AG/EF/291

LES NEGOCIATIONS DE L'OMC A SEATTLE PORTERONT EGALEMENT SUR LES PROPOSITIONS AVANCEES PAR LES PAYS EN DEVELOPPEMENT

11 novembre 1999


Communiqué de Presse
AG/EF/291


LES NEGOCIATIONS DE L'OMC A SEATTLE PORTERONT EGALEMENT SUR LES PROPOSITIONS AVANCEES PAR LES PAYS EN DEVELOPPEMENT

19991111

Le Secrétaire général de la CNUCED évoque les préparatifs de la Conférence de l'OMC et ceux de la CNUCED X

La dixième session de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED X), qui aura lieu à Bangkok au mois de février, doit être l'occasion d'un examen honnête et objectif du cadre politique et institutionnel du commerce et des finances mondiales dans une perspective de développement, ont convenu les personnalités qui se sont exprimées, ce matin, devant la Commission économique et financière (Deuxième Commission). La Commission qui examine la question du commerce et du développement, a entendu le Secrétaire général de la CNUCED, le Président du Conseil du commerce et du développement de la CNUCED et le Vice-Ministre des affaires étrangères de la Thaïlande qui a fait part des initiatives de son pays pour accueillir CNUCED X. Compte tenu du lien entre finance, commerce et développement, les interventions des délégations ont surtout porté sur les rapprochements nécessaires entre la CNUCED et l'Organisation mondiale du commerce (OMC), d'une part, et d'autres part, entre les institutions financières internationales, notamment le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale.

Le Secrétaire général de la CNUCED, M. Rubens Ricupero, a déclaré que la question de la cohérence des politiques financière, commerciale et de développement est devenue la notion clef du débat international sur les mécanismes de la mondialisation. La CNUCED X doit, à cet égard, être un lieu d'échanges permettant de recueillir les points de vue des divers acteurs et observateurs mondiaux sur les conditions actuelles de la mondialisation et du commerce international. Se félicitant de l'attention nouvelle de l'OMC aux problèmes des pays en développement, le Secrétaire général de la CNUCED a indiqué qu'il a ouvert un dialogue avec l'OMC dans le cadre des préparatifs des négociations sur le système commercial international, qui s'ouvrent ce mois à Seattle, pour donner aux pays non représentés à l'OMC et à ceux manquant de capacités humaines et institutionnelles d'être informés du cours des négociations et de pouvoir y faire des propositions. Les soucis et préoccupations des pays en développement doivent être pris en compte lors des négociations de Seattle et l'heure est sans doute venue, a insisté M. Ricupero, d'ouvrir, dans le cadre de l'OMC, des négociations sur les conditions mêmes du développement.

(à suivre - 1a) - 1a - AG/EF/291 11 novembre 1999

La sortie des pays en développement de leur état de marginalisation croissant est à ce prix et l'exécution de politiques incluant des mesures spéciales et préférentielles prévues par l'OMC doit se faire dans un cadre cohérent et homogène, dont la création exige la pleine participation des institutions financières internationales. Pour M. Ricupero, la collaboration établie, à cet égard, entre la CNUCED, la Banque mondiale et le FMI augure de résultats positifs. Il s'est félicité des changements de politiques annoncés par les institutions de Bretton Woods, qui mettront désormais un accent majeur sur la réduction de la pauvreté.

