LE MICROCREDIT ET LA MICROFINANCE NE SONT PAS LA PANACEE MAIS CONSTITUENT UN ELEMENT IMPORTANT DE LA STRATEGIE GLOBALE DE LUTTE CONTRE LA PAUVRETE
Communiqué de Presse
AG/EF/243
LE MICROCREDIT ET LA MICROFINANCE NE SONT PAS LA PANACEE MAIS CONSTITUENT UN ELEMENT IMPORTANT DE LA STRATEGIE GLOBALE DE LUTTE CONTRE LA PAUVRETE
19981102 La Deuxième Commission (économique et financière) a poursuivi son débat général sur la mise en oeuvre de la première Décennie des Nations Unies pour l'élimination de la pauvreté. La pauvreté touche aujourd'hui 1,3 milliard de personnes dans le monde et son éradication exige, entre autres, une démarche intégrée et coordonnée visant la croissance économique et le développement humain. Les délégations ont admis que le succès de la lutte contre la pauvreté passe par une plus grande autonomie des pauvres eux-mêmes, pour lesquels l'accès aux facteurs de production, y compris le crédit devra être favorisé. A cet égard, l'ensemble des délégations ont reconnu le bienfait des programmes de microcrédit et ont appelé à leur renforcement. Ces délégations ont expliqué que ces programmes portent notamment sur des prêts d'un montant relativement peu important - 100 dollars au plus - et qui sont remboursables à court terme, un an tout au plus. Les femmes en sont les principales bénéficiaires et les fonds prêtés sont utilisés essentiellement pour l'agriculture, la distribution, le commerce, le petit artisanat et les activités de transformation. Le Sommet sur le microcrédit, tenu à Washington en 1997, avait d'ailleurs fixé comme objectif d'accorder, d'ici à l'an 2005, aux 100 millions de familles les plus pauvres des crédits et autres services financiers et commerciaux. Les délégations ont toutefois reconnu que le microcrédit n'est pas la panacée, mais un élément important dans la lutte contre la pauvreté. L'initiative ne suffira pas si les institutions publiques n'assurent pas l'accès à l'éducation et le développement des ressources humaines, l'accès à l'information et à la propriété agraire.La Commission a entendu M. Juan Somavía, Président du Conseil économique et social, qui a présenté le rapport du Conseil. Les délégations des pays suivants ont participé au débat: Yémen, Sénégal, Tunisie, Mali, Pérou, République de Corée, Guinée, Koweït, Saint-Marin, Zambie, Jamaïque, Madagascar et Népal. Les représentants de l'Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture (UNESCO), de la Banque mondiale et du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) se sont exprimés.
La Commission poursuivra son débat demain, mardi 3 novembre, à 10 heures.
Allocution de M. Juan Somavía, Président du Conseil économique et social
M. JUAN SOMAVIA, Président du Conseil économique et social, a mis l'accent sur le fonctionnement du système du Conseil économique dans son ensemble en arguant que des progrès ont été accomplis grâce à une conjonction des politiques et une gestion efficace des responsabilités du Conseil. Il s'agit en fait de la capacité de mettre les compétences au service des intérêts communs et de créer un climat de consensus. M. Somavía a indiqué que cette année, pour la première fois, le Secrétaire général s'est adressé au Conseil pour notamment l'assurer de son engagement en faveur de ses activités. La pleine participation du Secrétaire général aux travaux du Conseil a d'ailleurs contribué au succès de sa session. M. Somavía a illustré la place grandissante du Conseil dans l'examen des questions de politique économique en mentionnant la réunion de haut niveau avec les institutions de Bretton Woods tenue le 18 avril et le débat de haut niveau de l'Assemblée générale sur la mondialisation, tenue au début de la 53ème session. Par ces réunions, le Conseil a démontré l'avantage comparé de son mandat qui lui a permis de faire reconnaître à la communauté internationale l'impossibilité de poursuivre des politiques sectorielles indépendantes et la nécessité urgente de développer plutôt des politiques intégrées qui reflèteraient ses différents objectifs. Le Sommet du développement social, a-t-il rappelé, a montré que l'économie mondiale a besoin d'un pilier social afin de mieux résoudre les problèmes de pauvreté, de chômage et d'intégration sociale. Il a pourtant fallu la crise financière actuelle pour reconnaître que la souffrance humaine continue de s'aggraver et qu'il convient d'agir. Pour M. Somavía, il faut aller au-delà de l'architecture financière proposée et procéder à une coopération multilatérale intense. Il faut ainsi assurer une coordination effective entre le FMI, le Groupe de développement des Nations Unies, la Banque mondiale et l'OMC.
