M. Navid Hanif (Pakistan) comme troisième Vice-Président et M. Ahmet Amaziane (Maroc) comme Rapporteur.

La Commission reprendra son débat cet après-midi à 15 heures.

- 2 - AG/EF/307 2 octobre 2000

Débat général

M. S. A. ADEKANYE, Département des organisations internationale, Ministère des affaires étrangères du Nigéria, au nom du Groupe des 77 et de la Chine, a rappelé qu’aujourd’hui encore 1,5 milliard de personnes vivent en-deçà du seuil de pauvreté et estimé, en conséquence, que le défi que doit relever la Commission consiste à s’assurer que la mondialisation et les opportunités considérables qu’elle offre, aille au-delà de l’intégration des pays en développement dans l’économie et le commerce mondialisés. Nous avons besoin, a dit le représentant, d’une mondialisation de la compassion pour traiter du problème de cette pauvreté inacceptable dans les pays en développement. Les caractéristiques de l’économie du XXIe siècle, a poursuivi le représentant, se fondent sur les nouvelles technologies, en particulier sur la biotechnologie et les technologies de l’information et de la communication. Dans ce contexte, le représentant a regretté que le débat actuel sur la nécessité d’ouvrir l’accès des pays en développement à ces technologies se soit limité à la constatation du fossé numérique. C’est pourquoi, a dit le représentant, le Groupe des 77 et la Chine accueillent avec satisfaction la création d’un Groupe spécial sur les nouvelles technologies tout comme ils appuient le mandat du Groupe de travail sur l’informatique. Il faut, a ajouté le représentant, mettre en place un mécanisme qui permette de réaliser une connexion universelle dans les pays en développement.

Le représentant, au sujet de la dette, a noté que des initiatives telles que l’Initiative HIPC, n’ont pas fondamentalement changé les données du problème. Il a appelé à l’annulation urgente de la dette des pays en développement pour leur permettre d’insuffler un nouvel élan à leurs économies et de résoudre les problèmes socioéconomiques urgents. Evoquant la question du VIH/sida, le représentant s’est dit convaincu que la session extraordinaire de l’Assemblée générale qui doit se tenir en septembre 2001, jouera un rôle important dans la résolution de ces problèmes. Il a manifesté la même conviction quant à la réunion de haut niveau sur le financement du développement qui doit se tenir en 2001. Passant à la mise en œuvre des recommandations de la Conférence des Nations Unies sur l’environnement et le développement, dite Conférence de Rio 92, le représentant a souhaité que la Conférence d’examen décennal ne serve en aucun cas de plate-forme de renégociation mais qu’elle se concentre plutôt sur les défis et les obstacles liés à la réalisation des objectifs fixés.

Toujours à propos de l’environnement, le représentant a évoqué la question de la désertification pour se dire concerné par le manque de ressources nécessaires à la mise en œuvre de la Convention des Nations Unies sur la question. Il a estimé que la prochaine Conférence des Etats parties, qui doit se tenir en décembre 2000, fournira l’occasion de démontrer l’intérêt et l’engagement communs eu égard à ce fléau. La stabilité et la croissance de ce monde de plus en plus mondialisé, a conclu le représentant, exigent que les pays du Nord et ceux du Sud forgent un véritable partenariat pour le développement. La Déclaration politique adoptée à l’issue du Sommet du millénaire constitue la feuille de route d’un tel partenariat. Que cette Commission emprunte cette route pour que ses décisions aient un impact positif sur la vie des peuples du monde, a souhaité le représentant.

- 3 - AG/EF/307 2 octobre 2000

M. YVES DOUTRIAUX (France), au nom de l’Union européenne et des pays associés, a dit que la Déclaration finale du Sommet du millénaire devrait constituer un guide pour les travaux de la Deuxième Commission. Nous devons renforcer les capacités d’action de l’ONU notamment en matière de développement, assurer une mondialisation à visage humain et un meilleur partage de ses bénéfices, réduire les écarts entre pays riches et pays pauvres en accordant une priorité aux pays les moins avancés et au traitement des problèmes spécifiques de l’Afrique, a dit le représentant. Tout en reconnaissant la complémentarité entre les diverses sources de financement pour le développement et le rôle primordial du financement interne, l’Union européenne reconnaît pleinement le caractère irremplaçable de l’Aide publique au développement (APD) en particulier pour les pays les moins avancés. Pour l’Union européenne, les grandes conférences et les sessions extraordinaires des organes de l’ONU doivent permettre d’atteindre l’objectif global réaffirmé au Sommet du Millénaire qui est de parvenir à réduire la pauvreté de moitié d'ici à 2015. L’Union européenne, dont le PIB représente un peu moins de 30% du PIB mondial, fournit 54% de l’APD et assume la moitié du financement des activités opérationnelles de développement.