La reconnaissance des liens nécessaires entre la CNUCED et l'OMC a d'ailleurs conduit le Comité préparatoire de CNUCED X à reporter l'examen de la partie relative au commerce au projet de texte de Bangkok pour pouvoir tenir compte des résultats de Seattle parce que, comme l'a souligné le Président du Conseil du commerce et du développement, "il y a évidemment beaucoup de choses en commun dans les travaux des deux organisations". Le Vice-Ministre des affaires étrangères de la Thaïlande a quant à lui indiqué que son pays a prévu, au cours de la CNUCED X, l'organisation quotidienne de dialogues interactifs avec les chefs des institutions financières internationales et de l'OMC. En règle générale, les intervenants ont estimé que l'importance des questions économiques et de développement exigent que la communauté internationale agisse comme un parlement mondial sur ces questions dont la solution nécessite la reconnaissance de la diversité des vues et des préoccupations. Parlant des propositions qui seront négociées lors de la Conférence de Seattle et dont les 50% viennent des pays en développement, le Secrétaire général de la CNUCED s'est félicité de leur attitude plus volontariste par opposition à ce qu'elle avait été durant le Cycle d'Uruguay. La Commission poursuivra ses travaux cet après-midi à 15 heures pour examiner la mise en oeuvre du Programme d'action pour les années 90 en faveur des pays les moins avancés (PMA).

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QUESTIONS DE POLITIQUE MACROECONOMIQUE

Commerce et développement

Déclarations liminaires

M. RUBENS RICUPERO, Secrétaire général de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED), a déclaré que le plus grand défi auquel font face aujourd'hui les pays en développement est de pouvoir tirer avantage des bénéfices potentiels offerts par la libéralisation croissante de l'économie tout en minimisant les coûts qu'entraîne l'interdépendance au niveau international. Le processus de mondialisation a non seulement été très inégal entre pays développés et pays en développement, mais il a été beaucoup plus inéquitable entre les différents pays en développement eux-mêmes, dont certains ont carrément été laissés hors du processus. Plusieurs des nations délaissées par la mondialisation sont des pays moins avancés, des pays enclavés et des petits Etats insulaires. A l'intérieur des pays qui ont pu tirer avantage des conditions de la mondialisation, des inégalités sont aussi apparues. La question de la cohérence est devenue la notion clef du débat international sur les mécanismes de la mondialisation. Au cours de la décennie écoulée, le secrétariat de la CNUCED a souvent mis le doigt sur les faiblesses et les insuffisances des politiques nationales des pays en développement et des agréments internationaux qui parfois sont des obstacles à ce dont ont réellement besoin ces pays: un développement et une croissance rapides, soutenus et large.

Au coeur de ce problème, il y a le fait que la plupart des initiatives doivent résoudre un large éventail de questions allant d'une insuffisance en infrastructures de base - logement, eau potable, éducation, routes, télécommunications etc. - à des soucis sectoriels comme les questions relatives à l'industrie, à l'environnement, au commerce et aux politiques de fonds aux niveaux macroéconomique et financier. Et ces politiques devraient être interconnectées et complémentaires. Cette interconnexion et cette complémentarité entre toutes les politiques de développement sont à la base de la nécessité de la cohérence à tous les niveaux, que ce soit au plan national ou international.

L'instabilité du système financier international est aussi un obstacle à la réalisation des espoirs nés de la mondialisation, et nous avons clairement déclaré dans les rapports sur le commerce et le développement que la communauté internationale devait prendre des mesures de régulation des activités financières, et notamment des transferts de capitaux à court terme, aux niveaux mondial et national. Si les conditions actuelles n'étaient pas corrigées, il est à craindre que l'instabilité financière ne s'installe de plus en plus fréquemment en causant des dommages à l'économie formelle et aux capacités domestiques indispensables à la pleine participation des nations au système commercial international.

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M. Ricupero a parlé de l'organisation de la dixième CNUCED qui devrait être un lieu d'échanges permettant de recueillir les points de vue de divers acteurs et observateurs mondiaux sur les conditions actuelles de la mondialisation et du commerce international. Nous comptons sur la participation des organismes régionaux et de personnalités imminentes pour avoir une idée beaucoup plus large et différenciée de la situation du monde au début du nouveau millénaire. Ainsi, par exemple, M. Michel Camdessus, qui vient d'annoncer son départ du FMI sera à Bangkok pour faire partager son expérience à la tête du Fonds. Nous aurons la participation de plusieurs autres chefs d'agences et institutions internationales et de chefs d'Etat et de gouvernement.

