CONSTAT A LA DEUXIEME COMMISSION QUE LES POLITIQUES DE CROISSANCE ECONOMIQUE NE GARANTISSENT PAS NECESSAIREMENT LE DEVELOPPEMENT
Communiqué de Presse
AG/EF/227
CONSTAT A LA DEUXIEME COMMISSION QUE LES POLITIQUES DE CROISSANCE ECONOMIQUE NE GARANTISSENT PAS NECESSAIREMENT LE DEVELOPPEMENT
19981019 La Commission économique et financière (Deuxième Commission) a entamé ce matin l'examen de la question du développement durable et de la coopération économique internationale en mettant l'accent sur l'application et le suivi des principaux arrangements ayant fait l'objet d'un consensus en matière de développement.Il s'agissait en fait pour les délégations de procéder à une évaluation de la mise en oeuvre de la Déclaration sur la coopération économique internationale et de la Stratégie internationale du développement pour la quatrième Décennie des Nations Unies pour le développement adoptées par l'Assemblée générale en 1990. En effet, ces deux textes fixait pour objectif de relever les défis les plus important des années 90 que sont le développement économique et social des pays en développement et, pour ce faire, assurer une croissance soutenue de l'économie mondiale ainsi qu'un environnement international favorable. La Stratégie précisait en outre qu'une croissance de l'ordre de 7% offrirait les conditions voulues pour parvenir à une transformation véritable de l'économie.
Or les délégations constatent que si l'on pouvait se féliciter de quelques progrès enregistrés dans le domaine du développement dans un petit nombre de pays en développement, on peut encore déplorer que 72% des investissements étrangers directs se sont concentrés dans 10 pays en développement, marginalisant les autres pays. Selon les délégations, il est de plus en plus reconnu que les politiques de développement fondées sur la croissance économique et la libéralisation des secteurs économiques ne permettent ni une gestion efficace des risques de la mondialisation, ni la réalisation des objectifs de développement. La mondialisation a montré que les politiques intérieures restent inopérantes en l'absence d'un environnement international stable. Des appels ont donc été lancés pour un renforcement de la coopération économique internationale qui doit viser notamment à régler les questions du déclin de l'Aide publique au développement, de l'accès au marché, du transfert de technologie et de la dette extérieure. La République de Corée a, par exemple, estimé que la crise actuelle n'est pas seulement une crise financière mais plutôt une crise de la gestion macroéconomique de l'économie mondiale. Elle a souligné, dans ce contexte, la nécessité de dessiner une architecture économique internationale viable et un partenariat mondial fondé sur une coopération pour le développement renforcée.
(à suivre - 1a)
- 1a - AG/EF/227 19 octobre 1998
Les représentants des pays suivants ont pris la parole: Indonésie au nom du Groupe de 77 et la Chine, Autriche au nom de l'Union européenne, Chine, Ghana, Panama, au nom des Etats membres du Groupe de Rio, El Salvador, République de Corée et Pakistan.
La Commission poursuivra l'examen des questions du développement durable et de la coopération économique internationale demain, mardi 20 octobre à 10 heures, en mettant l'accent notamment sur l'intégration de l'économie des pays en transition dans l'économie mondiale, et sur la relance du dialogue sur le renforcement de la coopération économique internationale pour le développement par le partenariat.
DEVELOPPEMENT DURABLE ET COOPERATION ECONOMIQUE INTERNATIONALE
Rapport du Secrétaire général sur l'emploi des dividendes pour le développement (A/53/374)
Le Secrétaire général a remarqué que pour qu'un pays ne reste pas à l'écart du courant de la mondialisation mais qu'au contraire il en recueille les bienfaits, il est capital qu'il ait accès, sans restriction, au réseau mondial d'information qui est en train de se mettre en place. A cet égard, il faudrait définir des politiques qui favorisent de nouvelles approches de l'information, de l'établissement de son contenu, de sa diffusion, de son utilisation, et assurent à moindres frais une participation générale, sans exclusion. Pour faciliter l'insertion des pays en développement dans l'économie mondiale, une solution à moindre coût consiste à mettre les techniques modernes de l'information à leur disposition.
