AG/EF/229

DEUXIEME COMMISSION : L'ONU EST LE LIEU PRIVILEGIE DE DISCUSSION DES EFFETS DE LA MONDIALISATION

20 octobre 1998


Communiqué de Presse
AG/EF/229


DEUXIEME COMMISSION : L'ONU EST LE LIEU PRIVILEGIE DE DISCUSSION DES EFFETS DE LA MONDIALISATION

19981020 La Commission économique et financière a poursuivi son débat général sur le développement durable et la coopération économique internationale, en mettant l'accent sur la relance du dialogue sur le renforcement de la coopération économique internationale pour le développement par le partenariat ainsi que sur le développement culturel. Elle a entendu des délégations qui se sont félicitées du Dialogue de haut niveau, les 17 et 18 septembre dernier, sur les avantages, les risques et les défis de la mondialisation, tenu dans le cadre de la relance du dialogue sur le renforcement de la coopération internationale pour le développement par le partenariat. Des délégations ont estimé que les Nations Unies demeurent le lieu idéal pour ce type de dialogue, tant il est vrai qu'aux questions internationales il faudrait envisager des réponses internationales.

La Commission a entendu l'Union européenne qui a indiqué que de tels dialogues doivent être liés aux réunions du FMI et de la Banque mondiale. L'organisation de tables rondes, en particulier de tables rondes ministérielles, contribue à la tenue d'un dialogue constructif et stimulant. Il faudrait consacrer davantage de temps aux discussions interactives. A l'instar d'autres délégations, l'Union européenne s'est prononcée en faveur de la tenue d'un tel dialogue tous les deux ans.

En ce qui concerne le développement culturel, les délégations ont estimé que la place importante qu'occupent l'information et la communication dans la société actuelle montre le caractère indissociable du développement et de la culture. Pour le représentant de l'Uruguay, la paix, la démocratie et le développement forment un triangle au centre duquel se trouve la culture. Le représentant du Canada a rappelé, pour sa part, que la réunion internationale sur les politiques culturelles qui s'est tenue à Ottawa en juin 1998 avait pour but d'appuyer la diversité culturelle en une ère de mondialisation et de changements technologiques rapides.

La Commission a entendu les représentants des pays suivants : Indonésie (au nom du Groupe des 77 et de la Chine), Autriche (au nom de l'Union européenne et des pays associés), Chine, Kenya, Guyana, République de Corée, Trinité-et-Tobago, Canada, Australie, ex-République yougoslave de Macédoine, Oman, Uruguay et République démocratique du Congo.

(à suivre - 1a)

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Les représentants de la Turquie, de l'Arménie et de l'Azerbaïdjan ont exercé leur droit de réponse dans le cadre du point relatif à l'intégration de l'économie des pays en transition à l'économie mondiale, examiné ce matin.

La Commission poursuivra ses travaux demain, mercredi 21 octobre, à 10 heures et devrait entamer la question de l'environnement et du développement durable.

DEVELOPPEMENT DURABLE ET COOPERATION ECONOMIQUE INTERNATIONALE

Intégration de l'économie des pays en transition à l'économie mondiale

Droits de réponse

Le représentant de la Turquie, répondant aux propos tenus ce matin par le représentant de l'Arménie, a rejeté les accusations d'un blocus économique que son pays aurait imposé à l'Arménie. Le représentant a rappelé que son pays a été l'un des premiers à reconnaître l'Arménie et que les raisons de la fermeture des frontières sont indépendantes de la volonté de son gouvernement. Ce dernier estime qu'il est temps que l'Arménie fasse des efforts pour promouvoir une politique de paix dans l'intérêt de son propre peuple et de la région dans son ensemble.

La représentante de l'Arménie a confirmé que l'intervention de ce matin comportait bien une référence au blocus économique imposé par la Turquie et l'Azerbaïdjan. L'Arménie voit ses relations internationales restreintes par des mesures unilatérales qui ne visent qu'à compromettre l'aide économique et même l'acheminement de l'aide humanitaire dans les zones frappées par les catastrophes naturelles.