Pour lutter contre la pauvreté, l’Union européenne considère qu’il est indispensable que les problèmes spécifiques de l’Afrique soient pris en compte. La pauvreté ne se définit pas uniquement par l’absence de ressources, mais inclut aussi la notion de vulnérabilité. Celle-ci comprend l’exposition aux catastrophes naturelles, l’insuffisance d’accès à l’éducation, à la santé, aux ressources naturelles, dont l’eau; à l’emploi, aux infrastructures de base, aux technologies de l’information et de la communication. Les stratégies de réduction de la pauvreté doivent intégrer toutes ces dimensions et viser prioritairement la consolidation des processus démocratiques, la paix et la prévention des conflits et le renforcement des structures institutionnelles de bonne gouvernance. Nous croyons qu’en matière de résolution des conflits, les fonds et programmes des Nations Unies doivent pleinement jouer leur rôle dans la mise en œuvre intégrée du rapport du Groupe de haut niveau présidé par l’Ambassadeur Brahimi.

La lutte contre les grandes pandémies fait partie des grands défis à relever, et l’Union européenne se félicite à cet égard de la perspective d’une session extraordinaire de l’Assemblée générale pour accroître la mobilisation des consciences politiques sur le VIH/sida. Nous souhaitons qu’une date adéquate puisse être trouvée pour la tenue de cette session. Concernant les prochaines grandes échéances des Nations Unies, l’Union européenne est déterminée à prendre une part active à leur préparation. Il en est ainsi de la conférence «Habitat II+5» consacrée à l’examen de la mise en œuvre du plan mondial en matière de logement et d’établissements humains adopté lors de la Conférence d’Istanbul en 1996. L’Union européenne ne souhaite pas que la conférence d’examen soit l’occasion de rouvrir des points agréés à Istanbul, notamment le droit à un logement décent et le thème du développement durable des établissements humains dans un monde de plus en plus urbanisé. En 2002 se tiendra le sommet « Rio+10 », qui devra identifier, comme l’a recommandé la Commission du développement durable à sa 8ème session, des mesures dans les domaines dans lesquels des efforts complémentaires sont nécessaires pour appliquer Action 21 et les autres résultats de la Conférence de Rio, y compris les sources de financement, et devra déboucher sur des décisions opérationnelles. Pour l’Union européenne, dont les ministres de l’environnement se sont joints aux autres lors du Sommet mondial de Malmö en mai dernier, la coordination des programmes et des institutions environnementaux internationaux doivent être renforcés.

- 4 - AG/EF/307 2 octobre 2000

Concernant les pays les moins avancés (PMA), l’Union européenne a largement ouvert son marché à leurs produits et compte aller plus loin dans ce sens. 39 pays sur 48 bénéficient de la Convention de Cotonou qui entend donner un souffle nouveau aux Conventions de Lomé. Nous mettrons tout en oeuvre pour que la troisième conférence des Nations Unies sur les PMA, qui se tiendra à Bruxelles du 14 au 20 mai 2001, soit un succès. L’Union européenne considère que l’objectif central de cette conférence doit être de progresser vers l’éradication de la pauvreté, y compris par l’intégration des PMA dans l’économie mondiale. Quant au problème de la dette, l’Union européenne considère l’Initiative HIPC comme un élément essentiel de lutte contre la pauvreté. Elle appelle donc les pays éligibles à prendre les mesures politiques et économiques nécessaires pour entrer dans ce processus, et demande aux pays créanciers qui ne l’ont pas encore fait à participer au financement de l’Initiative élargie dans le cadre d’un partage équitable du fardeau.

