LE COMITE DEMANDE QUE LES ACTIVITES ECONOMIQUES ET MILITAIRES DANS LES TERRITOIRES NON AUTONOMES SOIENT CONFORMES AUX INTERETS DES POPULATIONS LOCALES
Communiqué de Presse
AG/COL/164
LE COMITE DEMANDE QUE LES ACTIVITES ECONOMIQUES ET MILITAIRES DANS LES TERRITOIRES NON AUTONOMES SOIENT CONFORMES AUX INTERETS DES POPULATIONS LOCALES
19990706 Des pétitionnaires de Porto Rico évoquent la question de la présence de la marine américaine sur l'île de ViequesLe Comité spécial chargé d'étudier la situation en ce qui concerne l'application de la Déclaration sur l'octroi de l'indépendance aux pays et aux peuples coloniaux a réaffirmé, ce matin dans une résolution adoptée sans vote, la préoccupation que lui inspirent toutes les activités visant à exploiter les ressources naturelles, patrimoine des peuples des territoires autonomes, au détriment des intérêts de ces peuples et de façon à les empêcher d'exercer leurs droits sur ces ressources. En conséquence, le Comité spécial a demandé à nouveau aux puissances administrantes que des mesures législatives, administratives ou autres soient prises à l'égard des ressortissants et des personnes morales qui exploitent des entreprises préjudiciables aux intérêts des habitants des territoires non autonomes.
Par un autre texte également adopté sans vote, le Comité spécial a réaffirmé sa profonde conviction que l'existence de bases et d'installations militaires dans les territoires non autonomes pourrait constituer un obstacle à l'exercice par les peuples de ces territoires de leur droit à l'autodétermination. Le Comité spécial a également réaffirmé que les territoires non autonomes ne doivent pas servir à des essais nucléaires, au déversement de déchets nucléaires ou au déploiement d'armes nucléaires et d'autres armes de destruction massive, en déplorant que l'on continue d'aliéner au bénéfice d'installations militaires des terres dans les territoires non autonomes.
A cet égard, dans le cadre de l'audition de pétitionnaires sur Porto Rico, le Comité spécial a entendu des pétitionnaires présenter deux exigences; le retrait de la marine militaire américaine de l'île de Vieques et la libération sans conditions de tous les prisonniers politiques portoricains détenus dans les prisons américaines. La première exigence, a-t-il été rappelé, fait l'objet d'un large consensus à Porto Rico. Ainsi, le 4 juillet dernier, une grande manifestation a eu lieu en face de la base militaire de Roosevelt pour exiger le retrait de la marine américaine de Vieques. Les orateurs ont également insisté sur l'inscription de Porto Rico sur la liste
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des territoires non autonomes dont est saisi le Comité spécial arguant que le statut de Porto Rico, "dernière colonie du monde" ne correspond à aucune option retenue dans la résolution 1514 de l'Assemblée générale, à savoir, l'indépendance, l'intégration et la libre association. Tout en se félicitant de la disposition du Président américain, M. Bill Clinton et de la Chambre des représentants, à encourager la tenue d'une consultation populaire sur l'autodétermination, les pétitionnaires ont imputé le manque de progrès en la matière à la position "conservatrice" du Sénat américain. Ils ont donc appelé le Comité spécial à exiger de la Puissance administrante qu'elle assume ses responsabilités. Les interventions des pétitionnaires ont été suivies d'un dialogue avec les délégations.
Outre le Gouverneur de Porto Rico, les pétitionnaires des entités suivantes ont pris la parole : Collège des avocats de Porto Rico; Commission des Eglises du Conseil mondial des Eglises; Front socialiste; Projet éducatif porto-ricain, Cause commune indépendantiste; Parti indépendantiste porto- ricain; Comité pour le sauvetage et le développement de Vieques; Statehooders Organization of New York; Congresso Nacional Hostosiano; et Parti nationaliste de Porto Rico. L'intervention de la pétitionnaire du "National Advancement for Puerto Rican culture" a fait l'objet d'une motion d'ordre présentée par le représentant de Cuba.
