CONSENSUS SUR LA PORTEE D'UNE REUNION SUR LE FINANCEMENT DU DEVELOPPEMENT MAIS LE DEGRE DE PARTICIPATION DE LA BANQUE MONDIALE ET DU FMI RESTE A DEFINIR
Communiqué de Presse
AG/EF/282
CONSENSUS SUR LA PORTEE D'UNE REUNION SUR LE FINANCEMENT DU DEVELOPPEMENT MAIS LE DEGRE DE PARTICIPATION DE LA BANQUE MONDIALE ET DU FMI RESTE A DEFINIR
19991101La question d'une manifestation de haut niveau sur le financement du développement a été au coeur du débat, tenu ce matin, par la Commission économique et financière (Deuxième Commission). Saisies du rapport du Groupe du travail sur la question, les délégations se sont félicitées du consensus dégagé sur la nécessité de convoquer une manifestation de haut niveau sur une des questions les plus vitales à laquelle la communauté internationale doit apporter une réponse urgente, à savoir, les moyens d'assurer une base financière prévisible et sûre au développement durable. Le consensus est apparu évident pour ce qui est de la date de la manifestation, fixée en l'an 2001 et de sa portée qui doit être d'analyser et de définir le rôle que doivent jouer dans le financement du développement, les ressources financières intérieures, les ressources internationales, la coopération financière internationale, les systèmes monétaire, financier et commercial internationaux.
Le consensus est également certain pour ce qui est de la participation, au niveau du processus préparatoire et de la manifestation elle-même, des institutions de Bretton Woods, de l'Organisation mondiale du commerce (OMC), des institutions financières et économiques régionales dont les commissions régionales des Nations Unies, des ONG et du secteur privé. Des divergences apparaissent lorsqu'il s'agit de déterminer le degré de participation des institutions de Bretton Woods. L'Union européenne s'est déclarée favorable à un coparrainage des Nations Unies et de la Banque mondiale avec un rôle complémentaire du Fonds monétaire international (FMI), alors que le Groupe des 77 et la Chine estiment que la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED) doit être, au nom du système des Nations Unies, l'organe clef de la manifestation. Dans l'ensemble, les délégations ont souhaité que le processus préparatoire commence le plus tôt possible, à savoir au début de l'an 2000, afin de pouvoir définir les objectifs de la manifestation avec précision, transparence et souplesse. Le succès de la manifestation et son suivi seront déterminés par la clarté de ses objectifs, ont souligné les délégations.
Les représentants des pays suivants ont pris la parole : Guyana (au nom du Groupe des 77 et de la Chine), Finlande (au nom de l'Union européenne et des pays associés), Ghana, Etats-Unis, Fédération de Russie, Mexique (au nom du Groupe de Rio), Guatemala, Pérou, Jamahiriya arabe libyenne, Inde, Bélarus, Pakistan, République de Corée et Egypte.
(à suivre - 1a) - 1a - AG/EF/282 1 novembre 1999
Le représentant de l'Organisation internationale du Travail (OIT) et l'Observateur de la Suisse ont pris la parole. Le Vice-Président du Groupe de travail sur le financement du développement et le Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales ont fait des déclarations liminaires.
La Commission poursuivra son débat cet après-midi à 15 heures.
QUESTIONS DE POLITIQUE MACROECONOMIQUE
Réunion internationale de haut niveau chargée d'examiner la question du financement du développement à l'échelon intergouvernemental
Rapport du Groupe de travail spécial de l'Assemblée générale, à Composition non limitée, sur le financement du développement (A/54/28)
Ce rapport a été établi sur les termes de la résolution 52/179 de l'Assemblée générale, intitulée "Partenariat mondial pour le développement: réunion internationale de haut niveau chargée d'examiner la question du financement du développement à l'échelon intergouvernemental". Aux termes de cette résolution, l'Assemblée a décidé, entre autres, d'examiner à sa 54ème session la question de la convocation en l'an 2001 au plus tard, d'un sommet, d'une conférence internationale, d'une session extraordinaire ou d'une réunion de haut niveau chargés d'examiner la question du financement du développement à l'échelon intergouvernemental. A sa 53ème session, l'Assemblée générale a adopté la résolution 53/173 intitulée "Réunion internationale de haut niveau chargée d'examiner la question du financement du développement à l'échelon intergouvernemental", dans laquelle l'Assemblée a rappelé qu'elle avait décidé, dans sa résolution 52/179, de créer un Groupe de travail spécial afin de procéder à un examen approfondi de tous les objectifs susmentionnés en vue d'établir un rapport contenant des recommandations sur la forme, la portée et l'ordre du jour de la manifestation qui se tiendrait.
