AG/EF/295

L'APD DOIT VENIR EN COMPLEMENT DES RESSOURCES NATIONALES ET DES INVESTISSEMENTS DIRECTS ETRANGERS POUR LE FINANCEMENT DU DEVELOPPEMENT

15 novembre 1999


Communiqué de Presse
AG/EF/295


L'APD DOIT VENIR EN COMPLEMENT DES RESSOURCES NATIONALES ET DES INVESTISSEMENTS DIRECTS ETRANGERS POUR LE FINANCEMENT DU DEVELOPPEMENT

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La volatilité des flux de capitaux et le fardeau de la dette ont été cités parmi les obstacles à la planification du financement

La question du financement du développement, y compris le transfert net entre pays en développement et pays développés a fait l'objet du débat que la Commission économique et financière (Deuxième Commission) a tenu, ce matin, en se fondant sur le rapport du Secrétaire général relatif à l'impact de la crise financière sur la croissance et le développement. L'Aide publique au développement (APD), les revenus nationaux et les institutions financières internationales ainsi que le secteur privé ont été cités comme les principales sources de financement du développement. Les appels à une implication plus renforcée du secteur privé et à un accroissement des investissements directs étrangers dans le financement du développement ont été plus nuancés, étant donné que la crise financière de 1997 et de 1998 a montré la volatilité des capitaux de ce secteur et la vulnérabilité des pays en développement et des pays à économie en transition à cette volatilité. Le secteur privé ne peut assumer son rôle dans le financement du développement en l'absence de mesures de régulation et de transparence, aux niveaux national et international, qui permettraient de réduire le risque de volatilité des transferts des capitaux privés. Le rôle des institutions internationales n'a pas été remis en question, néanmoins des appels ont été lancés pour que les cadres macroéconomiques auxquels est assujettie leur aide financière tiennent davantage compte des spécificités de chaque pays concerné. La question de la mobilisation des revenus nationaux aux fins du financement du développement a été liée à la résolution des questions de l'accès aux marchés et à celle de l'allégement de la dette extérieure. Sur ce dernier point, les transferts négatifs de capitaux des pays en développement vers les pays développés ont été chiffrés à 68 milliards de dollars par an au cours de la décennie écoulée, ce qui a fait dire aux délégations qu'en l'absence de mesures définitives d'allégement, voire d'annulation de la dette, les pays endettés ne pourraient pas sortir de la spirale des difficultés économiques. Ces faits conjugués à la chute de l'APD montrent, selon certaines délégations, le cercle vicieux dans lequel se trouvent enfermés les pays en développement.

(à suivre - 1a)

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Tout en reconnaissant la réalité de ces difficultés, d'autres délégations ont souligné les déficiences systémiques et institutionnelles des pays en développement empêchant le développement du secteur privé national, l'arrivée des investissements directs étrangers et la création d'une épargne domestique formelle, qui, selon ces délégations, doivent devenir les principales sources de financement du développement. Parmi ces déficiences, elles ont cité l'absence de cadre juridique, d'un système bancaire national regulé ou d'un environnement transparent et démocratique. Ces délégations ont reconnu la nécessité de respecter les engagements des pays développés de consacrer 0,7% de leur PNB à l'APD tout en soulignant que, dans l'environnement mondial actuel, elle ne peut que compléter les autres sources de financement de développement. Dans l'ensemble, les délégations ont estimé que la manifestation sur le financement du développement prévu en 2001, donne aux Nations Unies l'occasion de réunir les ministres des finances, les ministres des affaires étrangères et les institutions de Bretton Woods pour réaliser un consensus sur les principaux arrangements relatifs au financement du développement, y compris ses aspects techniques.

Les pays suivants ont pris la parole: Guyana (au nom du Groupe des 77 et la Chine); Finlande (au nom de l'Union européenne et des pays associés); Nouvelle-Zélande, Mali, Mexique (au nom du Groupe de Rio); Norvège, Fédération de Russie et Iran. Le Directeur de Division de l'analyse des politiques de développement du Département des affaires économiques et sociales a présenté le rapport du Secrétaire général. Le rapport de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED) a été présenté par un représentant de la CNUCED.

