AG/EF/225

LA DEUXIEME COMMISSION EXAMINE LE RENFORCEMENT DES CAPACITES NATIONALES DANS LE CADRE DES ACTIVITES OPERATIONNELLES DE DEVELOPPEMENT

15 octobre 1998


Communiqué de Presse
AG/EF/225


LA DEUXIEME COMMISSION EXAMINE LE RENFORCEMENT DES CAPACITES NATIONALES DANS LE CADRE DES ACTIVITES OPERATIONNELLES DE DEVELOPPEMENT

19981015 La Commission économique et financière (Deuxième Commission) a tenu cet après-midi une table ronde sur le thème "Renforcer les capacités nationales : des leçons", dans le cadre de son examen des activités opérationnelles de développement du système des Nations Unies. La Commission a entendu dans ce cadre les experts suivants : M. Edouardo Wiesner, ancien Ministre des finances de la Colombie et ancien Directeur exécutif de la BIRD; M. Rajaona Andriamananjara, Directeur d'IMATEP de Madagascar; M. Peter Morgan, Consultant et spécialiste du renforcement des capacités; M. Roger Maconick, Coordonnateur de l'évaluation de l'impact, Service des politiques de coopération pour le développement du Département des affaires économiques et sociales; et M. Alfred Haemmerli, Chef de la Division de la coopération pour le développement dans le Département des affaires économiques et sociales.

Les discussions de la table ronde ont surtout porté sur les six évaluations effectuées par le Département des affaires économiques et sociales sur l'impact de l'appui fourni par le système des Nations Unies sur le renforcement des capacités et des organisations nationales entre 1980 et 1995; l'aptitude croissante du système des Nations Unies à trouver des approches communes pour les questions prioritaires; les leçons à tirer de la manière dont peuvent être traitées les questions de renforcement des capacités aux fins du développement; la nécessité d'affiner constamment les évaluations et le cas échéant, le suivi des activités opérationnelles sans cesse croissantes. C'était la première fois qu'une évaluation de l'impact des activités opérationnelles à l'échelle de l'ensemble du système se faisait. Trois des six évaluations étaient axées sur le renforcement des capacités en matière de soins de santé primaire et d'éducation tandis que les trois autres avaient trait au renforcement des capacités en matière de transfert de technologies, de consolidation de la paix et de l'environnement.

Les représentants du Département des affaires économiques et sociales ont affirmé que les évaluations ont confirmé l'impact positif des activités opérationnelles des Nations Unies. Ils ont souligné que la faisabilité et la viabilité des évaluations ultérieures dépendent d'abord et avant tout de la disponibilité des ressources. Il ressort des résultats de l'évaluation que l'intégration des activités opérationnelles dans les pays et dans le système des Nations Unies est indispensable et qu'il faut davantage être à l'écoute des besoins des sociétés que les activités visent.

(à suivre - 1a)

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Les résultats de l'évaluation sont explicités dans le rapport du Secrétaire général sur l'examen triennal des activités opérationnelles de développement du système des Nations Unies, paru sous la cote A/53/226.

La Commission avait auparavant poursuivi son débat général et a entendu la déclaration des représentants des pays suivants : Inde, Algérie, Jamaïque (au nom du pays membres du CARICOM) et Ukraine. Les représentants de l'Organisation des Nations Unies pour le développement industriel (ONUDI) et du Programme des Nations Unies sur le Sida (ONUSIDA) sont intervenus.

La Commission poursuivra son débat sur les activités opérationnelles de développement demain vendredi 16 octobre à 10 heures.

