UN APPEL EST LANCE A L'ONU POUR QU'ELLE CONTRIBUE A LA GARANTIE DE LA SECURITE AU TIMOR ORIENTAL AVANT LE SCRUTIN D'AUTODETERMINATION
Communiqué de Presse
AG/COL/160
UN APPEL EST LANCE A L'ONU POUR QU'ELLE CONTRIBUE A LA GARANTIE DE LA SECURITE AU TIMOR ORIENTAL AVANT LE SCRUTIN D'AUTODETERMINATION
19990624 Le Comité spécial chargé d'étudier la situation en ce qui concerne l'application de la Déclaration sur l'octroi de l'indépendance aux pays et aux peuples coloniaux a terminé, ce matin, l'audition de pétitionnaires sur la question du Timor oriental. Les 44 pétitionnaires, ainsi que le Portugal et l'Indonésie, ont commenté les termes de l'Accord tripartite signé le 5 mai entre l'Indonésie, le Portugal et le Secrétaire général sur l'organisation d'un scrutin qui permettra au peuple est-timorais de se prononcer sur un projet de cadre constitutionnel pour l'autonomie du Timor oriental au sein d'un Etat indonésien unifié. Aux termes de l'Accord, il revient au Gouvernement indonésien d'assurer le maintien de la paix et de la sécurité au Timor oriental pour assurer un scrutin libre et transparent qui doit se dérouler sous la supervision des Nations Unies. C'est la raison pour laquelle, le Conseil de sécurité a adopté le 11 juin la résolution 1246 portant création de la Mission des Nations Unies au Timor oriental (MINUTO). Ayant souligné auparavant que la Mission ne pourrait remplir son mandat si les conditions de sécurité ne sont pas réunies, le Secrétaire général a, le 22 juin 1999, pris la décision de reporter de 15 jours la tenue du scrutin qui était prévu pour le 8 août.Les préoccupations du Secrétaire général ont été largement illustrées par les pétitionnaires qui ont dénoncé les actes d'intimidation commis par l'armée indonésienne avec l'aide des milices armées et d'autres groupes intégrationnistes. Les pétitionnaires ont soupçonné le Gouvernement indonésien de vouloir influencer le scrutin à son avantage et de prévenir tout résultat qui donnerait la victoire aux indépendantistes. Ils ont ainsi fait part des pressions exercées sur les dirigeants de l'opposition et souligné que deux mois avant la date prévue pour le scrutin, les prisonniers politiques sont toujours incarcérés dont le chef de la résistance timoraise, M. Xanana Gusmao. Les pétitionnaires ont appelé les Nations Unies à prendre des mesures pour mettre fin à cette ambiance hostile, en renforçant par exemple la composante sécurité de la Mission des Nations Unies au Timor oriental.
Au cours de la séance de ce matin, le Comité spécial a entendu les pétitionnaires du Mouvement des étudiants du Timor oriental et de la Coalition Asie-Pacifique pour le Timor oriental.
Le Comité spécial se réunira de nouveau lundi 28 juin à 10 heures pour examiner notamment la situation des 12 petits territoires non autonomes : Anguilla, Bermudes, Iles Caïmanes, Iles Turques et Caïques, Iles vierges américaines, Iles vierges britanniques, Guam, Montserrat, Pitcaïrn, Sainte- Hélène, Samoa américaines et Tokélaou.
- 2 - AG/COL/160 24 juin 1999
Audition de pétitionnaires sur la question du Timor oriental
M. OCTAVIO AUGUSTO DE JESUS SOARES, Mouvement des étudiants du Timor oriental, a déclaré s'exprimer au nom de la génération à venir du Timor oriental. Le Timor oriental est proche de l'Indonésie. Les propositions d'autonomie spéciale sont plus qu'acceptables pour les Timorais. La large autonomie proposée permettra aux Timorais de se pardonner les uns les autres. Elle sera une solution qui n'aura que des avantages. Les Timorais ont tout à gagner à vivre à côté des Indonésiens. Il y a des tentatives de séparer de son destin, qui est de faire partie de l'Indonésie, le Timor oriental. Les poissons ne peuvent pas vivre sans eau. M. Soares a souhaité que les manipulations qui ont lieu et qui prônent la séparation s'arrêtent. Il est important pour le Timor oriental que l'Accord de New York soient dûment mis en oeuvre. Le Gouvernement indonésien poursuit des efforts sans relâche pour favoriser la paix et cherche à permettre l'application des accords du 5 mai. En ce moment important, il est essentiel que la MINUTO garde sa neutralité. La MINUTO sait vraiment ce qui se passe dans la réalité et pourtant elle se prête à des rapports erronés. Les membres de l'équipe des Nations Unies ne devraient pas prendre parti. Seule la police locale a le devoir de vérifier les rapports qui sont faits par certains groupes ou individus.
M. AUGUSTO MICLAT, Coalition Asie-Pacifique pour le Timor oriental, reconnaissant les progrès remarquables qui ont été accomplis grâce aux efforts du Secrétaire général des Nations Unies, a regretté de revenir, une nouvelle fois, devant le Comité spécial pour faire part de ses préoccupations. Le pétitionnaire a expliqué que le mandat de l'Accord du 5 mai est déjà bafoué par la partie indonésienne qui a pris le parti de se "moquer de l'ONU et de la Mission des Nations Unies au Timor oriental". Les tueries, les intimidations, la torture et les déplacement sont devenues monnaie courante et ces violations de l'Accord et des droits de l'homme sont menées avec l'appui du Gouvernement indonésien et de son armée. La situation terrible qui règne au Timor a pris des formes encore plus grave ces derniers mois, à la veille le scrutin d'autodétermination. Des villages entiers ont été transformés en camp de réfugiés qui ne bénéficient d'aucune aide. Il est ironique, a poursuivi le pétitionnaire, que les forces d'occupation dans le Timor oriental soit en même temps, aux termes de l'Accord, chargé de surveiller la sécurité du territoire et d'assurer que la paix et l'ordre règnent pour mener à bien au scrutin. Il est également ironique que M. Eurico Gutterrez, responsable de plusieurs violations des droits de l'homme, ait été désigné, par le Gouvernement indonésien, à la tête des forces de police chargées de contrôler le scrutin. C'est là un mépris de la Charte des Nations Unies et du Cabinet du Secrétaire général.
Les efforts de l'ONU resteront vains, a estimé le pétitionnaire, si d'autres efforts ne sont faits pour mettre fin au sabotage en cours. Il faut faire pression sur le Gouvernement indonésien pour qu'il contrôle les responsables d'agissements sans principe et sans scrupules. Il est tout aussi important que l'ONU veille elle-même à ce que les conditions requises existent pour permettre un bon déroulement du scrutin. Des pressions doivent être exercées pour que les milices armées soient désarmées et que les militaires rentrent dans leur caserne. Le Gouvernement indonésien doit également être encouragé à libérer les résistants politiques dont M. Xanana Gusmao, chef de la résistance timoraise, a conclu le pétitionnaire. * *** *