Les travaux de cette année, a poursuivi M. Somavía, ont souligné la pertinence du Conseil économique et social dans les questions liées à la mondialisation. Le Conseil a ainsi pu renforcer son rôle de coordination et ses fonctions de guide des organes subsidiaires. A cet égard, la session extraordinaire du Conseil sur le suivi intégré des recommandations des grandes conférences a été considérée comme un succès. Le rôle du Conseil ne vise pas à dicter les politiques de ces organes mais à donner une plus grande cohérence aux travaux de tous les organes de son système. Le Conseil a, pour la première fois, décidé de réduire le nombre des membres de la Commission de la science et de la technique, de combiner les mandats de deux organes subsidiaires pour former le Comité de l'énergie et des ressources pour le développement, d'adopter une série de mesures sur les méthodes de travail des commissions et d'entreprendre un examen approfondi du fonctionnement des commissions régionales.
( suivre)
- 3 - AG/EF/243 2 novembre 1998
Pour la première fois aussi cette année, le Conseil a tenu un débat sur le renforcement de la coordination des activités humanitaires des Nations Unies. Il examinera ultérieurement la manière de renforcer cette coordination. Pour la première fois enfin, une incidence budgétaire a été présentée pour indiquer comment les décisions du Conseil permettront à l'ONU de faire des économies. M. Somavía a terminé son exposé en faisant part de certains problèmes. Il a ainsi estimé que le débat général du Conseil économique et social laisse beaucoup à désirer. La prolifération de rapports et la longueur de la liste des questions rendent difficiles toute discussion cohérente. Le Conseil doit en outre voir de quelle manière il peut davantage assurer la coordination avec les institutions spécialisées. Le rapport entre le Conseil et l'Assemblée générale est beaucoup plus nébuleux, a-t-il estimé. Il faudrait que le Conseil lui soumette un rapport plus substantiel et dise clairement ce qu'il attend de l'Assemblée générale. Il faudrait aussi revoir la manière fragmentaire dont le rapport du Conseil est présenté à l'Assemblée. La distinction entre le Conseil et l'Assemblée générale est claire; le premier traite de la coordination et le second établit les politiques. Dans la réalité pourtant cette frontière est plus floue. Peut-être faudrait-il, pour éclaircir les choses, faire en sorte que les Présidents des Deuxième et Troisième Commissions, soient acceptés comme membres ex-officio du Bureau du Conseil et que l'un des Vice-Présidents du Conseil devienne membre ex-officio des Bureaux des deux Commission, a suggéré le Président du Conseil économique et social.
MISE EN OEUVRE DE LA PREMIERE DECENNIE DES NATIONS UNIES POUR L'ELIMINATION DE LA PAUVRETE (1997-2006)
Débat général
M. ALI AL-DAILMI (Yémen) a indiqué que la crise financière a atteint un grand nombre de pays et par conséquent la discussion au niveau international est primordiale. L'éradication de la pauvreté est l'un des objectifs les plus importants de cette décennie. Le Secrétaire général a déjà souligné le sentiment croissant que la mondialisation s'accompagne d'occasions et de défis et que certains pays en développement ont ressenti une plus forte marginalisation. Aussi, s'agit-il pour la communauté internationale d'appuyer les PMA pour les aider à s'intégrer dans l'économie mondiale. La proposition de bien-être économique et la stratégie pour le développement, lancée par le Comité sur l'assistance au développement, doivent aller de l'avant et trouver de nouvelles voies au développement. Ainsi, la délégation du Yémen estime que les programmes de microcrédit sont le meilleur moyen pour lutter contre la pauvreté. C'est de cette façon que, malgré le déclin de l'APD, de petites institutions de financement ont pu atteindre les plus pauvres grâce à des actions novatrices. L'importance du Programme d'action de Copenhague doit être réaffirmée. Le Yémen est l'un des pays les moins avancés et déploie des efforts ciblés pour restructurer l'économie et relever le niveau de vie des citoyens. Ces efforts ne peuvent aboutir qu'avec le soutien de la communauté internationale.