Mme SIGRUN MOGEDAL, Secrétaire d’Etat aux affaires étrangères de la Norvège, a appelé les Etats Membres à la franchise en les exhortant à reconnaître que la définition d’objectifs ne suffit pas. Il faut aller plus loin, fixer des priorités, parler moins, écouter plus, surmonter les obstacles et se concentrer sur les résultats. Pour ce faire, la représentante a jugé utile d’investir dans les Nations Unies et de faire en sorte qu’elles participent et mènent le débat sur la gestion et le financement de la chose publique mondiale. L’amélioration de l’accès des pays en développement aux marchés est perçue de plus en plus comme une partie essentielle du développement économique et social, a poursuivi la représentante avant d’inviter les Etats Membres à tirer les leçons de Seattle et à faire du prochain cycle de négociations commerciales un cycle de négociations sur le développement. Nous devons, a-t-elle dit, renforcer les Nations Unies pour leur permettre de jouer leur rôle légitime et attendu dans le partenariat avec les institutions de Bretton Woods. Un partenariat véritable fondé sur la reconnaissance des forces et du potentiel de chaque institution, a insisté la représentante. Les efforts des pays d’élaborer des stratégies de lutte contre la pauvreté doivent être appuyés vigoureusement, a observé la représentante en souhaitant que le développement vienne du “dedans” et que “la politique de contributions soit remplacée par celle de l’appropriation”. Le financement du développement est une donnée essentielle, a dit la représentante avant de manifester la détermination de son pays à aller au-delà de sa contribution actuelle de 0,9% du PNB pour l’Aide publique au développement (APD) pour arriver à 1%. Elle a annoncé l’intention de son pays d’accroître de façon substantielle sa part d’APD aux organisations des Nations Unies.

La Norvège n’a aucunement l’intention de se démarquer comme donateur. Elle est convaincue que toutes les nations doivent contribuer conformément à leur capacité financière. Il faut être franc, a dit la représentant, et reconnaître que certains pays ne le font pas. Elle a estimé que seule une Organisation dotée d’une base financière stable peut permettre aux Etats Membres d’accomplir leur mission consistant à lutter contre la pauvreté. La pauvreté ne peut être combattue sans un partenariat novateur entre le secteur public et le secteur privé, a-t-elle souligné. La représentante a abordé la question de l’allègement de la dette pour appeler à un financement adéquat de l’Initiative HIPC. Elle a ajouté que la création d’un environnement plus favorable au développement et à la lutte contre la pauvreté resterait caduque sans une bonne gouvernance au niveau national.

- 5 - AG/EF/307 2 octobre 2000

Elle a exprimé l’attachement de son pays au Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) pour lequel la Norvège est déjà le plus grand contributeur. Evoquant la question du VIH/sida, elle a annoncé la décision de son Gouvernement de doubler le financement des programmes liés à cette pandémie. Sur le lien entre paix et développement, elle a attiré l’attention sur les recommandations contenues dans le rapport du Groupe de travail sur les opérations de maintien de la paix, dit Rapport Brahimi. La Norvège, a-t-elle conclu, est convaincue que la manière la plus sûre pour les nations de montrer leur attachement au système des Nations Unies est d’apporter la preuve de l’impact et de l’efficacité des activités de l’ONU sur le terrain. Il est de notre responsabilité mutuelle de permettre à l’Organisation de jouer ce rôle.

M. ANRAWUL KARIM CHOWDHURY (Bangladesh) a estimé que les pays les moins avancés (PMA) sont de plus en plus marginalisés dans les échanges commerciaux de biens et de services internationaux, dont le volume s’accroît sans cesse. La part des PMA n’a représenté que 0,4% du commerce international en 1998, contre 0,6% en 1980 et 0,5% en 1990. Il est temps d’inverser cette tendance, a dit le représentant. Concernant les investissements étrangers directs, souvent décrits comme une alternative à l’assistance extérieure, on tend à ignorer qu’il faut avoir atteint un certain niveau de développement institutionnel et de mise en place d’infrastructures pour pouvoir les attirer. La majeure partie de ces capitaux se dirige vers les pays développés, le reste allant s’investir dans une douzaine d’économies dites “émergentes”. Les 48 PMA ont attiré jusqu’ici moins de 3 milliards de dollars d’investissements sur les 600 milliards de capitaux en circulation, ce qui représente 0,4% du montant total. En troisième lieu, a dit M. Chowdhury, le niveau de contribution des pays développés au financement de l’Aide publique au développement (APD), qui devait, selon les Nations Unies, atteindre 0,7% de leur PNB, s’élève aujourd’hui à moins de 0,2% de ce PNB. Nous espérons qu’un certain nombre de pays riches s’engageront à atteindre, selon un calendrier clairement énoncé, le niveau de financement d’APD agréé. Nous tenons à ce qu’un calendrier définitif et à ce que des efforts précis soient déclarés, et non pas seulement des promesses qui ne seront sans doute pas tenues.

