LA DEUXIEME COMMISSION APPELEE A EXAMINER LES POINTS DE SON ORDRE DU JOUR SOUS L'ANGLE DE LA MONDIALISATION
Communiqué de Presse
AG/EF/260
LA DEUXIEME COMMISSION APPELEE A EXAMINER LES POINTS DE SON ORDRE DU JOUR SOUS L'ANGLE DE LA MONDIALISATION
19991008L'allégement de la dette et même son annulation ne sont plus perçues aujourd'hui comme la panacée aux problèmes de la marginalisation des pays en développement, a estimé le représentant de l'Ouganda, au cours du débat général que la Commission économique et financière (Deuxième Commission) a poursuivi ce matin. De nouvelles mesures doivent être prises qui doivent répondre à la question essentielle qui est celle de savoir comment le nouvel ordre économique mondial peut tenir compte des intérêts de la majorité de la population mondiale, a estimé pour sa part, le représentant de la Chine. Pendant ces trois jours de débat général, les délégations ont souhaité que la Commission examine les points inscrits à son ordre du jour d'une manière plus intégrée et que les problèmes liés à la mondialisation soient au centre de ses débats. La Commission doit encourager un dialogue fructueux sur les questions clefs du commerce et des investissements, des finances, de l'accès à la technologie et des ressources pour le développement.
Les questions de la lutte contre la pauvreté, de la dette extérieure, des transferts de capitaux, de la protection de l'environnement ou encore de la lutte contre les conséquences des catastrophes naturelles sont toutes des questions liées à la mondialisation que la Commission se doit d'approfondir. Les délégations ont exprimé l'espoir que la prochaine conférence sur le financement du développement qui doit se tenir en l'an 2001 et la réunion ministérielle de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) prévue au mois de novembre à Seattle déboucheront sur des résultats positifs pour l'ensemble des peuples du monde.
Les représentants des pays suivant ont pris part au débat : Sierra Leone, Tanzanie, Jordanie, Arabie saoudite, Egypte, Singapour, Kazakhstan, El Salvador, République de Corée, Cameroun, Israël, Cuba, Ouganda, Chine et Ethiopie. Le représentant de l'Organisation météorologique mondiale a également pris la parole.
La Commission devrait terminer son débat général cet après-midi à 15 heures et entamer par la suite l'examen des questions de politique macroéconomique.
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Débat général (suite)
M. ALLIEU IBRAHIM KANU (Sierra Leone) après avoir associé sa délégation à la déclaration du Guyana, faite au nom du Groupe des 77 et de la Chine, a déclaré que la communauté internationale devait trouver une solution définitive à la question de la dette car l'absence d'une réponse satisfaisante de la communauté internationale à cette question, a été en cause d'une plus grande marginalisation de l'Afrique. La communauté internationale et ses institutions financières sont aussi coupables de promouvoir des politiques contraires aux efforts de démocratisation des pays africains, en déstabilisant des économies et des sociétés déjà fragiles. La réduction forcée des dépenses gouvernementales ne favorise pas forcément le développement humain. Les gouvernements sont incapables de mobiliser les fonds dont ils ont besoin pour lutter, par exemple, contre le sida ou maîtriser leur natalité galopante. L'analphabétisme s'accroît augmente depuis une décennie à cause de la réduction drastique des investissements publics en matière d'éducation imposée par les institutions internationales. C'est un facteur qui finalement entrave la croissance économique, du fait de la pénurie de main-d'oeuvre qualifiée qu'elle entraîne.
La situation des femmes africaines exige qu'on trouve des solutions leur permettant d'être plus impliquées dans la vie publique et le développement de leurs pays. Notre pays se félicite de l'Initiative en faveur des pays pauvres très endettés, qui nous permettra de dégager des ressources en faveur des infrastructures sociales. Le Président des Etats-Unis, M. Clinton, a annoncé l'annulation de la dette bilatérale due aux Etats-Unis par certaines catégories de pays. Mais cette annonce doit être prise comme une simple proposition et non comme une certitude. Un autre sujet de controverse est sans doute l'entrée de l'Afrique sur les marchés mondiaux. Nous estimons que notre continent devrait retarder son entrée au sein de l'OMC, car il n'est pas prêt sur le plan de l'éducation et de la compétitivité.
