AG/EF/262

DES DELEGATIONS RELEVENT LES INSUFFISANCES DE L'INITIATIVE HIPC ET DEMANDENT L'ANNULATION PURE ET SIMPLE DE LA DETTE

11 octobre 1999


Communiqué de Presse
AG/EF/262


DES DELEGATIONS RELEVENT LES INSUFFISANCES DE L'INITIATIVE HIPC ET DEMANDENT L'ANNULATION PURE ET SIMPLE DE LA DETTE

19991011

La Commission économique et financière (Deuxième Commission) a poursuivi ce matin son débat sur la question de la relation entre la dette et le développement ainsi que sur celle de la science et de la technique au service du développement. Selon le rapport du Secrétaire général, le surendettement des pays pauvres les plus lourdement endettés est loin d'être résolu. Les 41 pays concernés avaient à la fin de l'année 1997, une dette équivalant à 201 milliards de dollars; la dette multilatérale représentant 28% de ce total. Le Secrétaire général indique aussi que le rapport entre la dette et les exportations a atteint 345% et n'a jamais été aussi élevé. Au cours du débat, les délégations se sont félicitées du renforcement de l'Initiative HIPC et plusieurs d'entre elles ont demandé l'annulation pure et simple de la dette, affirmant que celle-ci représente un grand obstacle au développement. Telle est la position, entre autre, du Nigéria. Un Fonds d'affectation spéciale de l'Initiative, créée par le G7, est handicapé par le manque de ressources, notent le Japon et la Norvège qui demandent, en particulier aux pays industrialisés du G7, d'y contribuer sans plus tarder. Des délégations ont exprimé la crainte de voir l'Initiative HIPC se substituer à l'Aide publique au développement (APD).

Les pays suivants ont pris la parole: Fédération de Russie, Mexique, Equateur, Norvège, Turquie, Inde, Japon, Chine, Ethiopie, Ghana, Myanmar, Indonésie, Ouganda, Jamaïque, Pakistan, Tanzanie, Ukraine et Iran. Les représentants de l'UNESCO, du Saint-Siège et de la Suisse ont également pris la parole.

La Commission poursuivra ses travaux ses travaux cet après- midi à 15 heures.

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QUESTIONS DE POLITIQUE MACROECONOMIQUE

Science et technique au service du développement

Rapport du Secrétaire général (A/54/270)

Etabli en application de la résolution 52/184 de l'Assemblée générale, ce rapport décrit les activités qui relèvent des attributions de la Commission de la science et de la technique au service du développement et de son secrétariat assuré par la CNUCED. Les activités se sont articulées autour des axes suivants: les partenariats dans le domaine de la science et de la technique pour développer les capacités nationales; les biotechnologies et leurs effets sur le développement, notamment sur la production alimentaire; la formulation d'une conception commune au sujet de la contribution que la science et la technologie pourront apporter au développement; les technologies de l'information et des télécommunications; l'évaluation de politiques novatrices en matière de science et de technique; les femmes, la science et la technologie; le regroupement des ressources; et la coordination des activités menées par les organismes des Nations Unies dans les domaines scientifiques et techniques. Par sa résolution 52/184l l'Assemblée a considéré que les technologies de l'information étaient un élément indispensable à la planification, au développement et à la prise de décisions dans le domaine de la science et de la technique, et a invité les organismes compétents des Nations Unies à évaluer les moyens dont ils disposent pour fournir une aide et promouvoir la coopération dans le domaine des technologies de l'information et de la communication.

Le Secrétaire général constate dans ce rapport que l'établissement de partenariats et de réseaux d'échanges est une question qui s'inscrit dans le débat en cours concernant les politiques à suivre pour assurer la croissance et l'intégration dans une économie de plus en plus mondialisée, où le savoir occupe une place prépondérante. C'est dans ce contexte que la Commission de la science et de la technique au service du développement, a décidé de faire des "partenariats et réseaux scientifiques et technologiques pour le renforcement des capacités nationales", le thème de fond de sa quatrième période intersessions 1997-1999 et d'examiner la question en mai 1999. La Commission a établi un Groupe de travail chargé d'examiner les conséquences de ces modes de collaboration et de lui faire des recommandations quant aux orientations envisageables. Une attention particulière devrait être accordée aux partenariats dans les domaines de la biotechnologie et de l'énergie, en application des recommandations du Conseil économique et social.

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Résumant la vision commune de ses membres, la Commission considère que l'un des enjeux fondamentaux est de renforcer les capacités des pays en développement pour qu'ils puissent s'adapter aux impératifs d'un changement continu. Dans cette perspective, elle soutient sans réserve la conception commune d'un droit général à la connaissance et aux bienfaits de la science et de la technologie au service du développement. Pour renforcer les capacités, il faut élaborer des politiques nationales explicites et cohérentes en matière de science et d'innovation technique, et mettre en place des mécanismes internationaux qui sauvegardent et protègent la population mondiale et ses ressources. Mais un environnement politique et économique appropriés sont indispensables pour développer les sciences et techniques, ainsi qu'attirer des ressources humaines et financières et les conserver. Les exigences de compétitivité imposées aux entreprises partout dans le monde, ont obligé les gouvernements à concevoir des politiques plus transparentes, participatives et novatrices, et à accorder davantage d'attention à la cohérence de ces politiques et à leur incidence sur les populations et l'environnement. De nouvelles politiques et de nouveaux services seront en outre indispensables si l'on veut intégrer les femmes dans le mouvement général de transformation technologique. Il faudra éliminer tout ce qui empêche les femmes de faire des études universitaires, de poursuivre une carrière scientifique ou technique et de participer aux décisions qui orientent le changement scientifique et de manière plus générale, en déterminent l'impact sur les efforts de développement.

