LES PAYS DU SUD ONT LA RESPONSABILITE PREMIERE DE LEUR DEVELOPPEMENT: LE RÔLE DE LA COOPERATION SUD-SUD
Communiqué de Presse
AG/EF/267
LES PAYS DU SUD ONT LA RESPONSABILITE PREMIERE DE LEUR DEVELOPPEMENT: LE RÔLE DE LA COOPERATION SUD-SUD
19991015La Commission économique et financière (Deuxième Commission) a entamé ce matin l'examen de l'efficacité des mécanismes multilatéraux de développement du système des Nations Unies. Le Groupe des 77 et la Chine ont noté la réduction de l'aide multilatérale - notamment le déclin de l'Aide publique au développement - qui sape l'efficacité des organismes multilatéraux, tels que le PNUD ainsi que les activités de développement des pays en développement. La question du renforcement de la coopération Sud-Sud, l'un des éléments de la coopération multilatérale, a été soulevée. L'Union européenne, comme le souligne le rapport du Secrétaire général, est d'avis que les pays en développement ont l'ultime responsabilité de leur développement. L'Union européenne ajoute toutefois que son aide multilatérale est substantielle et qu'elle tendra à s'accroître surtout à la suite de la révision des Accords de Lomé. Quant aux pays du Sud, ils s'engagent à réexaminer les éléments de la coopération Sud-Sud au sommet qu'ils tiendront à la Havane du 10 au 14 avril 2000. Les délégations ont donc lancé un appel aux pays développés pour qu'ils appuient et renforcent la coopération économique et technique entre pays en développement par l'apport d'une assistance financière et technique substantielle et une solution définitive au problème de la dette qui, ont-elles souligné, constitue un obstacle majeur au développement.
Les représentants des pays suivants ont pris part au débat : Guyana, au nom du Groupe des 77 et de la Chine; Finlande, au nom de l'Union européenne et des pays associés; Ghana; Etats-Unis; Fédération de Russie; Mexique, au nom du Groupe de Rio; Norvège; Bénin; Mozambique, au nom de la Communauté pour le développement de l'Afrique australe (SADC); Equateur; Myanmar; Inde; Antigua- et-Barbuda, au nom de la Communauté des Etats des Caraïbes (CARICOM); Pakistan; République tchèque; Yémen; et Lesotho. Les rapports dont la Commission est saisie ont été présentés par les représentants du Fonds de développement des Nations Unies pour la femme (UNIFEM); du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD); et de la Direction Afrique I du Département des affaires politiques.
La Commission poursuivra ses travaux cet après-midi à 15 heures.
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ACTIVITES OPERATIONNELLES DE DEVELOPPEMENT
Activités opérationnelles de développement du système des Nations Unies
Coopération économique et technique entre pays en développement
Rapport du Comité de haut niveau pour l'examen de la coopération technique entre pays en développement (A/54/39)
Le Comité de haut niveau a tenu sa dixième session à New York du 1er au 4 juin 1999 conformément à la recommandation 37 du Plan d'action de Buenos Aires pour la promotion et la mise en oeuvre de la coopération technique entre pays en développement, que l'Assemblée générale a fait sienne dans sa résolution 33/134 du 19 décembre 1978. Le Comité, dont les travaux sont organisés par le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), est composé des Etats Membres qui participent aux travaux du PNUD. Le rapport du Comité comprend les trois décisions adoptées lors de la session et concernant l'examen des progrès réalisés dans l'application du Plan d'action de Buenos Aires, des décisions prises par le Comité de haut niveau et des recommandations de la Commission Sud; l'examen des progrès réalisés dans la mise en oeuvre de la stratégie relative aux nouvelles orientations de la coopération technique entre pays en développement; le cadre global pour la promotion et l'application de la coopération technique entre pays en développement.
Rapport sur les activités du Fonds de développement des Nations Unies pour la femme (UNIFEM) (A/54/225)
Ce rapport fait le point du programme et des activités du Fonds de développement des Nations Unies pour la femme (UNIFEM) pour l'année 1998. Au titre de la résolution 39/125 de l'Assemblée générale du 14 décembre 1984, UNIFEM est chargé de jouer un rôle novateur et catalyseur dans le domaine de la promotion de la femme et de l'égalité des sexes. Il a pour mandat d'appuyer les activités novatrices et expérimentales en faveur des femmes, conformément aux priorités nationales et régionales; de faire fonction de catalyseur, de façon à assurer que les femmes participent bien aux principales activités de développement; et de jouer un rôle novateur et catalyseur en ce qui concerne le système de coopération pour le développement des Nations Unies. UNIFEM a été prié, au paragraphe 35 du Programme d'action de la Conférence de Beijing pour la promotion de la femme, de revoir et de renforcer son programme de travail en fonction du Programme d'action, en mettant l'accent sur le renforcement du pouvoir politique et économique des femmes; et dans ses activités de plaidoyer, de s'attacher à susciter au niveau multilatéral un dialogue de fond sur le renforcement du pouvoir d'action des femmes.
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UNIFEM a axé ses programmes sur trois grands thèmes: renforcement du pouvoir économique des femmes, mise en place d'administrations et d'un encadrement tenant dûment compte de la parité entre les sexes; promotion des droits fondamentaux de la femme et élimination de toutes les formes de violence à leur égard. Ces trois domaines d'activités thématiques sont traités en fonction des données régionales de l'Afrique, de l'Amérique latine et des Caraïbes, de l'Asie et du Pacifique, de l'Europe orientale et des pays de la Communauté d'Etats indépendants et dans le contexte mondial.
Le programme d'émancipation économique d'UNIFEM vise à déterminer les moyens d'existence durables qui s'offrent aux femmes dans le contexte de la crise économique qui a sévi dans plusieurs pays d'Asie en 1997 et qui a pris des proportions mondiales en 1998; il vise aussi à identifier les menaces qui pèsent à cet égard. Les effets conjugués de cette crise, de conflits armés en cours et de plusieurs catastrophes naturelles terribles ont frappé tout particulièrement les groupes sociaux les plus défavorisés et contribué à accroître la pauvreté des femmes. UNIFEM a, par exemple, fourni son appui à des femmes créatrices d'entreprises pour leur faciliter l'accès aux marchés internationaux et les aider à mieux défendre leurs droits et leur pouvoir de négociation dans les circuits commerciaux. UNIFEM s'est aussi employé à renforcer la capacité des travailleuses indépendantes qui pratiquent des activités traditionnelles, comme la transformation des produits agricoles, la confection et autres activités artisanales traditionnelles, d'avoir accès à de nouveaux marchés.
