En cours au Siège de l'ONU

AG/EF/218

APPEL AU RENFORCEMENT DES INSTITUTIONS DE BRETTON WOODS POUR MIEUX PREVENIR ET GERER LES CRISES FINANCIERES

9 octobre 1998


Communiqué de Presse
AG/EF/218


APPEL AU RENFORCEMENT DES INSTITUTIONS DE BRETTON WOODS POUR MIEUX PREVENIR ET GERER LES CRISES FINANCIERES

19981009 La Commission économique et financière (Deuxième Commission) a consacré ce matin une séance supplémentaire à son débat général pour permettre aux onze dernières délégations inscrites de s'exprimer sur les questions de la mondialisation et de la libéralisation de l'économie.

La Commission a entendu notamment les représentants de Singapour, de la Thaïlande et de la Malaisie tirer les conséquences de la crise financière qui a frappé les pays d'Asie de l'Est, menaçant certains d'une véritable récession économique. Pour ces délégations, la leçon qu'il faut tirer de la crise consiste à admettre la nécessité d'un dialogue Nord-Sud, la création de systèmes de régulation des flux financiers et une collaboration plus étroite entre l'ONU, l'OMC, le FMI et la Banque mondiale. Pour ces délégations, la priorité est de renforcer les institutions de Bretton Woods pour les aider à relever les défis actuels.

Le représentant du Fonds monétaire international a indiqué que le FMI et les Etats Membres sont à la recherche de mécanismes de prévention et de gestion des crises afin d'aboutir à la création d'un système financier mondial stable, transparent, juste et efficace dont le point de départ se situe au niveau des appareils économiques nationaux. En ce moment, le FMI diffuse les principes essentiels du Comité de Bâle sur la régulation et la supervision bancaire. Il cherche aussi à identifier les risques et les faiblesses financières susceptibles de générer des crises aux niveaux régional et mondial. Le FMI a d'ailleurs créé un système de financement d'urgence et met en place un service de réserve monétaire additionnelle pouvant répondre aux circonstances spéciales des crises financières dans les pays émergents. Le FMI et la Banque mondiale travaillent aussi à mettre en place un système électronique d'informations et de données, et à établir une commission commune de liaison sur le secteur financier.

Les représentants des pays suivants ont également pris part au débat : Zimbabwe, Arabie saoudite, Népal, ex-République yougoslave de Macédoine, Nicaragua, Malte, République démocratique du Congo et Ghana.

La Commission se réunira cet après-midi à 15 heures pour entamer l'examen des questions de politiques macroéconomiques.

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M. KISHORE MAHBUBANI (Singapour) a souligné qu'au cours des dernières décennies, les pays en développement n'ont cessé d'appeler à un dialogue Nord- Sud substantiel et productif. Les pays développés ont écouté poliment, effectué quelques gestes positifs tout en se gardant de poursuivre le dialogue avec le sérieux requis pour la simple raison qu'ils n'y voyaient aucun intérêt. Or aujourd'hui, la crise financière vient de montrer que la mondialisation a en fait engendré la fusion du Nord et du Sud. S'il y a une leçon que les pays développés doivent tirer de la crise économique, c'est qu'eux aussi ont le besoin urgent d'un dialogue substantiel et constructif. Aujourd'hui, les banques centrales et les ministères du trésor s'inquiètent des montants considérables de capitaux qui se déplacent instantanément grâce aux ordinateurs. De l'avis de Singapour, il est important de garder à l'esprit que ces flux de capitaux ne constituent qu'une dimension du problème. Il ne faut pas perdre de vue d'autres dimensions de la mondialisation telles que l'accroissement du commerce et des investissements directs.

Pour la période 1985-1997, le commerce mondial a augmenté de 193% et la part des pays en développement s'est accrue de 10 à 20% au cours de la dernière décennie. La croissance économique mondiale se situe entre 2,9% et 3,1% par an de 1980 à 1997. C'est pourquoi, en dépit de la crise, Singapour n'a pas modifié son approche du développement économique. Elle consiste à compter sur les forces du marché et sur un régime de marchés ouverts, à permettre une circulation libre des capitaux, à encourager les investissements étrangers et à rester partie intégrante de l'économie mondiale. Singapour croit aussi fermement à des systèmes de régulation forts. La mondialisation n'a pas réduit la nécessité d'institutions et de gouvernements sains. Elle a au contraire souligné cette nécessité dans les pays en développement comme dans les pays développés.