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ACTIVITES OPERATIONNELLES DE DEVELOPPEMENT

Débat général

M. HASSAN BAHLOULI, Organisation des Nations Unies pour le développement industriel (ONUDI), a indiqué qu'en octobre 1997 l'ONUDI a signé un nouvel arrangement avec le Groupe des Nations Unies pour le développement afin de renforcer la coordination de ses activités au niveau des pays. Lors de la 7ème Conférence générale de l'ONUDI, qui s'est tenue en décembre 1997, les pays membres se sont montrés favorables à une décentralisation accrue des activités de l'Organisation et à un renforcement de sa représentation sur le terrain, par le biais d'une plus grande délégation d'autorité. Le Plan de travail de l'ONUDI, adopté au cour de la Conférence générale, met l'accent sur l'amélioration de la coordination fonctionnelle et programmatique entre la représentation sur le terrain de l'ONUDI et les autres organes des Nations Unies. En janvier 1998, le nouveau Directeur-général de l'ONUDI a réuni les Directeurs des bureaux de l'ONUDI sur le terrain pour parler de l'interaction entre le siège de l'ONUDI et le terrain, la délégation de l'autorité administrative et financière au terrain, et la coopération avec les organisations du système des Nations Unies. A la suite du débat, le Directeur-général a décidé que l'ONUDI participerait entièrement au processus du Programme-cadre des Nations Unies pour l'assistance au développement. L'ONUDI a récemment conclu avec la CNUCED une alliance stratégique sur la promotion de l'investissement et le transfert de technologie, et elle est en train de négocier d'autres accords du même type avec les autres organisations du système des Nations Unies.

M. DIGVIJAY SINGH (Inde) a estimé que l'efficacité des mesures de réforme des Nations Unies doit se mesurer par leur impact sur le développement. Il est, par conséquent, regrettable que le rôle des Nations Unies dans ce domaine soit limité par le déclin des ressources. Il est essentiel de prendre immédiatement des mesures pour que le financement s'effectue sur une base prévisible et sûre et qu'il corresponde aux besoins croissants des programmes des pays. Il est aussi essentiel de préserver les caractéristiques premières des activités opérationnelles du système des Nations Unies qui sont le multilatéralisme, l'universalité, la non- discrimination, la neutralité, l'impartialité, la gratuité et l'adéquation avec les priorités et les besoins nationaux. Aucune solution étrangère ne doit être imposée et l'approche adoptée doit clairement faire preuve d'une compréhension et d'un appui aux efforts des pays en développement tendant à assurer la prospérité de leurs populations. En ce qui concerne le Programme- cadre des Nations Unies pour l'aide au développement, l'Inde estime que la cohérence ne doit pas devenir un facteur menant à la réduction de la capacité des activités opérationnelles à répondre aux priorités déterminées au niveau national. Les plaidoyers en faveur du renforcement des capacités nationales ne doivent pas non plus faire oublier que la tâche principale de l'assistance opérationnelle des Nations Unies est d'éliminer la pauvreté.

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L'Inde estime, par ailleurs, que le recours à la coopération technique entre pays en développement dans les activités opérationnelles des Nations Unies a été loin d'être optimale. Il faut inverser cette tendance au moment où la communauté internationale célèbre le 20ème anniversaire du Plan d'action de Buenos Aires. Les Nations Unies doivent intégrer la coopération technique entre pays en développement dans toutes leurs activités opérationnelles et il serait utile de recourir à cette coopération comme un instrument efficace et rentable susceptible de générer des gains élevés.

Mme NORIKO SUZUKI (Japon) a indiqué que pour accroître l'impact des activités opérationnelles de développement sur le terrain, il faudrait que toutes les parties, notamment les institutions de Bretton Woods et la société civile s'engagent plus avant dans le sens de la collaboration et qu'elles agissent de manière commune, basant leur action sur des objectifs communs et des indicateurs mesurables. C'est pourquoi le Japon a accueilli un Symposium sur la coopération pour le développement à Tokyo en juin dernier. En promouvant la collaboration avec les autres acteurs du développement, le système des Nations Unies peut jouer un rôle important, en utilisant ses qualités de neutralité, d'impartialité et d'universalité. Si c'est d'abord aux gouvernements qui reçoivent l'aide que revient la responsabilité d'assurer la coordination des aides extérieures, le coordonnateur résident joue également un rôle crucial pour faciliter leurs efforts. Pour répondre aux besoins des pays récipiendaires, la délégation de l'autorité et la décentralisation doivent être encouragées. La formation des coordonnateurs résidents, ainsi que les critères de sélection doivent être améliorés. Le Programme-cadre des Nations Unies pour l'assistance au développement devrait être considéré comme la base des programmes et des fonds des activités opérationnelles de développement du système des Nations Unies. Dans ce cadre, les activités de développement doivent répondre aux besoins et demandes de chaque pays, mettre en oeuvre des programmes basés sur leurs mandats et les avantages comparatifs, et fournir des évaluations, fondées sur des indicateurs et des données communes.

