En cours au Siège de l'ONU

AG/EF/258

POUR PLUSIEURS DELEGATIONS L'INSTAURATION D'UN SYSTEME COMMERCIAL INTERNATIONAL FACILITANT L'ACCES AUX MARCHES EST UNE PRIORITE

7 octobre 1999


Communiqué de Presse
AG/EF/258


POUR PLUSIEURS DELEGATIONS L'INSTAURATION D'UN SYSTEME COMMERCIAL INTERNATIONAL FACILITANT L'ACCES AUX MARCHES EST UNE PRIORITE

19991007

La Commission économique et financière a poursuivi ce matin son débat général au cours duquel plusieurs délégations ont appelé de leurs voeux l'instauration d'un système commercial international qui donnerait aux pays en développement un accès plus large aux marchés. La Thaïlande, expliquant la reprise des économies asiatiques à la seule capacité de l'économie américaine d'absorber les exportations en provenance d'Asie, a mis en garde contre une économie mondiale dont une seule nation serait le moteur de croissance. Il a donc invité l'Union européenne et le Japon à relancer leur demande intérieure et à favoriser l'accès à leurs marchés. A cet égard, plusieurs délégations ont souhaité par ailleurs que la prochaine réunion de l'Organisation mondiale du commerce, prévue en novembre à Seattle, établisse un système commercial international plus juste et plus équilibré. En effet, elles ont estimé que les Accords du Cycle d'Uruguay ne sont pas respectés. Elles ont observé que si les pays en développement avaient plus d'accès aux marchés des pays riches, ils tireraient de leurs activités d'exportation quatre à cinq fois plus de ressources qu'ils ne reçoivent en flux de capitaux étrangers.

Les délégations ont d'autre part affirmé que le cadre actuel des échanges commerciaux, notamment en ce qui concerne les secteurs de l'agriculture, du textile et de l'habillement n'est pas favorable aux pays en développement dont les avantages comparatifs dans ces domaines sont niés dans la pratique. A cet égard, elles ont dénoncé les barrières tarifaires, la pratique de la taxation graduelle ainsi que l'introduction de conditionnalités imposées à l'accès de leurs produits, et en particulier les clauses liées à la sécurité, à la santé, à l'environnement ou encore aux normes de travail. Certaines délégations ont également dénoncé les subventions "illégales" accordées par les pays développés à certains secteurs d'exportation dont l'agriculture. Le plaidoyer pour un plus grand accès aux marchés a également tourné autour de la question des produits de base qui comme le rappelait hier le Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, ne représentent plus que 20% du commerce mondial. Les délégations ont également souhaité un système commercial qui assure davantage la stabilité des prix.

Les représentants suivants ont pris part au débat : Thaïlande, ex- République yougoslave de Macédoine, Botswana, Guatemala, Indonésie, Costa Rica, Libye, Afrique du sud, Myanmar, Mongolie, Saint-Marin, Turquie, Népal, Bhoutan, Mali et Haïti.

La Commission poursuivra son débat général cet après-midi à 15 heures.

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Débat général (suite)

M. ASDA JAYANAMA (Thaïlande) a déclaré que les pays d'Asie sortaient de la crise qui les a affectés il y a deux ans grâce en partie à la robustesse de l'économie américaine, qui a été capable d'absorber les exportations en provenance d'Asie et d'autres régions du monde. Cette situation a profité à la fois aux partenaires commerciaux américains qui ont tiré avantage des coûts peu élevés des produits exportés d'Asie, et aux exportateurs des pays affectés par la crise qui ont trouvé là un marché sûr. Mais, a déclaré le représentant, nous ne pouvons et ne devons pas espérer que la plus grande économie de la planète continue d'être le seul moteur de la croissance économique internationale. D'autres pôles de croissance comme l'Union européenne et le Japon devraient pleinement jouer le rôle qui leur revient, en aidant à revitaliser l'économie mondiale. Ceci pourrait se faire s'ils relançaient leur demande intérieure et donnaient aux pays en développement plus d'accès à leurs marchés. La prochaine réunion de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) à Seattle devrait prendre la tête du renforcement du système commercial international, basé sur des règles connues, et sur l'augmentation des mesures de traitement préférentiel en faveur des pays en développement. Nous appelons aussi à un renforcement de la coopération entre la Banque mondiale, le Fonds monétaire international et l'OMC.