Crise de la dette extérieure et développement

Rapport du Secrétaire général (A/54/370)

Ce rapport sur l'évolution récente de la situation des pays en développement au regard de la dette, examine et analyse l'évolution récente de la situation des pays en développement au regard de la dette, ainsi que les initiatives nouvelles lancées par la communauté internationale pour faire face aux problèmes d'endettement des pays en développement. Depuis la publication du dernier rapport du Secrétaire général sur la question (A/53/378), le problème de la dette extérieure des pays pauvres très endettés (PPTE) est resté dans une large mesure sans solution. Toutefois, lors de leur Sommet à Cologne en juin 1999, les pays du G7 sont convenus d'un certain nombre de mesures visant à donner un nouvel élan à l'Initiative en faveur des PPTE, en accélérant et en élargissant l'allégement de le dette. La phase la plus grave de la crise de liquidités dans les pays en développement à revenu intermédiaire a été dépassée, et les économies d'Asie ont enregistré une relance modeste, bien qu'ils doivent toujours faire face aux problèmes de l'endettement du secteur privé. Le G7 a également examiné les propositions visant à faire participer davantage le secteur privé à la gestion et à la prévention des crises.

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A la fin de l'année 1998, le montant de la dette extérieure des pays en développement et des pays en transition était de 2 500 milliards de dollars, soit une augmentation de 6% par rapport au niveau de 2 300 milliards de dollars en 1997. L'endettement à court terme a été réduit et représentait moins de 17% du total, par rapport à 20% en 1997. Le montant total du service de la dette payé n'a pratiquement pas changé, alors que les arriérés de paiements sur les intérêts et le principal ont augmenté légèrement. Le service de la dette payé par rapport au total du service de la dette prévu représentait environ 71%. La répartition de la dette entre les différentes régions de pays en développement et en transition n'a pas changé de manière significative. L'Amérique latine représentait 30% du total, alors que la part de l'Asie avait augmenté en passant à 35%, et l'Afrique, ainsi que le Moyen-Orient et l'Europe orientale et l'Asie centrale avaient maintenu leurs parts respectives de 17% et 18%. La dette des deux sous-régions de l'Asie, - Asie de l'Est et Pacifique et Asie du Sud -, a augmenté de plus de 6%. Les pays d'Amérique latine, pour leur part, ont été ébranlés par plusieurs crises successives provenant d'Asie de l'Est et de la Fédération de Russie. La plupart de ces pays ont traversé une période de récession pendant le deuxième semestre de 1998 en raison d'une forte réduction de l'accès au financement extérieur et d'une baisse des prix des produits de base. En Afrique, les pays d'Afrique subsaharienne continuent de souffrir d'un lourd fardeau de la dette. La plupart des PPTE se trouvent dans cette région. Outre les problèmes posés par le montant total de la dette, les pays africains ont été affectés par la baisse continuelle des prix des produits de base, qui a exercé des pressions supplémentaires sur leur situation budgétaire. Le service de la dette représentait près de 15% des exportations, mais 1/5ème à peine du service de la dette prévu était payé, et le reste représentait des arriérés accumulés sur les paiements au titre des intérêts et du principal. Les 41 pays pauvres très endettés figurant sur la liste de l'initiative PPTE, à l'exclusion du Nigéria, avaient une dette dont l'encours total équivalait à 201 milliards de dollars à la fin de 1997. Quant aux pays à revenu intermédiaire, la détérioration que certains d'entre eux ont connue, pourrait faire apparaître des cas d'insolvabilité, ou d'incapacité par le débiteur d'exécuter intégralement ses obligations de service de la dette. Ces cas de figure ne seraient pas causés par un manque de recettes temporaire, mais par un problème plus structurel, causé par la difficulté de se procurer, dans le long terme des recettes suffisantes pour honorer le service de la dette. En Fédération de Russie, la très grave crise de la dette, qui a abouti à la déclaration d'un moratoire sur son remboursement en août 1998, a eu des répercussions étendues, non seulement sur ses voisins d'Europe orientale, mais aussi sur les marchés émergents en raison du resserrement des conditions financières offertes par les marchés internationaux de capitaux qui en ont résulté.

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Pour l'examen de cette question, la Commission était également saisie d'une lettre datée du 28 juin 1999 (A/54/170), adressée au Secrétaire général par le Représentant permanent du Kenya auprès de l'organisation des Nations Unies transmettant le communiqué final du quatrième Sommet de la Conférence des chefs d'Etat et de gouvernement du Marché commun pour l'Afrique de l'Est et l'Afrique australe (COMESA), qui s'est tenu à Nairobi les 24 et 25 mai 1999 sous le thème "Compte à rebours vers la zone de libre-échange du COMESA: 31 octobre 2000; d'une lettre datée du 9 juillet 1999 (A/54/175), adressée au Secrétaire général par le Chargé d'affaires par intérim de la Mission permanente de la Jamaïque auprès de l'organisation des Nations Unies transmettant le communiqué commun du Groupe des Quinze, adopté lors du Sommet des chefs d'Etat et de gouvernement des Quinze, tenu à Montego Bay (Jamaïque), du 10 au 12 février 1999; d'une lettre datée du 5 mai 1999 (A/54/94-S/1999/158), adressée au Secrétaire général par les Représentants permanents de l'Azerbaïdjan, de la Géorgie, de l'Ouzbékistan, de la République de Moldova et de l'Ukraine auprès de l'Organisation des Nations Unies transmettant le texte de la déclaration adoptée, le 24 avril 19999, à Washington par, par les Présidents de la République azerbaïdjanaise, de la Géorgie, de la République de Moldova, de la République d'Ouzbékistan et de l'Ukraine; et d'une lettre datée du 29 décembre 1998 (A/54/56), adressée au Secrétaire général par les Représentant permanents du Bélarus et de la Fédération de Russie auprès de l'Organisation des Nations Unies transmettant la déclaration conjointe du Président de la République du Bélarus et du Président de la Fédération de Russie, de la Déclaration sur la consolidation de l'union entre la Russie et le Bélarus et du Traité entre la Fédération de Russie et la République du Bélarus sur l'égalité des droits des citoyens, signés à Moscou le 25 décembre 1998 par M. A. G. Loukachenko, Président de la République du Bélarus et M. B. Eltsine, Président de la Fédération du Russie.