M. ZINEDDINE BIROUK (Algérie) a dénoncé le déclin des ressources de base aux fins du développement qui peuvent limiter dangereusement l'action des Nations Unies dans le domaine de développement. L'Algérie souligne, à cet égard, que les pays donateurs tirent des avantages sûrs de l'assistance au développement. Cette assistance est donc loin d'être un acte de générosité mais se fonde, au contraire, sur des intérêts mutuels et bien compris. L'Algérie est consciente que les changements actuels de l'économie mondiale ont eu un effet négatif sur la coopération internationale. Elle souligne toutefois que le rôle des Nations Unies dans le développement reste aussi utile et aussi important que jamais. Elle se félicite donc des décisions des conseils d'administration des fonds et programmes des Nations Unies pour établir une nouvelle stratégie de financement en ajoutant néanmoins qu'aucun mécanisme de financement ne peut générer le flux total des ressources nécessaires à moins qu'il ne soit accompagné de la volonté politique et de la détermination nécessaires.

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L'Algérie indique, par ailleurs, que le système actuel des coordonnateurs résidents a suscité quelques doutes dans les pays en développement qui craignent de plus en plus une ingérence dans leurs affaires intérieures. Il faudrait réexaminer le fonctionnement du système et renforcer les prérogatives du coordonnateur résident en lui permettant une délégation de pouvoir plus importante, y compris dans le domaine budgétaire. Une valorisation du statut actuel du coordonnateur résident par rapport au gouvernement hôte serait-elle mal venue?

En ce qui concerne le Programme-cadre des Nations Unies pour l'aide au développement, l'Algérie souligne que son but ultime doit consister à améliorer la capacité des Nations Unies à réagir de manière efficace aux besoins des pays. Il convient donc de rappeler que la responsabilité première de développement incombe aux gouvernements seuls. Pour ce qui est de la participation de la société civile, il est important qu'une telle participation soit décidée par les gouvernements eux-mêmes. Elle ne doit, en aucun cas, devenir une façon de mettre les gouvernements et les ONG sur un pied d'égalité. L'implication des ONG doit se faire selon les principes énoncés par l'Assemblée générale et le Conseil économique et social. Enfin, l'Algérie juge encore faible la coopération entre les Nations Unies et les institutions de Bretton Woods, au niveau marcroéconomique. Elle demande que la situation soit rectifiée.

Mme PATRICIA DURRANT (Jamaïque) a indiqué, au nom de la Communauté des pays des Caraïbes, que les pays de la région des Caraïbes ne reçoivent qu'une aide limitée de la part des activités opérationnelles de développement du système des Nations Unies parce que la plupart de ces pays relèvent de la catégorie "pays à revenu moyen". Or, l'indice du PNB par habitant ne permet pas de déceler les vrais problèmes et la vulnérabilité de ces pays, qui sont alarmés par la baisse continue du niveau des ressources, en particulier de l'APD. Les pays des Caraïbes reconnaissent qu'ils ne doivent pas tout attendre de l'aide extérieure et que des sources de financement doivent être trouvées dans le secteur privé et la société civile. Mais l'aide officielle demeure la principale source de financement.

En ce qui concerne les réformes entreprises par le Secrétaire général, le processus d'harmonisation doit être poursuivi, sans mettre en danger l'efficacité et la caractère individuel de chacune des agences. Les Etats membres de la Communauté des pays des Caraïbes se sont félicités des améliorations dans le recrutement et la sélection des coordonnateurs résidents, ainsi que dans leur formation. La proposition du Secrétaire général de renforcer les niveaux régionaux et sub-régionaux des opérations opérationnelles de développement intéresse particulièrement les pays de la Communauté des pays des Caraïbes. La coopération Sud-Sud, notamment au niveau technique, doit également être renforcée.

