LES DELEGATIONS CONSTATENT QUE LA LUTTE CONTRE LA PAUVRETE NE PROGRESSE PAS ET QUE CE FLEAU AFFECTERA 1,9 MILLIARD DE PERSONNES EN L'AN 2015
Communiqué de Presse
AG/EF/264
LES DELEGATIONS CONSTATENT QUE LA LUTTE CONTRE LA PAUVRETE NE PROGRESSE PAS ET QUE CE FLEAU AFFECTERA 1,9 MILLIARD DE PERSONNES EN L'AN 2015
19991012La population mondiale est passée aujourd'hui à 6 milliards de personnes. Trois milliards vivent avec moins de 2 dollars par jour, 1,3 milliard avec moins d'un dollar par jour et 40 millions d'autres meurent chaque année de faim. Si la tendance n'est pas inversée, le nombre de personnes dans la pauvreté absolue passera de 1,3 milliard à 1,9 milliard en l'an 2015, date butoir fixée par les Nations Unies pour réduire de moitié la population pauvre du monde. Tels sont les chiffres qui ont été avancés, ce matin, devant la Commission économique et financière (Deuxième Commission) qui entamait l'examen de la mise en oeuvre de la première Décennie des Nations Unies pour l'élimination de la pauvreté (1997-2006). Selon les statistiques que donne le Brésil, l'écart entre les riches et les pauvres a été multiplié par 30 entre 1960 et 1974 et par 74 entre 1974 et 1997. Un cinquième de la population mondiale détient 86% de toutes les richesse de la planète. Ces réalités ont conduit les délégations à faire part des mesures et des moyens qui ont été adoptés par leurs gouvernements pour éliminer la pauvreté. De l'avis de l'ensemble des délégations, l'élimination de la pauvreté devra prendre en compte la résolution de ses aspects physiques et morales.
L'élimination des causes morales de la pauvreté, comme l'indique l'Observateur du Saint-Siège et d'autres, exige une répartition équitable des richesses du monde. Un cinquième de la population de la planète contrôle, entre autres, 68% des investissements financiers directs, observent les tenants de cette position. Pour d'autres délégations, l'élimination de la pauvreté passe par le respect des règles de l'économie de marché: bonne gouvernance, transparence dans la gestion, croissance économique et réduction du taux de chômage. La conjugaison de ces deux positions serait peut-être plus appropriée pour enrayer la pauvreté, avancent des délégations. Une stratégie globale de lutte contre la pauvreté exige que cette question soit au coeur de tous les débats à venir qu'il s'agisse des négociations de l'Organisation mondiale du commerce (OMC), des discussions sur la nouvelle architecture financière internationale ou de la redéfinition des politiques de développement des institutions financières multilatérales.
Les représentants des pays suivants ont pris la parole : Guyana, au nom du Groupe des 77 et de la Chine; Finlande, au nom de l'Union européenne et des pays associés; Etats-Unis; Bangladesh; Costa Rica; Fédération de Russie; Botswana; Mexique; Norvège; Brésil; Chine; Turquie; Mozambique et Egypte.
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Les représentants de la Banque mondiale, de l'Organisation mondiale de la santé, de l'Organisation internationale du travail (OIT) et du Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF) se sont également exprimés. Le rapport du Secrétaire général sur la mise en oeuvre de la première Décennie des Nations Unies pour l'élimination de la pauvreté a été présenté par le Directeur adjoint de la Division des politiques sociales et du développement social du Département des affaires économiques et sociales.
La Commission poursuivra ses travaux cet après-midi à 15 heures.
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MISE EN OEUVRE DE LA PREMIERE DECENNIE DES NATIONS UNIES POUR L'ELIMINATION DE LA PAUVRETE (1997-2005)
Rapport du Secrétaire général sur la Mise en oeuvre de la première Décennie des Nations Unies pour l'élimination de la pauvreté (1997-2006) (A/54/316)
Le rapport décrit les progrès réalisés et les difficultés qu'il faudra surmonter pour lutter contre la pauvreté dans le monde. Il met également en évidence les liens entre la pauvreté et les inégalités entre les sexes ainsi que l'importance de l'action des pouvoirs publics dans la réduction de la pauvreté et l'atténuation de la vulnérabilité lors des crises. Le rapport propose aussi des recommandations concernant les actions à prendre à l'approche du nouveau millénaire. Il consacre un chapitre à la coordination au niveau intergouvernemental en faisant part des activités de la Commission du développement social; du Conseil économique et social; du Secrétariat des Nations Unies; et des Commissions régionales et comprend enfin une annexe relative aux activités menées par les organismes du système des Nations Unies pour l'élimination de la pauvreté.
Le Secrétaire général estime, dans ce rapport, que la pauvreté, en général, notamment la pauvreté absolue, est l'un des problèmes majeurs auxquels la communauté internationale devra s'attaquer lors du prochain millénaire, malgré les progrès considérables accomplis dans le domaine du développement à la fin du XXème siècle. Compte tenu des 3 milliards de personnes dans le monde qui survivent avec moins de 2 dollars par jour, l'Organisation des Nations Unies, la Banque mondiale et l'OCDE, en partenariat avec les pays en développement, ont adopté un ensemble d'objectifs de développement à l'échelon mondial visant notamment à réduire de moitié la proportion de personnes vivant dans une extrême pauvreté d'ici à 2015; assurer une éducation primaire à tous les habitants de tous les pays d'ici à 2015; obtenir des avancées vers l'égalité entre les sexes et le renforcement de l'autonomie des femmes en supprimant toute discrimination entre les sexes dans l'enseignement primaire et secondaire d'ici à 2005; faire chuter des deux tiers le taux de mortalité des nouveau-nés et celui des enfants de moins de 5 ans et réduire de trois quarts le taux de mortalité maternelle d'ici à 2015; et offrir à tous les individus en âge de procréer, et au plus tard en 2015, la possibilité d'avoir accès à la santé en matière de reproduction.
