LA CREATION D'UN MECANISME DE CONTROLE ET DE REGULATION DES FLUX FINANCIERS SOUHAITEE PAR LES DELEGATIONS POUR PARER AUX CRISES
Communiqué de Presse
AG/EF/259
LA CREATION D'UN MECANISME DE CONTROLE ET DE REGULATION DES FLUX FINANCIERS SOUHAITEE PAR LES DELEGATIONS POUR PARER AUX CRISES
19991007Les crises financières qui ont touché l'Asie, l'Amérique latine et la Fédération de Russie en 1998, ont surtout révélé le caractère inapproprié de la structure du système financier mondial, des institutions nationales et des mécanismes de gestion et de régulation des marchés, a estimé le représentant de la Fédération de Russie au cours du débat général que la Commission économique et financière (Deuxième Commission) a poursuivi cet après-midi. Plusieurs délégations ont fait écho à ces conclusions en soulignant la dépendance dangereuses des économies par rapport aux flux des capitaux compte tenu de leur volatilité. Les délégations se sont donc félicitées des efforts déployés jusqu'ici par la communauté internationale et les institutions financières telles que les institutions de Bretton Woods pour renforcer les systèmes bancaires et financiers nationaux et internationaux et améliorer les normes internationales et les mécanismes de gestion et de régulation. Certaines délégations ont estimé qu'il ne suffit pas de s'appuyer sur l'interaction des forces du marché pour contrer la volatilité et l'imprévisibilité du flux des capitaux et prévenir ainsi l'émergence de nouvelles crises. Des mesures efficaces doivent être prises comme la création d'un système de contrôle financier et économique plus prévisible et plus transparent dont l'efficacité sera renforcée par la participation active du secteur privé.
La Fédération de Russie a aussi appelé, comme l'a fait l'Ukraine, la communauté internationale à intensifier ses efforts pour améliorer les normes de régulation financières et économiques pour lutter contre les crimes liés au blanchiment d'argent, aux sociétés écrans et contre l'évasion fiscale et le trafic illicite des capitaux que permettent l'existence de paradis fiscaux et de zones offshore. Le représentant de l'Ukraine a particulièrement souligné la vulnérabilité à la spéculation et à la fraude des économies émergentes inexpérimentées en matière de marchés internationaux.
Les représentants des pays suivant ont pris la parole : Oman, Yémen, Philippines, Fédération de Russie, Jamaïque, Iran, Viet Nam, Soudan, Bélarus, Sainte-Lucie, Equateur, Kenya, Syrie et Ukraine. Les représentants de la Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge et de l'Organisation internationale du travail se sont également exprimés.
La Commission devrait achever son débat général demain vendredi 8 octobre à l'issue de sa séance qui commencera à 10 heures.
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Débat général (suite)
M. KHALID SULAIMAN BA'OMAR (Oman) a déclaré que sa délégation partageait la déclaration du Groupe des 77 et de la Chine. Oman espère que les Nations Unies joueront un rôle décisif dans l'établissement de règles économiques plus équitables pour tous les peuples. Les négociations menées par les différents pays en développement en vue de leur adhésion à l'Organisation mondiale du commerce (OMC) doivent se faire à partir de bases réalistes et justes qui leur permettent de bénéficier des avantages comparatifs qu'offrent les mécanismes de l'OMC. Les pays les plus puissants se sont débarrassés de tout ce qui peut faire obstacle à l'expansion de leurs entreprises et de leurs intérêts. Aussi voulons nous que la troisième conférence ministérielle de l'OMC, qui se tiendra en novembre, aboutisse à la création d'un système commercial plus juste donnant toutes leurs chances aux pays en développement.
La libéralisation du secteur des biens et des services peut ouvrir à ces pays des perspectives nouvelles, mais elle crée aussi pour eux des défis d'un genre nouveau, au vu de la haute compétitivité des entreprises des pays du Nord dans ce domaine. Nous attendons donc de la communauté internationale qu'elle prenne en compte les retards technologiques et éducationnels qui handicapent les pays du Sud dans le contexte de compétition généralisée actuel.
Les peuples ne peuvent réaliser les conditions du développement durable s'ils ne jouissent pas d'une souveraineté réelle et permanente sur leurs ressources naturelles. C'est pourquoi notre Gouvernement tient à dénoncer les agressions de l'Etat israélien dont les actions privent le peuple palestinien de la souveraineté sur ses terres et ses ressources.
