DEUXIEME COMMISSION : L'ELIMINATION DE LA PAUVRETE RESIDE, ENTRE AUTRES, DANS UN DEVELOPPEMENT DURABLE QUI TIENNE COMPTE DE LA JUSTICE SOCIALE
Communiqué de Presse
AG/EF/242
DEUXIEME COMMISSION : L'ELIMINATION DE LA PAUVRETE RESIDE, ENTRE AUTRES, DANS UN DEVELOPPEMENT DURABLE QUI TIENNE COMPTE DE LA JUSTICE SOCIALE
19981102 La Commission économique et financière (Deuxième Commission) a poursuivi ce matin l'examen du point portant sur le développement durable et la coopération économique internationale, en particulier la mise en oeuvre du Programme d'action pour les années 90 en faveur des pays les moins avancés (PMA) et celui de la première Décennie des Nations Unies pour l'élimination de la pauvreté (1997-2006). La Commission a essentiellement retenu deux thèmes principaux qui ont souvent été mentionnés dans les déclarations de ce matin, à savoir l'accroissement de l'aide aux PMA, étant donné leur condition particulière, et l'élimination de la pauvreté par la mise en place, essentiellement, d'une politique de bonne gouvernance au plan national.La Commission, s'agissant de l'accroissement de l'aide aux PMA, dont la dette s'élevait à 134 milliards de dollars en 1996, a entendu l'argumentation des pays du Nord qui soulignent qu'il faut aider les PMA, mais que toutefois il faudrait que ces pays s'aident eux-mêmes d'abord, en prenant, notamment et entre autres, des mesures qui vont de la promotion du secteur privé à l'accroissement des investissements étrangers en passant par l'augmentation des exportations. Toutes ces mesures, de l'avis des représentants du Japon et de l'Union européenne, doivent avoir pour fondement la bonne gouvernance. A cela, les représentants des pays du Sud, en particulier des PMA, rétorquent en faisant valoir que les investissements étrangers directs qui sont passés, en 1996 et 1997, de 1,1 milliard de dollars à 2 milliards, ne suffisent pas à eux seuls pour assurer le développement durable, surtout que ces investissements vont principalement dans les secteurs pétrolier et minier, au détriment des secteurs agricole et de la production des biens et des services. Il faudrait des mesures de suppression ou d'allégement de la dette des PMA et l'accroissement de l'APD, comme le recommande le Secrétaire général dans son rapport sur la question.
La Commission, s'agissant de l'élimination de la pauvreté, a entendu les principales recommandations qui portent, entre autres, sur les efforts conjugués des acteurs de développement aussi bien dans les pays en développement que dans les pays développés afin de promouvoir une croissance économique durable qui tienne compte de la justice sociale. Des mesures d'auto-développement et d'autosuffisance, telles que la microfinance et le microcrédit ont été préconisées afin d'aider les pauvres qui représentent un tiers de la population des pays en développement.
(à suivre - 1a)
- 1a - AG/EF/242 2 novembre 1998
La Commission a entendu les délégations des pays suivants: République démocratique Lao, Myanmar, Maldives, Bangladesh (au nom des pays les moins avancés), Népal, Bénin, Mozambique, République de Corée, Japon, Ethiopie, Soudan, Indonésie, Autriche (au nom de l'Union européenne), Etats-Unis, Norvège, Chine, Japon, et Inde.
DEVELOPPEMENT DURABLE ET COOPERATION ECONOMIQUE INTERNATIONALE
Mise en oeuvre du Programme d'action pour les années 90 en faveur des pays les moins avancés
Débat général
M. KINGMANO PHOMMAHAXAY (République démocratique populaire Lao) a indiqué que la mondialisation a entraîné des défis et des occasions dont les pays en ont tiré, de façon différente et inégale des avantages. Les PMA ont en fait été marginalisés davantage. La mondialisation doit être poursuivie, parce qu'il n'y a pas d'alternative, mais d'une manière qui assure le développement économique et sociale et contribue à réduire le fossé existant entre les nations riches et les nations pauvres. La communauté internationale doit faire plus pour créer un environnement propice où les PMA puissent être acteurs et tirer partie de la mondialisation. Le rôle des institutions de Bretton Woods est généralement considéré comme essentiel. Mais il semble que les ressources de ces institutions sont loin d'être suffisantes et que les méthodes du FMI, notamment, sont souvent inadaptées aux économies des pays. En outre, le flux de l'APD ne cesse de diminuer et cette situation doit être dénoncée. La marginalisation des PMA dans le commerce mondial les empêche de tirer profit des exportations. Le problème de l'accès aux marchés est particulièrement préoccupant. Les pays développés devraient assurer des tarifs douaniers zéro pour les produits des PMA.
La République démocratique populaire Lao n'a pas échappé à la crise financière actuelle. Aussi, a-t-elle connu une inflation croissante et sa monnaie a été dévaluée. Pour faire face à cette situation, le Gouvernement a pris des mesures visant à réduire les dépenses, à contrôler la ligne de crédit, et à accroître la consommation intérieure.
M. THANE MYINT (Myanmar) a déclaré que la situation des pays les moins avancés était caractérisée par le poids de la dette et du service de la dette sur les économies, la détérioration des termes de l'échange, le déclin en termes réels de l'Aide publique au développement et le flux limité de ressources privés. Il a indiqué que dans le contexte de la crise financière actuelle, les indicateurs sociaux des Pays les moins avancés ne cessent de se détériorer en raison de la fragilité de leurs infrastructures institutionnelles et physiques. Il leur devient pratiquement impossible de relever les défis présents et futurs. Dans ces conditions, une action internationale vigoureuse devient une nécessité inévitable. L'action internationale doit d'abord viser à accroître l'Aide publique au développement, à réduire le poids de la dette voire à éliminer toutes les dettes, et à faciliter l'accès aux marchés par des mesures préférentielles.