Le Comité spécial poursuivra l'audition de pétitionnaires sur Porto Rico, cet après-midi, à 15 heures.
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ADOPTION D'UNE RESOLUTION
Activités économiques et autres qui font obstacle aux intérêts économiques et autres des peuples des territoires non autonomes (A/AC.109/1999/L.9)
Par cette résolution, adoptée sans vote, le Comité spécial réaffirme le droit des peuples des territoires non autonomes à l'autodétermination, ainsi que leur droit de tirer parti de leurs ressources naturelles et d'en disposer au mieux de leurs intérêts. Il réaffirme qu'il incombe aux puissances administrantes de favoriser le progrès politique, économique et social ainsi que le développement de l'instruction dans les territoires non autonomes. Le Comité spécial réaffirme la préoccupation que lui inspirent toutes les activités visant à exploiter les ressources naturelles qui sont le patrimoine des peuples des territoires autonomes, y compris des populations autochtones, des Caraïbes, du pacifique et d'autres régions, de même que leurs ressources humaines, au détriment des intérêts de ces peuples et de façon à empêcher ceux-ci d'exercer leurs droits sur ces ressources. Il affirme la nécessité d'éviter toutes les activités économiques et autres qui sont préjudiciables aux intérêts des peuples des territoires non autonomes.
Le Comité spécial demande à nouveau à tous les gouvernements qui ne l'ont pas encore fait de prendre des mesures législatives, administratives ou autres à l'égard de ceux de leurs ressortissants et des personnes morales relevant de leur juridiction qui possèdent ou exploitent dans les territoires non autonomes des entreprises préjudiciables aux intérêts des habitants de ces territoires, afin de mettre fin aux activités de ces entreprises. Il déclare de nouveau que l'exploitation préjudiciable et le pillage des ressources marines et autres ressources naturelles des territoires non autonomes compromettent l'intégrité et la prospérité de ces territoires. Le Comité invite tous les gouvernements et tous les organismes des Nations Unies à prendre toutes les mesures possibles pour que la souveraineté permanente des peuples des territoires non autonomes sur leurs ressources naturelles soit pleinement respectée et sauvegardée. Il prie instamment les puissances administrantes concernées de prendre des mesures efficaces pour protéger et garantir le droit inaliénable des peuples des territoires non autonomes sur leurs ressources naturelles, ainsi que leur droit d'établir et de conserver leur autorité sur l'exploitation ultérieure de ces ressources, et demande aux puissances administrantes de prendre toutes les mesures nécessaires pour protéger les droits de propriété des peuples de ces territoires. Le Comité demande aux puissances administrantes concernées de veiller à ce qu'il n'existe pas de conditions de travail discriminatoires dans les territoires placés sous leur administration et de favoriser, dans chaque territoire, l'application à tous les habitants sans discrimination d'un régime salarial équitable.
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ADOPTION D'UNE DECISION
Activités militaires des puissances coloniales et dispositions de caractère militaire prises par elles dans les territoires sous leur administration (A/AC.109/1999/L.10)
Aux termes de cette décision, le Comité spécial réaffirme sa profonde conviction que l'existence de bases et d'installations militaires dans les territoires coloniaux ou non autonomes pourrait constituer un obstacle à l'exercice par les peuples de ces territoires de leur droit à l'autodétermination, et réitère sa ferme conviction que les bases et installations existantes devraient être évacuées. Le Comité spécial prie instamment les puissances administrantes concernées de continuer à prendre toutes les mesures nécessaires pour éviter d'impliquer les territoires en question dans des actes d'hostilité ou d'ingérence dirigés contre d'autres Etats. Il demande une fois encore aux puissances coloniales concernées de mettre fin à leurs activités militaires dans les territoires placés sous leur administration et de supprimer ces bases militaires. Le Comité spécial réaffirme que les territoires coloniaux ou non autonomes et les zones adjacentes ne doivent pas servir à des essais nucléaires, au déversement de déchets nucléaires ou au déploiement d'armes nucléaires et d'autres armes de destruction massive. Il déplore que l'on continue d'aliéner au bénéfice d'installations militaires des terres dans les territoires coloniaux ou non autonomes, notamment dans les petits territoires insulaires du Pacifique et des Caraïbes, pareille utilisation d'importantes ressources locales risquant de compromettre le développement économique des territoires concernés.
