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AG/EF/263

LE DEVELOPPEMENT DURABLE EXIGE L'ALLEGEMENT, VOIRE L'ANNULATION DE LA DETTE AINSI QUE DE NOUVELLES RESSOURCES POUR APPUYER LES REFORMES ECONOMIQUES

11 octobre 1999


Communiqué de Presse
AG/EF/263


LE DEVELOPPEMENT DURABLE EXIGE L'ALLEGEMENT, VOIRE L'ANNULATION DE LA DETTE AINSI QUE DE NOUVELLES RESSOURCES POUR APPUYER LES REFORMES ECONOMIQUES

19991011

La dette du continent africain a atteint, cette année, le montant de 350 milliards de dollars, ont souligné les délégations au cours du débat sur la question du lien entre la crise de la dette extérieure et le développement que la Commission économique et financière (Deuxième Commission) a terminé cet après-midi. Pour ces délégations, le renforcement de l'Initiative HIPC en faveur des pays pauvres très endettés, décidé à Cologne en juin dernier, est à salue, en dépit de ses imperfections que des délégations ont souligné. Ainsi les représentants des Philippines et du Botswana ont jugé que les critère de durabilité de la dette doivent être ajustés plus avant; les nouveaux ratios entre la dette et les exportations et entre la dette et les revenus fiscaux étant encore trop élevés. Le représentant des Philippines a demandé que les mesures adoptées à Cologne soient rétroactives afin que les pays ayant terminé leurs négociations avant la réunion du G7 de Cologne puissent en bénéficier. En règle générale, les délégations ont souligné qu'une solution durable à la crise de la dette extérieure ne doit pas seulement viser à sortir définitivement ces pays de la crise mais à les remettre également sur les rails de la croissance économique et du développement durables. Partant, l'octroi de nouvelles ressources est nécessaire en vue de soutenir la mise en place des réformes économiques entreprises par ces pays pour accélérer le développement.

Pour l'Afrique du Sud, la solution à la question du financement du développement exige aussi que les Africains combattent le problème de la fuite des capitaux et, en particulier, des fonds obtenus de manière illégale, et placés dans les banques étrangères. Elle a jugé inacceptable que les élites africaines corrompues continuent de dissimuler le fruit de leurs rapines à l'étranger pendant que l'Afrique attend d'étrangers le financement de son développement. Cette position avait été défendue ce matin, par le représentant du Nigéria qui avait demandé l'élaboration d'une convention internationale pour le rapatriement vers l'Afrique des fonds illégalement transférés dans les banques occidentales, qui représentent une part substantielle des richesses de l'Afrique. Pour sa part, le représentant des Philippines est revenu sur la situation de la dette dans les pays à revenu intermédiaire en soulignant le rôle de ces pays dans les finances et le commerce internationaux et en rappelant que l'émergence de la crise de la dette des années 80 trouvait son origine dans l'incapacité de ces pays à rembourser le service de certaines de leurs dettes.

(à suivre - 1a) - 1a - AG/EF/263 11 octobre 1999

Outre les représentants mentionnés plus haut, les représentants des pays suivants ont pris la parole : Venezuela, Haïti, Libye et République de Corée.

La Commission se réunira demain mardi 12 octobre à 10 heures pour entamer l'examen du point relatif à la Mise en oeuvre de la première Décennie des Nations Unies pour l'élimination de la pauvreté (1997-2006)

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QUESTIONS DE POLITIQUE MACROECONOMIQUE