Concernant la question de la dette, a dit le représentant, il est clair que de nombreux pays pauvres dépensent plus pour leur service de la dette que pour la santé et l’éducation de leurs peuples. De nombreux pays ont plus dépensé dans le remboursement de leur dette qu’ils n’ont reçu d’aide, se trouvant de ce fait complètement démunis des fonds dont ils auraient besoin pour leurs secteurs sociaux. Nous lançons un appel à tous les partenaires du développement pour qu’ils considèrent les propositions avancées par le Secrétaire général dans son Rapport du millénaire, pour une approche qui inclurait l’annulation immédiate de la dette des pays qui ont subi des conflits majeurs ou des catastrophes naturelles. Cette proposition est favorable à l’augmentation du nombre de pays éligibles à l’Initiative HIPC en permettant aux pays d’y accéder sur le critère de la pauvreté. Nous remercions ici Jubilé 2000 pour le soutien apporté à la résolution de la question de la dette.

- 6 - AG/EF/307 2 octobre 2000

M. REDA BEBARS (Egypte) a estimé que la mondialisation est devenue un phénomène qui risque de saper la confiance des peuples dans leur potentiel de développement. Il a accueilli avec satisfaction que le Secrétaire général ait admis que l’intégration dans l’économie mondiale n’est pas la panacée du développement. Le développement nécessite d’abord et avant tout une bonne gouvernance internationale et davantage de transparence et de démocratie dans la prise de décisions internationales. Le développement exige aussi la participation accrue de l’ONU dans la prise de décisions mondiales car seule l’Organisation peut hiérarchiser les mesures prises en fonction des besoins des pays en développement. S’il faut reconnaître que le développement incombe au premier chef aux pays en développement eux-mêmes, il faut reconnaître aussi la nécessité de réformer l’ordre économique et financier et de créer un climat permettant aux pays en développement de réaliser leurs objectifs. Dans ce contexte, le représentant a réaffirmé la nécessité pour les Nations Unies de jouer un rôle moteur en la matière. A cet égard, il a souligné que la crédibilité de la coopération multilatérale est menacée par le manque de ressources dont souffre l’ONU. Les pays doivent respecter leurs engagements, a souligné le représentant avant d’appeler à des solutions urgentes en ce qui concerne les questions de la dette extérieure, du manque d’accès aux marchés du Nord, du prix des produits de base, du déclin de l’APD et du fossé numérique. A cet égard, le représentant a estimé que la réunion de haut niveau sur le financement du développement peut permettre de sortir du dilemme caractérisé par les demandes croissantes adressées à l’ONU et le manque chronique de ressources dont elle souffre.

M. SHAMSHAD AHMAD (Pakistan) a déclaré que les pays du Nord contrôlent largement la finance internationale. Les pays en développement ne sont que des clients sans voix du système existant, a-t-il estimé. Les capitaux privés parcourent le monde à la recherche de profits, et ces capitaux ont, ces dernières années, manqué à de nombreux pays, notamment africains, qui ont pourtant le plus besoin de ces capitaux pour financer leur développement. Mais, de par leur nature et leur volatilité, les capitaux privés internationaux posent des dilemmes difficiles à résoudre aux pays émergents qui ont la chance d’en recevoir et s’aperçoivent qu’ils n’ont pratiquement aucun pouvoir sur leur gestion.

L’échec des négociations de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) à Seattle, a clairement démontré la nature injuste du système de commerce international, a dit le représentant. Les secteurs qui favorisaient les pays en développement y sont traités de manière injuste et sont mêmes pratiquement “confisqués”. Selon certaines estimations, les taxes et tarifs douaniers imposés par les pays de l’OCDE causent des pertes de l’ordre de 20 milliards de dollars aux possibilités d’exportations des pays en développement vers les marchés des pays membres de cette organisation. La technologie elle-même est confisquée par les pays riches, qui détiennent 97% des brevets d’invention. Ce n’est donc pas une surprise si 80% des utilisateurs de l’Internet se trouvent dans les pays riches qui ne représentent pourtant que 17% de la population mondiale. L’accent mis sur la protection des brevets par ces pays, en fait, ne profite qu’à eux- mêmes. Pour arriver à une répartition équitable des bienfaits de la mondialisation, nous devons nous assurer que ceux-ci ne sont pas abandonnés aux seules forces aveugles du marché.