Il existe de nombreux domaines dans lesquels les pays en développement peuvent renforcer le processus de mondialisation. Le lancement d'un nouveau cycle de réduction des barrières tarifaires est une bonne chose. La création du Groupe des 22 -pays en développement et pays développés- peut constituer un bon point de départ pour un examen à long terme de la capacité des institutions financières internationales à relever les défis des nouveaux marchés des capitaux mondiaux. Une collaboration accrue entre les Nations Unies, l'OMC, le FMI et la Banque mondiale contribuera aussi à renforcer le processus de mondialisation. Les pays doivent travailler de concert pour renforcer la régulation bancaire, promouvoir la transparence dans les flux financiers internationaux, renforcer la règle de droit et réduire la corruption. Il y a seulement trois jours, les pays de l'ANASE ont convenu d'accélérer les réductions tarifaires sur 1500 produits pour parvenir plus rapidement à la zone de libre échange de l'ANASE prévue d'ici à l'an 2003. L'ANASE a également signé un accord visant à libéraliser le régime de l'investissement d'ici à l'an 2010 et convenu d'accorder aux pays membres un

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M. MACHIVENYIKA T. MAPURANGA (Zimbabwe) a indiqué que la mondialisation, qui a eu pour effet de rapprocher les économies du monde, n'a en réalité bénéficié qu'à un petit nombre de pays. Le représentant a déclaré que la coexistence d'une société de surabondance et une autre noyée dans la plus abjecte pauvreté est la plus grande tragédie et la plus grande ironie de notre temps. Le rapport du PNUD de cette année montre les flagrantes inégalités en matière de niveau de consommation. Nous ne partageons pas l'idée que le développement est un jeu à somme nulle, dans lequel le succès du développement mondial ne peut être atteint qu'au détriment des pays en développement. Ce dont nous avons besoin, c'est d'une mondialisation sociale responsable, c'est- à-dire à visage humain. Il est encore temps, pour les pays du Nord et ceux du Sud, de travailler ensemble, afin de permettre au développement de s'épanouir. Seuls le partenariat et la solidarité, et non une compétition effrénée, sont la clé d'un développement et de la coopération internationale.

Les institutions de Bretton Woods ont fait preuve d'une rigidité pernicieuse, dans la mesure où elles ne réagissent que tardivement aux crises financières. La délégation du Zimbabwe va participer cette année à l'examen triennal des activités opérationnelles de développement du système des Nations Unies. Le recul des ressources allouées aux activités opérationnelles est préoccupant. Au lieu de progresser vers la cible de 0,7%, les ressources ont reculé alors que les besoins augmentent. Au cours des années, les institutions de Bretton Woods ont exercé des fonctions analogues à celles exercées par d'autres institutions et programmes des Nations Unies en matière d'assistance technique, d'environnement, de santé, d'énergie et d'éducation. Le représentant a plaidé pour une plus grande coordination et une plus grande coopération entre ces institutions et les Nations Unies, plutôt que de voir se poursuivre la compétition.

Le continent africain continue de nécessité l'attention de la communauté internationale. La situation économique requiert une intervention résolue de sa part. La communauté internationale devrait s'appuyer sur les accords et engagements pris lors des conférences internationales passées. La délégation du Zimbabwe est favorable à la tenue de la conférence TICAD II au Japon et espère qu'elle débouchera sur de nouvelles perspectives de soutien financier pour la promotion du développement humain en Afrique. Les problèmes d'eau potable et d'énergie disponibles pour tous sont très préoccupants.

M. J.B. ZULU, Directeur du Bureau du Fonds monétaire international auprès de l'Organisation des Nations Unies, a déclaré que le FMI et la Deuxième Commission se préoccupent des mêmes questions liées à la stabilité de l'économie mondiale, au combat contre la pauvreté, et à la création de conditions socio-économiques favorables aux réalités de terrain. Face à la situation défavorable que traverse en ce moment l'économie internationale, il faut examiner les propositions et conclusions atteintes cette semaine par le Comité intérimaire du Fonds et par les discussions menées dans le cadre des réunions annuelles FMI/Banque mondiale. Les conditions économiques et financières internationales se sont beaucoup détériorées au cours de l'année écoulée, que ce soit dans les pays émergents d'Asie, au Japon, ou en Russie;

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et les dernières évolutions de la situation au Brésil et dans le reste de l'Amérique latine font à leur tour l'objet de toutes les attentions. Des tendances négatives ont affecté les bourses de valeurs et les marchés financiers, le cours des monnaies en a été affecté et les prix des matières premières, déjà faibles, ont encore chuté. La croissance mondiale, selon les projections, ne sera que de 2% pour l'année 1998, soit un point de moins qu'originellement prévue, et les perspectives, concernant 1999, doivent aussi être revues à la baisse. La gravité des crises en Asie et en Russie et leur force de contagion sur les autres marchés ont révélé la vulnérabilité du système financier international. Une leçon importante à en tirer est le besoin de traiter désormais le plus rapidement possible tout signe de faiblesse des politiques et des institutions qui pourrait faire douter les investisseurs sur les potentialités économiques d'un pays. Les pays, quant à eux, ont besoin d'être moins dépendants des capitaux à court terme, et l'on doit désormais être aussi conscient de l'interdépendance des économies, qui multiplie les risques de contagion d'un marché à l'autre. La leçon de la crise actuelle, en fait, n'est pas de revenir sur les règles de l'économie de marché, mais plutôt de trouver des remèdes aux faiblesses et vulnérabilités dont nous venons de parler. Le FMI et les Etats Membres travaillent à trouver des mécanismes de prévention et de gestion des crises. Ces tâches vont dans le sens de la création d'un mécanisme mondial stable, transparent, juste et efficace dont le point de départ, selon nous, se situe au niveau des appareils économiques nationaux.