En ce qui concerne la promotion de l'exercice des droits des femmes et l'élimination de toutes les formes de violence à l'égard des femmes, les stratégies et activités d'UNIFEM ont continué d'avoir les objectifs suivants: promouvoir l'exercice des droits des femmes, améliorer leur condition juridique et sociale et veiller à ce que les droits qui leur sont spécifiques soient reconnus comme des droits fondamentaux; donner aux femmes les moyens de bien comprendre et utiliser les instruments relatifs aux droits fondamentaux, en particulier à la Convention sur l'élimination de la discrimination à l'égard des femmes; et favoriser l'élimination de toutes les formes de violence à l'égard des femmes, le problème de la violence relevant dans son essence des droits fondamentaux. En 1998, dans le cadre de la célébration par le système des Nations Unies du cinquantenaire de la Déclaration universelle des droits de l'homme, la campagne régionale interorganisations visant à éliminer la violence à l'égard des femmes en Amérique latine et dans les Caraïbes, s'est intensifiée, tandis que des campagnes analogues ont été lancées en Afrique et dans les régions de l'Asie et du Pacifique. La campagne lancée en Amérique latine en 1997 a bénéficié de l'élan donné par la multiplication des activités de lutte contre la violence sexiste organisées au cours de la décennie écoulée par des mouvements de femmes dans l'ensemble de la région.
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En faisant ressortir l'absence de services permettant d'assurer une protection effective aux victimes de la violence, et la responsabilité qui incombe aux pouvoirs publics de fournir les ressources nécessaires à cet effet, la campagne a permis d'obtenir de nouveaux engagements. Par exemple, la Commission brésilienne des droits de l'homme a alloué dans son budget pour 1999, un montant de 10 millions de dollars à la création d'abris aux victimes de la violence.
La campagne pour l'Afrique a été lancée à l'occasion de la journée panafricaine des femmes, le 31 juillet 1998, sous le slogan "Une vie exempte de violence à l'égard des femmes, condition essentielle d'un développement humain durable". Elle s'est déroulée dans le contexte des nouvelles orientations adoptées par la Commission africaine des droits de l'homme et des peuples, coïncidant avec l'élaboration d'un nouveau protocole à la Charte africaine, relatif à la violence à l'égard des femmes et des jeunes filles africaines. Cette campagne a mis l'accent sur deux thèmes: les mutilations génitales et la situation des femmes et des jeunes filles en temps de guerres et de conflits.
Une campagne de sensibilisation au problème de la violence à l'égard des femmes dans les périodes d'après-conflits a été lancée en Somalie, et de nombreuses activités et manifestations consacrées à la pandémie du VIH/sida se sont tenues au cours de seize journées d'action organisées contrela violence sexiste. En Asie-Pacifique, la campagne lancée a permis d'établir un lien entre la violence à l'égard des femmes et les problèmes découlant de l'exclusion continue des femmes des prises de décisions dans les domaines économique, politique et social. D'autre part, en s'adressant aux groupes les plus divers de la société, cette campagne vise à briser le silence sur les problèmes de la violence, notamment au foyer. Ensuite, elle met aussi l'accent sur des problèmes qui se sont récemment fait jour dans la région, dont le VIH/sida, les meurtres de femmes pour "sauver l'honneur" en Asie occidentale, les meurtres liés à des questions de dot et la mise à mort par le feu de femmes mariées en Inde; et la traite des jeunes femmes et des jeunes filles dans les pays d'Asie du Sud et d'Asie du Sud-Est. Le lancement de la campagne en Asie du Sud a été l'occasion pour le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) et la Commission nationale des femmes de s'associer aux activités d'UNIFEM. l'objectif visé était d'attirer l'attention des autres organismes des Nations Unies ainsi que des médias et de s'assurer le soutien de la communauté des ONG.
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Rapport du Secrétaire général sur la coopération entre l'Organisation des Nations Unies et la Communauté de développement de l'Afrique australe (A/54/273)
Le Secrétaire général fait part des initiatives des Etats Membres ainsi que de l'Union européenne. Il fait également part des initiatives des fonds et programmes des Nations Unies dont l'Organisation mondiale de la santé (OMS) qui a continué à garantir un approvisionnement en sang non contaminé et d'assurer la gestion des syndromes des maladies sexuellement transmissibles, la prévention et le traitement du VIH/SIDA. L'OMS a lancé un programme d'évaluation de l'épidémie du VIH/SIDA dans les pays de la SADC ainsi qu'une campagne de collectes de fonds. Elle a fourni un appui financier aux organisations non gouvernementales qui mènent des activités de prévention et de soins dans le domaine du VIH/SIDA.
Rapport du Secrétaire général sur l'état de la coopération Sud- Sud (A/54/425)
Dans ce rapport, le Secrétaire général passe en revue l'évolution et les tendances récentes de la coopération Sud-Sud, particulièrement dans les domaines des échanges commerciaux, des investissements et des finances. Il examine dans quelle mesure l'appui du système multilatéral a contribué à cette coopération. Il décrit la création de partenariats largement représentatifs, le renforcement des capacités collectives, la mise en réseau des connaissances et l'intégration des modalités de la coopération économique et technique entre pays en développement dans les activités opérationnelles du système de développement des Nations Unies. Le rapport met en relief l'importance de la coopération Sud-Sud à l'heure de la mondialisation et contient un certain nombre de suggestions pour améliorer cette coopération.
Le Secrétaire général explique que face aux défis de la mondialisation, beaucoup de pays en développement ont entrepris d'ambitieuses réformes économiques, libéralisé les échanges commerciaux, éliminé ou réduit les contrôle des prix, diminué les interventions de l'Etat et maîtrisé l'inflation. Il en résulte une convergence des politiques économiques dans la plupart des pays en développement, à l'intérieur des régions et d'une région à l'autre, et les perspectives d'une coopération économique et technique plus étroite et plus intense entre eux s'en trouvent élargies. Le renforcement de la différentiation et de l'inventivité parmi les pays en développement, du point de vue des niveaux de développement et des capacités techniques, ouvre également des possibilités nouvelles de coopération plus proche.
