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AG/EF/220

DEUXIEME COMMISSION : COMMENT FINANCER LE DEVELOPPEMENT INTERNATIONAL DANS UN CONTEXTE DE CRISE ECONOMIQUE GENERALISEE ?

12 octobre 1998


Communiqué de Presse
AG/EF/220


DEUXIEME COMMISSION : COMMENT FINANCER LE DEVELOPPEMENT INTERNATIONAL DANS UN CONTEXTE DE CRISE ECONOMIQUE GENERALISEE ?

19981012 La Commission économique et financière (Deuxième Commission) a poursuivi ce matin l'examen des questions de politique macroéconomique, en particulier du financement du développement et de la crise de la dette extérieure. Comment réduire la dette et financer le développement dans une conjoncture de morosité financière et économique ? Telle est la question à résoudre, ont indiqué des délégations qui ont souligné, à ce propos, la nécessité de réformer les institutions financières internationales chargées du financement du développement. Des délégations ont reconnu l'importance de l'Aide publique au développement (APD) dans le financement du développement et ont souligné à ce sujet l'inquiétude que suscite la réduction de cette aide. L'apport de la finance privée internationale dans le financement du développement a été également souligné et des délégations ont indiqué que l'apport de ces capitaux est limité en nombre et qu'en 1997, sur 47,3 milliards de dollars, seul 1,1 milliard de dollars est allé vers l'Afrique alors que l'Asie recevait, 34,4 milliards, et l'Amérique latine et les Caraïbes, 3,6 milliards. Selon le Bénin, l'Afrique sub-saharienne a reçu en 1997 l'équivalent des flux dont a bénéficié l'Azerbaïdjan pour la même année. Le Pakistan a expliqué, de son côté, que le continent africain est plutôt devenu dans la réalité un vecteur de transfert net des capitaux puisque les ressources provenant de l'Afrique ont atteint une moyenne de 3,8% du PNB entre 1992 et 1997.

La Commission a donc recommandé qu'une attention particulière soit accordée à la question de la dette du continent africain qui se chiffrait en 1996 à quelque 323 milliards de dollars. Cette question a permis à la Suisse de faire part des progrès dans la mise en oeuvre de l'Initiative HIPC en soulignant toutefois que son financement n'est toujours pas réglé; seul un petit nombre de donateurs fournissent près des deux tiers des ressources du Fonds d'affectation spécial de l'Initiative. Il a fait part du lancement par son pays d'un programme de renforcement des capacités d'analyse et de gestion de la dette pour permettre aux pays d'analyser leur problème d'endettement. Outre les délégations citées, les représentants de la Nouvelle-Zélande, de la Chine, du Nigéria, du Nicaragua et du Venezuela ont pris la parole.

(à suivre - 1a)

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La Commission avait, en début de séance, entendu des économistes réunis en table ronde sur l'Etat de l'économie mondiale. Le Président de BRN Associates, le Directeur du Centre pour l'économie internationale et le Représentant de l'Université John Hopkins ont eu l'occasion de donner leur point de vue sur les perspectives d'avenir de l'économie et des finances mondiales.

La Commission poursuivra son débat cet après-midi à partir de 15 heures.

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TABLE RONDE SUR "L'ETAT DE L'ECONOMIE MONDIALE"

M. JAN KREGEL (Université John Hopkins d'Italie) a souligné que dès 1990, il était déjà dit que l'ascendance des finances sur l'industrie constituait une source de déstabilisation des marchés mondiaux. La déréglementation et les coûts des crises pouvaient être très élevés. Les experts appelaient déjà à un contrôle plus étroit des finances internationales. L'état actuel de l'économie mondiale se rapproche dangereusement des conditions économiques des années 20 et 30. Il existe aujourd'hui une réelle possibilité de récession mondiale. L'année dernière encore, les experts s'accordaient pour dire que la crise financière d'Asie de l'Est n'aurait qu'un impact limité sur les économies concernées et un effet secondaire ou nul sur les économies mondiales. L'accent était mis, au contraire, sur les avantages que les économies développées pourraient tirer de cette crise en raison de la chute des prix des matières premières et de la baisse des taux d'intérêt. Aujourd'hui, on sait que ces analyses ne tenaient pas compte de l'importance du commerce régional. L'effondrement du système financier et du taux de change a eu pour effet de freiner l'aspect interrégional des activités commerciales. Il était donc devenu difficile pour les économies concernées d'entreprendre un processus normal d'ajustement par l'augmentation des exportations et la diminution des importations. Ainsi la réduction des niveaux de production a produit une perte de revenus réels et une perte des richesses comparables aux années 30.