M. DAUDI N. MWAKAWAGO (République-unie de Tanzanie) a déclaré que la plupart des pays africains avaient entrepris, en prenant des risques énormes sur le plan politique, de douloureuses réformes économiques visant à mettre en place un cadre de développement plus dynamique. Mais ces efforts auront été faits en pure perte si ces pays n'obtiennent pas un soutien plus substantiel de la communauté internationale et si les forces négatives auxquelles ils font face sur les marchés internationaux ne sont pas bridées. Ces défis exigent un plus grand partenariat entre tous les membres de la communauté internationale. Une grande partie des problèmes que rencontre notre continent vient de la dette qui l'accable. La dette réduit à néant tous nos efforts de développement, en absorbant en moyenne un tiers de nos recettes d'exportation.
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De ce fait, les investissements dont nous aurions besoin pour satisfaire les besoins les plus élémentaires de nos populations sont impossibles à faire. Nous accueillons favorablement les initiatives en faveur de la réduction de la dette, mais nous estimons que leurs conditions et leur portée sont généralement insuffisantes. A cet égard, notre délégation aimerait que les conditionnalités d'accès à ces divers initiatives soient assouplies.
Alors que les échanges commerciaux ne représentent encore qu'une part minime des activités économiques des pays en développement, nous pensons qu'ils sont déjà dans une position trop faible pour espérer même s'intégrer au système commercial existant. Cette situation exige une réévaluation de l'expérience des pays en développement dans ce domaine, ou alors ils seront encore plus marginalisés dans les années qui viennent. Les pays africains devraient bénéficier d'un ensemble de mesures financières et techniques, ainsi que de transferts de technologie pour les aider à améliorer leurs capacités et leurs performances sur le plan commercial. Ma délégation attend beaucoup à cet égard de la prochaine réunion de l'OMC à Seattle et de celle de la CNUCED à Bangkok l'an prochain.
M. WALID A. AL-HADID (Jordanie) a estimé qu'au cours des dernières années, l'écart entre les pays développés et les pays en développement s'est agrandi considérablement du fait du fardeau de la dette, de la chute des prix des produits de base, du recul des flux d'investissements étrangers, de la difficulté d'accès aux marchés et de la baisse de l'APD. Le représentant a particulièrement insisté sur l'importance de l'APD dans la réduction des déficits budgétaires des pays en développement. Se félicitant des opportunités nées de la mondialisation, le représentant a toutefois fait observer qu'il s'agit d'une force aveugle qui ne distingue pas les pays riches des pays pauvres, qui n'ont toujours pas la capacité de s'adapter à la mondialisation. Pour le représentant, il est temps d'établir un cadre de coopération entre le Nord et le Sud et de réactiver le rôle des Nations Unies dans le domaine du développement afin de permettre aux pays en développement de s'adapter aux mutations débridées nées de la mondialisation. Pour sa part, la Jordanie a adopté des politiques d'ajustement structurel grâce auxquelles elle a pu enregistrer une baisse du déficit budgétaire et un recul de l'inflation. Le pays a également entrepris une réforme complète du régime fiscal et bancaire en attribuant un plus grand rôle au secteur privé. Malgré ces résultats encourageants, la Jordanie continue à se heurter à une situation difficile qui découle de la situation régionale et aussi de l'impact de la crise financière asiatique qui a eu pour conséquence de freiner les exportations.
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Si le ratio de la dette et du PNB a fortement diminué, il n'en demeure pas moins que cette dette représente toujours 90% du PNB. La Jordanie dépense ainsi quelque 800 millions de dollars par an pour le remboursement du service de la dette. Ce fardeau, a expliqué le représentant, entrave le flux des investissements étrangers puisque les mesures incitatives prises par la Jordanie n'ont pas porté leurs fruits. Les exemptions fiscales, les libertés accordées dans le domaine du transfert des capitaux, le traitement équitable réservé à l'investisseur étranger et la création d'une infrastructure appropriée n'ont pas réussi à attirer l'investisseur. Il faut espérer que les pays donateurs prendront les mesures nécessaires pour alléger le fardeau de la dette. Le représentant a terminé en faisant part des efforts déployés par son pays pour accélérer son accession à l'OMC.