Débat général (fin)

M. NIKOLAI V. TCHOULKOV (Fédération de Russie) a déclaré que la décision de faire du renforcement des ressources humaines un thème de fond des travaux de la Commission de la science et de la technique au service du développement vient à point nommé et doit rapidement être mise en oeuvre pendant la période intersessions 1999-2001. Deux aspects des usages des biotechnologies posent des inquiétudes. Premièrement la perte de la biodiversité, résultant de la transition vers l'usage d'un nombre limité de semences, et la menace posée à la santé humaine, à la biodiversité et à l'environnement naturel dans son entier comme conséquence de la prolifération d'organismes génétiquement modifiés. La Commission devrait accomplir sa tâche à la fois sous l'angle de l'application de la biotechnologie et sous celui d'une réflexion sur l'usage du génie génétique, en vue de résoudre la question de la sécurité alimentaire et de trouver une solution au besoin de mettre en place un cadre législatif en vue de prévenir les influences et les retombées négatives de la biotechnologie sur la santé humaine, la sécurité biologique et les écosystèmes.

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M. MAURICIO ESCAMERO (Mexique) a observé que les grands progrès que le monde a fait dans les domaines des télécommunications et de l'information exigent que les pays en développement bénéficient d'une mobilisation de ressources financières pour renforcer leurs capacités endogènes. Il faudra que l'ONU renforce les travaux de la Commission de la science et de la technique, si l'on veut leur donner une change de s'intégrer à l'évolution actuelle et aux nouveaux échanges mondiaux. le Groupe de Rio estime que cette Commission doit devenir un outil au service des pays les plus défavorisés qui doivent, à travers le résultats de ses travaux, bénéficier des transferts de technologie dont ils ont tant besoin.

M. MARIO ALEMAN (Equateur) a estimé que la crise de la dette extérieure constitue l'un des obstacles les plus graves au développement des peuples des pays en développement. Depuis sa prise de fonction en 1998, le nouveau Président de mon pays n'a cessé d'insister sur la nécessité pour la communauté internationale de travailler ensemble à la solution de cette crise, conscient que les pays ne peuvent rien individuellement, a observé le représentant en indiquant que le Président équatorien a donc lancé un appel à la réflexion en invoquant la solidarité. C'est dans ce contexte, que l'Equateur a appuyé les propositions des chefs d'Etat du G7 qu'il a interprétées comme une manifestation de solidarité à l'égard des pays comme l'Equateur qui ont attaqué de pied ferme les crises résultant des catastrophes naturelles et les crises financières de 1997 et de 1998. Le phénomène El Niño a détruit une bonne partie de l'infrastructure productive du pays et occasionné des pertes chiffrées à 15% du PNB pour 1998. Aujourd'hui, 42% du budget national du pays est destiné au paiement du service de la dette extérieure alors même que la dette publique correspond au PNB annuel, soit 315% des exportations de 1998. L'Equateur est donc l'un des pays les plus lourdement endettés du monde. A ces chiffres, il faut ajouter les effets de la crise internationale qui a mis le pays dans l'impossibilité d'honorer le lourd service de la dette et de faire face à la chute dramatique des prix des produits à l'exportation. En juillet dernier, le Président équatorien a lancé un appel aux chefs d'Etat du G8 pour qu'ils examinent le cas de l'Equateur et participent aux démarches visant à trouver un mécanisme à la crise de la dette, conformément au principe de la responsabilité partagée entre créanciers et débiteurs. A cet égard, l'Equateur a déjà recouru au mécanisme permettant le report d'un mois du remboursement du service de la dette. Si l'Equateur honore ses obligations de bonne foi et dans les limites de ses ressources, il souligne cependant que le fardeau de la dette ne peut continuer de faire obstacle aux aspirations légitimes du peuple. A l'heure actuelle, la pauvreté a atteint 61,5% d'Equatoriens dont 15,6% sont au chômage. Quatre Equatoriens sur 10 vivent avec un revenu de moins de 2 dollars par jour et 2 sur 10 touchent moins d'un dollar par jour.

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Il semble donc évident que les mesures de réajustement et de restructuration économiques seront conditionnées par les objectifs du développement social. Dans ce contexte, l'Equateur fait appel à la coopération des créanciers et des organismes financiers internationaux pour trouver une solution à la crise de la dette extérieure sur la base de l'équité, de la responsabilité et de la solidarité.