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M. VOLODYMYR RESHETNYAK (Ukraine) a déclaré que l'Ukraine, comme de nombreux pays à économie de transition, était plus soucieuse de bénéficier et d'attirer l'expérience des pays plus avancés que de recevoir simplement un soutien financier. Il a remarqué que la présence d'un coordonnateur résident a permis d'établir un dialogue plus constructif entre les fonds et les programmes de développement des Nations Unies et les contributeurs bilatéraux. A cet égard, il a souligné que le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) et d'autres fonds des Nations Unies avaient obtenu des résultats positifs et gagné le respect du Gouvernement et de la population ukrainienne. Il a souhaité que le PNUD continue de coordonner les actions des organisations des Nations Unies dans la région, notamment en ce qui concerne la mise en oeuvre des projets à long terme et à multiples facettes, comme par exemple, le Programme de développement et d'intégration de la Crimée. M. Reshetnyak a estimé que des progrès considérables avaient également été enregistrés dans la coordination des opérations des Nations Unies, le renforcement du système des coordonnateurs résidents, la coopération avec les institutions de Bretton Woods et le développement d'aspects nouveaux comme l'aide humanitaire, la consolidation de la paix et les opérations au niveau régional. Des progrès ont été accomplis dans les activités du Groupe de développement des Nations Unies, les initiatives de la "Maison des Nations Unies" et le Cadre d'assistance pour le développement, a-t-il ajouté.

Au regard du financement des opérations, M. Reshetnyak a déploré la réduction de l'aide publique au développement. Il a formé le voeu que l'ECOSOC sera à même d'examiner des projets détaillés lors de sa session de 1999 et que l'Assemblée générale s'exprimera sur ce sujet. Tenant compte du consensus sur cette question au sein des bureaux exécutifs du PNUD et du programme des Nations Unies pour la population (FNUAP), il a précisé que sa délégation soutenait la mise en place d'un système d'appel aux contributions régulières et prévisibles, comme il est présenté dans les décisions relatives aux stratégies de financement, à condition, toutefois, que les opérations des Nations Unies maintiennent leur caractère universel et volontaire. M. Reshetnyak a exprimé son inquiétude en ce qui concerne l'application de la résolution 48/162 de l'Assemblée générale relative à la répartition des sièges au bureau exécutif du programme alimentaire mondial (PAM) qui prévoit quatre sièges pour les Etats de l'Europe orientale. Il a estimé que cette résolution devait être appliquée au plus vite.

M. JIM CARMICHAEL, Représentant du Programme des Nations Unies sur le Sida (ONUSIDA), a indiqué que les efforts d'enrayer le Sida doivent bénéficier d'une collaboration large entre institutions. En effet sans cette collaboration, la réponse de la communauté internationale à l'épidémie aurait été plus faible. ONUSIDA est également pionnier en matière de coopération avec la société civile et a octroyé cinq sièges de son Conseil d'administration à des représentants d'organisations non gouvernementales.

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Au niveau national, ONUSIDA fonctionne essentiellement à l'aide des groupes de travail thématiques. Des groupes de ce type ont été mis en place dans 126 pays où ils échangent non seulement des informations mais s'attachent également à élaborer des politiques, à formuler des mécanismes de prise de décision stratégiques et de mobilisation commune. Pour le représentant, l'approche multisectorielle de collaboration adoptée par ONUSIDA a permis de tirer certaines leçons: d'abord, il apparaît que la réforme des Nations Unies dans le domaine du développement ne pourra porter ses fruits qu'à travers un système de coordonnateurs résidents renforcé. Parallèlement, le coordonnateur résident doit assumer la responsabilité du fonctionnement et être comptable des résultats produits par les groupes de travail thématiques et, si besoin, prendre les mesures qui s'imposent pour corriger les déficiences. Avec un système renforcé de coordonnateurs résidents, une équipe des Nations Unies motivée dans le pays et des groupes de travail thématiques efficaces et soutenus, on améliorera certainement le soutien aux efforts pour le développement et aux aspirations des partenaires nationaux des Nations Unies, a estimé M. Carmichael.