M. FAWZI BIN ABDUL MAJEED SHOBOKSHI (Arabie saoudite) a déclaré que bien qu'ayant engagé des réformes sur le plan économique, les pays en développement sont de plus en plus déstabilisés sur la scène internationale, sur les plans sociaux et économiques. On observe des attitudes discriminatoires sur la scène internationale, où les échanges financiers et commerciaux se font à l'avantage d'un groupe de pays seulement. Nous sommes plus que jamais interpellés par le phénomène de la mondialisation qui exige la création d'un environnement plus équitable et plus juste. Tous les obstacles qui empêchent les pays en développement de s'intégrer au commerce mondial doivent être levés, et l'accès des pays du Sud a l'Organisation mondiale du commerce doit leur être facilité. Ce système lui-même doit devenir plus transparent et moins opaque, en respectant toutes les clauses du Cycle d'Uruguay, qui avaient pourtant mis en place des normes commerciales favorables aux avantages comparatifs des pays en développement dans certains secteurs, notamment agricole et textile.
Notre pays attache beaucoup d'importance à la protection de l'environnement, et nous appelons tous les Etats à respecter les normes du Plan d'Action 21. Les pays développés devraient favoriser les transferts de technologie favorisant une production économique et industrielle saine pour l'environnement. L'Arabie saoudite fait d'autre part tout son possible pour aider les pays et les population touchés par les catastrophes naturelles et la sécheresse. Le Fonds de développement saoudien accorde des prêts et subventions aux pays les plus défavorisés dans les domaines agricole, de l'eau et de l'énergie. Telle est, brièvement résumée notre contribution à l'équilibre du monde. Mais nous ne terminerons pas sans avoir au préalable mis en garde les pays industrialisés qui mettent en place des coalitions d'intérêts fortement discriminatoires pour préserver leur domination économique injuste sur le reste du monde, notamment en voulant constamment contrôler l'exploitation et les prix des matières premières.
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M. AHMED ABOUL GHEIT (Egypte) a fait observer que les leçons tirées des crises financières de 1997 et de 1998 ont rendu caduc le postulat selon lequel ces crises tenaient essentiellement aux politiques économiques nationales. L'ampleur des crises et leur portée ont mis en lumière les défauts structurels des mécanismes régissant l'économie et le commerce à l'échelle internationale. Le défaut majeur réside dans l'absence de pays en développement dans les instances internationales de décision qui fait que les préoccupations de ces pays ne sont pas sérieusement prises en compte. Il n'est donc pas logique d'exiger la réforme des économies nationales s'il n'est tenu aucun compte de la nécessité de réformer les mécanismes mondiaux. A cet égard, les Nations Unies devraient assumer un rôle essentiel et présenter les recommandations nécessaires à l'élimination des déséquilibres des mécanismes internationaux. Les recommandations devraient également porter sur les réformes internes que les pays en développement doivent entreprendre pour pouvoir jouer un rôle dans l'économie mondiale. La réunion de haut niveau sur le financement du développement offrira l'occasion unique d'examiner les défis en la matière . Cet événement offrira un cadre important pour traiter des obstacles externes et internes qui se dressent sur la voie des pays en développement. La mise en oeuvre des résultats des Conférences des Nations Unies revêt d'ailleurs une importance toute particulière dans l'appui au processus de développement. Il faut donc que les pays développés honorent leurs engagements d'autant plus que les pays en développement ont déployé des efforts louables pour s'acquitter des leurs.
Evoquant la prochaine réunion ministérielle de l'OMC, le représentant a jugé qu'il n'est pas logique de parler d'une libéralisation accrue du commerce international lorsqu'elle ne sert qu'un nombre limité de pays et conduit à la marginalisation d'un groupe important de pays en développement. Depuis la conclusion des Accords du Cycle d'Uruguay, les exportations des pays en développement n'ont cessé de se heurter à un nombre de barrières non tarifaires et de pratiques commerciales restrictives. Ce phénomène a touché, en particulier, les exportations pour lesquelles les pays en développement ont un avantage comparatif comme le textile, l'habillement et les produits agricoles. Les pays développés n'ont, en outre, pas respecté les engagements qui étaient les leurs. Aujourd'hui la priorité est de donner effet à tous les Accords du Cycle d'Uruguay et pas de commencer une nouvelle phase de négociations, a estimé le représentant en attirant l'attention sur le rôle vital que les Nations Unies doivent jouer dans le contexte du commerce international par le biais de la CNUCED.