Cet impact particulier a eu un effet supplémentaire de contagion, puisque la crise a atteint d'autres pays en développement. La raison en est qu'un très grand nombre de pays dépendent de l'exportation des matières premières. L'exemple de la Fédération de Russie est éloquent. En effet, une des causes de la crise est la diminution nette des prix des matières premières qui a fait passer le pays d'un excédent en 1997 à un déficit en 1998. Il est difficile, voire impossible, pour un pays de préserver un taux de change stable avec une telle chute des revenus. Au Venezuela et au Mexique, la chute des prix du pétrole a mis en danger la stabilité du budget et la réduction des dépenses tout en réduisant les opportunités de croissance. L'autre aspect de la chose est que la chute des prix des matières premières a fait que les investisseurs étrangers ont eu tendance à augmenter l'évaluation des risques de leurs opérations. Dans la Fédération de Russie, les bailleurs de fonds se sont retirés en masse. A la suite de cela, la plupart des pays ont augmenté leurs taux d'intérêt de 50 à 60% afin de freiner la fuite des capitaux. Cette initiative a eu un effet négatif puisque l'augmentation des taux d'intérêts a accru le coût du financement et donc le fardeau du remboursement de la dette. Elle a également eu un effet sur la croissance puisque l'augmentation des taux d'intérêts a entraîné un arrêt des activités économiques, notamment dans les secteurs privés. Partant, le bailleur de fonds devient sceptique quant à la capacité des pays à rembourser les dettes.

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La baisse de la demande dans les pays en développement a réduit la demande pour l'exportation des pays développés. Partant, l'Union européenne et le Japon subiront les contrecoups de cet effet, et les Etats-Unis ne pourront rester un oasis de tranquillité dans une débâcle mondiale. L'économie mondiale montre donc les mêmes symptômes que dans les années 30 qui peuvent se résumer par une baisse des revenus dans les pays en développement, en conséquence une baisse de la capacité de ces pays à absorber les exportations du monde développé.

M. ARTURO O'CONNELL, Directeur du Centre pour l'économie internationale (Argentine), a rappelé que l'année 1987 a été l'année de la "crise tequila" en Amérique latine. Peu avant, ces pays connaissaient la croissance, l'inflation était à son niveau le plus bas depuis 50 ans et le montant des investissements directs était satisfaisant. L'environnement économique était donc favorable. La même situation s'est reproduite en Asie du Sud-Est, avec la crise que connaît la région, alors qu'en 1996, les prévisions de la croissance étaient très actives.