Le représentant de l'Azerbaïdjan a jugé que l'introduction de questions politiques au sein de la Commission ne saurait en aucun cas contribuer au règlement des questions importantes dont elle est saisie. Il s'est demandé quel blocus pouvait bien évoquer l'Arménie puisque face aux agressions armées de cette dernière, 20% du territoire de l'Azerbaïdjan est occupé et un million de citoyens azéris se retrouvent réfugiés - soit un citoyen sur sept. La réalité est que l'Arménie continue d'exercer un blocus contre l'Azerbaïdjan et ce, depuis une dizaine d'années. A la suite de cette agression, la région azéri occupée est totalement coupée de l'Azerbaïdjan et le coût des destructions découlant de l'agression se chiffre aujourd'hui à plusieurs dizaines de milliards de dollars. Il est étonnant que l'Arménie continue d'évoquer un prétendu blocus en se gardant bien de parler de son agression.

Le Président de la Commission a souligné que la Deuxième Commission ne se prête pas au règlement de différends politiques et a lancé un appel aux délégations concernées pour qu'elles fassent preuve de retenue.

La représentant de l'Arménie, reprenant la parole, a souligné combien le processus difficile de transition a été compliqué par une catastrophe naturelle qui a détruit près de 40% des infrastructures. Aujourd'hui, le pays ne peut lancer de programmes de reconstruction en raison du blocus qui empêche l'arrivée des investissements étrangers. L'Azerbaïdjan, a-t-elle déclaré, a le cynisme d'accuser l'Arménie de blocus, d'agression et d'occupation alors même que son a toujours refusé toutes les propositions visant à régler la situation, préférant des manoeuvres politiques.

( suivre)

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Le représentant de l'Azerbaïdjan a regretté que la représentante de l'Arménie ait oublié de préciser que suite à l'agression de son pays, plus de 900 villages ont été détruits alors même que l'Arménie continue de construire des routes et d'extraire des minerais dans la zone occupée. Il est ridicule de prétendre aujourd'hui que les accusions d'agression sont infondées alors même que le Conseil de sécurité a adopté quatre résolutions sur la question. La vérité est que l'Arménie s'est employée à détruire toutes les infrastructures de la zone occupée et qu'elle exerce un blocus dans la zone occidentale.

Relance du dialogue sur le renforcement de la coopération économique internationale pour le développement par le partenariat

La Commission était saisie d'une lettre datée du 9 mars 1998, adressé au Secrétaire général par les Représentants permanents du Japon et du Sénégal auprès de l'ONU transmettant le rapport succinct des Coprésidents de la première session du Comité préparatoire de la deuxième Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l'Afrique (TICAD II) qui s'est tenue à Dakar les 2 et 3 mars 1998 (A/53/85).

Développement culturel

Note du Secrétaire général transmettant le rapport du Directeur général de l'Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture sur le développement culturel (UNESCO) (A/53/321)

Dans ce rapport, le Directeur général de l'UNESCO porte à l'attention de l'Assemblée générale le Plan d'action sur les politiques culturelles pour le développement adopté à Stockholm le 2 avril 1998 par la Conférence intergouvernementale sur la question. Le Plan recommande aux Etats membres de réaliser les quatre objectifs suivants : faire de la politique culturelle l'un des éléments clés de la stratégie de développement; favoriser la créativité et la participation à la vie culturelle; renforcer les politiques et les pratiques en vue de sauvegarder et de mettre en valeur le patrimoine tangible et intangible, mobilier et immobilier et de promouvoir les industries culturelles; et promouvoir la diversité culturelle et linguistique dans le cadre et pour la société de l'information. Le Plan d'action recommande notamment au Directeur général de l'UNESCO d'encourager la constitution de réseaux de recherche et d'information en matière de politiques culturelles pour le développement, y compris l'étude et la mise en place d'un observatoire des politiques culturelles. Il lui recommande aussi de garder comme objectif l'inscription d'une perspective culturelle dans la prochaine Stratégie internationale du développement et inviter les institutions spécialisées à évaluer leurs pratiques et politiques de développement dans cette perspective.

( suivre)

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Il lui recommande également de suggérer au Secrétaire général de l'ONU qu'une année de la décennie sur l'élimination de la pauvreté (1997-2006) soit consacrée aux liens entre culture et développement et élimination de la pauvreté, et d'examiner de nouveaux moyens de développer la coopération entre l'UNESCO et d'autres organisations internationales.

Débat général

M. PRIANTI GAGARIN DJATMIKO-SINGGIH (Indonésie) a indiqué, au nom du Groupe des 77 et de la Chine, qu'avec la mondialisation, la compétition sur les marchés a remplacé la coopération internationale en tant que force influant sur la croissance. Un des défis auxquels les pays doivent faire face est de mettre un terme aux turbulences financières qui menacent le monde actuellement. Il faut essayer de savoir pourquoi la crise continue de s'étendre. Ne pas répondre à cette question pourrait mettre en danger l'économie mondiale et résulter en une récession avec des conséquences politiques, économiques et sociales tragiques dans les pays.