Le groupe réunit les entités ci-après: CNUCED, PNUD, UNICEF, FAO, OIT, FMI, UNESCO, Banque mondiale, et OMS. La Commission européenne y est représentée en tant qu'observateur.
Le Groupe de travail a recommandé que la manifestation qui se tiendrait en l'an 2001, ait la portée suivante: ressources financières intérieures; ressources internationales: commerce, investissements étrangers directs et autres flux financiers priés; coopération financière internationale au plan du développement, y compris l'aide publique au développement (APD) et l'allégement de la dette; amélioration de la cohérence et de la compatibilité des systèmes monétaires financiers et commerciaux internationaux à l'appui du développement; et examen des besoins particuliers de l'Afrique, des pays les moins avancés, des petits Etats insulaires en développement, et des pays enclavés sans littoral.
A sa 4ème session, le 28 mai 1999, le Groupe de travail sur le financement du développement a, sur proposition de son Vice-Président, adopté le projet de décision aux termes duquel il décide de transmettre son rapport, y compris les recommandations figurant à l'Assemblée générale à sa 54ème session pour examen et suite à donner.
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Déclarations liminaires
M. KAMALESH SHARMA (Inde), Vice-Président du Groupe de travail spécial de l'Assemblée générale à composition non limitée, sur le financement du développement, a indiqué que les travaux du Groupe de travail sont, à bien des égards, l'aboutissement de deux décennies d'efforts pour traiter de cette question prioritaire qu'est le financement du développement. M. Sharma a indiqué que les délégations ont travaillé avec un esprit de coopération rare pour dégager un consensus sur la convocation d'une réunion de haut niveau sur la question du financement du développement au plus tard en l'an 2001. Le Groupe de travail a recommandé que la réunion de haut niveau traite des questions nationales et internationales portant sur la mondialisation et l'interdépendance. Ce faisant, la question du financement sera traitée du point de vue du développement. Ainsi, l'attention doit être portée sur des domaines tels que la mobilisation des ressources intérieurs aux fins du développement, les courants internationaux de capitaux privés aux fins du développement, la coopération financière internationale aux fins du développement, la dette extérieure, le financement du commerce et du développement ou encore les sources novatrices de financement. Le Groupe de travail a recommandé que le processus préparatoire soit un processus substantiel qui parachève l'ordre du jour de la réunion de haut niveau. Le Vice-Président du Groupe de travail a appelé à un esprit de solidarité pour parvenir à l'objectif commun d'assurer un financement stable au développement.
M. NITIN DESAI, Secrétaire général aux affaires économiques et sociales, a souligné qu'il faut rechercher l'organisation d'une manifestation de haut niveau ayant la capacité de faire intervenir les décideurs et les divers acteurs nationaux chargés spécifiquement de ces questions - comme les ministres des finances - afin, a-t-il expliqué, de porter l'attention sur ce qui doit être fait à l'échelon national. Pour M. Desai, il est également important de tenir compte des points de vue de la société civile pour pouvoir rendre les résultats plus crédibles puisque ce sont là des protagonistes importants qui peuvent apporter une contribution majeure dans ce domaine. De plus, l'expérience a montré que la réussite de ce genre de manifestations dépend surtout de la qualité du processus préparatoire.
Débat
M. SAMUEL R. INSANALLY (Guyana) a déclaré, au nom du Groupe des 77 et la Chine, qu'un nouvel engagement international sur le financement du développement est devenu une condition nécessaire et indispensable si l'on veut arriver à créer un véritable partenariat international pour le développement. "Nous estimons que le rapport que nous examinons a posé les premiers jalons des tâches à accomplir" , a continué le délégué, "et les 77 et la Chine sont prêts à participer à un processus préparatoire visant à accentuer le niveau de mobilisation et de participation aux objectifs visés par le rapport".