La crise d'Asie du Sud-Est a eu des répercussions sur l'Amérique latine de façon différenciée. Les pays qui en ont le plus souffert au début sont le Chili, le Pérou et l'Equateur, qui ont un volume d'échanges important avec l'Asie du Sud-Est, et qui ont donc souffert du déclin des coûts des matières premières. Au début de l'année 1998, on avait l'impression que la situation allait se stabiliser. Mais après juillet et août 1998, il est devenu clair que cela n'allait pas être le cas. Les taux d'intérêt ont augmenté, les coûts des matières premières ont été très néfastes pour les pays d'Amérique latine et les investissements étrangers ont disparu. Les prévisions de croissance ont été revues à la baisse. On prévoyait d'abord une croissance de 1% et de 3% pour cette année. Actuellement, sur une base de prévision favorable, les indicateurs oscillent entre 0 à 1%. Dans l'ensemble du monde, les prévisions ont également été revues à la baisse. Les observateurs mondiaux sont donc plus conscients de la gravité de la crise. Certains d'entre eux ont dit que c'était la première crise du XXIème siècle. C'est en fait la reproduction d'une situation que les pays d'Amérique latine connaissent bien. Ces derniers devraient donc dire "Welcome Home" aux pays d'Asie. La crise bancaire est à cet égard frappante. Au Japon cette crise représente les 15 % du PIB. Elle en représentait 43% au Chili et même plus en Argentine. Les pays d'Amérique latine ont connu des balances commerciales inversées. Nos pays ont perdu toute une décennie. En fait, c'était plus qu'une décennie car on se rend compte aujourd'hui des séquelles de cette crise qui ont résulté des pressions budgétaires. La hausse des taux d'intérêt dans les pays d'Amérique latine les a empêchés de rembourser leur dette. Cette situation est la même en Asie du Sud-Est actuellement.

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Les pays d'Amérique latine ont décidé d'opter pour un modèle de développement très différent, sous la houlette de Washington. Ces réformes ont eu lieu au début des années 90, au moment où les flux de capitaux ont commencé à revenir en Amérique latine. Cela a entraîné une surévaluation des taux de change, une augmentation de la dette extérieure, une croissance très élevée et un déficit des comptes de capitaux. La crise du Mexique en 1995 a été très différente car le pays a connu un redressement rapide. Le Mexique a bénéficié de l'appui massif au niveau financier des Etats-Unis, ce qui a permis de régler la crise avec un succès relatif.

Aussi, si l'on s'interroge sur les actions à mener immédiatement, il faut en conclure qu'un appui financier massif immédiat aux pays d'Asie du Sud- Est est nécessaire afin de les aider à rendre leur économie plus dynamique. Il faut également réduire les taux d'intérêt, mieux gérer la demande et accepter des restrictions de paiement en matière commerciale. En outre, il faudrait que les différents créanciers privés et le FMI adoptent une attitude différente. Il faudrait prévoir notamment des mécanismes qui permettent de soutenir ces pays sans qu'ils remboursent immédiatement leurs dettes.

M. SHAFIQ ISLAM, Président de BRN Associates, a déclaré que l'état de l'économie mondiale est loin d'être prometteur. Plus que jamais, le monde économique se rapproche de la conjoncture des années 20. La situation actuelle ne représente qu'un début de crise mondiale car la véritable dépression mondiale sera enclenchée par les Etats-Unis. Ce sera une crise interne et non une grippe asiatique qui frapperait Wall Street. Ce sera plutôt de l'ordre d'une épidémie de pneumonie qui viendrait frapper un monde déjà enrhumé. Il a précisé que l'effet de la baisse de la demande de produits importés en Asie de l'Est n'a eu qu'un effet très limité sur le PIB américain qui est principalement composé de la consommation interne et des investissements. Or aujourd'hui, le moteur de la croissance qu'est la consommation continuera de ralentir et d'ici à l'année prochaine, il faut s'attendre à une croissance négative. De même pour les investissements, l'on voit déjà que les bénéfices des secteurs non financiers ont chuté depuis l'année dernière. La baisse des actions a entraîné l'augmentation du coût des capitaux qui, à terme, entraînera une hausse de la dette du secteur privé. De plus, le tableau général des exportations américaines est négatif et la baisse du dollar continue de se préciser. Comme l'a montré la crise en Asie de l'Est, le succès engendre le succès et ce succès supplémentaire engendre à son tour une confiance exagérée. Dans un tel contexte, un seul événement inattendu produit une peur et une méfiance irraisonnées des opérateurs économiques entraînant facilement une crise économique de grande ampleur. C'est exactement ce qui risque de se produire aux Etats-Unis.

