LA CREATION DE RICHESSES AU XXIEME SIECLE DEPENDRA DE LA MAITRISE DES TECHNOLOGIES DE L'INFORMATION ET DES COMMUNICATIONS
Communiqué de Presse
AG/EF/271
LA CREATION DE RICHESSES AU XXIEME SIECLE DEPENDRA DE LA MAITRISE DES TECHNOLOGIES DE L'INFORMATION ET DES COMMUNICATIONS
19991020La Commission économique et financière (Deuxième Commission) a terminé, cet après-midi, l'examen de la relation entre développement durable et coopération économique internationale. L'examen de la sous-question du développement des ressources humaines aux fins du développement a donné l'occasion d'insister sur une ouverture plus large et plus accessible aux nouvelles technologies de l'information et des communications, essentielles au développement des ressources humaines dans une économie mondialisée. Les représentants de la Jamaïque et de la Malaisie ont, à cet égard, souhaité un engagement total de la communauté internationale à la convocation de la deuxième conférence internationale sur la connaissance, qui aura lieu au mois de mars 2000 en Malaisie. Pour la plupart des délégations, les économies en développement, qui pourront s'intégrer au nouveau contexte international, seront celles qui disposeront des travailleurs les mieux formés et les mieux informés. A cet égard, l'examen de la sous-question des migrations internationales a permis aux délégations de souligner la nécessité d'une meilleure formation de la main-d'oeuvre migrante ainsi que les bénéfices qui pourraient en résulter pour les pays d'accueil et les pays d'origine.
Le Directeur de la Division de la population du Département des affaires économiques et sociales a évoqué l'éventualité d'une conférence internationale et regretté le manque de statistiques permettant d'évaluer les flux et les tendances actuels et de définir les politiques à adopter. Les migrations sont un phénomène complexe qui doit être analysé dans le contexte de l'évolution démographique et du développement. Compte tenu de l'importance et des sensibilités politiques que la question des migrations éveillent, il ne faut pas exclure la convocation d'une conférence internationale dans les décennies à venir, a souligné le Directeur. Concernant la sous-question de l'application des décisions de la Conférence sur les établissements humains (Habitat), la représentante du Kenya a souligné qu'en l'an 2000, plus de 50% de la population mondiale vivront dans les villes et que ce pourcentage devrait passer à 200 en 2030. Elle a souhaité que la primauté ne soit pas donnée aux politiques urbaines, étant donné qu'une part substantielle de la population des pays en développement continue de vivre en milieu rural. Elle a aussi demandé que le Bureau des Nations Unies à Nairobi, qui abrite Habitat et le PNUE, bénéficie du même statut que les bureaux de Genève et de Vienne.
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Les représentants des pays suivants ont pris la parole : El Salvador, Kenya, Ouganda, Iraq, Malaisie, Iran, Jamaïque, Mongolie et Haïti.
La Commission se réunira vendredi 22 octobre 1999 à 10 heures pour entamer l'examen du lien entre environnement et développement durable.
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DEVELOPPEMENT DURABLE ET COOPERATION ECONOMIQUE INTERNATIONALE
Débat général
M. CARLOS HENRIQUE GONZALEZ (Salvador) a déclaré, au nom des pays d'Amérique centrale, que les migrations internationales sont une question importante pour les Etats de l'Amérique centrale qui s'associent à la déclaration du Groupe des 77 sur la question. Les migrations ont considérablement augmenté en Amérique latine au cours des années 70, à cause, en partie, des conflits qui déchiraient la région. Elles se sont accrues dans les années 80 pour d'autres raisons, essentiellement dues à la libéralisation de la vie publique dans ces pays et aux effets destructeurs des catastrophes naturelles, notamment les ouragans, qui ont fait, ces dernières années, plus de 10 000 victimes et ont mis à mal les infrastructures de ces pays. Les immigrés des pays de la région contribuent pour une bonne part aux équilibres financiers familiaux et permettent à de nombreuses familles de faire face aux changements économiques qui affectent négativement la région. Les migrations sont un phénomène international, et la fin de la guerre froide en a multiplié les possibilités.
Nous pensons qu'il est important d'améliorer les statistiques sur les migrations internationales et nous sommes reconnaissants à la Commission des statistiques de l'ONU pour les efforts qu'elle déploie. Les Etats-Unis et le Canada, en accord avec les pays de notre région, oeuvrent en ce moment, soutenus par la Banque interaméricaine de développement et le PNUD entre autres, pour une meilleure compréhension des phénomènes migratoires. Nous soutenons fermement l'idée de la convocation d'une conférence internationale sur les migrations, que nos pays continuent d'étudier pour connaître le lien qu'elles ont avec le développement. Les effets des migrations sur l'intégration des femmes et sur la détérioration de l'environnement font partie des questions auxquelles nous aimerions avoir des réponses.