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Cette évolution, poursuit le Secrétaire général, a contribué à renforcer la coopération Sud-Sud la coopération Sud-Sud dans les domaines des échanges commerciaux, des investissements et des finances tout en ouvrant des possibilités nouvelles de coopération dans d'autres domaines, comme l'industrie, la technologie et le développement d'entreprises. A titre d'exemple, le commerce Sud-Sud est passé de 32% du total des exportations des pays en développement en 1990 à 42% en 1997.
Malgré tous ces progrès, explique le Secrétaire général, l'attachement historique aux rapports traditionnels Nord-Sud dans les échanges commerciaux, l'aide et la finance, de même que les infrastructures institutionnelles en place pour la coopération Nord-Sud sapent toujours les possibilités de coopération Sud-Sud. Avant tout, l'insuffisance du financement disponible pour la coopération Sud-Sud reste un obstacle considérable. Toutefois, le Secrétaire général souligne que bien que l'aide extérieure conserve une importance vitale et devra de fait être considérablement augmentée, la mesure dans laquelle il sera possible de profiter pleinement des possibilités offertes et de les exploiter dépendra largement des efforts du Sud lui-même. Si ces efforts aboutissent, ils contribueront grandement à une croissance économique durable et à l'intégration des pays en développement dans l'économie mondiale. Il convient de faire en sorte que les arrangements économiques régionaux et sous- régionaux visent l'intégration régionale dans les plus brefs délais et que des positions communes face aux problèmes économiques mondiaux soient mises en place. Il convient aussi que les pays en développement renforcent leur capacité de négocier en se dotant d'organisations comme le Groupe des 15, le Groupe des 24 ou encore le Groupe des 77 en appuyant les groupes de réflexion Sud-Sud.
Pour l'examen de cette question, la Commission était également saisie d'une lettre datée du 9 juillet 1999 (A/54/175), adressée au Secrétaire général par la Chargée d'affaires par intérim de la Mission permanente de la Jamaïque auprès de l'organisation des Nations Unies transmettant le communiqué commun du Groupe des Quinze, adopté lors du Sommet des chefs d'Etat et de gouvernement des Quinze, tenu à Montego Bay (Jamaïque), du 10 au 12 février 1999; et de lettres identiques datées du 24 aoûts 1999 (A/54/292-S/1999/917), adressées au Secrétaire général et au Président du Conseil de sécurité par le Représentant permanent du Mozambique auprès de l'Organisation des Nations Unies transmettant le texte du communiqué publié lors du Sommet des chefs d'Etat ou de gouvernement de la Communauté de développement de l'Afrique australe (SADC) qui s'est tenu à Maputo (Mozambique), les 17 et 18 août 1999.
La Commission était également saisie d'une note du Secrétaire général transmettant le Rapport du Corps commun d'inspection sur le Bureau des Nations Unies pour les services d'appui aux projets concernant l'élargissement de la coopération avec les organisations du système des Nations Unies (A/53/788 et Add.1).
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Déclarations liminaires
Mme NOELEEN HEYZER, Directeur exécutif du Fonds des Nations Unies pour le développement de la femme, a présenté la note du Secrétaire général sur les activités de développement en faveur des femmes. Les gouvernements ont fait des efforts remarquables, en accord avec l'esprit de la plate-forme d'action de Beijing pour la promotion des femmes. Trente-deux pays ont, par exemple, mis en place des mesures visant à réserver, lors de leurs scrutins électoraux, un certain nombre de sièges parlementaires aux femmes. Sur cette lancée, favorable à la mise en place de politiques sexospécifiques, l'UNIFEM soutient les organisations et les gouvernements qui développent des activités de formation en faveur des femmes et du renforcement des capacités féminines. L'UNIFEM a appuyé, dans la région d'Asie-Pacifique, pour ne prendre que cet exemple, des pays comme Fidji, où les femmes ont bénéficié des politiques sexospécifiques, huit d'entre elles ayant été nommées ces derniers temps à des postes de ministres. L'UNIFEM met en valeur dans tous ses programmes sur le renforcement du système de Coordonnateur résident de l'ONU et sur la promotion de la coopération interagences et l'intégration des résultats des différentes conférences mondiales ayant trait aux activité favorables à la promotion des femmes. Les campagnes menées par l'UNIFEM en Amérique latine, dans les Caraïbes, en Asie-Pacifique et en Afrique en 1998, ont créé un partenariat de 10 organisations onusiennes, des gouvernements et un certain nombre d'ONG. La Banque mondiale a pris part à ces efforts destinés à promouvoir la lutte contre la violence que subissent les femmes et à faire en sorte que les pays soient avertis que les coûts sociaux de ces violences sont des obstacles au développement. La Deuxième Commission devra prendre note des recommandations inclues dans le rapport du Secrétaire général, qui encouragent une plus grande coordination entre l'UNIFEM et le PNUD en vue de développer de nouvelles synergies. Votre soutien à ces efforts donnerait plus d'élan aux discussions qui se dérouleront entre les conseils d'administration du PNUD et du FNUAP. M. JOHN OHIORHENUAN, Directeur du Groupe spécial sur la coopération technique entre pays en développement, a présenté le rapport du Comité de haut niveau pour l'examen de la coopération technique entre pays en développement (CTPD) et le rapport du Secrétaire général sur l'état de la coopération Sud-Sud. Citant le rapport du Comité de haut niveau, il a fait observer que parce que les capacités de développement des pays s'améliorent, de plus en plus de pays en développement sont en mesure de financer leurs propres activités de CTPD. Les liens bilatéraux et la coopération régionale et sous-régionale traditionnels épousent de plus en plus des initiatives interrégionales et internationales. Les activités de formation épisodiques cèdent de plus en plus la place à des formes d'échanges plus sophistiquées. Des cadres de coopération plus forts, comme les arrangements triangulaires et les liens entre entreprises donnent un nouvel élan et une nouvelle portée à la CTPD. L'implication du secteur privé et des ONG dans ce type de coopération se renforce également.
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Le Comité de haut niveau a lancé un appel à la communauté internationale pour qu'elle augmente son appui à la CTPD et demandé aux organisations et institutions des Nations Unies d'établir un cadre commun pour mesurer les progrès et les résultats dans la promotion de la coopération technique et économique entre pays en développement et intégrer ses modalités dans les activités opérationnelles de développement. Venant au rapport du Secrétaire général sur l'état de la coopération Sud- Sud, M. Ohiorhenuan a souligné que l'analyse entreprise a permis de conclure que la coopération Sud-Sud est un instrument valable susceptible d'élargir les options de développement aux niveaux national, régional et international.
