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AG/1022

LES TRADITIONS ET MENTALITES PATRIARCALES IDENTIFIEES COMME LES OBSTACLES MAJEURS A LA PROMOTION DES DROITS DE LA FEMME

9 juin 2000


Communiqué de Presse
AG/1022


LES TRADITIONS ET MENTALITES PATRIARCALES IDENTIFIEES COMME LES OBSTACLES MAJEURS A LA PROMOTION DES DROITS DE LA FEMME

20000609

La persistance des mentalités et pratiques traditionnelles perpétuent les injustices et confortent la femme dans un rôle subalterne, ont constaté ce matin les délégations au dernier jour du débat général de la Session extraordinaire de l’Assemblée générale intitulée “les femmes en l’an 2000: égalité entre les sexes, développement et paix pour XXIème siècle “. Ainsi, l’autonomisation de la femme dans tous les domaines critiques identifiés à Beijing, que ce soit l’éducation, l’économie, ou encore le processus de prise de décisions se heurte à l’idée selon laquelle la place de la femme et des filles est à la maison où elles s’adonnent aux travaux domestiques et à l’éducation de leurs enfants alors que les garçons sont voués tout naturellement à être scolarisés. Citant en exemple la femme de son pays qu’elle décrit pourtant comme la plus émancipée du monde islamique et de l’Asie du Sud-Est, la Ministre des affaires féminines et de la sécurité sociale des Maldives, a expliqué que son gouvernement s’est attaché à intégrer davantage les femmes dans les secteurs non traditionnels et à sensibiliser la population à la nécessité d’impliquer les hommes dans la vie de famille et les travaux domestiques. Plusieurs délégations ont présenté des analyses similaires, notamment la Ministre de la condition et des droits de la femme d’Haïti, la Ministre de la protection sociale et de la famille du Bénin et la Vice-Premier Ministre de l’Albanie. Cette dernière a souligné que les lois favorables aux femmes resteront lettres mortes tant que le caractère patriarcal des sociétés perdurera.

De son côté, la Princesse Basma Bint Talal, Chef de la Commission nationale jordanienne pour les femmes, a estimé que si les réformes dans le domaine juridique et l’adoption de nouvelles politiques sont essentielles à l’égalité des sexes, il est également indispensable de garantir une pleine compréhension et acceptation des changements en cours de la part des sociétés. Elle s’est érigée contre l’invasion d’une culture mondiale et a plaidé en faveur de la prise en compte de la diversité des cultures, religions et intérêts nationaux dans les processus internationaux d’examen des initiatives en faveur des femmes. Cette vision mondiale, plutôt que d’affaiblir nos valeurs et traditions, devrait favoriser l’harmonie et créer le climat propice à nos initiatives nationales, a-t- elle déclaré.

Les Ministres et personnalités des pays suivants ont pris la parole: Albanie, Jordanie, Algérie, Sénégal, Maldives, Panama, Lesotho, Haïti, Bénin, Djibouti, Slovénie, Uruguay, Erythrée, Bélize, Jamahiriya arabe libyenne et Arménie.

La session extraordinaire terminera ses travaux ce soir. Elle poursuivra son débat à partir de 15 heures.

Examen et évaluation des progrès accomplis dans l'application des 12 domaines critiques du Programme d'action de Beijing; nouvelles mesures et initiatives visant à surmonter les obstacles à l'application du Programme d'action (8 et 9)

Déclarations

Mme MAKBULE CECO, Premier Ministre adjoint de l’Albanie, a fait remarquer que les nouvelles lois ne peuvent être appliquées avec succès que dans un environnement social favorable au progrès et à la participation de la femme aux institutions de la société civile. Le Gouvernement albanais, qui a aujourd’hui une vision plus claire du rôle et de l’importance de la participation égale des femmes et des hommes à tous les domaines de l’activité politique, économique et sociale, met en oeuvre quatre objectifs essentiels : l’égalité des chances dans la prise de décisions, la promotion de l’emploi et l’éradication de la pauvreté, la prévention de la violence contre les femmes ainsi que l’accès aux services médicaux et à la planification familiale. Quant au niveau de la participation de la femme au pouvoir, les chiffres sont plus élevés qu’au début de la transition en Albanie, mais le niveau de représentation au Parlement est toujours très bas, a noté la représentante, expliquant que la raison principale en est le caractère patriarcal traditionaliste de la société, les pratiques et la mentalité machiste qui sont aussi présentes dans l’activité des partis politiques. Toutefois il y a une pression croissante des femmes et de la société civile en faveur de l’égalité des chances dans le processus de prise de décision, a précisé la représentante, soulignant que toute la législation albanaise tient compte du principe de l’égalité entre homme et femme et que la nouvelle Constitution de novembre 1998 sanctionne le principe de la non-discrimination. D’autres réformes législatives concernant les droits des femmes ont été entreprises depuis 1991, comme la loi permettant l’interruption de la grossesse involontaire, le droit de la femme à demander le divorce et son droit à la répartition de la propriété commune après le divorce. Toutefois il ne suffit pas d’avoir une législation contemporaine mais de la mettre en oeuvre : la violence contre les femmes demeure un problème sensible pour l’Albanie, comme partout dans le monde, et que la protection sociale des femmes est loin d’être correcte. En effet, il reste beaucoup à faire et l’engagement gouvernemental et non gouvernemental est indispensable, a ajouté Mme Ceco. Notant qu’une des priorités de son gouvernement est le renforcement économique de la femme, elle a expliqué que les albanaises participent à l’initiative qualifiée de “Pacte de Stabilité” qui vise le renforcement de la coopération avec les autres femmes de la région dans le but de créer une culture de paix et de bonne entente.