Auparavant, la Commission avait achevé son débat sur la question du commerce et du développement et a entendu les déclarations de l'ex-République yougoslave de Macédoine, de Sainte-Lucie, de l'Egypte, des Philippines et de l'Azerbaïdjan.

La prochaine réunion de la Commission sera annoncée dans le Journal.

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QUESTIONS DE POLITIQUE MACROECONOMIQUE

Commerce et développement

Débat

M. GORAN STEVCEVSKI (ex-République yougoslave de Macédoine) a indiqué que sa délégation était favorable au cycle de négociations de l'Organisation mondiale du commerce à Seattle. Nous pensons que la décision de la Conférence des Nations sur le commerce et le développement (CNUCED) de placer sa dixième session à Bangkok sous le signe d'un agenda commercial positif pour le monde en développement viendrait en complément des travaux de l'OMC. Notre pays partage le point de vue selon lequel ce n'est pas la dimension et la rapidité de l'intégration au niveau international qui comptent, mais plutôt la qualité de cette intégration des pays au système commercial multilatéral. Il est important que la CNUCED donne des repères de direction et une perspective collective et intégrée aux futures politiques mondiales de développement. Cette attitude nous donnerait des apports utiles dans la préparation du Sommet du Millénaire. Notre pays est enclavé et par conséquent, nous demandons à bénéficier de toutes les mesures qui seraient prises en faveur de ce groupe de pays. Sur cette question, nous partageons la position de la CNUCED, qui a recommandé que des mesures d'assistance technique soutenue soient prises en faveur des pays sans littoral et aux économies en transition. Nous lançons aussi un appel pour que les nations sortant d'un conflit reçoivent une attention particulière concernant leur reconstruction.

Mme SONIA R. LEONCE (Sainte-Lucie) a associé sa délégation à la déclaration du Groupe des 77 et la Chine sur le point de l'ordre du jour relatif au commerce et au développement. Notre pays accorde une grande importance aux questions commerciales qui occupent une place importante dans son économie. Des accords du genre de la Convention de Lomé sont indispensables à des petites économies comme les nôtres, toutefois, des tendances récentes ont remis en question ce genre d'accords préférentiels, et nous le regrettons. Sainte-Lucie pense que l'OMC devra être beaucoup plus sensible aux besoins et aux réalités des pays aux économies vulnérables, comme le nôtre. La croissance économique seule ne garantit pas la qualité du développement, et nous pensons que la dimension du développement, qui a été trop délaissée jusqu'ici, devra être davantage prise en considération dans toutes futures négociations économiques et commerciales. D'autre part, le comportement des sociétés transnationales n'est pas favorable ni juste envers nos pays, et nous demandons que des mesures internationales de régulation de leurs activités soient mises en place. Nous ne demandons pas la charité, mais nous voulons que soit reconnue une différenciation à l'accès aux marchés, qui nous permettra de tirer parti des conditions de la mondialisation au même titre que nos partenaires développés.