Science et technique au service du développement

Crise de la dette extérieure et développement

Débat général

M. Z. J. NTAKHWANA (Botswana) a déclaré que bien que les industries des pays en développement d'Afrique soient à l'état embryonnaire, il leur est demandé de faire la compétition sur les marchés étroitement contrôlés, aux industries des pays développés. Sur cette question, le Botswana estime que les investissements étrangers directs à travers lesquels des transferts de technique sont possibles, devraient continuer d'être la part essentielle de la coopération Nord-Sud. Non seulement la science et la technologie sont-elles critiques pour la construction d'une économie moderne, elles ont aussi un rôle important à jouer dans l'amélioration des capacités de protection de l'environnement naturel. Concernant la question de la dette, nous pensons que l'Initiative HIPC et celle de Cologne sont des étapes de réflexion importantes dans la recherche de solutions à la crise de la dette. Mais ces initiatives ne peuvent être considérées comme la panacée au problème, auquel nous faisons face. Lors d'un récent séminaire de haut niveau sur la dette africaine, tenu à Nairobi, auquel ont pris part les ministres des finances des pays d'Afrique subsaharienne, les représentants du PNUD, de la Banque mondiale et du FMI ainsi que deux membres du G7 et d'autres éminentes personnalités, on en est arrivé aux conclusions selon lesquelles la solution à la dette doit être consistante avec le développement économique et social à long terme. Selon les conclusions de ce séminaire, les pays endettés souhaitent à long terme réduire leur dépendance vis-à-vis de l'Aide publique au développement, et la solution au problème de la dette africaine exige que l'on comprenne la nature de sa structure et de ses origines. Ce séminaire a aussi fait des propositions allant dans le sens d'un élargissement des critères d'éligibilité à l'Initiative HIPC, notamment pour y incorporer des dimensions sociales, comme la lutte contre la pauvreté. Il a été recommandé de réduire les exigences relatives à la fiscalité et aux douanes, et il a été suggéré que le HIPC facilite un meilleur flot de l'aide au développement, et en particulier que cette initiative inclut des conditions permettant aux pays auxquels elle s'adresse de continuer à recevoir des investissements. Enfin, le séminaire a estimé que les bénéfices tirés de l'allégement de la dette doivent être orientés vers des dépenses gouvernementales prioritaires, notamment en matière sociale.

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M. MARIO GLUGLIEMELI (Venezuela) a indiqué que la crise financière qui a frappé récemment des pays d'Asie et d'Amérique latine ainsi que la Fédération de Russie, a eu de graves répercussions sur l'économie du Venezuela, pays en développement qui dépend des exportations des produits de base. En dépit de ces difficultés, le pays s'enorgueillit d'avoir pu honorer ses obligations en réduisant la dette de 5,40% du PIB en 1993 à 22,4% en 1998. Le représentant a plaidé pour la mise en place d'une nouvelle structure de gestion de la dette de façon à en faciliter le service. Il a suggéré de modifier le profil de la dette et libérer des ressources nécessaires aux dépenses sociales. Il a émis l'espoir que les institutions financières internationales participeront à ces efforts. Conscient du travail des Nations Unies en la matière, le représentant a particulièrement appuyé les activités qui visent à des résultats pratiques et concrets et à la recherche de solutions conjointes et définitives au grave problème de la dette extérieure. Il a salué l'Initiative HIPC qui, a-t-il estimé, contribuera à rendre la dette supportable avec le concours des créanciers eux-mêmes. Il a aussi souhaité la mise en oeuvre complète de programmes de conversion de la dette comme les échanges de dette contre capital social. Il a appelé les pays développés à assouplir les négociations dans le cadre du Club de Paris afin de réduire la dette dans le contexte du rééchelonnement. Il faut, a-t-il dit, réduire les taux d'intérêt, prolonger les échéances et impliquer les créanciers dans les négociations avec les banques commerciales. Le représentant a, par ailleurs, plaidé pour le financement de la Facilité d'ajustement structurel renforcée avant de faire part des résultats de la dernière réunion des chefs d'Etat du Groupe des Quinze, au cours de laquelle a été souligné la nécessité de résoudre le problème de la dette des pays en développement dans l'intérêt du système financier international et du redressement des économies.

M. SAMUEL SIBEKO (Afrique du Sud) a précisé que, selon la Commission économique pour l'Afrique, la dette du continent atteint cette année le montant de 350 milliards de dollars. Cette dette pèse d'un poids insupportable sur les économies de pays déjà pauvres, et l'Afrique du Sud soutient la récente Initiative du G7 à Cologne en espérant qu'elle améliorera de façon significative l'initiative HIPC de la Banque mondiale et du FMI en permettant un allégement plus substantiel et plus rapide de la dette des pays d'Afrique subsaharienne. Nous pensons que l'initiative de Cologne devrait permettre de sortir de l'impasse engendrée par la considération de la seule capacité des pays à honorer le service de leurs paiements extérieurs. Nous espérons que l'Initiative HIPC, quant à elle, pourra bénéficier d'un financement à la hauteur des besoins de tous les pays qui y souscrivent.

