AG/EF/292

BEAUCOUP CRAIGNENT QUE LE NOMBRE DES PMA NE S'ACCROISSE FAUTE DE TENIR COMPTE DES PROBLEMES REVELES PAR LA MONDIALISATION

11 novembre 1999


Communiqué de Presse
AG/EF/292


BEAUCOUP CRAIGNENT QUE LE NOMBRE DES PMA NE S'ACCROISSE FAUTE DE TENIR COMPTE DES PROBLEMES REVELES PAR LA MONDIALISATION

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Depuis l'adoption en 1990 du Programme d'action en faveur des 42 pays les moins avancés (PMA), 6 autres pays en développement sont venus s'ajouter à cette catégorie. C'est le constat fait par de nombreuses délégations devant la Commission économique et financière (Deuxième Commission) au cours de son examen, cet après-midi, de la mise en oeuvre de ce Programme. Les délégations ont imputé cet échec au déclin de l'Aide publique au développement (APD), à la lenteur du processus de diversification de la production, à la chute inexorable des prix des produits de base, au fardeau de la dette, au manque d'accès au capital et à la technologie et encore à l'absence d'investissements directs étrangers. Ces facteurs, ont ajouté les délégations, ont été aggravés par la concurrence effrénée née de la mondialisation de l'économie et de la libéralisation du commerce qui ont presque réduit à néant les acquis des réformes et des programmes d'ajustement structurel réalisés par les PMA.

Les délégations attendent donc avec impatience la troisième Conférence des Nations Unies sur les PMA qui doit se tenir à Bruxelles en 2001, sous les auspices de l'Union européenne. Elles attendent en effet que cette Conférence s'attache à lever les ambiguïtés des mesures prévues dans les domaines du renforcement des capacités des PMA en matière d'infrastructures de production et d'institutions ainsi que dans ceux de la dette extérieure et de l'aide au développement.

Le Nigéria a, par exemple, fait observer que la baisse de l'APD fait que les gains potentiels des mesures d'allégement de la dette telles que l'HIPC seront en réalité orientés vers des secteurs qui auraient dû bénéficier de l'APD, ce qui renvoie à la case départ, et fait des projets de développement financés par la résorption de la dette de simples mirages. Il faut donc conclure qu'aucun secteur productif ne sera financé par ces mesures d'allégement ni, comme l'a souligné la Zambie, par les autres types d'assistance financière aux PMA puisque par nature, ils ne sont orientés que vers les secteurs sociaux.

(à suivre - 1a) - 1a - AG/EF/292 11 novembre 1999

Les délégations ont souhaité que la Conférence sur les PMA tienne compte des résultats de la dixième session de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED X) mais surtout du nouveau cycle de négociations de l'Organisation mondiale du commerce (OMC). Elles ont demandé qu'il soit tenu compte de leurs préoccupations concernant l'accès aux marchés, le respect du principe de traitement spécial et différencié, la stabilisation des cours des produits de base et la transparence dans la prise de décisions. A cet égard, les Maldives ont dénoncé les critères utilisés notamment par la CNUCED et repris par les autres institutions, pour la classification des PMA, critères décidés sans consultation avec les pays concernés.

Les représentants des pays suivants ont pris la parole : Guyana (au nom du Groupe des 77 et de la Chine); Finlande (au nom de l'Union européenne et des pays associés); Bangladesh, Togo, République populaire démocratique Lao, Etats-Unis, Maldives, Tanzanie, République de Corée, Ethiopie, Cambodge, Népal, Burkina Faso, Zambie, Japon, Bénin, Norvège, Haïti, Fédération de Russie, Chine, Ouganda et Nigéria.

La Commission se réunira demain vendredi 12 novembre à 11 heures pour poursuivre l'examen de la question du commerce et du développement.

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DEVELOPPEMENT DURABLE ET COOPERATION ECONOMIQUE INTERNATIONALE

Mise en oeuvre du Programme d'action pour les années 90 en faveur des pays les moins avancés

Rapport du Secrétaire général sur l'état d'avancement des préparatifs de la Troisième Conférence des Nations Unies sur les pays les moins avancés (A/54/271)

La résolution 52/187 de l'Assemblée générale contient la décision de la convocation de la Troisième Conférence des Nations Unies sur les pays les moins avancés à un niveau élevé en 2001, afin d'évaluer les résultats du Programme d'action pour les années 90 en faveur des pays les moins avancés (PMA) au niveau des pays; d'examiner la mise en oeuvre des mesures internationales d'appui, notamment dans les domaines de l'Aide publique au développement, de la dette, des investissements et des échanges; et en vue d'examiner la possibilité de formuler et d'adopter au niveau national et international, des politiques et mesures appropriées en vue du développement durable des pays les moins avancés (PMA) et de leur intégration progressive à l'économie mondiale. L'Assemblée générale a en outre décidé que la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED) serait l'organe principal chargé de préparer la Conférence, et par sa résolution 53/182, l'Assemblée a accueilli avec satisfaction l'offre généreuse de l'Union européenne d'accueillir la Troisième Conférence des Nations Unies sur les pays moins avancés. Cette Conférence se tiendra au courant du premier semestre de l'année 2001, pendant une durée de sept jours, en un lieu et une date à déterminer par le Secrétaire général de la Conférence en consultation avec l'Union européenne.

Afin de lancer les préparatifs de la Conférence, le Secrétaire général de la CNUCED, en sa qualité de Secrétaire général de la Conférence, a nommé Mme Anna Kajumulo Tibaijuka, Coordonnatrice spéciale pour les pays les moins avancés, Secrétaire exécutive de la Conférence. Ensuite, il a lancé les préparatifs de la Conférence dans le cadre de consultations interinstitutions organisées à cette fin par le Secrétaire du Comité administratif de coordination. Conformément au paragraphe 4 de la résolution 53/182, le Comité préparatoire intergouvernemental de la Conférence devrait se réunir à Genève en septembre 2000 et en 2001, avant la Conférence, à une date à déterminer. Au paragraphe 6 de la même résolution, l'Assemblée générale a invité le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) et la Banque mondiale à relier les futures tables rondes et réunions des groupes consultatifs aux préparatifs de la Conférence, et à veiller à ce qu'elles apportent des contributions concrètes à cette dernière.

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Il a été d'autre part demandé à l'administrateur du PNUD de veiller, en tant que Coordonnateur du Groupe des Nations Unies pour le développement, à ce que les coordonnateurs résidents des Nations Unies et les équipes de pays dans les PMA participent pleinement aux préparatifs de la Conférence. Le Secrétaire général de la Conférence a convoqué les 21 et 22 juillet 1999, à Genève, la première réunion du Forum consultatif sur les préparatifs, qui avait pour objectif premier de rechercher un consensus entre le système de l'ONU et les autres parties prenantes, notamment les PMA, le FMI, la Banque mondiale, l'OMC, la FAO, la Commission économique pour l'Afrique (CEA) et la Commission économique et sociale pour l'Asie et le Pacifique (CESAP). Le Comité d'aide au développement de l'OCDE, représentant les donateurs, la Chambre de commerce internationale, le secteur privé, et diverses ONG sont aussi des acteurs actifs de la Conférence. Enfin, l'Assemblée générale a prié le Secrétaire général de l'ONU de prendre les mesures nécessaires pour donner le plus d'impact possible à la Conférence. Dans ce but, le Département de l'information et le Secrétariat de la Conférence, élaboreront une stratégie d'information et un programme de travail commun durant les préparatifs de la Conférence.