Ensuite nous comptons publier un document qui, nous espérons, servira de base de discussions lors de l'Assemblée du Millénaire, a dit M. Ricupero. Nous ne recherchons pas forcément un consensus à tout prix, mais nous pensons que c'est le débat d'idées et la connaissance du point de vue des autres qui permettront d'avoir une idée de la voie à suivre dans le futur. Comme dans le cadre d'un parlement, tous les avis doivent être entendus et nous estimons que la Thaïlande et Bangkok, qui ont connu tout le spectre des fluctuations de la mondialisation seront un cadre adéquat pour mener les discussions de CNUCED X. Elle doit être un événement majeur en ce qui concerne la réflexion économique mondiale, à l'heure où des questions de fond se posent. Concernant le cycle de discussions commerciales qui s'ouvrent ce mois à Seattle dans le cadre de l'Organisation mondiale du commerce (OMC), nous avons mis en place un mécanisme de collaboration et de dialogue avec l'OMC pour permettre aux pays qui n'y ont pas de représentation de pouvoir être pleinement impliqués dans cette conférence. Le processus préparatoire de ce sommet de l'OMC a connu des débuts difficiles comme l'a dit le Directeur général de l'OMC, M. Mike Moore, dans une lettre qu'il a envoyée aux responsables mondiaux. En tant qu'ancien du GATT, je pense, a dit M. Ricupero, que les difficultés actuelles sont compréhensibles. Le document qui sera adopté à Seattle, bien qu'intitulé "Déclaration", n'en sera pas vraiment une. Si, aux Nations Unies, on est généralement censé discuter sur des documents non contraignants, au GATT et à l'OMC, on discute et on traite de textes contraignants et non pas déclaratoires. La Déclaration de Seattle sera donc un document contraignant contenant des questions qui seront négociées et d'autres qui ne le seront pas. Le choix même des points négociables ou non négociables est déjà lui-même un acte contraignant, selon les règles de fonctionnement de ce forum. Certaines propositions ne peuvent donc, dans ce genre de cadre, être négociées simplement, parce qu'elles ne remplissent pas les critères établis. Tous les principes sur lesquelles on travaillera seront eux-mêmes parties des négociations. Ceci demande donc des efforts de longue haleine, et nous tenons à relever que l'un des éléments majeurs que nous espérons voir mentionner dans la Déclaration est celui des soucis des pays en développement, ce que semble partager M. Moore qui l'avait fait savoir à Marrakech.

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Mme Clare Short, du Royaume-Uni, a pour sa part déclaré que la CNUCED et l'OMC devaient se préoccuper de la situation des pays en développement, avis que nous partageons complètement. Les pays en développement attendent depuis plus de 50 ans que certains des domaines où ils bénéficient d'avantages comparatifs soient pleinement intégrés dans le système commercial international, domaines comme l'agriculture et le textile. Les pays en développement ont demandé une période d'adaptation, proposition qui a fait l'objet de critiques de la part des pays développés, qui semblent oublier que dans le passé ils ont bénéficié du même genre de période de grâce. Pourquoi, pour une fois, ne pas donc ouvrir un cycle de négociations sur le développement? C'est ce que nous attendons de Seattle. Dans quelle mesure les gens comprennent-ils, au sein des institutions internationales, la portée des changements actuels? Si M. Wolfenshon a fait faire un tournant à la Banque mondiale et si M. Moore à l'OMC et M. Camdessus au FMI ont fait un pas en avant dans la direction que nous espérons, tout n'est pas encore parfait. M. Camdessus a dit que la réduction de la pauvreté doit désormais être au centre des politiques, mais nous verrons comment cela se traduira dans les politiques de prêts du FMI et de la Banque mondiale. Quand on connaît l'historique des institutions de Bretton Woods, on peut cependant dire que ces déclarations marquent un tournant majeur. Ce que prêchait la CNUCED dans une espèce d'isolement splendide a aujourd'hui un écho ailleurs, au plus haut niveau, et c'est pour nous un motif de satisfaction. Nous sommes la seule entité à avoir déclaré au début des années 90 que cette décennie sera caractérisée par des crises économiques dues aux instabilités financières. Nous ne jouons pas les Cassandre, mais nos analyses nous permettent de tirer ces conclusions. Ce qui compte dans la mondialisation ce n'est pas l'intégration par la quantité des produits mais la qualité de cette intégration et la possibilité qu'elle donnerait aux peuples et aux nations de vivre de façon harmonieuse.