Sur un autre plan, le poids de la dette sur les pays pauvres les empêche de réaliser une croissance globale et durable. Oman invite par conséquent la communauté internationale à soutenir davantage ces pays sur la question de l'élimination ou de la réduction de la dette. S'agissant des transferts financiers, nous estimons que le dialogue engagé après la crise asiatique doit se poursuivre, pour atteindre à la création d'une véritable architecture financière internationale. Il faut rebâtir la confiance, et les institutions internationales que sont la Banque mondiale et le Fonds monétaire international doivent changer leur conception des programmes qu'elles imposent à des Etats souverains, sans qu'il n'y ait eu au préalable une véritable concertation. Le Sultanat d'Oman appelle d'autre part les pays riches et développés à respecter tous les engagements qu'ils ont pris envers les pays en développement sur la question de l'Aide au développement. Nous leur rappelons aussi leurs devoirs vis-à-vis des institutions multilatérales de développement, dont les ressources s'amenuisent et ne sont pas renflouées par ceux qui avaient pris l'engagement solennel de le faire.
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M. ALI AHMED MOHAMED AL-DAILMI (Yémen) a déclaré qu'il ne faut pas s'étonner de voir tant de crises économiques et financières dans les pays en développement car elles sont dues au fait que ces derniers consacrent la plupart de leurs ressources au remboursement de la dette ou du service de la dette ou à la dette. Le représentant a donc appelé la communauté internationale à apporter une assistance financière et technique aux pays en développement afin de leur donner la possibilité de s'intégrer aux marchés mondiaux et à l'économie mondialisée. Il est devenu clair, a-t-il ajouté, que la question essentielle du siècle prochain sera celle de l'accès des pays en développement aux marchés internationaux. Cet accès ne peut être assuré que par le démantèlement des barrières tarifaires et non tarifaires, a estimé le représentant qui a également appelé les institutions de développement des Nations Unies à promouvoir l'accès des pays en développement aux marchés mondiaux par l'apport d'une aide financière et technique. Le représentant a aussi mis l'accent sur la question de la lutte contre la pauvreté et a demandé que soient honorés les engagements en faveur de l'APD. Il a enfin abordé la question du nouvel ordre économique mondial qui doit, a-t-il insisté, redonner un nouvel élan à une économie mondiale fondée sur un partenariat juste et des échanges équitables. Le représentant a estimé qu'il fallait, dans ce contexte, rechercher les moyens de maîtriser le système financier international où s'échangent tous les jours des sommes astronomiques. Le moment est venu, a-t-il observé, de réformer les systèmes financiers afin de prévenir les crises financières. Il revient notamment à la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED) d'aider les pays en développement à se prémunir contre la volatilité de ces capitaux.
M. FELIPE MABILANGAN (Philippines) a déclaré que l'asymétrie constatée entre le libre mouvement des capitaux et le blocage des mouvements migratoires de la main-d'oeuvre est extrêmement anormale. Comment les pays en développement peuvent-ils être sommés d'accepter la libre circulation des capitaux alors que cette injonction ne s'accompagne d'aucune clause favorable à la libre circulation des personnes vers et à l'intérieur des pays développés? Le même constat peut-être fait sur les transferts de technologie, dont certains textes du Cycle d'Uruguay rendent difficiles l'acquisition par les pays en développement, ce qui semble assurer, pour longtemps encore, la domination des pays du Nord dans le domaine de la répartition des capacités scientifiques et technologiques. M. James Wolfensohn, Président de la Banque mondiale, a parlé il y a peu, d'une nouvelle architecture internationale de développement, parallèle à la nouvelle architecture financière internationale à mettre en place. Cette architecture serait le fruit d'une coalition bâtie sur la coopération de tous les acteurs sur la scène économique internationale, entre autres l'ONU, les gouvernements, les organisations multilatérales, le secteur privé et la société civile.
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Concernant la question de la finance et des échanges monétaires, les Philippines estiment que l'accent devrait être mis sur le renforcement des transferts de ressources, sur le traitement de la crise de la dette et du développement, et sur la question de la convocation d'une conférence internationale sur le financement du développement. Quand M. Wolfensohn a parlé de nouvelle architecture du développement et de nouvelle architecture financière, il ne semblait pas vouloir que les institutions de Bretton Woods s'occupent de questions commerciales, ni que l'OMC s'occupe de questions de financement pures. Aussi, devrions nous prendre conscience de l'énorme besoin qui se fait sentir de considérer toutes ces questions de manière beaucoup plus intégrée. Et ce n'est qu'aux Nations Unies que la communauté internationale tout entière peut avoir la possibilité de créer les partenariats sans lesquels la mondialisation ne serait pas soumise à de nouvelles règles qui la mettraient au service de tous.