Au cours des dernières années, poursuit le Secrétaire général, la communauté des créanciers a introduit un certain nombre de mesures d'allégement de la dette des pays les plus pauvres utiles à la lutte contre la pauvreté. Au nombre de ces mesures, le Secrétaire général cite l'Initiative en faveur des pays pauvres très endettés qui a été modifiée par l'initiative de Cologne qui veut mettre davantage l'accent sur la réduction de la pauvreté en dégageant plus de ressources pour la santé, l'éducation et les besoins sociaux.
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L'émancipation des femmes étant reconnue comme condition indispensable à une véritable élimination de la pauvreté; l'investissement dans le capital humain constitue la base d'une grande participation des femmes et d'une augmentation de la croissance, indique le Secrétaire général.
Venant aux politiques macroéconomiques de réduction de la pauvreté, le Secrétaire général présente le postulat généralement accepté selon lequel l'importance de la croissance est tant qualitative que quantitative. Aux fins du développement humain, dit-il, cette croissance devrait permettre de créer des emplois, de réduire la pauvreté tout en étant d'une nature participative et respectueuse des cultures et de l'environnement. Une stratégie de croissance visant à une redistribution plus équitable des biens, qui est axée sur la création d'emplois et une forte intensité de main-d'oeuvre tout en étant décentralisée, maximise les chances de succès de la réduction de la pauvreté. Mais pour protéger les pauvres en cas de crise, il conviendrait de prendre des mesures supplémentaires et, entre autres, de choisir des politiques de stabilisation macroéconomiques ayant un minimum d'effets négatifs sur les groupes les plus vulnérables; veiller à ce que les ajustements budgétaires permettent de protéger les postes de dépenses critiques pour les pauvres; créer ou renforcer des filets de sécurité; et créer des mécanismes de collectes de données permettant de suivre les effets de la crise et d'évaluer ceux des mesures prises.
L'accès universel aux services sociaux de base contribue à la mise en valeur du capital humain et peut jouer un rôle important dans l'élimination de la pauvreté, souligne le Secrétaire général en ajoutant que les difficultés rencontrées pour atteindre les objectifs et les cibles fixés en matière de développement au niveau national sont dues à de nombreuses raisons qui sont pour la plupart propres à chaque pays. Le Secrétaire général trouve pourtant qu'une des raisons les concerne tous, à savoir l'insuffisance des ressources allouées pour garantir dans les cinq à dix prochaines années l'accès universel aux services sociaux de base. Les fonds actuellement alloués au financement des services sociaux de base - environ 136 milliards de dollars - sont inférieurs d'environ un tiers au montant estimatif nécessaire - entre 206 et 216 milliards de dollars par an - pour parvenir à une couverture universelle. Le Secrétaire général cite une enquête menée auprès de 30 pays en développement qui révèle que, dans la plupart des cas, entre 12 et 14% du budget national y est consacré. Fort peu de pays consacrent moins de 10% de leur budget aux services sociaux de base et rares sont ceux qui y affectent 20% ou plus.
Dans ce rapport, le Secrétaire général s'arrête sur le lien entre le microcrédit et la lutte contre la pauvreté qui s'explique par le fait que le microcrédit favorise la création d'emplois indépendants productifs et renforce l'autonomie des personnes vivant dans la pauvreté, surtout les femmes.
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Le Secrétaire général explique que la réunion du microcrédit, qui a eu lieu à Abidjan du 24 au 27 juin 1999, a regroupé des institutions et spécialistes du monde entier participant à la campagne mondiale visant à ce que, d'ici l'an 2005, les 100 millions de familles les plus pauvres du monde obtiennent des crédits au titre d'emplois indépendants et d'autres services financiers. Il s'agit maintenant d'évaluer l'impact de ces microcrédits sur la pauvreté et l'indépendance économique des femmes; de définir les instruments de mesure du succès des programmes de microcrédit; d'examiner pourquoi, en dépit d'un taux de remboursement élevé, plusieurs programmes demeurent lourdement tributaires de subventions et des fonds des donateurs; et d'expliquer pourquoi, dans certains pays, les hommes contrôlent une importante proportion des prêts consentis bien que la majorité des emprunteurs et des responsables du remboursement soient des femmes.
Pour l'examen de cette question, la Commission était également saisie d'une lettre datée du 17 mai 1999 (A/54/98), adressée au Secrétaire général par le Représentant permanent du Bangladesh auprès de l'organisation des Nations Unies transmettant l'Agenda de La Haye pour la paix et la justice au XXIe siècle, qui est le résultat de la Conférence relative à l'Appel de La Haye pour la paix tenue à La Haye du 12 au 15 mai 1999. Cet Agenda reflète les quatre principaux axes d'action de l'Appel de La Haye: les causes profondes de la guerre et le développement d'une culture de paix; les institutions du droit international humanitaire et des droits de l'homme; la prévention, la résolution et la transformation des conflits armés; et le désarmement et la sécurité humaine.
Déclaration liminaire
M. ANDRZEJ KRASSOWSKI, Directeur adjoint de la Division des politiques sociales et du développement social du Département des affaires économiques et sociales, a présenté le rapport du Secrétaire général sur la Mise en oeuvre de la première Décennie pour l'élimination de la pauvreté. Il a rappelé que le premier objectif de la Décennie est de donner un élan à la lutte contre la pauvreté par la mobilisation des énergies et des ressources à tous les niveaux. Partant, l'action nationale conjuguée à la coopération internationale est donc indispensable à une mise en oeuvre pleine et efficace de toutes les résolutions et décisions pertinentes des Nations Unies ainsi que de tous les accords et engagements des principales Conférences et Sommets des Nations Unies organisés depuis 1990 et liés à la pauvreté. Aujourd'hui la pauvreté est une préoccupation majeure et un nombre important de gouvernements se sont fixés comme priorité l'établissement d'objectifs précis et de calendriers de mise en oeuvre.
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Toutefois, en dépit des nombreux programmes, la pauvreté reste un défi de taille. Pour de nombreux pays en développement, la perspective d'une réduction de moitié de la proportion de pauvres d'ici à l'an 2015 reste encore lointaine. Cette année, le thème choisi pour la Décennie est "la Femme et l'élimination de la pauvreté". L'intégration de perspectives sexospécifiques dans toutes les politiques et programmes visant à éliminer la pauvreté apparaît comme la clef d'une élimination des inégalités liées au sexe.