La Princesse BASMA BINT TALAL, Chef de la Commission nationale pour les femmes de la Jordanie, a expliqué que pour refléter l’égalité entre les sexes qui est affirmée par la Constitution et pour garantir l’institutionnalisation des efforts visant l’amélioration de la condition de la femme jordanienne, le Gouvernement a donné mandat à la Commission nationale pour les femmes de définir une politique générale et de proposer des lois et des amendements à la législation. Ce processus s’est trouvé renforcé au plus haut niveau politique puisque le Roi Hussein avait appelé à la fin des violations des droits fondamentaux de la femme. Le Roi Abdullah II est déterminé à atteindre cet objectif. Des mesures spécifiques se sont traduites par l’intégration de la perspective sexospécifique au Plan de développement socio-économique de 1999-2000 qui accorde une place égale au rôle des hommes et des femmes dans le cadre du développement durable. Des améliorations tangibles ont également été réalisées pour ce qui est de la participation des femmes à la vie politique et publique comme en atteste des nominations à des postes de responsabilité. La Princesse a indiqué que les autorités ont lancé le processus d’actualisation de la Stratégie jordanienne pour les femmes. Cette stratégie tient compte de nouveaux développements comme la ratification par la Jordanie de la Convention sur toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes, le Programme d’action de Beijing et elle s’inspirera également des résultats de cette session extraordinaire.

La Princesse a expliqué que si les réformes dans le domaine juridique et l’adoption de nouvelles politiques sont essentielles pour aboutir à l’égalité des sexes, l’expérience a montré qu’il est également indispensable de garantir une pleine compréhension et acceptation des changements en cours de la société. En tant que pays en développement, la Jordanie est d’autant plus consciente de l’impact de l’invasion d’une culture mondiale sur le peuple jordanien. Bien que la promotion des droits de la femme est acceptée à un niveau mondial, il faut reconnaître que des facteurs sociaux, politiques et culturels, au niveau local, influent directement sur l’évolution de ce processus. Dans ce contexte, la diversité de nos cultures, religions et de nos intérêts doivent être dûment pris en compte dans le cadre des conférences internationales, comme celle-ci. Cette vision mondiale, plutôt que d’affaiblir nos valeurs et traditions devrait favoriser l’harmonie et créer le climat propice à nos initiatives nationales.

M. DJAMEL OULD ABBAS, Ministre de la solidarité nationale de l’Algérie, a déclaré que la Conférence de Beijing a constitué un tournant décisif dans l’approche de la problématique centrale de la femme et un jalon essentiel dans la prise de conscience sur l’exigence de solidarité internationale pour affronter les défis auxquels la femme est confrontée. En dépit des progrès enregistrés, les objectifs fixés n’ont pas été atteints en raison de la faiblesse des ressources allouées aux programmes de développement social. La bataille est loin d’être gagnée puisque des régressions sont même enregistrées, particulièrement dans les pays en développement où la seule volonté politique des Etats, qui est pourtant bien réelle, se révèle insuffisante pour relever le défi de la promotion du rôle et de la position des femmes dans la société. Ce constat s’impose avec une gravité et une acuité particulière en Afrique où la dégradation des conditions d’existence, aggravées par plusieurs fléaux atteint, en premier lieu, les femmes et les autres groupes vulnérables de la société. Il a rendu hommage à toutes ces femmes, en particulier aux femmes africaines qui ont récemment, lors de leur rencontre à Alger, en novembre 1999, réaffirmé avec foi et détermination, les revendications qu’elles nourrissent pour elles-mêmes, leurs sociétés respectives et leur continent. Ces efforts ne peuvent cependant aboutir, que si sont réunies les ressources financières nécessaires à la mise en oeuvre du Programme d’action de Beijing. Le représentant a invité la communauté internationale à assumer la responsabilité qu’elle a contractée au Sommet mondial du développement social, en faveur de l’accélération du développement de l’Afrique et des pays les moins avancés et de soutenir encore plus fermement et plus résolument le continent africain en général et la femme africaine en particulier.

Il a fait état de la mise en oeuvre du Programme de Beijing en Algérie en citant, entre autres, l’engagement d’un processus de révision de la législation familiale dans le sens d’une plus grande prise en compte des revendications féminines, l’amélioration de la scolarisation des filles, de l’accès aux services de santé reproductive, de la diffusion de la contraception et de la meilleure prise en charge de la maternité. Il a fait mention de la plus grande intégration des femmes dans la vie active, notamment l’accès des femmes aux fonctions supérieures de l’Etat, le développement du mouvement associatif féminin, et l’adoption de dispositions discriminatoires positives en faveur de la femme algérienne pour lui permettre de rattraper le retard sur l’homme. Toutefois, c’est dans les mentalités et dans les instruments juridiques que demeurent les obstacles, a-t-il noté tout en indiquant que la violence domestique est un problème auquel la femme algérienne est confrontée. Il a observé que la violence terroriste, bien que désormais circonscrite à quelques poches, a particulièrement atteint les femmes. Il a expliqué que la dynamique de promotion de la femme vise en même temps l’émergence d’un système de valeurs, davantage fondé sur l’esprit de solidarité, d’équité, de justice sociale et de paix dont la femme est porteuse.

