AG/EF/285

SANS UNE RELANCE INDUSTRIELLE SOUTENUE, L'AFRIQUE NE RETROUVERA QU'EN L'AN 2010 LE NIVEAU DE VIE QU'ELLE AVAIT EN 1974

3 novembre 1999


Communiqué de Presse
AG/EF/285


SANS UNE RELANCE INDUSTRIELLE SOUTENUE, L'AFRIQUE NE RETROUVERA QU'EN L'AN 2010 LE NIVEAU DE VIE QU'ELLE AVAIT EN 1974

19991103

La Commission économique et financière (Deuxième Commission) a entamé, cet après-midi, l'examen des questions de politique sectorielle, en particulier la coopération pour le développement industriel et les liens entre les entreprises et le développement. Elle a été saisie, dans le cadre de l'examen de la question, de deux rapports du Secrétaire général dont l'un portant sur le Programme de la deuxième Décennie du développement industriel de l'Afrique, a été présenté par le Directeur général adjoint de l'Organisation des Nations Unies pour le développement industriel (ONUDI), M. Carlos Sersale di Cerisano. Ce dernier a observé que le principal défi du continent africain était d'inverser sa tendance à être marginaliser par la mondialisation. La seule façon d'y parvenir est de mettre en place les conditions d'une croissance industrielle forte et soutenue. Si les taux de croissance ne sont pas accélérés, l'Afrique ne pourra rattraper le niveau de revenu par habitant qu'elle avait en 1974, qu'en l'an 2010. La part de l'Afrique dans les échanges commerciaux internationaux n'est, à l'heure actuelle, que de 1,8% et sa contribution à la production industrielle n'est que de 0,3%. Seul 1% des investissements directs étrangers vont, d'autre part, vers le continent.

Au niveau des politiques et des stratégies, en coopération avec l'OUA et la CEA, l'ONUDI a établi des mécanismes de "Groupes de Parrains", présidés par le Président de la Côte d'Ivoire, M. Henri Konan Bédié. Concernant les programmes, l'ONUDI a développé un portefeuille de services intégrés en vue de résoudre les problèmes de l'industrialisation de l'Afrique, mettant l'accent sur la compétitivité des économies, les emplois productifs et l'établissement de modes de production industrielle préservant l'environnement. Au niveau financier, l'ONUDI a décidé de consacrer 70% de ses ressources aux programmes intégrés destinés à l'Afrique. Cette initiative est soutenue par un certain nombre de pays qui ont versé plus de 30 millions de dollars s'ajoutant aux 10 millions de dollars mis par l'ONUDI au service de cette politique.

Présentant le rapport du Secrétaire général sur les entreprises et le développement, le Directeur de la Division de l'économie et de l'administration publiques du Département des affaires économiques et sociales, M. Guido Bertucci, a estimé que le rapport témoigne de l'engagement du système des Nations Unies en faveur de la promotion des entreprises et d'une plus large participation du secteur privé dans les processus de développement et de consolidation de la paix.

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Les exemples cités dans le rapport reflètent le fait que les Nations Unies ont reconnu le caractère diversifié des modalités possibles de relations entre le monde des affaires et les Nations Unies. Ces relations ont pris une dimension plus importante dans les années 90. Ainsi, en janvier 1999, le Secrétaire général a pris l'initiative de proposer le "contrat mondial" aux participants au Forum économique mondial de Davos. Le milieu des affaires est devenu un partenaire de choix des Nations Unies, en particulier dans la mise en oeuvre des recommandations des conférences internationales des Nations Unies.