A cet égard, le Secrétaire général fait huit propositions : promotion du commerce électronique dont l'objectif est de renforcer la capacité des pays en développement ou en transition, d'abaisser les coûts des transactions commerciales en adoptant la technologie du commerce électronique. Un tel programme permettra d'éliminer certains des obstacles qui empêchent d'adopter la technologie du commerce électronique et entravent l'accès aux réseaux, aux ressources et aux techniques. Elle permettra également d'éclairer davantage les responsables et les négociateurs des pays en développement ou en transition sur la nature du commerce électronique et les questions qu'il soulève. La deuxième proposition vise à mettre en place en Afrique un réseau de compétences en matière d'analyse d'orientation économique et sociale. Le projet se concrétisera par l'implantation d'un solide réseau de compétences reliant entre eux centres de recherche et experts particuliers. La troisième proposition consiste en l'élargissement de l'accès des pays en développement ou en transition aux données concernant l'environnement, par connexion avec le Système de télécommunication par satellite Mercure. La quatrième proposition prône la mise en place d'un système informatique et de télétransmission pour l'action internationale et nationale contre la drogue. Il s'agira notamment de mieux gérer la production, la fabrication, la consommation, les stocks et les saisies de stupéfiants. La cinquième proposition vise à établir des moyens logistiques et des réseaux pour la réalisation du programme pour l'habitat dans les pays les moins avancés. La sixième proposition consiste en la mise en place d'un centre du développement accessible en ligne. Le projet devra se concrétiser par la création d'une installation en ligne sur l'Internet, comprenant notamment des moyens de réunion et de formation en ligne et des répertoires consultables en ligne permettant d'obtenir des informations sur les problèmes de développement et d'en débattre. La septième proposition prévoit la mise en place d'un réseau de recherche pour l'analyse des politiques à l'échelle mondiale. Le projet permettra de renforcer la capacité des économistes et des décideurs des pays en développement d'analyser et de prévoir les résultats macroéconomiques de ces pays.
( suivre)
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La formation de chercheurs utilisant le réseau mis en place sera une solution peu coûteuse. Enfin, la dernière proposition concerne les activités pour l'application d'Action 21, de la Déclaration et du Programme d'action du Sommet mondial pour le développement social de Copenhague et de la Déclaration et du Programme d'action de Beijing. L'objectif est de renforcer la capacité des pays en développement de rassembler, analyser et mettre en application les connaissances, l'information et le savoir-faire concernant la mise au point des politiques, et spécialement l'exécution des engagements pris lors des conférences des Nations Unies.
Note du Secrétaire général transmettant le rapport du Directeur général de l'Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture sur les programmes de communication pour le développement dans le système des Nations Unies (A/53/296)
En réponse à la résolution 51/172 de l'Assemblée générale, l'Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture (UNESCO) a contribué à la mise en oeuvre des recommandations de la Table ronde de Harare, qui s'est tenue en 1996. En ce qui concerne l'Initiative spéciale du système des Nations Unies pour l'Afrique (recommandation 1), l'UNESCO a retenu cinq pays pilotes (Burundi, Congo, Ethiopie, Libéria et Mali) pour la réalisation d'études au niveau national sur la communication et la consolidation de la paix. L'objectif est d'établir des plans d'action nationaux et des propositions de projet pour ces pays, financés à l'aide de fonds extrabudgétaires. Comme indiqué dans la recommandation 2, l'UNESCO s'est efforcée d'assurer la viabilité à long terme des activités de développement en transformant les entités bénéficiant d'une assistance en institutions nationales capables de générer leurs propres revenus (comme le Centre régional de formation cinématographique et vidéo à Harare), en fondations poursuivant les activités de projet sur une base professionnelle (comme la Fondation Tambuli pour la radio communautaire aux Philippines), ou en centres nationaux de formation fonctionnant sur une base semi commerciale (comme le Centre de formation de journalistes d'Afrique de l'Ouest à Cotonou au Bénin). Comme il est proposé dans les recommandations 3 et 4, l'UNESCO a appuyé des initiatives en matière de radio communautaire aux fins du développement rural. Dans l'esprit de la recommandation 5, plusieurs projets exécutés dans des pays en développement ont utilisé l'informatique et les technologies connexes, par exemple l'interconnexion des écoles de journalisme, l'établissement de réseaux de professionnels de l'information et la diffusion de nouvelles et d'informations via Internet. Conformément à la recommandation 6, l'UNESCO met actuellement en oeuvre un projet visant à développer la Fédération des femmes africaines spécialistes des médias dans la région de la Communauté de développement de l'Afrique australe. Trois recommandations supplémentaires ont appuyé le développement des moyens de communication en vue du développement.