M. NIKOLAI TCHOULKOV (Fédération de Russie) a déclaré qu'il était convaincu que la communauté internationale n'est toujours pas en mesure d'assurer une gestion efficace du processus de mondialisation et d'aider les Etats Membres de l'ONU à bénéficier de ses avantages dans l'intérêt de la croissance économique et du développement durable. La vague de crises financières et économiques qui s'est emparée de l'Asie, de l'Amérique latine et de la Fédération de Russie a mis en lumière le manque de durabilité des systèmes monétaires et financiers, et des mécanismes économiques actuels. La marginalisation continue des pays les moins avancés et l'élargissement du fossé entre pays riches et pays pauvres témoignent également de la prééminence des effets négatifs de la mondialisation. Partant, l'élaboration d'un programme d'action international visant à rétablir progressivement l'équilibre en faveur des avantages de la mondialisation doit être vue comme l'une des tâches prioritaires des Nations Unies. A cet égard, un nombre important de phénomènes de l'organisation actuelle de l'économie mondiale mérite une réflexion plus approfondie et exige un réajustement des approches traditionnelles. La récente crise financière, a insisté le représentant, a permis de réaliser la faiblesse structurelle du système financier mondial et de ses institutions ainsi que le caractère inapproprié des mécanismes de gestion et de réglementation. Les mesures de correction prises jusqu'ici sont les bienvenues mais elles ne constituent qu'un palliatif.
Pour le représentant, la prochaine étape doit être d'aller vers l'intensification des efforts pour lutter contre le crime économique et financier international et améliorer les normes de réglementation des activités financières et économiques afin d'établir des garanties durables contre les crimes liés au blanchiment d'argent, aux marchés noirs et contre l'évasion fiscale et le trafic illicite de capitaux que permettent l'existence de paradis fiscaux et de zones offshore. Le problème revêt toute sa pertinence lorsqu'on réalise qu'il est la source même de la corruption.
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Les signes encourageants de reprise économique, a poursuivi le représentant, ne doivent pas conduire la communauté internationale à ne s'appuyer que sur les marchés internationaux et l'interaction entre les forces du marché. Il est nécessaire de créer un système efficace de contrôle financier et économique et des mécanismes actifs de réglementation pour suivre de près le moindre changement et prévenir ainsi les crises. La Fédération de Russie est d'autant plus concernée par ces questions qu'elle ne s'est pas encore tout à fait remise de la crise d'août 1998 provoquée certes par la crise asiatique mais aussi par ses propres erreurs économiques. Aujourd'hui, les indicateurs montrent des signes de croissance dans le secteur de la production industriel qui ne doivent pas cacher que les réformes apportées à la structure de l'économie nationale, au système bancaire, et au marché des biens et services ne suffisent pas à assurer la stabilité du pays. La situation économique de la Fédération de Russie est, en outre, affectée par l'influence néfaste de facteurs exogènes tels que la question non résolue de la dette; le caractère incertain de l'assistance financière extérieure et la multiplication des barrières commerciales. De plus l'intégration totale de la Russie dans l'économie mondiale est compromise par les problèmes parfois artificiels liés à son accession à l'OMC.
Mme PATRICIA DURRANT (Jamaïque) a déclaré que sa délégation attache beaucoup d'importance aux travaux de la Deuxième Commission qui depuis quelques années sont devenus plus sensibles aux nouvelles réalités socioéconomiques du monde et aux soucis des pays les plus défavorisés. Nous devons, au cours des débats que nous aurons lors de cette session, trouver les moyens de façonner une nouvelle architecture financière internationale qui nous donnera une approche plus viable du financement du développement, a dit la représentante. La Jamaïque soutiendra les discussions de haut niveau qui se tiendront sur cette question au cours des prochains mois et années. La prochaine réunion de l'Organisation mondiale du commerce au niveau ministériel examinera des questions critiques, et nous espérons qu'elle débouchera sur des résultats positifs. Les négociations, en ce qui nous concerne, devraient être centrées sur les conditions d'accès aux marchés, ceci dans des domaines où les pays en développement ont déjà, ou pourraient atteindre rapidement, de substantiels avantages comparatifs.
Nous pensons, comme l'a dit aussi M. Rubans Ricupero, qui dirige la CNUCED, qu'il faudrait continuer à accorder des traitements préférentiels et spéciaux aux pays en développement, pour leur permettre de combler l'écart qui existe entre eux et les pays riches. Il est extrêmement anormal, à ce sujet, que de nombreuses clauses de l'OMC ne soient pas encore mises en oeuvre et que les pays en développement ne puissent pas encore bénéficier des opportunités que pourrait leur offrir un système commercial international plus équitable.