M. PHILIPPE PETIT, Représentant permanent de la France auprès de l'Office des Nations Unies à Genève et Président du Conseil du commerce et du développement de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED), a estimé que la question du développement restera l'un des enjeux les plus fondamentaux du prochain siècle et que le Conseil se concentre actuellement sur la préparation de la Xème Conférence de la CNUCED qui se réunira en février à Bangkok et qui sera aussi la première grande rencontre internationale du XXIème siècle. Présentant les résultats de la 46ème session du Conseil du commerce et du développement, qui s'est réuni du 18 au 29 octobre 1999, M. Petit a indiqué qu'elle a été consacrée à l'examen de l'interdépendance et des questions économiques mondiales dans la perspective du commerce et du développement, à savoir le commerce, la croissance et le financement interne dans les pays en développement. Les discussions se sont concentrées sur les avantages et les dangers de la mondialisation, plus particulièrement, de ses conséquences sur les relations commerciales multilatérales, et à un moindre degré, sur le système financier mondial.

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De manière assez large, il a été considéré qu'un partage équitable des bénéfices et des coûts de la mondialisation était essentiel pour un développement durable à l'échelle du monde. Le débat qui a eu lieu a souligné le rôle que peut jouer la CNUCED en s'efforçant de dégager une analyse sérieuse, exacte aussi bien qu'originale, objective et sereine des difficultés auxquelles se heurte le développement.

Le Conseil, a poursuivi M. Petit, a examiné en outre les progrès dans la mise en oeuvre du Programme d'action pour les années 90 en faveur des pays les moins avancés (PMA) ainsi que la contribution de la CNUCED à la mise en oeuvre du nouveau Programme des Nations Unies pour le développement de l'Afrique dans les années 1990. En ce qui concerne les PMA, le Conseil a, en prévision de la Conférence ministérielle de l'OMC, demandé au Secrétariat de la CNUCED d'intensifier son assistance aux PMA aussi bien par des travaux d'analyse visant à aider ces pays à formuler des initiatives en matière de négociations commerciales que par une assistance technique destinée à renforcer leur capacité à défendre leurs intérêts dans les négociations futures. Le Conseil a, par ailleurs, conclu que les prochaines grandes conférences mondiales, de l'OMC, de la CNUCED, les réunions de bilan de grandes conférences mondiales, l'Assemblée du Millénaire et les réunions internationales de haut niveau consacrées aux questions de financement du développement devraient contribuer et être rattachées à la préparation de la Troisième Conférence des Nations Unies sur les PMA qui doit se tenir en 2001.

En ce qui concerne l'Afrique, a fait observer M. Petit, les discussions se sont concentrées sur l'infrastructure du transport, le commerce et la compétitivité. Le Conseil a reconnu que le manque d'investissements humains et en infrastructures était un des obstacles principaux à une croissance soutenue et au développement durable et a encouragé la CNUCED à poursuivre sa contribution à la mise en oeuvre du programme des Nations Unies pour le développement en Afrique. S'agissant des pays en développement enclavés, le Conseil a reconnu que ces pays continuent à souffrir de coûts de transports excessifs mais qu'ils ont largement la capacité, avec les pays de transit voisins, de surmonter les obstacles aux échanges autres que physiques. Cependant, le soutien financier de la communauté internationale des donateurs est toujours attendu pour améliorer les infrastructures matérielles.