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Mme AMANY FAHMY (Egypte) a souligné deux aspects du commerce international, tout en particulier le caractère du mandat de la CNUCED qui lui permet d'examiner tous les aspects du développement liés au régime du commerce international. Le mandat de la CNUCED, a dit la représentante, est un mandat complet qui concerne toutes les ressources financières et humaines propres à aider notamment les pays en développement à se préparer aux négociations commerciales internationales. En deuxième lieu, la représentante a souligné le rôle de l'OMC pour dénoncer la tendance à confier à cet organisme des questions qui vont au-delà de son mandat. Elle a déploré la tendance à fusionner les trois conventions du commerce - OMC, FMI et CNUCED- qui contribue, en réalité, à une limitation des échanges puisque le resserrement des liens entre les institutions de Bretton Woods et l'OMC, se fait au détriment des capacités commerciales des pays en développement. La représentante a poursuivi en regrettant que le rapport de la CNUCED dont est saisie la Commission ne fait pas de recommandations précises sur la manière d'inverser les tendances actuelles du système commercial multilatéral et ses mécanismes tarifaires et non tarifaires de limitation du commerce mondial. La représentante a dénoncé la tendance à la confusion des mandats. Le mandat du Comité sur le développement durable et le mandat du PNUE sont différents, a-t- elle insisté, pour refuser l'idée de confier au PNUE l'examen des questions commerciales relatives notamment aux mesures sanitaires et phytosanitaires imposées dans le commerce mondial. La représentante a insisté sur la nécessité d'un examen approfondi de l'évolution du commerce agricole mondial et du respect des normes prévues par le Cycle d'Uruguay. Elle a invité la CNUCED à remplir son mandat en ce qui concerne le suivi des négociations de l'OMC.

M. LIBRAN N. CABACTULAN (Philippines) a déclaré que sa délégation s'associait à la déclaration du Groupe des 77 et la Chine, faite par le Guyana, et à celle des pays membres de l'Association des nations de l'Asie du Sud-Est, faite par la Thaïlande, ainsi qu'à celle des pays du Groupe de Cairns faite vendredi par l'Australie. Les Philippines insistent sur la continuation des réformes du système commercial international sur les produits agricoles, car c'est une des conditions essentielles de la croissance économique et de l'assurance de la sécurité alimentaire de la plupart des pays du monde. Nous soulignons la nécessité de mettre un véritable développement durable. Nous sommes contre toute distorsion du commerce international des produits agricoles due à des politiques nationales de subvention à la production et aux exportations, a poursuivi le délégué. Ces subventions doivent impérativement être éliminées, et les prochaines négociations commerciales de Seattle doivent permettre aux pays en développement de tirer pleinement bénéfice de leur travail agricole. Elles devraient aussi leur donner un traitement préférentiel et spécial sur la question.

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M. ASHRAF SHIKHALIYEV (Azerbaïdjan) a commenté le rapport du Secrétaire général sur la situation des pays en développement sans littoral. Le problème des pays sans littoral est leur éloignement des marchés, a dit le représentant avant de plaider pour que la communauté internationale attache l'importance requise à la situation de ce groupe de pays. Il a fait état des accords de coopération que son pays a signés pour faciliter son intégration dans l'économie mondiale et indiquer que l'Azerbaïdjan attache une grande importance à la réunion d'experts sur les pays sans littoral en développement et les problèmes de transport en transit.

Financement du développement, y compris le transfert net de ressources entre pays en développement et pays développés

Rapport du Secrétaire général sur la crise financière et son impact sur la croissance et le développement, en particulier dans les pays en développement (A/54/471)

Dans son rapport, le Secrétaire général consacre deux chapitres à la question des flux financiers et des transferts nets de ressources récents et aux progrès réalisés dans le renforcement des arrangements financiers internationaux. Dans le chapitre consacré aux principales orientations des interventions futures, le Secrétaire général explique d'abord qu'il y a eu certains flux financiers en retour, provenant des marchés naissants et un redressement des cours de la bourse. Une partie des pays en développement sont à nouveau éligibles pour obtenir des prêts internationaux à moyen terme, mais les conditions d'emprunt sont beaucoup plus strictes qu'avant la crise financière de 1997 et de 1998. La vulnérabilité excessive de nombreux acteurs sur les marchés a été réduite, dit le Secrétaire général en indiquant que de nombreux pays ont adopté de nouvelles politiques mais ont encore beaucoup à faire pour moderniser leurs cadres réglementaires et renforcer leurs marchés financiers de façon à améliorer la mobilisation des ressources financières nationales et étrangères et à les canaliser de façon plus efficace au profit d'investissements productifs. Le Secrétaire général donne ensuite son avis sur les priorités futures, à savoir adapter les réglementations financières aux systèmes financiers; parer à l'instabilité financière internationale; répondre aux besoins internationaux de financement pendant les crises; moduler plus précisément la teneur des programmes d'ajustement; et démocratiser la gouvernance du système financier international.