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Dans ce cadre, nous sommes prêts à travailler avec les institutions de Bretton Woods, l'Organisation mondiale du commerce, les institutions régionales et autres, comme partenaires. Il en est de même de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et des autres institutions des Nations Unies, dont la pleine participation est indispensable pour la mise en oeuvre des résultats de la rencontre qui se tiendra en 2001. Concernant les institutions de Bretton Woods, le Groupe des 77 et la Chine rappellent que le Conseil économique et social a fait, lors de sa session de fond en juillet dernier, des propositions en vue de la création d'un Groupe de travail composé de représentants de l'ONU, du FMI et de la Banque mondiale, dont la tâche serait de déterminer quels sont les moyens à mettre en oeuvre pour instaurer des mécanismes de coopération à toutes les étapes du financement du développement.
Nous pensons aussi que le comité d'organisation de cette rencontre pourrait bénéficier des apports du Bureau de liaison avec les ONG de l'ONU, et si possible, de l'expérience des organisateurs du Sommet économique de Davos. Nous pensons que la résolution que cette Commission adoptera sur cette question devrait clarifier les procédures de préparation du processus préparatoire, dont nous pensons qu'il devrait commencer son travail en janvier 2000, après l'élection de ses officiels. Concernant la rencontre internationale de haut niveau elle-même, nous voulons rappeler la position des ministres des affaires étrangères du Groupe des 77 et la Chine lors de leur réunion annuelle en septembre dernier. Ils ont réaffirmé que la convocation de cette conférence témoignerait du sérieux de la communauté internationale concernant la question vitale du financement du développement.
Mme MARJATTA RASI (Finlande), au nom de l'Union européenne, a indiqué que, dans le cadre du processus préparatoire de la réunion de haut niveau sur le financement du développement, la sélection des questions prioritaires doit se fonder sur la nécessité d'arriver à une plus grande compréhension des questions complexes du financement du développement. La sélection doit également se fonder sur l'importance qu'il y a à assurer un caractère réaliste et réalisable aux objectifs fixés et à trouver des solutions susceptibles d'optimiser les mesures prises et de minimiser leurs coûts. La sélection des questions prioritaires doit aussi chercher à donner un nouvel élan à la mise en oeuvre des objectifs fixés dans d'autres forums et à mettre en lumière les défis des pays les moins avancés. L'Union européenne, a poursuivi la représentante, souligne la place des formes différentes du financement du développement et l'importance des mesures visant à renforcer leur complémentarité. Cette complémentarité doit se faire notamment entre les ressources intérieures et les flux financiers privés ou encore entre les ressources intérieures publiques, les ressources intérieures privées, les investissements étrangers et l'Aide publique au développement.
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De plus, l'Union européenne juge important que soient clarifié le rôle de l'Aide publique au développement, ses formes, son efficacité et ses relations avec les autres sources de financement. L'Union européenne souhaite également que, compte tenu des modes changeants des partenariats, des sources et des mécanismes novateurs de financement soient trouvés pour renforcer la participation du secteur privé dans les processus de développement durable.
Les institutions de Bretton Woods, et précisément la Banque mondiale, doivent travailler avec les Nations Unies et les gouvernements sur la question le plus tôt possible. L'Union européenne est donc disposée à accepter un format novateur pour la réunion de haut niveau dont les parrains seraient les Nations Unies et la Banque mondiale. L'Union européenne accueillerait avec satisfaction un rôle complémentaire du Fonds monétaire international (FMI). Le processus préparatoire, a conclu la représentante, doit s'ouvrir à un large éventail d'organisations internationales comme les institutions financières internationales, les banques multilatérales de développement, l'Organisation mondiale du commerce (OMC), le secteur privé, les ONG et les autres représentants de la société civile.