Il existe un besoin crucial d'assurer de nouveaux flux financiers vers les pays en difficulté, en plus de l'allégement de la dette, et il est important que les pays créditeurs et les institutions de financement multilatérales continuent de garantir une assistance financière concessionnelle aux pays endettés, en vue de soutenir la mise en place des réformes économiques liées aux ajustements entreprises par ces pays.

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Seule cette démarche permettra à la majorité des pays en développement de sortir du cycle sans fin de la dette et de ses rééchelonnements. Il est aussi important, pour les Africains eux-mêmes, de combattre le problème de la fuite des capitaux et, en particulier, des fonds obtenus de manière illégale. Il est en effet anormal qu'alors que ses élites corrompues continuent de dissimuler le fruit de leurs rapines à l'étranger, l'Afrique attende que les étrangers continuent seuls les étrangers continuent seuls le financement de son développement.

M. LIBRAN N. CABACTULAN (Philippines) a estimé qu'une solution durable à la crise de la dette des pays en développement ne doit pas seulement viser à leur offrir une sortie de secours mais aussi à les mettre sur la voie de la croissance économique et du développement durables. C'est la raison pour laquelle, la réduction de la dette et la baisse de son service, qu'elles s'effectuent par l'annulation totale, l'annulation partielle ou le rééchelonnement, doivent s'accompagner de l'octroi de nouvelles ressources. Saluant le renforcement de l'Initiative HIPC, le représentant a souhaité que la décision du G7 et celle du Président Clinton d'annuler, si besoin est, 100% de la dette bilatérale due par les pays éligibles à l'Initiative HIPC, donnent lieu à des actes concrets. Il convient d'abord, a-t-il dit, de faire en sorte que ces décisions ne se retrouvent pas prisonnières des complications procédurales traditionnelles, en appelant à un financement immédiat de l'Initiative. Le représentant a rappelé que déjà l'année dernière, l'Assemblée générale avait appelé les pays industrialisés à contribuer, de toute urgence, à la facilité d'ajustement structurel renforcée et au Fonds d'affectation spéciale de l'Initiative HIPC. Il a poursuivi en souhaitant que "les mesures de souplesse" autorisées par ces deux mécanismes soient la règle et non l'exception et, en particulier, que celles permises désormais par le renforcement de l'Initiative HIPC soient rétroactives pour que les pays ayant terminé leurs négociations avant la réunion de Cologne puissent en bénéficier. Les efforts doivent se poursuivre, a dit le représentant, car même avec l'Initiative de Cologne, le cadre de l'Initiative HIPC fait déjà entrevoir des difficultés. La première d'entre d'elles est le délai trop long de trois années prévu pour la mise en oeuvre. De plus, pour le représentant, il faudra réexaminer les cas des pays qui ont manqué de peu leur accès à l'Initiative. De même, a ajouté le représentant, le critère de durabilité doit être ajusté plus avant. Pour lui, les rapports en termes de pourcentage entre la dette et les exportations et entre la dette et les revenus fiscaux sont encore trop élevés. Le représentant a terminé sa déclaration en attirant l'attention de la Commission sur la situation d'endettement des pays à revenu intermédiaire.

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Il faut garder à l'esprit, a-t-il dit, que ces pays jouent un rôle reconnu dans les finances et le commerce internationaux et que l'explosion de la crise de la dette des années 80 a été provoquée par leur incapacité de rembourser le service de certaines de leurs dettes. Il serait judicieux de suivre de près leur dettes et d'explorer les moyens de mettre en oeuvre certaines propositions relatives à une solution opportune du problème de leur dette, a conclu le représentant.

M. CHRISTIAN TOUSSAINT (Haïti) a déclaré que le Gouvernement d'Haïti a élaboré un programme de relance et de modernisation de son économie incluant notamment un rééchelonnement de la dette extérieure du pays. Dans ce contexte, des pourparlers ont été engagés avec ses créanciers au sein du Club de Paris, mais les mesures d'allégement octroyées par les créditeurs, lors de ces négociations, sont très en dessous de ce dont la République d'Haïti aurait besoin pour dégager les capitaux indispensables au financement de son développement. Haïti, selon les termes de la résolution contenue dans le document E/1999/11 du 27 juillet 1999 du Conseil économique et social sur l'élaboration d'un programme à long terme d'aide, devrait bénéficier d'un traitement particulier en ce qui concerne sa dette extérieure. Mais la situation économique de notre pays n'est pas perçue par ses principaux créanciers comme pouvant lui permettre de bénéficier des allégements prévus par l'initiative en faveur des pays pauvres très endettés (HIPC). Le Gouvernement d'Haïti apprécie cependant à leur juste valeur les différentes mesures prises dans le cadre de l'initiative de Cologne et dans le programme du Jubilé de l'an 2000. Nous ne pouvons que nous réjouir aussi de la décision annoncée par les Etats-Unis d'annuler la dette bilatérale qui leur est due par certains groupes de pays, a poursuivi le délégué, mais nous aimerions que toutes ces propositions ne s'accompagnent pas de clauses discriminatoires et restrictives, car la dette, sous tous les cieux a les mêmes conséquences: pauvreté et instabilité sociale.