Rapport du Secrétaire général sur la mise en oeuvre du Programme d'action pour les années 90 en faveur des pays les moins avancés (A/54/269)

Ce rapport, établi par le Secrétaire général conformément à la résolution 45/206 de l'Assemblée générale, vise à fournir les informations les plus récentes sur la mise en oeuvre du Programme d'action pour les années 90 en faveur des pays les moins avancés (PMA).

Le rapport est organisé comme suit: la Section II donne un aperçu général de la situation économique récente des pays les moins avancés ainsi que des politiques et des mesures que ces pays ont adoptées comme suite au Programme d'action et aux recommandations arrêtées lors de l'examen global à mi-parcours de la mise en oeuvre du Programme d'action, effectué en 1995. La section III expose les dispositions d'ensemble qui ont été prises pour assurer l'exécution, le suivi et la surveillance du Programme d'action aux niveau national, régional et mondial. La section IV décrit les mesures prises par les organes, organismes, et organisations du système des Nations Unies et la section V présente les informations disponibles concernant les mesures internationales d'appui relatives aux ressources extérieures, à la dette extérieure et au commerce extérieur.

Dans la section VI, consacrée aux conclusions et recommandations, le Secrétaire général note que la plupart des pays les moins avancés, durant les années 90, n'ont pas fait les progrès préalables qui leur permettraient d'atteindre les objectifs d'ensemble du Programme d'action.

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La mondialisation et la libéralisation ont mis à nu de nouvelles contraintes jouant du côté de l'offre et ont donné des dimensions nouvelles aux facteurs limitatifs traditionnels dans l'économie des PMA, à mesure qu'ils tentent de s'adapter au nouvel environnement international, caractérisé par une plus grande compétition. Les représentants des PMA qui se sont réunis à l'Atelier de coordination destiné aux conseillers des ministères du commerce international des pays les moins avancés, en juin 1999, ont noté avec une grave préoccupation, que les nombreuses déclarations faites, promesses données et engagements souscrits dans les grandes enceintes mondiales en faveur des pays les moins avancés, se sont rarement matérialisés. L'Atelier a en outre souligné que l'intégration authentique, bénéfique, des pays les moins avancés dans l'économie mondiale et dans le système commercial multilatéral nécessitait des mesures concrètes que devaient prendre ces pays et leurs partenaires de développement pour renforcer leurs capacités d'offre, notamment par le développement de l'équipement physique institutionnel, par la valorisation des ressources humaines, par l'accès amélioré et sans entraves aux marchés, par une augmentation des apports d'aide publique au développement (APD) et par un allégement de la dette.

Le Secrétaire général recommande que dans le domaine du commerce international, les pays les moins avancés eux-mêmes poursuivent et approfondissent leurs efforts afin de créer un climat favorable à la promotion du commerce international, des investissements et de la croissance du secteur privé et prennent conscience que les mesures de traitement spécial et différencié, notamment le système généralisé de préférences(SGP), ne sont que des mesures provisoires destinées à leur permettre de combler le retard de leur développement. A cet égard, le Secrétaire général observe qu'à long terme, la participation effective des pays les moins avancés au système commercial multilatéral dépend plus des mesures prises par ces pays eux-mêmes pour rendre leur production de biens et de services plus compétitive que des facteurs extérieurs.

Il fait par ailleurs remarquer que la troisième Conférence des Nations Unies sur les pays les moins avancés, qui étudiera l'application des mesures internationales de soutien, en particulier dans les domaines de l'aide publique au développement, de la dette, de l'investissement et du commerce international ainsi que la formulation et l'adoption de politiques et de mesures appropriées aux niveaux national et international pour un développement durable des pays les moins avancés et pour leur intégration dans l'économie mondiale, offre à la communauté internationale l'occasion unique de donner à l'économie des pays les moins avancés une nouvelle impulsion, à l'aube du nouveau millénaire.

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A cet égard, le Secrétaire général précise que le Secrétaire général de la CNUCED, en qualité de Secrétaire général de la troisième Conférence des Nations Unies sur les pays les moins avancés, prend des dispositions élaborées en vue d'organiser un processus préparatoire de la Conférence réunissant autant de participants que possible aux niveaux national et mondial afin de permettre aux pays les moins avancés et à leurs partenaires de développement de recenser les facteurs limitatifs d'importance critique qui entravent le développement de ces pays et qui pèsent sur les politiques et mesures à prendre, aux niveaux national et international, pour surmonter ces contraintes. Le Secrétaire général, observant que la troisième Conférence des Nations Unies sur les PMA elle-même sera précédée par plusieurs grandes conférences mondiales, notamment la troisième Conférence ministérielle de l'OMC, la dixième de la CNUCED, l'Assemblée du millénaire et la Conférence sur le financement du développement, note qu'il est impératif que les préoccupations des pays les moins avancés figurent en bonne place lors de ces grandes assises afin de dégager un consensus sur les problèmes que devra tenter de résoudre la troisième Conférence des Nations Unies sur les pays les moins avancés. Enfin, le Secrétaire général note qu'à eux seuls, les pays les moins avancés n'ont pas les possibilités de surmonter les difficultés auxquelles ils se heurtent et donc que les mesures internationales de soutien - financières, techniques et commerciales - revêtent une importance critique pour la croissance et le développement futurs. Il est donc urgent, recommande le Secrétaire général, d'inverser l'actuelle tendance à la baisse des apports d'APD et de continuer de donner dans la répartition du budget d'aide la priorité aux pays les moins avancés.

Rapport du Conseil économique et social (A/54/3)

Dans son avant-propos, le Président du Conseil économique et social souligne que l'année 1999 a été une année marquante notamment parce que le Conseil a été à même de renforcer ses liens avec les institutions de Bretton Woods et qu'il a pu retrouver la place qui est la sienne parmi les principaux organes des Nations Unies. Pour le Président du Conseil économique et social, de grands progrès ont été réalisés cette année dans la revitalisation du rôle du Conseil et dans le rétablissement de son identité. Il reste cependant beaucoup à faire, en particulier dans la revitalisation et le renforcement des fonctions du Conseil en matière de coordination vis-à-vis des fonds et programmes des Nations Unies et des institutions spécialisées. Le rapport du Conseil comporte 86 pages et est divisé en sept chapitres de fonds relatifs aux travaux de cette année.