M. KWABENA OSEI-DANQUAH (Ghana) a déclaré que sa délégation pense que la création de partenariats est la première question à résoudre pour un financement efficace du développement, car ce sont ces partenariats qui permettraient une plus grande efficacité dans la mobilisation des ressources, à l'heure de la mondialisation. Certaines des approches les plus critiques évoquées par le rapport A/54/28, concernent l'intégration des questions liées au financement, au commerce et au développement, et à la mise en oeuvre des recommandations et décisions des grands sommets et rencontres de l'ONU au cours de cette décennie en vue, entre autres, de réduire les impacts et le niveau de la pauvreté et d'assurer des conditions de durabilité dans le domaine de la mobilisation des ressources du développement.
Le Ghana soutient la mise en place d'un comité préparatoire de la conférence de l'an 2001, tout en insistant sur la flexibilité en ce qui concerne les procédures liées à la participation des institutions de Bretton Woods. Nous soutenons fortement les propositions faites par certaines délégations qui demanderaient au Président de l'Assemblée générale de contacter les institutions de Bretton Woods et l'Organisation mondiale du commerce pour leur signifier l'importance de leur participation à l'événement. Nous attendons d'autre part que la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED) joue un rôle clef dans la préparation de cet événement, et qu'elle représente le système des Nations Unies. Le Ghana se réjouit que la Banque mondiale et le FMI se soient mis à prêter une oreille plus attentive et sympathique aux points de vue des pays en développement, et nous demandons que l'ONU joue un rôle de leadership en matière de développement.
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Le Ghana, qui a soigneusement examiné la brillante proposition du Pakistan pour la création d'un Groupe de travail, adoptée par l'ECOSOC, soutient cette proposition en ce qui concerne la rencontre de 2001, et demande que cette proposition, amendée pour une plus grande participation du FMI, serve de base à la collaboration et la participation des institutions de Bretton Woods à la rencontre.
M. MICHAEL GALLAGHER (Etats-Unis) a souligné l'importance qu'il y a à assurer une large participation au processus préparatoire et à la réunion finale concernant le financement du développement. Il faudra que les institutions de Bretton Woods soient impliquées dans le processus, que ce soit par coparrainage ou par tout autre mécanisme. Il faut également tendre la main aux autres organisations internationales et régionales chargées du financement du développement, et en particulier aux banques régionales de développement compte tenu de leur expérience en la matière. Il est tout aussi crucial, a ajouté le représentant, de bénéficier de la participation active du secteur privé, étant donné qu'il fournit la plus grande contribution à la croissance économique, au niveau international. Il faut donc trouver les moyens de travailler avec le secteur privé aux fins du développement durable. Evoquant la suite du processus préparatoire, le représentant a souhaité qu'il continue d'être ouvert et transparent, comme cela a été le cas au cours de l'année écoulée. Il a jugé utile de constituer une sorte de groupe consultatif qui travaillerait avec d'autres partenaires clefs dans le choix des options visant à inclure les autres organisations et entités chargées du financement du développement.
M. NIKOLAI TCHOULKOV (Fédération de Russie) a déclaré que le rapport du Groupe de travail sur le financement du développement montre que ce groupe s'est pleinement acquitté de son mandat. La Russie est satisfaite de la participation attendue des institutions de Bretton Woods. Mais, sur le plan pratique, il serait sans doute plus rationnel de diviser le processus de préparation en deux étapes. Dans la première, on pourrait proposer l'ordre du jour de la manifestation, tandis que dans un deuxième temps, on pourrait décider du format de la manifestation elle-même.
M. MAURICIO ESCANERO (Mexique), au nom des pays membres du Groupe de Rio, a rappelé que les économies du Groupe de Rio ont été fortement touchées par les crises financières internationales avec les conséquences que l'on sait. Vu ce panorama, le Groupe de Rio estime que les Nations Unies doivent demeurer le forum indiqué pour traiter des questions économiques et sociales mondiales, en particulier par l'harmonisation des efforts des Etats Membres dans le domaine du développement.