Le Conseil a aussi procédé, au cours de sa dernière session, au lancement de la préparation de CNUCED X. Il a établi un Comité préparatoire plénier qui a commencé ses travaux. Ce Comité a reçu le Ministre des affaires étrangères du Maroc qui a présenté au nom du Groupe des 77 et de la Chine, le texte du projet de plan d'action et du projet de consensus de Bangkok. Ces textes avaient été approuvés par la réunion ministérielle du Groupe des 77 au cours de laquelle le nouveau Directeur général de l'Organisation mondiale du commerce (OMC), M. Mike Moore, a prononcé son premier discours public, manifestant ainsi une attention nouvelle aux problèmes des pays en développement.

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Le Comité préparatoire a procédé à une première lecture des textes et a reçu de nombreux amendements et propositions de variantes par rapport aux textes de base du Groupe des 77. Les travaux se poursuivront étant entendu que le passage relatif au commerce ne sera examiné qu'après la Conférence ministérielle de l'OMC à Seattle car il y a évidemment beaucoup de choses en commun dans les travaux des deux organisations, a souligné M. Petit. CNUCED X offrira à la communauté internationale une occasion d'entreprendre une action ferme et courageuse pour accroître la contribution des pays en développement à l'économie mondiale et pour progresser vers une répartition plus équitable des bénéfices de la mondialisation. Ce sera l'occasion d'un examen honnête et objectif du cadre politique et institutionnel du commerce et des finances mondiales dans une perspective de développement. Le succès de la Xème CNUCED dépend largement de la participation active de tous les membres concernés de la communauté internationale, y compris la société civile, le monde des affaires et les institutions de Bretton Woods, a conclu M. Petit.

Exposé du Vice-Ministre des affaires étrangères de la Thaïlande sur CNUCED X

M. SUKHUMBHAND PARIBATRA, Vice-Ministre des affaires étrangères de la Thaïlande, s'exprimant en qualité de représentant du pays hôte de la dixième session de la CNUCED, a considéré que la Conférence sera l'événement mondial le plus important de l'an 2000, et qu'elle ne constituera pas seulement la première conférence internationale au plus haut niveau à l'aube du XXIème siècle mais qu'elle fournira en outre aux décideurs politiques un forum pour traiter de tous les aspects du développement et de la mondialisation. Ce sera l'occasion pour la communauté internationale de réexaminer les succès et les échecs des différentes stratégies de développement et de forger un consensus sur une nouvelle approche de coopération pour le développement international. Cette approche, a souligné le Vice-Ministre, doit être orientée vers l'instauration simultanée de la croissance, de la stabilité et de l'équité en vue de faciliter la pleine intégration des pays en développement dans une économie mondiale plus prospère et plus équitable. La Thaïlande, a assuré le Vice-Ministre, déploie en ce moment tous les efforts pour gérer la crise financière et reprendre la voie de la croissance économique soutenue. Il serait donc utile de tirer les leçons de cette expérience pour mieux s'équiper afin de pouvoir relever les défis futurs de la mondialisation. Il faut espérer aussi, a dit le Vice-Ministre, que l'expérience thaïlandaise en matière de gestion de crise financière et d'ajustement structurel contribuera, de manière constructive, aux délibérations et à la formulation d'une stratégie de développement et d'une coopération internationale plus efficaces afin que tous puissent tirer parti des avantages du "monde mondialisé" sans être pénalisés ou marginalisés. A cet égard et en tant que pays hôte de CNUCED X, la Thaïlande souhaite la participation de tous les pays et organisations concernés au plus haut niveau possible.