M. TAYE ZERIHOUN, Directeur de la Division Afrique I du Département des affaires politiques, a présenté le rapport du Secrétaire général sur la coopération entre les Nations Unies et la Communauté pour le développement de l'Afrique australe (SADC). Il a indiqué que le rapport contient des informations reçues des Etats membres et des organisations régionales et autres organisations des Nations Unies sur leur coopération et programmes d'assistance aux pays de la SADC.
Débat
M. GEORGE WILFRED TALBOT (Guyana), au nom du Groupe des 77 et de la Chine, a fait observer que pour le monde en développement, les activités opérationnelles de développement du système des Nations Unies symbolisent la valeur de l'Organisation. Le PNUD, en particulier, représente le visage des Nations Unies dans de nombreux pays. Dans ce contexte, le représentant a réaffirmé les caractéristiques fondamentales des activités opérationnelles, à savoir le multilatéralisme, la neutralité, la non-conditionnalité, et une prise en compte des priorités et des besoins des pays en développement d'une manière souple. Ces principes différencient cette institution des autres telles la Banque mondial dont les activités visent souvent les intérêts des parties prenantes les plus importantes que ceux des pays en développement. Le représentant a fait part de sa préoccupation face aux tendances actuelles qui sapent le fondement et compromettent l'avenir des activités opérationnelles de développement. Il est incontestable que ces activités se trouvent aujourd'hui à une phase cruciale et appellent une intervention urgente, a-t-il souligné. Il est ironique de constater que des organes tels que la Banque mondiale sont parvenus à présenter un visage plus amical et plus humain dans les pays en développement, tandis que d'autres, tels que le PNUD, sont de plus en plus perçus comme moins soucieux des préoccupations des pays en développement.
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Cette perception, partagée à la fois par les donateurs et les pays bénéficiaires des activités opérationnelles, constitue un dilemme réel pour ces activités, en particulier pour le PNUD, le plus grand Programme des Nations Unies. Au coeur de ce dilemme se trouve la question du déclin des ressources pour le financement des fonctions essentielles du PNUD. Le PNUD souffre aujourd'hui non pas d'un refus d'entreprendre des réformes mais d'un manque d'engagement de la part de ceux qui sont les mieux placés pour appuyer son rôle et ses activités de développement. Au cours des dernières années, le PNUD a essayé de se redéfinir afin de répondre aux appels pressants des pays donateurs. Malheureusement, les ressources ont fait défaut ainsi que les réformes de cette institution. Les pays en développement ont subi la réduction des activités du PNUD due non seulement au manque de ressources mais à une réduction des activités du PNUD sur le terrain. En résumé, le contrat liant les réformes aux ressources est compromis avec des conséquences préjudiciables à la fois sur le PNUD et les pays récipiendaires. Le cadre pluriannuel de financement, l'effort le plus récent pour rétablir ce contrat, n'a donné que des résultats mitigés. Il s'est très vite avéré pourtant que l'engagement des pays donateurs a tardé à se matérialiser et se fait toujours attendre. Le Groupe des 77 et la Chine espèrent qu'il sera possible au cours des douze prochains mois de faire en sorte que le financement du PNUD repose sur une base saine et prévisible.
Le représentant a renouvelé, l'attachement du Groupe des 77 et de la Chine à la coopération Sud-Sud, en particulier dans le contexte de la mondialisation. Cette coopération, a-t-il dit, contribue à la croissance de l'économie mondiale dans laquelle les pays en développement jouent un rôle dynamique. Au cours des dernières années, la coopération entre pays en développement s'est exprimée par les accords d'intégration régionale qui ont stimulé l'augmentation des échanges Sud-Sud. Le Groupe des 77 et la Chine reconnaissent le potentiel de ces arrangements qui peuvent dynamiser la coopération Sud-Sud dans plusieurs domaines d'activités. A cet égard, le Plan d'action de Bali adopté en décembre 1998, constitue une plate-forme solide pour de nouvelles initiatives en matière de coopération. Le Groupe des 77 et la Chine espèrent consolider les accomplissement du passé et préparer l'avenir en faisant avancer les résultats des travaux du Comité de haut niveau sur la CTPD. Ils soulignent la nécessité d'une plus grande interaction entre la coopération économique et la coopération technique et d'un renforcement plus avant des mécanismes régionaux et sous-régionaux. Le Groupe des 77 et la Chine attendent avec intérêt la tenue du Sommet Sud-Sud de la Havane qui donnera un nouvel élan à la coopération entre pays en développement dans les secteurs d'importance stratégique. Ils invitent les pays développés à participer à un nouveau partenariat stratégique pour le développement.
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Mme MARJATTA RASI (Finlande), au nom de l'Union européenne et des pays associés, a déclaré que l'Union européenne est convaincue que le succès de la coopération économique et technique entre pays en développement dépend avant tout des gouvernements de ces pays. Il leur appartient en effet de prendre l'initiative et de gérer les applications de cette coopération. Il est aussi de leur responsabilité de formuler des politiques cohérentes pour faire progresser les activités liées à ce secteur, notamment en faisant des prévisions et des provisions budgétaires en leur faveur. Dans la plupart des cas, malheureusement, on constate qu'il y a un manque d'allocation de ressources financières et humaines et même de conception de politiques, qui ne permet pas de mettre en place le cadre le plus favorable aux activités de coopération technique et économique entre pays en développement. Cette coopération pourrait pourtant jouer un rôle important dans le développement de ses secteurs social, d'éducation, de santé, du logement, et dans la conception d'infrastructures sanitaires plus adaptées dans les pays en développement. L'investissement dans les ressources humaines aux niveaux politiques national et international est donc crucial, car il faudra soutenir toutes les politiques que l'on pourrait concevoir pour lutter contre la pauvreté. La promotion de la coopération technique entre pays en développement fait partie des négociations que mènent l'Union européenne en ce moment en vue d'un renouvellement de la Convention de Lomé.
L'Union européenne note avec satisfaction que plusieurs agences multilatérales se sont engagées dans des programmes de coopération triangulaires, faisant participer des donateurs gouvernementaux et privés et des institutions. Et à notre avis, les Nations Unies devraient continuer de faire de la coopération technique entre pays en développement un thème récurrent de leurs actions. Nous soutenons à ce sujet les conclusions auxquelles est parvenu le Comité de haut niveau, qui insiste sur la rationalisation, tout en souhaitant que les sessions de ce Comité deviennent plus orientées vers l'action, moins longues et plus centrées sur des thèmes soigneusement choisis et les plus opérationnels possibles. Nous espérons qu'il sera tenu compte de ces recommandations avant la session de 2001.