( suivre)
- 4 - AG/EF/243 2 novembre 1998
M. IBRA DEGUENE KA (Sénégal) a jugé paradoxal et inacceptable qu'au moment où l'homme détient le pouvoir et les moyens de mener l'humanité à une ère de prospérité sans précédent, la faim, la maladie, la malnutrition et l'analphabétisme mettent en péril les conditions de vie de plus d'un quart de la population mondiale. Il a reconnu la responsabilité primordiale des Etats de créer les conditions nécessaires au progrès économique et social pour expliquer que son pays a toujours mis l'accent sur l'effort interne pour combattre la pauvreté notamment par la promotion de l'emploi et le soutien aux petits projets générateurs de revenus. En poursuivant ses efforts d'ajustement structurel, a ajouté le représentant, le Sénégal reste également conscient de la dimension humaine des réformes macroéconomiques et de leur impact sur la fourniture des services sociaux de base. Ainsi le Programme de nutrition communautaire finance aujourd'hui près de deux cents microentreprises suivant des mécanismes de gestion contractuelle. Au-delà de l'aspect nutritionnel, ce Programme a le double avantage de générer des revenus par la transformation et la commercialisation de produits locaux et d'être pris en charge directement par les communautés de base concernées.
Le représentant a attiré l'attention de la Commission sur le rôle des valeurs traditionnelles dans l'atténuation de la pauvreté. Il a estimé qu'en dehors du traitement économique de ce problème, il est d'une impérieuse nécessité de mener un plaidoyer pour le triomphe de ces valeurs qui constituent de véritables soupapes de sécurité contre l'exclusion et la marginalisation sociales. Il a terminé en plaidant pour que les efforts internes trouvent un répondant au plan international par l'aménagement d'un environnement favorable à la croissance économique et au développement durable. Des mesures doivent être prises pour améliorer les recettes d'exportation des pays en développement, régler durablement le problème de la dette, mobiliser des ressources à l'appui de l'Initiative 20/20 et redresser l'Aide publique au développement.
Mme NINA SIBAL, Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture (UNESCO), a observé que la pauvreté doit être considérée comme une violation des droits de l'homme et du droit au développement et que les mesures pour l'éradiquer passent par des approches intégrées du développement qui prennent en compte ses dimensions multiples, c'est-à-dire économiques, sociales, culturelles, éducationnelles et démographiques. Le développement dans son sens le plus large signifie l'éducation pour tous, le renforcement des capacités technologiques et scientifiques, la libre circulation des informations, le renforcement des capacités de communication, la sécurité alimentaire, une meilleure santé, des logements décents, le respect des droits de l'homme et de l'environnement, la démocratie, la reconnaissance de la dimension culturelle du développement et l'utilisation durable des ressources. La contribution de l'UNESCO à la réalisation de ces objectifs passe par une action multisectorielle basée sur des approches transdisciplinaires, ainsi que sur les complémentarités et les synergies entre toutes les activités. Aussi, l'Organisation des Nations Unies doit renforcée son action à tous les niveaux: sur le terrain, au sein des communautés, au niveau des pays et au niveau international.
( suivre)
- 5 - AG/EF/243 2 novembre 1998
L'UNESCO estime que le développement peut être promu par le biais de stratégies macroéconomiques et microéconomiques, et par des programmes multisectoriels améliorant la santé, l'éducation, l'alphabétisme, le logement, les plans familiaux, la population et l'égalité entre les sexes.
M. ABDERRAZAK AZAIEZ (Tunisie) a souligné que la libéralisation des échanges commerciaux et l'accès aux marchés doivent être envisagés dans le contexte de l'élimination de la pauvreté. Permettre aux pays du Sud de développer leurs capacités demeure un défi majeur pour la communauté internationale qui doit oeuvrer à alléger la dette et octroyer des ressources supplémentaires aux pays en développement. L'accès des pays pauvres aux marchés, à l'information et à la technologie sont également des conditions requises pour l'émancipation des populations pauvres, a dit le représentant en se félicitant .de la capacité renforcée des différents organes et organismes des Nations Unies, en particulier les institutions de Bretton Woods, de soutenir et d'encourager les efforts de réduction de la pauvreté. Il s'est particulièrement félicité de l'adoption par les chefs des Secrétariats des organismes des Nations Unies et des institutions de Bretton Woods d'une déclaration d'engagement en faveur des mesures visant à éliminer la pauvreté, en mai 1998. Il a souligné que l'appui du système aux Etats Membres a d'ailleurs permis à nombre de pays en développement d'élaborer leurs programmes et plans nationaux.