M. Krassowski a souligné que l'une des choses les plus importantes dans la lutte contre la pauvreté est le partenariat entre tous les acteurs. Un cadre de politiques qui intègre les questions macroéconomiques, financières, structurelles, sociales et humaines est donc essentiel à un développement équitable et durable, a insisté M. Krassowski avant de rappeler que l'Assemblée générale a décidé qu'en l'an 2000, le thème de la Journée internationale de la pauvreté sera "la mondialisation et l'élimination de la pauvreté". Une session extraordinaire sera consacrée au suivi de la mise en oeuvre de la Déclaration et du Programme d'action du Sommet mondial pour le développement social (Copenhague, 1995) dont une des questions principales a été l'élimination de la pauvreté.
Débat général
M. GEORGE TALBOT (Guyana), au nom du Groupe des 77 et de la Chine, a déclaré que les objectifs de lutte contre la pauvreté que s'était fixés la communauté internationale ne seront pas atteints en cette fin de siècle. Le nombre de personnes pauvres, au lieu de décroître, augmentera plutôt de façon intolérable au cours de la première décennie du nouveau siècle. Les projections de la Banque mondiale montrent que les indicateurs économiques des pays pauvres et des pays les plus endettés, iront en empirant, et que les tendances actuelles de leurs économies ne leur permettront pas d'atteindre ni les buts qu'ils se sont fixés en matière d'éducation ni ceux qu'ils voulaient atteindre dans le domaine crucial de l'éducation. Les forces du marché sur lesquelles on comptait, au lieu d'aider les pays défavorisés, les ont plutôt plongés plus profondément dans la misère. Le Plan d'action de Copenhague avait fixé des objectifs en matière sociale. Mais nous pensons que l'ONU doit de nouveau réaffirmer son engagement à s'assurer de la mise en oeuvre des objectifs de ce Sommet. Il faudra que les gouvernements intègrent les femmes dans les actions de lutte contre la pauvreté. L'éducation pour sa part, doit être plus articulée, car elle favorise par les connaissances qu'elle donne aux femmes, un contrôle de la croissance démographique et donne aux populations les moyens de mieux gérer leur devenir. La réduction et l'allégement de la dette sont un pas dans la voie de la lutte contre la pauvreté. Mais l'élimination de la dette ne devrait pas avoir comme conditionnalité la lutte contre la pauvreté. Nous suggérons plutôt un certain nombre d'idées que la Commission pourra examiner.
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Les Etats Membres pourraient, par exemple, avoir pour objectif de réduire de moitié le nombre de personnes vivant dans la plus grande pauvreté d'ici à 2015, et on pourrait envisager de revoir au plus tard en 2001 le point atteint par les mesures prises dans la lutte contre la pauvreté. On pourrait envisager la possibilité de convoquer des réunions au niveau international en vue de débattre de l'harmonisation des actions des gouvernements, des ONG et des institutions internationales et on pourrait examiner dans quelle mesure la refonte de l'architecture financière et économique mondiale pourrait se faire dans le sens de la réduction de la pauvreté. Le Groupe des 77 et la Chine espèrent qu'un débat franc sur ces quelques exemples pourra relancer les initiatives de lutte contre la pauvreté.
M. MATTI KÄÄRIÄINEN (Finlande), au nom de l'Union européenne et des pays associés, a dit que l'Union européenne partageait les conclusions du rapport du secrétaire général sur la mise en oeuvre de la première Décennie des Nations Unies pour l'élimination de la pauvreté. Il est inacceptable que la moitié de la population mondiale vive avec moins de deux dollars par jour, et que le nombre de personnes vivant dans un état d'extrême pauvreté, c'est-à-dire avec moins d'un dollar par jour atteigne aujourd'hui le nombre de 1,6 milliard. Dans de nombreux pays, tous les efforts de lutte contre la pauvreté ont échoué. Les projections montrent que ce nombre va en s'accroissant. L'Union européenne demeure engagée envers les objectifs de développement arrêtés au niveau international, qui proposent que la pauvreté soit réduite de moitié d'ici à l'an 2015. Mais pour y arriver, des actions concrètes doivent être prises. L'Union européenne pense que seule une croissance soutenue et forte, accompagnée d'un développement et d'un renforcement adéquat des ressources humaines peuvent aboutir à une éradication de la pauvreté. Et comme cela a été stipulé lors de la dernière session de fonds du Conseil économique et social, les femmes doivent prendre une part plus active dans la formulation et dans la mise en oeuvre des politiques de développement
L'accès de toutes les populations aux services sociaux de base est crucial, et dans ce but, des investissements bien ciblés doivent être faits dans ce secteur. Les pays pauvres et leurs partenaires développés devraient augmenter les ressources qu'ils consacrent aux investissements sociaux, en vue de respecter les termes de l'Initiative 20/20, qui a été réaffirmée à Hanoï en 1998. Dans l'allocation des ressources, la priorité doit être accordée d'autre part aux programmes qui ont un impact direct sur la vie des couches de population les plus défavorisées. La bonne gouvernance est le facteur le plus important dans la lutte contre la pauvreté et dans la promotion du développement. L'Union européenne réaffirme son engagement à la promotion de la bonne gouvernance et du respect des droits de l'homme et de la démocratie qui sont parties intégrantes du véritable développement.
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D'autre part, des réformes administratives et juridiques devraient être mises en place pour favoriser la participation au développement des femmes, et dans ce contexte, nous recommandons la multiplication des initiatives de microcrédit qui permettent de donner aux pauvres, et notamment aux femmes, un accès aux services financiers.