Mme AMINATA TALL, Ministre de la famille et de la solidarité nationale du Sénégal, a rappelé que nombreux sont les défis qui ont été relevés par la communauté internationale, dans un esprit de coopération et de solidarité agissante, par le dialogue, l’échange d’expérience et le partage des bonnes pratiques comme l’a bien souligné la Déclaration de Luxembourg adoptée, en février 2000, par la Première Conférence des femmes francophones. S’il importe de mettre l’accent sur l’actualité et la pertinence des douze domaines critiques dégagés par le Programme d’action de Beijing, l’un des défis majeurs demeure la lutte contre la pauvreté et sa féminisation, par la création de conditions permettant aux femmes pauvres, rurales ou urbaines, d’accéder aux services sociaux de base, au crédit, à la terre et aux ressources productives. Selon la représentante, la clef de la libération des femmes demeure l’éducation et la formation. Mais cinq ans après Beijing, peu de progrès a été accompli dans les domaines précédents du fait des contraintes et des obstacles nombreux et complexes, a-t-elle déploré.

Le Sénégal, dans le cadre de son plan national d’action, s’est employé à mettre en oeuvre des projets et programmes visant à renforcer les capacités économiques et financières des femmes ainsi que leur participation au processus de prise de décisions tout comme il a accordé un rang de priorité élevé à la scolarisation des filles dont le taux, qui avoisinait à peine 30% en 1994, atteindra 62% durant l’année scolaire 2000-2001. Accordant aussi la priorité à la question de la santé reproductive des femmes, le Sénégal s’emploie à mettre en oeuvre la loi nationale pénalisant l’excision, les violences domestiques, le viol, la pédophilie ainsi que le harcèlement sexuel. A cet égard, la représentante a annoncé que, le 26 mai 2000, son pays avait déposé ses instruments de ratification du Protocole facultatif à la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes. De plus, le Sénégal mettra très prochainement en place un observatoire national des droits de la femmes et des petites filles. Il renouvelle sa détermination à poursuivre la mise en oeuvre des engagements convenus par la communauté internationale à Beijing.

Nous, femmes africaines et des pays en développement, tout en sachant d’abord compter sur nos propres forces et capacités, avons, aujourd’hui plus que jamais, besoin d’une plus grande solidarité de la communauté internationale et d’un appui renforcé du système des Nations Unies, a déclaré Mme Tall.

Mme RASHIDA YOOSUF, Ministre des affaires féminines et de la sécurité sociale des Maldives, a évoqué les obstacles à la réalisation du Programme d’action de Beijing et notamment la persistance des mentalités et des pratiques qui perpétuent les injustices et confortent la femme dans un rôle subalterne. Les femmes sont encore vouées à assumer des tâches domestiques et elles sont confinées à l’éducation de leurs enfants. Néanmoins, grâce aux efforts continus du Gouvernement avec la participation active de ONG, les attitudes sont en train de changer lentement. La Ministre a évoqué dans ce contexte les initiatives de son Gouvernement et notamment la Vision nationale qui se donne pour objectif de parvenir à l’égalité entre les sexes au plus tard en 2020. L’un des plus grands obstacles à l’émancipation des femmes est l’absence de structures et de ressources permettant de multiplier les opportunités, et de promouvoir leur indépendance. Pour pallier à cet état de fait, nous avons octroyé des crédits spéciaux aux femmes. Des efforts sont déployés pour les encourager à travailler dans des secteurs non traditionnels et pour sensibiliser la population à l’importance d’impliquer les hommes dans la vie de famille et les travaux domestiques. La femme de notre pays est considérée pourtant comme l’une des plus émancipées du monde islamique et de la région d’Asie du Sud. Cette situation pourrait être renforcée par des efforts concertés visant la création d’emplois productifs, notamment dans les atolls.

Les Maldives ont un taux d’alphabétisation de 98% mais nous savons qu’il nous faut encore développer des efforts dans les atolls éloignés. La Ministre a également fait valoir la parité entre les sexes à l’école tout en attirant l’attention sur le fait qu’aux niveaux tertiaire et secondaire, le taux de fréquentation des filles est plus faible. Des progrès ont été réalisés dans le domaine de la santé où le taux de mortalité maternelle est tombé à 158 au lieu de 201 pour 100 000 naissances. En revanche, le nombre élevé de divorces et des mariages polygames est une source de préoccupation tout comme l’est la violence à l’égard des femmes. Cette situation est d’autant plus inquiétante qu’il est difficile d’évaluer l’impact de la violence domestique en raison de son manque de visibilité qui résulte des stigmates dont souffrent les victimes. La Ministre a également expliqué que les femmes ont désormais un plus grand accès à la vie politique et publique comme en atteste leur présence au Parlement. Une autre étape importante a été l’élaboration d’une loi sur la famille dont le Parlement discute actuellement. Ce projet de loi vise l’amélioration de la condition de la femme, en particulier au sein de la famille et dans l’esprit de l’Islam. Le manque de ressources et de personnel qualifié constitue néanmoins un obstacle majeur à cette initiative. Des réformes constitutionnelles ont également consacré l‘égalité des droits. Désormais, tout enfant né d’une femme maldive acquiert automatiquement la nationalité de sa mère. Beaucoup reste à faire, a souligné la Ministre qui a insisté sur l’importance de modifier les perceptions que l’on a des rôles de la femme et des hommes comme condition préalable à tout progrès.