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Note du Secrétaire général transmettant la note de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED) concernant la crise financière et ses effets sur la croissance et le développement, en particulier dans les pays en développement (A/54/512 et Add.1)

Le rapport de la CNUCED est divisé en trois chapitres de fond consacrés aux tendances et perspectives du financement externe par les pays en développement, à l'instabilité et aux crises financières ainsi qu'aux mesures possibles. Dans ses conclusions, la CNUCED estime que les arrangements mis en place au niveau mondial pour prévenir et gérer l'instabilité et les crises financières devraient comprendre des améliorations en ce qui concerne la publication d'informations et la transparence, de la part des organismes publics comme des entités privées; le contrôle effectif des politiques macro-économiques et financières nationales; des règles arrêtées au niveau mondial mais appliquées au niveau national pour contrôler les flux de capitaux en surveillant les prêteurs et emprunteurs internationaux; un prêteur international de dernier recours ayant le pouvoir de créer ses propres liquidités; et des procédures de renégociations de la dette au niveau international. Pour la CNUCED, les pays en développement auraient tout à gagner d'une approche plus souple conjuguant le contrôle national des flux des capitaux et des arrangements internationaux concernant le gel de la dette et les prêts aux pays dont les prêts sont classés improductifs. En particulier, leur autonomie pour ce qui est de la gestion des flux de capitaux et du choix des régimes relatifs aux opérations en capital ne devrait pas se trouver entravée par des accords internationaux sur la convertibilité des transactions en capital, les investissements internationaux ou les échanges de services financiers.

Déclarations liminaires

M. IAN KINNIBURGH, Directeur de la division de l'analyse des politiques de développement du Département des affaires économiques et sociales, a présenté le rapport du Secrétaire général sur la crise financière et son impact sur la croissance et le développement, en particulier dans les pays en développement. Il a indiqué que la crise financière de 1997 et de 1998 a souligné l'instabilité inhérente des flux des capitaux, la faiblesse du système financier international et la vulnérabilité des pays en développement et des pays à économie en transition à la volatilité financière. Les pays aux systèmes financiers fragiles n'ont pas pu supporter les crises financières et ont enregistré un déclin réel des acquis et la propagation de la souffrance humaine. A cause du phénomène de contagion des crises nationales, même les systèmes financiers des pays développés sont devenus vulnérables. A la lumière de cette situation, la communauté internationale a reconnu, outre la nécessité de renforcer les systèmes financiers nationaux, celle d'améliorer la gestion de système financier international, en mettant un accent particulier

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sur la volatilité des flux de capitaux. De même, on a pu constater des changements dans la perception de la volatilité financière internationale et de ses ramifications qui ont mis au défi les points de vue traditionnels sur les politiques macro-économiques et financières. Partant, un accord a été réalisé sur la nécessité d'un certain nombre de réformes internationales qui auparavant étaient inacceptables pour certains. Ainsi, des progrès ont été réalisés, aux niveau national et international, pour améliorer les flux d'information économique. C'est dans ce cadre, que le FMI a renforcé sa banque de données et qu'il a décidé de rendre public les résultats de ses consultations avec les pays membres concernant leur situation économique et financière. En ce qui concerne le renforcement de la réglementation et le contrôle financiers, des normes internationales ont été mises à jour et élargies, ce qui devrait améliorer l'identification précoce des crises et renforcer la confiance de l'investisseur. Ces mesures ne suffiront toutefois pas à éliminer l'impact des crises, a estimé M. Kinniburgh.

