L'INDUSTRIALISATION DE L'AFRIQUE DOIT AVOIR POUR BASE UNE COOPERATION INTERNATIONALE RENFORCEE
Communiqué de Presse
AG/EF/286
L'INDUSTRIALISATION DE L'AFRIQUE DOIT AVOIR POUR BASE UNE COOPERATION INTERNATIONALE RENFORCEE
19991104Le représentant du Groupe africain évoque la dette des pays industrialisés envers l'Afrique
Le Programme de la Deuxième Décennie des Nations Unies du développement industriel de l'Afrique n'a pas reçu l'attention requise de la part de la communauté internationale dont l'intérêt s'est focalisé sur l'Asie et l'Amérique latine, foyers des pays dits émergents, a constaté le représentant de l'Algérie, s'exprimant au nom de l'Organisation de l'unité africaine (OUA) et du Groupe africain. Il a souligné que les pays industrialisés dont la responsabilité est évidente dans le retard de l'Afrique sur le plan industriel, ont une dette envers l'Afrique. Le représentant a fait ces commentaires devant la Commission économique et financière (Deuxième Commission) qui a achevé, ce matin, l'examen des questions de la coopération pour le développement industriel et du lien entre entreprises et développement. Les délégations ont ainsi convenu de la nécessité pour l'Afrique d'accélérer son processus d'industrialisation pour renverser la tendance à sa marginalisation dans l'économie mondialisée. Marginalisation due, comme l'a expliquée la Côte d'Ivoire, au manque de ressources dû à l'absence d'épargne nationale, à la baisse de l'Aide publique au développement et à la faiblesse des investissements directs étrangers. A ces causes, il faut ajouter, comme l'ont fait la Papouasie-Nouvelle-Guinée et le Nigéria, le fardeau insurmontable du poids de la dette extérieure et la question de la corruption, qui touche les gouvernants nationaux mais aussi les forces économiques extérieures. Ainsi, le Nigéria a refusé la perspective de voir son développement handicapé par le poids de la dette alors que l'argent nigérian détourné des caisses publiques est en train d'enrichir les économies de ceux-là mêmes qui lui exige des remboursements.
Pour les délégations, la solution à toutes ses causes exige l'intensification de la coopération internationale qui doit aussi porter sur le transfert de technologies. Faisant part des activités de l'Union, dans le cadre de cette coopération, la Finlande (au nom de l'Union européenne) s'est dit convaincue que l'Afrique peut se sortir de la situation actuelle compte tenu de la richesse de ses ressources naturelles et humaines. L'Algérie a abondé dans ce sens en mettant l'accent sur les initiatives des Africains eux- mêmes qui se sont matérialisées par la création de l'Alliance pour l'industrialisation de l'Afrique dont le Groupe de parrainage a tenu sa première réunion lors du dernier Sommet de l'OUA en juillet 1999.
(à suivre - 1a) - 1a - AG/EF/286 4 novembre 1999
L'industrialisation de l'Afrique exige donc un renforcement du secteur privé que plusieurs délégations ont reconnu comme le moteur de la croissance. Des délégations se sont félicitée du "contrat mondial" proposé par le Secrétaire général pour consolider les liens entre le milieu des affaires et les Nations Unies dans la réalisation du développement durable. Sans ignorer le potentiel de la contribution du secteur privé au développement, le Groupe des 77 et la Chine ont néanmoins estimé que, dans les conditions actuelles, ce secteur ne peut devenir un substitut de l'Aide publique au développement. C'est là que l'Algérie a souhaité que le débat sur le secteur privé n'occulte pas la responsabilité de la communauté internationale qui a une dette incommensurable envers l'Afrique dont les difficultés viennent d'un passé pas très lointain où le continent était considéré comme une terre de pillages des ressources naturelles et d'exploitation des ressources humaines.
Les représentants des pays suivants ont pris part au débat : Guyana (au nom du Groupe des 77 et de la Chine); Etats-Unis; Fédération de Russie; Norvège; Chine; Equateur; Thaïlande; Turquie; Ethiopie; Côte d'Ivoire; Ghana; Ukraine; Papouasie-Nouvelle-Guinée; Nigéria et Soudan. Le représentant de l'Organisation internationale du Travail (OIT) s'est également exprimé.
La Commission poursuivra ses travaux lundi 8 novembre à 10 heures.