Mme ALBA TEJADA DE ROLLA, Ministre de la jeunesse, des femmes, de l’enfance et de la famille du Panama, a déclaré que son pays a réuni les conditions requises pour intégrer la parité entre les sexes. La récente élection à la Présidence de la République de Mme Mireya Moscoso témoigne des avancées ayant cours au Panama. Elle a fait mention des mesures prises pour la mise en oeuvre du Programme de Beijing, expliquant notamment la mise en place d’un cadre juridique visant la promotion de la femme, comprenant entre autres la Loi sur l’interdiction de la violence domestique, le harcèlement sexuel sur le lieu de travail et des mesures pour les mères adolescentes. Elle a également mentionné la Loi sur l’égalité des chances pour les femmes, les dispositions relatives à l’accès à la sécurité sociale des femmes qui se consacrent à leur famille, et l’élimination des dispositions sexistes dans les manuels scolaires. La Ministre a indiqué qu’à travers la Convention interaméricaine de Belem Do Para, le Panama a fait sien l'engagement de lutter contre la violence domestique et les mauvais traitements infligés aux femmes. Des campagnes de sensibilisation sont ainsi menées et les programmes d’assistance aux victimes ont été renforcés.

En matière de santé, des mesures ont été prises pour améliorer l’accès aux soins. Concernant la promotion économique des femmes, la Ministre a fait le constat de l’augmentation du nombre de postes de haut niveau occupés actuellement par des femmes, notamment la Présidence de la République, la Présidence de la Cour suprême et de l’Assemblée législative. Elle a indiqué que des mesures ont encouragé la participation des femmes aux processus électoraux et que la représentation des femmes a aussi progressé dans le secteur privé. Elle s’est félicitée de la création du Ministère dont elle détient le budget et estimé que c’est une avancée dans la nécessaire institutionnalisation de la perspective de la parité. Elle a ajouté que la formation scolaire, technique et autre des femmes ne cesse d'avancer grâce notamment au Programme d’égalité des chances. Tous les obstacles n’ont pas été abattus, notamment en matière de pauvreté et de droits des fillettes. Le Panama se concentre désormais sur ces carences et sur l'élimination des préjugés culturels. Il convient en effet d’assurer une participation des femmes plus importante dans toutes les sphères de la société. Enfin, le Panama signera, ce jour à 15 heures, le Protocole facultatif de la Convention des Nations Unies sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes.

Mme MATHABISO LEPONO, Ministre de l’environnement, de la parité et de la jeunesse du Lesotho, s’associant à la déclaration faite par le groupe des 77 et la Chine, a estimé qu’il est de la responsabilité de la communauté internationale d’envisager de plus amples actions et initiatives pour accélérer la mise en oeuvre du Programme d’action de Beijing. En 1998, le Gouvernement du Lesotho a créé le Ministère de l’environnement, de la parité et de la jeunesse et a entrepris de mettre en place des mécanismes pour améliorer la situation des femmes. Le Ministère de la justice, des droits humains et de la réhabilitation a par exemple travaillé avec des ONG et des institutions des Nations Unies pour disséminer des informations sur les droits des femmes et des enfants notamment par le biais de pièces de théâtre traitant de la violence domestique, du viol et de l’inceste. Créée en 1993, la Commission de réforme de la justice a notamment rédigé une loi visant à abolir le pouvoir marital du mari sur la personne et la propriété de sa femme.

La représentante a expliqué les mesures prises par son pays pour lutter contre la pauvreté, pour dispenser des soins de santé à chaque membre de la population, pour diminuer la mortalité infantile notamment par des programmes d’immunisation ou d’accès à l’eau potable et aux installations sanitaires et pour examiner les questions de santé reproductive. Constituant 51% de la population et, en général, plus éduquées, les femmes continuent néanmoins d’être marginalisées étant faiblement représentées aux postes de haute responsabilité bien qu’elles aient réalisé des progrès depuis l’instauration de la démocratie au Lesotho, en 1993. Mme Lepono a également abordé la question de la violence à l’égard des femmes, notamment la violence au sein de la famille, l’inceste, le viol qui a récemment augmenté de manière alarmante dans son pays. Le Lesotho a lancé un plan pour l’éducation primaire gratuite à partir de janvier 2000. La représentante a enfin réaffirmé l’engagement de son pays envers l’application du Programme d’action de Beijing, déclarant en particulier la volonté du son gouvernement d’accélérer l’examen et l’abrogation des lois discriminatoires envers les femmes.