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M. MOHAMMAD HASSAN FADAIFARD (Iran) a estimé que les conséquences des crises financières ont été vécu de manière inégale par les pays en développement et les pays développés. Ces derniers ont, en effet, très peu souffert des crises financières des pays en développement et en ont même tiré parfois quelques profits. Ainsi, les revenus pétroliers de l'OPEP ont plongé à 54 milliards de dollars alors même que les pays industrialisés gagnaient quelque 64 milliards suite à la chute des prix à l'importation. La mondialisation qui est un processus aveugle et non diabolique par nature, a offert des avantages et des risques qui n'ont pas été distribués équitablement. Dans de nombreux pays en développement, les conséquences négatives de la mondialisation font déjà partie du paysage socio-économique, a expliqué le représentant. Il a donc souhaité qu'au cours de la troisième réunion ministérielle de l'OMC, les pays en développement mettent l'accent sur la nécessité d'une mise en oeuvre complète des Accords du cycle de l'Uruguay plutôt que sur la conclusion de nouveaux accords. A cet égard, le représentant a accueilli avec satisfaction la décision des pays en développement de présenter un "Ordre du jour positif". Il a poursuivi en arguant que pour être rationnelle, la libéralisation doit être identifiée à l'universalité et à la non discrimination et que pour être légitime, elle doit tendre au bien-être de l'humanité par la création d'un mécanisme de contrôle transparent et fiable. Ce mécanisme doit particulièrement s'appliquer au commerce des produits nécessitant une technologie avancée à laquelle n'a accès qu'une infime partie d'acteurs et aux menaces potentielles qui pèsent sur les écosystèmes des pays en développement.
Le représentant a mis en garde contre toute tentation de surcharger l'ordre du jour de l'OMC par des questions non commerciales qui dépasseraient le cadre de sa juridiction et de sa compétence. Les négociations futures de l'OMC, a-t-il ajouté, doit viser à prévenir l'abus de mesures anti dumping, des règles sanitaires ou phytosanitaires ou encore des barrières techniques. Il a conclu en soulignant que l'élimination de la pauvreté, le développement social et la protection de l'environnement ont comme condition préalable l'engagement international en faveur du principe du traitement spécial et différentiel des pays en développement et celui de la responsabilité commune mais différenciée.
M. LE HOAI TRUNG (Viet Nam) a associé sa délégation à la déclaration faite par le Guyana au nom du Groupe des 77 et de la Chine. Il est évident, a dit le délégué, que les résultats obtenus par un processus de développement dépendent de la manière dont chaque pays gère la politique de développement et de croissance qu'il choisit de mettre en place, et de sa capacité à mobiliser ses ressources financières internes. Les pays en développement ont fait à cet égard beaucoup d'efforts, et ont largement suivi les conseils qui leur étaient données par la communauté internationale.
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Le Fonds monétaire international a ainsi reconnu dans son dernier rapport sur les ajustements structurels, que les pays à faible revenu avaient pris les mesures qui ont permis d'améliorer les performances macroéconomiques de toutes nations ayant bénéficié de la Facilité d'ajustement structurelle renforcée. La CNUCED et la Banque mondiale sont, quant à elles, arrivées toutes les deux à la conclusion que tous les pays en développement avaient libéralisé leurs régimes commerciaux par des réformes menées soit de manière unilatérale, soit par leur participation à des accords commerciaux régionaux. L'intégration de ces pays aux mécanismes financiers internationaux peut, pour sa part, être observée à travers l'ouverture de leurs marchés financiers et à travers la multiplication par sept du flux de capitaux en direction des pays développés que l'on a observé depuis les années 70.
Mais malgré les efforts et les sacrifices consentis par ces pays au niveau endogène, leur difficultés de paiement et le déséquilibre de leurs finances ne changent pas, et leurs économies deviennent même de plus en plus en plus dépendantes des financements extérieurs, surtout s'il veulent atteindre des taux de croissance pouvant leur permettre de répondre à la montée de la pauvreté parmi leurs populations. Alors que l'aide publique au développement n'a fait que décroître au cours de cette décennie, l'accès des pays en développement aux financements et aux marchés privés de capitaux est devenu de plus en plus difficile, hasardeux, et coûteux. De plus, les capitaux disponibles ont tendance à ne s'investir que dans un nombre très limité de pays. Le Viet Nam partage le point de vue selon lequel la promotion du développement durable a besoin que la communauté internationale identifie d'abord des stratégies viables et acceptables par tous, et qu'elle prenne des mesures pour faire face à la question de l'accumulation de la dette et à celles liées au nouvel environnement économique, financier et commercial international.