- 7 - AG/EF/307 2 octobre 2000

M. HIDEAKI KOBAYASHI (Japon)a indiqué que son pays continue d’accorder la plus haute priorité à la situation en Afrique où les problèmes de pauvreté sont particulièrement graves. Le Japon encourage la coopération Asie-Afrique pour que les pays de ces deux régions aient la possibilité de partager leur expérience en matière de développement. Le Japon encourage aussi l’investissement et le commerce entre ces deux régions, convaincu que le secteur privé est le moteur du développement. Gardant à l’esprit la possibilité d’accueillir une troisième conférence sur le développement en Afrique, le Japon envisage de tenir une réunion au niveau ministériel avant le mois de mars 2001 avec notamment la collaboration du PNUD. En ce qui concerne l’allègement de la dette, le Japon a décidé d’accorder l’annulation pure et simple de la dette des pays admis à l’Initiative HIPC, l’annulation ne concernant pas seulement les dettes contractées au titre de l’APD mais aussi les dettes non officielles. De plus, pour accélérer la mise en oeuvre de l’Initiative HIPC renforcée, le Japon a l’intention d’apporter une contribution de 200 millions de dollars au Fonds d’affectation de la Banque mondiale et de fournir une assistance technique aux pays concernés dans la préparation de leur stratégie de réduction de la pauvreté. Le Japon contribue également au financement du système des Nations Unies. Il a, par exemple, fait une contribution de plus de 80 millions de dollars au Fonds d’affectation spécial pour la sécurité humaine créé l’an dernier et entend faire une contribution supplémentaire d’environ 100 millions de dollars. Depuis neuf ans, le Japon s'est maintenu au rang des plus grands pays donateurs d’Aide publique au développement. Le Japon participe à plus d’un quart de l’APD des pays industrialisés, puisque l'année dernière, il a accordé plus de 15 milliards de dollars à l’APD, une augmentation de près de 44% par rapport à l’année précédente. Le Japon fournit, en outre, son assistance à de nombreux pays et dans plusieurs domaines, comme c’est le cas en matière de transfert de technologie. Ainsi le pays est en train d'élaborer un train de mesures pour combler le fossé numérique, initiative qui lui coûtera environ 15 milliards de dollars sur cinq ans. Il en va de même pour la lutte contre le VIH/sida, la malaria et la tuberculose. Le Japon a lancé l’Initiative d’Okinawa sur les maladies infectieuses qui prévoit l’affectation d’une somme de 3 milliards de dollars sur cinq ans.

M. JORGE VALDEZ (Pérou) a émis des doutes sur les prévisions optimistes des économistes “internationaux” sur les perspectives de bienfaits de la mondialisation sur les différents groupes de pays. Le climat international n’a pas permis de dissiper jusqu’à maintenant les incertitudes qui pèsent sur l’économie mondiale. Les asymétries du commerce international, la cherté de l’énergie et la difficulté d’obtenir des financements durables pour le développement ont porté des coups durs à l’économie du Pérou ces dernières années. La pauvreté s’est accrûe dans notre pays et touche 40% de notre population, a-t-il dit, en précisant que seule une croissance soutenue de 6% par an permettra de faire baisser le taux de montée du phénomène de la pauvreté. Le Pérou est un petit pays dont l’accès aux marchés financiers mondiaux est remis en question dans le contexte international actuel. A cet égard, les Nations Unies et l’ECOSOC ont un rôle à jouer. Il est inacceptable que les taux tarifaires appliqués sur les produits dont les secteurs sont générateurs d’emplois et de revenus pour les pays en développement soit 4 fois plus élevés sur les marchés des pays riches. Notre pays, a dit M. Valdez, demande que des actions soient prises au niveau international pour corriger ces injustices. Un certain nombre de mesures doivent être prises pour faire entrer dans la réalité les fameux “dividendes de la paix” dont on a tant parlé à la fin de la guerre froide.