Concernant le financement du développement, nous pensons que les différences qui existent entre pays en développement devraient conduire à la mise en place de différents systèmes de financement, afin de permettre aux différents pays de développer les schémas les mieux adaptés à leurs véritables besoins de financement du développement. Nous devons donc ensemble réfléchir à de nouvelles idées et approches de mobilisation des ressources nécessaires. La tenue d'une conférence internationale consacrée à cette question serait par conséquent la bienvenue en ce moment, et s'il faut choisir le lieu de sa convocation, en dehors de New York, la Thaïlande est prête à apporter son concours, car nous pensons que la tenue de cette conférence hors de New York permettrait de mieux appréhender et de mieux souligner l'importance de la question du financement du développement. Un Groupe de travail créé en vue de cette réunion pourrait être étendu au secteur privé et à d'autres acteurs, et nous soutenons aussi la mise en place d'un comité préparatoire pour continuer à suivre et a étudier certaines questions importantes comme les résultats et le suivi de la conférence. Nous pensons que des réunions au niveau régional nous apporteraient beaucoup d'idées nouvelles et originales sur la question.

M. NASTE CALOVSKI (ex-République yougoslave de Macédoine) a déclaré qu'à l'heure actuelle les priorités économiques de son pays ont pour noms intégration dans l'Union européenne; recherche de solutions aux problèmes du chômage; gestion des effets négatifs de la crise au Kosovo; solution aux problèmes des marchés perdus; ou encore attraction des investissements étrangers.

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Le représentant a poursuivi en soulignant que la question la plus urgente que la Commission devra résoudre au cours de cette session concerne la manière de gérer au mieux la mondialisation. Selon lui, la gestion de la mondialisation doit tendre à un renforcement de l'intégration régionale et mondiale, à la réduction du chômage et à la création d'emplois, à l'élargissement de l'accès aux marchés, et au règlement de la question de la dette. A cet égard, le représentant a estimé que la mise en oeuvre de la Déclaration de Cologne adoptée par le G7 est cruciale. Il a ajouté que la gestion de la mondialisation doit également tendre au renforcement des investissements dans les pays en développement et dans les économies en transition et à la mise en oeuvre intégrale d'Action 21.

Soulignant l'importance de la lutte contre la pauvreté, de l'éducation et de l'élimination de toutes les formes de discrimination, le représentant a appelé à des efforts supplémentaires pour arrêter et renverser la tendance au déclin de l'APD. Il a exprimé le souhait que la Commission examine le contenu de concepts tels que pays développés et pays en développement ou pays riches et pays pauvres, créés durant une ère de confrontation. Le monde entre aujourd'hui dans une ère de coopération et de mondialisation qui rend caduques de tels concepts, a estimé le représentant avant de rappeler que la Charte de l'ONU ne comprend aucun de ces concepts et n'établit aucune différence entre les Etats Membres.

Mme EMOLEMO MORAKE (Botswana) a déclaré que la mondialisation avait eu des effets néfastes sur les économies africaines car la chute du prix des matières premières en a été l'une des conséquences. Mais ces pays placent beaucoup d'espoir en la prochaine réunion de l'Organisation mondiale du commerce (OMC), notamment en ce qui concerne les réponses qui seront apportées aux pratiques protectionnistes que l'on observe de la part des pays développés qui ferment leurs marchés à nos exportations. La communauté internationale doit, et c'est un impératif, veiller à assurer un minimum de bien-être à tous les peuples de la planète. A cet égard, l'Afrique, qui croule sous les problèmes, mérite une plus grande attention . La pandémie du VIH/sida et la marginalisation menacent le continent, dont les économies fragiles ne peuvent atteindre le niveau de compétitivité exigé par le nouveau contexte économique international. Au sein de la Communauté de développement de l'Afrique australe (SADC), le taux de croissance moyen de 3,5% est très inférieur à ce qu'il devrait être pour arriver à renverser la montée croissante de la pauvreté parmi les populations de la région. Notre pays, pour sa part, poursuit une politique multisectorielle de développement rural, ce qui nous permet d'intégrer davantage les femmes dans la structure économique, mais cette politique ne peut être soutenue que si le niveau de l'aide et des investissements s'accroît. Nous attendons donc avec impatience que des discussions s'engagent sur la question du financement du développement. A cet égard le déclin des ressources du PNUD et du FNUAP nous préoccupe beaucoup, ce qui nous mène à lancer un appel à un financement soutenu et prévisible du système des Nations Unies.