M. SIM FARRAR (Etats-Unis) a estimé que l'élimination de la pauvreté ne doit pas être simplement perçue comme un transfert de ressources mais plutôt comme une vaste entreprise au sein de laquelle le pauvre devra se considérer à la fois comme le sujet et l'acteur. Dès lors, il faudra se concentrer sur des mesures qui tiennent compte de la situation des pauvres ainsi que des compétences qui leur manquent pour se sortir de la pauvreté et surtout pour s'en sortir définitivement. C'est l'idée même du "développement centré sur l'homme" que le Sommet de Copenhague a souligné. Cette idée doit devenir la pierre angulaire de la stratégie globale d'élimination de la pauvreté, a dit le représentant. Dans la lutte contre la pauvreté, a-t-il poursuivi, de nombreux pays, dont les Etats-Unis, ont inventé des mesures créatives pour renforcer la croissance économique, fournir des soins de santé adéquats aux plus pauvres des pauvres, et dispenser une éducation. L'investissement dans l'éducation des filles et des femmes étant un investissement pour la prospérité, l'Agence américaine de développement, en collaboration avec les institutions des Nations Unies, les gouvernements hôtes et les partenaires multilatéraux, a placé l'amélioration de l'éducation primaire pour les filles et l'alphabétisation des femmes dans son ordre du jour du développement.
S'il faut lutter contre les aspects physiques de la pauvreté, il ne faut pas non plus oublier l'aspect moral qui touche le manque d'opportunités offertes aux pauvres. Ceci est particulièrement flagrant quand il s'agit d'enfants. La communauté internationale doit donc prendre les mesures qui s'imposent pour briser le cercle vicieux de la pauvreté. Elle doit appuyer les familles et les aider à surmonter les pressions qui les empêchent de socialiser leurs enfants et d'en faire des citoyens productifs. Il faut donner aux pauvres les moyens de créer une société plus prospère, a insisté le représentant en soulignant que l'élimination de la pauvreté seule équivaut à ignorer l'origine du problème et donc à permettre à la "maladie" de refaire surface. Partant, les stratégies de lutte contre la pauvreté doivent aussi concerner la bonne gouvernance et l'établissement de politiques économiques saines. Les gouvernements doivent assurer aux pauvres l'accès aux soins de santé, aux logements, à l'alimentation et aux infrastructures. Les gouvernements doivent renforcer, encourager et protéger la société civile, les institutions locales indépendantes, les groupes de femmes et les ONG. L'élimination de la pauvreté doit devenir une priorité nationale pour tous, a souhaité le représentant.
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L'expérience a montré, a-t-il ajouté, que la lutte contre la pauvreté exige une croissance économique continue. La politique la plus sage consiste donc à créer des politiques marcroéconomiques et structurelles saines pour assurer une croissance durable. Cela implique la création de marchés ouverts, l'établissement de systèmes régulatoires transparents, un contrôle financier effectif et un processus participatif de prise de décisions. Le représentant a rappelé que, conscient de la nécessité de lutter contre la pauvreté, le Président Clinton a décidé d'annuler 100% de la dette bilatérale des pays les plus lourdement endettés. Cette initiative sans précédent, conjuguée aux autres engagements de Cologne, aidera les pays à réaffecter les ressources consacrées naguère au paiement du service de la dette, aux services sociaux fondamentaux et au développement.
M. ANWARUL CHOWDHURY (Bangladesh) s'est arrêté particulièrement sur le rôle du microcrédit dans la lutte contre la pauvreté. Il a cité des exemples pour montrer la souplesse des programmes en la matière, leur pertinence et la sécurité que peut offrir le microcrédit aux pauvres. A cet égard, le représentant a souhaité que le prochain rapport du Secrétaire général sur la question soit plus approfondi et qu'il analyse le microcrédit et son impact dans l'élimination de la pauvreté, dans leurs aspects les plus récents. Pour le représentant, le rapport s'est contenté de recopier du matériel déjà disponible aux Nations Unies et qui, à bien des égards, a été examiné par la Réunion annuelle des Conseils des microcrédits. La question de la mobilisation des ressources n'a pas été abordée de manière satisfaisante, a estimé le représentant avant de se dire en attente d'informations nouvelles ainsi que d'analyses qui puissent stimuler les délibérations et non de versions résumées d'informations réchauffées. Le représentant s'est également dit déçu des recommandations avancées par le Secrétaire général concernant notamment l'accroissement des revenus et du niveau de participation des pauvres; l'élaboration de schémas de protection sociale; l'émancipation des pauvres; et les liens entre développement durable et élimination de la pauvreté. Ces recommandations, a estimé le représentant, sont par trop générales et n'apportent rien aux efforts des gouvernements nationaux et de la communauté internationale. La gravité de la question de la pauvreté requiert un engagement plus sérieux et plus substantiel ainsi qu'une attention plus soutenue dans la formulation des recommandations. La pauvreté est une réalité multidimensionnelle et complexe. Partant, la communauté internationale a besoin de mesures qui pourraient résulter en actions concrètes; d'énumération de politiques et de programmes qui ont fait leur preuve ainsi que d'analyses de stratégies qui peuvent aider les pays et les communautés à améliorer davantage leurs efforts incessants.
Mme NURY VARGAS (Costa Rica) a déclaré au nom des pays d'Amérique centrale, que son groupe partageait la déclaration du Groupe des 77 et de la Chine. Le caractère multidimensionnel de la pauvreté qui touche l'éducation, la santé, la sécurité et marginalisation des groupes et des personnes, demande que l'on mette en oeuvre des actions.
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Concernant la question de la dette, nous ne pouvons pas, en même temps, lutter contre la pauvreté et payer une dette insolvable. Les populations de notre région vivent dans la pauvreté, ce qui ne leur permet pas de faire des projections au-delà l'horizon du quotidien. Les catastrophes naturelles qui les ont frappées ces dernières années, ont encore aggravé la condition des pays d'Amérique centrale. Les effets de ces catastrophes vont au-delà de nos propres moyens de redressement, mais comme on l'a vu, les rapports des Nations Unies stipulent clairement que ces catastrophes naturelles sont aggravées par des facteurs dus à des actions humaines. Elles se transforment en désastres quand elles affectent les structures et les infrastructures et les détruisent au point où le pays concerné ne peut les réparer tout seul.
Nous devons chercher à promouvoir un développement durable aux niveaux national et international. Nous soutenons la place du microcrédit comme outil efficace d'intégration des pauvres. Notre région a connu des développements spectaculaires en matière de démocratie, mais cette démocratie est mise en danger par l'état de misère dans lequel vivent nos populations. Peut-il y avoir démocratie si les gens ne peuvent même pas avoir leur dignité au quotidien? Nous avons besoin de solidarité, pas d'aumône, a observé la représentante.