Le Rapport du Secrétaire général indique que le point faible de la coopération Sud-Sud se situe au niveau des liens qui devraient exister entre le secteur privé et l'industrie, les transferts de technologie et le développement d'entreprise lui- même. La réunion du Comité de haut niveau a démontré que des courants d'échanges fructueux pourraient s'établir entre entreprises de tailles moyenne et petite. Nous pensons que des efforts devraient être déployés en ce domaine. Quant au rapport présenté sur les activités de l'UNIFEM, nous aimerions exprimer le soutien sans faille de l'Union européenne à la promotion de la femme et à l'élimination de toutes sortes de violences contre les femmes. Nous encourageons la coopération entre l'UNIFEM et la Banque mondiale et soutenons les liens de coopération établis entre le PNUD et l'UNIFEM.
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M. KWABENA OSEI-DANQUAH (Ghana) a lancé un appel aux organes du système des Nations Unies, en particulier à la Commission économique pour l'Afrique, pour qu'ils tirent les leçons de la coopération entre les pays de la Communauté pour le développement de l'Afrique australe (SADC) et assistent d'autres régions dans le domaine de l'intégration régionale et internationale. En Afrique, la faiblesse de l'intégration s'explique par un certain nombre de facteurs dont l'insuffisance de la gestion publique et le caractère inadéquat des institutions. Avec l'appui du système des Nations Unies et des pays en développement plus avancés, les pays concernés pourraient procéder à une évaluation de leurs besoins et de leurs compétences afin de pouvoir inclure les impératifs de l'intégration dans leurs budgets et plans de développement. L'amélioration des communications pourrait aussi offrir un accès peu coûteux à l'information essentielle, a dit le représentant, qui s'est félicité des efforts visant à faciliter l'accès des pays les moins développés au système informatique WIDE. La nécessité d'inclure la coopération Sud-Sud dans la planification nationale exigera, a estimé le représentant, un accroissement de l'APD, un renforcement du système de développement des Nations Unies et une amélioration des partenariats entre les donateurs, les institutions financières internationales et les fonds et programmes des Nations Unies. Les partenariats existants tels que ceux avec la CNUCED et l'ONUDI, pourront promouvoir l'investissement et le développement des entreprises pour assurer la cohérence et une valeur ajoutée optimale. Le Groupe spécial sur la CTPD peut accroître sa capacité en accélérant la coopération économique et technique par l'instauration d'un réseau des pays pivots et des pays donateurs pour promouvoir la coopération triangulaire. Compte tenu de l'efficacité du Groupe spécial, le représentant a appelé à une augmentation de ses ressources de base. Il a également appelé au renforcement du système de développement des Nations Unies par une mobilisation novatrice des ressources pour que la portée des activités opérationnelles réponde aux besoins en développement et non à des caprices financiers.
Mme BETTY KING (Etats-Unis) a déclaré que le cadre intégré d'assistance au développement des Nations Unies (UNDAF) a apporté un nouveau sens de cohésion aux agences opérationnelles de l'Organisation, qui agissaient dans le passé de manière non coordonnée et dispersée. L'UNDAF a permis à ces différentes agences de centrer leur attention sur la mission commune qui leur est dévolue, et leur a permis de commencer de mettre en oeuvre des moyens plus efficaces de lutte contre la pauvreté humaine et d'élargir les conditions de bien-être des peuples de la planète dont le chiffre atteint aujourd'hui six milliards. Nous entrons dans une ère de consensus en ce qui concerne les données de base du développement humain, a dit la déléguée, et les institutions de Bretton Woods l'ont compris et ont adopté, ces dernières années, une approche qui s'inspire des points de vue de l'ONU. Nous pensons que ce changement nous mènera dans la bonne direction.
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Concernant la coopération technique entre pays en développement, nous pensons qu'elle représente un outil important en faveur du développement, et nous travaillons de très près avec le Comité d'aide au développement de l'OCDE et les banques multilatérales en vue de faire un usage plus efficace de cette coopération. Dans notre assistance au développement, nous tendons ainsi à nous assurer que les ressources humaines des pays en développement seront pleinement utilisées, et que leurs entreprises participeront davantage aux projets que nous promouvons chez eux et dans d'autres pays en développement. Le système de l'ONU dépensera environ 100 millions de dollars par an pour la coopération entre pays en développement, dont la moitié provient du PNUD, et nous pensons, ici encore, que l'UNDAF reste un merveilleux outil de coordination du soutien aux activités de coopération technique et économique. Au vu des résultats positifs de ces activités au sein du système opérationnel de l'ONU, nous ne pensons pas qu'elles pourraient manquer de volonté de financement.
M. NIKOLAI CHULKOV (Fédération de Russie) a demandé une plus grande interaction entre les institutions des Nations Unies et les autres partenaires de développement comme la Banque mondiale. Le représentant a appelé à une harmonisation entre le Plan-cadre des Nations Unies et les Cadres de développement de la Banque mondiale. Il a appuyé l'idée d'un renforcement des partenariats entre tous les acteurs du développement tout en souhaitant qu'une attention spéciale soit accordée à une implication plus grande du secteur privé. Le représentant a estimé que les Nations Unies pourraient ainsi devenir le garant d'un lien harmonieux entre les intérêts des sociétés privées et les objectifs de développement, de justice sociale, de lutte contre la pauvreté et de respect des droits de l'homme. Le représentant a donc appelé à la matérialisation de l'initiative que le Secrétaire général a présenté à Davos en janvier 1999, sur l'instauration d'un dialogue avec les milieux d'affaires. Il a poursuivi sur la question du financement des fonds et programmes des Nations Unies pour appuyé les mesures de ces fonds et programmes visant à rétablir les ressources de base notamment par le biais d'un mécanisme pluriannuel de financement. Le représentant a appuyé les mesures d'économie prises par le FNUAP et l'intention du PNUD de décentraliser les fonctions administratives et de gestion de son Secrétariat. Il a toutefois souligné qu'il ne faut pas aller trop loin et souhaité que le Secrétariat du PNUD garde certaines fonctions de gestion et de coordination de ses bureaux régionaux parce que ces bureaux représentent auprès du PNUD les intérêts mêmes des pays-programmes.