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En prévision de la Conférence, une table ronde réunissant d'éminents économistes sera organisée sur les stratégies de développement pour le XXIème siècle. Une autre table ronde de haut niveau sera ensuite organisée avec la participation des chefs des institutions spécialisées des Nations Unies pour discuter des questions de développement et de mondialisation. De plus, chaque matin avant le débat général, les chefs des organisations internationales seront invités à entamer un débat interactif. Figureront parmi les invités, les chefs du Fonds monétaire international (FMI), de la Banque mondiale, de l'Organisation mondiale de commerce (OMC) et de l'Organisation internationale du travail (OIT). Avant la clôture de la Conférence, une réunion spéciale de haut niveau est prévue pour rassembler autour d'une même table les chefs d'Etat et de gouvernement des pays développés et des pays en développement. L'objectif de cette réunion est d'entamer un dialogue franc sur de nouvelles stratégies de développement dans le cadre du système économique international. Parallèlement à la Conférence, d'autres réunions se tiendront avec les représentants des gouvernements, des ONG et du secteur privé. De plus, 10 expositions seront organisées sur les thèmes de l'élimination de la pauvreté, de la technologie de l'information, des ressources naturelles et de la gestion. Ces expositions devraient permettre aux pays en développement d'échanger leurs points de vue. Pour le Vice-Ministre, la CNUCED X sera déterminante dans les efforts, au plan international, pour favoriser la coopération pour le développement. La Conférence est l'occasion de renforcer à long terme le rôle de la CNUCED dans la réalisation des progrès pour la prospérité de toutes les nations et de tous les peuples de la planète.

Débat

Ouvrant le débat après les interventions des panélistes, le représentant de la Communauté européenne a tenu à souligner que les travaux de la CNUCED et de l'OMC devaient être complémentaires. La Communauté européenne attend beaucoup des sommets de Seattle et de Bangkok. Pour la Communauté européenne la reprise économique que l'on observe dans plusieurs pays en développement est le résultat des règles du commerce actuel, qui sont basées sur l'ouverture et le refus des protectionnismes. Nous pensons que le sommet de Seattle doit maintenir les structures actuelles du commerce international tout en étant sensible aux questions de développement. Comment la CNUCED perçoit-elle sa coopération avec l'OMC et les institutions de Bretton Woods après Seattle?

Le Secrétaire général de la CNUCED a répondu à cette question en disant que sur un plan pratique, des négociations devraient se poursuivre pour tenir compte des préoccupations des pays en développement. Il y a quelques années une collaboration entre la CNUCED et l'OMC sur les questions de tarifs douaniers auraient été impensables, a-t-il noté, ces questions se trouvant au coeur même des pratiques protectionnistes.

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La CNUCED et l'OMC coopèrent de façon harmonieuse pour aider les pays qui ne sont pas représentés à Genève et nous avons organisé nos réunions de manière que les délégations puissent aussi, au cours de la même mission, assister aux sessions de l'OMC. Pendant les négociations du Cycle d'Uruguay, nous nous sommes rendus compte des faiblesses des pays en développement sur le plan des capacités institutionnelles et humaines, ce qui les empêchaient d'avoir des positions claires et élaborées au moment des négociations. Ce problème a été en partie résolu grâce à l'aide de l'Assemblée générale et de certains Etats membres, comme l'Afrique du Sud et la République de Corée, qui ont mis à notre disposition les moyens qui nous manquaient pour venir en aide aux pays en développement. Les questions de dumping, de subventions et de tarifs ont fait, à ce sujet, l'objet de notre attention dans le cadre de la préparation des propositions à discuter à Seattle. Pour la première fois, les pays en développement ont formulés environ 50% des propositions à négocier lors de ce cycle de négociations. Nous qualifions cette démarche de "volontariste", car elle se démarque totalement de l'attitude passive qui avait été observée lors des négociations du Cycle d'Uruguay. Nous fournissons aux pays les éléments et l'information dont ils ont besoin, et c'est à eux de les utiliser à bon escient selon leurs intérêts. La CNUCED doit être une institution basée sur la connaissance et l'information, et même les pays riches et développés se servent aujourd'hui de nos rapports et de nos monographies thématiques, qui constitueront, quand elles seront toutes publiées, une sorte d'encyclopédie sur des thèmes qui ne sont pas encore l'objet de grands débats publics, comme par exemple, les négociations des investissements, mais dont l'importance est cruciale dans l'économie mondialisée.