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Les raisons de la contagion de la crise des Etats-Unis sont multiples. La première raison est que les Etats-Unis ont connu une longue période d'expansion - sept ans - plus dur sera l'impact d'une crise. De plus, les Etats-Unis sont la locomotive de l'économie mondiale et un ralentissement de la locomotive entraîne forcément un ralentissement de tous les wagons. En outre, c'est la première fois qu'une récession américaine intervient en période de déflation et non d'inflation. Enfin, la récession est d'autant plus inéluctable qu'il manque actuellement de direction politique aux Etats- Unis.

Dialogue entre les délégations et les participants de la Table ronde

Le représentant de l'Autriche, au nom de l'Union européenne, réfutant l'analogie avec les années 20-30, a souligné qu'à l'époque la tendance était à la baisse des échanges alors qu'aujourd'hui, c'est l'ouverture qui caractérise le système commercial mondial. De plus, si l'on observe une certaine nervosité chez les opérateurs financiers aux Etats-Unis, il faut tout de même reconnaître que l'état des valeurs boursières n'est pas aussi négatif qu'on pourrait le croire. Le monde a déjà mis en équation les difficultés futures et réfléchit déjà à la manière de les gérer.

Le Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales a ajouté qu'à la différence des années 20-30, il existe aujourd'hui une structure institutionnelle capable de générer des réponses multilatérales. La situation n'est peut-être pas aussi similaire et on peut déjà observer des frémissements de reprise dans certains pays.

Pour sa part, la représentante des Etats-Unis, précisant que son pays n'est pas entré dans une période de récession, a souligné que depuis longtemps son pays a demandé à ces partenaires de ne pas considérer le marché américain comme leur unique source de croissance et de diversifier leur marché.

Répondant aux questions des délégations, M. KREGEL, de l'Université John Hopkins, a affirmé que la configuration actuelle des budgets d'un grand nombre de pays continue de dépendre des prix des matières premières. C'est le cas de la Fédération de Russie qui est passée d'une économie de produits manufacturés à une économie basée essentiellement sur les matières premières. La chute de ces produits a donc eu une incidence directe sur la balance de paiements. Il est plus facile de collecter des impôts sur les exportations des produits de base que sur les opérations d'autres secteurs. Or l'incapacité à collecter des impôts a été compensée par la capacité à emprunter à l'étranger. Ceci a augmenté une situation de fragilité et de dépendance du pays.

M. O'CONNELL, du Centre pour l'économie internationale, a appelé à la prudence et considéré qu'il ne faut pas faire trop d'analogies avec les années 20-30. Parlant du rôle des Etats-Unis comme acheteur de dernier recours, il a souhaité un partage des rôles plus équilibré des économies avancées.

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M. ISLAM, Président de BRN Associates, a souligné que le débat actuel sur la nécessité d'une nouvelle architecture financière découle en fait d'un constat d'échec. Pour lui, l'année 1999 dépendra des mesures qu'adopteront les gouvernements et de la réaction des investisseurs et des marchés que personne aujourd'hui ne peut prévoir. Sur la question de la possible récession aux Etats-Unis, il a indiqué que son opinion est partagée par certains milieux d'affaires et que Wall Street se joindra bientôt à ce constat.

QUESTIONS DE POLITIQUE MACROECONOMIQUE

Débat

M. MICHAEL POWLES (Nouvelle-Zélande) a indiqué que la crise en Asie du Sud-Est est contagieuse et que des pays sont déjà touchés, la Nouvelle- Zélande, en particulier, en raison de son commerce important avec les pays de l'Asie du Sud-Est et de ses exportations de biens de première nécessité vers cette région. Aussi, la valeur de la monnaie nationale a baissé de plus de 25% cette année, et la croissance risque d'être négative. Il est indispensable que la communauté internationale trouve une solution à long terme à l'instabilité des marchés financiers. Une action politique est essentielle. La réforme du système international doit pouvoir permettre d'éviter les paniques infondées et circonscrire l'exubérance des investisseurs qui n'ont pas suffisamment pris en compte les facteurs risques et qui, par conséquent, remettent en cause la stabilité du monde financier. Le FMI a été très critiqué, parfois à raison. Toutefois, il ne faut pas sous-estimer l'ampleur de sa tâche. Celui-ci doit donc pouvoir bénéficier des ressources suffisantes à son action. La Nouvelle-Zélande est favorable aux pas en avant qui ont été faits en matière de coopération et de coordination pour clarifier le rôle de la Banque mondiale et du FMI.

