En cours au Siège de l'ONU

AG/EF/279

LA MONDIALISATION, SI ELLE N'EST PAS MAITRISEE, ABOUTIRA A LA CREATION D'UN MARCHE UNIFORME

28 octobre 1999


Communiqué de Presse
AG/EF/279


LA MONDIALISATION, SI ELLE N'EST PAS MAITRISEE, ABOUTIRA A LA CREATION D'UN MARCHE UNIFORME

19991028

Et un tel marché lésera les intérêts des pays pauvres

L'examen de la problématique de la mondialisation et l'interdépendance des Etats, que la Commission économique et financière (Deuxième Commission) vient de conclure, a fourni l'opportunité aux délégations qui se sont exprimées ce matin de souligné l'iniquité du commerce et de la finance mondialisés. Ces délégations ont insisté sur le constat d'échec de la mondialisation et sur la marginalisation croissante des pays en développement qu'elle entraîne. Avec 130 millions de chômeurs et 700 millions de personnes en situation de sous-emploi officiellement recensés dans le monde, le bilan de la mondialisation est lourd, a estimé le représentant de l'Uruguay, dont la déclaration fait écho au contenu du dernier rapport du Programme des Nations pour le développement (PNUD) sur la mondialisation, le commerce et le développement 1997-1999. Selon ce rapport, les pays de l'Organisation pour la coopération et le développement économiques (OCDE), qui totalisent 19% de la population mondiale, contrôlent 71% du commerce mondial des biens et services. Ils bénéficient de 58% des investissements étrangers directs et abritent 91% des usagers de l'Internet. Les 200 personnes les plus riches au monde ont plus que doublé le montant de leur fortune au cours des quatre dernières années, et le montant de la fortune des trois hommes les plus riches de la planète, atteint une somme supérieure au produit national brut combiné de tous les pays les moins avancés, où vivent 600 millions d'êtres humains.

Les délégations ont imputé cette situation à l'atmosphère ambiante de "laisser-aller" qui a empêché la prise de mesures décisives visant l'ouverture des marchés des pays développés, la fin de la manipulation des prix des produits de base, dont dépendent les économies de la plupart des pays en développement, et la stimulation des investissements directs étrangers dans ces pays. Les pays en développement réclament, entre autres, que soit trouvée une véritable solution au problème de la dette extérieure et de la facilitation du transfert de technologie. Pour les délégations, la marginalisation des pays en développement démontre le mépris avec lequel ont été traités les Accords du Cycle d'Uruguay. Partant, elles ont exigé que les préoccupations et les intérêts de tous soient pleinement pris en compte lors des prochaines négociations de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) qui doivent se tenir le mois prochain à Seattle. Ces délégations appuient par ailleurs l'idée de la création, dans le cadre d'une nouvelle architecture internationale, d'un mécanisme multilatéral chargé de contrôler le flux des investissements et capitaux étrangers spéculatifs dans les pays pauvres.

(à suivre - 1a) - 1a - AG/EF/279 28 octobre 1999

Les représentants des pays suivants ont pris la parole : Iran, Afrique du Sud, Uruguay, République démocratique populaire de Corée, Haïti, Tunisie, Sainte-Lucie et Mozambique ainsi que la représentante de l'Organisation mondiale de la santé (OMC).

La Commission avait auparavant entendu la présentation, faite par la représentante de Guyana, au nom du Groupe des 77 et de la Chine, de projets de résolution intitulés "Migrations internationales et développement, y compris la question de la convocation d'une conférence des Nations Unies sur les migrations internationales et le développement", "Préparation de la session extraordinaire de l'Assemblée générale consacrée à un examen et à une évaluation d'ensemble de l'application du Programme pour l'habitat", et "Application des décisions de la Conférence des Nations Unies sur les établissements humains (Habitat II)".

La Commission reprendra ses travaux demain vendredi 28 octobre à 11 heures.

DEVELOPPEMENT DURABLE ET COOPERATION ECONOMIQUE INTERNATIONALE

Application des décisions de la Conférence des Nations Unies sur les établissement humains (Habitat II)

Présentation des projets de résolution

La Commission a été saisie d'un projet de résolution relatif à la préparation de la session extraordinaire de l'Assemblée générale consacrée à un examen et à une évaluation d'ensemble de l'application du Programme pour l'habitat (A/C.2/54/L.12) aux termes duquel l'Assemblée générale déciderait d'inscrire à l'ordre du jour provisoire de sa cinquante-cinquième session une question intitulée "Préparation de la session extraordinaire de l'Assemblée générale consacrée à un examen et à une évaluation d'ensemble de l'application des décisions de la Conférence des Nations Unies sur les établissements humains (Habitat II)".