( suivre)
- 3 - AG/EF/242 2 novembre 1998
L'accès aux marchés, a insisté le représentant, n'est pas rendu difficile par les forces libres du marché mais bien par des machinations humaines sous-tendues par des visées politiques. Il faut donc espérer, dans ce contexte, que la CNUCED, l'ONUDI, l'OMC et les autres institutions agiront en arbitre pour l'intérêt des PMA. Le représentant s'est félicité de la tenue en 2001 de la troisième Conférence des Nations Unies sur les Pays les moins avancés et a souhaité que le processus préparatoire inclut les Pays les moins avancés eux-mêmes.
M. HUSSAIN SHIHAB (Maldives) a indiqué que sa délégation est satisfaite des préparatifs qui ont lieu pour organiser la troisième Conférence des Nations Unies pour les Pays les moins avancés en l'an 2001. Les leçons à tirer du Programme d'action des PMA pour les années 90 doivent être réétudiées. La marginalisation des PMA dans le commerce mondial s'est accélérée au cours des dernières années. La délégation des Maldives lance un appel aux pays partenaires du développement pour qu'ils concrétisent les résultats de la Réunion de haut niveau sur le développement des échanges des PMA qui s'est tenue sous les auspices de l'OMC en octobre 1997. Afin de limiter la marginalisation des PMA, il est nécessaire d'améliorer les critères permettant de définir les PMA. La délégation des Maldives a noté que si l'intervention des politiques publiques est nécessaire pour garantir la croissance, l'assistance extérieure continue de jouer un rôle important dans le développement. Aussi le déclin constant de l'APD est-il très préoccupant.
M. ANWARUL KARIM CHOWDHURY (Bangladesh), au nom des Pays les moins avancés (PMA), a attiré l'attention de la Commission sur la Déclaration adoptée par la huitième réunion ministérielle des Pays les moins avancés, le mois dernier à New York, dans laquelle les Ministres ont exprimé leur conviction que la troisième Conférence des Nations Unies sur les PMA fournira l'occasion historique de revitaliser le partenariat entre les PMA et leurs partenaires du développement. Le représentant s'est déclaré préoccupé par la lenteur dans le processus de redressement économique des PMA. Le scénario de l'aide ne montre aucun signe encourageant, la situation de la dette demeure inchangée, l'investissement à long terme se fait attendre et l'accès aux marchés est tout autant difficile. En outre, les contraintes de l'offre demeurent phénoménales, la diversification des produits de base ne s'est toujours pas produite, l'infrastructure commerciale et les services d'appui au commerce restent faibles et le niveau institutionnel est toujours aussi bas. La communauté internationale a-t-elle fait tout son possible pour aider les PMA ? s'est interrogé le représentant pour répondre par la négative. Il a expliqué qu'à ce jour un seul pays des PMA a été admis à l'Initiative HIPC et que de leur côté, les PMA continuent de demander la mise en oeuvre de la Décision ministérielle de Marrakech tout comme celle des mesures différentielles en leur faveur prévues par le Cycle de l'Uruguay. Les PMA ne cessent non plus d'être préoccupés par la lenteur de la mise en oeuvre du Cadre intégré d'assistance technique en matière de commerce.
( suivre)
- 4 - AG/EF/242 2 novembre 1998
Pour le représentant, la Conférence à venir doit se fixer pour objectif d'examiner, de manière critique, les domaines et les causes des échecs dans la mise en oeuvre du Programme d'action de la deuxième Conférence. Le prochain programme d'action doit se fonder sur les leçons tirées de l'expérience, a dit le représentant en demandant l'aide de la communauté internationale pour le processus préparatoire de la Conférence au niveau national.
M. SHANTI S. RANA (Népal) a indiqué que le renforcement de l'interdépendance entre les pays et les effets de la mondialisation ont créé de nouvelles occasions pour la coopération internationale. La mondialisation et la libéralisation ont assuré la croissance et la prospérité pour certains pays alors que d'autres ont été livrés à eux-mêmes. La coopération internationale doit résoudre ce problème. Malgré l'adoption de la Déclaration de Paris et le Programme d'action en faveur des PMA pour les années 90, le nombre de PMA est passé de 41 à 48 sans pour autant que soient accrues les mesures nationales et internationales. Les PMA observent avec préoccupation que les partenaires du développement n'ont pas tenu leurs engagements. Aussi, la délégation du Népal a-t-elle lancé un appel pour que soient mis en oeuvre les engagements internationaux pris en faveur des PMA afin que ces pays puissent s'intégrer dans l'économie mondiale. La délégation espère que la troisième Conférence des Nations Unies pour les PMA en l'an 2001 créera un environnement international propice au développement des PMA.