M. VASSILI NEBENZIA (Fédération de Russie) a souligné que l'élimination de la pauvreté en tant que condition préalable du développement durable est un thème multisectoriel que l'on retrouve dans toutes les activités du système des Nations Unies. En dépit des progrès réalisés jusqu'ici, la pauvreté, a insisté le représentant, restera malheureusement un des problèmes centraux du prochain millénaire. Il a appelé à une coopération active aux niveaux national et international. La question de la pauvreté doit demeurer la priorité des Nations Unies qui doivent travailler de concert avec les institutions financières internationales, a dit le représentant avant de souligner que la pauvreté ne résulte pas seulement d'un manque de revenus mais est aussi liée aux indices qualitatifs du niveau de vie, l'accès aux soins de santé ou à l'éducation. Les politiques internationales doivent tenir compte de tous les aspects de la pauvreté et réaliser que cette pauvreté n'est pas inhérente aux pays en développement. En effet, 100 millions de personnes dans les pays développés vivent en-decà du seuil de pauvreté. Revenant aux pays en développement, le représentant s'est félicité des initiatives en matière de dette extérieure. Il a toutefois plaidé pour des mesures à long terme qui doivent viser à permettre aux pays débiteurs de mobiliser des fonds pour leurs programmes sociaux en renforçant leur potentiel et en leur offrant de meilleures conditions d'accès aux marchés internationaux.
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M. EMOLEMO MORAKE (Botswana) a déclaré que les actions de coopération dont son pays a besoin ne se limitent pas seulement à des conseils en matière économique et en renforcement des capacités humaines. Bien que ces questions soient importantes, elles doivent être renforcées par des flux d'investissements étrangers directs. Le Botswana veut réduire sa dépendance vis-à-vis du secteur minier en développant des secteurs d'exportations qui n'avaient pas jusqu'à ce jour été suffisamment mis en valeur. Dans ce cadre, notre Gouvernement met en place un cadre d'investissements et un cadre juridique plus favorables aux affaires et nous mettons l'accent sur la promotion d'entreprises orientées vers l'exportation et vers la création d'un tissu de petites sociétés grâce à la promotion du microcrédit.
La place des femmes dans la gestion des secteurs de la santé et dans certains secteurs économiques devrait être plus reconnue, en particulier dans la perspective de la redéfinition du concept même de développement économique. Des actions concrètes doivent être entreprises pour faciliter l'accès des filles et des jeunes femmes à l'éducation. Sous cet aspect, notre Gouvernement a mis en place, avec l'aide d'ONG, des structures d'intégration des femmes dans le processus du développement. Nous ne terminerons cependant pas sans parler de la pandémie du sida, qui affecte notre région et crée un terrain favorable à la pauvreté, en faisant disparaître toute une classe de notre population, jeune, active et éduquée. Le sida pourrait, s'il n'est efficacement combattu, annihiler tous les gains que nous avons fait en matière de développement depuis plusieurs décennies.
M. MAURICIO ESCANERO (Mexique) a déclaré que la pauvreté est l'un des grands défis que la communauté internationale devra relever au siècle prochain. Il a souligné que les chiffres de la croissance, de la création d'emplois et de l'accès aux services sociaux de base sont des indicateurs fiables qui permettent de mesurer les efforts nationaux et ceux de la coopération internationale dans l'amélioration des conditions de vie dans certains pays ou régions, et ces efforts sont réels. Cependant, des insuffisances demeurent pour ce qui est d'assurer un environnement international propice. Cela s'est vu en Amérique latine, où les crises internationales et les catastrophes naturelles sont venues arrêter les progrès sociaux. La pauvreté, a souligné le représentant, est une question multidimensionnelle qui exige des stratégies globales. Il faut, dans ce contexte, surmonter les fausses dichotomies entre action nationale et action internationale et mettre en oeuvre des synergies à tous les niveaux afin de s'attaquer aux causes et non aux symptômes de la pauvreté. La communauté internationale doit appuyer les efforts nationaux et en ce sens, le Mexique appuie le Secrétaire général lorsqu'il souligne qu'un accès plus grand aux marchés, la stabilité financière et la coopération technologique sont des conditions préalables pour le développement durable en cette ère de mondialisation.
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Partant, dans le cadre des prochaines négociations de l'OMC ainsi que dans celui de la formulation d'une architecture financière internationale où dans celui de la Conférence des Nations Unies sur le financement du développement, la priorité devra être accordée aux questions sociales.
M. OLE PETER KOLBY (Norvège) a estimé que le fardeau de la dette est un obstacle majeur à la lutte contre la pauvreté. La Norvège est en faveur du renforcement des clauses de l'initiative en faveur des pays pauvres très endettés (HIPC) en vue d'alléger plus rapidement et avec moins de contraintes la dette des pays concernés. Notre pays a, sous cet aspect, fermement appuyé la sauvegarde des mécanismes de prêts concessionnels dans les institutions de financement multilatéral. Nous soutenons la proposition de lier l'allégement de la dette à l'éradication de la pauvreté et de consacrer les ressources ainsi dégagées à la promotion des services sociaux. Concernant les prochaines négociations de l'Organisation mondiale du commerce à Seattle, la Norvège est d'avis que les programmes qui y seront adoptés, devront refléter les intérêts des pays les plus pauvres. Les conditions d'accès aux marchés devraient être améliorées en faveur de ces pays.
La chute de l'Aide publique au développement (APD) semble s'être stabilisée, mais nous aimerions que la tendance s'inverse réellement, et que l'on atteigne le niveau qui avait été fixé par la communauté internationale, c'est-à-dire que 0,7% du PNB des pays riches devrait être versé à l'aide. Le Gouvernement norvégien en ce qui le concerne, a présenté un plan concret pour faire bientôt monter le montant de son APD de 0,88% à 1% de son PNB.