TABLE RONDE SUR LE THEME "RENFORCER LES CAPACITES NATIONALES : DES LECONS"

M. ROGER MACONICK, Coordonnateur de l'évaluation de l'impact, Service des politiques de coopération pour le développement du Département des affaires économiques et sociales, a indiqué que la table ronde a pour objectif de promouvoir un dialogue substantiel, demandé aujourd'hui par le Secrétariat, sur les activités opérationnelles de développement du système des Nations Unies. Ce dialogue doit, entre autres, avoir une orientation politique qui ne peut venir que des délégations réunies au sein de la Commission. M. Maconick a précisé qu'aujourd'hui et dans une certaine mesure, le renforcement des capacités est devenue synonyme de développement. Partant de ce constat, l'Assemblée générale a demandé au Secrétariat de mener une évaluation de l'impact des activités opérationnelles sur le développement. L'évaluation pilote a d'abord confirmé l'impact positif des activités opérationnelles. Ce jugement n'avait pas été partagé puisque c'est la première fois qu'un processus d'évaluation est mené. Cet exercice pilote a pourtant montré ses limites. Il a mis en exergue que la faisabilité et la viabilité des évaluations ultérieures dépendent d'abord et avant tout de la disponibilité des ressources. Il ressort des résultats de l'évaluation que l'intégration des activités opérationnelles dans les pays et dans le système des Nations Unies est indispensable. Il faudrait en outre renforcer davantage la compréhension de la société que les activités visent. Enfin, l'évaluation pilote a montré surtout la faisabilité du processus.

Des problèmes subsistent pourtant comme le manque de mesures établies et de données. Le problème de l'authenticité peut également être posé. En effet, on peut s'interroger sur les normes utilisées, la pertinence de l'évaluation et les intérêts elle sert. Il a donc été décidé de s'appuyer sur "un conseil des sages".

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L'équipe des évaluateurs a été constituée de personnes qui comprennent la question d'un point de vue technique et qui ont participé à la mise en oeuvre des programmes ou utilisé les résultats fournis par les organisations qui ont lancé des programmes de renforcement des capacités nationales. Quant à la question des intérêts, un effort particulier a été effectué pour assurer un équilibre dans l'équipe en choisissant ses membres dans les pays du Nord comme ceux du Sud. S'agissant du concept des capacités en tant que tel, il est permis de dire que l'évaluation a contribué à en préciser le concept. Il s'agit bien plus de formation individuelle mais plutôt surtout d'une constellation d'organisations, de règles et de pratiques.

M. PETER MORGAN, Consultant principal sur le renforcement des capacités, a fondé son exposé sur le cas du Pakistan. Les résultats du système des Nations Unies sont très encourageants. Au cours des 15 années qu'a duré l'étude, on est passé, au Pakistan, d'une mentalité d'ingénieur à un renforcement des capacités de construction. On y observe une volonté d'apprendre, un système plus ouvert basé sur la médiation et le plaidoyer, et la promotion de systèmes didactiques renforçant la capacité du pays. En matière de recherche de l'engagement et de l'énergie, on est également passé d'un esprit d'ingénieur à une attitude de banquier d'affaires, qui veut investir et avoir des contacts. D'autre part, la recherche de la viabilité a été un objectif important: voir ce qui fonctionne et pour combien de temps. Ensuite, s'est posée la question de la valorisation. Dans sa quête d'énergie, le système des Nations Unies a souvent choisi de petits projets. La question qui s'est posée est celle de l'élargissement des projets. La rationalisation est un autre problème qui s'est posé. D'autre part, dans de nombreux cas, la volonté des pays donateurs d'obtenir des résultats vérifiables représente un obstacle. M. Morgan a relevé la nécessité de ne pas s'engager dans des activités mal adaptées et de faciliter le dialogue entre les institutions. Il a conclu par une mise en garde concernant la gestion fondée sur les résultats, dans la mesure où ces résultats peuvent être évalués, mais non pas mesurés. Juger rapidement n'est pas toujours utile et peut même être préjudiciable.

M. EDUARDO WIESNER, ancien Ministre des finances de la Colombie et ancien Directeur exécutif de la BIRD, a souhaité que lorsque l'on aborde la question du renforcement des capacités nationales, on se concentre sur les limites institutionnelles qui affectent et pèsent sur la plupart des politiques des pays en développement. Il faut mettre l'accent sur les éléments qui déterminent les besoins en matière de renforcement des capacités. On a trop tendance à dire que l'objectif est de construire la bonne institution et établir les bons objectifs. Fixer des objectifs politiques ne suffit pas. Il faut tenir compte des contraintes économiques et politiques propres aux pays. Les stratégies doivent donc être plus orientées sur les restrictions politiques et les réalités économiques des pays. Il ne faut pas penser que la force de l'objectif visé suffit et qu'un espace est là prêt à être comblé par de bonnes intentions.