M. MAURICIO ESCANERO (Mexique) a déclaré, au nom des pays membres du Groupe de Rio, que la coopération entre pays en développement devait garder un caractère inconditionnel et universel. Nous souhaitons dire, a poursuivi le représentant, que ces activités jouent un rôle important dans notre région. Nous apprécions l'existence de l'UNDAF, mais souhaitons que ses actions soient respectueuses des priorités arrêtées et approuvées dans le cadre des Plans stratégiques de pays discutés avec le PNUD.
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Nous souhaitons aussi qu'il y ait plus de transparence en ce qui concerne la programmation des actions à mener dans le cadre de l'UNDAF. Nous regrettons d'autre part la chute de l'Aide publique au développement (APD) qui, en 1997, représentait seulement 0,2% des PNB combinés des pays développés. Or, l'APD ne peut être remplacée, on le sait, par des investissements directs privés. Vu son importance cruciale pour certains de nos pays, nous demandons qu'elle atteigne le niveau qui avait été convenu, c'est-à-dire 0,7%.
Nous souhaitons, sur le plan financier, que les instituions de Bretton Woods revoient leurs méthodes de fonctionnement et d'octroi de prêts, et que la réforme de l'architecture financière internationale devienne une réalité tangible. Les pays du Sud devraient , et c'est vrai, coopérer davantage entre eux, en vue de promouvoir leurs échanges de connaissances, la mise en valeur de leurs ressources humaines et la promotion des secteurs de la santé et de l'éducation. En Amérique latine et dans les Caraïbes, nous avons une certaine expérience de la coopération à la fois avec des pays du Nord et du Sud, et nous apportons souvent notre savoir à d'autres nations moins développées. Nous souhaitons affirmer notre attachement à la coopération en matière de prévention contre les catastrophes naturelles et de reconstruction à la suite des catastrophes. Le Groupe de Rio souhaite, à ce sujet, un renforcement des activités de développement des agences de l'ONU.
M. OLE KOLBY (Norvège) a souhaité que les pays donateurs recourent davantage à la modalité CTPD dans la coopération au développement. Le représentant a regretté le déclin de l'APD en mettant l'accent sur le lien de complémentarité entre CTPD et APD. Il a noté avec satisfaction que les institutions des Nations Unies ont intégré la CTPD dans leur politiques, structures et programmes avant de faire part de la contribution de son pays au financement de la Fondation africaine pour le renforcement des capacités, du Réseau africain de la recherche et du Centre du Sud. La Norvège, a-t-il ajouté, appuie d'autres initiatives telles que l'établissement d'un centre indépendant de conseil juridique pour donner aux pays en développement un véritable accès au mécanisme de règlement des différends de l'Organisation mondiale du commerce (OMC). Si la contribution des autorités nationales et des institutions des Nations Unies est essentielle au succès de la mise en oeuvre du Plan d'action de Buenos Aires et des nouvelles orientations de la CTPD, a poursuivi le représentant, l'implication du secteur privé et des ONG est indispensable à mise en place de milieux d'affaires viables dans les pays en développement. C'est la raison pour laquelle, la Norvège a fait de l'assistance au renforcement du commerce Sud-Sud et de la coopération régionale entre pays en développement une priorité dans sa stratégie de développement du secteur privé dans les pays en développement.
- 14 - AG/EF/267 15 octobre 1999
M. EDOUARD AHO-GLELE (Bénin) a déclaré que les activités de développement doivent être conçues pour répondre aux besoins de développement, en tenant compte des politiques, programmes stratégies et priorités des pays en développement. Ces activités doivent être guidées par les principes d'universalité, de neutralité, de multilatéralisme et de financement volontaire et à titre gracieux. Le Gouvernement du Bénin accorde une importance particulière à la mise en oeuvre complète de la résolution 53/192 du 15 décembre 1998, qui porte sur les activités opérationnelles du système des Nations Unies. C'est dans l'esprit de cette résolution que le Bénin avait adopté une note de stratégie nationale et procédé à la mise en place d'un Comité national de coordination de suivi et d'évaluation des activités de développement. Cette note couvre trois domaines prioritaires qui sont: l'amélioration des conditions de vie des populations et la lutte contre la pauvreté; la bonne gouvernance et l'émancipation de la femme; et l'emploi, la formation professionnelle et le développement des petites et moyennes entreprises et des petites et moyennes industries. Le Bénin lance un appel pressant pour que des contributions soient faites en faveur des agences responsables de la conduite des activités opérationnelles de développement sur une base prévisible, continue et assurée, afin qu'une attention accrue soit accordée aux programmes et projets destinés aux pays les moins avancés.
M. CARLOS DOS SANTOS (Mozambique), au nom de la Communauté pour le développement de l'Afrique australe (SADC), s'est félicité des progrès enregistrés dans la coopération entre l'ONU et la SADC. Il a souhaité une plus grande interaction tout en se disant disposé au renforcement des partenariats avec d'autres organisations régionales. Le représentant a indiqué qu'en août dernier, la SADC a consacré son thème aux questions de la paix et de la sécurité. La politique et l'économie des Etats Membres ont ainsi été examinées ainsi que l'état de l'intégration régionale. Du point de vue politique, la région a continué à promouvoir les principes de la démocratie et de la primauté du droit. Le Malawi et l'Afrique du Sud, qui ont tenu avec succès des élections générales, seront bientôt suivis par d'autres comme le Botswana et la Namibie. Il s'agit là d'une étape importante vers la consolidation de la paix et de la stabilité dans la région, a dit le représentant. L'Angola et la République démocratique du Congo (RDC), a-t-il poursuivi, restent une source de grandes préoccupations. Il a lancé un appel à la communauté internationale pour qu'elle adopte les mesures nécessaires afin d'alléger les souffrances des populations angolaise et congolaise. La SADC s'est donc félicitée de l'Accord de Lusaka sur la RDC et a lancé un appel aux Nations Unies pour qu'elles soient à la hauteur de leurs responsabilités en matière de maintien de la paix et de reconstruction. Le représentant s'est félicité, à cet égard, de l'assistance qu'a apportée l'Union européenne aux négociations sur la situation en RDC.
- 15 - AG/EF/267 15 octobre 1999
Poursuivant sur la question de l'instabilité dans la région, le représentant a indiqué que la région est toujours menacée par la circulation des armes de petit calibre et la présence de mines antipersonnel. Il a fait part de la détermination de la SADC de faire de l'Afrique australe une zone exempte de mines terrestres. Elle a d'ailleurs adopté en 1997 une Déclaration à cet effet. Le représentant a donc appelé la communauté internationale à fournir l'appui nécessaire pour faire face à ces armes qui nuisent aux efforts de développement.