La solution ne peut venir que d'une participation accrue et d'un meilleur partenariat. Il semble que la coopération internationale traditionnelle se soit ralentie ces derniers temps, malgré des initiatives telles que les conférences des Nations Unies au début des années 90 et la mise en place récente de l'Agenda pour le développement. Face à cette érosion du dialogue Nord-Sud, il n'y a pas d'autres solutions que la revitalisation du dialogue. Dans ce contexte, le Groupe des 77 et la Chine se félicitent de l'organisation des deux jours de réunion de haut niveau, les 17 et 18 septembre 1998, sur le Renouveau pour le renforcement de la coopération économique internationale pour le développement. Pour remédier à la distribution inéquitable des risques et des bénéfices résultant de la mondialisation, une action conjointe de tous les membres des Nations Unies est requise. En la matière, il n'y a pas de meilleur cadre d'action que celui des Nations Unies.

M. HANS MICHAEL PLUT (Autriche), au nom de l'Union européenne et des pays associés, a estimé que le dialogue de haut niveau de deux jours sur la relance du dialogue sur le renforcement de la coopération internationale pour le développement par le partenariat a fourni une occasion utile et opportune de discuter des avantages, des défis et des risques découlant de la mondialisation. L'Union européenne juge nécessaire de poursuivre le dialogue et de continuer à rechercher les moyens d'améliorer le cadre des discussions. Pour l'Union européenne, le dialogue doit davantage être lié aux travaux des grandes commissions, en particulier à ceux de la Deuxième Commission. Il faut, dans le même temps, examiner la possibilité de lier le dialogue aux réunions d'automne du FMI et de la Banque mondiale. Il faut tenir compte de l'emploi du temps des décideurs politiques de haut niveau et songer à tenir le dialogue de haut niveau une fois tous les deux ans. L'Union européenne estime qu'il convient de choisir avec soin le thème du dialogue et appuie la recommandation du Secrétaire général de sélectionner le thème au moins un an avant le dialogue afin de faciliter les préparatifs.

( suivre)

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Pour ce qui est des arrangements d'ordre pratique, l'Union européenne estime que les éléments novateurs et interactifs introduits cette année, les tables rondes ministérielles et les autres tables rondes, contribuent à la tenue d'un dialogue constructif et stimulant. Il serait d'ailleurs nécessaire de limiter à trois ou quatre, le nombre des conférenciers et envisager un arrangement des places qui permette une plus grande interaction durant les tables rondes ministérielles. Pour l'Union européenne, le débat général et sa longue liste de déclarations écrites est l'aspect le moins fructueux du dialogue. Il conviendrait au contraire de consacrer ce temps à de réelles discussions interactives. Il faut simplifier autant que possible le processus. A l'exception de thèmes, il ne devrait y avoir aucune négociation intergouvernementale formelle sur le fond du dialogue et les conclusions du dialogue devraient rester sous la forme d'un résumé du Président.

M. LIU JINGTAO (Chine) a estimé que la mondialisation a apporté des défis, des problèmes et des opportunités. La crise financière, en devenant mondiale, a prouvé à quel point les Etats sont interdépendants. Aussi est-il nécessaire que les nations dialoguent et se comprennent mieux. Le Dialogue de haut niveau, qui s'est tenu les 17 et 18 septembre 1998 sur le Renforcement de la coopération internationale pour le développement était nécessaire car les Nations Unies sont l'instance appropriée pour examiner la coopération internationale. Les pays en développement font face à des contraintes négatives, malgré des taux de croissance d'un certain niveau, ces dernières années. La prospérité des pays développés ne peut pas continuer si les pays en développement ne participent pas à l'économie mondiale. Chacun doit donc reconnaître l'importance de la coopération internationale pour tous les pays. Cette coopération doit avoir lieu dans plusieurs sphères : tout d'abord, la communauté internationale doit accorder la plus grande attention aux pays en développement. La communauté internationale doit appuyer, notamment, les pays en développement dans les domaines de la finance et de la technologie afin qu'ils soient des partenaires véritables du système international. Les pays en développement doivent pouvoir choisir leur propre voie de développement durable. Il ne faut pas imposer un modèle unique. La communauté internationale doit respecter les choix de chacun.