Audition de pétitionnaires sur Porto Rico
M. PEDRO ROSELLLO, Gouverneur de Porto Rico, a plaidé pour le droit à l'autodétermination de Porto Rico en stigmatisant les "relations coloniales" qui le lie aux Etats-Unis. Porto Rico n'est pas un territoire intégré aux Etats-Unis, a insisté le pétitionnaire, et le statut actuel ne satisfait à aucun critère défini par les résolutions pertinentes de l'Assemblée générale des Nations Unies. Ni à l'indépendance, ni à l'intégration, ni à la libre association, a-t-il souligné. Le 2 juillet, le Président Clinton reconnaissait lui-même que les habitants de Porto Rico n'ont toujours pas le droit de vote aux élections présidentielles et législatives aux Etats-Unis bien qu'ils aient vécu dans le contexte américain depuis plus d'un siècle. Le Président Clinton renouvelait aussi sa détermination à organiser des consultations populaires sur le territoire. Dans ce contexte, a estimé le pétitionnaire, il semble que ce soit le pouvoir législatif qui ralentisse les choses. Il a donc exigé que le Comité spécial prenne des mesures plus vigoureuses et mentionne explicitement dans la résolution relative à Porto Rico, les trois options d'autodétermination auxquelles les Portoricains ont
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droit. Le Comité spécial doit également recommander l'inscription de Porto Rico dans la liste des territoires non autonomes. Il est temps, a dit le pétitionnaire, que le Comité spécial mette le Congrès américain devant ses responsabilités et que les Portoricains obtiennent un gouvernement librement choisi.
Commentant cette déclaration, le représentant de Fidji a demandé s'il est possible au Gouvernement portoricain de saisir la Cour suprême des Etats- Unis ou la Cour internationale de justice pour une définition exacte du statut de Porto Rico. Il faut, en effet, a-t-il ajouté, envisager d'autres solutions en dehors des solutions politiques étant donné que la Puissance administrante ne semble pas vouloir respecter ses obligations découlant de la Charte des Nations Unies. Le pouvoir judiciaire des Etats-Unis s'est exprimé à maintes reprises sur les relations entre Porto Rico et les Etats-Unis, a répondu le Gouverneur de Porto Rico. Pour cette instance, Porto Rico n'est pas un territoire intégré et ne participe pas aux décisions nationales. Il s'agit donc bien d'un territoire colonial. Ce qu'il faut aujourd'hui, a dit le pétitionnaire, c'est une solution politique et non juridique. Les cours et les tribunaux peuvent définir le droit mais la décision ultime doit être une solution politique. C'est pour une raison politique que les pétitionnaires continuent de s'exprimer devant le Comité spécial. Intervenant à son tour, le représentant de la Côte d'Ivoire a demandé la différence de statut entre Porto Rico et Guam, qui lui figure sur la liste des territoires non autonomes. Il a également demandé des précisions sur le concept de "souveraineté sociale" évoquée par le Gouverneur de Porto Rico. Il a enfin posé une question sur les initiatives du Congrès américain en ce qui concerne Porto Rico.
Guam et Porto Rico ont le même statut. Il s'agit de territoires américains qui ne participent pas à la prise de décision concernant le pays, a répondu le Gouverneur de Porto Rico. Répondant au dernier commentaire, le Gouverneur a indiqué qu'au Congrès américain, c'est surtout le Sénat qui continue de s'opposer au processus d'autodétermination et à toute idée de consultation populaire à Porto Rico, bloquant ainsi un texte adopté par la Chambre concernant un plébiscite sur plusieurs options d'autodétermination. Pour sa part, le représentant de Cuba a appuyé fermement l'inscription de Porto Rico sur la liste des territoires non autonomes de l'Assemblée générale en espérant que le Gouvernement américain privilégiera désormais la coopération en lieu et place de la confrontation.