M. OLE PETER KOLBY (Norvège) s'est félicité de la décision de la Banque mondiale et du FMI de renforcer l'Initiative HIPC en faveur des pays les plus lourdement endettés pour assurer un allégement de la dette plus rapide, plus substantiel et plus élargi aux pays concernés. Le représentant a toutefois souligné l'importance qu'il y a à ce que l'intégrité financière des institutions multilatérales ne soient pas compromise par leur participation au financement de l'Initiative HIPC renforcée. Il a ainsi jugé inacceptable de laisser d'autres pays subir les conséquences du mécanisme HIPC renforcé en les privant du financement alloué par l'Association internationale du développement (AID) dont ils auraient bénéficié. Au cours des réunions de Washington, la Norvège n'a épargné aucun effort pour maintenir les autres mécanismes des institutions financières multilatérales tels que l'AID. Au niveau national, la Norvège a décidé d'annuler 100% de la dette commerciale due par les pays éligibles à l'Initiative HIPC. La question de la pauvreté est multidimensionnelle, a poursuivi le représentant, en saluant le consensus émergeant sur le lien entre la lutte contre la pauvreté et les questions macroéconomiques. Les gouvernements nationaux doivent assumer la responsabilité de mettre en place des politiques macroéconomiques, structurelles et sociales favorables à la croissance et contribuant à la lutte contre la pauvreté. Les stratégies de lutte contre la pauvreté doivent, en conséquence, être élaborées par les pays eux-mêmes et en collaboration étroite avec la Banque mondiale et le FMI. A cet égard, un fonds d'affectation à été créé à la Banque mondiale pour renforcer la capacité des pays les plus lourdement endettés et celle de la Banque mondiale dans l'analyse des dépenses du secteur public. Le financement des mécanismes multilatéraux d'allégement de la dette doit être fondé sur une formule plus raisonnable et plus transparente en termes de partage des coûts, a souligné le représentant. Jusqu'à présent, un groupe restreint de pays a fourni une part disproportionnée des ressources nécessaires. La Norvège, les autres pays scandinaves, les Pays- Bas et la Suisse ont fourni près de 70% des contributions bilatérales au fonds d'affectation de l'Initiative HIPC. La Norvège tient à rappeler que le financement de l'Initiative incombe à tous les membres du G7 - architectes de l'Initiative de Cologne. Le représentant a conclu sa déclaration en attirant l'attention de la communauté sur la situation des pays à revenu intermédiaire et sur le fait que les politiques d de la dette ne suffiront pas à réaliser l'objectif visant à diminuer la pauvreté de moitié d'ici 2015. Le Gouvernement norvégien a ainsi élaboré un plan visant à accroître graduellement l'APD de 0,8% à 1%.

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M. OLESEGUN AKINSANYA (Nigéria) a déclaré que seul un pays, le Mali, avait, parmi les 12 qui ont été cités comme éligibles à l'initiative en faveur des pays pauvres très endettés (PPTE), atteint le point de décision qui lui permettra de bénéficier de cette mesure. L'initiative HIPC se révèle donc peu adaptée aux besoins d'allégement de la dette des pays en développement. Nous demandons que les conditions d'éligibilité en soient assouplies, vu l'insolvabilité de la dette des pays africains notamment, qui s'élève à 225 milliards de dollars. C'est pour cette raison que le Président du Nigéria a fait une série de propositions concrètes. Nous demandons, sous l'angle de ces propositions, qu'aussi bien les créditeurs que les débiteurs reconnaissent qu'ils partagent la responsabilité de cette dette, qui a été contractée dans des conditions morales douteuses. Nous demandons son annulation pure et simple, et non simplement sa réduction ou son rééchelonnement. Nous demandons aussi que l'allégement de la dette ne s'accompagne pas de difficiles conditionnalités d'ajustement structurel, et nous demandons une annulation de la dette qui bénéficierait réellement aux pauvres.

Le Nigéria estime, d'autre part, que tout devrait être mis en oeuvre pour arrêter la fuite illégale de capitaux qui affecte l'Afrique. Une action internationale énergique doit être entreprise pour que l'Afrique récupère ses fonds illégalement transférés à l'étranger, et le Nigéria, à cet égard, demande la mise en place d'une convention internationale sur le rapatriement vers l'Afrique de tous ses capitaux détenus par les banques occidentales. Nous estimons que ce genre de convention est largement à la portée de la communauté internationale, qui devrait obliger les banques à révéler les sources des transferts qu'elles détiennent.

M. BURAK OZURGERGIN (Turquie) a salué les nouvelles initiatives d'allégement de la dette extérieure telles que l'Initiative de Cologne, le renforcement de l'Initiative HIPC et le nouveau mécanisme d'élimination de la pauvreté et de la croissance. Ces initiatives, a-t-il dit, montrent le consensus sur le lien entre l de la dette et la lutte contre la pauvreté. La notion selon laquelle les fonds libérés par le service de la dette doivent être redistribués dans les stratégies d'action sociales a finalement commencé à dominer la pensée commune, a souligné le représentant avec une certaine satisfaction. Sur le plan national, a-t-il poursuivi, des politiques de développement transparentes, démocratiques et participatoires impliquant la société civile, doivent venir compléter l'équation. Le renforcement des capacités, et en particulier, les stratégies favorables aux souches les plus pauvres de la société, doivent être intensifiées, a souhaité le représentant tout en mettant l'accent sur les nécessaires réformes structurelles du système bancaire et du secteur agricole et sur les politiques de privatisation pour autant qu'elles mettent davantage l'accent sur l'aspect social. Le représentant a conclu en soulignant que sans ces réformes, l de la dette ne suffira pas à apporter des changements à long terme à la situation de pays en développement.

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M. M. G. K. MENON (Inde) a dit que le plus grand défi auquel fait face la communauté internationale est celui de la mobilisation de la science et de la technologie pour faire face aux crises de santé publique, de productivité agricole, de dégradation de l'environnement et d'accroissement démographique, qui affectent les pays en développement. La recherche et le développement scientifique sont malheureusement orientés que vers les soucis des pays riches, et vers la solution de leurs problèmes. Le système international actuel ne répond donc pas aux besoins pourtant vitaux des pays en développement en matière de science et de technologie. Si la révolution électronique et informatique semble avoir annulé le concept de frontières tel qu'on le connaissait, nous pensons cependant qu'un nouveau mur invisible est en train de se créer entre riches et pauvres en matière d'usage et de transfert des connaissances. Dans un marché mondial de plus en plus interdépendant, les pays pauvres se retrouvent complètement exclus des échanges qui se font sans leur participation du fait de leur faible niveau technique et d'éducation. Les Nations Unies doivent faire face à ces disparités naissantes, pour éviter une plus grande marginalisation des pays en développement.