M. CHARLES BORROMEE TODJINOU (Bénin) a indiqué que l'Afrique compte à elle seule 33 pays moins avancés dont le Bénin. Il a jugé que l'heure est venue de procéder à une évaluation de la mise en oeuvre de la Déclaration de Paris et du Programme d'action au moment où l'ONU a décidé de convoquer pour l'an 2001 la troisième Conférence sur les PMA. Il a ajouté que bien que certains pays aient connu une légère augmentation de leur production et de leur taux de croissance, le bilan socio-économique des PMA pour la première moitié des années 90 est loin d'être satisfaisant. Il a appelé à la poursuite de la mise en oeuvre du Programme d'action et souligné que la Déclaration des Ministres des pays les moins avancés publiée lors de leur huitième réunion annuelle le 28 septembre 1998 indique clairement les actions à entreprendre.
Le représentant a précisé que les investissements étrangers directs dans les PMA sont passés de 1,1 milliard de dollars en 1996 à 2 milliards en 1997. Il a toutefois déploré que la partie la plus importante de ces investissements ait été consacrée aux secteurs pétrolier et minier au détriment du secteur agricole et de la production des biens et services. La pénurie des capitaux à investir, a-t-il ajouté, constitue un handicap sérieux pour la production et la croissance économiques des PMA, comme l'est tout autant le problème de la dette et du service de la dette, et celui de l'accès aux marchés. Quatre ans après l'entrée en vigueur des Accords du Cycle de l'Uruguay, la participation des PMA à l'OMC demeure limitée, a indiqué le représentant pour expliquer que le système commercial actuel fondé sur le double principe de la réciprocité et de l'avantage mutuel ne fait que pénaliser les PMA. Il a conclu en appelant à un élan de solidarité de la part de la communauté internationale qui doit notamment se traduire par une augmentation substantielle de l'assistance financière conformément aux engagements du Programme d'action.
( suivre)
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M. CESAR GOUVEIA (Mozambique) a indiqué que malgré les efforts déployés pour le développement, les PMA sont toujours confrontés à la pauvreté, à la marginalisation de l'économie mondiale et à la détérioration des termes de l'échange, en raison de la mise en place de conditions internationales inappropriées. Au cours des dernières années, le poids de la dette des pays en développement a continué d'augmenter d'une manière alarmante et le rééchelonnement de la dette a mobilisé la plus grande partie des maigres ressources intérieures de ces pays. La délégation du Mozambique a noté avec préoccupation l'absence de progrès dans la mise en oeuvre du Programme d'action en faveur des PMA pour les années 90, notamment si l'on considère les chiffres de l'APD, le poids de la dette et les échanges. Il est essentiel de créer de nouvelles stratégies basées sur le partenariat avec la communauté des pays donateurs. Dans ce contexte, la délégation du Mozambique voit d'un oeil favorable les initiatives prises par l'OMC en coopération avec d'autres organisations pour mettre en oeuvre le Programme d'action en faveur des PMA, lors de la Réunion de haut niveau sur l'Initiative intégrée en faveur du développement et du commerce des PMA, qui s'est tenue à Genève en octobre 1997. Le représentant a lancé un appel à la communauté des pays donateurs pour qu'ils renversent la tendance actuelle au déclin de l'APD. Il a souligné les bienfaits des programmes de microcrédit, en souhaitant voir renforcer la structure administrative de ces programmes afin que les prêts soient disponibles à tous ceux qui ont les moyens de les rembourser, et en souhaitant la mise en place de moyens qui assurent la durabilité à long terme des opérations de microcrédit.
Mme HYE-RAN YOO (République de Corée) a émis l'espoir que la troisième Conférence des Nations Unies sur les PMA fournira l'élan nécessaire à la revitalisation des efforts de la communauté internationale de renverser la tendance de la marginalisation des PMA. La Conférence, a-t-elle dit, doit se fonder sur l'expérience interne des PMA et les leçons tirées de la mise en oeuvre du Programme d'action. S'il faut se féliciter que de nombreux PMA aient entrepris des réformes, il faut néanmoins faire en sorte que les programmes d'ajustement structurel ne viennent pas compromettre les objectifs de développement à long terme. Il faut se garder de sacrifier l'investissement dans les infrastructures socio-économiques et dans les services sociaux de base. Dans ce contexte, il revient à la communauté internationale d'assister les PMA à minimiser les conséquences sociales néfastes des programmes d'ajustement.
La représentante a précisé que l'Aide publique au développement continue de jouer un rôle critique dans le développement des PMA et ce, en dépit de l'augmentation des capitaux privés. Il faut non seulement renverser la tendance du déclin de l'APD mais donner aux PMA la priorité en la matière. Depuis 1996, l'Aide publique au développement accordée par la République de Corée a augmenté de 17% pour atteindre 185 millions de dollars. En dépit de la crise financière qui frappe le pays, la République de Corée mettra tout en oeuvre pour assurer l'augmentation du volume de l'aide dès que la situation le permettra. La représentante a conclu sur l'importance qu'il y a de régler la question de la dette extérieure des PMA et de faciliter leur accès aux marchés.
( suivre)
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M. WATARU NISHIGAHIRO (Japon) a indiqué que face aux aspects négatifs de la mondialisation, un soutien accru de la communauté internationale aux pays les moins développés est essentiel. Le Japon a organisé la deuxième Conférence internationale de Tokyo sur le développement en Afrique, en collaboration avec les Nations Unies et la Coalition mondiale pour l'Afrique. L'ordre du jour de Tokyo pour l'Action, qui a été adopté lors de cette conférence, a déclaré que le développement économique est d'une grande importance pour l'Afrique. Ce développement économique passe, entre autres, par la promotion du secteur privé, l'accroissement des investissements étrangers directs et l'augmentation des exportations. A cette fin, les pays africains doivent mettre en place des politiques macroéconomiques saines et des économies ouvertes basées sur des réformes, assurer la libéralisation des échanges et promouvoir une intégration régionale en supprimant les obstacles qui empêchent les investissements de s'implanter. En effet, les pays en développement eux-mêmes doivent tout faire pour éliminer ou réduire les contraintes qui pèsent sur la demande, telles que les obstacles au libre- échange.