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Il y a des priorités publiques légitimes qui vont dans le sens contraire des politiques de renforcement des capacités. En l'absence d'une prise en compte des éléments déterminants, la demande en matière de renforcement des capacités nationales sera moindre, et il sera difficile d'avancer. Les facteurs déterminants sont le lien entre les résultats et les ressources.

M. RAJAONA ANDRIAMANANJARA, Directeur d'IMATEP (Madagascar), s'est inspiré des résultats obtenus au Mali. Le but de la mission était d'évaluer les activités opérationnelles du système des Nations Unies entre 1980 et 1999. Grâce à la formation de personnes et de groupes, le personnel dans les domaines de la santé et de l'éducation de base a reçu une meilleure formation. Le système des Nations Unies a également favorisé le renforcement des institutions dans le domaine de la santé et de l'éducation. L'utilisation de projets parallèles provenant de pays donateurs contournant les institutions a toutefois constitué un point négatif. Les initiatives portant sur l'autonomisation dans le domaine de la santé et de l'éducation ont eu des résultats positifs. Les entreprises privées sont intervenues. Mais la santé du particulier ne s'est pas forcément améliorée, tout comme le taux d'inscription dans les écoles et le taux d'alphabétisation. Il s'agit de tirer de cette expérience des leçons pour l'avenir. Au niveau professionnel individuel, cette expérience a fait ressortir la nécessité de renforcer les capacités nationales. Au niveau du pays, ce renforcement doit pouvoir se faire par le biais du pays lui-même, et par la collaboration entre les différentes institutions. Il faut d'autre part que les pays donateurs collaborent et ne créent pas des institutions parallèles. En ce qui concerne le système des Nations Unies, il faudrait disposer de plus d'analyses d'autres pays pour porter un jugement. A long terme, l'ONU doit porter son attention sur des créneaux bien choisis, qu'ils soient horizontaux ou verticaux, et appuyer les initiatives émanant du pays.

En conclusion, M. Andriamananjara a recommandé de promouvoir plus de coordination entre les différents programmes, de rechercher une meilleure coordination entre les systèmes des Nations Unies et les autres systèmes, de ne pas favoriser la création d'administrations parallèles, de clarifier les directives et les compétences de chacun, de mettre en place un système de contrôle des programmes et de fixer des objectifs spécifiques en termes quantifiables.

M. ALFRED HAEMMERLI, Chef de la Division de la coopération pour le développement du Département des affaires économiques et sociales, a souligné que la question du renforcement des capacités nationales a été au coeur des activités des Nations Unies depuis le début. Il a jugé intéressant d'entendre les experts mettre l'accent sur les difficultés inhérentes au concept. M. Haemmerli s'est félicité qu'au cours du débat général, les délégations ont souligné l'importance qu'il y a à lier la politique du renforcement des capacités à la gestion publique des pays et à intégrer les programmes des Nations Unies dans les programmes nationaux. Il a jugé intéressant le lien établi par un expert entre l'évaluation de l'impact et les ressources.

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Le Département a entrepris une grande innovation en demandant pour la première fois à un consultant indépendant d'effectuer une évaluation des programmes à l'échelle des Nations Unies. Ces études ont certes fourni des informations pour l'établissement de rapports mais elles abordent aussi toute une série de questions comme la coordination, une meilleure définition commune du concept et de tout un ensemble d'instruments.