M. ALI AL-AUJALI (Libye) a rappelé que les Nations Unies ont attiré, depuis longtemps, l'attention sur les lourdes conséquences de la crise de la dette extérieure étant donné que le développement social se voyait entravé par cette crise. Aujourd'hui, nombre de pays en développement sont incapables de couvrir les besoins sociaux de base de leur population alors même que les résultats des Etats en matière de développement humain sont la pierre angulaire d'un développement économique et social durable. Les revers économiques et sociaux qui ont frappé le monde dans les années 1980 continuent d'affecter le développement des pays en développement, a estimé le représentant en se montrant particulièrement préoccupé par la chute constante des dépenses sociales dans les pays en développement. Le dénominateur commun des pays en développement, qui ont souffert de la crise de 1980, a-t-il souligné, est non seulement le fardeau de la dette extérieure mais aussi le service de cette dette. Force est de constater que la dette extérieure est bien l'obstacle le plus grave du développement des pays en développement.

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La crise en la matière est liée aux conditions imposées par les pays du Nord qui ont trouvé là le moyen de diriger les choix politiques et économiques des pays du Sud. Malgré la bonne volonté de certains créanciers, certains autres continuent de refuser de traiter, de façon intégrée, du problème de la dette extérieure. Le règlement de la question au cas par cas participe d'un traitement injuste puisqu'il oblige les pays en développement à affronter individuellement l'ensemble des créanciers. Il n'est plus surprenant de constater que les résultats de ces négociations se fassent toujours au détriment des pays en développement. Reconnaissant que différentes propositions ont été avancées, le représentant s'est dit inquiet de l'absence de volonté politique, "volonté de respecter le droit de l'être humain au développement". Cela revient, a-t-il dit, à se lamenter sur les conditions de vie des populations pauvres sans rien faire pour y remédier. La volonté politique est essentielle et il faut s'appuyer sur la conscience universelle pour réaliser l'harmonie et l'équilibre afin que les actes soient enfin conformes aux principes énoncés dans différents documents importants des Nations Unies.

M. CHOI SEOK-YOUNG (République de Corée) a déclaré que le fardeau de la dette est un poids insupportable pour les pays en développement qui veulent atteindre les objectifs de l'éradication de la pauvreté et du développement durable. L'élimination de la dette en elle-même n'est pas un but final, mais elle aidera au moins à faire sortir les pays les plus affectés de leur situation de pauvreté. A cet égard, nous devrons veiller à ce que l'allégement de la dette mène au développement humain et au bien-être social des populations. Les problèmes associés à la dette doivent être résolus de manière intégrée. Mais nous pensons que l'Initiative HIPC, malgré la bonne volonté qui la sous-tend, ne peut répondre à toutes les attentes, en raison de sa forme et de son fonds actuels. C'est pourquoi, il faudrait l'harmoniser avec l'initiative de Cologne pour pouvoir atteindre des résultats probants. La République de Corée contribuera au Fonds du HIPC établi par la Banque mondiale pour contribuer au renforcement des capacités humaines et techniques des pays pauvres. Nous estimons aussi que des politiques de développement plus cohérentes et transparentes doivent être mises en oeuvre par ces pays, en insistant notamment sur les questions sociales. La République de Corée est très sensible, d'autre part, à la situation des pays à revenu intermédiaire qui, malgré leurs efforts de réforme, voient leur situation constamment se dégrader. Les partenariats mondiaux, pensons-nous, devraient être renforcés pour donner à tous les peuples et toutes les nations une chance de s'intégrer équitablement à l'économie internationale.

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