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M. GERT ROSENTHAL (Guatemala) a mis l'accent sur deux certitudes partagées par l'ensemble de la communauté internationale. La première de ces certitudes est que la mondialisation de l'économie a eu des effets similaires sur différentes catégories de pays. Il semble aujourd'hui que les avantages de cette mondialisation se distribuent et se répartissent de façon proportionnelle au niveau de développement. La distance entre les économies désavantagées et les économies plus avancées s'agrandit, comme s'élargit, dans les pays en développement, le fossé entre les riches et les pauvres. Jusqu'à présent, la sagesse conventionnelle voulait que l'on fixe des règles de jeux claires pour que la mondialisation profite à tous. Pourtant aujourd'hui, le sentiment largement partagé est que le choix d'un terrain de jeux et l'établissement de règles claires ne suffisent plus puisque les pays les plus désavantagés nécessitent toujours des traitements différentiels pour acquérir une plus grande compétitivité sur les marchés internationaux. La deuxième certitude, a poursuivi le représentant, porte sur le lien entre sécurité et développement. Il est de plus en plus reconnu que la paix n'est pas possible dans des situations persistantes d'extrême pauvreté, de marginalisation et d'injustice sociale. Le représentant a souhaité que les travaux de la Commission, au cours de cette session, tournent autour de ces deux certitudes. Il a terminé sa déclaration par la question du financement du développement dont l'examen doit conduire la Commission à mieux définir le rôle qu'elle veut voir les Nations Unies jouer dans la sphère économique.

Pour le représentant, il est difficile de concevoir un financement du développement sans réfléchir à une sorte de partenariat avec la Banque mondiale. La création d'un tel partenariat forcera les Etats à penser aux avantages comparatifs de l'ONU, au nombre desquels figure la légitimité incomparable de l'ONU à convoquer des conférences internationales. Le représentant a lancé un appel à la Commission pour qu'elle ne perde pas de vue, lors de l'examen des points inscrits à son ordre du jour, les objectifs généraux pour lesquels l'Organisation a été créé ainsi que la nécessité plus urgente que jamais de prêter toute l'attention requise au renforcement du développement.

M. MAKARIM WIBISONO (Indonésie) a déclaré que le monde a tiré des leçons selon lesquelles l'ouverture débridée des marchés et la compétition sauvage n'amènent pas forcément la croissance et le développement, et ne réduisent pas non plus de façon automatique les inégalités. Il est important de savoir que les signes de reprise limitée en Asie ne doivent pas amener la communauté internationale à renoncer à trouver des solutions à la volatilité du système financier international. Les marchés de capitaux, notamment à court terme devraient faire l'objet d'une surveillance accrue, et les flux de capitaux devraient être mis au service de la croissance et du développement.

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Le système commercial international est, avec les ressources financières du développement, le principal moteur de la croissance économique et du développement. En fait, si l'accès aux marchés était accru, et si les pays en développement bénéficiaient de plus de débouchés pour leurs produits, le développement pourrait être financé sur les gains issus des activités d'exportation. Mais ce n'est pas le cas. Les bénéfices du Cycle d'Uruguay, comme les règles basées sur un système commercial sûr, prévisible et multilatéral, ne sont pas respectées. Les obstacles à cet égard se sont multipliés, allant du blocage volontaire des avantages comparatifs qui auraient profité aux pays en développement, aux subventions illégales, en passant par l'introduction par les riches de conditionnalités touchant aux questions d'environnement, de droits de l'homme et de conditions de travail. De ce fait, les pays en développement ne peuvent bénéficier des opportunités que pourraient leur offrir les marchés internationaux en expansion. Pour inverser ces tendances la communauté internationale doit renforcer le système de commerce multilatéral qui est compris dans les textes de l'OMC, pour assurer le fonctionnement d'un système plus équitable et plus juste. Ceci est essentiel, si l'on veut promouvoir un meilleur climat international de commerce et d'investissement.