Dialogue entre les conférenciers et les délégations

L'intérêt des résultats de l'évaluation doit être perçu dans un contexte plus large d'enseignements à tirer. L'énumération de statistiques n'est pas intéressante en soi si elle ne s'accompagnait pas de leçons tirées de l'expérience, a souligné le représentant de la Norvège qui a ouvert le débat avec les experts. Il a souhaité qu'en mettant l'accent sur la question des ressources, l'on ajoute une description des réalisations en les comparant aux objectifs fixés auparavant. La représentante de l'Autriche s'est interrogée sur l'absence d'évaluations de l'impact des activités des fonds et programmes. En l'absence d'évaluations des fonds et programmes, comment s'assurer qu'ils prennent en compte les évaluations du Département des affaires économiques et sociales ? a demandé la représentante du Japon. Elle a soulevé la question des indicateurs et la manière d'accroître leur pertinence et leur fiabilité. Le représentant des Etats-Unis a souhaité savoir dans quelle mesure les ONG ont participé à l'établissement des conclusions sur le résultat du renforcement des capacités. Pour sa part, la représentante de la République tchèque a souhaité savoir comment prendre les bonnes mesures incitatives en matière de renforcement des capacités. La représentante de l'Irlande, à l'instar de la République de Corée et de la Suisse, s'est interrogée sur la manière de rendre opérationnelles les recommandations contenues dans les rapports d'évaluation.

Répondant aux questions des délégations, et plus particulièrement à cette dernière question, le Consultant sur le renforcement des capacités a souhaité relativiser quelque peu l'importance des exercices d'évaluation en demandant que l'on ne surcharge pas les bureaux sur le terrain d'informations et de documentations. Bien souvent, il faut mettre en place un mécanisme institutionnel spécialement chargé de collecter les informations et la documentation car il est vrai que les opérateurs n'ont pas de temps à consacrer à l'analyse, à la recherche et à la compilation de données quels que soient leur pertinence et leur intérêt. Bien entendu, personne ne s'oppose à la performance et au rendement et chacun reconnaît la nécessité d'apprendre. A ce propos, il faut être prudent quant à l'utilisation de certaines techniques. Les indicateurs font, par exemple, toujours l'objet de controverses. Chaque gouvernement désigne un indicateur différent pour le même problème. La question est donc de savoir quels sont les indicateurs qu'il faut choisir sans provoquer un désistement des gouvernements concernés. La question du coût des évaluations est également importante puisqu'il faut trouver les ressources de financement.

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L'ancien Ministre des finances de la Colombie et ancien Directeur exécutif de la BIRD a précisé ce qu'il voulait dire par "les conditions déterminent les résultats". Les intentions n'expliquent rien du tout. Elles ne constituent qu'une vue pieuse du monde. Le secteur public s'est fortement accru au cours des dix dernières années. Le montant des dépenses publiques atteint facilement les 20 ou 30 % du PIB. En Colombie, les sommes consacrées à l'éducation ont doublé au cours des dernières années, sans pour autant que ce secteur se soit amélioré. Dans certains cas, on peut doubler, tripler le montant sans aucun résultat. Cela s'explique par l'absence de concurrence. Le manque de ressources n'est jamais le premier ni le deuxième problème. Le problème de l'ONU réside dans le choix de la voie à suivre tout en tenant compte de l'opinion publique. Donc les conditions déterminent les résultats. L'ONU sera efficace quand les mesures incitatives obligeront l'ONU à être efficace.

Le Directeur d'IMATEP à Madagascar a répondu que des discussions avec les représentants des ONG qui étaient présentes sur le terrain ont bien eu lieu, de même qu'avec toutes les instances appartenant au système des Nations Unies. Les rapports détaillés contiennent une évaluation provenant des autres instances.

Le Coordonnateur de l'évaluation de l'impact, Service des politiques de coopération pour le développement (DAES) a indiqué qu'en matière d'évaluation, il faut s'en remettre au jugement des sages. Les ressources en ce domaine sont tout à fait importantes. Pour répondre au représentant du Japon sur la question des indicateurs, le Coordonnateur a indiqué que quand on peut établir une mesure, il faut l'utiliser, sinon, il faut voir ce qui est observable, juger le processus et voir en quoi il a été positif. La question n'est pas de savoir si l'objectif du processus a été atteint mais plutôt de constater que des résultats positifs ont été réalisés.

Pour sa part, le Chef de la Division de la coopération pour le développement du Département des affaires économiques et sociales, a appelé les délégations à exprimer leur sentiment sur l'expérience de l'évaluation pilote. Il a indiqué que le Groupe des Nations Unies pour le développement s'est réuni en avril pour discuter de l'évaluation faite, y compris les études d'évaluation d'impact. Le Groupe a mis à la disposition de l'ensemble du système les résultats de l'évaluation et il prépare en ce moment un résumé des rapports d'évaluation afin de l'intégrer au mécanisme interinstitutions.

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