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Il est fondamental, a dit le représentant, que soit établi, le plus tôt possible, le processus préparatoire de fond pour la réunion de haut niveau sur le financement du développement. Il convient d'envisager un mécanisme élargi de consultations devant inclure les institutions spécialisées des Nations Unies, les commissions régionales et les institutions de Bretton Woods. Il est important de s'assurer de la contribution de l'OMC, des autres organisations qui s'intéressent aux aspects du financement du développement et du secteur privé. En prévision de la manifestation, le Groupe de Rio estime qu'il est particulièrement utile de tenir des réunions régionales de haut niveau incluant les acteurs gouvernementaux et intergouvernementaux. Ainsi en septembre dernier, les pays d'Amérique latine et des Caraïbes ont tenu une réunion régionale de haut niveau sur le thème d'un système financier international plus stable et ses liens avec le développement social. La Conférence régionale a permis de réaffirmer la nécessité urgente de définir un nouveau schéma financier mondial avec une perspective sociale. Elle a aussi permis de confirmer le rôle central des Nations Unies dans la promotion du développement dans le cadre de la nouvelle architecture financière internationale.
M. GERT ROSENTHAL (Guatemala) a associé sa délégation aux déclarations du Groupe de Rio et du Groupe des 77 et la Chine. Nous pensons que le rapport que nous examinons reflète assez bien les soucis que se fait notre pays sur la question du financement du développement, a déclaré le délégué, bien que le cadre de référence de la rencontre et le thème de l'unité qui doit présider à l'organisation de cette manifestation ne soient pas assez discutés et définis par le rapport. Nous pensons que le développement durable dépendra d'une meilleure équité en matière de mesures visant le transfert des capitaux et le commerce. Nous voulons éviter le vieux débat sur la mobilisation interne des ressources, qui serait le précurseur à l'attraction de ressources externes. Et quand on dit que la manifestation s'occupera de financements, ne faudrait- il pas beaucoup plus reconnaître que d'autres institutions sont mieux outillées que l'ONU dans ce domaine et que c'est pour cela que l'on souhaite la participation des institutions de Bretton Woods? Quel sera leur niveau de participation? Il aurait fallu déjà le définir. Nous pensons que le Groupe de travail qui se penchera sur la préparation de la rencontre de 2001 devrait être réduit dans sa composition et limité dans son agenda, car il y a des décisions que seuls les Etats Membres peuvent traiter. Quant au lieu de la rencontre, nous pensons que seules les Nations Unies ont l'autorité morale pour convoquer ce genre de rencontre, et que celle-ci devrait par conséquent se tenir au Siège.
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M. FRANCISCO TUDELA (Pérou) a indiqué que la question du financement du développement doit être abordée conformément aux engagements internationaux pris lors des conférences et sommets internationaux. Commentant le travail du Groupe de travail sur le financement du développement, le représentant a estimé que, pour souligner davantage l'importance de la question du financement du développement, la réunion de haut niveau doit se fonder sur cinq " piliers fondamentaux", à savoir, la question des ressources internationales, dont les investissements directs étrangers, le commerce et les autres flux financiers privés; la question des ressources intérieures aux fins du développement; la coopération financière internationale aux fins du développement et les mesures d'allégement de la dette; les problèmes liés aux systèmes monétaire, financier et commercial et le rôle du FMI, de la Banque mondiale et de l'OMC; et les besoins spécifiques des pays. En ce qui concerne le format de la réunion de haut niveau, le représentant a appuyé l'idée d'une réunion intergouvernementale de haut niveau travaillant de manière coordonnée avec la Banque mondiale, le FMI et l'OMC. La durée de la réunion ne doit pas dépasser trois jours et il faut lui assurer une certaine visibilité auprès de l'opinion publique qui, a souligné le représentant, se préoccupe grandement de la solution aux problèmes de la pauvreté et de la manière dont le développement peut être financé.
M. ALI S. AL-AUJALI (Jamahiriya arabe libyenne) a déclaré que la rencontre internationale de haut niveau sur le financement du développement ne devrait pas être une fin en soi, mais devrait lancer un processus de dialogue à l'intérieur du système des Nations Unies sur les questions liées aux financements et au développement. Après consensus sur le thème de la réunion, son programme devrait être équilibré, les questions de développement devant être son thème central. Il est reconnu que l'Aide publique au développement (APD), la dette, les investissements et les questions commerciales doivent être discutés en profondeur lors de cette rencontre. Nous demandons que ces problèmes soient clairement définis dans le programme de la conférence, notamment sous l'angle de la cohérence des politiques visant à les résoudre. Dans le processus préparatoire de la conférence, la Libye tient à réaffirmer le rôle central des Nations Unies et de leur Secrétariat, surtout en ce qui concerne le traitement de l'APD, de la crise de la dette et des questions commerciales. La CNUCED doit jouer ici un rôle primordial, de même que les organisations et commissions régionales de l'ONU. Les institutions de Bretton Woods, l'OMC, le secteur privé et les ONG devraient aussi être associés au maximum.