La Commission a été également saisie d'un projet de résolution relatif à l'Application des décisions de la Conférence des Nations Unies sur les établissements humains (Habitat II) (A/C.2/54/L.13) aux termes duquel l'Assemblée générale se féliciterait des mesures prises par le Directeur exécutif par intérim du Centre des Nations Unies pour les établissements humains en vue de renforcer les activités normatives et opérationnelles du Centre de manière à lui permettre de s'acquitter avec efficacité de ses responsabilités essentielles en tant que principal organe responsable de l'application du Programme pour l'habitat. Elle se féliciterait également des progrès réalisés par le Directeur exécutif par intérim en ce qui concerne la revitalisation du Centre et salue la décision par laquelle la Commission des établissements humains à chargé le Directeur exécutif de mettre systématiquement en oeuvre le nouveau projet stratégique du Centre en lançant la campagne mondiale pour la sécurité d'occupation des logements et la campagne mondiale pour la bonne gestion des affaires urbaines. L'Assemblée générale prierait le Secrétaire général de nommer rapidement au Centre un Directeur exécutif à plein temps. Elle engagerait les gouvernements à ménager un appui financier suffisant au Centre et prierait le Secrétaire général de fournir des ressources supplémentaires au titre du budget ordinaire au Centre des Nations Unies pour les établissements humains, conformément aux pratiques et procédures budgétaires en vigueur.

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Migrations internationales et développement, y compris la question de la convocation d'une conférence des Nations Unies sur les migrations internationales et le développement, qui aborderait les questions liées aux migrations

Présentation du projet de résolution

La Commission a été saisie d'un projet de résolution intitulé "Migrations internationales et développement, y compris la question de la convocation d'une conférence des Nations Unies sur les migrations internationales et le développement" (A/C.2/54/L.11) aux termes duquel l'Assemblée générale prendrait acte du rapport du Secrétaire général sur les migrations internationales et le développement. Elle engagerait instamment les Etats Membres et les organismes des Nations Unies à renforcer la coopération internationale dans le domaine des migrations internationales et du développement afin de combattre les causes profondes des migrations, en particulier celles qui sont liées à la pauvreté, et de maximiser les avantages que les migrations internationales procurent aux intéressés.

L'Assemblée demanderait à tous les organes, organismes, fonds et programmes compétents du système des Nations Unies ainsi qu'aux autres organisations intergouvernementales, régionales et sous-régionales, de continuer d'étudier la question des migrations internationales et du développement et de fournir un appui approprié aux processus et activités interrégionaux, régionaux et sous-régionaux relatifs aux migrations internationales et au développement.

L'Assemblée générale prierait le Secrétaire général d'inclure dans le rapport qu'il lui soumettra à sa cinquante-sixième session une analyse des données concernant les migrations dans les diverses régions du monde et entre elles, comprenant, autant que faire se peut, des études de simulation sur les migrations de remplacement, en vue de fournir aux pays des informations utiles sur la gestion et les politiques en matière de migrations. Elle déciderait d'inscrire à l'ordre du jour provisoire de sa cinquante-sixième session la question intitulée "Migrations internationales et développement, y compris la question de la convocation d'une conférence des Nations Unies sur les migrations internationales et le développement".

MONDIALISATION ET INTERDEPENDANCE

Débat

Mme CECILIA ROSE-ODUYEMI, Organisation mondiale de la santé (OMS), a convenu que la mondialisation est devenue la force motrice des structures du développement et souligné qu'elle sera jugée sur sa faculté de promouvoir le développement durable dont les facteurs clefs sont la santé et l'éducation.

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Les efforts de l'OMS portent notamment sur l'élaboration de mesures pour promouvoir une nouvelle gouvernance mondiale pour assurer les besoins fondamentaux de tous. Ils visent également à assurer la diffusion de connaissances dans le domaine de la santé et consolider les mesures pour protéger les plus vulnérables. La représentante a appelé à des politiques mondiales intégrant les problèmes de santé arguant que la mondialisation doit aussi viser l'intégration sociale.