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QUESTIONS DE POLITIQUE SECTORIELLE
Coopération pour le développement industriel
Les entreprise et le développement
Débat général
M. GEORGE TALBOT (Guyana) a déclaré, au nom du Groupe des 77 et de la Chine, que la déclaration du Secrétaire général selon laquelle tout programme de développement en faveur de l'Afrique doit impérativement saisir les opportunités offertes par les récentes avancées technologiques et minimiser les effets négatifs de la mondialisation, était partagée par le Groupe des 77 et la Chine. Mais, tout en reconnaissant la pertinence de cette assertion, les 77 et la Chine sont conscients des autres défis immédiats qui se posent au continent africain. L'Afrique manque manifestement de bases de connaissance scientifique et technologique ainsi que d'une main-d'oeuvre capable sur lesquelles s'appuient aujourd'hui les pays qui dominent la scène économique, ceci au moment où elle doit réorienter de façon urgente ses industries de transformation en vue de créer des produits compétitifs sur les marchés mondiaux. Les secteurs traditionnels de l'alimentation, des boissons et des textiles ne suffiront plus à la croissance et à l'expansion industrielle du continent. L'Afrique court en fait le risque d'une plus grande marginalisation dans un monde désormais dépendant d'une économie basée sur la connaissance et la compétitivité qualitative des travailleurs. Les politiques d'ajustement structurel, soit-disant conçues pour corriger les déséquilibres des économies du continent n'ont, pour leur part, pas abouti aux promesses de croissance et d'expansion qui leur étaient liées. Au contraire, la libéralisation du commerce a abouti à des flux de marchandises à bon prix venues d'ailleurs qui ont affaibli la base industrielle de l'Afrique. Certaines des recommandations visant à accélérer la productivité en vue d'une plus grande compétitivité du continent, mettent l'accent sur la maîtrise des sciences et de la technologie, et l'information et la communication sont cités comme des éléments essentiels pouvant permettre une compétitivité accrue du secteur privé.
Le Groupe des 77 et la Chine font les leur les soucis concernant une plus grande marginalisation de l'Afrique exprimés par l'Organisation de l'unité africaine (OUA). Et nous sommes d'avis que le fossé technologique et de revenus entre la région et le reste du monde pourrait être réduit par des investissements publics et privés dans l'infrastructure industrielle, le renforcement des capacités techniques grâce au développement des ressources humaines, la construction d'institutions viables et la mise en place d'une gouvernance économique efficace, a observé le délégué.
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Le soutien des donateurs est sur ces points indispensable, et le Groupe des 77 et la Chine tiennent à réaffirmer leur soutien a l'appel du Secrétaire général pour un renforcement du niveau des capacités humaines du continent africain, pour que l'Afrique puisse se présenter comme une partenaire commerciale qui puisse attirer les investisseurs potentiels de l'économie mondialisée.
Concernant le point de l'ordre du jour consacré aux entreprises et au développement, le Groupe des 77 et la Chine regrettent la parution tardive du rapport qui le traite. Ceci est aggravé par le fait que ce rapport répond à un mandat qui a été donné il y a deux ans. Les deux thèmes abordés dans le rapport nous satisfont toutefois. Il s'agit de la promotion d'un environnement favorable au développement du secteur privé et d'un cadre pour un partenariat des entreprises au développement. Ces questions sont pertinentes à l'heure de la mondialisation, le secteur privé jouant un rôle de plus en plus important et représentant 70% des flux mondiaux de capitaux. Bien que ce secteur ne puisse, dans les conditions actuelles, devenir un substitut de l'Aide publique au développement, nous ne pouvons ignorer son potentiel de contribution au développement. Mais des changements doivent être apportés pour en faire un partenaire sûr. Nous devons reconnaître la vulnérabilité des pays en développement et en transition face aux changements qui se font dans les attributions relevant du privé et du public, et nous pensons que ces pays devraient recevoir davantage d'assistance et de formation en ce qui concerne la mise en oeuvre des politiques à la suite des privatisations.
M. MATTI KAARIAINEN (Finlande), au nom de l'Union européenne et des pays associés, a appuyé l'assertion du Secrétaire général selon laquelle la transformation économique de l'Afrique dépend des progrès effectués dans les domaines du développement industriel et agricole qui viendra d'une production à haute valeur ajoutée et du renforcement de la compétitivité, avec un accent particulier sur l'emploi et la génération de revenus. Cela est d'autant plus vrai, a estimé le représentant, que l'Afrique possède des atouts évidents; la fertilité de ses terres et la richesse de ses ressources humaines et naturelles. L'exploitation de ses éléments, de manière holistique et véritablement participatoire, ne peut que donner un élan requis au développement socioéconomique de l'Afrique et contribuer largement à réduire la pauvreté. Dans ce contexte, l'Union européenne souligne la nécessité d'introduire la science et la technologie en Afrique pour y accélérer la productivité. Les technologies modernes de l'information et des communications doivent permettre de faire de la création des réseaux une partie intégrante des plans liés aux entreprises et de faciliter l'établissement de nouveaux partenariats. Il ne faut pas pour autant se laisser aveugler par les nouvelles technologies, a ajouté le représentant qui a souligné en outre l'importance des moyens de développement traditionnels.
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Il a également souligné que la durabilité des petites entreprises créées grâce aux mécanismes de microfinancement constitue un autre défi du processus d'industrialisation de l'Afrique. Pour sa part, a indiqué le représentant, l'Union européenne appuie le développement en Afrique par le biais de programmes bilatéraux et de programmes nationaux, projets et opérations spécialement conçus pour les domaines de la manufacture, des mines, de l'énergie, de l'infrastructure, des services et de l'agriculture. Ces initiatives se font dans le cadre du Fonds européen de développement et la Banque européenne d'investissement. Saluant le rôle de l'ONUDI, le représentant a reconnu l'importance de la Conférence sur le partenariat pour l'industrie et l'investissement qu'elle a tenue au Sénégal les 20 et 21 octobre 1999.