Mme MARY D. ODINGA (Kenya) a rappelé les chiffres selon lesquels en l'an 2000, plus de 50% de la population mondiale vivra dans les villes et que l'an 2003 verra ce pourcentage passer à 200. Il faut souligner, en outre, que la majorité de cette population urbaine sera composée de pauvres, sans emploi ni logement décent. Elle a insisté pour que la question de la jouissance d'un logement adéquat demeure le thème central de l'ordre du jour d'Habitat. S'il est juste d'accorder une grande attention à la situation des villes, il ne faut pas perdre de vue, a dit la représentante, la dimension rurale des établissements humains. Il faut noter qu'une part substantielle de la population des pays en développement continue de vivre dans le milieu rural. Partant, le lien entre les secteurs urbain et rural doit être appréhendé, de manière objective, pour réaliser le développement durable.
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Beaucoup a été fait depuis la première Conférence de Vancouver, mais la rhétorique seule ne suffira pas à assurer un environnement sûr et habitable ni à transformer Habitat en une instance efficace pour les établissements humains, au cours du prochain millénaire. Les défis actuels ne pourraient être relevés sans l'existence de fonds adéquats. La situation financière actuelle du Centre des Nations Unies pour les établissements humains ne semble pas assez saine pour mener les deux campagnes lancées en matière d'établissements humains. Le Centre des Nations Unies a entrepris des réformes essentielles en rationalisant sa gestion financière et administrative. Il faut lui fournir les ressources dont il a besoin, a plaidé la représentante.
Evoquant le renforcement du Bureau des Nations Unies à Nairobi, la représentante a estimé que son pays, en sa qualité de seul pays du monde en développement à héberger un centre des Nations Unies, demeure préoccupé par la sous-utilisation des excellentes installations de l'Office des Nations Unies. Il est important que l'Office jouisse du même statut que les autres bureaux des Nations Unies à Genève et à Vienne. La création rapide d'un service permanent d'interprétation facilitera la convocation par le système des Nations Unies et les organisations régionales intergouvernementales et non gouvernementales, d'un nombre plus important de réunions. A cet égard, la représentante a appelé à une mise en oeuvre rapide de la résolution de l'Assemblée générale qui appelle à la fourniture des ressources financières pour permettre au Programme des Nations Unies pour l'environnement (PNUE) et à Habitat, basés à Nairobi, de remplir leurs mandats de manière efficace.
M. AGGREY S. AWORI (Ouganda) a déclaré que sa délégation partageait le point de vue du rapport du Secrétaire général selon lequel l'usage de l'Internet est au centre de la nouvelle économie mondiale, où la productivité dépend de l'intelligence humaine aidée par les technologies de l'information et de la communication. Ceci va dans le même sens que l'affirmation selon laquelle la communauté internationale va vers un nouveau paradigme, qui perçoit le développement comme la transformation d'une communauté dans son ensemble. La tragédie à laquelle font face les individus et les groupes dans nos pays, vient du fait que non seulement le fossé entre riches et pauvres s'agrandit au niveau des nations, mais encore, l'accès à la connaissance , à la science et aux technologies, donc aux marchés internationaux, s'amenuise et devient de plus en plus hypothétique et éloigné. Nous connaissons les difficultés de sortir du cercle vicieux de la pauvreté, surtout lorsque les règles du jeu ne nous sont pas favorables. Nous sommes sûrs qu'avant que des pays comme le notre soient capables d'accéder à l'âge de l'informatique, des mesures intermédiaires devront être prises au niveau international pour les aider à réduire le retard qu'ils connaissent en matière de ressources humaines.