- 8 - AG/EF/307 2 octobre 2000

M. WANG YINGFAN (Chine) a plaidé pour le renforcement de la gouvernance mondiale pour pouvoir transformer la mondialisation en une force bénéfique à tous les peuples du monde. Dans ce contexte, le représentant a souhaité une réforme du système économique mondial qui doit refléter les intérêts de la majorité. Les Nations Unies, en tant qu’organisation la plus universelle et la plus représentative, doivent jouer un rôle central dans la gouvernance et la régulation de la mondialisation. Il a plaidé également pour une participation égale des pays en développement dans la formulation des politiques. Il a appelé, dans ce cadre, la communauté internationale à changer la situation actuelle où pendant trop longtemps le pouvoir de décisions dans les institutions multilatérales est resté aux mains d’une minorité de pays. La communauté internationale doit faire preuve de volonté politique et d’un réel esprit démocratique pour réformer le système financier et commercial international afin de mettre sur pied un système multilatéral ouvert, équitable, respectueux des règles, prévisible et non discriminatoire. Pour leur part, les Nations Unies doivent continuer à renforcer le dialogue et la coordination entre leurs organes pertinents et les institutions et organisations économiques multilatérales, a dit le représentant avant de plaider aussi pour la promotion d’un type nouveau de coopération internationale. Il a appelé les pays développés à faciliter l’accès à leurs marchés, à réaliser l’objectif de 0,7% du PNB pour l’APD, et à trouver une solution définitive au problème de la dette. Il a souhaité que les institutions internationales coopèrent pleinement avec les pays en développement dans la fourniture de l’assistance afin que leurs politiques correspondent au mieux aux besoins des pays concernés. Pour le représentant, l’Organisation mondiale du commerce (OMC) doit faire des préoccupations des pays en développement le point central de son prochain cycle de négociations. La communauté internationale doit prendre des mesures concrètes pour combler le fossé numérique et permettre ainsi aux pays en développement un accès aux technologies de l’information pour leurs efforts de développement et de lutte contre la pauvreté, a insisté le représentant. Il a enfin plaidé pour le droit de chaque pays de choisir ses paramètres de développement. Il a appelé les pays développés à respecter ce droit et à s’abstenir d’imposer des politiques économiques, des normes sociales et des modèles de développement.

M. MAURIZIO ESQUINERO (Mexique) a réaffirmé le rôle central de l’Assemblée générale de l’ONU qui, a-t-il dit, est le seul forum représentatif de l’ensemble des Etats et peuples membres des Nations Unies. La Deuxième Commission doit donc travailler dans l’esprit de la Déclaration du millénaire, a-t-il estimé. La priorité fondamentale de toute politique internationale de développement doit être d’arriver à une certaine équité entre les nations et les peuples, et l’ordre économique international doit être conforme à l’objectif de développement durable pour tous. L’ONU peut et doit assurer un climat économique international juste basé sur la résolution de trois défis qui touchent notamment à la mise en place d’une architecture financière internationale équitable. Sur cette question, l’ONU doit travailler avec les institutions de Bretton Woods pour trouver des réponses à la problématique du financement du développement. Les travaux de la Commission doivent préparer la réunion internationale prévue à cet effet. Le deuxième défi majeur touche à la question du commerce international. A cet effet, l’appel lancé à Carthagène par les chefs d'Etat d’Amérique latine et des Caraïbes pour un nouveau cycle de négociations commerciales doit être entendu.

- 9 - AG/EF/307 2 octobre 2000

Le troisième défi est celui posé par la maîtrise des technologies de l’information et de la communication (TIC). Elle aura pour rôle de mettre en place un cadre normatif et institutionnel favorable à la maîtrise des TIC par tous. Elle reste le seul cadre où peut être élaboré la coresponsabilité de tous ses membres dans les domaines économique et social.

M. TUILOMA NERONI SLADE (Samoa), au nom de l’Alliance des petits Etats insulaires, a estimé que la création de partenariats et la mise en place d’une coordination efficace entre les petits Etats insulaires et entre eux et les pays donateurs sera une donnée essentielle de la mise en œuvre du Programme d’action de la Barbade sur le développement des petits Etats insulaires. Pour le représentant, le véritable défi sera de s’assurer que la mondialisation ne devienne pas un instrument d’oppression pour les petites communautés vulnérables mais plutôt un moyen d’offrir de réelles opportunités et des perspectives améliorées de développement. A cet égard, le représentant a annoncé la tenue en mars 2001 d’un séminaire sur le commerce, l’environnement et les petits Etats insulaires. Il a fait part de sa conviction que son groupe de pays n’a pas reçu de la part des Nations Unies l’attention requise en matière de commerce. Les pays concernés envisagent d’ailleurs de présenter des idées sur le renforcement de la Section des petits Etats insulaires en développement du Département des affaires économiques et sociales des Nations Unies. Parlant de la sixième Conférence des Etats parties à la Convention sur le changement climatique, le représentant a estimé que le moment est venu de fournir un meilleur appui technique net financier aux petits Etats insulaires. Pour lui, la sixième Conférence peut être l’occasion pour les pays développés de renouveler leurs engagements en matière de transfert de technologie, de renforcement des capacités et de recherche scientifique. Le représentant a évoqué le Protocole sur la biosécurité pour annoncer la tenue en décembre d’un séminaire sur la question à l’intention des petits Etats insulaires en développement. Soulignant l’importance pour ces pays de renforcer leurs capacités, le représentant a attiré l’attention sur le séminaire qui s’est tenu au début de cette année et sur ses conclusions et recommandations. Le représentant a terminé sur la question du système de réseau SIDS/Net – petits Etats insulaires en développement sur le Net - pour dire que compte tenu du rôle que joue ce réseau pour les Etats concernés, le SIDS/Net devrait être financé par le budget ordinaire de l’ONU et non plus par des contributions volontaires.