Du point de vue économique, le représentant a indiqué qu'en 1999, la région peut s'attendre à un taux de croissance louable de 3,5%. Cependant, a-t-il fait remarquer, ce taux reste en-deçà du taux de 6% requis pour diminuer de moitié la population pauvre d'ici l'an 2015. La SADC est donc préoccupée par le faible niveau des investissements étrangers directs ainsi que par la crise de la dette extérieure qui continue à faire obstacle aux efforts de développement dans la région. Le représentant s'est montré préoccupé par le déclin de l'APD en demandant aux pays en mesure de le faire de continuer à financer l'ONU pour lui permettre d'accomplir sa tâche de lutte contre la pauvreté. Tout en se félicitant des mesures telles que l'Initiative HIPC, il a appelé à des mesures de plus grande portée en paraphrasant son Président selon lequel il est temps que la communauté internationale efface la dette des pays qui ont fait des efforts durables et visibles dans la mise en oeuvre des programmes d'ajustement structurel afin qu'ils puissent affecter les ressources dans les secteurs sociaux. En ce qui concerne l'intégration régionale, le représentant a fait part des efforts déployés en ce sens qui ont abouti à la signature de nombreux protocoles et à la création d'institutions telles que la Chambre du commerce et de l'industrie de la SADC. Le Protocole commercial devrait d'ailleurs entrer en vigueur le 1er janvier de l'an 2000. Le représentant a terminé sur la question importante de la promotion de la femme; l'objectif étant pour la SADC d'avoir 30% de femmes dans les postes clefs.
M. FERNANDO YEPEZ (Equateur) a associé sa délégation à la déclaration du Groupe des 77 et de la Chine. Le monde vit aujourd'hui la mondialisation et l'ouverture des marchés, a dit le représentant. Mais les pays développés ne devraient pas penser que les pays en développement n'ont plus besoin de l'Aide publique au développement (APD), les avantages de la mondialisation n'étant pas encore à leur portée. La coopération Sud-Sud est, quant à elle, importante, et l'Equateur, de par les bonnes relations qu'il entretient avec ses voisins, et notamment la Colombie et le Pérou, a pu mettre en place un cadre de coopération qui bénéficie mutuellement aux peuples de la région. Notre pays a réglé de façon pacifique les litiges frontaliers qui l'opposaient au Pérou, ce qui permet aujourd'hui aux deux pays de mettre en place un cadre de lutte contre la dépression économique qui a longtemps affecté leur zone frontalière.
- 16 - AG/EF/267 15 octobre 1999
L'Equateur entretient également des relations fructueuses avec Cuba et participe activement à la Communauté andine des nations. Le commerce entre pays andins et les autres pays associés d'Amérique latine suit son cours, et nous espérons qu'il ira en se développant. Concernant l'accroissement des échanges entre pays du Sud, notre pays met beaucoup d'espoirs dans la tenue du prochain sommet des pays en développement à la Havane.
M. THANE MYINT (Myanmar), saluant la modalité de la coopération Sud-Sud, a appelé les pays en développement à ne pas toujours dépendre des bonnes grâce du Nord pour son propre développement. Le représentant a estimé que la mise en oeuvre du Plan d'action de Buenos Aires et du Programme d'action de Caracas a apporté des résultats fructueux non seulement dans le cadre de coopération bilatérale mais dans la coopération triangulaire. Le Sommet du Sud qui doit se tenir à la Havane du 10 au 14 avril 2000, a-t-il estimé, aura des effets bénéfiques en ce sens qu'il mobilisera les forces communes et la solidarité et adoptera des documents essentiels reflétant les vues de 133 nations et établissant des directives pour l'entrée dans le nouveau millénaire.
M. M.G.K. MENON (Inde) a estimé que les différences de réalité qui se font jour entre les différents pays en développement peuvent être une source inestimable de force et une base d'élargissement des possibilités de la coopération entre pays en développement. L'Inde, par exemple, en dehors des secteurs traditionnels des technologies de l'information, de l'électronique, des satellites, de la radioastronomie, des biotechnologies, des médecines naturelles et de la chimie, où elle a fait ses preuves, peut aujourd'hui offrir d'autres champs de coopération aux autres pays du Sud. En fait ces dernières années, l'Inde a fait des percées remarquables en ce qui concerne l'enseignement et la recherche scientifique et technique, et elle offre à cet égard l'accès à ses institutions et à ses laboratoires aux autres pays en développement. Notre pays a consacré deux milliards de dollars en aide aux pays en développement cette année, a dit le représentant.
Concernant les transferts de technologie, nous savons tous que les technologies avancées et sophistiquées, qui existent en ce moment, pourraient être développées à moindre coût dans les pays du Sud, qui en ont besoin pour résoudre les problèmes qui se posent à eux. Mais les pays riches, et c'est un fait connu que nous devons dénoncer, ne sont pas intéressés par ce genre de programmes et d'objectifs, la recherche et le développement étant des sources de profit dont ils veulent garder l'exclusivité. Les pays en développement doivent donc, impérativement, développer leur coopération, en vue de trouver des niches qui leur appartiendront sur l'échiquier commercial de la mondialisation. L'exemple de l'industrie indienne des programmes d'ordinateurs montre que beaucoup de pays du Sud pourraient se lancer dans ce domaine et s'en emparer, vu leur avantage comparatif en matière de main-d'oeuvre.
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M. PATRICK A. LEWIS (Antigua-et-Barbuda) a souligné la nécessité de renforcer la coopération économique entre pays en développement, en particulier dans le contexte de la mondialisation et des bonnes circonstances politiques et des réformes économiques entreprises dans les pays en développement. Un nouveau potentiel naît au sein de certains pays qui sont devenus producteurs et exportateurs dans les domaines réservés des industries des pays développés. Il faudra entreprendre une coopération entre pays en développement afin d'élargir les opportunités commerciales et renforcer la coopération industrielle et technologique. La coopération économique entre pays en développement bénéficiant également aux pays développés, il est, en conséquence, important que les pays développés appuient cette forme de coopération par l'accroissement de l'assistance technique et financière et l'encouragement à l'investissement direct étranger dans les pays en développement. Le représentant a souligné le rôle de la coopération technique entre pays en développement, avant d'exprimer la préoccupation des pays de la CARICOM face à l'environnement économique international. Venant aux activités opérationnelles de développement, le représentant a rappelé que les pays de la CARICOM ne bénéficient pratiquement pas de ces activités étant donné qu'ils sont classés dans la catégorie des pays ayant un bon revenu par habitant. Il a regretté que la vulnérabilité de ces pays aux conditions écologiques et économiques ne soient pas prise en compte. Le représentant s'est également dit préoccupé par le déclin des ressources de base aux fins du développement et par la popularité croissante des autres ressources. Cette popularité, a-t-il dit, présageant d'une primauté de l'aide bilatérale, conduit à s'interroger sur le devenir des principes du multilatéralisme ainsi que ceux de la neutralité et de la transparence dans le domaine de l'assistance au développement.