M. EDUARDO VILLANUEVA MUNOZ, Collège des avocats de Porto Rico, a souligné que Porto Rico est une dernières colonies du monde à solliciter l'aide du Comité spécial. Expliquant le caractère colonial du territoire, le pétitionnaire a notamment indiqué que les lois américaines continuent de s'appliquer au territoire sans consultation préalable de la population et que le Congrès américain a toujours le droit d'exercer ses pleins pouvoirs sur Porto Rico. Le Comité spécial doit exiger des Etats-Unis qu'ils transfèrent le pouvoir souverain sur Porto Rico au peuple de Porto Rico, qu'ils convoquent une Assemblée constitutive, qu'ils libèrent les dix huit prisonniers détenus pour leur lutte contre le colonialisme, et qu'ils disent clairement le degré
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d'autonomie qu'ils sont disposés à accorder à Porto Rico. Il faut en finir avec le colonialisme et la servitude politique, a conclu le pétitionnaire.
Après cette déclaration, le représentant de la Côte d'Ivoire a souhaité savoir la manière dont l'opinion portoricaine est partagée sur les questions d'autodétermination. Quelles sont les forces en présence, a-t-il insisté. Le représentant du Collège des avocats a indiqué que le territoire compte deux millions d'inscrits. Sur ce nombre, 70% ont participé au scrutin le plus récent sur un plébiscite. Seul 1% s'est prononcé pour une formule coloniale, l'option de la libre association ayant remporté la majorité des voix. Pour le pétitionnaire, cette option n'est acceptable que si les pouvoirs du Gouvernement territorial sont clairement définis.
Mme EUNICE SANTANA, Commission des Eglises du Conseil mondial des Eglises, a demandé au Comité de faire de son mieux pour garantir au peuple porto-ricain son droit à l'autodétermination. Ce peuple aspire à la paix et à la justice. Il en a assez d'être complice de l'agression contre d'autres populations. C'est un peuple fatigué de voir ses fils quitter le pays à la recherche de conditions de vie meilleures et qui en assez d'être privé de ses droits de l'homme essentiels. Son histoire est comparable à celle de David et de Goliath, celle d'un nain contre un géant. Ce peuple en a assez de rester invisible et de sentir que personne ne l'écoute. Cette lassitude se rencontre dans toutes les couches de la population. Malgré le consensus à Porto Rico contre la présence de la marine militaire à Vieques, les Etats-Unis maintiennent cette présence, en violation des droits fondamentaux des Portoricains et du principe de souveraineté. Le Conseil mondial des Eglises veut faire entendre la voix des Portoricains, de Porto Rico et de l'étranger, et demande un processus juste de décolonisation, sur la base d'un vote. Mme Santana a lancé un appel au nom des Eglises en faveur de la décolonisation de Porto Rico, invitant le Comité à aller dans l'île pour se rendre compte lui- même de la situation sur le terrain.
M. JORGE FARINACCI GARCIA, Front socialiste, a demandé que le Comité se prononce de manière claire en faveur du droit à l'autodétermination de Porto Rico. Rappelant la résolution adoptée l'an dernier qui reconnaît que ce droit a été nié, M. Farinacci Garcia a rappelé que la grève générale d'août 1998 avait été menée contre la présence et l'hégémonie américaine dans l'île. Le 4 juillet dernier, de nombreuses personnes ont à nouveau manifesté contre la présence de la marine de guerre des Etats-Unis à Vieques. Nous voulons que la marine américaine abandonne totalement cette petite île et nous ne modifierons jamais notre position à ce sujet. Nous exigeons le retrait immédiat de toutes les installations militaires des Etats-Unis sur notre territoire. L'obstination du Gouvernement américain d'empêcher Porto Rico d'obtenir un statut souverain entraîne de grandes tensions sur l'île. Le Front socialiste et ses organisations exigent, au nom du peuple et des travailleurs de Porto-
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Rico, que le Comité se prononce avec clarté et fermeté contre le maintien de l'hégémonie coloniale. Il demande que la résolution qui sera adoptée fasse expressément mention de l'exigence du retrait de la marine des Etats-Unis de l'île de Vieques et que le cas de Porto Rico soit présenté à l'Assemblée générale.