Mme NONIE H. MATTIEU, Ministre de la condition féminine et des droits de la femme d’Haïti, a expliqué que son pays s’est engagé dans une politique globale en faveur des femmes, consignée dans la Déclaration du 26 mai 1996. Un comité interministériel a été créé dans la perspective de coordonner les actions relatives à la condition de la femme. Un Plan d’action national a été élaboré et il s’articule autour de trois grands axes d’intervention suivants: la lutte contre la pauvreté et la promotion de l’autonomie de la femme, des actions normatives et juridico-légales et des activités de plaidoyer et de sensibilisation. Pour ce qui est de la lutte contre la pauvreté, la Ministre a expliqué que les progrès se poursuivent malgré la pratique traditionnelle selon laquelle la place des femmes et des filles est à la maison où elles s’adonnent aux travaux domestiques tandis que les garçons sont naturellement destinés à poursuivre des études. Sous l’égide du Ministère de la condition féminine, nous venons de créer la Commission nationale sur l’éducation des filles qui est chargée de mener des enquêtes sur les discriminations en milieu scolaire. Sur le plan économique, le Gouvernement et les institutions ont encouragé une politique du microcrédit en faveur des femmes et notamment des femmes paysannes. Environ 3 000 femmes bénéficient de cette expérience pilote. D’ici cinq ans, le Gouvernement compte atteindre un million de femmes. Dans le domaine de la santé, a expliqué la Ministre, les institutions concernées ont encouragé l’accès des femmes aux services d’information en planification familiale. Soixante-deux pour cent des femmes ont manifesté leur volonté de planifier leur grossesse. Un programme d’éducation sanitaire, qui englobe la santé reproductive, la prévention du VIH/sida et la sensibilisation aux infections sexuellement transmissibles, a été lancé.

Sur le plan normatif, la Ministre a expliqué que des études approfondies ont été menées pour apporter les corrections nécessaires à la législation haïtienne. Elle a évoqué l’avant-projet de loi sur le viol et les abus sexuels, l’avant- projet de loi sur la violence domestique et l’avant-projet de loi sur la paternité responsable ainsi que des amendements aux articles discriminatoires du Code pénal relatifs à l’adultère. Pour ce qui est du volet de plaidoyer et de sensibilisation, des campagnes ont été menées sur les thèmes principaux de la violence contre les femmes, ou encore l’égalité entre les sexes. Cette initiative est d’autant plus importante qu’elle s’attaque aux préjugés et tabous qui pèsent sur l’émancipation des femmes. Ces préjugés sont d’autant plus difficiles à extirper de notre société que ces distorsions psychologiques et mentales s’ancrent dans nos us et coutumes. La Ministre a reconnu que son pays n’a pas été en mesure de réaliser l’ensemble des actions prévues en raison du contexte socioéconomique difficile et de la crise politique que connaît le pays.

Mme RAMATOU BABA-MOUSSA, Ministre de la protection sociale et de la famille du Bénin, a fait état des actions prises pour concrétiser l’engagement pris à Beijing. Elle a notamment cité la création, en 1996, de la direction de la condition féminine, devenue, en 1998, Ministère de la Protection sociale et de la famille, l’adoption, en mai 1996, de la déclaration de politique de population, et de stratégies de développement du secteur environnemental pour la période 1997- 2002. Elle a fait mention de la progression sensible du statut juridique et social de la femme en indiquant, en particulier, les adoptions prochaines des projets de lois relatifs à l’interruption volontaire de grossesse, aux mutilations génitales féminines et au Code de la personne et de la famille. Elle a indiqué qu’en matière d’éducation, des progrès ont été enregistrés, en particulier en ce qui concerne la scolarisation des filles et l’alphabétisation des femmes. Elle a indiqué que l’obstacle majeur que rencontrent les femmes, notamment en matière d’alphabétisation, est la pauvreté. Elle a indiqué que dans le domaine de la santé, notamment dans le domaine de la santé reproductive, des projets de maternité à moindres risques, un projet intégré de santé de la reproduction pour la jeunesse, et de lutte contre le sida, ont été mis en oeuvre. Dans le domaine de la protection des enfants, les fillettes ont bénéficié d’une attention particulière, notamment pour leur faciliter l’accès aux soins, la protection contre les maladies, et la lutte contre la pratique des mutilations génitales féminines. Le trafic d’enfants est de même combattu par le Gouvernement et toute la population. A cette fin, une ligne téléphonique pour la dénonciation des violations des droits de l’enfant a été mise en place. Elle a toutefois indiqué qu’il reste encore beaucoup à faire pour l’avènement d’une enfance réellement heureuse et que le Bénin compte sur toute la communauté internationale pour l’aider à édifier un Observatoire dans le pays afin de pouvoir éradiquer le fléau du trafic d’enfants. Malgré des mesures visant la promotion économique des femmes, notamment l’accès au microcrédit, des obstacles, au nombre desquels on compte l’analphabétisme, les charges familiales trop lourdes, la faible rentabilité des activités économiques, l’absence de débouchés commerciaux et le manque de formation, empêchent le recul de la pauvreté et de la misère. Le poids de la dette extérieure représente également un obstacle à la mise en oeuvre efficiente d’une politique réelle de promotion économique de la femme. Elle a fait mention des activités de plusieurs structures étatiques et des ONG pour la mobilisation sociale et la sensibilisation afin de mieux lutter contre les pratiques rétrogrades à l’égard des femmes. Elle a notamment cité l’ouverture, avec l’assistance du Haut Commissariat aux réfugiés, d’un centre d’accueil à Koompasse. Des progrès sont encore à réaliser en matière de participation des femmes au processus de prise de décision qui rencontre des résistances dues pour l’essentiel aux entraves des moeurs et coutumes. Il est également impérieux de renforcer les acquis sur le plan de l’information et de la communication, en matière de santé, de promotion de la paix et de préservation de la paix, c’est ainsi que le Gouvernement du Bénin oeuvre pour se doter d’un Plan d’action national pour la période 2000-2004.