Venant à la question du lien entre les entreprises et le développement, le représentant a qualifié le secteur privé de moteur principal de la croissance économique et de source principale de création d'emplois. Il a rappelé que, l'année dernière, la Commission européenne a lancé une nouvelle stratégie pour le développement du secteur privé dans les pays de l'ACP qui présage de l'évolution de la situation après la période "Convention de Lomé". La stratégie se concentre sur l'amélioration de l'environnement pour les entreprises et les investissements, le renforcement des activités financières et non financières et l'augmentation de la compétitivité des entreprises. Les activités sont menées en collaboration avec la Banque européenne d'investissement et le Centre ACP-Commission européenne pour le développement de l'industrie. La coordination s'effectue également avec les autres donateurs, en particulier les membres de l'Union européenne. Le représentant a conclu en appuyant l'idée, lancée en janvier dernier par le Secrétaire général, d'instaurer un "contrat mondial" avec le milieu des affaires. Il s'agit là, a estimé le représentant, d'une initiative importante qui tient compte des trois dimensions du développement, à savoir le respect des droits de l'homme, l'amélioration des conditions de travail et la protection de l'environnement. Cette initiative est susceptible de renforcer la coopération entre les entreprises et les Nations Unies en ce sens qu'elle offre l'occasion de donner un nouvel élan à la contribution actuelle des entreprises au développement.
M. MICHAEL GALLAGHER (Etats-Unis) a souligné que le secteur privé joue aujourd'hui un rôle clef dans l'économie internationale. Il est le premier créateur et pourvoyeur d'emplois et le premier créateur de richesses, que ce soit aux niveaux national ou international. Le privé, de par son impact, joue également un rôle essentiel en matière d'éducation et de développement social. Les Etats-Unis soutiennent l'affirmation du Secrétaire général selon laquelle le secteur privé peut également tenir le premier rang en ce qui concerne la promotion et la construction d'infrastructures, quand un système administratif et légal, juste et équitable, existe et permet aux entreprises d'opérer. Notre délégation tient à affirmer son approbation sur le constat selon lequel l'encouragement à une bonne gouvernance favorise aussi la croissance du privé.
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Le rapport souligne le travail effectué par les agences de l'ONU pour aider à la mise en place de cadres de bonne gouvernance dans les domaines de la comptabilité, du droit, et de la finance notamment. Nous encourageons à cet égard le système de l'ONU, et lui demandons d'élargir davantage le cadre de ses interventions. Les Etats-Unis tiennent à affirmer que le secteur privé, pour sa part, doit tenir certaines responsabilités vis-à-vis de l'intérêt public. Il devrait respecter les législations du travail et protéger certaines normes en ce domaine. A cet égard, nous estimons que l'ensemble des directives et idées exprimées à Davos constituent un pas dans la bonne direction, notamment en ce qui concerne le respect de l'environnement et l'éthique sur les lieux de travail.
M. NIKOLAI V. TCHOULKOV (Fédération de Russie) a appuyé le renforcement des institutions spécialisées des Nations Unies, en particulier de l'ONUDI dont il a dit apprécier les activités et attendre une coopération plus grande. Le représentant s'est félicité de la contribution des organisations du système des Nations Unies - CNUCED, ONUDI et PNUD - à la promotion des entreprises dans les pays en développement et les pays à économie en transition. A cet égard, il a estimé que le principal obstacle auquel se heurte la plupart des petites et moyennes entreprises vient de leur accès réduit aux ressources financières. Il est donc important, a jugé le représentant, de déployer des efforts supplémentaires tant dans le cadre de la CNUCED que dans celui des institutions financières internationales pour rechercher de nouveaux mécanismes de financement et répondre ainsi aux besoins des petites et moyennes entreprises, en particulier dans les pays caractérisés par des capacités financières limitées et un système bancaire sous-développé. Le représentant a salué les activités de la CNUCED dans la promotion d'une coopération internationale interentreprises comme il s'est félicité des activités des organisations citées dans le domaine de la formation du personnel des entreprises afin de leur permettre de fonctionner dans les conditions actuelles du marché. La Fédération de Russie compte aujourd'hui plus de 860 000 petites entreprises qui produisent près de 12% du PNB, a indiqué le représentant. Le pays est conscient des efforts qui restent à faire pour améliorer l'environnement macroéconomique et juridique et apprécie, à cet égard, l'appui technique apporté par les organisations internationales du système des Nations Unies mais aussi par la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD), l'Union européenne et la Banque mondiale.