Il a observé une meilleure compréhension des relations entre la libéralisation des comptes courants de capitaux et l'instabilité du secteur financier des pays. Les avocats de la libéralisation ont mis un bémol à leur plaidoyer et les mérites des mesures régulatrices fondées sur le marché sont aujourd'hui plus nuancés. En outre, l'établissement de nouveaux mécanismes financiers au sein du FMI comme les lignes de crédit ou les nouveaux arrangements relatifs aux prêts ont accru la disponibilité des ressources financières internationales pour prévenir et régler les crises. Le FMI a, en outre, décidé d'envisager la fourniture d'une assistance aux pays en crise en butte à leurs créanciers. Le FMI peut aujourd'hui prêter aux pays qui ont des arriérés auprès des créanciers privés, à condition que le pays concerné mette en oeuvre des politiques saines et déploie des efforts de bonne foi pour négocier avec les créanciers.

Les récentes crises ont conduit à un large consensus sur la nécessité de rendre les politiques d'ajustement plus conformes aux circonstances spécifiques des pays. Ainsi, l'impact de ces politiques sur les segments les plus vulnérables des populations des pays en crise a donné un élan à l'établissement d'un filet de sécurité sociale dans les pays en développement et les pays à économie en transition. Les turbulences financières ont également donné lieu au renforcement du dialogue et de la collaboration au sein de la communauté internationale. Les efforts déployés pour renforcer le système financier international ont ainsi inclus des consultations entre les principales économies industrielles et certaines autres économies. Il y a eu une plus grande collaboration entre les institutions internationales ainsi qu'une multiplication de discussions intergouvernementales comme celles entre le FMI, la Banque mondiale et le Conseil économique et social.

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En dépit des progrès réalisés, il y a de nombreuses questions qui n'ont pas encore reçu l'aval de la communauté internationale. Il s'agit d'abord, selon le représentant du Département des affaires économiques et sociales, d'achever la réforme de l'architecture financière internationale. Il doit s'agir ensuite de laisser aux décideurs nationaux une plus grande autonomie dans la gestion de leurs paiements extérieures. Il faut, en plus, réaliser un partage plus équitable du fardeau entre débiteurs et créditeurs et entre secteur privé et secteur public dans la résolution de la question de la crise de la dette extérieure. Il faut aussi tracer de manière plus précise la frontière, qui s'est érodée, entre l'ajustement des balances de paiements et les stratégies de développement économique et social. Enfin, les pays en développement et les pays à économie en transition doivent être représentés, de manière appropriée, dans les processus de prises de décisions économiques, à l'échelle internationale, ou dans le processus de réforme de la nouvelle architecture financière internationale. A cet égard, la manifestation de haut niveau sur le financement du développement prévue en 2001, donne aux Nations Unies l'occasion unique de faire en sorte que les ministres des finances, les ministres des affaires étrangères, les institutions de Bretton Woods et les autres acteurs pertinents réalisent un consensus sur les principaux arrangements relatifs au financement du développement, y compris leurs aspects techniques. Il est important que la communauté internationale saisisse cette occasion, a conclu le représentant du Département des affaires économiques et sociales.

M. JAN KREGEL (Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement - CNUCED) a présenté le rapport du Secrétaire général sur la crise financière et son impact sur la croissance et le développement, en particulier dans les pays en développement. Il a déclaré que les transferts négatifs de capitaux des pays en développement vers les pays développés sont l'objet de la première partie du rapport, et l'instabilité des capitaux à court terme, exposent ces pays à des crises répétées. Il serait nécessaire pour remédier à cette situation, de mettre en place une surveillance des politiques macro et des mesures de transparence des transferts de capitaux, ce qui permettra de remédier à certaines distorsions du système financier actuellement en place.