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Ces travaux concernent notamment la réunion spéciale de haut niveau avec les institutions de Bretton Woods; le rôle de l'emploi et du travail dans l'élimination de la pauvreté; l'analyse des activités opérationnelles du système des Nations Unies au service de la coopération internationale pour le développement; le renforcement de la coordination des politiques et des activités des institutions spécialisées et autres organismes des Nations Unies dans le développement de l'Afrique; la nature de l'assistance économique spéciale, l'aide humanitaire et le secours en cas de catastrophes; l'examen des autres questions dont le Conseil est saisi.

Débat

M. RUBENS RICUPERO, Secrétaire générale de la Conférence des Nations sur le commerce et le développement (CNUCED, a remercié l'Union européenne d'avoir proposé d'abriter la troisième Conférence sur les pays les moins avancés en 2001. La CNUCED a été chargée d'être l'institution organisatrice de la Conférence, et j'ai nommé à cet effet Mme Anna KajUmulo Tibaijuka, Coordonnatrice spéciale pour les pays les moins avancés (PMA) au poste de Secrétaire exécutive de la Conférence. Les préparatifs en ont été lancés au niveau international et se feront au niveau national en temps opportun. Le 20 juillet dernier, nous avons lancé le processus de consultation interinstitutions qui doit assurer la pleine participation de toutes les agences du système de l'ONU au déroulement de la Conférence. Les préparatifs au niveau national des pays et au niveau mondial et interinstitutionnel, sont un de nos soucis majeurs. Afin d'assurer que le processus soit efficace au niveau des pays, nous avons souligné le rôle central que doivent jouer les coordonnateurs résidents des agences des Nations Unies, de la Banque mondiale, du FMI et même de l'Union européenne. Des négociations sont déjà en cours avec le Groupe des Nations Unies pour le développement à New York, et nous avons aussi constitué un Groupe consultatif réunissant toute la communauté des donateurs. Ceci vise à permette à toutes les parties prenantes de la Conférence de soumettre leurs idées et points de vue. Nous devons permettre à toutes les parties prenantes de s'approprier les bénéfices et la mise en oeuvre des résultats de cette Conférence. Tout en reconnaissant que le sous- développement leur est un état commun, chaque PMA a cependant ses propres réalités, aussi un processus préparatoire est-il nécessaire qui doit faire participer gouvernements, ONG, sociétés civiles et experts. Ceci donnera plus de crédibilité et de chances de réussite aux objectifs et politiques qui seront discutés et choisis. Nous sommes en contact avec 35 PMA et avec une fédération d'ONG de l'Union européenne qui nous aideront à impliquer des ONG d'autres parties du monde, en vue d'organiser un Forum des ONG dans le cadre de la Conférence. Nous attendons encore un accord avec le monde des affaires que nous voulons impliquer au maximum, notamment en ce qui concerne les petites et moyennes entreprises et industries qui seraient intéressées par les PMA.

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L'Union européenne a accordé, en ce qui la concerne, 80 000 Ecus pour commencer les préparatifs de la Conférence au niveau des PMA et nous l'en remercions. Nous avons adressé une note verbale aux partenaires de ces pays pour les encourager à participer de façon effective à la Conférence et à ses préparatifs. Je voudrais rappeler que cette Conférence relève de tout le système des Nations Unies et que nous comptons sur les institutions de Bretton Woods et toutes autres entités qui agissent dans le champ du développement, a déclaré M. Ricupero. A cet égard, a-t-il poursuivi, M. Wolfensohn, le Président de la Banque mondiale, a promis que la Banque y prendrait part au niveau le plus adéquat. Plus que pour tout autre défi, l'ONU doit prouver dans ce cas particulier qu'elle peut innover et que les problèmes des PMA font autant l'objet d'attention que d'autres. Il faut rappeler que des pays qui n'étaient pas des PMA le sont depuis quelques années. Les questions liées à cette catégorie de pays ne doivent donc pas être perçues et traités de manière trop simpliste. Des données comme la violence et les conflits civils font partie des facteurs qui rétrogradent parfois certains pays au rang de PMA.

M. GEORGE TALBOT (Guyana) au nom du Groupe des 77 et de la Chine, a fait observer que l'élimination de la pauvreté demeure le défi essentiel des PMA. La résolution de ce défi se voit aujourd'hui compliqué par les conséquences de la mondialisation et de la libéralisation du commerce. En dépit de ce fait, la plupart des PMA ont continué à mettre en oeuvre des programmes d'ajustement structurel ambitieux qui ont permis des résultats encourageants. Les mêmes efforts ont été déployés dans les domaines de la démocratie et du respect des droits de l'homme. Ces succès donnent l'espoir que les politiques nationales lorsqu'elles sont appuyées par un appui international peuvent conduire au développement des PMA. Beaucoup de défis demeurent pourtant. Les PMA ont besoin d'un appui financier accru, en raison du fait, en particulier que la majorité des économies des PMA sont entravées par le fardeau de la dette extérieure et le déclin des prix des produits de base. L'Initiative HIPC renforcée augure d'une amélioration en la matière et dans le domaine de l'accès aux marchés, les initiatives en cours doivent être appuyées. Si les PMA continuent a avoir la responsabilité première pour leur développement, l'appui international demeure néanmoins essentiel en ce qui concerne notamment l'allégement de la dette, l'accès aux marchés, le renforcement des capacités humaines et des capacités en matière de production. Il faut des mesures vigoureuses dans tous ces domaines. Le Groupe des 77 et la Chine se félicitent de l'offre faite par l'Union européenne d'accueillir, en 2001, la troisième Conférence des Nations Unies sur les PMA. Ils invitent le système des Nations Unies à prendre une part active à cette Conférence mais aussi au processus préparatoire. Pour le Groupe des 77 et la Chine, les efforts de la CNUCED en la matière doivent être salués comme doit l'être l'idée de commencer le processus préparatoire au niveau des PMA afin de leur permettre de définir eux-mêmes leurs priorités.

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Le Groupe des 77 et la Chine demandent enfin que le Secrétariat de la Conférence des PMA soit doté des ressources nécessaires pour assurer la visibilité de la Conférence. L'appel à l'appui international en faveur des PMA n'est pas un appel à la charité mais vise à défendre les intérêts de toute la famille humaine, comme l'a reconnu la deuxième Conférence des PMA à Paris, a souligné le représentant.