M. KISHORE MAHBUBANI (Singapour) a déclaré qu'il était évident que l'on peut décréter de façon arbitraire que la mondialisation est un phénomène pernicieux. D'autres, en revanche, peuvent estimer que c'est un phénomène bénéfique et nous pourrions passer tout notre temps à argumenter dans un sens ou dans l'autre. Mais, nous pensons que c'est là un débat stérile et une perte de temps. Pour Singapour, la mondialisation n'est pas en elle-même bonne ou mauvaise. Nous nous en accommodons comme du temps qu'il fait.
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Parfois il pleut, et parfois nous devons faire face aux ravages de la mousson. Un petit Etat comme le notre ne peut pas changer le temps, aussi devons-nous simplement nous y adapter, en suivant le vieux proverbe arabe selon lequel:"Si la montagne ne vient pas à Mohammed, Mohammed ira à la montagne". Nous pourrions vous recommander aussi un livre récemment écrit par Thomas Friedman, du New York Times, "The Lexus and the Olive Tree". C'est certainement le meilleur livre écrit sur la mondialisation. L'Auteur du livre a été assez aimable pour accepter de s'adresser au Forum des petits Etats sur la question de la mondialisation le 16 septembre 1999. Au cours des discussions, quelqu'un a demandé à Tom Friedman: " la mondialisation est-elle bonne ou mauvaise?". Tom Friedman a répondu qu'il ne savait pas; mais que la seule chose qu'il savait était qu'elle était là. "La mondialisation n'est pas un choix. C'est juste une réalité. Il n'y a qu'un seul marché, mondial, aujourd'hui. Et la réalité est que personne ne contrôle la mondialisation. Personne ne l'a mise en route et personne ne peut l'arrêter, et certainement pas vous. Sauf si vous décidez d'imposer de lourdes conséquences à vos sociétés d'origine et à leurs perspectives de croissance".
M. SERGEY B. AGEYEV (Kazakhstan) a déclaré que le Kazakhstan, pays à économie de transition, apprécie les efforts de l'ONU pour intégrer ces pays à l'économie mondiale. Il s'est particulièrement félicité de l'adoption, l'année dernière, de la résolution qui crée les préalables nécessaires pour l'assistance. La coopération de l'ONU sur la base de cette résolution doit se poursuivre. Le Kazakhstan, pays sans littoral, s'est fixé comme priorité jusqu'en l'an 2030 l'accès aux routes commerciales. Le pays accorde donc une importance toute particulière à la coopération avec l'ONU dans le développement des secteurs du transport et du transit dans les pays d'Asie centrale qui n'ont pas accès à la mer. Une partie importante des efforts de l'ONU sont les discussions engagées à la CNUCED sur l'élaboration d'un programme de construction d'un réseau de transport en Asie centrale. Le Kazakhstan s'est également fixé comme priorité l'intensification de la coopération régionale et l'intégration aux pays d'Europe et d'Asie. C'est dans ce contexte qu'il appuie l'idée de relancer la grande route de la soie entre deux continents qui donnera un élan puissant à l'économie de l'Asie centrale tout entière. Evoquant les questions de l'environnement, il a indiqué que l'un des aspects négatifs de la mondialisation a été le relief qui a été donné aux problèmes écologiques. Les questions de développement durable, de protection de l'environnement et de réhabilitation des zones de catastrophes écologiques ont pris une acuité particulière. Le représentant a fait part des efforts entrepris par son pays et la communauté internationale pour réhabiliter la région de Semi Palatinsk.
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M. RICARDO CASTANEDA-CORNEJO (El Salvador) a déclaré que son pays partageait les points de vue déjà exprimés par diverses délégations sur la nécessité impérieuse de concevoir un monde plus juste et plus équitable à l'aube du nouveau millénaire. Les Etats, la société civile, le secteur privé et les entreprises doivent désormais travailler de façon plus coordonnée et plus coopérative en vue du bien-être des peuples. Tous les pays subissent désormais des influences venues d'ailleurs, ce qui peut parfois provoquer des réflexes de défense et de protection. Les efforts macroéconomiques déployés par de nombreux pays devraient logiquement les mener à bénéficier beaucoup plus des opportunités que peut leur offrir le nouveau contexte économique international. Le développement des libertés et le rôle grandissant de la société civile sont aujourd'hui la base sur laquelle doivent s'appuyer les sociétés du monde, et El Salvador est pleinement engagé dans la construction d'une démocratie stable et solide.