M. KHALIL ABDULRAHIM (Soudan) a plaidé pour la réforme de l'architecture financière et économique mondiale qui selon lui, doit conduire à une coopération renforcée entre l'ONU et les institutions internationales de financement et de commerce. Le représentant a indiqué que ces institutions auront ainsi la possibilité d'accroître leur crédibilité auprès des pays en développement en se fondant sur les directives de l'ONU, seul organe international démocratique où les voix de tous sont entendus. Le représentant a émis l'espoir qu'au cours du prochain millénaire, grâce à l'instauration d'une mondialisation à visage humain, l'ONU pourra véritablement réaliser les aspirations de ces millions de personnes dans le monde qui n'aspire qu'à la paix et à la prospérité. Il s'est, à cet égard, félicité du ton de la déclaration de l'Union européenne qui, a-t-il dit, a évoqué les pays du sud dans un contexte de partenariat et de coopération.
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M. ALEXANDR SYCHOV (Bélarus) a dit que la stabilisation des marchés financiers internationaux et le redressement de ce secteur sont à mettre au bilan positif de l'année écoulée. Mais le ralentissement le plus important de la croissance dans les pays en développement et dans les pays en transition s'est aussi, malheureusement, produit au cours de l'année 1999. Cette tendance qui devrait se poursuivre jusqu'à la fin de l'année est une démonstration de la fragilité de l'économie mondiale. La mondialisation se caractérise de plus en plus par la marginalisation accentuée des pays les plus faibles et des plus vulnérables. Un système commercial et financier mondial plus prévisible et plus transparent devrait être créé, si l'on veut avoir une chance de redresser la situation actuelle. S'agissant de l'OMC elle-même, il est étonnant et symptomatique que depuis sa création, seules une dizaine de nations aient pu en devenir membres effectifs. Les conditions trop draconiennes d'accès à cette organisation semblent être la cause de cet état de fait, et les conditionnalités d'adhésion en devraient, par conséquent, être revues et assouplies.
La participation des pays en développement et des pays émergents aux débats de haut niveau de l'OMC est entravée par l'absence d'experts qualifiés dans ces pays et par leur manque d'habitude du traitement des dossiers et des discussions basés sur les règles de l'OMC, encore trop méconnues car trop opaques. Sur un plan analogue, la décennie et le siècle qui commencent devraient permettre à l'ONU de mieux jouer son rôle de forum politique international. Mais l'Organisation est menacée dans la conduite de ses tâches par son déficit financier chronique, et si on n'y prend pas garde, les activités opérationnelles du Système des Nations Unies pourraient être totalement mises au rencard. On a déjà constaté que les activités du PNUD avaient de plus en plus de mal à être menées à terme. Le Bélarus soutient la construction de l'Europe, et nous avons mis en place un système qui fait du Bélarus un pays résolument tourné vers le libéralisme et l'économie de marché. Notre Gouvernement est, à cet égard, en train de privatiser le secteur économique étatique hérité de la période socialiste, mais les ressources financières que nous pouvons mobiliser au niveau national ne suffiront pas à assurer notre développement et notre décollage économique. C'est pourquoi notre Gouvernement est en train de prendre des initiatives beaucoup plus favorables à l'accueil des investissements privés internationaux.
Mme SONIA LEONCE-CARRYL (Sainte-Lucie) a présenté à la Commission la résolution omnibus que les 14 Etats membres de la Communauté des Caraïbes (CARICOM) ont adopté lors de leur dernière réunion. La résolution vise d'abord à démontrer le lien entre toutes les questions inscrites à l'ordre du jour de la Commission et leur impact sur le développement de chaque Etat membre de la CARICOM. Par conséquent, pour la CARICOM, les questions ne doivent pas être examinées séparément mais d'une manière holistique et intégrée.
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La résolution démontre aussi qu'il n'y a plus lieu de tenir de longs débats pour mettre en lumière la situation alarmante du monde actuel en ce qui concerne la pauvreté, les disparités entre les pays développés et les pays en développement, et l'état de l'environnement. L'urgence de la situation appelle, tout comme le fait la résolution, à une action décisive qui doit viser un développement durable à long terme pour tous et en particulier, pour les pays en développement. Par cette résolution, les Etats membres de la CARICOM ont également voulu montrer que la détermination de la Commission et de l'Assemblée générale à régler rapidement les questions graves qui leur sont soumises témoignera de leur sérieux quant à la correction des inégalités, des injustices et des déséquilibres du siècle prochain.