Mme NURY VARGAS (Costa Rica) a estimé que l'élimination de la pauvreté et la réalisation du développement durable doivent être considérées, par les Nations Unies et chaque Etat Membre, comme des tâches prioritaires. La finalité du travail étant somme tout de fournir de meilleures conditions de vie aux populations, il est malheureux de constater que le monde est encore loin d'avoir atteint cet objectif. En effet, s'est interrogée la représentante, est-il possible de parler du bonheur de l'humanité lorsqu'1,5 milliard d'individus survit avec 1 dollar par jour. Il est donc urgent que chaque pays prenne en main la création des conditions nécessaires pour éliminer la pauvreté et réaliser le développement durable. Il faut néanmoins ajouter que ceci ne peut se réaliser sans une coopération internationale renforcée. Le défi de la pauvreté est multidimensionnel et exige la satisfaction de besoins multiples dans les domaines de l'alimentation, de l'éducation, de la santé, de la formation professionnelle ou encore du logement. Il exige en outre de lutter contre les défauts structurels comme les déséquilibres financiers, l'absence de capitaux, les catastrophes naturelles et les contraintes liées à l'accès aux marchés. Pour le Costa Rica, la seule solution possible consiste en l'établissement d'un plan d'investissement social volontariste. Le premier pas doit viser à réduire les budgets militaires pour les consacrer à l'éducation et à la santé. C'est la seule politique logique quand on tient compte du fait que les armées sont bien souvent une source constante de tensions et de répressions.

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Cette politique a porté ses fruits au Costa Rica qui a tout misé sur l'éducation et la santé. Grâce à cela et en dépit des moyens financiers limités, les indicateurs nationaux de santé et d'éducation sont analogues à ceux des pays développés. La stabilité politique et économique, quant à elle n'est rien moins qu'"admirable". Néanmoins, le Costa Rica est conscient de la nécessité de déployer des efforts constants pour améliorer ces indicateurs. Par ailleurs, la lutte contre la pauvreté nécessitant des ressources, il est important de promouvoir le développement économique durable. Il s'ensuit que la création d'un ordre économique internationale plus juste et plus équilibré s'avère cruciale. Il faut élaborer des stratégies commerciales ouvertes faisant du commerce et des investissements les moteurs de la croissance économique. Il faut aussi trouver un cadre financier international protégeant les pays en développement contre les crises financières. Il est enfin indispensable de protéger l'environnement, ressource de base du développement national et mondial. Le Costa Rica, qui détient 16% de la diversité biologique du monde, a décidé de protéger près du quart de son territoire par la création de réserves et de parcs nationaux. Dans ce contexte, le pays est en faveur d'un système international qui récompense la protection de l'environnement et sanctionne sa détérioration. Il faut donc appliquer pleinement le Protocole de Kyoto et aborder comme il se doit la question des changements climatiques. La représentante a dénoncé pour conclure l'inégalité en ce qui concerne la vulnérabilité aux catastrophes naturelles. Elle a demandé l'établissement de mécanismes financiers internationaux qui permettent de réagir rapidement aux différents types de crises écologiques qui affligent les pays en développement.

M. ALI SULEIMAN AUJALI (Jamahiriya arabe libyenne) a associé sa délégation à la déclaration faite par le Guyana au nom du Groupe des 77 et de la Chine. La Libye estime qu'il est important d'arriver à concrétiser les objectifs de la Charte des Nations Unies conçue dans le dessein de promouvoir le bien-être de tous les peuples. Mais vu l'état du monde actuel qui croule sous la dette, le chômage et la pauvreté, l'ONU n'a pas été à la hauteur des espoirs de ces peuples. Jusqu'à présent, les discours ont, en effet, été plus nombreux que les actes. Des fortunes sans précédent dans l'histoire de l'humanité ont été accumulées par des individus dans les pays riches alors qu'au même moment, la majorité de la population mondiale croupit dans la misère. Il faut donner aux pays les moyens d'offrir une existence digne à leurs citoyens et mettre fin aux pratiques iniques d'embargos et de manipulation de la dette dont se servent certains pays développés pour écraser les autres.