M. GEORGE TALBOT (Guyana) a déclaré au nom du Groupe des 77 et la Chine que le rapport du Secrétaire général fait bien comprendre les impacts et les causes de la récente crise financière. Quand la Commission a examiné cette question pour la dernière fois la communauté internationale cherchait encore des remèdes à la crise qui affectait particulièrement les pays en développement, où elle a surtout touché les couches les plus défavorisées de la société en annulant les bénéfices de plusieurs décennies d'efforts de développement. Au cours de la décennie 90 les PVD ont transféré 63 milliards de dollars vers les pays riches et environ 56 milliards au cours des deux dernières années. Ces transferts venaient surtout des pays d'Asie. D'un

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autre coté les flux de capitaux d'investissements, aussi bien privés que publics, et l'APD étaient continuellement à la baisse. Les 77 et la Chine pensent que la réforme de l'architecture financière internationale telle qu'actuellement conçue ne résoudra pas les problèmes qui se posent. La résolution 53/172 de l'Assemblée visait la mise en place de conditions pouvant permettre l'atténuation des crises financières. Les 77 et la Chine pensent que la poursuite des questions institutionnelles demeurent importantes si l'on veut trouver des solutions durables et nous pensons qu'une attention plus soutenue devrait être accordée aux question touchant au développement dans la discussion de la réforme de l'architecture financière internationale. Nous espérons que les résultats de l'atelier qui s'est tenu au Mexique sur le financement du développement seront pris en compte dans les discussions à venir.

Mme MATTI KAARIAINEN (Finlande), au nom de l'Union européenne et des pays associés, a indiqué que la source la plus importante de financement du développement se trouve à l'intérieur des pays et est constituée des dépenses publiques, de l'épargne et des revenus internes. La mobilisation des ressources domestiques a donc un rôle clé à jouer dans la réalisation d'une croissance durable, essentielle à l'élimination de la pauvreté. L'Union européenne, a dit la représentante, souligne les rôles des diverses formes de financement du développement des mesures pour renforcer leur complémentarité. Ainsi, à la lumière de changements intervenus dans les modes de partenariats, l'Union européenne juge important de rechercher des sources novatrices de financement ainsi que des mécanismes susceptibles de renforcer l'implication du secteur privé dans les processus de développement durable. La représentante a poursuivi en lançant un appel aux donateurs pour qu'ils respectent leur engagement de consacrer 0,7% de leur PNB à l'Aide publique au développement (APD). Elle a tout de même estimé que l'APD doit être utilisée de manière plus efficace et doit être vue comme complémentaire aux autres sources de financement du développement et pas comme la source principale. Elle a ajouté que l'APD doit être dirigée vers les objectifs internationaux de développement. L'Union européenne, a encore dit la représentante, considère le secteur privé et les flux privés de capitaux dont les investissements directs étrangers comme des éléments essentiels de la croissance économique et du financement du développement. Elle a conclu sur la question de la crise de la dette extérieure pour dire se féliciter des espoirs nés en la matière de la récente réunion du Comité du développement de la Banque mondiale et du Comité intérimaire du Fonds monétaire internationale (FMI) qui ont discuté du financement de l'Initiative HIPC élargie en faveur des pays pauvres très lourdement endettés.

M. GRANT ROBERTSON (Nouvelle-Zélande) a déclaré que son pays continuera d'assurer le versement de son aide publique au développement en mettant l'accent sur les programmes de renforcement des ressources humaines et institutionnelles, qui constituent les bases d'un développement durable et soutenu. La Nouvelle-Zélande a, chaque année, augmenté le montant de son APD au cours de la décennie qui s'achève, et vise à atteindre les niveaux promis

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dans le cadre des conférences internationales sur cette question. Notre pays, a dit le délégué, pense que de nouvelles voies de financement des activités de développement, en particulier des voies de partenariats doivent être trouvées pour pallier aux faiblesses actuelles du système international. La chute du niveau de l'APD est une des premières questions à résoudre à cet égard, et les problèmes des pays les vulnérables, notamment les petits Etats insulaires doivent faire l'objet d'une attention particulière. Une approche coordonnée est à cet égard nécessaire à tous les niveaux de conceptions et de mise en oeuvre des politiques de développement.