M. MOHAMMAD ALI ZARIE ZARE (République islamique d'Iran) a déclaré que des forces transnationales sont en train de modifier profondément le fonctionnement des marchés mondiaux. Le processus de mondialisation a accentué et approfondi l'interdépendance des nations. Ces faits, en conséquence, ont rendu plus indispensable la coopération internationale. Mais si ce processus, qui est l'objet de toutes les louanges de certains pays du monde développé, leur a apporté plus de prospérité et d'influence, il n'en est pas de même des pays en développement qui ont surtout subi les effets négatifs. La mondialisation basée sur des critères profondément inégaux ne crée pas l'intégration des économies en développement, mais au contraire entraîne leur isolement et leur fragmentation. Ce processus crée la division entre les pays, en mettant d'un côté ceux qui font partie de l'économie mondiale et de l'autre ceux qui en sont exclus. La contraction de l'espace et du temps fait naître de nouvelles menaces contre la sécurité des personnes, des sociétés, des cultures, et crée des interférences dans le pourvoi des services de santé, d'éducation et d'emploi auxquels les populations ont droit. Ce processus, qui est totalement aveugle, mais pas forcément mauvais, a considérablement augmenté le degré de vulnérabilité de nos pays, aussi sommes- nous d'accord avec le Secrétaire général que les réponses à lui apporter doivent se faire de façon cohérente et intégrée. Et les Nations Unies sont le seul organe compétent qui, du fait de leur caractère multilatéral et neutre, pourront aboutir à la réalisation du consensus et à élaborer des normes dont nous avons besoin pour faire face aux inégalités découlant de la mondialisation. Nous pensons que les différentes initiatives prises à la fois par l'ONU et les institutions de Bretton Woods ont besoin d'un mécanisme de suivi pour assurer leur concrétisation sur le terrain, notamment grâce aux activités opérationnelles du système de l'ONU.

M. SAMUEL SIBEKO (Afrique du Sud) a indiqué qu'en Afrique, les coûts de la mondialisation ont été jusqu'ici supérieurs à ses bénéfices. Les Accords du Cycle d'Uruguay n'ont pas été mis en oeuvre, en particulier dans le domaine des exportations. Le déclin des prix des produits de base, de l'Aide publique au développement et le caractère négligeable des investissements directs étrangers ont eu un effet négatif sur les perspectives de développement du continent. Le problème de la dette extérieure a conduit à la diversion des ressources ordinairement consacrées au développement. En outre, la faible capacité de production et l'absence de transfert de technologie ont compromis la capacité du continent à participer à l'économie mondiale.

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Comme l'a dit le Président Mbeki "compte tenu de la concentration des capitaux qui caractérise l'économie mondiale, la société humaine a les moyens de résoudre les problèmes de la pauvreté, de l'ignorance et des maladies". Partant, le développement centré sur l'homme doit reconnaître la nécessité de promouvoir la démocratie, la dignité humaine, la justice sociale, la cohésion et la solidarité aux niveaux national, régional et international. A cet égard, les Nations Unies en tant qu'instance démocratique incluant tous les pays, a un rôle important à jouer en intervenant quand il le faut dans les domaines concernant la mondialisation. Il ne s'agit pas de suggérer que les Nations Unies traitent directement des questions de commerce qui sont du ressort de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) ou des questions de la finance qui appartiennent au Fonds monétaire international (FMI). Il s'agit plutôt de dire que les Nations Unies sont en mesure de promouvoir une approche intégrée dans l'examen des questions du commerce, de la finance et du développement. Dans cet exercice, les Nations Unies doivent recourir à d'autres acteurs comme la société civile et le secteur privé.

M. BORIS SVETOGORSKY (Uruguay) a déclaré que le développement du processus de la mondialisation tient à trois facteurs essentiels dont le premier est le développement spectaculaire des technologies de communication et d'information, le second étant la mise en place de zones de libre-échange dans le domaine du commerce et de la technologie, et le troisième l'interdépendance croissante des marchés financiers et la rationalisation ainsi que l'harmonisation des systèmes juridiques et fiscaux. La dernière crise financière que le monde a connue a été l'illustration de ces réalités. Aujourd'hui il faut trouver des idées qui puissent s'adapter à la fois aux idéaux de l'ONU et répondre aux réalités de la mondialisation. L'Uruguay fait partie des pays qui soutiennent l'ouverture des marchés et le libre échange. La capacité de saisir les occasions qui s'offrent est souvent au delà des possibilités de nombreux pays en développement. Orientés vers l'extérieur sur le plan économique, ces pays luttent pour un meilleur accès au commerce mondial et les institutions comme l'ONU doivent les aider dans ce sens. Nos pays font chaque jour face à plus de compétition, et nous ne comprenons pas que les spéculations financières et les transactions commerciales continuent de se faire délibérément à nos dépens. La révolution technologique réduit considérablement les coûts de production tout en aggravant les conditions du chômage, le nombre de chômeurs s'élevant en ce moment à plus de 700 millions de personnes en âge de travailler dans le monde, selon une récente étude de l'ONU. L'augmentation de la production et la hausse des taux de croissance se font bizarrement sans que les conditions de vie des personnes ne s'améliorent. L'Uruguay est entré dans le MERCOSUR pour s'intégrer au courant de la mondialisation, car aucune économie dans le monde n'a désormais les moyens de s'en sortir de façon isolée.