Il est décourageant de voir chaque année baisser l'Aide publique au développement (APD), et de voir les manipulations dont se font les champions certains pays qui se servent des institutions internationales comme de leurs propres outils de politique internationale. Le thème de la démocratie a ainsi servi à divertir des ressources qui auraient en temps normal été affectées à des activités de développement.

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Les organes du système des Nations Unies, sous prétexte de servir les droits humains sous le chapitre de la soi disant "bonne gouvernance", se sont servis de ressources déjà rares pour soutenir des objectifs intolérables, hors des mandats qui leur étaient donnés par les Etats Membres. Aucune société et aucune religion n'ignore les droits de l'homme, et les pays victimes des agressions de la "communauté internationale" sous ce chapitre, méritent réparation. Il faudrait d'abord balayer devant sa porte. Tous les rapports montrent qu'à cause de la mondialisation la majorité des peuples voient leurs conditions de vie s'aggraver. Nous espérons que l'ONU ne tiendra aucun compte des discours et des slogans propagandistes des institutions qui prônent les ouvertures incontrôlées et le libéralisme à outrance. Nous voulons, d'autre part, insister sur le fait que l'exploitation par Israël des ressources en eau du Golan et des territoires du peuple palestinien occupés est une violation flagrante du droit international. D'autres part, les mesures coercitives sur les pays en développement exercées par certains pays développés doivent cesser et les pays victimes d'embargo devraient recevoir des dédommagements financiers, car les mesures dont ils ont souffert sont totalement illégales.

M. DUMISANI S. KUMALO (Afrique du sud) s'est déclaré préoccupé par les chiffres avancés par le Rapport sur le commerce et le développement de 1999 selon lesquels seuls 5% des flux financiers mondiaux se dirigent vers l'Afrique. Il a également dit sa préoccupation face au déclin continu de l'Aide publique au développement qui, conjugué à l'endettement alarmant des pays africains, compromet les perspectives de développement du continent. A cet égard, le représentant a accueilli avec satisfaction la Déclaration du G7 sur l'endettement des pays pauvres. Il a néanmoins estimé que la question de la dette exige des mesures exhaustives et élargies, et qui tiennent compte des intérêts économiques des pays débiteurs. Le représentant a poursuivi sur la question de l'élimination de la pauvreté qui demeure un problème majeur dans les pays les moins avancés. Il s'est félicité des activités en cours des fonds et programmes des Nations Unies tout en dénonçant la crise financière que subit depuis trop longtemps le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD). Le représentant a donc souligné tout l'intérêt qu'il y aurait à convoquer une conférence de haut niveau sur le financement du développement avant l'an 2001.

Le représentant a, d'autre part, jugé impératif que la prochaine conférence ministérielle de l'OMC examine la mise en oeuvre des Accords conclus lors des négociations précédentes, en particulier ceux relatifs aux secteurs de l'agriculture, du textile et de l'habillement. Dans le contexte de la libéralisation du commerce, a-t-il poursuivi, il est urgent de mettre un terme aux subventions, en particulier dans le secteur agricole des pays développés pour permettre une concurrence libre et loyal. Le représentant s'est également arrêté sur les questions de l'environnement pour appeler la Commission à réfléchir aux préparatifs de la conférence d'examen de l'application d'Action 21, dix ans après la Conférence de Rio.

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A cet égard, le représentant a déploré que malgré les progrès enregistrés, par ailleurs, le respect des engagements internationaux, pris volontairement par les pays développés, demeure décevant. Il a notamment exprimé l'appui de son Gouvernement à la conclusion d'un protocole équilibré sur la biosécurité pour protéger, de manière efficace, les pays en développement de l'exportation dangereuse de produits génétiquement modifiés sans pour autant, a-t-il souligné, restreindre les progrès en biotechnologie et le commerce de ces produits.