M. OLE PETER KOLBY (Norvège) a déclaré que la Norvège a présenté au début de cette année un document de stratégie générale définissant sa politique en matière de soutien au développement du secteur privé dans les pays en développement. Cette stratégie prend en compte les changements intervenus sur la scène internationale et le besoin de stimuler les stratégies qui sont favorables à la fois aux actions des gouvernements en vue de mettre en place des économies de marchés fonctionnelles et à la production économique du privé.
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L'amélioration des cadres légaux et institutionnels et des conditions politiques pour un meilleur développement des entreprises privées joue un rôle central dans cette stratégie. Ceci suppose des efforts pour assurer des politiques nationales prévisibles, le fonctionnement normal des appareils judiciaires et le fonctionnement sans heurt du système financier. Un autre élément essentiel de la réussite de cette stratégie est l'encouragement à la mobilisation et à l'investissement de fonds non seulement internationaux, mais aussi domestiques, la plupart des pays en développement ne recevant pratiquement pas de financements directs étrangers. La Norvège met l'accent sur l'importance de l'assistance fournies par les institutions des Nations Unies et les autres institutions multilatérales dans les domaines du commerce et du développement, en vue de faciliter le développement du secteur privé, a souligné le délégué. Nous sommes prêts à cet égard à considérer un élargissement de nos mesures de soutien pour aider les pays en développement à saisir les opportunités que leur offre la mondialisation.
M. HUANG XUEQI (Chine) a estimé que l'Etat a un rôle irremplaçable à jouer dans la formulation des stratégies globales pour le développement des entreprises, dans la création d'un environnement favorable et dans la fourniture d'un appui régulatoire et institutionnel. Au niveau international, les gouvernements, les organisations internationales pertinentes et la société civile doivent déployer des efforts pour faciliter les échanges d'expériences, établir des réseaux d'informations et promouvoir le commerce et l'investissement entre les entreprises. Le représentant s'est félicité des initiatives prises dans ces domaines par la CNUCED et l'ONUDI. Faisant part du plan de son pays pour la réforme et le développement des entreprises publiques, le représentant a indiqué que ce plan vise à renforcer l'influence des entreprises publiques dans l'économie nationale tout en promouvant le développement parallèle des secteurs privé et public. Le plan vise aussi la réforme des entreprises publiques d'une manière stratégique et promeut la réorganisation des biens publics. Le plan fournit des directives pour transformer la gestion des entreprises et établir un système moderne d'entreprises conforme aux impératifs de l'économie de marché. Le plan établit un mécanisme de concurrence caractérisé par la survie des entreprises les plus saines. Le Gouvernement a renforcé la codification et le développement de lois pour protéger les droits et intérêts des entreprises privées comme il a formulé et mis en place des politiques concrètes pour développer le secteur privé. Le Gouvernement cherche en fait à créer un environnement politique et économique qui permet une concurrence juste entre les entreprises de tout type. Le représentant a terminé en appelant au renforcement de la coopération internationale dans les domaines technologique et financier. Il est tout aussi important, a-t-il souligné, de renforcer la coopération industrielle par la mise en place de services consultatifs ou de cours de formation.
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M. FERNANDO YEPEZ (Equateur) a remercié le Secrétaire général pour le contenu de ses rapports sur le point examiné ce jour par la Commission. L'Equateur s'associe à la déclaration du Groupe des 77 et la Chine. Notre pays a appliqué des programmes d'ajustement structurel et des mesures de bonne gouvernance, dont celles liées à la lutte contre la corruption. Mais notre pays reste marginalisé par la mondialisation, dont les mécanismes ne répartissent pas équitablement les bienfaits. Définie par des critères rigides et des modèles de développement qui ne répondent pas à nos réalités, nous estimons que la mondialisation ne profite qu'à quelques pays puissants et qui en contrôlent les moyens, et nous demandons que le prochain cycle de négociations de l'Organisation mondiale du commerce (OMC), rende justice à nos pays en nous ouvrant de manière plus équitable les marchés des pays du Nord, qui sont encore l'objet de protectionnisme déguisé. Notre pays est cependant satisfait de sa coopération avec l'Union européenne, qui laisse augurer des développements positifs sur le plan des échanges. Au niveau de notre sous- région, nous sommes satisfaits du cadre d'échanges que nous avons pu établir avec les pays andins, et pensons qu'il est un précurseur à notre intégration à des échanges économiques plus larges au niveau international.