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M. RI KWANG NAM (République populaire démocratique de Corée) a indiqué que les effets négatifs de la mondialisation se sont particulièrement manifestés dans les domaines de la finance, de l'économie et du commerce tout en se propageant aux domaines sociopolitiques et culturels causant ainsi des pressions sur l'emploi et les salaires, la santé et l'environnement. La mondialisation a même pratiquement paralysé la capacité de certains gouvernement à gérer ces questions de manière appropriée. Pour le représentant, des efforts doivent donc être déployés pour corriger l'environnement économique défavorable. Partant, un ordre économique équitable et juste doit être établi. Il faut, à cette fin, s'assurer de la pleine participation des pays en développement dans les processus de prise de décisions. Les délibérations en cours sur la réforme structurelle de l'architecture financière et commercial internationale ainsi que la volatilité des capitaux dans le monde doivent donc tenir dûment compte des exigences et des intérêts des pays en développement. Le représentant a appelé au renversement de la tendance au déclin de l'aide internationale au développement, soulignant que l'APD est tombée à 0,22% soit moins d'1/3 de l'objectif convenu de 0,7%. S'il est important que les pays en développement financent le développement par une exploitation optimale de leur potentiel financier, il est également important que l'appui financier extérieur soit sécurisé afin de permettre aux pays en développement de relever les nouveaux défis de la mondialisation et de répondre au mieux aux besoins en matière de développement. Soulignant le rôle important, à son avis, dans le développement des pays pauvres, le représentant a estimé que les sanctions économiques, produit de la politique des puissants, peuvent véritablement compromettre le développement de l'économie et du commerce d'un pays en développement et de la région dans son ensemble. Pour le représentant, les sanctions économiques représentent un moyen de pression anachronique en contradiction directe avec la tendance au resserrement des liens économiques et commerciales et avec l'ère du développement durable.

M. JEAN MARIE MURAT (Haïti) a associé sa délégation à la déclaration du Groupe des 77 et de la Chine. La nouvelle conjoncture économique internationale offre à la fois des opportunités et des défis, a constaté le délégué. En effet, si elle rapproche les peuples, la mondialisation élargit aussi le fossé existant entre pays riches et pays pauvres. Les inégalités deviennent plus choquantes, non seulement entre nations mais aussi entre les populations à l'intérieur des pays. De nombreux pays se retrouvent rejetés en marge de la communauté des nations, ce qui provoque des flux migratoires importants, des atteintes graves à l'environnement, des troubles et des conflits sociaux meurtriers. Certains pensent que ce phénomène s'inscrit dans le cours inéluctable de l'histoire, mais nous ne pensons pas qu'il faille s'y soumettre de manière passive. Aussi notre délégation appelle-t-elle à un effort collectif en vue d'une meilleure répartition des bénéfices de la mondialisation.

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Pour illustrer l'état actuel du monde, nous dirions que notre planète est semblable à un navire chargé de passagers, certains voyageant en première classe, d'autres en deuxième, tandis que la majorité croupit dans la soute. Mais en cas de naufrage, tous les passagers, sans considération de classe et de statut, périront. Pour éviter donc ce naufrage, des mesures collectives urgentes sont nécessaires. Et seules les Nations Unies peuvent les élaborer et les mettre à la disposition de tous les peuples. Haïti appelle à l'intensification des consultations en cours entre les Nations Unies et les institutions de Bretton Woods et l'Organisation mondiale du commerce.

Mme SONIA LEONCE-CARRYL (Sainte-Lucie) a déclaré que la communauté internationale est aujourd'hui dotée d'un système d'institutions et de politiques qui a conduit à une concentration accrue des revenus, des ressources et des richesses entre les mains d'une poignée de peuples, de compagnies et de pays et qui a contraint 135 autres pays à constater une baisse du revenu par habitant. Il s'agit donc d'un système qui ouvre les marchés pour les pays développés et leurs compagnies par l'élimination des barrières commerciales érigées par les pays en développement tout en maintenant les barrières des pays développés. Il s'agit d'un système dénué d'équité et ayant pour seul credo le profit. Il s'agit d'un système qui promeut une concurrence débridée entre acteurs inégaux. Si la communauté internationale est sérieuse, lorsqu'elle parle de paix, de stabilité et d'élimination de la pauvreté, elle doit être honnête et abandonner la rhétorique pour s'atteler à la réalité. Elle doit fermer les clubs exclusifs du G-7, G-8 et autres G-22 pour créer un G-188 où toutes les préoccupations et tous les intérêts pourront être examinés dans le contexte d'une économie mondiale en évolution. La communauté internationale doit revoir le fonctionnement des institutions en place qui ont été créées quand la plupart des pays étaient des colonies et ne participaient pas - comme ils ne participent toujours pas - aux processus de prise de décisions. La communauté internationale doit introduire un peu de justice au sein de l'OMC, libéraliser non seulement les marchés des pays en développement mais aussi les marchés des pays développés et évaluer d'abord le Cycle d'Uruguay en se fondant sur les résultats avant de signer d'autres accords qui ne profiteraient pas à tous et ne feraient aucune distinction entre partenaires inégaux.