M. THANE MYINT (Myanmar) a dit que la fuite désordonnée des capitaux à court terme avait mis la vie de nombreuses nations et de plusieurs gouvernements en danger il y a deux ans en Asie du Sud-Est. Cette récente crise financière a clairement démontré qu'il existait des failles inacceptables dans le fonctionnement du système international. Personne ne peut nier que l'absence d'un système financier permettant de réglementer les activités en ce domaine est un problème à résoudre d'urgence, car il est paradoxal qu'un monde de plus en plus sophistiqué et interdépendant ne dispose pas d'un système financier plus adéquat. Notre délégation pense fortement que la mise sur pied d'une nouvelle architecture financière internationale devrait être poursuivie, a poursuivi le représentant.

Concernant la question de la dette, l'Initiative en faveur des pays pauvres très endettés lancée en 1996 a été chaleureusement applaudie, et il y a quelques mois, les pays du G7 réunis à Cologne, ont adopté des mesures de réduction partielle de la dette d'un niveau de 71 milliards de dollars qui effaceront environ le tiers de la somme de 230 milliards des dettes à ce jour impayées. Mais ces mesures, même s'il faut s'en féliciter, sont loin de résoudre le problème auquel nous faisons face. Annuler la dette des pays en développement, dont 60% des dépenses vont en fait au service de la dette extérieure, est une obligation morale qu'aucun créditeur ne devrait ignorer.

M. DAMBA GANKHUYAG (Mongolie) a déclaré qu'il n'est pas douteux que la mondialisation a offert de nouvelles opportunités de développement économique tout en entraînant aussi un risque de marginalisation pour les pays en développement. Or, il est impensable d'espérer lutter contre les conséquences néfastes de la mondialisation et de la libéralisation par des mesures à la porté des seuls gouvernements, a dit le représentant qui a appelé à des efforts concertés de la communauté internationale et à une participation accrue du secteur privé. La crise asiatique, a poursuivi le représentant, a montré que le développement n'est pas seulement une question de politiques justes et d'investissements sains. Il exige aussi une bonne gouvernance par le biais d'institutions publiques ouvertes et transparentes et de bonnes relations de travail avec le secteur privé et la société civile. S'agissant du financement du développement, le représentant a indiqué que bien que l'épargne domestique puisse engendrer la croissance économique, les pays en développement nécessitent toujours des ressources extérieures.

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Le fardeau de la dette, le déclin des prix des produits de base et la détérioration des termes de l'échange sont autant d'éléments qui ont affecté la capacité de ces pays à financer leur développement. L'APD ayant atteint son niveau le plus bas, la Mongolie attache une importance particulière à la conférence sur le financement du développement.

Décrivant la situation particulière des pays sans littoral, le représentant a souligné la nécessité d'appliquer les décisions arrêtées dans le Cadre global pour le transport de transit et celles des réunions trilatérales sur la question. La quatrième réunion d'experts qui vient de réunir à New York, les pays sans littoral et de transit, les pays donateurs et les institutions de développement et de financement, a d'ailleurs recensé les moyens d'accélérer la mise en oeuvre de ce Cadre global. La Mongolie, étant l'un des 29 pays en développement sans littoral, est déterminée à coopérer avec ses partenaires étrangers dans différents domaines notamment celui du développement et de l'amélioration des infrastructures pour le transport de transit. Dans le cadre du suivi des décisions de la réunion d'Ulaanbaatar, qui s'est tenue en 1997, des efforts ont été déployés pour conclure un accord sous-régional sur la création d'un cadre juridique sous-régional pour faciliter le transport de transit.

Mme ENRICA TADDEI (Saint-Marin) a estimé que l'éradication de la pauvreté devrait être la première priorité de la communauté internationale. La pauvreté ne se manifeste pas seulement par l'absence de moyens matériels de survie, mais aussi par le dénuement sur le plan culturel, par l'incapacité de pouvoir faire des choix pour sa propre vie et par le manque de liberté. Les chiffres parlent d'eux-mêmes: plus d'un milliard et demi de personnes vivent avec moins de 300 dollars par an et parmi ces personnes, environ un milliard sont des femmes illettrées. 830 millions de personnes sont mal nourries, et 750 millions sont sans logement décent et sans accès aux soins de santé.