( suivre)
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Parallèlement aux activités de l'UNESCO, le Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP) a soutenu l'intégration des activités d'information, d'éducation et de communication (IEC) ainsi que les activités de plaidoyer à tous les programmes du Fonds (santé en matière de reproduction, population et stratégie). Dans le domaine des activités de plaidoyer, le FNUAP appuie une approche globale et intégrée de la santé des femmes tout au long de leur existence, y compris après la ménopause. Il promeut également la prise en compte des droits de l'homme dans la fourniture de services et d'informations dans le domaine de la santé en matière de reproduction et d'hygiène sexuelle aux femmes et aux adolescentes, tendant notamment à éliminer les rituels associés à la puberté, au mariage, à la naissance et au veuvage. Il promeut, d'autre part, un degré zéro de tolérance de la violence contre les femmes. Il contribue enfin à la mise au point de programmes d'enseignement sur la prévention des infections de l'appareil reproducteur et des maladies sexuellement transmissibles, y compris le VIH/Sida. Ces programmes visent particulièrement les jeunes, les adolescents et les femmes, qui sont parmi les groupes les plus vulnérables à l'infection. La communication en matière de plaidoyer peut prendre la forme, entre autres, de campagnes médiatiques, de discours publics, d'expositions, de colloques, de compétitions, de récompenses et de soutien actif par des ONG ou des groupes communautaires.
Le rapport a également étudié les activités de communication de l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) et du Fonds des Nations Unies pour l'enfance.
Application et suivi des principaux arrangements ayant fait l'objet d'un consensus en matière de développement
Rapport du Secrétaire général sur l'application de la Déclaration sur la coopération économique internationale, en particulier la relance de la croissance économique et du développement dans les pays en développement et sur l'application de la Stratégie internationale du développement pour la quatrième Décennie des Nations unies pour le développement (A/53/301).
Le Secrétaire général, constatant que la crise financière asiatique a modifié les perspectives immédiates, et peut-être à long terme, des pays en développement pose la question de savoir quel sera l'impact de ces chocs sur les perspectives de développement. La lutte contre la pauvreté est l'un des principaux objectifs de la Stratégie internationale de développement. En Amérique latine, le nombre de pauvres a continué d'augmenter et a dépassé les 200 millions en 1994. Les pays d'Afrique qui connaissent des taux de croissance du PIB élevés ont enregistrés une réduction de l'incidence de la pauvreté, mais les progrès sont beaucoup moins marqués dans les économies qui n'ont enregistré qu'une croissance modérée et pour une période limitée seulement.
( suivre)
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La longue phase de croissance observée en Asie du Sud jusqu'en 1998 avait eu un effet bénéfique sur la pauvreté dans la région, mais celle-ci y reste importante puisque la région compte actuellement environ 40% des pauvres du monde, alors qu'elle ne présente qu'un quart de la population mondiale. Si la plupart des pays en développement ont cherché avec persistance à assurer l'éducation des enfants, les efforts d'éducation des adultes ont été limités. L'état sanitaire général de la population des pays en développement s'est amélioré ces dernières années même s'il reste encore peu élevé dans de nombreux cas.
En matière financière, les flux de capitaux demeurent fortement concentrés : en 1997, les 10 principaux pays en développement bénéficiaires ont reçu 72% des transferts à destination de l'ensemble des pays en développement et des pays en transition. De plus, ce sont dans une large mesure toujours les mêmes pays qui sont bénéficiaires puisque sept des 10 pays considérés figuraient déjà dans ce peloton de tête en 1991. Alors que les investissements directs augmentaient fortement, le financement public du développement n'a cessé de diminuer depuis le début de la décennie. Par ailleurs, la dette extérieure a augmenté de près de 60% entre 1990 et 1997, ou encore de 162 milliards de dollars depuis 1995. En 1996 a été lancée l'Initiative pour la réduction de la dette des pays pauvres très endettés (PPTE), visant à ramener l'endettement à un niveau qui permette d'en assurer le service sans avoir recours à de nouveaux rééchelonnements, dans le cadre d'un programme de développement bien conçu. L'Initiative exige que les pays susceptibles de remplir les conditions requises démontrent, résultat à l'appui, qu'ils appliquent depuis un certain temps des politiques avisées dans le cadre des programmes d'ajustement appuyés par le FMI et la Banque mondiale.