M. ADAM ADAWE (Kenya) a indiqué que la reconnaissance de l'interdépendance des économies mondiales a rendu indispensables les conférences internationales sur l'intégration des pays à l'économie mondiale, le commerce, les produits de base et les investissements, ainsi que les relations économiques entre les pays développés et les pays en développement. La délégation du Kenya considère très encourageants les deux jours de Dialogue de haut niveau sur le renforcement de la coopération internationale pour le développement grâce au partenariat. Afin de progresser sur ce point, il faudrait faire preuve de volonté politique et d'un esprit de coopération fondés sur des idéaux et un engagement communs.

( suivre)

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Les pays en développement ont pris au sérieux leurs responsabilités et ont adopté des politiques économiques nécessitant des réformes politiques et économiques à des coûts sociaux très élevés. Aussi la délégation du Kenya lance-t-elle un appel aux partenaires du développement pour qu'ils maintiennent un environnement économique favorable et qu'ils répondent aux besoins spécifiques des pays en développement, en soutenant en particulier le commerce, la diversification des produits, l'accès au marché, le développement des entreprises et les investissements. A cet égard, l'APD est plus indispensable que jamais. Or elle ne cesse de décliner. Il faudrait établir en conséquence des priorités bien définies dans l'allocation de l'aide et l'utilisation efficace des ressources.

M. GEORGE TALBOT (Guyana) a estimé que les Nations Unies ont un rôle à jouer dans l'examen des avantages, des défis et des risques de la mondialisation en raison de l'ampleur du phénomène et de son aspect multidimensionnel. Il faut se féliciter de la tenue du dialogue de haut niveau sur la mondialisation, tenu au début de la session de l'Assemblée générale. Les conséquences de la mondialisation exigent une réponse internationale qui tienne compte des besoins de tous les Etats. Les Nations Unies, en tant qu'institution multilatérale, ont un rôle clé à jouer pour développer cette approche. Pour le Guyana, il ne faut pas perdre de vue que l'objectif premier de la relance du dialogue est le renforcement de la coopération économique internationale. Il est donc nécessaire d'envisager un bon suivi du dialogue de haut niveau et de réfléchir à la manière dont l'ONU peut jouer un rôle pour influencer le processus de la mondialisation. Cette question doit être inscrite à l'ordre du jour de l'Assemblée générale.

M. SUH DAE-WON (République de Corée) a indiqué que le seul aspect positif de la crise financière, s'il y en a un, est l'émergence d'un consensus autour de l'idée selon laquelle le système financier international doit être contrôlé. Il faudrait donc renforcer la gouvernance multilatérale mondiale qui devra être fondée sur un véritable partenariat et des intérêts communs, afin de mieux organiser le processus de la mondialisation.

Parmi les points soulevés lors du Dialogue de haut niveau du mois dernier, la délégation de la République de Corée a souhaité mettre l'accent sur le caractère irréversible du processus de mondialisation, qui n'est, de ce fait, plus une option. Ensuite, la crise financière actuelle montre l'inadéquation entre l'architecture institutionnelle et la gouvernance économique. Aussi est-il urgent de mettre en place des mécanismes institutionnels qui permettent de mieux gérer les réalités économiques, telles que les flux de capitaux et la dichotomie entre la vraie économie et l'économie financière. Le fossé croissant des inégalités entre les pays est un autre aspect de la mondialisation qui mérite d'être souligné. Un effort national et international doit être fourni pour éviter la marginalisation des pays les moins avancés. La dichotomie entre l'environnement extérieur et les politiques intérieures n'a plus lieu d'être. La mondialisation, en s'élargissant, renforce l'interdépendance et crée un environnement extérieur favorable au développement.

( suivre)

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Au regard des résultats satisfaisants du Dialogue de haut niveau, la proposition de continuer des dialogues de ce type dans le futur doit être prise en considération. Les thèmes des futurs dialogues devront se concentrer sur des aspects plus spécifiques de la coopération économique internationale.