Saint-Marin soutient les efforts de l'ONU vis-à-vis du continent africain en ce qui concerne notamment le problème de la dette et le financement du développement. Nous apprécions les initiatives prises par les donateurs pour réduire la dette des pays africains, et notamment les récentes initiatives de certains pays, dont les Etats-Unis et la Norvège, en vue d'annuler purement et simplement la dette bilatérale. Mais nous estimons qu'il est important que les dettes ainsi remises soient orientées vers le développement économique et social, et notamment dans des investissements concernant l'éducation et la santé. Nous notons à cet égard que la Tanzanie a créé un Fonds d'allégement de la dette multilatérale, qui lui permettra d'orienter les bénéfices de la réduction de la dette directement vers des programmes de lutte contre la pauvreté.

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M. BURAK OZUGERGIN (Turquie) a souhaité que le développement, qui est une préoccupation partagée par tous, transcende les idéologies et les intérêts à court terme. Le développement étant la responsabilité première de chaque pays, il exige une gestion saine et durable des ressources humaines et naturelles et en particulier, une bonne gouvernance, des cadres juridiques et régulateurs transparents ainsi que des règles fondées sur l'économie de marché. Toutefois, ces éléments à eux seuls ne sauraient garantir même le plus modeste des paradigmes de développement. Le développement durable nécessite donc une coopération internationale renforcée et étant donné que cette coopération fait partie des forces motrices de la prospérité et de la confiance entre nations, elle sert aussi la paix et la stabilité. Dans l'économie internationale actuelle, la fourniture aux pays en développement d'une assistance financière et technique et le déploiement d'efforts supplémentaires pour intégrer les pays les moins avancés aux systèmes financier et commercial internationaux apparaissent comme des impératifs. Il est essentiel que la communauté internationale tienne compte des besoins des pays en développement afin d'arrêter la marginalisation croissante des pauvres et de réaliser des progrès dans la réalisation des objectifs de développement. A cet égard, le représentant s'est particulièrement félicité des initiatives récentes prises à Cologne et à Washington sur l'allégement de la dette.

Le représentant a poursuivi en attirant l'attention de la Commission sur le Rapport concernant le développement mondial qui identifie les deux forces susceptibles de marquer le paysage du développement au cours des premières décennies du prochain millénaire. Il s'agit de la mondialisation et la délocalisation qui impliquent une participation accrue des communautés locales dans la prise de décisions en matière de développement. Ces forces signifient une interdépendance accrue, l'arrivée de nouveaux acteurs sur la scène du développement, et des récompenses plus importantes pour les stratégies de développement réussies. Si la Turquie convient que l'Organisation n'est pas le forum de discussion idéal pour les questions hautement sensibles de l'architecture financière mondiale, elle estime néanmoins que c'est aux Etats Membres de donner la caution morale nécessaire au changement. Après tout, les Nations Unies sont toujours le seul endroit où les voix des millions de pauvres peuvent être entendues.

M. KHAGENDRA BHATTARAI (Népal) a associé sa délégation à la déclaration du Guyana, faite au nom du Groupe des 77 et la Chine. Le nouveau millénaire frappe à nos portes, a dit le représentant, mais il est ironique que les pays en développement y entreront plus démunis que jamais, malgré les immenses avancées technologiques et économiques faites par les autres parties du monde. l'engagement international de réduire de moitié la pauvreté dans le monde en 2015, est le premier défi que nous devrons tous relever au nouveau siècle. La coopération pour le développement a été capable de traiter certaines des questions liées au développement durant le siècle qui prend fin, mais ces questions n'ont pas trouvé de vraies réponses, à cause de l'absence d'un partenariat véritable avec le secteur privé.

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De plus, le phénomène de lassitude en matière d'aide au développement est manifeste, et le déclin du niveau de l'aide lié à la rareté des investissements, a acculé les pays en développement à la marginalisation. Les pays enclavés, comme le Népal, sont dans la situation la plus difficile, leur situation montagneuse et la dispersion de leur population rendant difficile toute entreprise de production ou de distribution de biens et de services. Au vu de la situation actuelle, nous pensons que la communauté internationale devrait créer les moyens et les structures qui permettraient aux pays pauvres et vulnérables de s'intégrer aux échanges économiques internationaux.