M. FERNANDO YEPEZ LASSO (Equateur) a déclaré que le fossé entre riches et pauvres s'est élargi du fait de la mondialisation, et les peuples du Sud ont vu leurs droits économiques les plus élémentaires lourdement bafoués. L'Equateur accorde donc la plus grande importance à la tenue d'une conférence sur le financement du développement. Des mesures très énergiques doivent être prises pour une lutte efficace contre la pauvreté. La mise en place de la Communauté andine a permis à notre pays de resserrer ses liens avec ses voisins et de mettre en oeuvre des choix économiques basés sur le libre- échange et l'économie de marché. La prochaine réunion de l'OMC à Seattle au niveau ministériel devrait jeter les bases d'un système commercial international plus juste et plus équitable. Nous soutenons la relance de la coopération pour le développement et nous déplorons beaucoup la baisse continue de l'Aide publique au développement. L'Equateur estime aussi que les pays en développement eux-mêmes devraient renforcer la coopération Sud-Sud, et nous nous félicitons sur ce plan des échanges fructueux que nous entretenons en ce moment avec notamment la Colombie, le Brésil et Cuba.
Concernant la question de la dette, nous sommes reconnaissants aux pays du G7 d'avoir pris l'initiative d'une réduction de la dette à Cologne. Nous déplorons la chute des cours des matières premières qui, dans notre cas, a remis en question les accords de rééchelonnement de la dette que nous avions négociés avec nos créditeurs au sein des Clubs de Paris et de Londres. De plus, les conséquences du phénomène El Niño sur notre économie ont été désastreuses, car elles ont rendu impossible toute prévision en ce qui concerne notre production agricole. Nous demandons aux pays qui en ont les moyens d'augmenter les moyens alloués à l'étude de ce phénomène, afin que nous puissions le contrecarrer en anticipant les dégâts.
M. FARES M. KUINDWA (Kenya) a mis l'accent sur le caractère inégal et imprévisible du processus de mondialisation et d'interdépendance qui, s'il était proprement géré, pourrait établir les bases d'une croissance équitable et durable aux niveaux international et national. Le représentant a donc souligné la nécessité de partager équitablement les avantages de la mondialisation en ce qui concerne les ressources, les marchés, la technologie et l'information.
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Il a poursuivi en plaidant pour l'instauration d'une gouvernance qui doit viser prioritairement la démocratisation de la prise de décisions dans le domaine économique; l'intégration des questions liées au commerce, à la finance et au développement dans l'ordre du jour des institutions internationales; la réforme de l'architecture financière internationale, et le règlement du problème de la marginalisation. Si une ouverture adéquate du commerce et une pleine intégration au système commercial international constituent des objectifs cruciaux, le degré de mondialisation et de libéralisation des pays en développement doit être ajusté aux besoins et aux contraintes qui leur sont propres, a estimé le représentant avant d'appeler les pays développés à exprimer clairement et sans équivoque leur engagement à faciliter l'accès à leur marché. Le représentant a ensuite souligné le rôle primordial des Nations Unies au siècle prochain en ce sens qu'elles sont un forum universel de discussions, de négociations et de décisions sur les questions de développement et de coopération internationale.
Le représentant s'est ainsi félicité des activités des fonds et programmes des Nations Unies en faveur de l'Afrique en soulignant toutefois que les résultats n'ont pas répondu aux attentes. Il a donc appuyé les recommandations orientées vers l'action que le Secrétaire général a faites dans son Rapport de 1998 sur les causes des conflits en Afrique et la promotion d'un développement durable. Il a estimé qu'une coordination plus efficace, une harmonisation dans la mise en oeuvre de toutes les initiatives, un meilleur financement et une plus grande implication des pays concernés contribueront à réaliser les objectifs du développement durable en Afrique. Il a donc lancé un appel aux Nations Unies et aux institutions de Bretton Woods, entre autres, pour qu'elles collaborent avec les gouvernements nationaux afin d'assurer la cohérence des différents mécanismes de coordination et éviter ainsi les doubles emplois et la complication des modalités de mise en oeuvre et des procédures. Le représentant a conclu en plaidant pour le renforcement du Bureau des Nations Unies à Nairobi et en se félicitant des progrès enregistrés du Groupe de travail spécial sur les préparatifs de la conférence sur le financement du développement. Il a aussi lancé un dernier appel à des efforts plus vigoureux dans les domaines de l'APC et de la dette extérieure.