Mme HAWA AHMED YOUSSOUF, Ministre déléguée chargée de la promotion de la femme, du bien-être familial et des affaires sociales de Djibouti, a indiqué que pour la première fois dans l’histoire de son pays, le Président de la République a créé un Ministère délégué auprès du Premier Ministre chargé de la Promotion de la femme, du bien-être familial et des affaires sociales. Par ailleurs, compte tenu de l’aspect multisectoriel des problèmes à résoudre et de la nécessité de coordonner les interventions des différents départements techniques concernés, un comité technique chargé d’élaborer la stratégie nationale et le plan d’action a été institué. En matière de promotion de la femme, la politique du gouvernement a consisté à généraliser la scolarisation des filles, à favoriser l’alphabétisation des femmes, à promouvoir sa participation effective aux affaires publiques et à encourager l’accès de la femme aux ressources économiques. Le nouveau code pénal djiboutien a intégré des dispositions relatives à la violence conjugale, aux mutilations génitales, sexuelles et au viol qui est désormais classé comme un crime. La femme djiboutienne a fait son entrée au gouvernement, au niveau des postes supérieurs de décision de l’administration, des établissements publics et du secteur privé. La Ministre a indiqué que son gouvernement a retenu l’amélioration de la situation de la femme comme une des priorités de sa politique de développement. Djibouti a non seulement créé des structures d’accueil aidant les femmes à mieux gérer leur maternité, à accoucher dans de bonnes conditions, à lutter contre le sida et toutes les autres maladies mais aussi fait des efforts pour faire connaître les créations et les talents des Djiboutiennes. En ce qui concerne la participation des femmes à la vie politique, la Ministre a noté une percée remarquable dans le Comité central et dans les instances de réflexion des partis politiques. Les femmes doivent cesser d’être considérées comme les destinatrices plus ou moins passives des décisions prises pour devenir des actrices à part entière de la vie politique, économique et sociale, a déclaré la Ministre. Les Djiboutiennes aident également leurs consoeurs de Somalie et mettent à leur disposition tous les moyens nécessaires pour rétablir la paix dans leur pays. Toutefois, tous ces programmes en faveur des femmes et l’exécution du Programme d’action de Beijing, a souligné Mme Youssouf, nécessitent des moyens importants qui sont en général hors de portée des pays africains, particulièrement en cette période de crise et d’ajustement structurel. M. ERNEST PETRIC (Slovénie) présentant les progrès réalisés par son pays depuis l’adoption du Programme d’action de Beijing, a insisté sur les avancées dans le domaine juridique et a signalé la mise en place prochaine de mécanismes de répression destinés à garantir le respect de l’égalité entre les hommes et les femmes. En ce qui concerne la participation de la femme à l’économie, il a expliqué que son Gouvernement envisageait de prendre des mesures pour aider ces dernières à concilier leur vie professionnelle et familiale. Il a souligné que la plupart des actions engagées par son Gouvernement ont été menées à bien grâce à des partenariats avec les organisations non gouvernementales. La participation active de la société civile et le renforcement de la coopération avec les organisations de femmes sont des éléments clés qui ont permis de mettre en pratique les engagements pris au niveau international.

Selon M. Petric, la faible participation des femmes à la politique demeure l’un des obstacles les plus visibles à l’émancipation de la femme en Slovénie. Pourtant, a-t-il poursuivi, il est indispensable que leur expérience soit mise à profit, que leur sagesse et leurs talents soient reconnus et qu’ils occupent la place qui leur revient. Si ces conditions ne sont pas remplies, les objectifs d’égalité, de paix et de développement resteront vains. Le représentant s’est félicité du chemin parcouru depuis la Première Conférence mondiale sur les femmes qui s’était tenue à Mexico en 1975 et a émis l’espoir que cette session extraordinaire aiderait à définir la marche à suivre à l’avenir.