Mme MATTI KAARIAINEN (Finlande), au nom de l'Union européenne et des pays associés, a déclaré que la situation des pays les moins avancés (PMA) est une priorité de l'ordre du jour du développement de l'Union européenne. Le Traité de l'Union européenne met d'ailleurs l'accent sur la coopération au développement en faveur des pays en développement les plus défavorisés. Depuis l'entrée en vigueur du Traité, l'Union européenne a établi des mécanismes spéciaux pour assurer que les intérêts et les besoins spécifiques des PMA soient systématiquement pris en considération. L'Union européenne est fière d'accueillir, en 2001 à Bruxelles, la troisième Conférence des Nations Unies sur les PMA et est disposée à travailler avec les PMA et les autres partenaires du développement pour faire de cette Conférence une réussite. L'Union européenne contribue aussi aux préparatifs nécessaires au niveau des pays et invite les donateurs à en faire de même. Le défi actuel, selon l'Union européenne, est de s'assurer que la mondialisation et la libéralisation ne causent une marginalisation plus accentuée des PMA mais qu'elles promeuvent, au contraire, leur pleine intégration à l'économie mondiale et au système commercial multilatéral. Ceci exige une certaine cohérence dans les politiques du commerce et du développement tant de la part des pays bénéficiaires que de celle des pays donateurs ainsi que des organisations internationales. L'Union européenne a proposé que le programme de travail de la Conférence soit établi de façon à fournir une approche coordonnée en ce qui concerne le renforcement des capacités en matière de commerce pour assurer la coopération et la transparence entre l'OMC et les institutions de Bretton Woods en appui à la libéralisation du commerce et la complémentarité des actions des organisations internationales.

Pour l'Union européenne, il est, par conséquent, important que les intérêts et les besoins spécifiques des PMA soient intégrés dans les ordres du jour des manifestations à venir au cours desquelles les questions de commerce seront discutées, en particulier la Conférence ministérielle de l'OMC et CNUCED X. S'agissant de l'accession des PMA à l'OMC, l'Union européenne souhaite une approche intégrée pour accélérer le processus d'adhésion de tous les PMA. L'Union européenne a déjà fait part de sa disposition à octroyer, d'ici 2003, un accès gratuit à ses marchés pour tous les produits provenant des PMA. Elle a également proposé à la Conférence ministérielle de l'OMC de s'engager dans ce sens et de fixer l'échéance avant la fin du nouveau cycle de négociations qui devrait au moins durer trois ans.

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L'Union européenne souligne tout de même l'importance des politiques intérieures, seules capables d'attirer les investissements directs étrangers nécessaires à la promotion de l'investissement local et à l'instauration de l'économie de marché comme source de prospérité. L'Union européenne est donc disposée à aider les PMA, qui le souhaitent, à renforcer leur secteur financier et augmenter leur performance macroéconomique pour établir une base solide du développement. Les programmes de renforcement des capacités sont, à cet égard, de la plus haute importance. La réforme, estime l'Union européenne, doit être politiquement et socialement durable. L'approche choisie doit donc correspondre aux potentialités et aux contraintes de chaque pays. La définition d'un programme de développement doit tenir compte de l'histoire, des traditions institutionnelles et administratives et des paramètres sociaux et culturels de chaque pays. Les réformes ne peuvent réussir que si elles sont intériorisées et définies par les pays bénéficiaires eux-mêmes. Partant, l'Union européenne appuie l'idée selon laquelle les PMA eux-mêmes devraient procéder aux préparatifs de la Conférence. Pour l'Union européenne, l'Aide publique au développement demeure pour les PMA une source essentielle de financement des efforts de développement. L'Union européenne qui fournit déjà la part la plus importante de cette aide demeure engagée en faveur de cette cause.

M. F.A. SHAMIN AHMED (Bangladesh) a déclaré que les réformes entreprises par les pays les moins avancés (PMA) dans les années 80 se sont poursuivis au cours de la décennie qui s'achève. Leur croissance économique moyenne a été de 3,1% durant la période 1990-1997, ce qui s'est avéré insuffisant pour réduire le niveau général de leur pauvreté. Les PMA sont d'autre part restés, dans leur majorité, dépendants d'un seul ou de deux produits d'exportation. Aussi ces pays sont-ils devenus de plus en plus marginalisés dans l'économie internationale mondialisée. Les 10% de la population mondiale qu'abritent les pays les moins avancés contrôlent moins de 0,4% du commerce mondial et moins de 0,004% du produit brut de la planète.

Les obligations du service de la dette ont continué d'être imposées à nos pays, a continué le délégué, et le montant de leur dette a même augmenté. Les PMA ont payé 3,9 milliards de dollars au service de la dette extérieure en 1996, et 4,4 milliards en 1997. Ces obligations nous dépouillent de ressources rares dont nous avons cruellement besoin pour les besoins sociaux de nos populations dont la vie est constamment menacée, et la part déjà faible que nous avions du commerce international en 1975 a encore baissé en 1997, passant de 0,8% à 0,4%. Le Programme d'action en faveur de PMA ne pourra jamais être mis en oeuvre que si les pays développés s'y impliquent réellement, car malheureusement, les promesses faites jusqu'à ce jour en ce domaine et dans celui de l'aide publique au développement, n'ont jamais été tenues.

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M. SIMBAWA AWESO (Togo) a associé sa délégation à la déclaration du Groupe des 77 et la Chine. Il a noté que comme l'attestent les rapports du Secrétaire général sur la question de la situation des pays les moins avancés, la situation économique déjà mauvaise de ces pays, dont fait partie le Togo, a été exacerbée par la mondialisation, qui a accéléré leur marginalisation dans l'économie mondiale. Le Togo traverse une période difficile suite aux tourments engendrés aussi par une transition démocratique heurtée. Mais le Gouvernement togolais cependant croît au redressement économique du pays et s'est lancé à la recherche de ressources extérieures de financement du développement. A cet égard, il prépare, avec l'appui du PNUD, deux conférences des bailleurs de fonds, l'une sur le secteur privé et la seconde sur l'élimination de la pauvreté. Aussi, en vue d'atteindre les objectifs assignés à ces conférences, notre délégation lance-t-elle un appel pressant à tous les partenaires du développement, afin qu'ils contribuent à leur succès. Nous tenons également à rappeler l'appel lancé le 1er octobre dernier par le Chef de la délégation togolaise lors du débat général de l'Assemblée générale pour une reprise effective de la coopération avec le Togo, tant il est vrai que les résultats des politiques préconisant la suspension de l'aide et de l'appui aux projets de développement ne coïncident pas toujours avec les impératifs de promotion des droits de l'homme, de développement durable et d'élimination de la pauvreté. Notre délégation exhorte les institutions impliquées dans la préparation de la 3ème Conférence sur les PMA, notamment le PNUD, la CNUCED et l'Union européenne, à continuer d'oeuvrer pour assurer la bonne organisation et le bon déroulement de cet évènement. Nous réitérons à cet égard notre soutien à la Déclaration adoptée par la 9ème Réunion annuelle des Ministres des PMA, qui souligne l'importance de la 3ème Conférence en préparation.