En ce qui concerne la crise extérieure et le développement, la Nouvelle- Zélande reconnaît le fardeau insoutenable des niveaux de la dette qui entrave le développement des pays les plus pauvres et soutient l'Initiative HIPC et l'engagement à hauteur de 3 millions de dollars pour soulager la dette. Il est indispensable d'accélérer le processus. En même temps, les pays endettés doivent mettre en oeuvre les réformes économiques et sociales nécessaires pour recevoir l'aide. Une approche au cas par cas, en matière de critère de qualification et de niveau de soulagement de la dette, devrait, à cet égard, être recherchée.

M. AHMAD KAMAL (Pakistan) a déclaré que dans les années 90, les Nations Unies ont élaboré un concept plus large du développement dans un contexte où les ressources en faveur du développement ont été révisées à la baisse. Le taux de l'Aide publique au développement est à son niveau le plus bas puisqu'il est passé de 0,33% en 1992 à 0,22% en 1997. Depuis 1990, les flux financiers privés ont été présentés comme la panacée au développement durable.

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Or la situation actuelle a démontré leur volatilité et le fait qu'ils se sont dirigés vers un nombre limité de pays. En effet, l'Afrique n'a reçu que 2,7% de ces flux. La part totale de l'Afrique dans les flux vers les pays en développement est tombée de 15,5% en 1992 à 7,5% en 1996. L'Afrique est en fait un continent de transfert net de capitaux. Les transferts des ressources provenant de l'Afrique ont atteint une moyenne de 3,8% du PNB entre 1992 et 1997. Dans ce contexte, une attention particulière doit être accordée à l'Afrique qui continue de subir le fardeau de la dette extérieure qui, en 1996, se chiffrait à quelque 323 milliards de dollars. Les politiques d'ajustement de la dette ne sont pas avérées concluantes.

Les solutions au cas par cas et les initiatives des clubs exclusifs continuent de mettre en oeuvre la politique du "trop peu, trop tard". Les pays en développement ont proposé, à plusieurs occasions, la tenue d'une conférence de haut niveau sur le financement du développement. Il est important que les institutions macroéconomiques principales, oeuvrant dans l'économie mondialisée, joignent leurs efforts pour faire avancer l'ordre du jour du développement. La prochaine conférence pour le financement du développement doit se pencher sur le système monétaire international, l'accès au marché et le développement d'une manière intégrée, en mettant un accent particulier sur l'Afrique. L'Afrique n'a pas besoin de sympathie, mais d'un véritable plan Marshall. Il faut espérer que la communauté internationale joue le rôle qui lui revient dans le cadre des recommandations contenues dans le rapport du Secrétaire général sur la situation en Afrique.

M. SHEN GUOFANG (Chine) a indiqué que les pays en développement n'ont pas vu leur situation économique s'améliorer depuis longtemps et qu'en outre la crise en Asie les a confrontés à de nouveaux défis. L'APD est en baisse, le poids de la dette extérieure est plus lourd que jamais. La communauté internationale doit prendre des mesures nouvelles pour redynamiser la coopération internationale et financer le développement. Sur cette question, la Chine est favorable à une coopération inter-gouvernementale. Beaucoup de pays en développement ne peuvent en effet pas compter uniquement sur leur marché intérieur pour se développer.

L'importance du capital privé doit être reconnue, mais en même temps, il faut être conscient des risques qu'il engendre. En effet, le capital privé n'est le plus souvent pas canalisé vers les secteurs prioritaires économiques et sociaux qui en ont le plus besoin. En outre, la nature spéculative et instable des capitaux à court terme peut aussi générer des crises financières et monétaires qui peuvent avoir des conséquences très négatives sur les pays en développement. Aussi, les principaux pays développés et les institutions financières internationales devraient prendre les mesures nécessaires pour assurer la stabilité et renforcer les capacités des pays en développement afin de prévenir les crises et d'y répondre efficacement.