Après ces réponses, le représentant des Philippines est intervenu pour constater que le redressement économique était réel dans certains pays en développement après la crise asiatique de 1997, peut être grâce à l'ouverture des marchés et au refus du protectionnisme. Mais beaucoup de pays, qui continuent de dépendre de l'agriculture, font face à la concurrence déloyale des productions agricoles fortement subventionnées des pays développés. Que peut-on faire, sur cette question, lors du Sommet de Seattle, pour résoudre ce problème? Une réponse positive à cette question permettra à certains pays en développement de recevoir les justes fruits de leur travail en les marginalisant à un degré moindre ?

Intervenant à son tour, le représentant de l'Organisation de l'unité africaine (OUA) a évoqué les questions de la pauvreté et du rôle du Fonds monétaire international (FMI). Lors des réunions de la Banque mondiale et du Fonds, a-t-il fait remarquer, M. Michel Camdessus a déclaré que la lutte contre la pauvreté allait devenir un axe majeur des programmes du FMI et de la Banque mondiale. Que fait la CNUCED dans ce contexte, et que peut-on attendre du cycle des négociations de l'OMC à Seattle en matière de commerce et de développement?

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Pour sa part, le représentant du Guyana a souhaité connaître le point de vue personnel du Secrétaire général de la CNUCED sur la place de la CNUCED dans le débat mondial sur le financement du développement. Intervenant à son tour, la représentante de l'Egypte a demandé plus de précisions sur le rôle de la CNUCED dans la mise en oeuvre du nouveau programme des Nations Unies pour le développement de l'Afrique dans les années 1990. Elle a souhaité également que la CNUCED, au cours de sa prochaine session, examine la question des exportations des produits agricoles, des textiles et des vêtements et celles des traitements spéciaux et différenciés en faveur des pays en développement. En règle générale, la représentante a invité la CNUCED a examiné plus avant les questions liées au système commercial multilatéral et celle de ses liens avec les institutions financières internationales. Que peut-faire la CNUCED dans l'élaboration des politiques à long terme au cours du prochain siècle, a insisté la représentante.

A son tour, le représentant du Bélarus a souhaité savoir ce qu'il en est exactement de la question de l'universalisation de l'OMC du point de vue de la satisfaction des besoins de tous les pays. Un quart des membres de l'ONU ne sont pas membres de l'OMC, a souligné le représentant en demandant si un mécanisme de consultations est prévu pour permettre aux Etats Membres de commenter les résultats de la Conférence ministérielle de l'OMC avant la Xème session de la CNUCED. La représentante du Costa Rica a soulevé la question du développement humain en mettant l'accent sur la situation difficile des personnes travaillant dans le secteur informel qui rencontrent des difficultés à se sortir de la pauvreté du fait d'un "sentiment d'infériorité". L'élimination de la pauvreté exige, a dit la représentante, la prise en compte de l'élément psychologique qui empêche ces personnes de se considérer comme des personnes dignes de vivre en dehors de la pauvreté.

Répondant aux questions, le Secrétaire général de la CNUCED a commenté les interventions sur les travaux futurs des négociations de l'OMC. Il a notamment avancé comme priorité la nécessité de prendre les dispositions requises pour élargir l'accès aux marchés des PMA. Il a estimé qu'il convient de réduire les coûts d'adaptation au cadre du Cycle d'Uruguay des pays en développement, en soulignant que cette question financière n'a jamais été étudiée. La meilleure façon de faire participer les pays en développement aux négociations de Seattle est de construire des alliances et des groupements tant il est vrai que l'union fait la force. S'agissant du financement du développement, le Secrétaire général a fait observer qu'il s'agit là du rôle premier de la CNUCED, organe de l'Assemblée générale et non d'une institution spécialisée. La CNUCED est donc le point de liaison pour un traitement intégré des questions liées à la finance, au commerce ou aux investissements, et ce, aux fins du développement.