La communauté internationale, quant à elle, doit soutenir les efforts des PMA en mettant en place des mesures préférentielles. Ces mesures, toutefois, doivent être considérées comme des mesures de transition, ne pouvant être utilisées qu'à court terme. A long terme, il est de l'intérêt des PMA de garantir un accès libre et non-discriminatoire à leur marché.
M. BERHANU KEBEBE (Ethiopie) a souligné que si les PMA doivent assumer la responsabilité de leur développement durable, leurs efforts méritent néanmoins un meilleur appui de la communauté internationale. Il a cité trois domaines dans lesquelles l'assistance serait particulièrement utile; l'Aide publique au développement, le problème de la dette et l'accès au marché. Il a donc appelé les pays donateurs à honorer leur engagement d'accorder 0,15% du PNB aux PMA qui n'ont pas atteint les objectifs fixés par le Programme d'action en 1990 et 0,2% d'ici l'an 2000 à ceux qui ont réalisé ces objectifs. Le représentant a poursuivi sur la question de la dette extérieure des PMA, qui se chiffrait en 1996 à 134 milliards de dollars. Il a indiqué que devant l'incapacité de s'acquitter de leurs dettes, 19 PMA ont rééchelonné les remboursements. Dans ces conditions, il faudrait rendre plus souple le processus d'éligibilité à l'Initiative HIPC et d'étudier sérieusement la proposition du Secrétaire général d'annuler les dettes bilatérales des pays les plus pauvres. Pour ce qui est de l'accès au marché, le représentant a plaidé pour la mise en oeuvre du Plan d'action de l'OMC en faveur des PMA et appelé la communauté internationale à aider ces pays dans leurs efforts de renforcer leur compétitivité par des programmes de diversification des produits de base et d'amélioration des infrastructures commerciales, des services d'appui au commerce et des ressources humaines. Il a conclu en soulignant l'importance du processus préparatoire de la troisième Conférence des Nations Unies sur les PMA qui doit inclure les partenaires au développement ainsi que les institutions intergouvernementales et multilatérales.
( suivre)
- 7 - AG/EF/242 2 novembre 1998
M. MUBARAK RAHMTALLA (Soudan) a indiqué que le Soudan apprécie que l'Union européenne ait accepté d'accueillir la Conférence des Nations Unies en faveur des PMA en l'an 2001. Le représentant a constaté que les PMA ont pu maintenir en 1997 ce qu'ils ont pu réaliser comme croissance économique auparavant, ce qui n'était pas aisé car souvent les mesures prises ont eu des conséquences douloureuses dans la société. A la lumière des variables qui ont touché les PMA ces dernières années, et de la crise financière actuelle, il est impératif que la communauté internationale attache tout son intérêt aux PMA. Cette attention doit passer par l'application des engagements pris en matière d'APD dans les années 90 par les pays donateurs. L'APD doit se diriger vers les infrastructures et l'éducation des PMA. Le flux de l'APD doit aller de pair avec un meilleur transfert de technologie, un plus large accès au marché et l'allégement du poids de la dette. La période qui précède la troisième Conférence des Nations Unies en faveur des pays les moins avancés offre une occasion à la communauté internationale de mettre fin à la marginalisation des PMA et de les intégrer dans l'économie mondiale.
MISE EN OEUVRE DE LA PREMIERE DECENNIE DES NATIONS UNIES POUR L'ELIMINATION DE LA PAUVRETE (1997-2005)
Dans son rapport (A/53/329), le Secrétaire général indique que durant les 25 dernières années, le niveau de vie mondial a augmenté de manière spectaculaire. Bien qu'entre 1970 et 1996, le total de la population mondial soit passé de 2,9 à 5,8 milliards, dans les pays en développement, le revenue par habitant avait, selon les Indicateurs du développement dans le monde, 1998 de la Banque mondiale, augmenté d'en moyenne 1,3% par an. Bien que des centaines de millions de personnes aient pu être arrachées à la pauvreté et au désespoir, des millions d'autres sont venues s'ajouter à celles qui vivent dans la misère la plus totale. En Asie, où vivent la plupart des pauvres, le pourcentage de la population vivant en dessous du seuil de pauvreté n'a cessé de baisser jusqu'à ce que la crise financière ne frappe l'Asie orientale. Plus de 500 millions de personnes continuent de vivre dans la pauvreté en Asie du Sud. En Europe et en Asie centrale, le nombre de pauvres est en train d'augmenter rapidement, et il est en augmentation constante en Amérique latine et en Afrique subsaharienne.
La crise financière qui a récemment touché l'Asie orientale a ralenti le rythme des efforts déployés dans la région pour lutter contre la pauvreté. Bien que l'on ne dispose pas de chiffres précis, on estime à des dizaines de millions le nombre de personnes que cette crise a replongées dans la pauvreté. Selon une étude récente de la Banque mondiale, jusqu'à 50 millions d'Indonésiens risqueraient de retomber dans la misère du fait de la sécheresse et de la crise financière. Bien que la plupart des pays d'Asie orientale aient investi dans les secteurs de l'éducation et de la santé, aucun filet de sécurité sociale n'avait encore été mis en place pour protéger les chômeurs. Bien que dans certains pays africains la croissance économique ait été sensible, la pauvreté demeure endémique, le chômage urbain est élevé, le sous- emploi fréquent, et nombreux sont ceux qui, sur l'ensemble du continent, subsistent grâce aux emplois faiblement productifs du secteur non structuré de l'économie.