Il est faux et irresponsable de prétendre, comme l'ont fait certains au sein de cette Commission, que le processus de mondialisation est un processus en cours dont on ne comprend pas encore les tenants et les aboutissants et dont on ne peut prévoir l'évolution. Sainte-Lucie, a dit la représentante, peut faire la prévision suivante: telle qu'elle évolue aujourd'hui la mondialisation conduira à l'instauration d'un système économique unique, d'une culture uniforme, d'une éthique imposée, d'un mépris des différences culturelles et des inégalités de développement.

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La mondialisation donnera lieu à un empiétement de plus en plus flagrant de la souveraineté des Etats et des droits et des libertés des peuples. Elle conduira à l'instabilité mondiale et au chaos.

M. FADHEL AYARI (Tunisie) a associé sa délégation à la déclaration faite par le Guyana, au nom du Groupe des 77 et de la Chine. La Tunisie estime que la communauté internationale doit se pencher sérieusement sur les défis de la mondialisation en gardant à l'esprit que les coûts des ralentissements et des crises économiques ont été surtout supportés par les pays en développement et les couches sociales les plus désavantagées. Il est donc impératif que soient mis en oeuvre les engagements pris dans le cadre des grandes conférences internationales des Nations Unies concernant les différents domaines du développement économique et social en adaptant ces engagements aux exigences de la prochaine étape à franchir, et en s'employant à rechercher les voies d'une mondialisation équilibrée et à visage humain. Les spécificités de chaque pays doivent être respectées dans le cadre de l'amélioration de ses capacités de développement, et il faudra assurer aux pays en développement un système qui leur donne un accès plus large aux marchés des pays développés, ce qui leur permettra de tirer avantage des activités d'exportation pour générer plus de ressources qu'ils ne reçoivent actuellement en flux de capitaux étrangers. Il est indispensable de résoudre la question de la dette qui pèse lourdement sur les économies des pays en développement et empêche plusieurs d'entre eux d'avoir accès à de nouvelles ressources. La Tunisie soutient l'idée de la création, dans le cadre d'une nouvelle architecture internationale, d'un mécanisme multilatéral chargé de contrôler le flux des capitaux étrangers et les courants spéculatifs. Ceci permettrait de stabiliser et de réglementer le système financier et monétaire international de façon à ce que ces flux répondent mieux aux exigences de développement des pays du Sud et leur permettent une meilleure intégration à l'économie mondiale. Au vu de l'importance des groupements économiques et géographiques, pour faire face à la mondialisation, a dit M. Ayari, notre Gouvernement poursuit avec détermination et sérieux son action pour parachever l'édification du Maghreb arabe et établir un espace euroméditerranéen servant de cadre de coopération aux pays riverains de la Méditerranée.

M. NUNO TOMAS (Mozambique) a déclaré que les pays en développement, en particulier les pays les moins avancés, font face à de graves difficultés dans leurs efforts pour s'intégrer à l'économie mondiale. Par la libéralisation du commerce et de la finance, le processus de la mondialisation a exposé les pays pauvres aux puissantes forces extérieures et les a confinés à la marginalisation. Loin de conduire à l'interdépendance, la mondialisation a donné lieu à la surdépendance des pays en développement vis-à-vis de l'assistance, des marchés et de la finance des pays développés. Il faut corriger le système économique international et en créer un autre qui bénéficie à tous.

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A cet égard, il faut poursuivre la mondialisation du développement, un processus qui exige la création d'un environnement économique favorable, la réforme de l'architecture financière internationale, l'apport d'une solution globale au problème de la dette extérieure, la fourniture d'une aide adéquate et l'établissement d'un agenda commercial juste. Pour que les pays en développement puissent jouer un rôle significatif dans le processus de mondialisation, leurs préoccupations en matière de développement et la question de leur accès aux marchés mondiaux doivent être dûment examinées par la prochaine réunion de l'OMC qui doit se tenir à Seattle.

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