- 10 - AG/EF/291 11 novembre 1999

Le Secrétaire général de la CNUCED a souligné que les discussions du FMI et de la Banque mondiale sur la nouvelle architecture financière mondiale ne concernent, en fin de compte, que les quelque 29 économies émergentes laissant globalement de côté les intérêts légitimes des autres 140 pays de la planète. Le travail de la CNUCED est donc de faire en sorte que ces intérêts soient pris en compte. Pour ce qui est du développement de l'Afrique, le Secrétaire général a fait observer que le temps lui manquerait s'il devait énumérer tous les efforts de la CNUCED en la matière. Il a néanmoins indiqué que la Conférence travaille avec la Commission régionale pour l'Afrique, l'OUA et qu'avec l'Egypte, elle a notamment organisé des ateliers sur les investissements, la concurrence ou encore sur les petites et moyennes entreprises. En règle générale, la Conférence met surtout l'accent sur la promotion des chances d'investissements en Afrique, peu connues jusqu'ici. La Conférence fournit donc des conseils, des guides et des directives en matière d'investissements, en particulier aux PMA.

En ce qui concerne le principe de traitement spécial et différencié en matière d'exportation des pays en développement, le Secrétaire général s'est prononcé en faveur d'instruments contraignants pour assurer l'application intégrale de ce principe. S'agissant de l'universalisation du système commercial mondial, le Secrétaire général a rappelé que la CNUCED est un pionnier en la matière. Elle a proposé à l'OMC de mettre en place un mécanisme rapide pour l'accession des PMA. En effet, sur les 48 PMA, 20 ne sont toujours pas membres de l'OMC, c'est dire la lenteur du processus. Pour ce qui est des autres pays, il a argué qu'ils devraient avoir le droit de participer aux négociations et d'accéder à l'OMC par cette participation même. Après tout, a-t-il précisé, cela a été la pratique pour les accords du GATT. Poursuivant sur la question du développement humain soulevée par le Costa Rica, le Secrétaire général a convenu que l'amour-propre doit en effet être un élément important des stratégies de lutte contre la pauvreté. Pour la CNUCED, une des façons d'édifier la dignité humaine est de donner aux populations pauvres l'occasion de prendre des initiatives. Ainsi la CNUCED, en collaboration avec la Banque du Luxembourg, a créé un marché pour les investissements privés. La plupart des banques de microcrédits dépendant de fonds, la CNUCED a voulu créer les conditions nécessaires pour l'investissement sur une base commerciale et non charitable. Le problème qui demeure aujourd'hui est celui des coûts de gestion.

Répondant à son tour, le Président du Conseil du commerce et du développement de la CNUCED est revenu sur la question du Bélarus et l'a assuré qu'un mécanisme a été prévu pour permettre aux Etats Membres de tenir compte des résultats de Seattle. C'est la raison pour laquelle, l'examen de la partie relative au commerce du projet de texte de Bangkok a été reporté pour pouvoir tenir compte des négociations de Seattle.

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Venant à la question des subventions agricoles dans les pays industrialisés, le Président du Conseil a souhaité que l'on ne simplifie pas la question et que l'on réalise que ces subventions visent souvent à limiter la production nationale.

Reprenant la parole, la représentante de l'Egypte a précisé que par son mandat élargi, la CNUCED peut établir des liens avec les autres institutions des Nations Unies pour apporter des solutions plus efficaces aux questions telles que la promotion de la femme ou la protection de l'environnement qui sont toutes liées au développement durable. Or, a constaté la représentante, la CNUCED se contente d'examiner ces questions dans le cadre étroit de son mandat. Comment la CNUCED entend-elle développer ces questions dans le cadre des préparatifs de l'examen final du Programme d'action sur le développement en Afrique ?

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