Mme NADHINI IYER KRISHNA (Inde) a estimé que la question du financement du développement est une des questions les plus vitales dont est saisie la communauté internationale et la manière dont elle sera traitée déterminera la crédibilité des Nations Unies. Elle a rappelé que c'est l'absence de ressources qui a été la cause principale d'une mise en oeuvre peu satisfaisante des recommandations des conférences et sommets internationaux des Nations Unies.
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La crise récente en Asie, a-t-elle poursuivi, a eu un coût économique, social et humain que tous ont reconnu. 13 millions de personnes ont perdu leur emploi, les revenus réels ont diminué de 40 à 60% et les budgets de l'éducation et de la santé ont été gravement réduits. Si la mondialisation a été et reste porteuse de nombreuses opportunités, il faut néanmoins garder à l'esprit qu'elle s'appuie sur le marché et ne peut donc pas garantir l'équité et le développement. Les domaines de l'éducation et de la santé ne sont et n'ont jamais été les principaux centres d'intérêt du marché. Le véritable danger des marchés est qu'ils nourrissent l'instabilité et propageant les crises. Le vrai défi actuel en matière de financement du développement n'est pas de faire cesser le processus de mondialisation mais d'en examiner le cadre. A cet égard, il est important que tous les pays participent à la réforme de l'architecture financière mondiale de sorte à mieux gérer, voire à prévenir les crises financières. Cet exercice doit également viser l'instauration d'une certaine cohérence entre le système monétaire et le système commercial. Au sein des Nations Unies, la communauté internationale a l'unique chance de traiter collectivement du large éventail des questions comprises dans la rubrique "financement du développement" qui vont de l'architecture financière et de la coordination entre les systèmes multilatéraux de commerce et de la finance, aux sources novatrices de financement en passant par le problème de la dette extérieure et l'Aide publique au développement. Il convient donc de forger un processus préparatoire qui peut contribuer à relever le défi qui se pose aux Nations Unies. Il faut mettre en place un processus préparatoire à plusieurs niveaux qui peut tirer parti des autres groupements sous-régionaux et régionaux. Le processus préparatoire doit conduire à la création de groupe d'experts et de tables rondes sur les aspects spécialisés de la question complexe du financement du développement, a conclu la représentante.
M. ULADZIMIR GERUS (Bélarus) a déclaré que la crise de l'endettement extérieur et la question du développement durable ne peuvent être résolues sans la mise en place d'un cadre international favorable au financement du développement. Le Bélarus est satisfait du contenu du rapport qui est présenté à la Commission sur cette question, mais regrette l'absence d'une définition de la forme de la rencontre prévue en 2001. Nous pensons qu'un consensus sur cette question serait un gage de réussite pour l'évènement, et nous estimons qu'il faudrait mobiliser les ONG, le secteur privé et les sociétés civiles de tous les pays participants. Nous sommes d'avis que le Groupe de travail a fourni l'essentiel de ce qui peut refléter les problèmes que rencontrent les économies des pays en transition. Nous suggérons que soit discuté l'examen de la question de la mobilisation des ressources nationales des pays et celle de l'intégration des pays en transition et en développement dans les circuits et mécanismes de la nouvelle économie mondialisée.
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Il est impératif d'examiner au préalable les retombées possibles de la rencontre en termes pratiques, pour pouvoir économiser les ressources de l'ONU, en terme de rencontres et de bilans. Le Bélarus suggère que l'on tire profit de l'expérience des rencontres internationales onusiennes de la décennie 90, et nous sommes prêts à collaborer en ce sens.