La Commission a également entendu la présentation, faite par le Guyana, au nom du Groupe des 77 et de la Chine, d'un projet de résolution sur le respect des engagements et l'application des politiques convenus dans la Déclaration sur la coopération économique internationale. La délégation a souligné l'importance de la question pour le développement et les pays en développement. Si le texte ressemble, à bien des égards, à la résolution adoptée par l'Assemblée générale lors de sa session précédente, il explore néanmoins de nouveaux domaines clefs, a fait part le représentant. La Décennie des Nations Unies pour le développement devant se terminer en l'an 2000, le projet de texte demande au Secrétaire général un rapport analytique contenant une évaluation définitive du respect des engagements et de l'application des politiques qui devrait donner des indications sur les arrangements à prendre après la Décennie. C'est la raison pour laquelle, le texte demande aussi au Secrétaire général un projet de stratégie pour la première décennie du millénaire qui doit tenir compte des nouvelles dynamiques de l'économie nées de la mondialisation ainsi que des résultats des grandes conférences internationales tenues au cours de la décennie écoulée.

La Commission commencera son débat sur les questions de politique sectorielle demain jeudi 4 novembre à 10 heures.

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RESPECT DES ENGAGEMENTS ET APPLICATION DES POLITIQUES CONVENUS DANS LA DECLARATION SUR LA COOPERATION ECONOMIQUE INTERNATIONALE, EN PARTICULIER LA RELANCE DE LA CROISSANCE ECONOMIQUE ET DU DEVELOPPEMENT DANS LES PAYS EN DEVELOPPEMENT, ET APPLICATION DE LA STRATEGIE INTERNATIONALE DU DEVELOPPEMENT POUR LA QUATRIEME DECENNIE DES NATIONS UNIES POUR LE DEVELOPPEMENT

Présentation du projet de résolution

La Deuxième Commission a été saisie d'un projet de résolution intitulé "Respect des engagements et application des politiques convenus dans la Déclaration sur la coopération économique internationale, en particulier la relance de la croissance économique et du développement dans les pays en développement, et application de la Stratégie internationale du développement pour la quatrième Décennie des Nations Unies pour le développement" (A/C.2/54/L.20) aux termes duquel l'Assemblée générale prierait le Secrétaire général, agissant en collaboration avec tous les organes et organismes des Nations Unies concernés, y compris les institutions de Bretton Woods et les autres organisations internationales compétentes, de lui présenter, pour qu'elle l'examine à sa cinquante-cinquième session, un rapport analytique contenant une évaluation définitive du respect des engagements et de l'application des politiques convenus dans la Déclaration et la Stratégie, notamment des progrès réalisés et des obstacles rencontrés à cet égard. Elle prierait également le Secrétaire général, agissant en collaboration avec tous les organes et organismes des Nations Unies concernés, en particulier le Comité des politiques du développement, de lui présenter, à sa cinquante-cinquième session, un projet de texte relatif à une stratégie internationale de développement pour la première décennie du nouveau millénaire, en vue d'imprimer un nouvel élan à la coopération internationale pour le développement et de suivre les tendances à long terme de l'économie mondiale ainsi que la réalisation des objectifs internationalement convenus.

QUESTIONS DE POLITIQUE SECTORIELLE

Coopération pour le développement industriel

Rapport du Secrétaire général sur la mise en oeuvre du Programme de la deuxième Décennie du développement industriel de l'Afrique (A/54/320)

Ce rapport a été établi par le Secrétaire général conformément aux termes de la résolution 52/208 de l'Assemblée générale sur la deuxième Décennie du développement industriel de l'Afrique.

La marginalisation de l'Afrique dans les échanges et la manne des investissements étrangers directs induite par la mondialisation s'accompagne de preuves selon lesquelles l'approfondissement de la pauvreté contredit la récente augmentation du PIB signalée dans la plupart des pays. La crainte qu'une décennie de programmes d'ajustement structurel n'ait fait qu'y exacerber la pauvreté grandit.

- 4 - AG/EF/285 3 novembre 1999

Selon le rapport de la Commission économique pour l'Afrique (CEA) de 1999, environ 51% de la population de l'Afrique subsaharienne vivait en deçà du seuil de pauvreté (34 dollars par personne et par mois) au début des années 90 et les revenus sont très inéquitablement répartis. En 1998, seuls 7 des 53 pays d'Afrique disposaient d'un revenu par habitant de plus de 2000 dollars, tandis que 40 avaient un revenu par habitant de moins de 1000 dollars. Le rapport conclut que pour que l'Afrique puisse réduire la pauvreté de moitié au cours des 15 prochaines années, il lui faudra atteindre et maintenir un taux de croissance annuel moyen de 7%.