Nous avons besoin de surmonter les problèmes de vulnérabilité dus aux phénomènes naturels comme l'ouragan Mitch, dont nous avons été, il n'y a pas très longtemps victimes. El Salvador insiste sur le fait qu'il faut trouver un consensus sur des questions comme le rôle des femmes, les transferts de technologie et les investissements internationaux.
M. LEE SEE-YOUNG (République de Corée) a fait remarquer que l'interdépendance accrue entre les nations a rendu la coopération internationale plus vitale que jamais. La communauté internationale est donc appelée à travailler, de manière urgente, dans le sens de la transparence et de la bonne gouvernance et de la création d'un système d'alerte pour contrôler les flux des capitaux à court terme. A cet égard, le représentant s'est félicité de la décision du Comité intérimaire du FMI d'adopter un code de bonne conduite pour renforcer la transparence des politiques financières et monétaires ainsi que de la décision d'établir de nouvelles lignes de crédit. Le représentant a poursuivi en souhaitant que l'élimination de la pauvreté et l'élaboration de politiques sociales hardies soient au coeur de la gestion des crises et de la réforme économique. Les récentes crises financières, qui ont surtout affecté les couches les plus vulnérables de nos sociétés, ont prouvé qu'en l'absence de filets de sécurité appropriés, la croissance durable n'est qu'illusion. Les crises financières ont également illustré la futilité des approches universelles et des solutions standardisées, a souligné le représentant en se félicitant de la décision du FMI et de la Banque mondiale de former un Groupe des 20 incluant 14 pays dits "systématiquement importants". Cette décision, a estimé le représentant, contribuera certainement à identifier les défis spécifiques auxquels sont confrontés ces pays et à stabiliser les marchés financiers internationaux.
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Pour le représentant, les Nations Unies doivent continuer à examiner l'impact multidimensionnel de la mondialisation en explorant des questions telles que les crises financières dans les pays en développement, la persistance de la pauvreté et la marginalisation de l'Afrique et des pays les moins avancés. Le concept du développement centré sur l'homme doit être intégré aux objectifs ultimes des Nations Unies en matière socioéconomique. Il est, en outre, important que les stratégies de développement des Nations Unies reflètent une implication réelle des pays en développement eux-mêmes et se fondent sur un partenariat ouvert entre tous les acteurs concernés. Se montrant préoccupé par le déclin de l'APD, le représentant a appelé la communauté internationale à renverser cette tendance tout en se félicitant de la décision prise à Cologne concernant l'Initiative HIPC. Le représentant a, à cet égard, annoncé l'intention de son pays de contribuer au fonds d'affectation spécial pour la mise en oeuvre de l'Initiative. Il a également appelé la communauté internationale à réfléchir à la manière de diversifier l'assistance financière.
Parlant de la coopération Sud-Sud, le représentant a fait observer que l'Agence de coopération de son pays a alloué quelque 32 millions de dollars à des projets de coopération internationale. Son pays a également l'intention de contribuer à hauteur de 100 000 dollars au fonds du PNUD sur la coopération Sud-Sud. La République de Corée accueillera également en février 2000, un forum de haut niveau sur le transfert des écotechnologies. Dans le même esprit, la République de Corée avait accepté en 1994, d'accueillir l'Institut international des vaccins qui est chargé de renforcer la capacité des pays en développement à fabriquer des vaccins. L'Institut, a déclaré le représentant, commencera ses travaux dans un très proche avenir.
M. MARTIN BELINGA EBOUTOU (Cameroun) a déclaré que si le Cameroun se félicite de ce que la fin de ce siècle soit un moment porteur d'espoirs pour toutes les sociétés du monde, il tient cependant à exprimer des inquiétudes qui, elles aussi, existent bel et bien. A l'heure de la mondialisation, le fossé entre les riches et les pauvres ne va-t-il pas continuer de s'agrandir? Si la mondialisation n'est pas, en fait, synonyme de marginalisation pour les pays du Sud, dans ce cas quel est l'avenir réservé aux peuples de l'hémisphère Sud? Il s'agit ici, de trouver d'urgence des réponses aux défis que posent la pauvreté, la dégradation de l'environnement, et les grandes pandémies comme celle du sida. Il faut que plus de solidarité soit établie au niveau international, en augmentant l'Aide publique au développement et le flux des investissements vers les pays pauvres, en assurant un meilleur accès aux marchés mondiaux à leurs produits, et en traitant de manière équitable et rapide le problème de la dette extérieure des pays d'Afrique.