La multiplication des intervenants, a dit le représentant, exige aussi l'harmonisation des programmes de travail. Il faut assurer une cohérence des approches politiques sur le terrain et l'intégration de toutes les dimensions recensées par les équipes spéciales des Nations Unies à cet effet. A cet égard, le représentant a salué le degré de coordination atteint par le système au niveau des pays. La création de comités locaux de coordination, associant les responsables onusiens et nationaux dans un cadre de concertation, de réflexion et de travail, est une initiative à encourager. Faisant part des initiatives de son pays, en matière de lutte contre la pauvreté, le représentant a notamment cité la mise en oeuvre pour la période 1995-1999 d'un programme pour le développement de toutes les zones d'ombre à l'horizon 2000. Pour ce faire, une banque nationale de solidarité a été créée, l'année dernière, pour financer les projets non éligibles aux crédits dans le cadre du système bancaire classique.
M. MOCTAR OUANE (Mali) a indiqué que le Mali, convaincu que toute oeuvre de développement relève d'abord d'un effort interne, a défini, avec le concours de ses partenaires au développement, une stratégie nationale de lutte contre la pauvreté. Cette stratégie se conçoit comme un cadre de mobilisation des ressources internes, de renforcement des capacités institutionnelles nationales et locales ainsi que d'intégration de la société civile dans l'approche des problèmes de développement humain durable.
( suivre)
- 6 - AG/EF/243 2 novembre 1998
Le Gouvernement a pris plusieurs mesures visant à promouvoir des activités génératrices de revenus et d'auto-emploi par la mise en place de programmes de travaux publics, à développer et à améliorer les performances des filières agro-alimentaires dans lesquelles sont concentrées les couches les plus défavorisées par l'amélioration de la production, de la gestion des stocks et de la commercialisation des produits agricoles, et à améliorer l'accès aux services financiers par l'implication et le développement du microcrédit. Le Gouvernement malien a également tout mis en oeuvre pour améliorer l'accès à l'éducation, promouvoir l'accès à la santé, à la nutrition, à l'eau potable et pour améliorer l'habitat par la promotion des techniques de construction en matériaux locaux durables.
L'implication et la responsabilisation des populations dans la conception et la mise en oeuvre des initiatives les concernant sont essentielles. Cette stratégie nationale nécessitera la somme de 372,8 millions de dollars. L'effort national représente 20% de cette somme. Pour mobiliser le financement complémentaire, s'est tenue à Genève en septembre dernier une table ronde des partenaires au développement du Mali à l'issue de laquelle ceux-ci se sont engagés à débourser la somme de 686 millions de dollars.
M. FERNANDO GUILLEN (Pérou) a indiqué que sa délégation distribuera un document écrit dans lequel les actions et les résultats obtenus par son pays en matière d'investissements sociaux sont énumérés. Revenant à la question du microcrédit, il a regretté la nature polémique du rapport présenté par le Secrétaire général. Il s'est, pour sa part, déclaré convaincu que le microcrédit représente un point névralgique de la lutte contre la pauvreté, en particulier parce qu'il s'adresse à la femme, pilier de la famille et à son travail. Le microcrédit n'est pas la panacée mais il faut tout de même que les Départements des Nations Unies, et en particulier le Département de l'information, diffusent des informations plus objectives.
Mme YOUNGJU OH (République de Corée) a indiqué que tous les efforts nationaux entrepris pour lutter contre la pauvreté doivent être poursuivis. L'objectif de l'éradication de la pauvreté doit être présent dans toutes les politiques de croissance économique et de mise en place des services sociaux. En effet, si l'équité n'accompagne pas la croissance, la pauvreté n'aura aucune chance d'être éradiquée. D'autre part, les efforts des gouvernements doivent être combinés avec ceux de la communauté internationale, qui doit leur apporter son soutien par le biais de la coopération. A cet égard, il est essentiel de trouver une issue au problème de la dette. Enfin, une coordination plus efficace devrait être établie au niveau intergouvernemental pour combattre la pauvreté. Alors que de plus en plus d'organisations multilatérales se donnent l'éradication de la pauvreté comme objectif de leur action, une coordination plus étroite entre ces organisations est indispensable pour éviter le double emploi et assurer la synergie entre les différentes méthodes et activités.