Manifestement, ces taux de croissance élevés ne peuvent être obtenus et maintenus que si des efforts sont faits pour diversifier la base de production des économies africaines, notamment par le développement du secteur manufacturier et d'autres activités industrielles, comme la communauté internationale s'y est engagée dans la résolution 49/142 de l'Assemblée générale. Si l'on compare le développement industriel de l'Afrique à celui du reste du monde, ce qui frappe, c'est la baisse de la productivité observée sur le continent au cours des deux dernières décennies. La croissance de l'emploi dans le secteur manufacturier a dépassé le taux d'accroissement démographique de l'Afrique subsaharienne dans les années 80, dans une large mesure, à cause d'un fort accroissement de la production et de l'emploi. Depuis lors, la croissance de l'emploi a chuté à peu près de moitié par rapport au taux d'accroissement de la population, sans trahir le moindre passage aux techniques de production à plus forte intensité de capital.

Lors du 35ème sommet de l'Organisation de l'unité africaine (OUA), les dirigeants africains, inquiets de la marginalisation croissante du continent face à la mondialisation, ont accordé la priorité de leurs discussions aux questions de développement industriel. Il ressort clairement que l'Afrique doit s'intégrer à l'économie mondiale et que la production et le commerce de biens à forte valeur ajoutée sont essentiels pour accélérer et réussir son intégration. Le continent ne peut plus compter sur le faible coût de sa main-d'oeuvre ou de ses matières premières pour réussir sa transformation structurelle et doit améliorer la productivité de sa main-d'oeuvre et transformer ses avantages comparatifs statiques en avantages comparatifs dynamiques.

On ne pourra combler le revenu et le retard technologique entre l'Afrique et le reste du monde qu'en adoptant une approche plus globale consistant à améliorer les investissements publics et privés dans l'infrastructure industrielle, à renforcer les capacités technologiques grâce à la valorisation des ressources humaines, à renforcer les institutions et à améliorer la gouvernance économique, estime le Secrétaire général dans les conclusions et recommandations de ce rapport. Si l'on veut atteindre les taux de croissance élevés nécessaires pour faire reculer la pauvreté et créer des emplois, il faut mettre l'accent sur l'augmentation de la valeur ajoutée dans l'industrie manufacturière, la promotion de l'industrialisation rurale et le renforcement des liens sectoriels entre l'industrie et l'agriculture.

- 5 - AG/EF/285 3 novembre 1999

Pour compléter l'assistance technique fournie par l'Organisation des Nations Unies pour le développement industriel (ONUDI) et d'autres organismes des Nations Unies dans le domaine du développement industriel, un certain nombre d'initiatives portant sur le secteur privé sont proposées. Il est urgent, recommande le Secrétaire général, de renforcer la complémentarité entre l'aide et l'investissement, c'est à dire d'établir une nouvelle liaison développement-aide-investissement. Les partenaires du développement doivent déterminer comment l'aide bilatérale ou multilatérale peut contribuer à créer le contexte économique qui attirera les investissements privés dans le domaine industriel en Afrique.

Une autre recommandation du Secrétaire général dans ce rapport demande qu'au lieu d'accorder de nouvelles concessions commerciales, il faudrait plutôt donner la priorité aux concessions d'investissement, qui seraient accordées à des investisseurs en capital-risque privés souhaitant investir dans le domaine manufacturier en Afrique. Par concessions d'investissement, il faudrait entendre des arrangements par lesquels les investissements réalisés dans l'industrie africaine permettraient aux investisseurs de prétendre à un crédit d'impôt dans leur pays d'origine. Il faudrait aussi établir un mécanisme de financement des projets industriels qui reposerait sur la conversion de dettes en investissements industriels; ce mécanisme pourrait être une version complémentaire, mais souple, des autres mesures prises pour réduire le fardeau de la dette des pays pauvres et lourdement endettés. Enfin, estime le rapport du Secrétaire général, il est crucial de trouver le moyen d'accroître les investissements dans les petites et moyennes entreprises manufacturières, les efforts de médiation financière entrepris actuellement se révélant trop axés sur le microfinancement ou au contraire le financement de projets à grande échelle.

