AG/COL/178

LE STATUT DE GUAM EVOQUE DEVANT LE COMITE DE LA DECOLONISATION

11 juillet 2000


Communiqué de Presse
AG/COL/178


LE STATUT DE GUAM EVOQUE DEVANT LE COMITE DE LA DECOLONISATION

20000711

Le Comité spécial chargé d'étudier la situation en ce qui concerne l'application de la Déclaration sur l'octroi de l'indépendance aux pays et aux peuples coloniaux a consacré ses travaux cet après-midi à l'examen de la question relative à Guam. Le Gouverneur adjoint et le Vice-Président de la Commission de décolonisation de Guam ont apporté des précisions sur l'évolution de la situation du territoire sous administration des Etats-Unis. Ils ont dénoncé l'impasse dans laquelle se trouvent les négociations avec la Puissance administrante sur le statut proposé pour le territoire qui s'est manifestée notamment par le refus des Etats Unis d'autoriser la tenue du séminaire régional du Comité spécial sur le territoire de Guam. L'administration américaine du territoire a été décrite par le Vice-président de la Commission de décolonisation de Guam comme une assimilation forcée et un génocide culturel du peuple chamorro. Il a précisé que la consultation populaire sur l'avenir du territoire, devrait se tenir le 7 novembre prochain. Il a demandé aux Nations Unies de faire preuve de vigilance.

Les représentants des pays suivants ont posé des questions aux deux intervenants: République arabe syrienne et Papouasie-Nouvelle-Guinée.

Le Comité spécial procèdera mercredi 12 à l'audition de pétitionnaires sur la question de Porto Rico.

EXAMEN DES QUESTIONS DES TERRITOIRES NON AUTONOMES

Question d'Anguilla, des Bermudes, de Guam, des îles Caïmanes, des îles Turques et Caïques, des îles Vierges américaines, des îles Vierges britanniques, de Montserrat, de Pitcairn, des Samoa américaines et de Sainte-Hélène

Guam

Documentation

Le document de travail établi par le Secrétariat (A/AC.109/2000/6) évoque l'évolution constitutionnelle et politique notamment le projet de loi sur la libre association du territoire qui, depuis 1988, est soumis [a chaque session du Congrès des Etats-Unis par le représentant de Guam, la situation économique et financière et le statut futur de Guam. Il donne également des informations sur les infrastructures, l'environnement, la propriété foncière, la situation sociale ainsi que sur la présence militaire dans l'île.

Déclarations

MME MADELEINE BORDALLO, Gouverneur adjoint de Guam, a regretté que le Comité n'ait pas été en mesure d'accepter l'invitation faite par les organes législatifs et exécutifs de Guam visant à organiser un séminaire régional à Guam. Elle a estimé que l'objectif du Comité spécial devrait être de promouvoir un statut d'autonomie pour Guam. Retirer Guam de la liste des territoires non autonomes sans un processus de décolonisation serait vide de sens. Les travaux gagneraient en clarté et en efficacité si la puissance administrante participait réellement au débat. Mme Bordallo a noté que le Président du Comité du Sénat des Etats-Unis chargé de Guam a attiré l'attention du Président des Etats-Unis sur l'impasse qui caractérise la question. Elle a par ailleurs accueilli favorablement le plan en dix étapes mis en place par le Comité spécial pour régir l'examen de la question de Guam. Elle a demandé au Comité d'examiner les propositions d'amendements à ajouter dans la partie du projet de résolution concernant le territoire décrivant clairement l'état des discussions entre les Etats-Unis et Guam.

M. FAYSSAL MEKDAD (République arabe syrienne) a déclaré que malgré le souhait du Comité de tenir un séminaire régional à Guam, la Puissance administrante de Guam n'a pas répondu favorablement à cette invitation. Ceci est regrettable en ce que ce séminaire aurait profité à toutes les parties. Nous ne comprenons pas les réserves émises par la Puissance administrante. Le peuple de Guam a le droit à l'exercice de l'autodétermination et la Puissance administrante doit se plier aux résolutions des Nations Unies relatives à Guam. Des efforts doivent également être déployés pour que le peuple chamorro exerce son droit à la propriété des terres et des ressources naturelles.

Mme BORDALLO a expliqué que le séminaire n'a pas été tenu sur le territoire de Guam en raison du refus signifié par le Sénat des Etats-Unis qui s'est opposé à ce que le peuple de Guam mène des activités politiques.

M. JIMMY URE OVIA (Papouasie-Nouvelle-Guinée) a évoqué le projet de plébiscite à Guam et a demandé où en était cet exercice consultatif populaire et ce qu'il signifiait pour le peuple chamorro de Guam.

M. RON RIVERA, Vice-Président de la Commission de décolonisation de Guam, a déclaré que la situation à Guam est très fluide mais qu’elle ne permet toutefois pas à l’île de réaliser son plein potentiel. il a déclaré que l’assujettissement des peuples à une domination étrangère est contraire à la Charte des Nations Unies et est une violation des droits fondamentaux de l’homme. Le Gouvernement de Guam est assujetti. Pour gouverner, il lui faut adresser des pétitions à la Puissance administrante. Il a indiqué qu’au regard du droit américain, un territoire non incorporé, tel que Guam, qui dépend des Etats Unis, appartient aux Etats Unis, mais ne fait pas partie des Etats Unis. Nos droits sont assujettis à l’administration américaine. C’est aussi une exploitation de nos ressources. Les chamorros deviennent une minorité politique et culturelle dans leur propre pays. Ils sont sous une domination étrangère.

M. Rivera a aussi dénoncé la domination exercée par les companies et la marine américaines sur la population de Guam et son patrimoine. Il a dénoncé comme une injustice incompréhensible pour le peuple chamorro le fait qu’un tiers du budget de l’éducation et de la santé soit consacré à l’aide aux immigrants. Le peuple autochtone se voit imposer une assimilation forcée et un génocide culturel, a-t-il ajouté. Il a affirmé que le sous-développement de Guam est le prix de sa condition coloniale et qu’il est de loin trop élevé pour l’humanité. Il convient de mettre en oeuvre un acte d’autodétermination, a-t-il déclaré. A cet égard, il a indiqué que l’engagement de la Puissance administrante dans le processus d’autodétermination fait défaut. Il s’est d’autre part félicité de la nouvelle approche du Comité spécial et a émis l’espoir qu’il redoublera d’efforts pour que Guam exerce le droit à l’autodétermination. Il a conclu en indiquant qu’à ce jour, le plébiscite sur l’autodétermination aura lieu le 7 novembre 2000, et a appelé les Nations Unies à la vigilance quant à la situation de Guam, notamment dans la perspective de ce plébiscite.

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