Répondant ensuite à une question du Président du Comité qui avait demandé des précisions sur les charges présentées contre M. Jose Solis, le représentant du Front socialiste a précisé que ce professeur d'université de Porto Rico - département de l'éducation - est actuellement jugé à Chicago par un tribunal fédéral connu pour sa persécution à l'égard des Portoricains. Il a sera sans doute condamné demain à 15 ans de prison parce-qu'il aurait posé une bombe. Or, il n'y a pas de preuves contre lui. Tout le peuple sait qu'il s'agit d'une machination. C'est pourquoi, il y aura des manifestations de Portoricains, demain, à Washington, Chicago et New York, a indiqué le pétitionnaire.
M. JUAN MARI BRAS, Projet éducatif portoricain, Cause commune indépendantiste, soulignant le vaste consensus qui commence à émerger sur les questions relatives à la destinée du peuple de Porto Rico, a demandé l'inscription dans la résolution de la revendication relative à l'abandon de l'île de Vieques par la marine militaire américaine. Il a indiqué que la population de cette île avait été réduite de moitié (de 20.000 à moins de 10.000 personnes) à la suite de l'appropriation de l'île. Les bombardements qui y sont effectués ont affecté la faune et la flore, pollué l'île et affecté la santé de ses habitants. Le 4 juillet dernier, il y a eu une grande manifestation contre cette occupation militaire. C'est la première fois dans notre histoire qu'il y a un tel mouvement en faveur d'une même cause. On ne peut plus tolérer que cette force armée d'Amérique du Nord continue de compromettre les intérêts du peuple de Vieques.
Il y a aussi un vaste consensus national pour demander au Président américain la libération sans condition de tous les prisonniers politiques portoricains emprisonnés dans les geôles américaines et la cessation des persécutions contre les activistes portoricains. Tout le peuple porto-ricain appuie l'exigence que soient libérés, sans plus tarder, ces patriotes. Le pétitionnaire a demandé que la résolution de cette année prenne note du fait que les discussions qui ont eu lieu au Congrès au cours des dix dernières années n'ont abouti à aucun début de processus de décolonisation. La résolution doit demander que le Congrès reconnaisse que Porto Rico est une nation latino-américaine et caraïbéenne, ayant ses propres caractéristiques nationales, et que la souveraineté sur Porto Rico incombe exclusivement au peuple porto-ricain.
Intervenant après cette déclaration, le représentant de Cuba a demandé l'avis du pétitionnaire sur le rapport de la Commission spéciale sur Vieques publié le 25 juin. Le représentant du Projet éducatif portoricain, Cause commune indépendantiste a répondu que le rapport de cette Commission, nommée par le Gouverneur de Porto Rico, était l'un des événements les plus importants
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intervenus au cours de ce siècle de domination américaine du point de vue de l'union nationale. Il a souligné le fait que la Commission était très représentative et comprenait des membres de toutes les couches et de tous les secteurs de la société. Le consensus auquel est arrivée la Commission sur la question du retrait de la marine américaine de l'île de Vieques est sans doute l'événement le plus encourageant que l'on n'ait jamais connu, a-t-il conclu.