( suivre)
- 7 - AG/EF/243 2 novembre 1998
M. ARAFAN KABINE KABA (Guinée) a indiqué qu'après la publication par le PNUD, de son rapport de 1992 sur le développement humain dans le monde, son Gouvernement a eu un "sursaut bénéfique" qui l'a amené à repenser fondamentalement sa politique en matière de développement humain et de lutte contre la pauvreté. Cette "heureuse" réaction, a-t-il dit, a conduit le Gouvernement à initier en collaboration avec le système des Nations Unies, l'Agence canadienne de développement internationale et les institutions de Bretton Woods une stratégie globale de développement à moyen et à long termes pour la Guinée, dénommée "Guinée Vision 2000" qui s'inspire de l'esprit de développement humain durable. Ainsi avec l'aide du FNUAP, un profil démographique a été établi, à partir des résultats provisoires du recensement et avec l'appui de la Banque mondiale, une stratégie d'assistance à la Guinée et un cadre de dépenses à moyen terme applicable au niveau des secteurs de l'éducation, de la santé, du développement durable et des travaux publics ont été élaborés.
M. TAREQ AL-BAINI (Koweït) a indiqué que malgré les développements dans l'économie internationale et l'élévation du niveau de vie au niveau international, nous avons devant nous une tragédie qui consiste en la pauvreté d'un cinquième de la population mondiale. L'investissement dans l'éducation est une priorité du Koweït, ce qui explique que l'éducation y soit entièrement gratuite. Le Koweït a une volonté inébranlable de réduire la pauvreté. Aussi, malgré les destructions, résultant de l'agression haineuse de l'Iraq, qui ont touché les infrastructures économiques du pays, le Koweït ne s'est jamais dérobé à son devoir d'aider les autres pays qui en ont le plus besoin. De nombreuses institutions caritatives fournissent de l'aide en nature aux plus démunis. Le représentant a lancé un appel aux donateurs pour trouver une solution au problème grave de la pauvreté et invité les Etats développés à honorer les engagements pris dans le domaine de l'APD et d'allégement de la dette. Pour réaliser les objectifs nobles et augustes que s'est fixés l'Organisation des Nations Unies, une plus grande collaboration entre les Etats Membres et les différentes institutions est essentielle.
Mme ENRICA TADDEI (Saint-Marin) a indiqué qu'à la lumière des chiffres alarmants de la pauvreté et de la féminisation du phénomène, son pays suit avec intérêt le lancement de l'initiative du microcrédit. Cette initiative se base sur le postulat selon lequel l'esprit d'entreprise potentiel des pauvres doit être encouragé par l'octroi de petits prêts qui leur ouvriraient la porte du secteur des petites entreprises. De l'avis de Saint-Marin le microcrédit n'est que partie de la stratégie globale de lutte contre la pauvreté qui comprend la formation, l'information et l'accès à la terre. Il faut également garder à l'esprit qu'un des facteurs clés de l'élimination de la pauvreté demeure l'éducation qui permettra aux jeunes gens de relever le défi qui consiste à créer de meilleures conditions de vie pour tous. La représentante a conclu en soulignant l'importance de faire davantage connaître les résultats positifs enregistrés dans le domaine du microcrédit pour qu'ils servent d'exemples aux actions futures.
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M. HUMPHREY B. KUNDA (Zambie) a indiqué que, selon les estimations du Programme des Nations Unies pour le développement, environ 1,3 milliard de personnes vivent actuellement avec moins d'un dollar par jour, un milliard de personnes sont analphabètes, plus d'un million n'ont pas accès à l'eau potable, et un tiers des personnes vivant dans les pays les moins avancés ne vivront pas au-delà de 40 ans. Les plus grandes victimes de la pauvreté sont les femmes, notamment celles qui vivent dans les zones rurales des pays en développement. Les femmes ont le moins accès aux moyens de production et sont moins éduquées sur les moyens d'améliorer la productivité de la terre par le biais de la technologie moderne. Elles ont également le moins accès à l'éducation et aux soins. La cause immédiate de la pauvreté réside dans l'insuffisance des ressources productives, un accès limité aux services de santé, d'éducation et d'eau potable, associé à des performances faibles dans le secteur agricole. Au niveau national, les causes fondamentales de la pauvreté sont à rechercher du côté des politiques macroéconomiques, de l'insuffisance des ressources naturelles et des chocs économiques extérieurs, comme le déclin de l'APD, le poids de la dette et la dégradation des termes de l'échange. L'éradication de la pauvreté est un impératif éthique, social, politique et économique. Cet objectif ne peut être atteint que par le biais d'une approche multidimensionnelle et intégrée. Le rôle du microcrédit, à côté des stratégies nationales, doit être davantage développé.