M. KOICHIRO SEKI (Japon) a souligné qu'au cours de ces dernières années, les programmes d'allégement de la dette extérieure du Japon se sont chiffrés à quelque 3 milliards de dollars. Il a annoncé l'intention de son pays d'annuler 100% de la dette bilatérale due par les pays éligibles à l'Initiative HIPC renforcée. Pour ce qui est des prêts accordés en dehors de l'APD, le Japon entend aller, si nécessaire, en-deça du plafond de 80%. Ce faisant, le Japon se hissera à la tête des pays les plus généreux en matière d'allégement de la dette. Le représentant a poursuivi en indiquant que la contribution de son pays au fond d'affectation de l'Initiative HIPC a déjà dépassé les 70 millions de dollars, ce qui fait du Japon un des rares pays à fournir aux institutions multilatérales de développement les sommes nécessaires à l'Initiative. Le représentant a indiqué que l'allégement de la dette ne constitue pas un objectif en soi. Au contraire, le Japon cherche à aider les pays concernés à retourner sur la voie du développement durable. Il est donc important que les pays concernés soient les véritables propriétaires des solutions aux problèmes auxquels ils sont confrontés et qu'ils assurent une gestion appropriée de leurs économies ainsi qu'une mise en oeuvre complète des réformes économiques.

Le Japon juge donc essentiel que les pays en développement renforcent leur capacité de gestion de la dette et que la communauté internationale fournisse la coopération technique requise. C'est la raison pour laquelle, en collaboration avec le Kenya, le FMI et le PNUD, le Japon a organisé en août dernier à Nairobi, un séminaire sur la gestion de la dette. Il entend d'ailleurs, dans un avenir proche, organiser des ateliers en la matière à Singapour. Le représentant a conclu en jugeant essentiel que toutes les ressources épargnées grâce aux mesures d'allégement de la dette soient redistribuées dans le secteur social.

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Mme DONG GUILAN (Chine) a dit que la Commission de la science et de la technique au service du développement (CSTD) avait bien identifié dans son rapport les besoins actuels de la majorité des pays de la planète en matière de technologie. Mais nous espérons que la Commission étudiera plus avant les besoins des pays en développement en matière de technologie dans le cadre de la mondialisation, et que les Nations Unies soutiendront plus la CSTD pour qu'elle puisse mieux jouer son rôle. La science et la technologie sont créateurs de richesses et de bien-être, mais dans ce domaine, l'écart entre riches et pauvres, s'est énormément creusé. La science et la technologie sont les clefs de nombreux problèmes auxquels fait face le monde. L'ONU a des responsabilités cruciales en matière de maintien de la paix et de développement, mais elle n'a pas suffisamment appuyé les revendications des pays en développement qui demandent depuis longtemps la levée des mesures qui mettent des obstacles aux transferts de technologie.

La Chine a consacré cette année 106 milliards de Yuans en matière de recherche scientifique et technique. Les mesures pratiques mises en oeuvre en matière de recherche scientifique ont contribué à l'amélioration de la situation économique et sociale de notre pays, a poursuivi la représentante. Concernant la dette, la Chine estime que le chemin qui mènera à la solution de cette question est encore long. Nous attendons des pays riches qu'ils prennent des actions concrètes pour passer des discours à la réalité.

M. BREHANU KEBEDE (Ethiopie) a fait part de certains éléments qui, selon lui, sont susceptibles de renforcer davantage l'Initiative HIPC. Il a d'abord proposé de raccourcir le calendrier de mise en oeuvre à trois ans afin que le dernier allégement de la dette coïncide avec le premier examen de la mise en oeuvre de la Facilité d'ajustement structurel renforcé (FASR) qui se fait également au bout de trois ans. Le représentant a également estimé que l'Initiative devrait se fonder sur des critères économiques plutôt que sur des critères politiques. Les performances des politiques et des programmes FASR devraient donc être les seuls critères d'éligibilité. Pour que l'Initiative influence favorablement le développement des ressources humaines et la lutte contre la pauvreté, la part des revenus fiscaux consacrés au service de la dette doit être drastiquement diminuée, a estimé le représentant en rappelant que le plafond prévoyant d'allouer un quart des revenus au remboursement du service de la dette est bien plus élevé que le plancher fixé à 20% pour les dépenses sociales. Le représentant a, par ailleurs, appelé les partenaires des pays endettés à annuler la dette bilatérale. Il a conclu en se félicitant du lien établi désormais entre allégement de la dette et lutte contre la pauvreté en précisant toutefois que les stratégies et les programmes en la matière doivent demeurer sous la responsabilité des gouvernements nationaux.

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M. KWABENA OSEI-DANQUAH (Ghana) a déclaré qu'il était du devoir des Nations Unies de continuer à faire pression sur les dirigeants politiques pour que les faits s'accordent aux discours en ce qui concerne la question de la dette. Le Ghana pense que la société civile et des initiatives comme celles du Jubilé 2000, peuvent aider l'ONU à faire entendre le message de l'allégement de la dette. La solution au problème de la dette doit être trouvée dans le cadre des conditions que les pays en développement veulent créer pour faciliter la croissance de leurs économies. Sur cette question, le problème de l'accès aux marchés est crucial, et nous sommes reconnaissants à M. Michel Camdessus, le Directeur général du Fonds monétaire international, de partager ce point de vue. Nous notons avec regret que l'un des membres du G7 a conditionné son offre de réduction de la dette à une élimination virtuelle de son aide au développement aux pays qui se porteraient candidats à l'initiative de Cologne. Concernant la proposition qui va dans le sens d'une réduction de 80% du montant de la dette, nous soutenons la position des Ministres africains des finances, qui ont avancé que les pays riches devraient aussi faire bénéficier les pays pauvres très endettés d'un abattement de 90% sur toutes leurs autres dettes bilatérales. Nous soutenons aussi un débat sur la réduction ou l'élimination de la dette des pays à revenu intermédiaire, car nous pensons que cette approche les aiderait à réduire les coûts sociaux des réformes économiques qu'ils appliquent en ce moment.