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Le problème de la dette extérieure est inséparable du financement du développement. Ce problème a été aggravé par la crise financière. Aussi, des mesures doivent être prises pour accélérer le processus de l'initiative en faveur des pays endettés les plus pauvres, pour revoir les critères d'éligibilité et la durée de l'application.

M. CARLOS A. GOMAS (Nicaragua) a souligné que le problème de la dette extérieure est l'un des problèmes les plus graves auxquels son pays est confronté. Au Nicaragua, seule une infime partie de la dette a servi aux objectifs du développement économique. Aujourd'hui, le service de la dette ne peut être payé sans sacrifier dans le même temps les objectifs du développement. En 1990, le solde de la dette extérieure est passée à 10,715 milliards dont 1,287 milliard dus aux organismes multilatéraux, 7,222 aux organismes bilatéraux, 1,844 à la Banque commerciale internationale et 363 milliards à d'autres créances. En 1997, le solde a été réduit à 6,001 milliards soit une baisse de 44% par rapport à 1990. Durant cette même période, la somme due aux organismes multilatéraux a augmenté de 30%. Au cours de cette année, le gouvernement a consenti des efforts pour conclure un accord avec le FMI fondé sur des corrections fiscales et de réformes structurelles. S'il se félicite de ce type d'accord, le Nicaragua nécessite tout de même un appui pour la reconversion de son appareil productif afin d'assurer son intégration dans les marchés mondiaux.

Malgré la réduction de sa dette extérieure, le Nicaragua doit résoudre ses problèmes de liquidités à court terme et à long terme et ses problèmes d'ajustement. Les politiques d'ajustement structurel imposent un coût social très élevé. Pour le Nicaragua, la seule solution consiste à amener les instances concernées à annuler une grande partie de sa dette. Malgré les mesures de stabilisation économique, de restructuration de la dette et les programmes internes, le service de la dette extérieure représente toujours 40% de la valeur des exportations. C'est un cercle vicieux, puisqu'il s'agit d'une situation qui freine la croissance et le développement économique.

M. DINO BET (Suisse) a souligné que la Suisse est depuis longtemps active dans le domaine du désendettement et constate que des progrès ont été accomplis dans la mise en oeuvre de l'initiative en faveur des pays pauvres très endettés. Deux pays ont atteint leurs points d'achèvement (Ouganda et Bolivie) et six autres sont arrivés au point de décision (Bénin, Burkina-Faso, Côte-d'Ivoire, Guyane, Mozambique et Sénégal). Toutefois, le financement de l'initiative n'est toujours pas réglé. En effet, un petit nombre de pays donateurs bilatéraux fournissent à eux seuls près des deux tiers des ressources du fonds d'affectation spécial de l'initiative. Aussi est-il nécessaire que d'autres pays s'efforcent de remplir leurs obligations avec la plus grande diligence.

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En outre, le fonctionnement de l'initiative est encore trop lent. Dans ce contexte, la Suisse est favorable à l'extension de deux ans de la période butoir. La diminution de la période d'application ne devrait concerner que des pays dont le niveau de performance en matière de réformes est jugé satisfaisant. Enfin, il faut que les pays concernés jouent un rôle accru en ce qui concerne l'analyse de leur propre situation d'endettement. Afin de soutenir ce processus, la Suisse a lancé un programme de renforcement des capacités d'analyse et de gestion de la dette.