En matière commerciale, les échanges mondiaux se sont développés au rythme impressionnant de 6 à 8% en volume par an en moyenne, depuis le début des années 1990. Malgré l'accélération de la phase de libéralisation, les obstacles tarifaires et non-tarifaires peuvent être très élevés pour certains produits, rendant difficile pour les exportateurs la pénétration de certains marchés. La marginalisation des pays les moins avancés (PMA) pourrait s'accélérer du fait de la mondialisation et de la libéralisation croissantes de l'économie mondiale. La part des PMA dans les investissements étrangers mondiaux était estimée à 0,9% seulement en 1990 et à 0,5% en 1996. La part des PMA dans les exportations mondiales est tombée de 0,8% en 1990 à 0,3% à la fin des années 90.
Le Secrétaire général a ensuite évoqué les perspectives de la Stratégie internationale du développement pour le prochain millénaire. Toutes les stratégies de développement reconnaissent que le développement est avant tout l'affaire des pays.
( suivre)
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Si les stratégies appliquées au début des années 90 s'appuyaient sur le principe de l'Etat "minimaliste et non interventionniste", on privilégie désormais l'approche selon laquelle les pouvoirs publics ont un rôle à jouer. Il importe en outre d'adopter des politiques complémentaires et diversifiées, et non pas une politique appliquée de façon isolée. Les thèmes sur lesquels la communauté internationale est arrivée à un consensus pourraient être repris pour servir à définir des priorités et politiques en matière de développement. La Stratégie internationale du développement souligne que les activités du système des Nations Unies doivent devenir encore plus cohérentes grâce à une coopération et une coordination plus étroites entre les institutions. La communauté internationale doit prendre des mesures résolues pour créer l'environnement extérieur favorable préconisé par la Déclaration et par la Stratégie internationale du développement. Il importe, en parallèle, d'élaborer des politiques nationales appropriées. A cet égard, on s'accorde de plus en plus à reconnaître qu'il convient d'adopter une approche unifiée du développement et une combinaison judicieuse de politiques adaptées à la situation de chaque pays.
La Commission était également saisie d'une série de lettres adressées au Secrétaire général dont celles des Représentants du Kazakhstan et du Turkménistan auprès de l'ONU transmettant la Déclaration conjointe des chefs d'Etats des deux pays (A/53/60); des Représentants du Kazakhstan, du Kirghizistan, du Tadjikistan, du Turkménistan et de l'Ouzbékistan auprès de l'ONU transmettant le texte de la Déclaration conjointes de leurs chefs d'Etat (A/53/62); du Représentant du Japon auprès de l'ONU transmettant le rapport de la Conférence internationale de Tokyo sur la stratégie préventive (A/53/63); des Représentants du Bangladesh, de l'Inde et du Pakistan transmettant le texte de la Déclaration conjointe du Sommet des affaires (A/53/69); du Représentant de l'Iran auprès de l'ONU transmettant les documents de la huitième session de la Conférence islamique (A/53/72); du Représentant du Qatar transmettant le communiqué final de la vingtième session de la Conférence islamique des Ministres des affaires étrangères (A/53/95); des Représentants du Kazakhstan, du Kirghizistan, du Tadjikistan et de l'Ouzbékistan auprès de l'ONU transmettant la Déclaration de leurs chefs d'Etat sur l'intensification de l'intégration régionale et le texte de la Déclaration de Tashkent du 26 mars 1998 sur le programme spécial des Nations Unies pour les économies d'Asie centrale (A/53/96); du Représentant de l'Ukraine auprès de l'ONU transmettant le texte de l'état de la nation prononcé par le Président de l'Ukraine (A/53/124); du Représentant permanent de la Turquie et de l'Ukraine auprès de l'ONU transmettant le communiqué conjoint ukraino-turc du 21 mai 1998 (A/53/155); du Représentant de la Bulgarie auprès de l'ONU transmettant la Déclaration du Sommet de Yalta adoptée par les chefs d'Etat ou de Gouvernement des Etats participants à la coopération économique de la Mer Noire (A/53/168); et des Représentants du Kirghizistan et du Tadjikistan transmettant la Déclaration conjointe sur le développement et le renforcement de la coopération entre les deux pays (A/53/204).