M. MOHAMADOUN BAREMA BOCOUM (Mali) a cité au nombre des raisons expliquant l'absence de ressources nationales aux fins du développement la fluctuation des prix des produits de base et la question épineuse de la dette extérieure. Il a souligné, à cet égard, que les pays concernés sont confrontés au choix cornélien du remboursement du service de la dette et de la satisfaction des besoins sociaux de base. La situation actuelle de l'Afrique, a- t-il dit, fait apparaître qu'aucune économie ne peut prospérer dans un environnement économique si défavorable. Une solution positive à la question de la dette est prioritaire, comme l'a indiqué le rapport de la Commission économique pour l'Afrique (CEA) qui déclare que la dette de l'Afrique est essentiellement irrécouvrable. Dans ce contexte, le représentant a salué l'initiative du G7 à Cologne d'annuler 90% de la dette des pays pauvres très lourdement endettés, soit la somme de 15 milliards de dollars. Il a lancé un appel aux créditeurs pour qu'ils s'inspirent de la décision du Président américain d'annuler toute dette due aux Etats-Unis par les pays pauvres les plus endettés pour autant que les sommes dégagées soient investies dans les services sociaux de base. Le représentant a poursuivi en se félicitant de l'éligibilité de son pays à l'Initiative HIPC en notant toutefois qu'il est très vite apparu que cette Initiative est limitée dans sa portée, qu'elle comporte un nombre excessif de conditionnalités et qu'elle est beaucoup trop lente pour avoir un effet significatif. Le représentant a appuyé les recommandations du Secrétaire général tendant à annuler au moins 80% de toutes les autres dettes bilatérales publiques; à envisager l'annulation des dettes publiques bilatérales des pays sortant d'un conflit, victimes de catastrophes naturelles graves ou dont les indicateurs de développement social et humain sont très bas; à prendre des mesures pour faire augmenter l'APD, financer de nouveaux fonds d'aide pour le projets de développement social et humain; et adopter des procédures pour dégager des ressources d'allégement de la dette des pays pauvres lourdement endettés sans amputer les budgets ordinaires d'APD. Le représentant a plaidé pour la levée des barrières non tarifaires empêchant l'accès des produits des pays en développement au commerce mondial.

M. MAURICIO ESCANERO (Mexique) a déclaré au nom du Groupe de Rio que la résolution 53/172 sur les effets de la crise financière née en Asie sur les pays en développement représentait un accomplissement positif pour les travaux de la Deuxième Commission, à la fois par sa forme et son contenu. Sa portée politique a été, en quelque sorte, le résultat de la contribution de l'Assemblée et du Secrétaire général sur la question de la réforme de

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l'architecture financière internationale. Sur l'initiative du gouvernement mexicain et de la CEPAL, a eu lieu à Mexico les 5 et 6 septembre derniers, une réunion sur les questions financières internationales qui réunissait des représentants gouvernementaux et de délégués d'institutions financières internationales. Nous pensons que les résultats de cette rencontre peuvent faire l'objet d'un ordre du jour sur la réforme financière internationale au cours de rencontres à venir. Les pays d'Amérique latine et des Caraïbes ont contribué, par leurs actions, à la création d'un lien qui est devenu évident, entre le développement économique et le développement social. Les Nations Unies doivent jouer, sur cette question, un rôle essentiel pour la recherche de solutions, et la communauté internationale doit mettre en place les bases d'une stratégie d'alerte rapide contre l'éclatement des crises financières et la lutte contre leurs effets.