M. CHUCHAI KASEMSARN (Thaïlande) a indiqué que, dans le cadre de la Décennie pour le développement industriel de l'Afrique, son pays a fourni une assistance technique aux pays africains principalement dans les domaines de l'agriculture, de la santé, de l'éducation, de la gestion et du développement des ressources humaines. Cette assistance s'est accompagnée d'efforts visant à impliquer le secteur privé et à renforcer les partenariats des deux côtés. La Thaïlande continuera à jouer ce rôle et c'est d'ailleurs dans ce cadre qu'elle a organisé en 1997, en coopération avec le Japon, les Nations Unies et la Coalition mondiale pour l'Afrique, le Deuxième Forum Asie-Afrique. Le représentant a poursuivi en soulignant le rôle important de l'ONUDI dans le développement industriel des pays en développement et en rappelant, à cet égard, que c'est grâce à cette Organisation que son pays a été en mesure de développer et de diversifier sa base industrielle. Abordant la question du lien entre les entreprises et le développement, le représentant a qualifié le secteur privé de moteur de la croissance économique. Depuis la crise financière, le Gouvernement n'a cessé de multiplier les efforts pour rétablir la confiance du secteur privé. Il a ainsi pris la décision de réformer la structure tarifaire; de promouvoir l'investissement équitable; de rétablir le secteur de l'immobilier; et de financer les petites et moyennes entreprises. Ces politiques sont menées parallèlement à la mise en place de mesures de filet de sécurité sociale, de bonne gouvernance et de démocratie, de saine gestion de l'environnement. En outre, avec le concours de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international (FMI), la Thaïlande a formulé un plan pour la réforme des entreprises publiques. Le plan concerne la réforme ou la privatisation de 59 entreprises publiques travaillant dans des domaines clefs, en particulier les télécommunications, les transports, l'eau ou l'énergie.
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M. BURAK OZUGERGIN (Turquie) a déclaré que son pays considère les petites et moyennes entreprises (PME) comme les meilleurs outils de production au sein d'une économie de marché de plus en plus compétitive. Elles produisent souvent beaucoup plus avec beaucoup moins d'investissements, et créent plus d'emplois avec des coûts d'investissement réduits, s'adaptant mieux aux fluctuations économiques. De même, elles s'adaptent plus vite aux changements des demandes de consommation et assurent un meilleur équilibre de développement régional, tout en corrigeant la mauvaise répartition des investissements nationaux. Environ 99% des entreprises turques sont des PME, et elles emploient la moitié de la force de travail de notre pays, a dit le délégué. Mais les PME ont aussi leurs problèmes, notamment la difficulté à obtenir des crédits de financement, contrairement aux grandes entreprises. Leur niveau technologique est aussi souvent assez bas, et nous sommes heureux que la plupart des Fonds et Programmes de l'ONU et les institutions de Bretton Woods aient reconnu le rôle et les problèmes des petites et moyennes industries (PMI). Nous encourageons le travail des Nations Unies visant à appuyer la croissance des PMI ET PME. Nous pensons aussi que plus de soutien devrait être apporté à ces entreprises dans les domaines de la formation, de la gestion, du marketing, du conseil, de l'assistance financière et de l'audit, à travers des actions combinées des secteurs public et privé.
M. ABDALLAH BAALI (Algérie), au nom de l'Organisation de l'unité africaine (OUA) et du Groupe africain, a estimé que la question de l'industrialisation de l'Afrique n'a pas reçu toute l'attention voulue de la part de la communauté internationale dont l'intérêt se focalise sur les autres régions du monde en développement, essentiellement l'Asie et l'Amérique latine, qualifiées de "foyers" des pays dits émergents. La demande, maintes fois réitérée, d'aide et de coopération faite en direction de la communauté internationale, loin de constituer un indice de faiblesse, constitue, au contraire, un acte de foi et une marque de confiance en la solidarité internationale dont la mondialisation effrénée que vit la scène internationale fait aujourd'hui une exigence, en même temps qu'une condition pour une intégration ordonnée du Sud à l'économie mondiale, a précisé le représentant. Pour répondre à la grave défaillance de leurs économies, a expliqué le représentant, les pays africains ont lancé en octobre 1996, l'Alliance pour l'industrialisation de l'Afrique, conçue comme un mécanisme pour la promotion du partenariat entre les secteurs public et privé, d'une part, et entre les entreprises africaines et non-africaines, d'autre part. En juillet dernier, la première réunion du Groupe de parrainage des chefs d'Etat et de gouvernement de l'Alliance s'est tenue à l'occasion de la 35ème session de l'OUA.
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Les dirigeants ont ainsi pris l'engagement à redoubler d'efforts pour inverser la tendance à la baisse des flux d'investissements directs et doubler la part de l'Afrique dans la production industrielle mondiale. Ils ont réaffirmé leur engagement à mobiliser leurs propres ressources pour l'industrialisation de l'Afrique et à éliminer tous les obstacles qui bloquent les investissements étrangers. Ils se sont intensifier leurs efforts en vue de la mobilisation des ressources financières en faveur de programmes nationaux dans le domaine de l'industrialisation.
Le représentant a, tout en soulignant le rôle crucial du secteur privé dans la croissance économique, fait observer que la vision qui veut que le secteur privé soit la panacée aux problèmes économiques des pays africains ne peut, à l'évidence, être partagée étant donné que le secteur privé, en particulier étranger, est exclusivement guidé par son propre profit. De plus, il ne se montre généralement guère généreux en matière de transfert de technologie qu'il n'accepte de mettre à la disposition des pays du Sud qu'avec parcimonie et calcul. Par ailleurs, a ajouté le représentant, le rôle du secteur privé ne doit pas occulter la responsabilité de la communauté internationale de venir concrètement en aide à l'Afrique, notamment dans un secteur qui est à même de favoriser la croissance économique et le développement durable des pays africains. Cette responsabilité est d'autant plus grande que bien des difficultés auxquelles est confronté le continent puisent leurs racines dans un passé pas très éloigné où l'Afrique était considérée comme un immense réservoir de ressources naturelles bonnes à piller et de ressources humaines bonnes à exploiter, y compris comme chair à canon pour des conflits dans lesquels l'Afrique n'était ni de près ni de loin concernée. Les pays développés, a insisté le représentant, ont donc une dette incommensurable envers le continent.