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M. ABDUL MUNIM AL-KHADE (Iraq) a appuyé la tenue d'une conférence des Nations Unies sur les migrations internationales et le développement pour, a- t-il dit, examiner les raisons et les conséquences des migrations et leur impact sur le développement des pays d'origine comme des pays de destination. La tenue de la conférence internationale n'empêche pas la tenue de conférences régionales qui devraient permettre à chaque région d'analyser ses conditions propres en ce qui concerne les migrations et leur impact sur le développement. Les travaux des réunions régionales et ceux des mécanismes existants des Nations Unies ne pourront qu'enrichir la conférence internationale, a estimé le représentant. Il a poursuivi en soulignant que son pays est bien connu comme pays de destination. Le phénomène de migration s'est en effet accentué pendant l'expansion économique des années 70. L'Iraq a ainsi reçu des millions d'émigrés des pays arabes et d'ailleurs et a été en mesure de leur offrir des conditions de vie adéquates. L'équilibre s'est toutefois inversé en 1990, après l'imposition des sanctions qui a contraint les émigrés à quitter le pays faute de travail. Les sanctions ont ainsi causé une baisse de 2/3 du PIB expliquée par une baisse de 85% de la production pétrolière et la destruction de l'infrastructure industrielle. La production agricole n'a cessé de se détériorer depuis lors. L'Iraq a donc constaté une baisse de 2/3 de ses forces de travail, une augmentation du chômage et une baisse du niveau de vie réel de la famille en raison de la hausse des biens et services. Par ailleurs, une fuite des cerveaux s'est opérée qui a influencé négativement le développement du pays et exercé une pression sur les pays de destination qui bien souvent se sont trouvés incapables d'absorber ce personnel hautement qualifié. Si la communauté internationale entend vraiment examiner les raisons des migrations et leurs conséquences, elle doit éliminer les obstacles qu'impose un seul Etat au développement de l'Iraq. La première étape doit consister à lever l'embargo imposé à l'Iraq pour qu'il reprenne le développement de la région, en tant que pays de destination.
M. ABDUL AZIZ ABDUL RAHMAN (Malaisie) a associé sa délégation à la déclaration du Groupe de 77 et de la Chine et exprimé sa satisfaction de constater que le rapport sur le développement des ressources humaines a fait mention des initiatives qu'elle a prises en matière de techniques de communications et de technologies de l'information. Nous attachons une grande importance à la question du développement des ressources humaines. L'information se transmettra de plus en plus entre pays sans aucun obstacle ou barrière, et les pays disposant des travailleurs les plus compétents et les mieux informés seront dominants dans l'économie du futur. Le "Super couloir multimédias", que crée la Malaisie, permettra aux entreprises nationales ou transnationales de tester les limites des technologies de l'information et de la communication. Le "Super couloir multimédias" dont nous parlons couvre une superficie d 15 kilomètres de large sur 50 de long, et deux des nouvelles villes "intelligentes", que l'on connaisse aujourd'hui dans le monde, sont construites dans ce couloir.
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Ces villes sont Putrajaya et Cyberjaya, et elles accueillent des industries et des entreprises multimédias, intégrées sur les plans financier, commercial et de la connaissance, à tous les grands courants internationaux. Une université multimédias et les quartiers généraux des entreprises travaillant dans ces domaines avancés sont installés dans la zone du couloir.
La Malaisie abritera en l'an 2000 le 2ème forum international de la connaissance à Kuala Lumpur. Le thème de cette conférence internationale sera: "Construire des sociétés de connaissance: accessibilité, pouvoir et gouvernance", et la conférence mettra essentiellement l'accent sur les défis du développement à l'âge de l'informatique.
M. MOHAMMAD ALI ZARIE ZARE (Iran) a estimé que les stratégies de mise en valeur des ressources humaines aux fins du développement doivent répondre aux défis découlant du processus de mondialisation et créer un environnement favorable, en particulier sur le plan international. La mobilisation aux fins de la mise en valeur des ressources humaines, a dit le représentant, est la priorité principale des pays en développement. L'accroissement des revenus et la mise à profit des opportunités passent par l'accès aux marchés et l'apport de capitaux. L'impact des nouvelles technologies sur le développement et l'élimination de la pauvreté doivent être reconnus et de nouvelles ressources doivent être mobilisées pour investir dans la technologie nécessaire au développement des ressources humaines afin de renforcer la capacité des pays en développement à s'intégrer à l'économie mondiale. Venant à la mise en oeuvre des engagements et des politiques convenus dans la Déclaration sur la coopération économique internationale, le représentant a fait observer que l'évolution de la situation, au cours de la dernière décennie, indique clairement que la répartition des améliorations du point économique et social n'a pas été équitable. Seul un petit nombre de pays en développement a pu bénéficier du processus de mondialisation. La majorité d'entre eux a, au contraire, été soit marginalisée soit dans l'incapacité de tirer profit des opportunités promises. A la fin de la décennie, même les pays en développement qui avaient bénéficié de la mondialisation ont dû enregistrer un recul social à la suite de la crise financière de 1997 et de 1998. Il est donc clair que le développement social ne peut être assuré en l'absence d'une croissance économique. Il est impératif que la communauté internationale renouvelle son engagement en faveur des principes et des objectifs de la Déclaration pour assurer une répartition équitable des avantages découlant des paramètres remarquables du processus de mondialisation.