M. NANA EFFAH-APENTENG (Ghana) a estimé que le fossé entre riches et pauvres ne pourra que s’élargir si des solutions ne sont pas trouvées aux problèmes du financement du développement, et en particulier au rôle que peut y jouer le commerce. La question de la dette et celle de la circulation des capitaux de manière équitable et ordonnée doivent aussi trouver des solutions satisfaisantes. Le Ghana pense d’autre part, en ce qui concerne la question de la dette, que les initiatives et les idées avancées par les institutions de Bretton Woods, qui conditionnent la réduction de la pauvreté à un lien entre la réduction de la dette et l’accès aux marchés des pays riches, arrivent trop tard. La Deuxième Commission, selon notre délégation, ne doit pas tenir de débats sur la problématique énoncée par les institutions de Bretton Woods, qui ne rentre d’ailleurs pas dans l’esprit des résolutions avancées par cette Commission.

- 10 - AG/EF/307 2 octobre 2000

Nous sommes heureux que les pays du G8 aient mis l’accent, lors de leur rencontre d’Okinawa, sur la possibilité de travailler à atteindre des objectifs annuels précis en ce qui concerne la réduction de la dette, comme cela avait été agréé entre eux à Cologne. Si nous voulons que l’allègement de la dette ait des impacts durables, il faudra que les pays développés aillent plus loin, en acceptant notamment de mettre en œuvre les véritables conclusions et termes du Cycle d’Uruguay en matière de textiles et autres produits pour lesquels les pays en développement ont des avantages comparatifs.

Un partenariat doit être mis en place, qui lierait les pays ne développement à l’OMC et au secteur privé, en vue de discuter de mesures qui pourraient favoriser les premiers en matière de lutte contre la pauvreté. Ce partenariat s'efforcera, entre autres, de trouver des solutions équitables au problème de la circulation des investissements privés, qui devraient être dirigés vers toutes les régions du monde. Concernant l’Aide publique au développement (APD), nous pensons qu’elle devrait récompenser les efforts accomplis en vue de mettre en place de nouvelles politiques et mesures de bonne gouvernance au niveau national. Ses fonds devraient s’orienter en priorité, selon nous, vers les secteurs du renforcement des institutions et des capacités humaines. Les Nations Unies et les institutions de Bretton Woods devraient, a proposé le représentant, réfléchir ensemble à un système de mesures politiques nationales et internationales qui donneraient à chaque être humain, en ce nouveau siècle, les moyens de son épanouissement en permettant à chaque société de fournir à ses ressortissants une éducation et un minimum de soins de santé leur permettant de s’intégrer à l’environnement international.

Mme NOEMI ESPINOZA MADRID (Honduras)a souhaité que les Nations Unies évaluent ce qui a été fait depuis leur création et répondent aux défis qui se dressent devant elles. Pour la représentante, le défi le plus important consiste à faire de la mondialisation un vecteur d’opportunités pour tous les êtres humains. Le Sommet du millénaire a confié aux Nations Unies la tâche de créer un nouveau modèle de développement au bénéfice de tous. Le Honduras est particulièrement attaché au lien entre développement et environnement, conscient que certains progrès ont entraîné une utilisation excessive des ressources. Le pays est donc persuadé de la capacité de l’Organisation de veiller à ce que le XXIe siècle soit un siècle prospère, convaincu que son caractère multilatéral et son expérience lui donne la légitimité requise pour améliorer la qualité de vie des êtres humains.

* *** *

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.