M. OM PRADHAN (Bhoutan) a estimé que les résultats de la conférence de haut niveau sur le financement du développement qui doit se tenir en l'an 2001 diront si la communauté internationale entend commencer le nouveau millénaire avec un espoir renouvelé ou avec le désenchantement et les conflits qui secouent le monde actuellement. Le représentant a souligné qu'en l'an 2001, son pays aura comptabilisé quatre décennies de développement socioéconomique planifié. Si au cours de ces quarante années, des progrès réels ont été enregistrés, le Bhoutan, qui compte parmi les pays les moins avancés, continue de faire face à des obstacles dans le financement de son développement et nécessite donc toujours l'appui de la communauté internationale. Dans ce contexte, le représentant a souligné la nécessité urgente d'accroître le niveau de l'APD pour assurer une base financière solide aux institutions de développement des Nations Unies.

M. BOKOUM MOHAMADOUN BAREMA (Mali) a indiqué le soutien de sa délégation aux thèmes développés par le représentant du Guyana dans son intervention faite au nom du Groupe des 77 et la Chine. Ce Groupe entend renforcer la solidarité entre ses membres. En ce qui concerne les préoccupations relevées par le Secrétaire général dans le rapport sur les activités de l'Organisation, notamment sur la question du financement du développement et la promotion d'un cadre de développement plus dynamique qui peuvent être considérés comme des impératifs, une plus grande coopération s'impose entre nations riches et pauvres. Concernant les activités de développement des organes du système des Nations Unies, les apports financiers destinés aux projets ne sont pas souvent d'un niveau suffisant, et ne sont pas versés en temps opportun.

Le Mali estime qu'on ne peut motiver un peuple si son travail n'est pas justement rémunéré. Le monde a, d'autre part, changé plus vite que les pays en développement ne pouvaient s'y adapter et le nouveau contexte international leur pose de nouveaux défis en matière de développement social. L'exclusion est aujourd'hui un des plus graves fléaux que le monde doit combattre, sa logique confinant au mépris, à la haine, et à la xénophobie. Tous les continents sont aujourd'hui affectés par les actions de forces négatives, et les laissés-pour-compte de la croissance, qui se chiffrent aujourd'hui à plus de cinq milliards d'hommes et de femmes exigent que la communauté internationale se penche réellement sur leur sort.

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M. JEAN MAXIME MURAT (Haïti) a invité la Commission à accorder une importance particulière aux thèmes de la coopération internationale pour le développement. Il a attiré l'attention sur le Plan-cadre des Nations Unies pour le développement, qui permet à l'ONU de contribuer de manière cohérente aux efforts de développement des gouvernements, de plaider pour le strict respect des engagements et des politiques convenus dans la Déclaration sur la coopération économique et dans la Stratégie internationale du développement. Dans ce contexte, le représentant a exprimé son inquiétude devant l'amenuisement progressif de l'enveloppe budgétaire allouée à la coopération internationale par les bailleurs de fonds. L'Aide publique au développement, a-t-il rappelé, est passée de 2,3 milliards de dollars à 1,8 en moins de 10 ans. Le représentant a également attiré l'attention de la Commission sur la relation entre dette extérieure et développement économique durable. Il a appelé les principaux créanciers mondiaux à atténuer voire à éliminer les conditions restrictives de l'Initiative HIPC pour permettre à tous les pays en développement, les PMA et les petites économies en particulier d'en bénéficier pleinement. Le représentant a estimé que les multiples défis qui s'imposent à notre société dans le contexte actuel des relations internationales marqué par la mondialisation, exigent une révision des politiques de développement. Il a donc accueilli avec satisfaction l'initiative du Groupe des Nations Unies pour le développement d'étudier les possibilités de partenariat avec la société civile sur plusieurs problèmes de développement.

Le représentant a aussi salué la prise de conscience de la nécessité de partager les expériences en matière de développement économique. Il a ainsi renouvelé son appui au programme de coopération technique entre pays en développement et appelé à l'adoption de mesures urgentes visant à revitaliser la coopération internationale pour le développement surtout en ce qui concerne la promotion du transfert de technologie. Le représentant a, à cet égard, fait observer que la majorité des pays pauvres n'arrivent pas à saisir les avantages qu'offrent les techniques nouvelles à cause de la privatisation et de la concentration de ces techniques, permises par les règles sur le respect des droits de la propriété intellectuelle en matière de commerce.

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