( suivre)
- 8 - AG/EF/242 2 novembre 1998
En ce qui concerne le lien entre pauvreté et droits de l'homme, le Secrétaire général indique qu'une approche de la pauvreté "fondée sur les droits de l'homme" suppose que l'on définisse des "bénéficiaires" et que l'on détermine la nature de leurs besoins. Elle implique aussi que les "bénéficiaires" sont des sujets actifs et des "titulaires de droits" et que des devoirs ou obligations incombent à ceux auprès desquels il est possible de faire valoir ces droits afin de s'assurer que les besoins susmentionnés sont satisfaits. Le concept de "titulaire de droits" et de "titulaire d'obligations" introduit un élément de responsabilisation. Le lien fondamental qui unit la démocratie, le développement et les droits de l'homme exige que tous les droits de l'homme soient considérés comme universels, indivisibles et interdépendants. Le droit à l'alimentation, à un logement adéquat, à la santé, à l'éducation et à un emploi rémunéré, de même que le respect des normes internationale du travail sont tous liés à l'élimination de la pauvreté.
Le Secrétaire général termine son rapport en rendant compte de la coopération internationale et ses incidences sur la première Décennie des Nations Unies pour l'élimination de la pauvreté et des activités menées par les organismes du système des Nations Unies pour appuyer l'action des Etats.
Rapport du Secrétaire général sur le rôle du microcrédit dans l'élimination de la pauvreté (A/53/223 et Add.1)
Dans ce rapport, le Secrétaire général rappelle d'abord le postulat selon lequel une croissance économique solide et équitable, à forte intensité de main-d'oeuvre, conjuguée à une augmentation des dépenses sociales, en particulier à l'intention des pauvres, constitue un gage de progrès dans la lutte contre la pauvreté. Ainsi plusieurs facteurs ont conduit à porter un intérêt accru aux possibilités offertes par les microfinancements dans la recherche d'une croissance plus équitablement partagée. On reconnaît en effet de plus en plus qu'il faut accroître l'autonomie de tous en améliorant l'accès à l'ensemble des facteurs de production donc du microcrédit. Actuellement, on estime qu'il y a 3 000 institutions de microfinancement dans les pays en développement. La pensée économique part en effet du postulat que toutes les économies s'appuient sur des intermédiaires financiers - banques commerciales et marchés des capitaux - pour transférer des ressources des épargnants aux investisseurs. Dans les pays en développement, la défaillance de ces éléments a conduit au développement de formes de prêts non classiques.
L'intérêt accordé récemment au microcrédit, précise le Secrétaire général, doit beaucoup au succès d'institutions comme la Grameen Bank du Bangladesh qui touche plus de 2 millions de personnes avec des prêts cumulés d'environ 2,1 milliards de dollars. Les programmes comme celui-là se spécialisent dans la fourniture de prêts d'un montant relativement peu important - quelques centaines de dollars au plus. La période de remboursement est courte, d'un an environ. Les femmes en sont les principales bénéficiaires et les fonds prêtés sont utilisés essentiellement pour l'agriculture, la distribution, le commerce, le petit artisanat et les activités de transformation.
( suivre)
- 9 - AG/EF/242 2 novembre 1998
Le Secrétaire général précise que jusqu'ici il est difficile de dire si les opérations de microcrédit peuvent suffire à faire reculer la pauvreté mondiale tant il est vrai que le recours à ce type de prêts est assez peu important. Le portefeuille global de la Banque mondiale est de 218 millions de dollars seulement et l'on sait que pour atteindre 100 millions de familles d'ici à 2005, il faudrait des dépenses supplémentaires annuelles de 2, 5 milliards de dollars.
Le Secrétaire général poursuit son rapport en donnant les évolutions récentes en Asie, en Amérique latine et en Afrique. Il conclut qu'une plus grande concertation des efforts internationaux est requise pour permettre au microcrédit de se développer et d'être efficace. Dans cette perspective, la Banque mondiale a d'ailleurs pris l'initiative d'un processus de coordination en établissant le Groupe consultatif d'aide aux plus pauvres qui rassemble plusieurs pays donateurs occidentaux et organismes internationaux. Le Groupe consultatif a fourni des concours financiers d'un montant de 18 millions de dollars environ aux institutions de microfinancement et engagé 400 millions au cours des trois dernières années, pour des activités de microfinancement. En outre, nombre d'organismes des Nations Unies ont commencé d'apporter leur soutien aux microcrédits, notamment sous l'égide du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD).
Pour le Secrétaire général, le microcrédit ne pourra contribuer de façon importante au développement que si certains impératifs sont respectés comme celui d'inscrire les opérations de microcrédit dans des programmes complets d'aide aux petites entreprises qui emploient déjà 500 millions de pauvres. En outre, un des efforts qui seront déployés à l'avenir consistera à renforcer les structures administratives des institutions de microcrédit existantes plutôt que de laisser proliférer de multiples institutions concurrentes. Dans ce contexte, la durabilité financière à long terme des opérations de microcrédits mérite une attention particulière. Il faut donc y inclure la fonction de mobilisation de l'épargne. La possibilité d'associer l'épargne et les opérations de prêt dans une forme ou l'autre d'organisme d'épargne et de crédit devrait toujours être étudiée.