M. MANOROM PHONSEYA (République populaire démocratique Lao) a fait observer que le processus de mondialisation et de libéralisation a exposé les PMA à de nouveaux problèmes et défis. Ces pays continuent d'être marginalisés dans les activités de l'économie mondiale et il faut ajouter à cela, a dit le représentant, le fait que l'Aide publique au développement (APD) n'a cessé de décroître alors même que le fardeau de la dette extérieure a atteint des proportions alarmantes aggravées considérablement par la réduction des investissements directs étrangers et par les caractéristiques des exportations et des importations mondiales. Partant, l'appui international revêt une importance capitale pour les PMA. Le représentant a dit attendre avec impatience la tenue de la Conférence ministérielle de l'OMC et de CNUCED X. Il a réitéré l'importance qu'il y a à procéder rapidement aux préparatifs de la troisième Conférence des Nations Unies sur les PMA, et ce aux niveaux national, régional et international. Pour assurer le succès de cette Conférence, le représentant a estimé que les PMA, les partenaires du développement, le secteur privé et les institutions multilatérales telles que le PNUD, la CNUCED, l'OMC, le FMI, la Banque mondiale et d'autres doivent contribuer et participer activement au processus préparatoire.

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M. VICTOR TOMSETH (Etats-Unis) a déclaré que les Etats-Unis partagent l'idée exprimée par le Secrétaire général de l'ONU de mettre l'accent sur une intégration cohérente des stratégies de développement, comme cela est soulignée dans les comptes rendus de la 46ème session du Conseil du commerce et du développement de la CNUCED. Nous devons mettre l'accent sur des conditions qui permettraient aux peuples de prendre eux-mêmes des initiatives pouvant améliorer leurs conditions de vie. Nous pensons que la clef de la croissance se trouve dans des stratégies qui prennent en compte les réels besoins humains, et nous avons constaté que des politiques économiques libérales et ouvertes sont le meilleur outil de création d'un environnement favorable aux investissements nationaux et étrangers. La croissance doit être basée sur des stratégies qui prennent en compte la réduction de la pauvreté, l'augmentation des revenus des ménages et l'assurance de la sécurité alimentaire. Ce doit être une croissance favorisant la création d'emplois et générant des revenus qui permettent aux gouvernements de satisfaire les besoins de leurs populations en matière d'infrastructures, de soins de santé, d'éducation et autres services sociaux. Notre Gouvernement, a dit le délégué, travaille à cet égard avec les pays les moins avancés pour faciliter les prestations de santé, dont la planification familiale, la lutte contre le VIH/sida et la santé de la mère et de l'enfant.

M. HUSSAIN SHIHAB (Maldives) s'est dit préoccupé par le classement prématuré des pays pouvant accéder à la catégorie des PMA, à la veille de la troisième Conférence des Nations Unies sur les PMA. Ce classement prématuré, a estimé le représentant, risque de compromettre l'accès des Maldives au traitement préférentiel dont ils ont droit dans le commerce international ainsi qu'à l'aide financière et étrangère concessionnelle dont dépend l'économie du pays et son développement social. La perte de ses trois piliers risque de confiner les Maldives au dernier rang des PMA d'ici deux ou trois ans, a dit le représentant avant de se féliciter de la décision du Conseil économique et social de reporter l'examen du statut des PMA pour les Maldives jusqu'à ce que le Comité des politiques du développement achève le réexamen de la pertinence de l'index de vulnérabilité comme critère pour la détermination du statut de PMA. Pour les Maldives, l'évaluation doit être effectuée en fonction du profil du pays qui doit tenir compte de la vulnérabilité économique, de la fragilité écologique, du coût de la catégorisation et de l'impact des tendances internationales comme l'impact de la libéralisation commerciale. Pour rendre crédible le profil d'un pays, a dit le représentant, il convient de le dresser dans la transparence et de permettre à toutes les parties concernées d'avoir accès à la méthodologie et aux données utilisées. Les Maldives estiment en effet qu'il est presque impossible que des experts étrangers, en outre très peu expérimentés, soient en mesure de rendre compte de toute l'étendue des vulnérabilités d'un pays sans consulter les autorités locales.

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Les erreurs d'évaluation du dernier examen triennal sont d'ailleurs venues de ce manque de communications. Par exemple, s'il est vrai que les Maldives ont un PNB par habitant très élevé, le pouvoir d'achat est néanmoins comparable aux pays ayant un PNB par habitant très bas. Une étude entreprise avec la collaboration du PNUD a montré que près de 22% des Maldiviens vivent avec moins d'un dollar par jour et que 44% d'entre eux vivent avec un peu plus d'un dollar par jour. Les Maldives, a poursuivi le représentant, nourrissent également de sérieux doutes quant à la pertinence des informations sur lesquelles se fondent les examens triennaux de la Commission des politiques de développement. La CNUCED elle-même a commis des erreurs puisqu'un de ces rapports citait la pêche, l'exploitation des olives et des agrumes comme les trois principaux produits d'exportation des Maldives. Les Maldives, a indiqué le représentant, n'ont jamais exporté d'agrumes et encore moins d'olives étant donné qu'aucun olivier ne pousse sur son territoire. Il est donc temps que la Commission des politiques de développement et la CNUCED entament des consultations avec les pays qui ont été recommandés pour le classement dans la catégorie des PMA.

M. RICHARD T. DOGANI (République-unie de Tanzanie) a noté que selon le rapport du Secrétaire général, le niveau de l'Aide publique au développement a dramatiquement chuté depuis 1995, passant, en ce qui concerne les PMA, de 16 milliards de dollars en 1990 à 23,5 milliards de dollars en 1997. Concernant son pourcentage par rapport au PNB des pays donateurs de l'OCDE, elle est passée de 0,33% à 0,22% au cours de la même période. C'est là le niveau le plus bas jamais atteint depuis que les Nations Unies avaient adopté le ratio de 0,7%. Au moment où l'APD baissait dramatiquement, les flux de capitaux privés vers les PMA n'ont pas été à la hauteur de ce qui était attendu. Seul 1% de ces flux au niveau mondial est allé vers les PMA, alors que d'un autre coté, la dette extérieure continuait de poser un défi à tous les efforts déployés par ces pays pour sortir de la pauvreté. Un tiers de leurs gains à l'exportation vont au service de la dette, ce qui généralement les rend totalement insolvables. La Tanzanie accueille favorablement, sur cette question, le lancement de l'initiative en faveur des pays pauvres très endettés (HIPC), mais demande que des efforts supplémentaires soient déployés pour permettre à plus de pays d'en profiter. Concernant le commerce, la Tanzanie souhaite que des mesures soient prises pour permettre aux PMA de mieux participer aux échanges internationaux, ce qui leur éviteraient une plus grande marginalisation. Nous attendons à cet égard avec espoir les résultats des prochaines négociations de l'OMC à Seattle, et du prochain Sommet de la CNUCED à Bangkok en février 2000.

Mme OH YOUNG-JU (République de Corée) a estimé que les principes de responsabilité partagée et de renforcement du partenariat entérinés dans le Programme d'action en faveur des PMA pour les années 1990 ont gardé de leur pertinence, en particulier à la lumière des défis qui se dressent aujourd'hui devant les PMA.