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Le Cameroun, sur ce dernier point, se félicite de l'Initiative de réduction de la dette prise par le G7 à Cologne, et de la décision prise par le Président des Etats-Unis, M. William Jefferson Clinton, de supprimer la dette bilatérale due à son pays par les pays en difficulté. Mais ne faudrait- il pas aussi prendre beaucoup plus en considération la situation des pays dits à revenu intermédiaire qui ont déployé de nombreux efforts positifs de réformes socioéconomiques, et dont fait partie le Cameroun?
Concernant l'environnement, notre pays, a poursuivi le représentant, a de concert avec ses voisins d'Afrique centrale organisé un Sommet sur la conservation et la gestion de la forêt tropicale, à Yaoundé en mars 1999. Le massif forestier d'Afrique centrale, indispensable à la survie de toute l'humanité, est le deuxième en superficie de la planète après celui de l'Amazonie. Le sacrifice que nous faisons, au bénéfice de toute l'humanité, mérite, pensons nous, compensation, et nous appelons la communauté internationale à mettre en place un fonds de solidarité destiné à la préservation et à la gestion durable de la forêt et de la biodiversité en Afrique centrale. Nous présenterons, à cet égard, un projet de résolution sollicitant la solidarité dans ce champ fécond de coopération internationale. Quant au sida, s'il hypothèque l'avenir de millions d'Africaines et d'Africains, il constitue, en dernière analyse, un grave danger pour toute l'humanité, car les virus, certainement, ne connaissent pas de frontières. Le Cameroun, à cet égard, lance donc un appel à la conscience internationale pour une meilleure lutte contre cette pandémie.
M. ZVI GABAY (Israël) a souhaité l'intensification de la coopération internationale, en particulier, dans les domaines de l'élimination de la pauvreté, de la sécurité alimentaire, de l'éradication des maladies, du changement climatique, de la désertification et de la biodiversité. Le représentant a fait, à cet égard, part des activités de son pays en matière de coopération, qui, a-t-il dit, portent essentiellement sur les domaines de la production agricole dans les zones arides et semi-arides, du développement des communautés agricoles, et de la gestion des eaux par l'application de nouvelles techniques d'irrigation et de recyclage. Pour le Centre israélien pour la coopération internationale l'important est d'introduire les innovations graduellement, projet après projet, en tirant les leçons des erreurs passées. Au cours des 50 dernières années, le Centre pour la coopération a formé plus 70 000 hommes et femmes d'Afrique, d'Asie, d'Amérique latine et du Moyen-Orient. Le programme international de développement d'Israël vise particulièrement au partage du savoir faire et à l'échange d'idées avec les pays arabes voisins. Au cours de l'année 1998, sur les 4 309 stagiaires 1 364 provenaient des pays du Moyen-Orient et de l'Autorité palestinienne.
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M. BRUNO RODRIGUEZ PARRILLA (Cuba) a salué l'intervention d'ouverture de M. Nitin Desaï. La dichotomie entre les avancées techniques et économiques, et les tristes réalités des peuples des pays en développement, ne fait que s'accroître, a constaté le représentant. Les crises que le monde a connues, et notamment la crise du développement actuelle, mettent à nu les mensonges et les incapacités de la pensée néolibérale de gérer correctement et équitablement l'avenir des peuples de la planète. Face à cette multiplication de crises, on peut se demander si ceux qui prétendent gouverner l'avenir de la planète, ont réellement les moyens moraux de leurs ambitions. Les pratiques protectionnistes pratiquées par les chantres mêmes du libéralisme, contredisent totalement la libéralisation prônée dans les discours à l'intention, finalement, des autres. Le cadre mondial des discussions devrait devenir réellement multilatéral et démocratique, et les prochains débats de l'OMC à Seattle constitueront un test crucial, au terme duquel nous pourrons juger de l'honnêteté des pays du Nord. Cuba accorde la plus haute importance aux négociations touchant aux questions commerciales. Mais nous constatons, avec regret, que ces thèmes ne font pas l'objet d'examen en profondeur par le système de l'ONU. La crédibilité de ce système se mesurera dans nos pays, par la capacité de l'Organisation de répondre aux demandes et aux besoins des populations des pays du Sud en matière économique. La rhétorique stérile des institutions financières internationales quant à elle, doit céder le pas à la naissance d'une véritable association pour le développement pour répondre aux injustices dont sont victimes les pays en développement.