Débat général
Mme SAODAH B.A. SYAHRUDDIN (Indonésie), au nom du Groupe des 77 et de la Chine, a estimé que le règlement efficace du problème de la pauvreté exige d'abord celui de ses causes sous-jacentes et ce, par le biais de programmes visant à réaliser une croissance économique et un développement durables. Aujourd'hui, 1,3 milliard de personnes vivent dans une pauvreté extrême et compte tenu de ce fait, il devient urgent d'assurer la pleine mise en oeuvre des accords fondamentaux adoptés par la communauté internationale. Par ailleurs, l'augmentation de la pauvreté découlant de la crise financière actuelle a clairement démontré la nécessité d'examiner le phénomène de la pauvreté à la lumière de la mondialisation. Partant, l'appui international aux pays qui ne sont pas en mesure de tirer parti de la mondialisation devient indispensable. L'appui permettra de consolider les efforts de développement et d'accroître les ressources aux fins du développement social.
( suivre)
- 10 - AG/EF/242 2 novembre 1998
L'expérience a montré que les forces du marché ignorent les impératifs de l'élimination de la pauvreté. Force est pour la communauté internationale de renouveler son engagement de fournir une assistance aux pays en développement en mettant notamment en oeuvre les initiatives principales en matière d'allégement de la dette, en renversant le déclin de l'Aide publique au développement, et en facilitant l'accès au marché, à la technologie et aux accords tels que le microcrédit. Le Groupe des 77 et la Chine appuient fermement le lancement de l'Année internationale pour l'élimination de la pauvreté et la première Décennie des Nations Unies sur la question. A leur avis, ces deux initiatives ne pourront que générer la prise de conscience nécessaire à la solidarité et au partenariat entre et parmi les Etats. Le Groupe des 77 et la Chine accueillent aussi favorablement les programmes d'échange d'expérience dans la lutte contre la pauvreté et les efforts du système des Nations Unies de renforcer la coordination entre les organismes, les fonds et les programmes pertinents, et les institutions de Bretton Woods.
M. JOHANNES WEDENIG (Autriche) a indiqué, au nom de l'Union européenne, que la pauvreté est un phénomène mondial qui concerne aussi bien les pays en développement que les sociétés industrialisées. Toutefois, le haut niveau de pauvreté dans de nombreux pays en développement demeure un défi énorme non seulement pour les pays en développement, mais aussi pour la communauté internationale dans son ensemble. Comme l'a indiqué le concept de pauvreté humaine, développé en 1997 dans le Rapport sur le développement humain, les personnes les plus pauvres ne doivent pas être considérées comme des victimes passives mais comme des acteurs luttant contre la pauvreté.
Les stratégies d'éradication de la pauvreté doivent prendre en compte trois éléments principaux: la promotion d'une croissance économique durable en faisant en sorte que les questions de l'égalité et de la justice sociale soient intégrées dans les politiques économiques, le développement des acteurs sociaux qui passe par la mise en place de services sociaux de base efficaces et accessibles, et la promotion de la participation des citoyens et d'une bonne gouvernance. A cet égard, il est indispensable de garantir le respect des droits de l'homme et la règle de droits, de promouvoir la démocratisation et la transparence de l'administration publique.
L'Union européenne a été favorable à l'idée d'organiser rapidement, en octobre 1998, une table ronde entre la Deuxième et la Troisième Commissions sur la pauvreté, les droits de l'homme et le développement. Les femmes sont touchées avec plus d'intensité que n'importe quel autre groupe de la population par la pauvreté. Plus des deux-tiers des pauvres du monde sont des femmes. La capacité, l'autonomie des femmes, l'amélioration de leur statut social, économique et politique ainsi que leur pleine participation au processus de décision politique sont essentielles pour éradiquer la pauvreté. Des réformes administratives et législatives doivent être entreprises pour assurer aux femmes un accès égal aux ressources économiques. La responsabilité de la mise en oeuvre de stratégies visant à éradiquer la pauvreté repose d'abord sur les gouvernements nationaux, mais il est essentiel que les pays les plus pauvres bénéficient du soutien des pays développés, par le biais de l'APD.
( suivre)
- 11 - AG/EF/242 2 novembre 1998
La lutte contre la pauvreté figure en haut de l'ordre du jour de la dernière réunion des Ministres pour le développement de l'Union européenne. Les Ministres ont conclu qu'il est indispensable de mieux connaître les causes et les conséquences de la pauvreté, que les gouvernements des pays en développement doivent être soutenus pour renforcer leur capacité d'analyser la pauvreté et de prendre des mesures appropriées, que les pauvres eux-mêmes doivent être inclus dans le processus de lutte contre la pauvreté, que la collaboration internationale doit être renforcée et que la coordination avec les mesures locales doit être assurée.