M. THANE MYINT (Myanmar) s'est félicité de la multiplication du processus continu visant à réexaminer et à modifier l'Initiative HIPC. Depuis qu'elle a été lancée, il y a trois ans, cette Initiative n'a touché qu'un nombre limité de pays et a produit des résultats mitigés. Il s'est très vite avéré pour certains pays que les politiques d'ajustement structurel ont été néfastes aux peuples mêmes que les programmes d'allégement de la dette étaient sensés aider. Le représentant a poursuivi en souhaitant que ces programmes soient placés dans le contexte plus large de stratégies de lutte contre la pauvreté, qui doit rester le premier objectif. Les politiques d'allégement de la dette doivent donc être mises en oeuvre de manière à encourager le développement potentiel des pays pauvres. Elles doivent viser l'amélioration du bien-être social et non prolonger les souffrances par l'imposition de conditions indues. Le développement durable est la seule alternative à l'élimination de la pauvreté, a insisté le représentant avant de rappeler que la dette due par les 42 pays pauvres est estimée aujourd'hui à 216 milliards de dollars. Bien que cette somme soit importante, a dit le représentant, il ne faut pas oublier qu'elle ne représente que le quinzième des plus de 5 000 milliards de dollars qui circulent sur les marchés boursiers des pays riches. Dans ces circonstances, l'annulation pure et simple de la dette doit être l'objectif final.

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M. SUSANTO SUTOYO (Indonésie) a déclaré que sa délégation souhaite que soit créé un poste de coordonnateur sur la question de la science et de la technique sein du système de l'ONU. L'Indonésie se félicite, sur cette question, de l'existence du Groupe de travail à composition non limitée sur l'informatique, et elle est satisfaite des différents travaux et réunions qui se sont tenus sur la question. Mais les efforts déployés devraient désormais, plus que dans le passé, être conduits sous les mandats respectifs et les compétences des divers organes du système de l'ONU.

Concernant la question de la dette, son poids continue d'être un obstacle majeur au décollage économique des pays du Sud. Les contraintes du service de la dette sont telles que les gouvernements n'arrivent même plus à assurer leur devoir en matière de santé et d'éducation, et ces contraintes ont encore été aggravées par la mondialisation et par les crises financières qui ont donné à la crise de la dette une toute autre dimension, en faisant naître des problèmes de liquidité. Nous pensons qu'une solution durable et effective à la question de la dette devrait mettre l'accent sur deux aspects du problème. Premièrement, il faut renforcer les mesures de réduction et d pour permettre aux pays endettés de sortir du cycle de rééchelonnement dans lequel ils sont enfermés et de jeter les bases d'un développement durable. Ensuite, la communauté internationale devrait s'assurer que l'économie mondiale est basée sur des critères de durabilité, et qu'un environnement plus prometteur soit promu en matière d'exportations et d'accès aux marchés.

M. MAURIZIO IACCARINO, Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture (UNESCO), a fait part des résultats de la Conférence mondiale de la science, organisée à Budapest en juin dernier, avec le concours du Conseil international de la science de l'UNESCO à Budapest. La Conférence avait pour but d'offrir une tribune pour discuter des moyens par lesquels la science peut répondre aux aspirations de la société. La Conférence a fourni l'occasion de plaider pour le rôle plus important que la science doit avoir dans les programmes internationaux. Le caractère composite de la Conférence a été à la base de son succès. En effet, plus de 150 pays ont envoyé des délégations à Budapest. Des organisations du système des Nations Unies, d'autres organisations intergouvernementales et des ONG ont également répondu présent. Plusieurs institutions spécialisées des Nations Unies ont participé à l'élaboration du programme de la Conférence ainsi qu'à la rédaction des principaux documents. Ces documents que sont la Déclaration sur la science et l'utilisation de la connaissance scientifique et le Programme d'action ont été adoptés à l'unanimité par les participants à la Conférence. Les deux textes jettent les fondements d'une alliance plus renforcée avec le monde scientifique. Le représentant a conclu sur le rôle important que la Conférence a joué pour donner un nouvel élan à la mise en oeuvre des politiques relatives à l'utilisation de la science et de la technique au service du développement.

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M. CHARLES EGOU-ENGWAU (Ouganda) a dit que l'Afrique et les pays pauvres très endettés n'ont pas bénéficié au cours des dernières années de transferts de capitaux pour pouvoir améliorer leur situation économique. L'Ouganda pense que la crise de la dette s'inscrit dans le cadre plus vaste de la crise du développement. De nombreuses initiatives ont été lancées pour faire face à la question, mais le manque de concertation et de coordination rend ces initiatives peu efficaces. La réponse au problème de la dette doit prendre en considération un certain nombre de questions liées au commerce, aux investissements, à la finance et au renforcement des capacités humaines et techniques. L'Ouganda pense, d'autre part, que la recherche de solutions doit respecter les conditions spécifiques et particulières de chaque pays et de chaque région, et devrait traiter des causes de l'insolvabilité de la dette, qui sont essentiellement liées à l'incapacité de réaliser de bonnes performances économiques. Concernant la question de la science et de la technique au service du développement, nous pensons que la connaissance humaine est la première force et le premier outil qui permettent aux sociétés de maîtriser et de développer leur environnement. Les avancées technologiques aujourd'hui, dans le domaine notamment de la communication et des biotechnologies, ont malheureusement abandonné sur le bord du chemin une bonne partie des pays du monde, qui ne peuvent donc tirer avantage des opportunités offertes. Nous sommes convaincus que les Nations Unies peuvent jouer un rôle dans la promotion du partage des connaissances et de la technologie, mais, comme le souligne le Secrétaire général dans son rapport, les efforts dans ce domaine sont trop dispersés. Une meilleure coordination par conséquence s'impose.