Mme ALBA OSORES DE LANZA, Envoyée spéciale du Président de l’Uruguay, a indiqué que son pays a adopté depuis longtemps une législation innovatrice pour la promotion des droits de la femmes. Toutefois ces dispositions n’ont pas abouti à un processus réel d’égalité entre les sexes, a-t-elle regretté. En effet des différences demeurent notamment dans le domaine du travail et de l’accession aux postes de direction. Malgré le fait que la pauvreté est passée, en Urugay, de 6% à 1% de la population, la féminisation de la pauvreté, qui touche avant tout les femmes chefs de foyer avec des enfants à charge, est un sujet d’inquiétude. Ayant approuvé le Programme d’action de Beijing, l’Uruguay a connu des avancées importantes notamment dans le domaine de l’éducation. Signalant qu’un pourcent seulement des femmes n’ont pas de couverture sociale, la représentante a expliqué que son pays offre néanmoins une aide financière aux femmes enceintes quelle que soit leur situation sociale. De plus, une Commission consultative étudie les problèmes de santé reproductive, le taux de mortalité maternelle a pu être ainsi réduit et l’ésperance de vie des femmes est aujourd’hui de 78 ans en moyenne.

Mme De Lanza a déploré que persiste, en Urugauy, la violence à l’égard des femmes. Conscient de ce fait, le Gouvernement a mené des actions pour redresser cette situation et la violence domestique a été ajoutée au Code pénal. Des programmes de sensibilisation publique et d’assistance ont aussi été mis en oeuvre. L’Uruguay est convaincu qu’il ne peut y avoir de justice et de paix durable dans le monde, a déclaré la Représentante, tant qu’il n’y aura pas d’égalité de traitement entre les hommes et les femmes. Dans ce contexte, les politiques d’ajustement économique devraient prévoir que les institutions incorporent le concept de droit au développement à leurs stratégies en tenant compte de la parité entre les hommes et les femmes. La représentante a rappelé que son pays a été l’auteur d’une résolution de la Commission des droits de l’homme intitulée “Élimination de la violence contre la femme” et a signé la Protocole facultatif à la Convention pour l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes. Seule l’obtention de la parité entre les hommes et les femmes dans tous les pays indiquera que nous avons atteint notre objectif, a estimé Mme De Lanza. Mme LUUL GEBREAB, Présidente de l’Union nationale des femmes érythréennes, a expliqué que le Plan d’action national a donné la priorité à l’éducation, la formation, les soins de santé, l’éradication de la pauvreté, les droits de l’homme et la protection de la fille. L’Union nationale des femmes érythréennes (NUEW) a engagé des dialogues aux niveaux local et régional pour amener un consensus sur les questions ayant trait aux pratiques discriminatoires à l’égard des femmes et pour modifier les institutions du pays de façon à ce qu’elles répondent aux demandes des femmes et des enfants. Elle a toutefois estimé qu’il ne suffit pas d’affirmer l’égalité juridique des femmes, ni de mener des batailles quotidiennes contre les violences physiques et psychologiques infligées aux fillettes. Il faut que le Gouvernement manifeste la volonté politique d’émanciper les femmes. Il faut également dégager des ressources économiques pour permettre aux femmes d’occuper la place qui leur revient et instaurer une culture d’égalité et de justice sociale pour que les générations futures renouvellent leur engagement pour l’égalité des femmes. Il faut en outre instaurer la paix et la stabilité pour que les questions relatives aux femmes puissent être abordées à tous les niveaux du Gouvernement.

La guerre qui sévit actuellement entre l’Erythrée et l’Ethiopie a sapé l’espoir de faire progresser rapidement la situation des femmes et des enfants d’Erythrée, a-t-elle poursuivi. La fin de la guerre froide a été à la fois porteuse d’espoir, grâce à la reconnaissance du droit des peuples à l’autodétermination, et de déceptions causées par les actions génocidaires entreprises à l’encontre de ceux qui cherchaient à en faire l’exercice, a-t-elle déclaré en précisant que les femmes et les enfants souffraient particulièrement de ces crimes. Elle a exprimé son angoisse devant la guerre qui se poursuit entre l’Erythrée et l’Ethiopie sans aucune intervention des acteurs internationaux, entraînant la montée de la violence contre les civils, et particulièrement les femmes et les enfants. En dépit du retrait, en mai 2000, des forces éryhtréennes des territoires contestés, la conduite des soldats éthiopiens dans les zones occupées laisse présager que les femmes et les enfants sont en danger. En conclusion, Mme Gebreab a tenu à rappeler que le silence de la communauté internationale face aux crimes commis contre les femmes et les enfants ou contre la souveraineté des petits Etats sont porteurs d’instabilité et de destruction. En tant que femme du XXIè siècle ayant la possibilité de se faire entendre, elle a souligné que la complaisance et la fausse neutralité de la communauté internationale ne sauraient se substituer à une position morale et juste.

Mme JOAN MUSA, Envoyée spéciale, représentante du Premier Ministre de Belize, a indiqué qu’il y a eu beaucoup de progrès en matière de promotion de la femme dans son pays. Elle a notamment cité l’adoption d’un Agenda de la femme, partie d’un manifeste électoral, visant à promouvoir la responsabilisation économique et le renforcement du statut juridique des femmes. Rappelant qu’au Bélize, un tiers de la population est pauvre, elle a indiqué qu’il convient de prendre en compte les changements rapides de l’économie mondiale qui sont sans merci pour les pauvres. Elle a ajouté que pour responsabiliser la femme, il faut commencer par la fillette, qui doit bénéficier des soins et des appuis appropriés pour devenir une femme épanouie. Elle a également déclaré qu’il faut voir le problème de la violence à l’égard des femmes de façon multisectorielle en appréhendant le problème de la violence familiale dans son ensemble. A cette fin, elle a indiqué que des programmes de formation de la police à ces questions ont été mis en place. Dans le domaine de l’éducation, beaucoup de programmes de formation ont été mis à la disposition des femmes, en plus du système primaire, secondaire, et universitaire pour lesquels l’égalité d’accès est garantie.