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Si les PMA ont eux-mêmes la responsabilité de leur développement, il n'en reste pas moins que la communauté internationale se doit d'intégrer ces pays dans l'économie mondiale en appuyant précisément leurs efforts. La représentante a appuyé l'adoption par l'OMC du Plan d'action en faveur des PMA et les initiatives d'appui à ce Plan qui ont suivi. En complément de ces efforts, la République de Corée entend présenter un schéma de système généralisé de préférences en ce qui concerne les exportations des PMA. Elle est, en outre, convaincue de la nécessité pour la future Conférence ministérielle de l'OMC d'adopter les mesures nécessaires en faveur des PMA.

M. BERHANU KEBEDE (Ethiopie) a appelé les pays développés à respecter leurs engagements en matière de fourniture d'Aide publique au développement (APD). L'Ethiopie les engage aussi à verser des contributions volontaires supplémentaires et substantielles aux différents fonds d'aide internationaux en vue de venir en aide aux pays les moins avancés et leur donner une chance de s'intégrer à l'économie internationale. Les Nations Unies, pour leur part, devraient créer de nouveaux mécanismes et programmes pour mieux assister les PMA dans le domaine du renforcement des capacités et du développement des infrastructures. La dette extérieure est, quant à elle, un des obstacles majeurs aux efforts de réduction de la pauvreté que déploient les PMA. Le poids de la dette non seulement siphonne leurs maigres ressources financières, mais aussi leur ferme les portes de nouveaux financements potentiels dans des secteurs essentiels de la vie de toute nation. Sans annulation de la dette, les prospectives de croissance et de développement dans ces pays apparaissent sans grand espoir, et nous soutenons, à cet égard, l'appel à l'annulation de la dette lancé par la 9ème Déclaration ministérielle des pays les moins avancés.

M. SUN SUON (Cambodge) a estimé qu'à l'aube du nouveau millénaire, il est impératif que la communauté internationale, en particulier les pays développés, prenne des mesures vigoureuses pour assister les PMA. Pour le représentant, seule la coopération internationale permettra des progrès en matière de croissance et de développement. Il a appuyé, à cet égard, les efforts internationaux tendant à alléger le fardeau de la dette des pays pauvres très endettés. Il a accueilli avec satisfaction l'Initiative de Cologne du G8 visant à accélérer le processus d'allégement de la dette prévu par l'Initiative HIPC. Dans ce contexte, le représentant a lancé un appel à tous les créditeurs, pays ou organisations, pour qu'il annule les dettes en suspens des PMA. Il a mis l'accent sur la nécessité d'aider les PMA à renforcer leurs capacités nationales d'une manière conforme à leur propre structure afin, a-t-il dit, de leur permettre de participer pleinement à l'économie mondiale, en particulier au commerce et aux investissements. Le représentant s'est félicité de la tenue en l'an 2001 de la troisième Conférence des Nations Unies sur les PMA.

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Il a indiqué que la nouvelle coalition qui est arrivée au pouvoir le 30 novembre dernier, a été en mesure de remettre le Cambodge sur la voie d'une croissance dynamique. Les réformes entreprises ont permis, cette année, une croissance de 4%, la baisse de l'inflation et la stabilité des taux de change. Le programme de 1999-2002 vise une croissance de 6%, une baisse de 4% de l'inflation et le maintien du déficit des comptes courants à 13% du PNB.

M. TAPAS ADHIKARI (Népal) a indiqué que l'écart entre les pays développés et les pays en développement demeure une préoccupation majeure de la communauté internationale. La pauvreté abjecte existe toujours dans certains pays qui oblige des milliers de personnes à vivre avec moins de deux dollars par jour. Le nombre des PMA, a dit le représentant, a augmenté malgré le Programme d'action et la Déclaration de Paris et cela doit constituer une préoccupation pour la communauté internationale. Les pays sans littoral comme le Népal connaissent les problèmes globaux des PMA auxquels il faut ajouter le fardeau des coûts de transit. Les investissements étrangers directs restant à la traîne, le développement économique reste compromis. Le Népal, a indiqué le représentant, vient de mettre en place son neuvième programme quinquennal de lutte contre la pauvreté. Ce plan vise à ramener le taux de 42% aujourd'hui à 10% dans 20 ans. La tâche est de taille en raison notamment des vulnérabilités écologiques. Le Népal compte donc sur ses partenaires du développement et entend bien que la Conférence de 2001 sera le forum approprié pour évaluer les mesures adoptées jusqu'ici et prendre d'autres mesures pour faire en sorte que les PMA adhèrent à l'économie mondiale.

M. PAUL ROBERT TIENDREBEOGO (Burkina Faso) a déclaré qu'il y a des endroits du monde où les termes "ordinateur", "informatique", "internet", "bogue du millénaire",n'ont pas encore leur place dans le vocabulaire et pourraient encore en être absents pour longtemps. En Afrique subsaharienne, la connectivité à l'internet ne représente que 0,1% du taux de la connectivité mondiale. Là-bas, les mots d'ordre importants sont ceux qui touchent à la satisfaction des besoins fondamentaux en matière de nutrition, de santé, d'eau, d'assainissement, d'éducation, d'infrastructures de base, pour ne citer que quelques exemples. Le problème du développement des PMA se pose aujourd'hui avec plus d'acuité que jamais, aggravé par les processus néfastes de la mondialisation et de la libéralisation des économies. Ces pays ont pourtant tout essayé: réformes économiques, dont les amères plans d'ajustement structurels, et réformes politiques. Quelques résultats positifs en ont résulté, mais ils sont aujourd'hui réduits à néant par la baisse de l'Aide au développement, le fardeau de la dette, l'insignifiance des flux financiers, et la volatilité des cours des produits de base, entre autres. Les termes actuels du commerce international et ses conditions ont accentué la marginalisation des PMA et les services sociaux essentiels y ont régressé. En d'autres termes, ces pays ont reculé. La communauté internationale entrera-t- elle donc dans le 21ème siècle sans les 48 PMA? Il convient de tirer les conséquences de la réponse à cette question.