Mme ROSLYN KHAN-CUMMINGS (Trinité-et-Tobago) a indiqué que le processus de mondialisation et de libéralisation de l'économie a mis en lumière les problèmes auxquels font face les pays en développement, en particulier ceux des petits Etats insulaires et des pays les moins avancés. Ces derniers se sont en effet vus marginalisés dans les domaines du commerce, des investissements, des produits de base et des flux des capitaux. Ils ont dû accélérer les formes de régionalisme afin d'élaborer une approche concertée et d'optimiser les opportunités tout en minimisant les contraintes découlant de l'importance relative de leurs marchés et de leur développement technique limité. La coopération internationale et régionale peut être renforcée par la promotion de projets spéciaux tendant à faciliter le transfert de technologie productive, à améliorer les politiques de commercialisation et à promouvoir le commerce. Les Nations Unies et la communauté internationale ont un rôle important à jouer dans toute stratégie de développement, en particulier dans le cas des petits Etats insulaires et des pays les moins avancés et ce, en raison de la fragilité et de la vulnérabilité de leurs économies. Les institutions financières internationales doivent reconnaître le lien entre pauvreté, vulnérabilité et taille ainsi que les causes structurelles de la vulnérabilité des petits Etats. Les donateurs bilatéraux et multilatéraux doivent eux accorder une attention particulière aux petits Etats insulaires dans les programmes d'assistance au développement, lorsqu'il s'agit, en particulier de pays à moyen revenu. L'assistance doit également viser le renforcement des capacités dans le domaine des infrastructures physiques et des ressources humaines.

M. DENIS CHOUINARD (Canada) a indiqué que la Conférence de Stockholm a constitué une première grande démarche pour placer la culture au centre des politiques et programmes internationaux et pour promouvoir la cause de la diversité culturelle. Il est vital d'élaborer un cadre conceptuel qui intégrerait une dimension culturelle au développement. La réunion internationale sur les politiques culturelles à Ottawa, en juin 1998, visait à mieux faire comprendre et à appuyer la diversité culturelle en une ère de mondialisation et de changement technique. Tous les pays font face au fait que l'identité culturelle a une valeur importante qu'il est difficile de conserver. Le but de la réunion était de renforcer les politiques culturelles de sorte que les gouvernements, de concert avec la société civile, puissent instaurer un environnement qui mette en valeur la diversité d'identité, la créativité et la liberté. Les ministres de la culture qui ont participé à la réunion ont lancé un réseau international ayant pour objectif de promouvoir l'importance de la diversité culturelle.

( suivre)

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M. ALAN MARCH (Australie) a jugé qu'en encourageant un dialogue constructif sur les questions de portée économique et sociale, les Nations Unies contribuent à améliorer la compréhension des différentes dimensions des questions prioritaires et à élaborer de politiques appropriées. Toutefois, l'Australie regrette que les discussions au sein de l'Organisation n'aient pas été aussi fructueuses et enrichissantes qu'on l'aurait espéré. La relance actuelle du dialogue est, par conséquent, bienvenue et donne une indication de l'importance de l'ONU dans la relance d'un débat sur les questions importantes. Le Dialogue de haut niveau, au début de la session de l'Assemblée générale, a pu traiter de manière efficace des défis majeurs de la mondialisation que l'Organisation doit relever. Le succès du Dialogue n'est pas un accident mais le fruit d'un processus préparatoire important. Il a permis de dégager les actions qu'il convient de prendre actuellement. Les Nations Unies ne peuvent pas tout, mais elles ont en tout cas l'avantage clair de faire valoir une démarche équilibrée dans l'examen des questions. L'Australie regrette donc qu'une telle démarche ne soit appréciée qu'en dehors du cadre traditionnel des discussions. L'Australie appuie, en conséquence, la tenue d'un autre dialogue en l'an 2000, en gardant à l'esprit que le but est d'accroître l'efficacité du débat actuel aux Nations Unies et non de créer de nouveaux mécanismes qui viendraient s'ajouter à la pléthore de ceux qui existent déjà.

M. NASTE CALOVSKI (ex-République yougoslave de Macédoine) a indiqué qu'il faudrait que la communauté internationale renforce le dialogue sur un partenariat afin d'éviter une récession mondiale tout en favorisant l'intégration économique mondiale et régionale et la coopération économique sans lesquelles des pays se trouveraient marginalisés. Les Nations Unies sont le lieu idéal pour organiser un tel dialogue entre les Etats Membres. Puisque la mondialisation est inévitable mais contrôlable, il est urgent que la communauté internationale adopte des politiques et des mesures en faveur d'un développement durable pour ses victimes potentielles. Aussi, les Nations Unies devraient-elles organiser des débats sur les dangers de la marginalisation et sur les moyens d'y faire face. Jusqu'à présent, le problème de la marginalisation n'a jamais été au centre des discussions.

La délégation de l'ex-République yougoslave de Macédoine a proposé l'abolition de toutes les barrières limitant l'accès au marché, la résolution rapide du problème de la dette, la promotion par le FMI et la Banque mondiale d'investissements en direction des pays qui risquent d'être marginalisés, la mise en place de projets du type Plan Marshall pour garantir un développement durable aux économies en danger, l'intégration régionale et mondiale, et l'adoption, au niveau national, de politiques et mesures visant la croissance, la démocratie, le règne du droit et le respect des droits de l'homme et de l'environnement.