M. CHOWDHURY (Bangladesh) s'est félicité que l'Assemblée générale ait, au cours de l'année dernière, souligné le rôle du microcrédit dans l'élimination de la pauvreté. Une telle décision vient en appui à la Déclaration et du Plan d'action du Sommet sur le microcrédit de 1997 qui a lancé une campagne visant à faire que d'ici l'an 2005, 100 millions de familles pauvres reçoivent un crédit et d'autres services financiers et commerciaux. Le représentant s'est félicité de la décision du Conseil économique et social de proclamer 2005 Année internationale du Microcrédit. Le représentant a salué les Amis du Microcrédit des Nations Unies qui ont contribué à une prise de conscience de cette initiative et accueilli favorablement le fait que de nombreuses entités des Nations Unies aient incorporé le microcrédit dans leurs programmes. Poursuivant, le représentant a attiré l'attention de la Commission sur un dossier d'information présenté par 11 institutions des Nations Unies sur la réunion de suivi du Sommet du Microcrédit tenue à New York au cours du mois de juin. La coopération internationale étant importante en matière de microcrédit, le représentant s'est félicité que la Banque mondiale ait créé un Groupe consultatif d'assistance aux pauvres qui réunit les pays donateurs et les institutions internationales, y compris les organes des Nations Unis et qui sert de mécanisme consultatif entre les ONG et les créditeurs.
Le représentant s'est toutefois déclaré préoccupé par certaines parties du rapport du Secrétaire général sur la question, qui contiennent des commentaires sans fondement et hostiles au microcrédit. Ces commentaires, a- t-il dit, portent préjudice à la dignité des pauvres et à leur potentiel, et va à l'encontre de la sagesse acquise dans ce domaine. Nombre de commentaires contredisent en outre ce que le Secrétaire général a lui-même reconnu. Le représentant a indiqué que plusieurs Ambassadeurs, Amis du Microcrédit, ont rencontré ce matin le Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales pour demander des corrections. Il est regrettable que le rapport ait raté l'occasion d'explorer dans quelle mesure les Nations Unies peuvent développer le potentiel du microcrédit et en bénéficier. Le représentant s'est particulièrement dit préoccupé par la couverture consacrée à ces commentaires négatifs par le Département de l'information à travers ses communiqués de presse et ses publications. Il est clair que les Nations Unies devraient projeter une perspective correcte des faits et non conduire les lecteurs et les médias à tirer des conclusions inexactes.
( suivre)
- 12 - AG/EF/242 2 novembre 1998
Mme REGINA MONTOYA (Etats-Unis) a indiqué qu'il n'y a pas une solution unique à l'éradication de la pauvreté et qu'il existe plusieurs moyens pour lutter contre elle. Les programmes de microcrédit en sont un. Le microcrédit et la microfinance ont encouragé l'autosuffisance et ont stimulé la prospérité économique de certains des pays les plus défavorisés. Les pays donateurs de la communauté internationale devraient faire tout ce qui est en leur pouvoir pour renforcer ces mesures et pour soutenir les réformes de l'environnement économique, en particulier dans le domaine financier.
Les plus pauvres sont parmi les personnes qui travaillent le plus sur la planète. Mais le travail seul ne permet pas de se sortir de la pauvreté. La microfinance est l'un des moyens que le Gouvernement américain a trouvé pour aider les pauvres à participer à la croissance. Investir dans des facteurs non-financiers, tels que des services de développement économique pour les chefs d'entreprises les plus défavorisés, des réformes politiques et des recherches appliquées, est également essentiel. Aussi, les gouvernements ont un rôle important à jouer pour éradiquer la pauvreté, qui passe par l'accès à des services de santé, de logement, d'alimentation, d'éducation et d'infrastructures destinés aux plus pauvres.
M. OLE PETER KOLBY (Norvège), soulignant que l'élimination de la pauvreté exige un partenariat entre les favorisés et les défavorisés, a profondément regretté l'échec des pays développés à honorer l'engagement de fournir 0,7% du PNB à l'Aide publique au développement. La Norvège, a -t-il indiqué, est allée bien au-delà de cet objectif et entend accroître sa contribution de 1% dans les années à venir. L'élimination de la pauvreté n'exige pas seulement l'engagement des pays développés, a poursuivi le représentant, en arguant qu'elle souligne aussi la responsabilité des pays en développement dans leur propre développement. Aujourd'hui, a insisté le représentant, l'octroi de l'aide au développement est surtout motivé par une bonne utilisation des ressources dans la mise en oeuvre de politiques et programmes donnant la priorité aux intérêts des pauvres. L'Aide publique au développement n'augmentera pas tant que le contribuable du Nord n'en aura pas la preuve. L'expérience a aussi montré que l'APD ne suffira pas à éliminer la pauvreté dans un pays donné et que l'apport de capitaux privés est de plus en plus essentiel à la croissance économique et au développement social. Dans ce contexte, il revient aux gouvernements des pays bénéficiaires d'assurer un environnement politique et économique favorable fondé sur le respect des droits de l'homme, des politiques économiques saines, et des investissements sociaux.
L'élimination de la pauvreté n'exige pas seulement des investissements dans l'infrastructure et la communication mais surtout dans le peuple et ce, par la fourniture de services sociaux de base. A cet égard, le représentant a attiré l'attention de la Commission sur la réunion de suivi de la réunion d'Oslo sur l'Initiative 20/20 qui a eu lieu la semaine dernière au Viet Nam. En donnant la priorité aux services sociaux de base, cette Initiative cible plus directement les pauvres que tout autre moyen d'intervention.