Mme CHERRY GORDON (Jamaïque) a indiqué que son pays a inscrit à titre prioritaire dans son ordre du jour l'élimination de la pauvreté dont les instruments se fondent sur le développement des ressources humaines. Ce faisant, le Gouvernement suit une démarche intégrée impliquant tous les acteurs, y compris les organisations communautaires, les ONG, le secteur privé et les donateurs bilatéraux et multilatéraux. La Jamaïque reconnaît que le développement du secteur informel et le renforcement formel est essentiel à la lutte contre la pauvreté notamment par la création d'emploi qu'ils génèrent. Le pays a également reconnu le rôle du microfinancement et de la microépargne comme partie intégrante de la stratégie globale de lutte contre la pauvreté. En effet, seule une démarche holistique permettra d'assurer la viabilité et la pertinence des programmes en la matière. La réalisation des stratégies d'élimination de la pauvreté demeure, par ailleurs, tributaire de l'environnement international. La Jamaïque se félicite que les Nations Unies et les institutions internationales continuent de forger des partenariats avec les gouvernements.
Mme LEA RAHOLINIRINA (Madagascar) a indiqué qu'un tiers de la population des pays en développement continue de gagner moins d'un dollar par jour et que 30% des femmes adultes sont analphabètes dans les pays en développement. Le fossé entre les pays riches et les pays pauvres ne cesse de s'accroître à tel point que les trois personnes les plus riches du monde ont une fortune supérieure au PIB des 48 pays les plus pauvres. Les statistiques sont particulièrement alarmantes en Afrique. Aussi, l'accroissement de l'APD, la conversion des dettes bilatérales, la libéralisation de l'Initiative en faveur des pays pauvres les plus endettés, et l'augmentation des investissements en faveur des pays africains sont des mesures qu'il faut prendre de façon urgente pour lutter contre la pauvreté.
( suivre)
- 9 - AG/EF/243 2 novembre 1998
Le Gouvernement malgache a fait de l'élimination de la pauvreté le but ultime de sa politique. En 1997, la croissance du PIB a atteint 3,6 % et devrait s'établir à 4% en 1998 et 6% en 2000. Le Gouvernement a pris plusieurs mesures, telles que la mise en place d'un Programme des dépenses compatibles avec les ressources de l'Etat, la promotion du secteur privé et le désengagement de l'Etat afin d'améliorer encore les chiffres de la croissance.
L'objectif de l'éradication de la pauvreté passe également par le soutien de la communauté internationale. Les voeux pieux ne suffisent plus pour réduire de moitié la pauvreté. Les capacités des pauvres doivent être renforcées afin de les préparer à mieux faire face aux chocs extérieurs. Le Microcrédit joue un rôle important dans l'élimination de la pauvreté, en ce qu'il donne de l'autonomie à ceux qui en bénéficient. Les femmes ont souvent pu en profiter. La délégation de Madagascar est favorable à la mise en place dans le pays du Programme Microstart avec l'aide du PNUD et compte sur le renforcement des concertations internationales pour développer les opérations de microcrédit.