Le représentant a terminé en se félicitant du rôle de l'ONUDI qui a su "saisir l'opportunité de l'Alliance pour l'industrialisation de l'Afrique pour redéployer sa stratégie sur le continent" et en appelant les différents autres organismes des Nations Unies et les institutions internationales, comme la Banque mondiale et les Fonds et Programmes de s'acquitter également de leur part de responsabilité en matière de mise en oeuvre du Programme de la deuxième Décennie pour l'industrialisation de l'Afrique.
M. DANIEL TESHOME (Ethiopie) a déclaré que l'intégration de l'Afrique au processus de mondialisation requiert des actions rapides dans les domaines de l'amélioration de la qualité des ressources humaines, de la diversification du secteur industriel, et de l'efficacité du secteur financier. Si des mesures de soutien ne sont pas rapidement mises en place, et financées de manière adéquate pour promouvoir le type de structures industrielles dont le continent africain a besoin pour devenir compétitif, l'Afrique connaîtra encore des reculs.
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La communauté internationale doit s'engager davantage dans une véritable coopération basée sur le partenariat, l'appropriation des projets par les pays récepteurs et leurs populations et leur exécution par des Africains. Cette coopération doit être destinée à faire usage, au profit des Africains, des richesses minières, agricoles et humaines, qui peuvent assurer le bien-être et la croissance de l'Afrique. C'est à cet égard, que l'Ethiopie soutient pleinement les programmes contenus dans l'Alliance pour l'industrialisation de l'Afrique, dont entre autres, l'amélioration du renforcement des ressources humaines, la promotion de l'intégration régionale, et l'accent sur un consensus au niveau national entre les visées du secteur privé industriel et les véritables besoins des pays. Nous espérons que la Conférence tenue du 20 au 21 octobre à Dakar sous le thème "Partenariats industriels en Afrique et investissements" pourra aider à mobiliser les soutiens financiers et techniques dont ont besoin les programmes intégrés de pays existants.
M. CLAUDE-STANISLAS BOUAH-KAMON (Côte d'Ivoire) a indiqué que l'industrialisation de l'Afrique fait face à des facteurs négatifs que sont le manque de ressources dû à l'absence d'épargne nationale, le poids de la dette extérieure, la baisse de l'Aide publique au développement et la faiblesse des investissements directs étrangers. A cela, il faut ajouter les difficultés dues à l'insuffisance de ressources humaines qualifiées et l'accès à la connaissance technique et scientifique. Tout en faisant des initiatives prises dans le cadre de l'Alliance pour l'industrialisation de l'Afrique, le représentant a salué les efforts de l'ONUDI qui, depuis des années, offre aux pays africains une gamme de solutions pour les aider à surmonter les difficultés auxquels se heurtent les efforts de mise en oeuvre d'une industrie moderne et efficace. Dans le cadre de sa politique d'industrialisation, la Côte d'Ivoire fonde sa stratégie sur la recherche de la valorisation de la production agricole; les stratégies sectorielles reposant sur le développement de l'agriculture, des mines, de l'énergie et de l'industrie; la prise en compte du processus d'intégration de l'Union économique et monétaire ouest africaine (UEMOA) et la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'ouest (CEDEAO); et sur l'amélioration des relations entre les pouvoirs publics et le secteur privé, a indiqué le représentant.
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M. KWABENA OSEI-DANQUAH (Ghana) a déclaré que sa délégation partage le constat selon lequel la transformation économique de l'Afrique repose sur la création de liens et de synergies entre développement industriel et meilleure productivité agricole, accompagnés d'une amélioration dans les connaissances et la maîtrise des technologies. Nous tenons cependant à relever que les programmes d'ajustement structurel imposés au continent africain par le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale, ont tué les industries locales africaines et augmenté de façon dramatique les coûts de l'éducation et de l'appropriation des connaissances. D'un autre côté, la mise en oeuvre pourtant intégrale des politiques fiscales et douanières qui nous avaient été recommandées n'a pas amené les flux d'investissements étrangers et autres investissements que l'on nous avait fait miroiter. Il est impératif que les politiques élaborées à Washington soient revues et peaufinées, pour faire de la réduction de la pauvreté et de la résolution des questions des autres aspects sociaux du développement le centre des politiques macroéconomiques que devraient mettre en oeuvre les pays africains sous réforme. De même, nous pensons qu'une approche globale et intégrée devrait être considérée, concernant le soutien à l'industrialisation de l'Afrique, et nous soutenons les initiatives de l'ONUDI, qui mettra en route, à partir du mois de décembre 1999, 50 programmes intégrés dans les pays en développement et en transition. Notre pays est aussi d'accord avec l'approche de l'ONUDI, qui préconise que soit mise en place une stratégie visant plus de compétitivité sur les marchés internationaux, stratégie dont les critères ne seraient pas basés sur les coûts et les prix comme c'est le cas en ce moment. Cette approche serait plutôt basée sur les termes du commerce international et notamment l'accès aux marchés.