( suivre)
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Débat général
M. MOCHAMAD HIDAYAT (Indonésie), au nom du Groupe des 77 et de la Chine, a estimé que la mise en oeuvre de la Déclaration sur la coopération économique internationale et la Stratégie internationale du développement pour la quatrième Décennie des Nations Unies pour le développement, adoptées il y a dix ans, n'ont toujours pas répondu aux attentes. La situation aujourd'hui s'est encore empiré avec l'avènement de la crise financière et monétaire qui a limité les perspectives des pays en développement. Les défis et les objectifs qui ont présidé aux deux textes sont plus que jamais d'actualité. Aucun progrès marquant n'a été enregistré en dépit des recommandations des conférences des Nations Unies et de l'Agenda pour le développement. Il est pourtant essentiel que la communauté internationale cherche à atteindre les objectifs fixés. Le respect des engagements pris pourra sans aucun doute contribuer à enrayer la crise et à permettre aux pays en développement de suivre enfin le chemin du développement. Le renforcement de la coopération internationale pour le développement étant plus importante que jamais, le Groupe des 77 et la Chine a entamé des consultations pour examiner le meilleur moyen de traiter de la question à l'avenir. Il se réserve donc le droit d'intervenir une fois encore au cours du débat.
M. HANS-MICHAEL PLUT (Autriche) a indiqué, au nom de l'Union européenne, que, comme les récents événements sur les marchés financiers l'ont montré, l'ouverture économique n'est plus suffisante pour enregistrer la croissance. Des politiques macroéconomiques stables, des politiques structurelles et un environnement institutionnel stable sont des éléments indispensables d'une politique de développement nationale. Dans ce contexte, l'Union européenne réitère la nécessité de renforcer les capacités de développement des pays, afin qu'ils prennent en charge leurs stratégies de développement et leurs programmes dont ils sont responsables. A cette fin, un partenariat fort et efficace entre les gouvernements, la société civile et le secteur privé est indispensable. L'Union européenne accorde une grande importance à la coopération régionale et à l'intégration des pays en développement. Le représentant a donné l'exemple du partenariat entre l'Union européenne et les pays de l'ACP (Afrique, Caraïbes, Pacifique) qui vise l'intégration graduelle des pays en développement dans l'économie mondiale et l'éradication de la pauvreté. Parallèlement, l'Union européenne considère que des réformes institutionnelles internes doivent être entreprises. Il est de la responsabilité des gouvernements d'assurer et de mettre en place une politique économique qui engendre la croissance.
En ce qui concerne l'intégration des économies en transition dans l'économie mondiale, le représentant a noté une grande disparité dans les progrès réalisés pour créer une économie de marché entre les pays du Centre et de l'Est de l'Europe. Dans la région, le chômage est le problème social, économique et politique le plus important. Une bonne gouvernance est essentielle pour répondre à ce défi. Il revient aux gouvernements de permettre aux individus et aux entreprises de participer de manière efficace à l'économie de marché et d'en partager les bénéfices.
( suivre)
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Dans ce contexte, l'élargissement de l'Union européenne permettra le développement et l'intégration des pays voisins de l'Est de l'Union européenne. L'Union européenne exploitera pleinement les occasions créées par l'élargissement pour soutenir le développement des réseaux au sein de l'Europe et pour garantir la participation des Etats Nouvellement Indépendants à la coopération sous-régionale et leur pleine participation au système économique pan-européen et à l'économie mondiale.