M. DAVID PRENDERGAST (Jamaïque) a abordé la question de la science et de la technique au service du développement. Il a indiqué que son Gouvernement est de plus en plus conscient que les politiques en la matière encouragent la création d'un système générateur d'innovations et de connaissances et dans une plus large mesure, une entrée réussie dans le système de mondialisation. Le Gouvernement a reconnu qu'étant donné les défis de la mondialisation et de la libéralisation, la mise en oeuvre des politiques relatives à la science et à la technique ne peut que renforcer sa compétitivité. Ainsi, en collaboration avec l'Organisation des Etats américains, la Jamaïque a participé à la première tentative de l'hémisphère de développer une approche unifiée d'élimination de la pauvreté en recourant à la science et à la technique. La question est de déterminer comment la science et la technique peuvent être utilisées au service de la lutte contre la pauvreté. Le projet implique une interaction avec les petits fermiers pour évaluer la manière dont des changements techniques même modestes peuvent contribuer à la solution de leur problèmes et accroître et élargir leur productivité. De plus, le Gouvernement a encouragé un partenariat avec le secteur privé dans les domaines de la recherche et du développement.

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Reconnaissant la nécessité dans cette ère de mondialisation de surveiller étroitement les mouvements des capitaux, les tendances commerciales et la disponibilité des connaissances, le Gouvernement a jugé utile de développer un système de "techno- intelligence" consistant en l'établissement d'un réseau d'organisations et d'organes dans le monde pour analyser les informations et prendre des décisions appropriées. Le représentant a conclu en plaidant pour une coopération accrue en matière de transfert de technologie.

Mgr RENATO R. MARTINO (Saint-Siège) a rappelé que le Pape Jean-Paul II a constamment lancé des appels pour que le plus grand nombre possible de pays bénéficient de la plus grande réduction possible de leur dette. Il faudra à cet effet que les engagements que prennent les pays riches en vue de résoudre ce problème soient rapidement tenus. Les riches ont une responsabilité particulière à cet égard, et l de la dette devrait se faire sur des bases durables, en atteignant un montant qui mettrait les pays pauvres à l'abri de toutes crises à long terme et redonnerait confiance aux investisseurs à leur endroit. Des objectifs de développement internationalement reconnus devraient être mis en oeuvre, notamment ceux liés aux résultats de la Conférence de Copenhague sur le développement humain. On ne peut demander aux gouvernements des pays en développement de renoncer à satisfaire les besoins sociaux de leurs populations, comme on a tenté, à tort, de le faire ces derniers temps. L de la dette et la lutte contre la pauvreté vont de pair, et des fonds doivent être assurés pour que les initiatives récemment prises en faveur de la réduction du fardeau de la dette soient rapidement mises en exécution. Le niveau élevé de bonne volonté qui entoure la célébration prochaine de l'année 2000 comme année du Jubilé, nous fait espérer qu'à cette occasion, pour une fois, les générations d'aujourd'hui seront capables de faire un grand geste pour que le monde de demain soit moins affecté par la plaie de la pauvreté. Nous terminerons par ces mots du Pape Jean-Paul II :" J'en appelle aux nations les plus puissantes pour qu'elles ne laissent pas passer l'occasion unique de l'Année du Jubilé sans prendre les décisions critiques qui permettront de mettre fin à la question de la dette".

M. MIAN ABDUL WAHEED (Pakistan) est revenu sur l'Initiative de Cologne prise par le G7 pour regretter que cette série de mesures n'allègent que de moitié le fardeau de la dette des pays très endettés qui totalisent quelque 207 milliards de dollars. De plus, a fait remarquer le représentant, dans la plupart des cas, les intérêts des dettes qui doivent être annulées n'existent déjà plus. En fait, aucun changement majeur n'interviendra dans le remboursement annuel du service de la dette. Le représentant a poursuivi en déplorant aussi que les pays éligibles à l'Initiative HIPC renforcée aient été appelés à déployer des efforts exceptionnels afin de réaliser les objectifs fixés par le FMI même si, a-t-il ajouté, le menu de "laissez-faire" traditionnel du FMI a, dans certains cas, fait plus de mal que de bien.

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Aussi longtemps que l'allégement de la dette sera lié à l'ajustement structurel, l'objectif visant à dégager des ressources pour le développement restera hors de portée, a souligné le représentant avant de s'arrêter sur la situation particulière de son pays. Le Pakistan, a-t-il dit, pays à revenu intermédiaire est également confronté à de graves problèmes de dette extérieure.

Le rapport entre sa dette et son PNB est de 37% et de 203% celui entre sa dette et ses exportations. Partant, sur 100 dollars gagnés grâce à l'exportation, 36 vont au remboursement du service de la dette. Le rapport entre le service de la dette et les revenus du Gouvernement approche les 31,5%. Le représentant a souligné que le problème de la dette des pays à revenu intermédiaire n'est pas seulement préjudiciable à leur croissance économique mais également au bon fonctionnement de l'économie mondiale, comme l'a montré la crise de la dette extérieure qui a frappé l'Amérique latine dans les années 80.

En 1998, a poursuivi le représentant, le Pakistan a eu des difficultés à rembourser le service de sa dette en raison des sanctions qui lui ont été imposées à la suite des essais nucléaires. Malgré la décision du Président pakistanais de créer un fond de la dette pour payer les dettes à court terme les plus coûteuses, le Pakistan continue de faire face au fardeau de la dette qui devient rapidement insupportable. En janvier 1999, le Club de Paris a fini par réaliser le caractère critique de la situation et prolonger les termes du rééchelonnement minimum et à long terme conformément aux mécanismes prévus pour les pays à revenu intermédiaire ayant les revenus les plus bas. Le représentant a conclu sa déclaration sur la situation des pays les plus lourdement endettés en se demandant si les pays les plus riches entendent continuer à se complaire dans la prospérité alors que les pays endettés sont au bord du fossé.