M. V. RESHETNIAK (Ukraine) a indiqué que la mise en oeuvre réussie du processus de développement des entreprises, de privatisation et d'élimination des monopoles est d'une importance cruciale pour les économies en transition qui sont en train de jeter les bases d'une économie de marché. Le Gouvernement a défini 7 tâches principales en ce sens, à savoir : la finalisation du processus de privatisation, l'élaboration de mécanismes de protection du droit à la propriété privée; la création d'un cadre juridique et régulatoire pour la protection des créanciers, des investisseurs et de la propriété privée; la création d'un environnement économique favorable à la concurrence; la mise en place d'une réforme du système de taxation; le renforcement de la monnaie locale; et l'intensification du processus d'intégration, notamment la coopération avec les institutions financières internationales et l'accession à l'Organisation mondiale du commerce. La coopération du système des Nations Unies étant importante en la matière, le représentant s'est félicité de l'initiative de la Commission économique pour l'Europe visant à promouvoir le développement du secteur privé dans les économies en transition.
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A cet égard, le représentant a souhaité une coordination plus avant entre le Commission économique, le PNUD et la CNUCED pour éviter les doubles emplois. Il a salué l'initiative utile de la CNUCED de mener une étude approfondie des aspects technique, économique, juridique et social du commerce électronique. Rendant hommage aux efforts de l'ONUDI, le représentant a souhaité que l'Organisation renforce son rôle dans les domaines du transfert de technologies, notamment à partir des économies en transition.
M. GARETH HOWELL, Directeur adjoint de l'Organisation internationale du travail (OIT), a déclaré que l'OIT a une relation particulière avec le secteur économique privé qui donne à ce dernier un rôle égal de partenaire face aux gouvernements dans la structure de l'OIT. Cette composition tripartite adopte et met en oeuvre les résolutions et les instruments de l'OIT, essentiellement par consensus entre les représentants des gouvernements, des employeurs et des travailleurs. Les différents partenaires ont un rôle égal non seulement dans la conception des normes du travail et leur application, mais aussi dans l'avancement des principes stratégiques de l'OIT qui sont notamment: la promotion des droits fondamentaux du travail, le maintien de conditions d'emploi décentes et durables pour les deux sexes, l'amélioration de la protection sociale, et le renforcement du dialogue tripartite et social. En 1997, l'OIT a adopté une Déclaration de principes tripartite concernant les compagnies multinationales et la politique sociale. Cette Déclaration était la première réponse, au niveau international, aux problèmes liés aux activités des multinationales, et était le résultat de consultations entre les gouvernements, les employeurs, les organisations de travailleurs et les multinationales. L'OIT a mis en place des principes dans les domaines de l'emploi, de la formation, des conditions de travail et des relations industrielles, et s'adapte aisément aux changements qui interviennent dans l'environnement socioéconomique international. Cette Déclaration aide à renforcer un partenariat dans lequel les gouvernements, les employeurs et les travailleurs partagent les responsabilités du développement économique et social. Elle permet un équilibre entre le besoin d'attirer les investissements étrangers et celui de politiques sociales équitables et progressives.
M. ADAM VAI DELANEY (Papouasie-Nouvelle-Guinée) a déclaré qu'il serait illusoire d'attendre des pays qui dépensent le fruit de leurs exportations au paiement du service de la dette, une véritable croissance du secteur privé. De plus, l'expérience a montré que la réduction du rôle du secteur public doit se faire prudemment et se fonder sur un plan systématique et l'acceptation publique afin d'atténuer l'impact négatif sur le bien-être des populations et la désintégration sociale. La Papouasie-nouvelle-guinée est néanmoins déterminée, compte tenu des réalités actuelles, à faire en sorte que la privatisation stimule les activités économiques productives, à améliorer la stabilité économique et à créer un environnement favorable aux investissements. Le représentant a poursuivi en attirant l'attention de la Commission sur la question de la lutte contre la corruption.