Mme BAI YONGJIE (Chine) a souligné que dans un contexte de mondialisation, l'assistance au développement n'est pas seulement une nécessité pour les pays en développement mais est étroitement liée à la prospérité économique et à la stabilité sociale de tous les pays du monde. Le défi du développement doit donc être relevé dans un cadre de véritable partenariat et de responsabilités partagées. Au cours des dernières années, la plupart des pays en développement ont mis tout en oeuvre pour réaliser les objectifs de la Stratégie internationale du développement en entreprenant des réformes ambitieuses et des programmes d'ajustement structurel et en se lançant dans la libéralisation de leur économie. Si pour certains ces efforts ont porté leurs fruits, il faut dire, a précisé la représentante, que le fossé entre le Nord et le Sud continue de s'élargir et que la pauvreté aussi continue d'augmenter. La marginalisation de nombre de pays en développement a montré que le flux des capitaux et les paramètres du commerce découlant de la mondialisation n'ont pas pu conduire à un partage équilibré des profits. Le déclin de l'aide publique au développement, l'accès inégal aux technologies, les déséquilibres commerciaux et la question de la dette extérieure sont loin de servir les causes de la Stratégie internationale pour le développement et des arrangements pris lors des conférences internationales.
La Chine reconnaît qu'un environnement international ne peut devenir le substitut des politiques intérieures et que, dans un tel contexte, la coopération internationale ne pourra donner les résultats escomptés. Elle souligne toutefois qu'en l'absence d'un environnement externe favorable, les politiques intérieures peuvent rester vaines. Il est temps, a conclu la représentante, de prendre les mesures nécessaires à la réalisation des stratégies de développement pour cette Décennie des Nations Unies pour le développement et d'épargner aux pays en développement une autre décennie perdue.
M. KWABENA OSEI-DANQUAH (Ghana) a regretté que la communauté internationale ait mis si longtemps à aboutir à la conclusion qu'une stratégie de développement appelle à des complémentarités politiques et à l'innovation. La leçon à tirer de cette expérience est qu'il faut instaurer un vrai dialogue en matière de développement et ne plus se contenter d'une vision à sens unique imposée et peu respectueuse des réalités du terrain. En tant que pays qui a poursuivi au cours des 15 dernières années toutes les politiques intérieures soit disant appropriées avec le soutien et l'accord des institutions de Bretton Woods et des pays donateurs, l'expérience du Ghana illustre le besoin d'autres mesures politiques pour stimuler la croissance.
( suivre)
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Dans la mesure où 10 pays en développement reçoivent 72% des investissements étrangers directs, la plupart des autres pays en développement sont contraints d'adopter des politiques fiscales restrictives pour maintenir la croissance. La facilitation commerciale, l'accès au marché et le financement par les investissements sont essentiels pour permettre l'intégration et la compétitivité dans l'économie mondiale. Quand les pays ont démontré leur maturité et leur aptitude à recevoir des investissements, des mesures novatrices pourraient être utilisées pour attirer les investissements. La délégation du Ghana a reconnu que le développement est avant tout un problème intérieur.
Mme JUDITH CARDOZE (Panama), au nom des pays membres du Groupe de Rio, a souligné que les analyses de la Décennie des années 80 peuvent être appliquées à la Décennie actuelle. En effet, la pauvreté, la marginalisation des pays les moins avancés, l'accès difficile au commerce mondial et la question de la dette sont toujours à l'ordre du jour de la communauté internationale. Au cours de ces huit années, des progrès ont été enregistrés qui ont donné forme à un véritable Agenda pour le développement. La mise en oeuvre de cet Agenda exige que la communauté internationale agisse d'une manière plus concertée. La Décennie des années 90 ne peut s'achever sans que l'on ait pleinement mis en oeuvre la Déclaration sur la coopération économique internationale et la Stratégie internationale de développement. A cet égard, le Groupe de Rio a lancé des réformes parfois difficiles qui demeurent conformes aux aspirations de la région et consistent à concilier progrès économiques et élimination des inégalités sociales. En dépit des assauts de la crise financière et monétaire, le Groupe de Rio a continué à tout mettre en oeuvre pour maintenir un taux de croissance satisfaisant. Les gouvernements du Groupe n'ont épargné aucun effort pour s'acquitter des engagements pris au cours des conférences des Nations Unies. Ces efforts peuvent pourtant se révéler vains s'ils ne sont pas complétés par une coopération internationale authentique. C'est pourquoi les chefs d'Etat du Groupe de Rio ont appelé à la correction des déséquilibres commerciaux, à la réactivation de l'activité économique et à la mise en oeuvre des dispositions relatives à l'Aide publique au développement.