Mgr RENATO R. MARTINO, Observateur du Saint-Siège, a souligné le caractère moral de la lutte contre la pauvreté et cité le Pape Jean-Paul II qui déclarait en 1993 à l'occasion de la Journée mondiale de la paix : " On ne peut plus tolérer un monde où vivent côte-à-côte des riches et des misérables, des personnes qui n'ont rien, qui sont privées même de l'essentiel, et des personnes qui gaspillent sans retenue ce dont d'autres ont un besoin désespéré". Les pauvres, a poursuivi l'Observateur, sont donc principalement victimes de l'injustice et une des formes les plus évidentes de cette injustice se trouve dans l'impossibilité pour eux d'accéder équitablement au crédit. L'Observateur s'est donc félicité des mécanismes du microcrédit qui, a-t-il dit, trouvent leur pertinence dans le fait qu'ils sont essentiellement destinés aux femmes qui, l'expérience le prouve, consacrent l'essentiel de leurs ressources à la famille. Le microcrédit contribue à lutter contre "la plaie honteuse de l'usure" comme il permet aux pauvres d'exercer leur droit à l'initiative. En règle générale, a dit l'Observateur, le microcrédit revient moins cher que les projets d'aide au développement classique. L'Observateur a souligné la nécessité de développer le système de microcrédit pour qu'il touche aussi les couches les plus déshéritées de la population.
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Il a poursuivi en soulignant la nécessité de créer une nouvelle culture de la solidarité internationale arguant qu'il sera impossible, sans un support financier efficace et renouvelé, d'aller de l'avant dans la mise en oeuvre du programme de lutte contre la pauvreté. Il faut naturellement, a-t-il conclu, que les fonds soient employés pour les objectifs auxquels ils ont été destinés. Les aides ne doivent pax créer une nouvelle dépendance mais devront plutôt être orientées de manière à ce qu'elles puissent atteindre les pauvres et qu'elles puissent leur permettre d'être en mesure de devenir partenaires et protagonistes du grand projet commun de la réalisation d'une famille humaine caractérisée par des rapports fondés sur la justice et l'équité.
M. LUIZ TUPY CALDAS DE MOURA (Brésil) a constaté que le fossé ne cesse de se creuser entre riches et pauvres comme l'indique la disparité des revenus entre les 5% de la population mondiale les plus riches et les 5% les plus démunis. L'écart de revenus entre pauvres et riches a été multiplié par 30 entre 1960 et 1974 et par 74 entre 1974 et 1997. La croissance globale de tous les pays en développement n'a été que de 1,7% en 1998, soit la plus faible au cours de la décennie qui s'achève. Un cinquième de la population mondiale, qui vit dans les pays les plus riches, détient 86% de la richesse de la planète, 82% de ses exportations et contrôle 68% des investissements privés directs. Le cinquième le plus pauvre de la population mondiale pour sa part ne détient que 1% des parts des investissements privés directs et autres. L'accroissement de la pauvreté dans le monde, qui touche de plus en plus les femmes, est alarmante. L'éradication de la pauvreté ne peut se faire grâce aux seuls programmes de lutte contre cette plaie. La lutte contre la pauvreté nécessite un contexte de participation démocratique de tous aux programmes engagés. Elle exige une réforme des structures économiques, en vue d'assurer l'accès de tous, hommes et femmes, aux ressources et aux financements. Les efforts déployés au niveau national ne peuvent réussir s'ils ne sont pas appuyés au niveau international. Sous cet angle, la Banque mondiale et le Fonds monétaire international se sont joints à l'ONU, dont les agences sont actives dans la lutte contre la pauvreté, en cherchant à intégrer une dimension sociale à leurs programmes d'ajustement. En ce qui nous concerne, le Gouvernement fédéral du Brésil est en train d'harmoniser son processus économique et social afin de s'assurer que la stabilité macroéconomique est en accord avec la création d'emplois et l'allégement des souffrances des pauvres. M. SHEN GUOFANG (Chine) a estimé que pour rendre la lutte contre la pauvreté plus efficace, il convient d'accorder l'attention requise à l'amélioration de l'environnement international. En cette ère de mondialisation, les changements constants de l'environnement international ont un impact certain sur l'environnement économique et social des pays, comme l'a montré la crise financière de 1997 et de 1998. La communauté internationale doit donc lutter contre le protectionnisme, comme elle doit plaider en faveur d'un accroissement de l'assistance financière et du transfert de technologie aux pays en développement.
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Il faut renforcer les capacités nationales de ces pays et leur assurer une participation égale à la formulation des règles du jeu, y compris les règles de prévention des risques financiers. Le succès de la lutte contre la pauvreté est à ce prix, a souligné le représentant. Il a estimé qu'il convient ensuite d'adapter les programmes de coopération et d'assistance aux conditions spécifiques de chaque pays en développement. Compte tenu de la diversité des pays en développement et des différents niveaux de développement, l'adoption d'une politique universelle est inefficace voire contre-productive. Les politiques d'assistance à la lutte contre la pauvreté doivent donc tenir compte des préoccupations et des vues des pays récipiendaires. Elles doivent tenir compte en outre des conséquences sociales éventuelles, a dit le représentant en soulignant que le FMI vient d'amender sa politique d'ajustement structurel qui jusqu'ici négligeait l'aspect social. Rendant compte des politiques de son pays en matière de lutte contre la pauvreté, le représentant a indiqué que les efforts déployés ont conduit à une chute drastique du taux de pauvreté. Il a convenu qu'il reste un certain nombre de régions pauvres dont l'environnement géographique hostile rend presque impossible l'élimination de la pauvreté. La Chine continuera pourtant d'intensifier ses efforts et de prendre les mesures nécessaires pour éliminer la pauvreté extrême le plus tôt possible. La Chine, a conclu le représentant, est disposée à prendre une part active dans la coopération internationale en la matière.