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Venant à la question du microcrédit, le représentant a souligné l'importance qu'il y a à faire en sorte que l'appui à la microfinance ne s'effectue pas au détriment d'autres moyens d'intervention en faveur des pauvres comme l'appui aux services de santé ou à l'éducation. Si la microfinance peut faciliter la distribution de capitaux aux segments les plus pauvres de la société, force est de reconnaître que de nombreux groupes ne sont pas en mesure de bénéficier de prêts. Dans la lutte contre la pauvreté, il ne faut pas oublier les plus pauvres des pauvres ni l'aspect de la féminisation de la pauvreté. L'expérience a en effet montré que l'attention sur les femmes constitue une bonne stratégie de développement; l'investissement dans l'éducation des filles conduisant à une plus grande productivité, à une baisse de la mortalité maternelle et infantile et à une baisse de la fécondité. Concluant sur le problème de la dette, le représentant a estimé que l'Initiative HIPC représente l'initiative la plus constructive d'allégement de la dette lancée à ce jour. Il a indiqué également que son pays vient de lancer une nouvelle stratégie en la matière qui renforce les schémas multilatéraux et contient des mesures de réduction de la dette bilatérale.
M. SHEN GUOFANG (Chine) a indiqué que les statistiques décrivant la pauvreté sont choquantes: un tiers de la population des pays en développement continue de vivre dans des conditions de pauvreté aiguës, 800 millions de personnes ne sont pas suffisamment nourries, 12 millions d'enfants de moins de cinq ans meurent chaque année. L'utilisation trop fréquente de sanctions à l'encontre des pays en développement n'ont fait souvent qu'empirer la situation. En outre, la crise financière asiatique a jeté des centaines de millions de personnes dans la pauvreté. La pauvreté est une violation brutale des droits de l'homme. L'éradication de la pauvreté est une responsabilité commune de l'humanité. Il est important que la communauté internationale crée un environnement favorable et fournisse les moyens nécessaires aux pays sur lesquels pèsent le plus de contraintes afin de les aider à sortir de la pauvreté.
La pauvreté étant un phénomène contagieux, il est important d'étudier les nouveaux symptômes de la pauvreté qui découlent de la mondialisation, de créer un environnement favorable à la croissance économique, par le biais de mesures internes et internationales, de fournir plus d'assistance afin de sortir du cercle de la pauvreté d'une génération à l'autre, et enfin d'assurer la participation des personnes pauvres à la lutte contre la pauvreté.
Mme NORIKO SUZUKI (Japon) a appuyé les activités entreprises par les Nations Unies dans le contexte de la Décennie pour l'élimination de la pauvreté. Elle a souligné que la pauvreté est un phénomène complexe et multidimensionnel qui exige une réponse intégrée. Dans la lutte contre la pauvreté, l'emploi et le revenu sont importants mais ils n'auront pas d'impact déterminant si, dans les politiques, les liens entre pauvreté et éducation, pauvreté et environnement, et pauvreté et conflit ne sont pas bien compris. L'élimination de la pauvreté demande une approche intégrée et globale visant la croissance économique, une répartition équitable des ressources et la réalisation des objectifs sociaux.
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La mise en place des capacités est également indispensable. Elle permet en effet de démarginaliser les populations et de susciter la créativité nécessaire au développement. La lutte contre la pauvreté exige aussi une approche orientée vers les résultats fondée sur des indicateurs fiables. Les acteurs du développement doivent définir les résultats escomptés et évaluer les performances. Cette approche doit utiliser au mieux les avantages de chaque acteur. A cet égard, les Nations Unies ont une place de choix en raison de leur caractère universel et multilatéral et de leur rôle d'avocat. Le système des Nations Unies doit donc collaborer étroitement avec les autres acteurs du développement et sensibiliser l'opinion publique. La lutte contre la pauvreté constitue l'essence du programme japonais d'assistance aux pays en développement comme l'atteste la réunion que la Japon a organisée avec les Pays-Bas et le PNUD sur une nouvelle stratégie du développement. Les objectifs fixés visent à réduire la pauvreté de moitié d'ici l'an 2015 et à démarginaliser les pauvres. De même, le Japon a tenu la Conférence sur le développement de l'Afrique dont le Plan d'action cite les mesures à prendre par les pays africains mais aussi par les partenaires du développement. La représentante a conclu son intervention en se félicitant du rôle du microcrédit dans la lutte contre la pauvreté.
M. S. K. BWISWMUTHIARI (Inde) a indiqué que la pauvreté prend des formes multiples, telles que la faim, l'analphabétisme, l'absence d'une éducation minimum, d'eau potable, des services de santé de base, de logement et d'emploi. Les causes de la pauvreté sont souvent à rechercher dans des facteurs sociaux, économiques, historiques, naturels et géographiques. Mais la pauvreté tire surtout son origine d'un manque de contrôle sur le marché, ce qui est à mettre en relation avec la situation économique du pays. La solution ne peut venir que d'une stratégie qui combine les efforts visant à assurer la croissance économique de manière générale et à mettre en place des programmes s'adressant à des catégories particulières de la population. La question de l'égalité entre les sexes est également très importante et doit être prise en compte afin de mettre un terme à des siècles d'inégalités dans le cadre d'une société dominée par l'homme. A cet égard, il serait essentiel de mettre en oeuvre des programmes qui garantissent un certain niveau d'emploi aux personnes pauvres vivant dans les zones rurales et aux jeunes des villes qui n'ont pas d'emploi, qui prennent en compte les besoins en matière de santé, d'alimentation et d'éducation des femmes, et qui promeuvent l'alphabétisation des masses.
L'adoption de la première Décennie des Nations Unies pour l'élimination de la pauvreté et l'application des mesures qui y sont liées donnent l'occasion d'identifier les obstacles et d'élaborer des mesures viables permettant de répondre à ces obstacles.
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