- 13 - AG/EF/286 4 novembre 1999
Il s'agit d'une question sensible qui touche aux préoccupations nationales mais qui exige néanmoins une coopération internationale renforcée. La corruption n'est pas seulement une violation de l'éthique, elle compromet aussi l'intégrité du développement humain. Il est vrai que la promotion de meilleures conditions de travail contribue à l'honnêteté et au sens de la responsabilité. Si la promotion d'un marché transparent exige une certaine discipline des locaux, cette discipline doit aussi concerner les forces externes qui recourent à des pratiques non éthiques. Les investisseurs doivent montrer leur sens de responsabilité et adhérer à des codes de conduite. La Papouasie-Nouvelle-Guinée est disposée à explorer les options d'une coopération internationale pour recouvrer l'argent public qui a quitté le pays à la suite de pratiques corruptrices. Elle souhaite que les prochains rapports du Secrétaire général fassent des recommandations sur une action mondiale en ce sens. La croissance des entreprises dépendant également de la formation, le représentant a appelé les Nations Unies à poursuivre leurs programmes de formation et le Département des affaires économiques et sociales à donner plus de détails sur les activités consultatives en ce qui concerne le secteur des mines.
M. A. P. ETANOMARE OSIO (Nigéria) a affirmé que toute tentative de mettre en oeuvre un programme d'industrialisation en Afrique aboutira à peu de chose si des mesures de réduction de la pauvreté n'en font pas pleinement partie. La pauvreté est la principale question à résoudre et ne peut trouver une solution qu'à travers une approche holistique qui permettra aux citoyens travaillant dans le secteur industriel d'en recueillir de vrais bénéfices, qui se traduiraient par l'amélioration de leur mode de vie. Concernant la question du rôle des entreprises dans le développement, nous sommes assez surpris de l'abondant usage des termes et des concepts de "cadres de fiscalité", "régulation des marchés financiers", "droits intellectuels et de propriété commercialisables", parmi tant d'autres, a dit le délégué. De quoi veut-on parler, pour des pays où 80% de l'argent circulent en dehors des systèmes bancaires et où la notion de taux d'intérêt ne veut absolument rien dire concernant les investissements? De quels marchés de capitaux nous parle- t-on quand 80% des diplômés de nos universités n'ont aucune perspective d'emploi, ou quand dans certains pays, l'Etat ne peut fournir aucun service de base, y compris le maintien de la sécurité publique et la justice? C'est la situation que vivent la majorité des pays en développement, et c'est la raison pur laquelle les Nations Unies et leurs agences opérationnelles devraient sérieusement se pencher sur les structures économiques de ces pays et essayer de les aider à trouver des solutions qui reflètent les véritables réalités du terrain.
Le Nigéria et l'Afrique sont sensibles à la question de la corruption et des pots-de-vin. Nous sommes tous, à cet égard familiers avec les publications annuelles de l'ONG "Transparency international", a dit M. Etanomare Osio. La corruption est une plaie et un obstacle sur le chemin du développement.
- 14 - AG/EF/286 4 novembre 1999
Mais les entreprises privées, dont on chante tant aujourd'hui les louanges sont aussi le principal vecteur de ce cancer qui empêche les pays de faire un usage optimal de leurs ressources. Le rapport du Secrétaire général appelle les gouvernements des pays du Sud à balayer devant leur porte. Soit. Mais, et notre Président, M. Olesegun Obasanjo l'a dit à la tribune de cette Assemblée générale, l'expérience montre que des millions et même des milliards de dollars ont quitté frauduleusement l'Afrique avec la participation active des entreprises étrangères pour aller enrichir des banques, elles aussi, étrangères. La résolution de ce problème est une question morale. Le développement du Nigéria et d'autres pays africains ne doit pas continuer de souffrir du poids d'une dette qui l'écrase, alors que l'argent nigérian détourné, est en train de renforcer et d'enrichir les économies des pays qui sont aussi nos créditeurs et nous harcèlent. Nous comptons sur cette Commission pour aider tous les pays en développement à récupérer l'argent qui est le leur, et le Nigéria insiste pour que des considérations éthiques prévalent désormais à l'implication des entreprises privées étrangères dans les actions de développement.
M. MUBARAK HUSSEIN (Soudan) a convenu que le redressement économique de l'Afrique après une décennie d'ajustement structurel ne se réalisera pas à moins d'un développement du secteur industriel. Il a appuyé les recommandations du Secrétaire général qui appellent à une augmentation de la valeur ajoutée dans la production africaine. Le représentant a appelé à un renforcement du transfert de technique et des investissements directs étrangers. Il a également félicité l'ONUDI pour ses programmes par pays lancés l'année dernière dans 15 pays africains auxquels devraient s'ajouter, dans un avenir proche, quelque 10 autres pays. Le représentant a lancé un appel à la communauté des donateurs pour qu'elle mette à la disposition de l'ONUDI les 150 millions de dollars nécessaires à l'exécution de ces programmes. Le représentant a souhaité que la Commission fasse siennes les conclusions de la Conférence de l'ONUDI sur le partenariat pour l'industrie et les investissements tenue à Dakar les 20 et les 21 octobre. Il a attiré l'attention de la Commission sur les résultats de la première réunion du Groupe de parrainage des chefs d'Etat et de gouvernement de l'Alliance pour l'industrialisation de l'Afrique à laquelle le Soudan participe également comme en témoigne la récente création d'un Conseil de partenariat industriel réunissant les représentants du gouvernement, des secteur privé et public, des unions syndicales et professionnelles ou des centres de recherche appliquée.
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