M. FEZA ÖZTÜRK (Turquie) a déclaré que la communauté internationale s'était sérieusement penchée sur la question de la pauvreté lors du Sommet de Beijing sur la condition de la femme et lors du Sommet social de Copenhague. Mais cela ne suffit pas, car, comme une maladie pour laquelle on n'aurait pas encore de remède définitif, la pauvreté a besoin qu'on la combatte tous les jours. C'est une tâche complexe qui doit aller bien au-delà des simples discours et engagements verbaux. Combattre la pauvreté n'est pas un acte de charité, et si les premières responsabilités relèvent des autorités nationales, la communauté internationale a aussi une tâche à assumer. Nous avons besoin d'un plan à long terme et d'une volonté politique sans faille pour trouver et appliquer les solutions dont nos peuples ont besoin. Pour la Turquie, la question de l'allégement et de l'éradication de la pauvreté doit s'inscrire dans une perspective de développement durable, et les Nations Unies peuvent jouer un rôle critique dans ce domaine, les conférences internationales qui se sont tenues au cours de cette décennie ayant jeté les bases des actions qui pourraient être mises en oeuvre au niveau international.
M. CARLOS DOS SANTOS (Mozambique) a rappelé que plus de 70% de la population de son pays vit dans une pauvreté absolue, en espérant que le débat sur la mise en oeuvre de la première Décennie des Nations Unies pour l'élimination de la pauvreté contribue à l'élaboration de mesures concrètes. Pour sa part, le Mozambique a lancé, la semaine dernière, un Programme intégré pour le bien-être, l'emploi et la jeunesse. Ce Programme estimé à 38 millions de dollars devra bénéficier à quelque 250 000 personnes.
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Le Mozambique compte, pour sa mise en oeuvre, sur l'appui du PNUD qui a fait une contribution initiale de 3 millions de dollars. A cet égard, le représentant a appelé la communauté internationale à appuyer son pays dans le développement d'autres programmes et projets visant à lutter contre la pauvreté. Il s'est donc montré préoccupé face au déclin de l'aide au développement et aux problèmes financiers rencontrés par le PNUD. S'arrêtant sur l'importance de la croissance économique pour l'élimination de la pauvreté, le représentant a annoncé avec une certaine satisfaction les chiffres de la Communauté pour le développement de l'Afrique australe (SADC) qui montre un taux de croissance moyen de 3%. S'il a convenu que ce taux est en dessous des 6% nécessaires à la lutte contre la pauvreté, le représentant a renouvelé la détermination de sa région à prendre toutes les mesures pour réaliser cet objectif. Il a invoqué la dette comme premier obstacle à cet objectif en se félicitant de la décision du FMI de renforcer et d'élargir l'Initiative HIPC et de remplacer la Facilité d'ajustement structurel renforcée par une Facilité de réduction de la pauvreté et de croissance. Le représentant a conclu en soulignant la nécessité pour la communauté internationale d'annuler la dette extérieure des pays comme le sien qui ont enregistré des progrès visibles et constants dans la mise en oeuvre des mesures d'ajustement structurel et des réformes politiques. Une telle décision permettra à ces pays d'affecter les ressources économisées dans le secteur social.
M. AHMED IHAB GAMMALELDIN (Egypte) a associé sa délégation à la déclaration du Groupe des 77 et de la Chine. La question de la pauvreté devrait être la première préoccupation de la communauté internationale. Il faut qu'il y ait intégration des questions du commerce, du financement et du transfert de technologie, pour que le monde puisse trouver des réponses viables aux problèmes de la pauvreté. On est surpris qu'après toutes les rencontres que la communauté internationale a tenues en matière de développement, et après tous les engagements pris, les pays les plus riches continuent de faire obstacle aux intérêts des pays les plus pauvres en matière commerciale. Au moment même, ils arrêtent de s'acquitter des engagements qu'ils avaient pris en matière d'aide au développement et leurs financiers se détournent des pays et des régions qui sont le plus dans le besoin en matière d'investissement.
Nous avons grand besoin, si nous voulons préserver la crédibilité de l'ordre commercial international, de faire respecter et appliquer les textes et les engagements internationaux. Concernant la lutte contre la pauvreté et la dette, l'Egypte se félicite des changements opérés par le FMI et la Banque mondiale, qui ont reconnu que les aspects sociaux et la lutte contre ce phénomène devaient désormais être au coeur des stratégies de développement. Nous nous félicitons de la déclaration du Président Clinton d'annuler la dette des pays éligibles à l'initiative HIPC. Mais nous tenons à faire remarquer que le financement de cette initiative reste en grande partie assuré par les seuls pays nordiques.
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Nous appelons les autres pays de l'OCDE à s'acquitter de leur juste part et remercions à cet égard certaines ONG pour le rôle mobilisateur et de plaidoyer qu'elles jouent sur la question de la dette et de la pauvreté. La pauvreté est une des causes les plus patentes de l'insécurité et des conflits qui ont cours en ce moment dans certaines parties du monde, et si on ne lui trouve pas de réponse, la sécurité internationale sera de plus en plus mise en danger.
M. ALFREDO SFEIR-YOUNIS, Représentant de la Banque mondiale, a fait part des prévisions des experts qui prédisent que même dans un scénario de grande croissance, l'objectif visant à réduire de moitié la pauvreté d'ici à l'an 20015 ne sera pas atteint. Invitant la Commission à une réflexion plus approfondie, le représentant s'est d'abord arrêté sur les conditions dont les pays en développement pourraient profiter pour renverser la tendance de la pauvreté. Ainsi, le représentant a indiqué que la Banque mondiale a adopté comme politique d'appuyer tous les efforts tendant à créer un environnement favorable à une lutte soutenue contre la pauvreté en aidant à la solution des nombreuses contraintes transnationales nées de la mondialisation. La création de la nouvelle architecture internationale est donc un lieu de prédilection en ce sens puisqu'il s'agit d'intégrer les pays en développement dans le système financier mondial, de leur assurer les bénéfices de cette intégration et de les aider à en réduire les risques. De même, la Banque intensifie ses efforts dans le domaine des marchés des biens et services où les risques liés à la gestion et la volatilité représentent un défi majeur pour les pays les moins développés. Récemment, la Banque a mis sur pied un Groupe de travail international sur la gestion des risques en matière de biens et services dans les pays en développement qu'elle a chargé d'étudier de nouvelles approches orientées sur le marché pour gérer au mieux la vulnérabilité et la volatilité des prix des biens et services.