M. DAVID PREDERGAST (Jamaïque)a déclaré que la Commission doit s'assurer que les stratégies de développement comprennent des objectifs d'équité, d'éradication de la pauvreté et de développement humain durable. Dans cette optique, nous avons besoin, a dit le délégué, de politiques plus fortes pour protéger et promouvoir le développement humain, dont des politiques de protection sociale.
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Ensuite nous avons besoin d'augmenter le niveau de la coopération internationale, beaucoup de questions touchant au développement humain allant bien au delà de ce que les pays peuvent individuellement résoudre par eux- mêmes. De plus, a dit le délégué, les Nations Unies devraient fournir un soutien continu pour encourager les politiques et les approches qui visent à réduire les manques en matière de connexion des groupes humains les plus désavantagés, qui devraient pouvoir être inclus dans les actions menées au niveau international. Des partenariats élargis devraient être établis entre les gouvernements, le secteur privé, les communautés locales et les organisations non gouvernementales, en vue de promouvoir le développement humain. La deuxième conférence mondiale sur la connaissance et les partenariats, qui se tiendra en Malaisie en mars 2000, et la collaboration que nous avons pu établir avec le groupe Cisco, sont des exemples du genre de partenariat que nous avons pu établir et que nous devons encourager.
Mme NARANGUA PUNTSAGNOROV (Mongolie) a souligné l'importance du commerce pour le développement, l'élimination de la pauvreté et la reconstruction économique. Pour elle, l'établissement d'un système commercial juste constitue une manière efficace de promouvoir les objectifs de développement. Le prochain cycle de négociations commerciales doit assurer des avantages substantiels aux pays en développement et aux pays à économie en transition. Il faut, pour cela, améliorer l'accès aux marchés et réduire davantage les barrières commerciales. Evoquant la situation particulière des pays sans littoral, la représentante a estimé que les avantages comparatifs de ces pays en matière commerciale ont été compromis par les coûts élevés des transports qui, dans certains cas, représentent 40% des coûts totaux. La représentante a souhaité que ces faits soient pris en compte et qu'ils conduisent à un appui renforcé des efforts de ces pays pour intégrer l'économie mondiale. La baisse des coûts de transit, l'élimination des barrières commerciales, le financement de la construction et de la modernisation des infrastructures de transports constituent la manière d'aider ces pays. La représentante a souligné l'importance de la prochaine conférence sur le financement du développement et la nécessité pour les Nations Unies de renforcer leurs liens avec les institutions de Bretton Woods, l'Organisation mondiale du commerce (OMC) et les autres institutions pertinentes. Elle a mis l'accent sur la nécessité pour l'ONU d'assurer la mise en oeuvre coordonnée des décisions et recommandations des conférences et sommets internationaux, compte tenu de leur importance pour le règlement des problèmes économiques et sociaux que rencontrent les pays en développement.
M. JEAN MAXIME MURAT (Haïti) a estimé que le Programme Action 21 et celui de la Barbade sur les petits Etats insulaires en développement sont toujours d'actualité. Le Gouvernement d'Haïti pense que les principes de la Déclaration économique internationale sont de grande importance, et il lui renouvelle tout son soutien.
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Haïti s'inquiète, au vu de la réduction des flux d'aide au développement, et de la perte par les pays en développement des préférences tarifaires qui leur avaient autrefois été octroyées, du fossé qui s'élargit entre pays riches et pays pauvres. Nous estimons, par conséquence, a dit le délégué, qu'il est vital de renforcer le partenariat pour le développement à l'échelle mondiale.
Concernant la question de la relation entre migration internationale et développement, nous pensons, a dit le délégué, que tout dialogue qui se veut fructueux en la matière, doit prendre en considération les rapports d'équilibre entre l'offre et la demande sur les différents marchés de travail, qui obligent travailleurs et ouvriers à se déplacer d'un point à l'autre selon les opportunités. Les migrations ne sont pas forcément négatives. Elles offrent la possibilité à différentes communautés de partager leurs cultures, leurs expériences et leur savoir-faire technique. Mais elles requièrent, pour se dérouler de façon harmonieuse, une planification de haut niveau et élaborée. Aussi Haïti invite-t-il la communauté internationale, les groupements régionaux, et les différents Etats, à engager le dialogue sur cette question pour permettre aux pays d'accueil et aux pays exportateurs de flux migratoires de tirer mutuellement avantage de ces phénomènes. Nous appuyons donc l'idée de la convocation d'une conférence internationale sur les migrations internationales, qui devra être un forum constructif entre les pays d'accueil et les pays d'origine de travailleurs migrants, a conclu le représentant.
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