M. NAVID HANIF (Pakistan) a indiqué que presque six mois après la publication du rapport du Groupe de travail, les délégations sont toujours en train de peaufiner les détails de l'ordre du jour et autres questions de procédure. S'agissant du format, le Pakistan estime que la manifestation de haut niveau doit être une réunion de haut niveau unique et sans coparrain. En ce qui concerne les questions de fond, le Pakistan estime que le Groupe de travail a fait des propositions intéressantes. Pour ce qui est de la portée de la manifestation, le Pakistan juge que la manifestation doit porter sur les questions nationales, internationales et systémiques liées au financement du développement. Les modalités de participation du FMI, de la Banque mondiale, et des autres organisations pertinentes doivent être examinées avant la première réunion préparatoire de fond qui doit se tenir au début de l'an 2000. Le Pakistan souligne la nécessité d'un processus transparent, qui exige la clarification du mécanisme préparatoire. Les modalités du processus préparatoire, l'importance de la manifestation et son suivi seront déterminés par la clarté et la précision des objectifs fixés, a insisté le représentant. Pour lui, la manifestation de haut niveau doit lancer un processus dynamique de mobilisation des ressources, d'où qu'elles viennent, de l'APD, du commerce, des financements privés, de la remise de la dette extérieure ainsi que d'autres sources qui soient compatibles avec le respect des objectifs fixés lors des conférences internationales. La manifestation doit viser à créer un environnement économique propice assurant la participation des pays en développement au processus de prise de décisions. La manifestation doit en fait changer l'état d'esprit ambiant et placer l'homme au centre des préoccupations économiques et financières. Il doit s'agir d'équité, d'humanisation de la mondialisation, du témoignage de la détermination de la communauté internationale de trouver un financement à la lutte contre la pauvreté.
M. SUH DAE-WON (République de Corée) a déclaré que son pays attache une grande importance à la mobilisation de ressources privées pour le financement du développement, au vu de l'importance et de la mobilité de ces ressources qui vont croissantes dans le cadre de la mondialisation. Selon les statistiques, les investissements directs étrangers se sont multipliés par 32 dans les pays développés. Pour améliorer l'accès au capital et éviter les risques posés par la volatilité des capitaux à court terme, il faut créer rapidement un cadre réglementaire international, et à ce sujet, nous devrions discuter du renforcement des politiques et des capacités institutionnelles aux niveaux national et international en vue de promouvoir le commerce et les investissements directs étrangers, a affirmé le délégué.
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Ensuite, le rôle des financements publics doit être pris en considération dans les efforts d'éradication de la pauvreté et autres objectifs de développement. A cet égard, la République de Corée pense que la chute des niveaux de l'Aide publique au développement devrait être stoppée et que les niveaux de cette aide devraient atteindre les montants qui avaient été promis par les pays industrialisés. Considérant le poids de la dette sur les économies en développement, notre pays pense que tout devrait être mis en oeuvre pour sortir les pays de leur insolvabilité et leur permettre d'avoir accès à de nouvelles ressources. Enfin, troisième point essentiel, la République de Corée soutient la promotion de la bonne gouvernance et de la transparence aux niveaux national et international.
M. FRANKLYN LISK, Organisation internationale du Travail (OIT), a déclaré que du point de vue de l'emploi et des préoccupations sociales, il est important de trouver les moyens de résoudre les crises financières sans recourir à une sévère contraction économique dont découlent l'accroissement du chômage et la pauvreté. En conséquence, la réforme des systèmes financiers doit viser la réduction de la pauvreté. Au niveau international, cette réforme doit compléter les changements des politiques nationales visant à réduire la vulnérabilité aux crises financières. Dans ce contexte, les pays en développement ont à établir des systèmes financiers sains, transparents et réglementés comprenant des mécanismes de surveillance et de contrôle des flux des capitaux à court terme. Toutefois l'efficacité des systèmes financiers sera limitée si elle ne s'accompagnait pas de progrès vers la démocratie notamment du plein respect des droits fondamentaux du travail et d'autres mesures visant à une meilleure gouvernance économique. De plus, le système doit aussi être complété par une dimension sociale forte pour renforcer la protection sociale. Les questions relatives à l'introduction des assurances- emplois et de l'élargissement de la couverture sociale doivent prendre une plus grande importance non seulement dans le cadre des finances publiques mais aussi dans le contexte du développement des entreprises. L'OIT n'a cessé de plaider pour une pleine intégration des questions liées au social et au travail dans les politiques économiques. Récemment, le Directeur général de l'OIT a souligné devant le FMI et la Banque mondiale les dimensions sociales du financement du développement et a attiré l'attention sur la Déclaration relative aux principes fondamentaux et aux droits du travail de l'OIT qui peut être l'outil de renforcement de la protection sociale et de contribution à l'élaboration de politiques économique et financière plus sensibles au social.