Venant aux stratégies de lutte contre la pauvreté, le représentant a cité les deux conditions préalables au succès en la matière, à savoir la participation des pauvres au processus de prise de décisions les concernant et la mise en place de structures de gouvernance permettant aux pauvres de prendre véritablement la direction du processus de lutte contre la pauvreté. C'est donc la conjugaison des formes alternatives de participation et des structures gouvernementales qui sortiront les pauvres de la pauvreté, a souligné le représentant. Quant à l'utilisation des mécanismes politiques et institutionnels dans la lutte contre la pauvreté, le représentant a plaidé pour la création de partenariats entre le secteur privé, la société civile, les gouvernements, les groupes religieux et les syndicats. Il s'agit donc de développer une architecture qui assure l'équilibre entre les efforts économiques et financiers, d'un côté, et les efforts sociaux, de l'autre; une architecture qui place le social au centre des politiques.
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M. FABRIZIO BASSANI, Organisation mondiale de la santé (OMS), a déclaré que l'Organisation mondiale de la santé estime que la pauvreté n'est pas un obstacle insurmontable à la mise en place de programmes de santé. Les résultats varient selon les pays et les politiques adoptées. L'OMS estime que la priorité des gouvernements doit aujourd'hui être de réduire la trop forte mortalité et les taux de morbidité élevés qui affectent les couches les plus pauvres et les plus vulnérables des populations. Ils doivent investir notamment dans la lutte contre les maladies et les pandémies majeures, comme le paludisme et le sida. Ces maux affectent de plus en plus les pauvres, et notamment les femmes. Ensuite, l'OMS met en garde contre les risques de santé provenant des situations de crises économiques qui créent des conditions de travail hasardeuses. Le tabagisme est un des exemples de fléaux qui s'étendent dans certains contextes socioéconomiques où les équilibres moraux et psychologiques sont mis en danger. Il n'affecte plus seulement les pays du Nord, car 80% des fumeurs vivent désormais dans les pays en développement.
Le troisième point sur lequel l'OMS met l'accent est celui du développement de systèmes et de services de santé efficaces, car dans beaucoup de parties du monde, les services de santé sont mal équipés pour faire face aux besoins actuels. Les services publics manquent de ressources, et si les prestations offertes par le privé se développement, elles sont souvent de qualité douteuses du fait de l'absence de normes et de régulations. De plus ces services se concentrent dans les villes et sont donc anti-pauvres, la majorité des populations défavorisées étant concentrées dans les zones rurales. Enfin, il y a un besoin urgent d'investir dans la recherche et dans l'éducation en matière de santé. Chaque année dans le monde, 56 milliards de dollars sont dépensés dans la recherche scientifique, mais 90% sont investis dans le secteur de la santé des pays riches.
M. FRANKLYN LISK, Directeur et Représentant de l'Organisation internationale du travail (OIT), a mis l'accent sur la situation des travailleurs pauvres pour lesquels il a appelé à des mesures nationales et internationales visant à établir une politique cohérente en la matière. Il a souligné l'importance qu'il y à maintenir, en période de crises économiques, des opportunités d'emplois tout en préservant les filets de sécurité sociale pour ceux qui ne peuvent pas trouver un travail décent. Donnant des exemples des activités de l'OIT en matière de lutte contre la pauvreté, le représentant a indiqué qu'elles consistent surtout à conseiller les gouvernements sur l'élaboration et la mise en place de politiques de marché du travail compte tenu des besoins d'emplois et de revenus des groupes vulnérables et socioéconomiquement défavorisés. L'OIT a prodigué des conseils sur la mise en oeuvre de politiques d'investissement orientées sur la création d'emplois aux niveaux sectoriel et communautaire.
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Conformément aux recommandations du Sommet mondial pour le développement social, l'OIT, en coopération avec les autres institutions spécialisées des Nations Unies et les institutions de Bretton Woods, a procédé à l'examen d'un certain nombre de politiques de l'emploi. Cet examen a fourni des informations utiles et des preuves tangibles de la contribution de l'emploi productif dans la lutte contre la pauvreté et la durabilité des conditions de vie. Ces études ont également fourni du matériel valable pour le rapport que l'OIT prépare en prévision de la Consultation internationale sur le suivi du Sommet mondial sur le développement social qui doit se tenir à Genève au début du mois de novembre.
M. ADO VAHER, Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF), a déploré l'assassinat récent de deux employés de l'UNICEF au Burundi et d'un agent du Fonds, tué en Somalie. Ce sont là, a dit le délégué, des exemples des risques que courent les personnes de bonne volonté qui vont sur le terrain pour aider des populations souffrantes et mettre en oeuvre les décisions et les résolutions des Nations Unies. L'UNICEF est inquiète des conséquences de la montée de la pauvreté sur les enfants, qui sont la couche la plus vulnérable de la population partout où le monde connaît des crises politique, économique et sociale. Donner aux enfants l'accès aux services sociaux de base de qualité est un des moyens les plus sûrs de lutte contre les retombées de la pauvreté. Un bon départ dans la vie nécessite que le développement d'un enfant soit harmonieux sur les plans physique, émotionnel et intellectuel, entre l'âge critique qui va de la naissance aux 18 premiers mois de la vie. Assurer un accès universel à la santé, à l'éducation, à l'alimentation et à l'eau potable aux enfants n'est pas seulement une exigence relevant du respect des droits de la personne humaine, c'est aussi une assurance en vue de se garantir une force de travail saine pour l'avenir.
Concernant l'Initiative 20/20, l'UNICEF est l'agence du système des Nations Unies qui y veille le plus. Ce qui signifie qu'au niveau national des pays où nous intervenons, a dit le délégué, nous soutenons les budgets et les programmes destinés aux services sociaux. Et au niveau international, nous coordonnons les efforts de l'ONU dans la promotion de l'Initiative et avons aidé les gouvernements de la Norvège, des Pays-Bas et du Viet Nam a organiser deux conférences internationales sur sa mise en oeuvre 20/20, respectivement à Oslo en 1996 et à Hanoï en 1998. Cette Initiative fournit le cadre financier permettant d'atteindre les objectifs agréés lors des différents sommets mondiaux. Elle a été formellement approuvée par le Sommet social de Copenhague et est de la plus haute importance pour des dizaines de millions d'enfants dans le monde.
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