M. OLIVIER CHAVE (Suisse) a déclaré que la Suisse a reconnu il y a dix ans la nécessité de trouver des solutions durables au problème de l'endettement. Elle a créé à cet égard le Fonds suisse de désendettement, un mécanisme bilatéral, financièrement substantiel et appliquant des approches institutionnelles très flexibles. Les expériences issues des travaux de ce Fonds nous ont convaincu de la pertinence du lien entre désendettement et lutte contre la pauvreté. Elles ont aussi montré la complexité de la mise en oeuvre institutionnelle et opérationnelle des actions d'allégement de la dette. La Suisse s'est engagée dans l'Initiative HIPC en vue d'aider les pays les plus endettés et nous avons versé 30 millions de dollars au fonds HIPC de la Banque mondiale, en nous engageant en même temps à fournir un soutien substantiel au Fonds de la Facilité d'ajustement structurel renforcée du FMI. Notre pays s'est aussi engagé pour que le financement du HIPC soit plus effectif, et pour que des actions énergiques soient entreprises pour identifier et assurer des ressources à cette initiative.

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M. DAUDI N. MWAKAWAGO (République-uni de Tanzanie) a indiqué que la dette extérieure de son pays s'élevait au mois de juin dernier à 7 987,9 millions de dollars et déjà à 8 072,5 millions un mois plus tard. L'augmentation de 1,2% représente l'intérêt sur l'accroissement de la dette principale en dépit du fait qu'aucun nouveau prêt n'a été accordé au cours de cette période. Actuellement, la Tanzanie dépense cinq fois plus en service de la dette que dans les secteurs de la santé et de l'éducation. Ce type de dépenses, a dit le représentant, constitue une contradiction flagrante des théories du développement et une négation complète des recommandations du Sommet social de Copenhague. Tout en se félicitant des initiatives prises dernièrement, le représentant a dit craindre que la seule manière de régler définitivement le problème de la dette consiste en son annulation pure et simple. Saluant toutefois le renforcement de l'Initiative HIPC, le représentant s'est montré préoccupé par les problèmes de financement qu'elle rencontre déjà. Il a émis l'espoir que ces problèmes comme ceux liés aux conditions d'éligibilité seront réglés aussitôt que possible. Il a également souhaité que l'Initiative HIPC renforcée ne soit pas considérée comme un substitut de l'assistance bilatérale et que le Fonds d'affectation ne soit pas financé par une redistribution des sommes destinées à l'assistance.

M. VOLODYMYR RESHETNIAK (Ukraine) a déclaré que les tendances actuelles de l'économie mondiale donnent beaucoup plus de chances aux pays qui sont capables d'apporter des innovations régulières à leurs méthodes de travail et de production, c'est-à- dire à ceux qui sont susceptibles de mettre en oeuvre les dernières évolutions de la science et de la technologie. Une des priorités devrait être désormais d'établir des interrelations entre ceux qui créent la connaissance moderne, soutiennent et financent la recherche scientifique, et ceux qui la transforment en outil opérationnel pour en faire un usage pratique. Combler le fossé entre les pays générateurs de nouvelles technologies et ceux qui en ont besoin sera le plus grand défi auquel la communauté internationale aura à faire face au cours des prochaines années. L'assurance d'un accès aux techniques nouvelles en vue de promouvoir un développement durable de toutes les nations doit être au centre de notre ordre du jour, a ajouté le représentant. L'Ukraine apprécie le contenu des rapports soumis sur la question de la science et de la technique au service du développement, et elle soutient les décisions adoptées par la Commission chargée de cette question lors de sa 4ème session. Nous sommes particulièrement sensibles aux conclusions et recommandations concernant le développement de la coopération internationale dans le domaine des biotechnologies, les découvertes en ce domaine pouvant, si elles sont utilisées dans le respect du droit international, grandement améliorer le sort de l'humanité.

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M. MOHAMMAD ALI ZARIE ZARE (Iran) a estimé que le partenariat dans le domaine de la science et de la technique entre les entreprises nationales et les entreprise du Nord est devenu un canal de choix pour le transfert de technologie et la base du renforcement des capacités nationales. La communauté internationale a donc un rôle important à assumer en créant et en élargissant des mécanismes pour faciliter et appuyer le transfert de technologie. L'équilibre entre la liberté de transfert et l'échange d'informations scientifiques, d'une part, et les droits de propriété intellectuelle, d'autre part, est une autre question importante qui exige plus d'attention. Un tel équilibre doit viser à maintenir l'ouverture traditionnelle et la liberté du monde scientifique et ne pas limiter l'accès aux nouveaux savoir- faire ni accroître les coûts de la technologie. Il convient aussi, a dit le représentant, de retirer les autres barrières, restrictions et conditionnalités qui ont été imposées sous divers prétextes pour limiter le transfert de la nouvelle technologie. Abordant la question de la dette extérieure, le représentant a souligné que la capacité des pays en développement à rembourser leur dette et le service de la dette et à mettre en oeuvre des politiques macroéconomiques saines à une relation directe avec les revenus à l'exportation et les taux d'intérêts pratiqués sur les marchés financiers internationaux. Les politiques macroéconomiques et commerciales des pays développés sont donc des facteurs déterminants des taux d'intérêt et de l'accès aux marché. Pour le représentant, les crises financières qui frappent de plus en plus les pays en développement sont un facteur important. La détérioration de la situation de la dette dans les pays à revenu intermédiaire, a-t-il expliqué, ne vient pas seulement d'une absence temporaire de revenus mais de problèmes structurels relatifs à la capacité de générer des revenus suffisants, en particulier de disposer de monnaies fortes, pour rembourser le service de la dette tout en maintenant la croissance économique et un développement durable.

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