M. AMANY FAHMY (Egypte) a déclaré que sa délégation s'associait à la déclaration du Groupe des 77 et la Chine. La question du financement du développement est pour l'Egypte la plus importante de l'ordre du jour de cette Commission, au moment où nous abordons le nouveau millénaire. Aussi espérons- nous que la manifestation de haut niveau dont nous discutons aujourd'hui recevra la plus haute attention de la communauté internationale.
- 12 - AG/EF/282 1 novembre 1999
Le développement doit être promu dans un cadre global et intégré et abordé d'abord sous sa dimension humaine. Il devra y avoir deux conditions préalables à toutes discussions sur le financement du développement et les déséquilibres structurels qui sont la source des menaces auxquelles font face les pays en développement. Nous espérons qu'un accent particulier sera mis sur ces questions. La promotion du développement doit respecter certaines priorités qui sont bafouées par les apôtres de la mondialisation actuelle. En fait, il y a une simplification à outrance des questions de développement et les discours que l'on attend par-ci par-là et qui se veulent dominants, ignorent totalement les véritables problèmes des pays du Sud. L'Egypte loue l'esprit qui a présidé aux travaux du Groupe de travail dont nous examinons les recommandations et nous attendons avec intérêt sa poursuite notamment sous l'angle de la coopération entre riches et pauvres, les intérêts de ces derniers être réellement reconnus et pris en compte. La participation des pays en développement est loin d'avoir été prise en compte à ce jour dans les décisions concernant l'économie internationale. L'Egypte tient à souligner le rôle fondamental de l'ONU qui est la seule enceinte légitime représentant les peuples du monde.
M. OLIVIER CHAVE, Observateur de la Suisse, a dit réaliser la complexité des enjeux d'une réunion de haut niveau sur le financement du développement dans le contexte d'une interdépendance et d'une mondialisation croissante. Il a considéré qu'il est essentiel que le programme de travail de la réunion soit circonscrit de manière appropriée. Il s'agira de se concentrer sur les modalités nationales et internationales d'appui financier au développement, comprises d'une façon holistique de manière à pouvoir intégrer la stricte question du financement direct du développement dans un cadre plus vaste qui comprenne les questions d'économie politique ainsi que les questions normatives - par exemple dans les domaines de la gestion des affaires publiques, du développement social, du travail ou de la protection de l'environnement. Le représentant a estimé que cet évènement devrait marquer le début d'un processus en vue de réaménagement approprié et clairement structuré du système actuel du financement, ceci dans la perspective d'en améliorer la cohérence et l'efficacité.
A ce titre, il a jugé impératif que cette réunion parvienne à élaborer des recommandations, non seulement à l'intention des institutions multilatérales mais également à celle des institutions bilatérales ainsi que de la multitude des acteurs du développement, dont les acteurs nationaux. De plus, l'évènement doit avoir une très haute visibilité publique afin de trouver les moyens de remobiliser les opinions publiques face à la persistance des lacunes du financement du développement et de l'iniquité du partage des ressources.
- 13 - AG/EF/282 1 novembre 1999
L'évènement doit aussi associer les gouvernements et les composantes pertinentes du système des Nations Unies mais aussi les institutions de Bretton Woods, les banques régionales et l'OMC. Prenant note de la proposition du Groupe de travail de faire coparrainer l'évènement par les Nations Unies et la Banque mondiale, le représentant a estimé que cette approche peut coûter un temps précieux alors même que l'échéance de 2001 est déjà fort proche. Le recours à un format plus classique a ses mérites et rien n'empêche d'ailleurs que ce format soit complété par des moyens novateurs, a conclu le représentant.
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