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M. PETER L. KASANDA (Zambie) a renouvelé l'appel de son pays en faveur d'un redressement de la tendance au déclin de l'Aide publique au développement tout en se déclarant convaincu que même dans un contexte de ressources limitées et d'assistance extérieure en baisse, beaucoup peut être fait pour les PMA. Le représentant a souligné la nécessité d'un changement de politique de la part des pays développés et des organisations d'aide pour faire en sorte que l'Aide publique au développement, même à son niveau actuel, réponde au mieux aux besoins spécifiques des PMA récipiendaires. Il s'agit, en fait, d'améliorer la manière dont les ressources limitées de l'Aide publique au développement sont utilisées et ce, par une approche novatrice, souple et plus ciblée. Le représentant a illustré ses propos en citant le cas de son pays. La Zambie, a-t-il expliqué, a voulu ressusciter son économie en renforcement le secteur privé afin d'optimiser sa contribution au développement global du pays. Toutefois, en raison de l'insuffisance de ressources nationales, la Zambie a toujours besoin d'une assistance extérieure substantielle. Mais son statut de PMA implique qu'elle reçoive principalement une aide sous forme de prêts non remboursables, de crédits de la Banque mondiale et d'autres mécanismes d'assistance identiques hautement concessionnels. Par nature, cette assistance est normalement destinée aux besoins sociaux et ne peut en aucun cas servir à remplacer les sommes nécessaires au secteur privé. Le représentant a trouvé ironique que le secteur privé qui est sensé devenir le moteur de la croissance n'ait pas d'accès direct à l'Aide publique au développement qui demeure le type le plus courant de financement du développement. Ce dilemme est la raison pour laquelle, la Zambie demande plus de souplesse et d'innovation dans l'octroi de l'aide publique aux PMA. Il est tout aussi clair que même l'assistance concessionnelle peut être redistribuée sans pour autant compromettre le principe de besoins sociaux fondamentaux sur lequel elle se fonde, a ajouté le représentant.

M. TETSUO KONDO (Japon) a noté que sa délégation accordait toute l'attention nécessaire à la Déclaration adoptée par les PMA lors de la 9ème Conférence ministérielle sur les pays les moins avancés tenue au mois de septembre. Nous pensons que les observations et recommandations émises par le Conseil du commerce et du développement peuvent servir de base au traitement des préoccupations soulevées par les Ministres des PMA dans la Déclaration, a poursuivi le délégué. Les observations relevées vont de la faiblesse des infrastructures, à l'insuffisance des ressources financières et humaines pour expliquer le manque de compétitivité économique de ces pays qui ne disposent pas des investissements dont ils ont besoin. Le Gouvernement du Japon accentuera ses efforts en vue de créer des opportunités favorables aux PMA et pouvant leur permettre de s'intégrer à l'économie mondiale. Nous aimerions rappeler ici que le programme d'action adopté à Tokyo lors de la TICAD II, estime que les pays les moins avancés ont eux-mêmes la responsabilité d'éliminer les contraintes locales au développement. Nous croyons en la pertinence de la 3ème Conférence sur les PMA qui se tiendra en l'an 2001 et collaborerons étroitement avec son Secrétariat exécutif.

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M. EDOUARD AHO-GLELE (Bénin) a estimé que malgré les efforts et les sacrifices parfois douloureux, nécessités par les programmes d'ajustement structurel, la situation des PMA ne s'est guère améliorée, leur nombre étant d'ailleurs passé de 42 au début des années 90 à 48 aujourd'hui. Le représentant s'est posé la question de l'efficacité des mesures adoptées dans le cadre du Programme d'action en faveur des PMA. Par exemple, a constaté le représentant, l'aide accordée par les donateurs respecte rarement les priorités des pays concernés et se dirige plutôt vers des domaines choisis par eux-mêmes, qui ne sont pas de nature à déclencher le développement. De plus, a ajouté le représentant, à quoi servirait-il que les pays donateurs accordent des préférences généralisées ou ouvrent leurs marchés aux PMA alors même que ces derniers n'ont pas la capacité de production ou que leur production déjà marginale n'est pas concurrentielle. Les mesures devraient donc, selon le représentant, porter sur le renforcement des capacités de production et sur les facteurs de production que sont la terre, le capital, les ressources humaines et le savoir-faire. Ces mesures devront par la suite soutenir les efforts d'échanges et d'intégration sous-régionale et régionale des PMA en vue de développer la complémentarité entre eux.

M. ARNE B. HONNINGSTAD (Norvège) a déclaré que son pays est tout entier engagé dans les actions en faveur des PMA. Mais un partenariat de dimension mondiale doit être mis en place pour lutter contre la pauvreté qui écrase ces pays. La Norvège pense que les politiques publiques doivent y être menées sur des critères rigoureux de gouvernance, et que des mesures visant à la mise en oeuvre de bonnes politiques macroéconomiques doivent y être favorisées, de même que la transparence, la lutte contre la corruption et la promotion des droits de l'homme qui, seuls, peuvent donner naissance à la stabilité politique et au développement économique dans ces pays dont trop souffrent encore de conflits civils et armés.

Il est regrettable que l'Aide publique au développement (APD) dont les PMA ont encore tant besoin soit en baisse, les engagements pris par la communauté des pays donateurs n'étant pas tenus. La Norvège en ce qui la concerne, a l'intention d'augmenter son ratio d'APD et de le faire monter à 0,9% de son produit national brut. Nous sommes, sur un autre plan, en faveur d'un allégement ou d'une annulation de la dette des PMA, et nous nous sommes, à cet égard, réjouis des récentes initiatives en la matière. Mais il faut maintenant assurer le financement des mesures proposées à la fois par le G8, les institutions de Bretton Woods, et certains Etats développés.

M. JEAN MAXIME MURAT (Haïti) a indiqué qu'à l'approche de la troisième Conférence des Nations Unies sur les PMA, il convient de s'inquiéter devant la régression que connaissent les PMA alors même que les flux d'aide au développement enregistrent un ralentissement considérable.

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Le représentant a souligné que l'appel des PMA au renforcement de l'Aide publique au développement, loin de constituer un signe de faiblesse, représente plutôt un acte de foi en la solidarité internationale, condition essentielle de leur intégration à l'économie mondiale. De plus, a-t-il dit, il faut reconnaître que les efforts des PMA pour mobiliser de nouvelles ressources de manière à réduire leur dépendance vis-à-vis de l'aide extérieure sont handicapés par le fardeau de la dette. Le représentant a lancé un appel aux créanciers pour qu'ils élargissent leur initiative d'allégement de la dette à tous les PMA et qu'ils simplifient les critères de qualification à l'Initiative HIPC de manière à trouver une solution durable au problème de la dette des PMA. Etant donné l'impact de la mondialisation sur les PMA, le représentant a émis l'espoir que le nouveau cycle de négociations de l'OMC prendra en considération la nécessité d'une plus grande participation des PMA au commerce international. Dans ce contexte, le représentant a mis l'accent sur la nécessité d'une assistance technique afin de renforcer la capacité de négociation des PMA.

M. AVRAMENKO (Fédération de Russie) a déclaré que le processus mis en route en faveur des PMA après la 2ème Conférence qui leur était consacrée, avait contribué à une certaine croissance de certains de ces pays au cours des années 90. Mais la situation économique internationale complexe créée par la mondialisation, jointe à des conditions écologiques défavorables, ont contribué à marginaliser davantage ces pays qui avaient déjà beaucoup de difficultés. La Fédération de Russie pense que les PMA doivent diversifier à l'avenir la base de leurs économies et faire des efforts soutenus en matière de capacités humaines. Il n'y a pas, dans ces pays, suffisamment de techniciens, d'ingénieurs et de personnels réellement opérationnels. Il est temps pour ces pays de prendre des mesures visant à renforcer leur potentiel d'exportation, ce qu'ils n'arriveront à faire qu'avec l'aide de leurs partenaires développés. Notre pays soutient l'organisation de la 3ème Conférence sur les PMA, a dit le délégué.