M. KHALID SULAIMAN ABDUL REHMAN BA OMAR (Oman) a fait observer que la mondialisation et la libéralisation des économies, longtemps présentées comme une panacée, n'ont pas conduit aux résultats escomptés. Elles ont, au contraire, représenté des risques de marginalisation pour un certain nombre de pays en développement.

( suivre)

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Dans de telles circonstances, les pays riches doivent augmenter l'aide publique et coopérer avec toute les parties concernées pour résoudre le problème de la dette extérieure, de l'intégration des pays du Sud au système mondial du commerce, et de l'amélioration des termes de l'échange. Le Sultanat d'Oman a toujours reconnu la nécessité d'une coopération dans le domaine du commerce international comme l'atteste sa coopération économique avec les pays de l'océan Indien.

M. BORIS SVETOGORSKY (Uruguay) a déclaré qu'il faut intégrer davantage la question culturelle au développement mondial. L'information et la communication occupent une place importante dans notre société et montrent le caractère indissociable du développement et de la culture. La délégation de l'Uruguay a estimé que l'évolution de nos sociétés, les conflits tribaux et religieux, qui mettent la paix en danger dans de nombreux pays du monde, sont des questions qui ne sont pas assez débattues. Le monde a besoin d'une culture solide. La Décennie mondiale pour le développement culturel vient de s'achever. L'UNESCO a travaillé durement à cette Décennie. De ce travail commun, il faut souligner la volonté de trouver une nouvelle démarche du développement culturel. Au cours des prochaines années, il faudra examiner les rapports existants entre culture, développement et élimination de la pauvreté. L'Uruguay a été à l'origine du marché commun de la connaissance, l'objectif étant de favoriser un lien entre universités et centres d'études à l'échelon du continent.

Aujourd'hui, le défi est d'accumuler les connaissances et les capacités de les développer, afin que les jeunes puissent faire face au processus de la mondialisation. La paix, la démocratie et le développement forment un triangle essentiel au centre duquel se trouvent la culture, et notamment, l'éducation des enfants.

M. ALBERT LUFELE MAUTCHY (République démocratique du Congo) a souligné qu'on ne peut parler de développement durable dans son pays tant que la coopération structurelle avec la communauté internationale n'a pas repris depuis qu'elle a été suspendue en 1991. Le gel de la coopération bilatérale et l'arrêt des programmes structurels ont fortement réduit le financement extérieur des investissements, l'aide budgétaire ou l'appui à la balance de paiements. La structure de l'Aide publique au développement s'est complètement modifiée en faveur de l'assistance humanitaire et des secours d'urgence. A l'heure actuelle, la conditionnalité qui avait été imposée aux responsables de l'ancien régime ne trouve plus sa raison d'être, en dépit des performances réalisées par le nouveau pouvoir dans les domaines de la démocratisation, des droits de l'homme et des conditions socioéconomiques. Le représentant a estimé que son pays ferait mieux dans ses efforts de développement, si les institutions spécialisées des Nations Unies reconsidéraient un peu l'affectation des ressources consacrées à l'utilisation des compétences nationales. Aujourd'hui, après 38 ans d'efforts éducatifs, le pays est devenu exportateur net de cadres universitaires et d'experts. Ce constat doit inciter les décideurs des institutions spécialisées des Nations Unies à recourir à l'emploi maximal des compétences nationales.

( suivre)

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La coopération au développement est un sujet qui préoccupe grandement la République démocratique du Congo, a précisé le représentant, en soulignant que son pays a fait table rase du passé et tente désormais de "coopérer autrement", ce qui suppose une coopération articulée autour de l'idée de partage des connaissances, du savoir et des intérêts. Dans sa nouvelle vision de "coopérer autrement" pour une diplomatie paritaire, le pays, contrairement aux habitudes de l'ancien régime, entend favoriser aussi une coopération active dans le secteur privé, les pouvoirs publics devant garantir les conditions de sécurité des personnes et des biens. Un nouveau code des investissements a d'ailleurs été finalisé qui sera bientôt en vigueur. Tout en comprenant le bien-fondé de la coopération Sud-Sud, la République démocratique du Congo souligne qu'ayant opté pour une diplomatie paritaire, la coopération Sud-Sud ne peut être exclusive pour elle. Elle entend également développer des rapports sains de coopération avec ses partenaires du nord.

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