M. ENCHO GOSPODINOV, Fédération internationale des sociétés de la Croix- Rouge et du Croissant-Rouge, a centré sa déclaration sur les catastrophes naturelles telles que les inondations, les sécheresses et les tremblements de terre qui, a-t-il souligné, touchent plus de 126 millions de personnes par an. Cette année, la Fédération a porté assistance à quelque 233 millions de personnes. L'ironie est que les catastrophes naturelles n'ont pas diminué et que le monde commence à s'apercevoir des liens inquiétants entre le changement climatique, la mondialisation et les scénarios des catastrophes futures. Les projections prévoient, en effet, que le problème du siècle prochain sera celui du changement climatique qui est responsable de l'élévation du niveau des mers.
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Le phénomène est d'autant plus inquiétant qu'aujourd'hui déjà plus d'un quart de la planète vit dans des régions côtières. Au cours de ce siècle, le niveau des mers a gagné quelque 20 centimètres et ce chiffre devrait augmenter à 44 au cours des cent prochaines années. S'il faut en croire les météorologues, le monde assistera aussi à un assèchement des terres intérieures qui provoquera une sécheresse et une réduction du débit de la plupart des fleuves. Cette hausse de la température et les changements écologiques conduiront inévitablement à une modification des conditions dans lesquelles les maladies peuvent se déclencher. On constate déjà une augmentation de la malaria en Europe avec 12 000 cas en 1998 contre 2 000 en 1983. Les changements démographiques viendront compliquer davantage cette crise dans la santé publique.
Comme si le changement climatique et l'urbanisation ne suffisaient pas, le XXème siècle a aussi apporté des changements importants dans les systèmes économiques. Les systèmes publiques de prestations sociales sont maintenant remplacés par des entreprises privées quand elles ne sont tout simplement pas supprimées. Ces faits permettent de prédire pour le siècle prochain l'émergence de plus de catastrophes naturelles, parfois inhabituelles, qui affecteront beaucoup plus de personnes. Les solutions à ces problèmes exigent d'abord une prise de conscience réelle de la menace qui doit conduire les décideurs à élaborer les programmes de développement non pas autour mais pour les catastrophes naturelles. Les solutions exigent aussi la création, au niveau national, de systèmes d'alerte susceptibles de réduire la vulnérabilité aux catastrophes naturelles et la connexion de ces systèmes avec les systèmes d'alerte internationaux. En conclusion, a dit le représentant, il faut réfléchir à la manière de changer le système des réponses internationales aux catastrophes en passant d'un système de réaction à un système de prévention.
M. HUSSAM EDIN A'ALA (République arabe syrienne) a estimé que la croissance économique des pays en développement était très insuffisante au vu de la montée de la pauvreté dans ces régions. Et les projections, qui semblent sombres, ne peuvent inciter les peuples de ces pays à l'optimisme. La diminution du rôle de l'Etat et l'accent mis sur l'économie de marché sont un risque majeur dans des pays où les gouvernements ont toujours joué le premier rôle en ce qui concerne la sécurité, l'éducation, la santé et la construction des infrastructures. L'aide publique au développement, qui a été la première victime de la mondialisation, reste, il ne faut pas l'oublier, hypothétiquement la première source de financement des équipements sociaux dans de nombreux pays. La mondialisation a donné plus aux riches et aux forts, en prenant aux pauvres un peu plus du peu qu'ils avaient.
La Syrie estime que les Nations Unies doivent s'atteler à créer un cadre de dialogue et de concertation qui permettrait aux sociétés et aux peuples du monde d'examiner discuter et de régler les questions critiques qui mettent en danger la vie même de peuples entiers.
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Nous dénonçons ici les restrictions imposées par les pays riches aux peuples du Sud, restrictions qui leur permettent de ne pas rémunérer de façon juste les populations des pays en développement pour le labeur qu'ils accomplissent. Au moment où nous traitons du respect des grandes Conventions et des Traités internationaux, il est scandaleux de constater que les organes internationaux chargés de la discussion et de l'application de ces textes ne sont même pas convenablement financés. Parlant de traités internationaux, notre délégation tient à dénoncer les violations israéliennes des résolutions de la communauté internationale concernant les territoires palestiniens occupés et leurs ressources. Nous demandons que la communauté internationale soit conséquente avec elle-même, et ne continue pas de faire la politique de deux poids et deux mesures en faveur de certains.