M. ZHU GUANGYAO (Chine) a souhaité que la communauté internationale et les pays développés en particulier, réévaluent leur politique à la lumière de la mondialisation et de la situation actuelle des PMA, qu'ils assument leurs responsabilités et transforment enfin leurs préoccupations face à la situation des PMA en actions vigoureuses et concrètes. Du point de vue commercial, la communauté internationale doit aider les PMA à renforcer leur capacité, par le biais de la coopération technique. De plus, il est important que les PMA jouissent d'un meilleur accès aux marchés. Pour ce faire, il faut changer radicalement la pratique qui encourage le manque de transparence, la fixation artificielle des prix des produits de base, l'érosion des préférences commerciales et l'existence de nombreuses barrières tarifaires et non tarifaires.

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Pour leur part, les Nations Unies doivent, face à la baisse de l'aide extérieure, élargir les options de financement pour fournir le plus d'assistance possible aux PMA. L'assistance de la Chine à ces pays, a indiqué le représentant, se chiffre jusqu'ici à plus de 2 milliards de dollars concernant plus d'un millier de projets. La Chine entend bien poursuivre cette politique d'assistance, a assuré le représentant.

M. SEMAKULA KIWANUKA (Ouganda) a fait observer qu'au cours de l'année, les PMA ont entrepris des réformes politiques et économiques visant à accélérer leur croissance et leur développement et à améliorer leur situation sociale et économique. Il n'est pourtant pas tout à fait sûr, a dit le représentant, qu'en l'absence d'un environnement extérieur favorable, ces changements n'exposeront pas davantage ces pays aux chocs extérieurs et aux autres phénomènes comme l'augmentation de la pauvreté et la désintégration sociale et politique. Illustrant ses propos, le représentant a indiqué que la part des PMA dans le commerce mondial est passée de 0,8% en 1975 à 0,4% en 1997. Leur PNB, qui était de 5,1% en 1995 et de 6,2% en 1996 est tombé à 4,7% en 1997. Cette situation s'est vu, en outre, aggravée par le déclin de l'Aide publique au développement, la lenteur du processus de diversification de la production, la chute des prix des produits de base, le fardeau de la dette et le manque d'accès au capital et à la technologie. Dans le même temps, l'état des infrastructures physiques et institutionnelles ainsi que la situation des ressources humaines ont continué à se détériorer en raison d'investissements inadéquats. En dépit de ces faits, a assuré le représentant, les PMA abordent le nouveau millénaire avec optimisme encouragés par les activités des Nations Unies en leur faveur, avec la CNUCED comme point focal. Ils sont convaincus que des actions spécifiques comme celles lancées dans le contexte du Cadre intégré pour l'assistance technique au commerce de l'OMC constitue une contribution positive et concrète. Les PMA estiment néanmoins que de nouvelles initiatives doivent être prises dans le domaine de l'accès aux marchés. A cet égard, ils lancent un appel urgent à la troisième Conférence ministérielle de l'OMC pour qu'elle prenne des mesures concrètes pour répondre à la Déclaration de Marrakech et aux décisions ministérielles sur les mesures en faveur des PMA et pour qu'elle applique intégralement le principe du traitement spécial et différencié comme partie intégrante du système commercial multilatéral. Le nouveau cycle de négociations de l'OMC doit, a insisté le représentant, tenir compte des préoccupations particulières des PMA. S'agissant de la troisième Conférence des Nations Unies sur les PMA, le représentant s'est félicité des travaux préparatoires et de la contribution de l'Afrique du Sud, de la CNUCED et du PNUD qui ont organisé une réunion des PMA sur le commerce. Le représentant a salué l'offre de l'Union européenne d'accueillir à Bruxelles la troisième Conférence sur les PMA. Il a dit attacher une grande importance aux préparatifs au niveau des pays et accueilli avec satisfaction les arrangements pris à cette fin par les gouvernements et le système des Nations Unies.

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Pour assurer la réussite de la Conférence en 2001, il est important, a ajouté le représentant, que tous les événements et processus concernant la coopération internationale au développement prennent en considération les préoccupations uniques des PMA, en particulier l'OMC III, la CNUCED X, l'Assemblée du Millénaire, la réunion sur le financement du développement et les évaluations de l'application des recommandations des conférences et sommets des Nations Unies.

Mme LILIAH ONOH (Nigéria) a déclaré que depuis la Déclaration de Paris, il est devenu clair que toutes les bonnes intentions et les promesses exprimées sur les avantages que les pays en développement et les pays les moins avancés allaient tirer de la mondialisation, ne se matérialiseront pas. Il ne faut pas entendre par là que nous critiquons le travail de la CNUCED, des institutions de l'ONU ou celui des PMA eux-mêmes. Ces derniers ont fait tout ce qui était exigé d'eux, notamment dans le domaine macroéconomique. Mais l'aide et l'assistance qui leur avaient été promises par la communauté internationale ne sont pas au rendez-vous. Il en est ainsi de l'Aide publique au développement (APD), de l'accès aux marchés, de l'allégement de la dette, et des autres mesures d'accompagnement des efforts des PMA. Le niveau de l'APD a décliné depuis le début des années 90, et a atteint aujourd'hui son niveau le plus bas. Or nous savons tous que sans assistance, les objectifs des ajustements ne seront jamais atteints. Le développement humain est le secteur qui en a souffert le plus et rend la situation d'autant plus grave que lorsqu'on sait que la formation d'une génération d'hommes et de femmes dure une vingtaine d'années.

Bien qu'accueillant favorablement l'Initiative en faveur des pays pauvres très endettés (HIPC) le Nigéria estime que ses retombées bénéfiques seront longues à venir. Les critères d'éligibilité en demeurent trop difficiles à remplir et manquent de souplesse. En outre, la réduction de l'APD fait que les gains possibles engendrés par la réduction de la dette d'un pays éligible seront en réalité orientés vers des secteurs qui auraient dû bénéficier de l'APD, ce qui nous renvoie à la case départ, et fait des projets de développement financés par la résorption de la dette de simples mirages. On sait d'autre part que les PMA sont des exportateurs nets de capitaux vers les pays riches à travers le service de la dette et l'importation de produits manufacturés qui leur sont vendus au prix le plus fort. Cette forme d'exploitation éhontée ne saurait s'éterniser. Il en est de même de la situation que l'on observe concernant les flux de capitaux directs étrangers, dont 75% ont été dirigés vers seulement 10 pays en développement en 1997, alors que l'Afrique devait se contenter de capitaux publics qui, bien qu'en chute, y restent plus importants que les investissements privés.

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