Les entreprises et le développement

Rapport du Secrétaire général sur les entreprises et le développement (A/51/451)

Le présent rapport contient des informations sur les activités menées par les Nations Unies pour favoriser la création d'un environnement favorable aux entreprises, ainsi que sur les efforts déployés pour établir un partenariat avec les entreprises afin de concrétiser les normes et objectifs définis par les différentes conférences organisées par l'ONU dans les années 90. Les problèmes ci-après sont fréquemment évoqués quant à l'instauration d'un environnement favorable à l'investissement privé et aux entreprises : caractère imprévisible des politiques publiques; absence de transparence et d'obligation redditionnelle au niveau des pouvoirs publics; inexistence d'un plan directeur et de droits de propriété négociables; et enfin corruption active et passive et fraude. Afin de contribuer à lever ces obstacles, les entités du système des Nations Unies ont lancé plusieurs programmes pour prendre en charge ces questions et définir d'autres mesures réglementaires afin de favoriser le développement du secteur privé.

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Le Département des affaires économiques et sociales s'emploie à conseiller les gouvernements sur les politiques fiscales et monétaires et les instruments permettant d'encourager et de faciliter le développement du secteur privé. Sur les opérations de privatisation, par exemple, le Département a publié deux séries de documents sur la privatisation, intitulées respectivement «Privatization of public sector activities, with a special focus on telecommunications, energy, health and community services» et «Privatization in Latin America». La récente crise asiatique a mis en relief le lien entre la transparence financière, la confiance des investisseurs et la stabilité financière. Le Groupe de travail intergouvernemental d'experts sur les normes internationales de comptabilité et de publication de la CNUCED a pour mission d'harmoniser les normes nationales de comptabilité en adoptant et en utilisant les normes internationales de comptabilité. Dans certains pays en développement, les gouvernements qui ont opté pour le partenariat entre les secteurs public et privé dans le domaine des services publics ont eu recours, dans de nombreux cas, au système des concessions et/ou aux contrats dits «construction-exploitation- transfert». Un groupe d'experts du secteur privé a créé, sous les auspices de la Commission économique pour l'Europe, un groupe consultatif autofinancé chargé d'élaborer des directives sur les techniques de financement de type construction-exploitation- transfert à l'usage des pays d'Europe centrale et orientale. Le système des Nations Unies a entrepris une série d'activités dans le domaine de l'assistance technique pour compléter l'analyse des politiques, la recherche et les débats intergouvernementaux sur le développement de l'entreprise. Plus récemment, le Secrétaire général a lancé une initiative lors de la réunion de 1999 du Forum économique mondial de Davos (Suisse), proposant un contrat mondial entre l'Organisation des Nations Unies et les entreprises. Ce contrat demande aux entreprises de renforcer leurs relations avec l'Organisation des Nations Unies et de faire respecter dans leurs sphères d'influence les valeurs universelles définies lors du Sommet mondial pour le développement social, dans le cadre de la CNUCED, et ceux découlant de la Déclaration universelle des droits de l'homme, tels que la protection des droits de l'homme, la lutte en faveur de l'abolition du travail des enfants et l'adoption d'une démarche fondée sur le principe de précaution pour toutes les questions relatives à l'environnement. Les trois organismes des Nations Unies les plus directement concernés par cet accord mondial, à savoir l'OIT, le PNUE et le Haut Commissariat aux droits de l'homme, unissent actuellement leurs efforts de mobilisation et mettent leurs expériences en commun afin de faciliter l'introduction des neufs principes dans les entreprises. Un nouveau site Web sur l'entreprise, citoyenne du monde, est en cours d'élaboration, exposant les atouts collectifs des trois organismes et s'appuyant sur les compétences externes.

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