M. SHERY REVA (Ukraine) a fait observer que la mondialisation par la chaîne de réaction qu'elle occasionne, a eu pour conséquence d'aggraver les problèmes intérieurs des pays. Ainsi la crise financière de 1998 a non seulement dramatisé la réalité des problèmes économiques et sociaux des pays touchés mais elle a aussi ralenti voire fait reculer le processus de développement de nombreux autres Etats. L'économie ukrainienne, qui était en droit d'attendre un accroissement des revenus, a subi au contraire des pertes considérables. En dépit de ces tendances négatives, l'Ukraine a toutes les raisons de croire qu'en général le développement de l'économie mondiale, au cours des dernières décennies, a atteint des dimensions remarquables et gagné en qualité. Le processus de mondialisation s'est en effet manifesté par une évolution concomitante de divers systèmes économiques, le renforcement de l'intégration et de l'interdépendance économiques. Tout en se félicitant des mesures prises par les différentes instances concernées pour prévenir l'émergence de nouvelles crises, le représentant a estimé que la communauté internationale doit aussi prendre des mesures pour améliorer la coopération internationale dans la prévention et la répression des crimes financiers. Il est évident en effet que les économies émergentes qui ne disposent pas encore d'une expérience confirmée des marchés mondiaux sont la proie facile de la spéculation et de la fraude.
Le représentant a poursuivi en soulignant le rôle incontournable des Nations Unies dans la création d'un environnement économique favorable à toutes les économies et en encourageant aussi la CNUCED et l'OMC à s'orienter dans cette voie et s'est également arrêté sur les conséquences du conflit du Kosovo sur les pays de la région. Il s'est donc félicité de l'adoption du Pacte de stabilité pour l'Europe du Sud-Est initiée par l'Union européenne. Le représentant a, par ailleurs, attiré l'attention de la Commission sur les conséquences de la violation du régime de libre navigation sur le Danube, qui a, a-t-il dit, paralysé les activités économiques de son pays. Les pertes accumulées se chiffrent aujourd'hui à 300 millions de dollars, a souligné le représentant avant d'appeler l'Union européenne et les institutions financières et monétaires à retirer les dispositions pertinentes.
- 13 - AG/EF/259 7 octobre 1999
Le représentant a aussi indiqué qu'il espérait que l'ONU, les institutions de Bretton Woods et l'Union européenne procéderont rapidement à l'élaboration d'un mécanisme de compensation pour les pays qui ont enregistré des pertes substantielles. Il a appelé ces dernières à ne pas rééditer l'expérience malheureuse des années précédentes où les dispositions des résolutions de l'Assemblée générale sur l'assistance économique aux pays touchés par les sanctions imposées à la Yougoslavie n'ont pas fourni le cadre pratique d'une compensation même partielle.
M. FRANKLYN LISK, Directeur de l'Organisation internationale du travail (OIT), a déclaré que l'OIT est très concernée par les effets négatifs de la libéralisation du commerce et des échanges financiers sur les conditions de travail et les salaires des employés. Aussi l'Organisation estime-t-elle que des systèmes sociaux assurant une sécurité élémentaire des emplois, mais pouvant s'adapter rapidement à des circonstances changeantes, devraient être mis en place. Il est également important, du point de vue de l'emploi et de la justice sociale, de trouver les voies et moyens de résoudre les crises économiques et financières sans pour autant sacrifier la croissance économique, et par conséquent sans augmenter le chômage et la pauvreté. Ceci implique forcément de nouvelles approches macroéconomiques et la mise sur pied de politiques de stabilisation. L'Organisation internationale du travail accueille avec satisfaction les discussions que la Deuxième Commission tient sur la réforme du système financier international dans le cadre du financement du développement. L'OIT a été récemment invitée à occuper un siège d'observateur auprès des institutions de Bretton Woods, du Comité pour le développement et du Comité intérimaire, ce qui confirme le besoin d'une plus grande intégration des politiques économiques et financières par rapport à l'emploi et aux préoccupations sociales.
Par rapport à l'objectif du développement durable, il faut se rappeler que des emplois stables et productifs sont le premier soutien de la vie des personnes partout dans le monde, et sont une précondition à l'intégration sociale et économique des individus et des familles. Nous pouvons énoncer cette vérité en d'autres termes: l'emploi contribue à la réduction de la pauvreté et à la promotion de l'égalité entre les hommes et les femmes. La mondialisation à nos yeux, a posé de nouveaux défis au plein emploi et à l'emploi à plein temps. Or, comme l'a dit le nouveau Directeur général de notre organisation, M. Juan Somavia, "le premier but de l'OIT est de promouvoir des opportunités d'emplois en direction des femmes et des hommes pour leur permette de mener une vie productive dans de bonnes conditions de liberté, d'équité, de sécurité et de dignité humaine".
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