C'est pour débattre de toutes ces questions que le Groupe des 77 et la Chine ont décidé d'organiser un Sommet du Sud l'an prochain à la Havane. En tant que pays hôte, Cuba reste ouvert à toutes les idées et à toutes les suggestions. Notre délégation tient d'ailleurs à la disposition de toutes les missions ici présentes, un texte de notre leader, M. Fidel Castro, sur ces questions.
M. HAROLD ACEMAH (Ouganda) a estimé qu'il devient de plus urgent que les membres de la Commission examine la pléthore de points inscrits à l'ordre du jour d'une manière intégrée. les défis de l'intégration dans l'économie mondiale et l'accès aux avantages de la mondialisation appellent les gouvernements à engager, aux niveaux national, régional et international, un dialogue exhaustif sur les domaines clefs du commerce et de l'investissement, de l'accès à la technologie et des ressources financières. Il est clair, a poursuivi le représentant, que la question de la dette seule et même celle de son annulation n'est plus la panacée aux problèmes de la marginalisation et de l'élimination de la pauvreté, en particulier dans les pays les plus pauvres. D'autres mesures sont nécessaires pour permettre aux pays en développement de développer leur capacité d'exploiter les opportunités globales.
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Il faut vraiment comprendre que la poursuite de la croissance et du développement durables oblige la communauté internationale dans son ensemble à rechercher des solutions qui impliquent nécessairement des changements structurels dans les domaines de la production et de la consommation et dans les concessions sur les secteurs sensibles de l'agriculture et de l'accès à la technologie, secteurs essentiels au redressement des économies des pays en développement. Ceci signifie que la portée et le contenu de la coopération internationale au développement doivent être élargis et renforcés.
Etant donné que la mondialisation a été conduite par des politiques délibérées, il est nécessaire aujourd'hui d'examiner, plus attentivement, la mise en oeuvre future de ces politiques. C'est la raison pour laquelle, a dit le représentant, l'Ouganda appuie l'inclusion des questions de mondialisation et d'interdépendance dans l'ordre du jour de la Commission. Pour qu'elle profite à tous, la mondialisation ne doit pas dégénérer en un système dirigé par le secteur privé. Elle doit donner lieu à une convergence entre les profits et les objectifs sociaux. La mondialisation doit également permettre la participation active de tous les pays au processus international de prise de décisions économiques et financières. Elle doit enfin donner lieu à une redynamisation de la coopération au développement et à un renforcement de la capacité de gouvernance, au niveau national. Se félicitant de la tenue prochaine d'une conférence sur le financement du développement, le représentant a souhaité que cet événement ne soit pas vu comme une tentative des pays en développement de se mettre au niveau des pays développés, à leur dépens mais plutôt comme une quête légitime des pays en développement de bénéficier des nouvelles opportunités pour pouvoir changer leur situation économique. Il est de l'intérêt de tous d'éviter les risques de polarisation et les conflits d'intérêts économiques qui peuvent avoir des conséquences sociales et politiques négatives.
M. D. D. C. DON NAJIRA, Organisation météorologique mondiale (OMM), a déclaré que l'OMM a adopté lors de son 13ème Congrès, tenu à Genève en mai 1999, sa vision pour le XXIème siècle et a fait connaître sa stratégie d'avenir. Les activités de l'OMM viseront à travailler de façon plus concertée et coordonnée avec les différents Etats pour les prévisions de la météorologie mondiale, et les services météorologiques nationaux continueront d'avoir un accès instantané aux données précises et régulières et aux autres informations mises à leur disposition par l'OMM. Les nations et les institutions ainsi que les communautés scientifiques seront pour leur part, invitées à s'impliquer davantage dans les études communes des phénomènes naturels aux niveaux mondial et régional.
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Des systèmes d'alerte précoce sur les menaces météorologiques et hydrologiques permettront de réduire les pertes en vies humaines et en biens matériels qui surviennent à la suite du déclenchement des catastrophes naturelles, et l'OMM travaillera étroitement avec les autres institutions du système international pour créer et maintenir un forum d'échange d'idées efficace, et plaider en faveur de la vulgarisation des sciences météorologiques et hydrologiques, qui doivent être mises au service du bien- être des peuples et des individus.