Mme MARIAM AFTAB (Pakistan) a déclaré que sa délégation était inquiète en raison de la crise qui touche le financement international des activités de développement. Le mois dernier, a poursuivi la représentante, nous avons assisté aux réunions des conseils d'administration du PNUD, de l'UNICEF et du FNUAP. Les programmes de ces agences battent de l'aile, du fait de leur manque de financements, qui ajouté à la chute vertigineuse des montants de l'Aide publique au développement n'augure rien de bon. Il y a deux ans, le Secrétaire général s'est lancé dans une tentative de réforme en profondeur des activités des fonds et programmes des Nations Unies, le véhicule prioritaire de la réforme devant être un cadre de financement pluriannuel. Tel qu'approuvé par le PNUD l'an dernier, ce Cadre devait aider à augmenter le niveau des ressources mises à la disposition des activités opérationnelles, et créer de nouvelles sources de financement destinés au PNUD et au FNUAP sur une base prévisible et sûre, sans introduire de nouvelles conditionnalités ou distorsions de priorités.
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Mais il apparaît qu'un an après la décision de développer ce Cadre, les espoirs qu'il avait suscités ne seront pas tenus. Les ressources du PNUD ont en effet diminué, et les financements des programmes-pays de cet organisme seront réduits de 20%, ce qui automatiquement entraînera le recours à des financements parallèles à travers des ressources d'origine multilatérale ou bilatérale. Et comme cela est aisément prévisible, les objectifs visés par les organismes bilatéraux et multilatéraux de financement sont loin de s'harmoniser avec ceux des Nations Unies, ce qui fait planer une menace sur l'impartialité et la neutralité qui caractérisent les programmes exécutés sous l'égide de l'ONU.
Mme JANA SIMONOVA (République tchèque) a estimé que les crises financières de 1997 et de 1998 ont montré l'importance pour les pays de la bonne gouvernance puisque les flux des capitaux ont fui les pays concernés lorsque les faiblesses en la matière ont commencé à émerger. La représentante a souhaité que l'assistance technique et au développement accordée aux pays en développement et aux pays à économie en transition porte sur les domaines liés à la bonne gouvernance. Elle s'est demandé, à cet égard, si les activités opérationnelles de développement actuelles répondent à ces exigences. La promotion de la bonne gouvernance telle que le font le PNUD et la Banque mondiale contribuant sans aucun doute à la prévention des tensions sociales, des conflits armés et des mouvements migratoires. L'appui aux activités opérationnelles de développement ne peut donc que renforcer le rôle de prévention des Nations Unies. La priorité du PNUD, au cours des prochaines années, doit être de renforcer la capacité des pays en matière de bonne gouvernance qui doit être vue comme le facteur le plus important du développement. La représentante a souhaité que, compte tenu du désir commun de promouvoir le rôle préventif des Nations Unies, un appui financier adéquat soit accordé sans délai aux activités opérationnelles de développement "réformées et orientées vers les résultats".
M. ABDULLA AL-MONTASSER (Yémen) a dit qu'aujourd'hui tous les pays cherchent à s'adapter aux conditions imposées par la mondialisation. Mais tous les citoyens du monde auront-ils réellement une meilleure qualité de vie du fait des retombées de la part de la mondialisation qui s'impose à tous sans respect de souveraineté? Quand nous discutons des activités opérationnelles de développement des agences des Nations Unies, nous discutons essentiellement des bénéfices que peuvent en tirer les pays qui en ont besoin. Mais ces bénéfices n'existeront pas si les ressources allouées par l'ONU à ses activités opérationnelles vont en s'amenuisant comme elles le font depuis quelques années. Le PNUD, par exemple, joue un rôle de pionnier, et dans notre pays, il a contribué à créer les possibilités qui permettent à certaines couches de la population de recevoir une éducation et des soins de santé. Nous pensons que l'initiative qui vise à promouvoir davantage de coordination entre les organismes donateurs et les récipiendaires, doit être soutenue et renforcée.
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La neutralité des Nations Unies et son mandat universel, liés à son engagement dans le secteur social les rendent crédibles auprès de toutes les nations, et le Yémen, qui est un des pays les moins avancés est satisfait des efforts de développement déployés par le système de l'ONU. Nous serons donc heureux de mettre en oeuvre les conditions permettant au cadre intégré d'assistance au développement de l'ONU (UNDAF) de fonctionner de façon harmonieuse.
M. LISEMA W. RALITSOELE (Lesotho) a estimé que l'environnement international actuel exige de plus en plus des capacités de paix, de transparence et de formation d'alliances pour réaliser des progrès vers un développement économique durable. A cet égard, la Communauté pour le développement de l'Afrique australe (SADC) est si structurée et si habilement dirigée qu'elle a réussi à accélérer l'unité politique et l'intégration économique. Illustrant ses propos, le représentant a cité le "Lesotho Highlands Water Projects" qui consiste à transférer l'eau des régions montagneuses du Lesotho vers les zones industrielles en Afrique du sud. Ce projet prouve, à suffisance, la manière dont des projets transfrontières peuvent être mis en oeuvre avec succès et renforcer l'esprit de coopération dans la sous-région. Le représentant a toutefois indiqué que malgré les succès remarquables en matière de coopération sous-régionale, la pauvreté demeure un phénomène très visible qui se voit exacerbé par le fait que certains pays de la sous-région ploient toujours sous le poids de la dette. Il a donc lancé un appel à la communauté internationale pour qu'elle continue à contribuer, de manière substantielle, au renforcement de l'économie de la SADC et aux efforts des Etats Membres pour réaliser la croissance économique et le développement durable.
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