Mme ANA GERALDINA BENEKE (El Salvador) a indiqué, au nom du Système d'intégration des pays d'Amérique centrale, que la crise en Asie et la mondialisation ont eu des conséquences directes pour le processus du développement. Cependant, les objectifs inclus dans la Déclaration et la Stratégie internationale pour le développement restent valables. La mondialisation et la libéralisation des marchés constituent des défis importants pour les pays en développement. Or les flux de capitaux n'ont pas été répartis équitablement entre les pays. Ainsi, 10 pays en développement reçoivent 71% des investissements étrangers directs. La délégation d'El Salvador est préoccupée par la diminution régulière des niveaux de l'APD et la dette extérieure continue d'être un fardeau grave pour la plupart des pays de la région.
( suivre)
- 10 - AG/EF/227 19 octobre 1998
En matière de commerce international, il existe encore des obstacles tarifaires et non-tarifaires dans les domaines qui intéressent particulièrement les pays en développement. La délégation d'El Salvador continue de demander aux pays développés qui accordent des préférences de continuer à le faire. Il faudrait créer des mécanismes de supervision des flux de capitaux aux niveaux mondial et régional pour éviter, à l'avenir, les crises financières du type de celle que nous vivons actuellement.
Mme OH YOUG-JU (République de Corée) a estimé qu'en dépit des progrès considérables effectués dans le domaine du développement, la communauté internationale n'a pas répondu à toutes les attentes. La mondialisation, longtemps considérée comme garant du bien-être mondial dans un contexte d'interdépendance croissante des économies, pose aujourd'hui au monde de nouveaux défis et fait peser une menace sur la viabilité des économies mondiales. Il est de plus en plus clair qu'une bonne maîtrise de la mondialisation constitue la condition préalable à la croissance économique mondiale et au développement durable. On convient aujourd'hui que la croissance économique ne suffit plus à assurer le développement des pays en développement. Des politiques novatrices doivent donc être élaborées en mettant l'accent sur les vulnérabilités découlant de la mondialisation. En élaborant de telles politiques, il faut revitaliser le rôle des gouvernements comme rôle de facilitation plutôt que de régulation. Il est également indispensable de stabiliser l'environnement économique international pour assurer la durabilité et la croissance des économies des pays en développement. La crise actuelle n'est pas seulement une crise financière. Elle est au contraire une crise de la gestion macroéconomique de l'économie mondiale. Elle exige, par conséquent, une nouvelle manière d'évaluer les politiques et les institutions internationales existantes. A cet égard, la République de Corée espère que des actions concrètes et concertées seront prises pour dessiner une architecture économique internationale viable. La situation dans le monde actuel appelle un véritable partenariat fondé sur une coopération internationale renforcée. La République de Corée attend des Nations Unies qu'elles jouent un rôle pivot dans la promotion d'un dialogue constructif visant à renforcer le partenariat mondial aux fins du développement pour le prochain millénaire.
M. AHMAD KAMAL (Pakistan) s'est félicité de l'idée du Secrétaire général de consacrer des fonds au développement et est satisfait de voir que cette idée commence à se concrétiser. Treize millions de dollars ont en effet déjà été dégagés et des propositions ont été faites pour son utilisation. La délégation du Pakistan est notamment favorable à l'idée de réseaux pour le développement. L'accès à l'information est indispensable pour participer sur un pied d'égalité à l'économie mondiale. La formation de réseaux devra permettre aux pays en développement, et en particulier aux pays les moins avancés, de participer pleinement à la mondialisation. Pour que ces pays en développement participent efficacement à ces réseaux, il faut que soit assurée la mise en place d'infrastructures, telles que les propositions du rapport sur l'utilisation des dividendes l'indique. Ainsi, comme la première proposition le montre, il est essentiel que les pays en développement aient accès au commerce électronique.
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- 11 - AG/EF/227 19 octobre 1998
L'accès aux données d'information environnementales est également primordial. Alors que la délégation est satisfaite par la majorité des propositions, celle qui concerne les centres de développement en ligne ne permettrait pas un véritable renforcement des capacités. Avant de mettre en place de tels projets, il faut s'assurer que les pays en développement ont les outils nécessaires pour utiliser ce type de centres de développement.
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