M. CHARLES BORROMEE TODJINOU (Bénin) a déclaré que les principales sources de financement pour le développement restent encore l'épargne interne, l'investissement étranger direct et l'aide publique au développement. Mais il est difficile, pour certains pays en développement, de mobiliser une épargne intérieure à des fins d'investissements. Une croissance économique soutenue capable de générer des revenus substantiels pourrait à terme faciliter la constitution de l'épargne domestique pour ces pays. Une augmentation des flux de capitaux privés accompagnée d'un transfert de technologies pourrait stimuler la croissance. En outre, cette année, les pays de l'Afrique sub-saharienne ont besoin d'apports financiers supplémentaires pour compenser les effets négatifs sur les termes de l'échange notamment la chute des prix à l'exportation des matières premières due en partie à la crise en Asie. Pour l'année 1997, les flux des investissements directs en Afrique se chiffrent à 1,1 milliard de dollars ce qui équivaut à peu près au flux des investissements vers l'Azerbaïdjan pour la même année.

Les pays en développement doivent adopter les mesures nécessaires pour attirer davantage de capitaux et d'investissements. Mais comment concilier les objectifs du développement avec la recherche du profit? Quelles mesures prendre pour éviter que les investissements directs étrangers ne replongent davantage les pays pauvres dans le bourbier de la dette? Il faut trouver les moyens de financer le développement sans élargir le cercle vicieux de l'endettement. Le Bénin appuie la proposition de mettre en place un mécanisme international de contrôle des flux de capitaux privés et des investissements.

M. A. P. ETANOMARE OSIO (Nigéria) a indiqué que durant les années 80, le débat sur les questions financières et monétaires est passé des Nations Unies aux institutions de Bretton Woods, où l'abondance d'experts de haut niveau technique n'a pu contribuer à régler les conséquences politiques et sociales de la situation financière internationale. Il a ajouté qu'au contraire l'objectif ultime des Nations Unies demeure de promouvoir le progrès social et un meilleur niveau de vie. Le monde étant de plus en plus interdépendant, le financement du développement nécessite une mise en commun des ressources. Le Secrétaire général a d'ailleurs présenté un plan utile contenant des indications utiles. Le déclin de l'Aide publique au développement, qui s'éloigne inexorablement de l'objectif de 0,7% du PNB, doit être inversé.

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Si le flux brut des ressources vers les pays en développement est passé de 100 milliards en 1990 à 200 milliards de 1996, il faut souligner que ces capitaux viennent du secteur privé et se confinent dans un nombre limité de pays. La crise financière de l'Asie de l'Est a en outre montré à quel point la spéculation et la volatilité des gains peuvent aggraver la situation. Il faut aujourd'hui concevoir une architecture financière internationale pour protéger les économies développées comme les économies en développement. Cette architecture ne résoudra pas seule la situation des pays en développement. Le service de la dette continue en effet de représenter un fardeau et de retarder le remboursement du capital. Ces paiements différés prennent en fait en otage les pays pauvres qui continuent de vivre dans une servitude continuelle. La dette des pays sub-sahariens est passée à 223 milliards en 1997. Dans ce sens, le Nigéria apprécie l'Initiative HIPC de la Banque mondiale et estime qu'elle doit être mise en application très rapidement.

M. MARIO GUGLIELMELLI (Venezuela) a souligné le besoin urgent de réunir une conférence spéciale sur le financement du développement. La question du financement du développement doit prendre en compte la coopération, les flux de capitaux privés et publics, la réforme du système financier international et la création d'un environnement propice au financement du développement.

Pour garantir le financement du développement, il est nécessaire de s'assurer de la stabilité de l'économie mondiale. Aussi faut-il consolider le cadre des institutions financières internationales et redymaniser des initiatives pour le développement, telles que l'APD. La crise asiatique récente, exacerbée par la crise en Russie, a montré que les crises financières sont des phénomènes qui se répètent et que leurs conséquences sur le développement économique sont graves. Pour répondre à ces crises, il est indispensable de créer des systèmes d'alerte rapide. La discussion sur les questions monétaires et financières internationales doit donc figurer de manière permanente à l'ordre du jour du système des Nations Unies. Le Venezuela a mis en place des mesures financières drastiques pour rééquilibrer les comptes monétaires. Mais le poids du service de la dette montre la nécessité de trouver des formules de paiement nouvelles, qui ne remettent pas en cause les programmes nationaux.

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