M. FERNANDO MARTIN, Parti indépendantiste portoricain, a fait part d'une résolution adoptée récemment par son parti qui réaffirme d'abord la compétence du Comité spécial sur la situation de Porto Rico et confirme le droit du peuple portoricain à l'autodétermination et à l'indépendance. La résolution prend également note de l'initiative prise par les Etats-Unis afin de débloquer la situation et étant donné que cette initiative est restée vaine, elle invite le Gouvernement américain à engager des pourparlers avec le peuple portoricain pour examiner les mécanismes les plus appropriés pour l'autodétermination. A cet égard, la création d'une assemblée élue devrait être une étape indispensable. La résolution demande aussi le retrait de la marine de l'île de Vieques et la restitution des territoires occupées au peuple de Vieques. La résolution demande enfin la libération des prisonniers politiques détenus dans les geôles américaines en raison de leur lutte pour l'indépendance.
A la suite de cette déclaration, le Président du Comité spécial a demandé si à l'heure actuelle la Chambre ou le Sénat américain envisage une initiative sur Porto Rico. Ces deux instances n'envisagent rien, a répondu le pétitionnaire du Parti indépendantiste. Du point de vue politique, la Chambre des représentants a fait avancer les choses par l'adoption d'un texte qui s'est heurté au blocage du Sénat. Le pétitionnaire a ainsi stigmatisé la situation paradoxale qui montre, d'une part, la rhétorique du Président Clinton en faveur de l'exercice du droit à l'autodétermination du peuple portoricain, et d'autre part, le blocage persistant du Sénat.
M. ISMAEL GUADALUPE, Comité pour le sauvetage et le développement de Vieques, a rappelé que la croisade pour le sauvetage de Vieques est née il y vingt ans. Depuis près de 60 ans, a-t-il insisté, cette île est utilisée par la marine des Etats-Unis illustrant ainsi le fait que les décisions principales sont prises par les Etats-Unis et pas par les habitants de Porto Rico. Les exemples de confiscation des terres, d'expulsion, d'abus des soldats sur les femmes de l'île sont légion a dit le pétitionnaire en citant le cas d'un homme tué le 19 avril dernier, des bombes larguées par des avions militaires. Le Département américain de la santé a lui-même indiqué, a ajouté le pétitionnaire, que le taux de cancer à Vieques est très supérieur à la moyenne nationale américaine.
Intervenant à la suite de cette déclaration, le représentant de la Côte d'Ivoire a demandé ce qu'il en est de l'assertion de l'armée américaine selon laquelle la présence de la marine a un impact positif sur l'économie de Vieques. Au contraire, a répondu le pétitionnaire du Comité pour le sauvetage et le développement de Vieques, l'économie de Vieques a été étouffée par
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l'arrivée de la marine américaine. L'agriculture a été détruite par l'occupation des trois-quarts de l'île, a-t-il souligné en insistant sur le fait que la présence de l'armée ne représente qu'une centaine d'emplois et une "centaine d'emplois précaires". A son tour, le représentant de Cuba a souhaité savoir ce qui est entrepris à l'échelle internationale pour atténuer les "effets extrêmes" des armes radioactives sur la population de Vieques. Porto Rico, a-t-il saisi les instances internationales, a demandé le représentant. Nos plaintes ont toujours été rejetées, a souligné le pétitionnaire du Comité pour le sauvetage de Vieques en indiquant que son Comité a lancé ses propres études pour analyser le type d'armements utilisés par l'armée américaine. Une des études a montré la présence d'uranium, responsable de nombreux types de cancers, en particulier chez les hommes, a dit le pétitionnaire. Le représentant de l'Iraq a déclaré que son pays a rencontré ce même type de problèmes à la suite des attaques perpétrées par les Etats-Unis.
M. WILFREDO SANTIAGO-VALIENTE, Statehooders Organization of New York, a estimé qu'un examen rapide des résolutions que le Comité spécial adopte depuis 38 ans sur Porto Rico montre qu'elles lient automatiquement le droit à l'autodétermination à l'indépendance. Cela est d'autant plus regrettable, a dit le pétitionnaire que tous les résultats des consultations populaires montrent que moins de 5% de l'électorat portoricain est favorable à l'indépendance. Il faut donc conclure que les résolutions du Comité spécial ne reflètent pas la position majoritaire du peuple portoricains qui est favorable à une libre association avec les Etats-Unis, a souligné le pétitionnaire.