M. K. SARWAR LATEEF, Banque mondiale, a estimé que la crise de la dette des années 80 et les événements ultérieurs ont montré la nécessité d'une démarche plus équilibrée qui tienne compte dans le même temps des impératifs financiers, institutionnels et sociaux. Il a plaidé pour une démarche où les mathématiques ne dominent pas l'humanité et où la nécessité de changements drastiques soit équilibrée par les intérêts des pauvres. La lutte contre la pauvreté, a-t-il dit, ne peut être gagnée que par une conjugaison de la croissance et de l'amélioration des capacités des pauvres, en augmentant notamment la productivité agricole des fermiers pauvres et en encourageant la création d'emplois non agricoles par les secteurs formel et informel. Les pays d'Asie de l'Est ont suivi une telle politique avec le succès que l'on sait même si aujourd'hui les acquis sont remis en question par la crise majeure qu'ils vivent. Le phénomène de la pauvreté, a estimé le représentant, doit être appréhendé sous l'angle de l'inégalité, des institutions et de l'insécurité. L'inégalité peut être corrigée par la réforme foncière, l'accès au crédit et l'éducation, pilier de la lutte contre la pauvreté. L'accès des pauvres aux services sociaux de base dépend lui de qualité des institutions et de la gouvernance. Pour ce qui est de l'insécurité, il faut que les filets de sécurité sociale deviennent une caractéristique permanente du paysage institutionnel. Ces questions seront d'ailleurs abordées dans le rapport sur la pauvreté qui doit paraître en 2000 et qui constituera l'une des contributions majeures de la Banque mondiale à la Décennie des Nations Unies sur l'élimination de la pauvreté.
Poursuivant sa politique sociale, la Banque a annoncé l'octroi de 17 milliards pour traiter des conséquences sociales de la crise en Asie et appuyer les réformes structurelles. Elle continue également sa politique de mobilisation de ressources pour les pays les plus pauvres. Par ailleurs, elle a fait en sorte que la période d'éligibilité à l'Initiative HIPC soit prorogée jusqu'en l'an 2000. D'ici là, quelque 15 pays auront bénéficié de l'Initiative à hauteur de 13 milliards de dollars.
( suivre)
- 10 - AG/EF/243 2 novembre 1998
Mme EIMI WATANABE, Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), a indiqué que des millions de personnes dans le monde vivent toujours dans la pauvreté, le chômage, l'analphabétisme, la faim et un manque de soins. L'éradication de la pauvreté est toujours centrale dans la mission du PNUD. C'est avec fierté que le PNUD rapporte qu'un nombre croissant de programmes nationaux ont ciblé leurs actions sur la pauvreté. Le PNUD assiste actuellement presque 100 pays dans leur collecte d'information pour mettre en place des stratégies nationales de lutte contre la pauvreté. Le PNUD aide également plus de 100 pays à produire des rapports nationaux sur le développement humain, qui mettent l'accent sur le combat contre la pauvreté. La mondialisation semble accroître le fossé entre les pays riches et les pays pauvres, ce qui rend plus difficile l'élimination de la pauvreté. La crise financière actuelle n'a fait qu'accentuer ce phénomène. Des décisions doivent être prises de façon urgente pour mettre un frein au déclin du niveau de vie dans les pays les plus touchés par la crise. Il faudrait restaurer une croissance économique solide et rapide, notamment dans les pays en développement. Cette croissance doit aller de pair avec un renforcement des capacités des pauvres eux-mêmes, qu'ils soient femmes ou hommes, et de la contribution des groupes communautaires, des syndicats, des ONG et du secteur privé, afin de lutter efficacement contre la pauvreté.
M. GHANASHYAM LAL DAS (Népal) a estimé que la pauvreté est un déni des choix et opportunités qui s'offrent à l'être humain. L'objectif de la lutte contre la pauvreté, a-t-il dit, ne saurait se réaliser sans une approche intégrée et coordonnée. En cette matière, la croissance économique et le développement humain sont indispensables mais le Népal appelle à des mesures urgentes pour dépasser la simple croissance et réaliser la justice sociale et l'équité, a souligné le représentant. Il a demandé une transformation économique, sociale et politique pour promouvoir la démocratie et le changement dans la condition de la femme, première personne visée par la pauvreté. Il faut des mesures concrètes qui doivent être mises en oeuvre par les ONG, les organisations internationales et les autres acteurs du développement. Les engagements des conférences internationales doivent être mis en oeuvre et une relation forte entre pays du Sud et pays du Nord est indispensable au succès de la lutte contre la pauvreté. Il est également important que les efforts internationaux s'adaptent aux conditions locales et nationales et se fondent sur les besoins des pauvres. L'égalité entre les sexes, la promotion de la femme, la transparence et la bonne gouvernance, la démocratisation et le respect des droits de l'homme sont tous parties intégrantes des efforts de développement et donc d'élimination de la pauvreté.
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