M. OLE PETER KOLBY (Norvège) a cité la question de la dette extérieure comme obstacle majeur au financement du développement. Il a toutefois indiqué qu'il ne faut pas perdre de vue les obstacles inhérents aux pays en développement eux-mêmes. Il a expliqué que nombre des gouvernements de ces pays n'ont pas le sentiment de posséder véritablement leurs programmes de développement. De plus, l'absence de cadres juridique et institutionnel adéquats pour le développement du secteur privé et l'investissement ainsi que le manque de volonté de renforcer les accords et les schémas de taxation sont notables dans plusieurs pays en développement. La corruption, a poursuivi le représentant, est un problème généralisé qui fait obstacle à l'investissement et aux initiatives des entrepreneurs. Cela signifie que le dynamisme du secteur privé est loin d'être exploité, ce qui conduit à une baisse des revenus publics et de la faculté de fournir les services de santé et d'éducation. Dans l'ensemble, cette situation implique, selon le représentant, des efforts sérieux et considérables tant de la part des pays en développement que des pays industrialisés. Des signes encourageants existent pourtant, a dit le représentant, en citant la croissance des investissements et de la croissance dans nombre de pays en développement et les changements observés dans les modalités de coopération qui mettent plus l'accent sur la nécessité d'une plus grande coordination et d'une coopération au développement plus large plutôt que centrée sur les projets. Le représentant s'est félicité que l'on reconnaisse de plus en plus la nécessité pour les pays en développement de prendre les commandes en matière de développement. Il s'est également félicité de l'engagement plus affirmé de lutter contre la corruption. La révision de l'Initiative HIPC et l'accent mis sur l'élimination de la pauvreté, au niveau international, sont aussi au nombre des questions dont il convient de se féliciter, a dit le représentant. Il a estimé que ces efforts doivent être accompagnés d'un plus large accès des pays en développement aux marchés mondiaux. Il a appelé les pays développés à réaliser que les subventions à l'exportation compromettent gravement la compétitivité des producteurs de ces pays et empêchent, par conséquent, la croissance et le développement.

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M. VLADISLAV I. FEDORTCHENKO (Fédération de Russie) a déclaré que les données récentes indiquent la chute continue des montants des transferts financiers privés vers les pays en développement depuis la crise financière des deux dernières années. Il y a un manque évident de ressources qui auraient pu relancer les activités commerciales des pays en développement ou en transition, pays qui auront encore longtemps besoin de ressources financières en provenance des institutions financières internationales qui devraient, de ce fait, élargir leur bases d'activités. La coopération entre l'ONU et ces institutions augmente les chances de trouver des réponses opérationnelles à ces questions importantes. La Fédération de Russie pense que cette collaboration internationale devrait viser à renforcer les capacités des pays en développement et en transition et pouvoir favoriser le développement de leur secteur privé, car le succès des initiatives nationales des pays est largement conditionné par le soutien que peut leur apporter la communauté internationale. Les enseignements tirés de la crise financière doivent amener à revoir les règles internationales, et les premières initiatives prises par le Fonds monétaire international (FMI) semblent, sur ce point, aller dans la bonne direction. Notre pays soutient donc les propositions faites en faveur de mesures de surveillance, de régulation et de transparence des activités financières et de transfert de capitaux.

M. SEYED MOHAMMAD REZA SADJADI (Iran) a souligné que la mise en oeuvre de politiques macro-économiques saines, à l'échelle nationale, associée à un environnement international favorable, peut contribuer sans aucun doute à la réalisation des objectifs internationaux en matière de développement. Pour lui, la réforme de l'architecture financière internationale menée avec la pleine participation des pays en développement peut constituer une contribution majeure à la stabilité du système financier international, nécessaire aux objectifs de développement. Le renforcement de la coordination et de la collaboration entre les systèmes financier, monétaire et commercial internationaux est une mesure importante pour la croissance et le développement tout comme une meilleure distribution des flux des capitaux et une intégration effective de tous les pays en développement à l'économie internationale. Il est également important, a dit le représentant, d'établir et de renforcer les accords de régulation et de contrôle des marchés financiers et des marchés de capitaux, en particulier du système bancaire et ce au niveaux national et international. Partant, la fourniture d'une assistance technique et le renforcement des capacités au niveau national dans les domaines du contrôle bancaire sont impératifs.

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