M. SHEN GUOFANG (Chine) a estimé que la question qui se pose aujourd'hui est celle de savoir comment le nouvel ordre économique mondial sera en mesure de refléter l'intérêt de la majorité de la population mondiale. Dans le domaine du commerce international, la situation injuste qui prévaut actuellement doit être corrigée. En effet, après des années d'efforts ardus, les pays en développement ont fini par fabriquer des produits compétitifs. Ils continuent pourtant de se heurter à toutes sortes de protectionnisme de la part des pays développés. Les termes du commerce préférentiels dont les pays en développement bénéficiaient sont aujourd'hui remis en question. Tout en protégeant leurs marchés, les pays développés, sous le prétexte fallacieux de la libéralisation du commerce, ne font en fait qu'obliger les pays en développement à ouvrir leurs marchés. En ce qui concerne les finances internationales, l'ordonnance uniforme que les institutions internationales ont prescrites aux pays n'ont fait qu'intensifier les conséquences des crises financières de 1997 et de 1998. La leçon qu'il convient de tirer de cette situation consiste à reconnaître la nécessité de proposer des solutions différentes et conformes à chaque situation. Les crises financières en Asie ont également mis en lumière le fait que la rapidité et le degré d'ouverture aux capitaux ne doivent pas dépasser la capacité d'absorption des systèmes financiers nationaux. De même, il faut faire en sorte, lors de l'élaboration des mesures de prévention et de règlement des crises, que le fardeau ne soit pas porté par les seuls pays en développement. Les pays développés et les investisseurs privés doivent également être tenus pour responsables. Enfin, l'amélioration et le renforcement de la gestion financière nationale doit se faire de concert avec la réforme du système international de gestion financière.
Pour ce qui est de la démocratie, le représentant a constaté que la nécessité d'appliquer les principes démocratiques au niveau international est trop souvent mise de côté. Les pays développés, qui se proclament les champions de la démocratie, continuent pourtant d'exclure les pays en développement du processus international de prise de décisions économiques. Il faut donc que les Nations Unies, qui sont l'instance internationale la plus représentative, jouent un rôle plus décisif et être en mesure de relever les défis du prochain millénaire.
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En ce qui concerne la République populaire de Chine qui vient de célébrer son cinquantième anniversaire, le représentant a expliqué que malgré les revers, la seule voie logique pour la Chine consiste à se maintenir sur la voie d'un développement conforme aux conditions spécifiques du pays, à poursuivre les stratégies de réforme et d'ouverture et à participer activement à la coopération internationale. Le Forum mondial, organisé en Chine par le magazine Fortune, a montré la détermination de la Chine à continuer sur la voie de l'ouverture, a souligné le représentant.
M. BERHANU KEBEDE (Ethiopie) a associé sa délégation à la déclaration faite par la délégation du Guyana au nom du Groupe des 77 et de la Chine. Comme le démontre le dernier rapport sur le développement humain, les pays d'Afrique sub-saharienne sont aujourd'hui totalement au bas de l'échelle des marchés mondiaux, les prix de leurs produits de base ayant atteint le niveau le plus bas au cours de ce siècle. Ces pays n'ont pratiquement connu aucune croissance cette année, et n'ont pas davantage attiré de courant d'investissements étrangers, ce qui les met à la marge de tous les bénéfices offerts à d'autres pays par la mondialisation de l'économie. Cette évolution négative doit amener la communauté internationale à prendre des mesures rigoureuses et équilibrées pour créer un cadre commercial et des politiques de développement et de flux financiers plus justes. La coopération pour le développement doit être conçue et structurée comme un moyen de transfert de ressources et de connaissances des pays développés vers les nations en développement, et son objectif moral doit être de combattre la pauvreté et finalement, de donner aux pays pauvres la possibilité de participer comme partenaires à part entière au sein du nouvel ordre économique international.
Concernant la question de la dette, des initiatives ont été lancées ces derniers temps que nous ne pouvons qu'accueillir favorablement, a ajouté le représentant . Mais, dans la pratique, ces initiatives ne résolvent qu'à moitié le problème, ce que leurs auteurs eux-mêmes reconnaissent étant donné que le montant total des dettes des pays en développement reste en réalité irrécouvrable. Nous pensons donc que la question mérite d'être fondamentalement discutée sous un angle d'abord politique et ensuite sous l'optique de la promotion d'un développement durable. La seule option réellement viable est à notre avis celle de l'annulation pure et simple de la dette et sa conversion en dons sous les angles bilatéral et multilatéral.
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