Mme WILMA REVERON, "Congreso Nacional Hostosiano", a déclaré que depuis l'adoption de la dernière résolution en août dernier, les violations américaines sur le territoire de Porto Rico ont été confirmées. Pendant des années le peuple de Vieques a donné l'alerte quant à l'éminence d'accidents mortels en raison des activités militaires; la mort d'un garde de Vieques a confirmé cet état de fait. Malgré les résolutions de l'ONU demandant que le Gouvernement des Etats-Unis mette fin à toute présence militaire à Porto Rico, les activités et manoeuvres militaires américaines se sont poursuivies. Les habitants de Vieques ont une incidence de cancer de 26 % supérieure à celle de Porto Rico. Les graves problèmes de santé qu'ils connaissent sont sans aucun doute liés à la pollution provoquée par les activités militaires. Le "Congreso Nacional Hostosiano" demande que soit exigé des Etats-Unis qu'ils remplissent leurs devoirs, assument leurs responsabilités et entendent les revendications des habitants de Vieques. Le cas de Vieques ne représente qu'une des violations des droits de l'homme des Portoricains perpétrées par les Etats-Unis, a affirmé la pétitionnaire, évoquant également les nombreux prisonniers politiques portoricains détenus dans les prisons américaines. Les demandes antérieures en vue du retrait de la marine américaine de Vieques et de la libération des prisonniers politiques portoricains n'ayant pas abouti, le "Congreso Nacional Hostosiano" plaide à nouveau en faveur du soutien du Comité à ces revendications et au droit du peuple portoricain à l'autodétermination.
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Mme NILDA LUZ REXACH, "National Advancement for Puerto Rican Culture", a rappelé que plus de 97 % des électeurs avaient rejeté l'indépendance qui serait, selon elle, une tragédie pour l'île. Elle a évoqué à cet égard la situation dans les îles caraïbes desquelles les Etats-Unis se sont retirés, et en particulier l'instabilité qui règne à Cuba depuis le retrait américain.
Interrompant la pétitionnaire pour une motion d'ordre, le représentant de Cuba a demandé au Président de rappeler à celle-ci son obligation de rester dans le cadre du débat, estimant que certains propos n'avaient pas de rapport avec le sujet à l'ordre du jour.
Poursuivant sa déclaration, la pétitionnaire a estimé que la solution au problème de Porto Rico n'est pas de rejeter l'union avec les Etats-Unis mais de donner aux Portoricains les mêmes droits qu'aux citoyens américains. Porto Rico sera le 51ème état des Etats-Unis, comme le souhaitent de nombreux Portoricains, a-t-elle conclu.
Mme MARISOL CORRETJER, Parti nationaliste de Porto Rico, a exprimé l'espoir que l'engagement du Comité et la lutte des Portoricains pour la liberté et l'autodétermination de Porto Rico leur permettraient de s'associer bientôt à part entière aux travaux des Nations Unies. Il est temps que la communauté internationale reconnaisse qu'elle a été induite en erreur et donne à Porto Rico un statut souverain conformément au principe d'autodétermination. Mme Corretjer a exigé le retrait de la marine américaine de Vieques. Un peuple ne peut pas être libre lorsque les forces militaires d'un autre pays s'approprient de ses terres et s'y livrent à des activités néfastes pour sa population. Aucun Porto-ricain n'accepte la présence d'instruments de guerre modernes sur son territoire. Mais tant qu'il y aura un régime colonial, toutes les pétitions et les revendications seront vaines. Vieques n'est pas un monde à part. Ce qui s'y passe, se passe aussi à Porto Rico. Il ne peut y avoir de preuve plus flagrante de l'occupation coloniale que la présence de prisonniers politiques portoricains dans les prisons américaines. Nous comptons sur l'appui du Comité et de toute la communauté internationale pour réaliser notre autodétermination.
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