Dans le domaine de la santé, les infrastructures de soins de santé ont été élargies et des protocoles ont été mis en place pour la protection de la santé, notamment la lutte conte le sida. Pour l’épanouissement économique de la femme, le Gouvernement s’est attaché à établir des programmes de microcrédit et de formation pour les femmes. Il convient néanmoins de faire plus afin que les femmes participent plus largement à toutes les sphères d’activités de la société. Indiquant que les pays en développement n'ont pas les moyens d'y parvenir seuls, la représentante a lancé un appel aux partenaires de la communauté internationale leur demandant d'appuyer le développement durable.

Mme SALMA ABDULJABBAR, Conseillère, Congrès général du peuple de la Jamahiriya arabe libyenne, a estimé qu’en renouvelant les engagements pris en adoptant le Programme d’action de Beijing et les stratégies prospectives d’action de Nairobi, il fallait aussi s’efforcer de dégager les ressources nécessaires à la réalisation de ces objectifs. Tout en se félicitant des actions engagées par l’ONU pour renforcer les capacités économiques des femmes, elle s’est déclarée d’avis que l’Organisation devrait multiplier ses efforts en vue de soutenir les initiatives nationales visant à la pleine réalisation des 12 domaines critiques identifiés à Beijing.

Elle a expliqué les progrès de son pays depuis Beijing en insistant sur l’adoption par le Congrès général du peuple d’une Charte des droits et obligations des femmes dans la société libyenne. Elle a indiqué que les femmes participent pleinement à la vie politique du pays, occupant des postes aussi bien au parlement qu’au gouvernement. Les femmes libyennes se sont également distinguées dans l’armée, l’administration de la justice, la diplomatie et le monde des affaires. Elles ont en outre le droit de voyager librement et de représenter leur pays dans les conférences internationales. Elle a observé que l’action de son Gouvernement dans le domaine des services de santé avait permis de réduire les taux de mortalité maternelle et infantile. En conclusion, elle a regretté qu’en dépit des progrès considérables accomplis par son Gouvernement, son pays souffre encore des conséquences de la colonisation et de l’ignorance qui en découle, ainsi que des conséquences des sanctions unilatérales qui lui ont été injustement imposées par une super-puissance pendant plus de deux décennies.

M. MOVSES ABELIAN (Arménie) a déclaré que la mondialisation posait de nouveaux défis aux droits économiues et sociaux des femmes. Les inégalités entre hommes et femmes rendent dans ce domaine les femmes très vulnérables et exacerbent encore plus les difficultés qu’elles ont à participer à la vie publique et aux activités politiques. La législation arménienne garantit des droits égaux aux personnes des deux sexes, et une réforme drastique ne s’y impose pas, a estimé le représentant. Le véritable défi qui se pose est celui du changement des mentalités, de façon à amener les hommes et les femmes à réaliser que la place de la femme dans la société ne se limite pas seulement au rôle qu’elle tient au foyer. Les “principes de base” du Plan d’action pour l’amélioration de la situation des femmes en Arménie pour la période 1998-2000 élaboré par notre Gouvernement, visent une large participation des femmes à tous les niveaux de prise de décisions. Ce plan vise aussi à fournir une assistance aux femmes victimes de la violence, à développer des réseaux sociaux en faveur des adolescentes, à élaborer des propositions destinées à lutter contre le chômage des femmes, et à créer de meilleures conditions de travail pour elles. Cependant, malgré les mesures prises, et malgré le cadre juridique existant, la situation en Arménie est loin d’être parfaite, a dit M. Abelian. Comme dans beaucoup de pays,

le fossé reste énorme entre les textes et la réalité. Ce fossé s’est encore élargi avec la transition vers l’économie de marché. Les femmes sont sous- représentées au Parlement, et le nouveau Gouvernement n’en comprend aucune, ce qui est grave dans un pays où elles ont le droit de vote depuis 1918.

Il est désormais bien établi que les femmes sont plus vulnérables aux conséquences négatives des crises économiques, des guerres ou des catastrophes naturelles. Le conflit armé du Nagorny-Karabakh a entraîné le déplacement de 400 000 réfugiés, dont un grand nombre de femmes et d’enfants, vers l’Arménie. Les femmes réfugiées et celles vivant dans des zones ayant connu des catatrophes naturelles, notamment des tremblements de terre, doivent faire face aux difficultés de la survie quotidienne et aux autres problèmes de la famille, souvent dans des conditions d’habitat précaires, sans approvisionnement en eau et en énergie. Le Gouvernement a lancé un certain nombre de programmes pour aider les réfugiés des zones sinistrées, mais les moyens dont il dispose sont très insuffisants, et l’Arménie compte sur l’aide des organisations internationales et des pays amis.

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