Au printemps de cette année, le Comité intérimaire du Fonds a examiné cinq propositions sur le renforcement du système financier international qui sont : le renforcement des mécanismes financiers nationaux et mondiaux; le renforcement des capacités de surveillance et de contrôle du FMI; une disponibilité et une transparence accrues des données et des politiques économiques de chaque pays membre; la nécessité de réitérer le rôle central du Fonds dans la prévention et la gestion des crises; et l'augmentation de l'engagement du secteur dans la résolution des crises. Les événements survenus en Asie du Sud-Est, en Russie et en Amérique latine ont montré les conséquences explosives de la combinaison d'un système financier faible et de politiques macroéconomiques inadaptées, ces faiblesses se nourrissant l'une de l'autre. La libéralisation des flux de capitaux ne peut, par conséquent, se faire de façon harmonieuse que si elle est précédée d'un renforcement de la supervision et de la régulation bancaire qui permettent aux banques nationales de s'adapter aux complications qui accompagnent les flux de capitaux internationaux. Aussi, dans cette optique, le FMI introduit et diffuse en ce moment les principes essentiels de la Commission de Bâle sur la régulation et la supervision bancaire. Dans le cadre de cette intensification de la surveillance multilatérale, nous cherchons à identifier les risques et faiblesses financiers susceptibles de générer des crises aux niveaux régional et mondial; ces efforts visant aussi à renforcer une surveillance mutuelle entre groupements économiques régionaux reconnus et organisés.

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Pour répondre aux crises, le FMI a créé le Système de financement d'urgence et mis en place une facilité de réserve monétaire additionnelle pouvant répondre aux circonstances spéciales des crises financières dans les pays émergents. Les programmes d'ajustement structurel comprendront désormais des conditionnalités de surveillance et de régulation liées aux réformes des secteurs financiers, notamment sous la forme d'améliorations des systèmes juridiques et régulatoires, et de privatisations et de restructurations bancaires. Le FMI et la Banque mondiale, dans le même temps, travaillent aussi ensemble à renforcer les capacités humaines, à mettre en place un système informatisé d'informations et de données, et à établir une Commission commune de liaison sur le secteur financier.

Concernant le problème de la dette, nous aimerions indiquer que sept pays ont bénéficié d'allégement de dette s'élevant à 6 milliards de dollars américains, ceci dans le cadre de l'Initiative en faveur des pays pauvres lourdement endettés. Dans les mois qui viennent, 9 autres pays seront éligilibles, et le Comité intérimaire du FMI a accepté que des mesures de flexibilité soient désormais mises en place dans l'examen des dossiers des pays ayant besoin d'une assistance de reconstruction d'après-conflits. Quant à la question de la Facilité d'ajustement structurel renforcée (FASR), le cadre agréé en septembre 1996 prévoit que les ressources disponibles couvrent les opérations jusqu'en 1999. La période transitoire allant de l'année 2000 à l'année 2004 devrait, pour sa part, être financée par une dotation de 1 milliard de Droits de tirage spéciaux (DTS) par an. Mais pour l'instant, en vue de couvrir les engagements du FASR jusqu'en l'an 2000, le Fonds a besoin de ressources additionnelles de l'ordre de 1,2 milliard de DTS.

M. AL-MERSHID (Arabie saoudite) a estimé que l'instauration de structures économiques justes et équitables nécessite des efforts communs et la coopération Sud-Sud et Nord-Sud. Cela nécessite également de lever les barrières tarifaires et autres obstacles commerciaux. Le développement économique et social représente le fondement de la sécurité et de la stabilité internationales et d'une participation active des pays en développement sur la scène internationale. L'Arabie saoudite appuie tous les efforts visant à moderniser le rôle des institutions de développement afin de les aider à mettre en oeuvre des plans stratégiques. L'Arabie saoudite entend continuer de coopérer avec ses institutions en même temps qu'elle promeut son propre développement. Le pays appuie le processus de développement sur le plan bilatéral comme sur le plan multilatéral. C'est la raison pour laquelle il négocie en ce moment son adhésion à l'OMC.

Pour ce qui est de l'environnement, l'Arabie saoudite a toujours appuyé une utilisation saine des ressources naturelles dans l'intérêt des futures générations. L'Arabie saoudite espère que l'examen des questions de l'environnement se fondera sur l'objectivité et les recommandations d'Action 21. Mon gouvernement estime qu'il faudrait que les pays développés respectent leur engagement en matière de développement durable. Ce développement nécessite une attention particulière de la part de la communauté internationale.

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L'Arabie saoudite continue d'accorder une attention particulière aux questions de la sécheresse. Ceci explique sa contribution active à la recherche de solutions aux problèmes découlant de ce fléau en Afrique. L'Arabie saoudite espère que les pays industrialisés fourniront l'aide adéquate aux pays victimes de la désertification.

M. DATO SALLEH SAID KERUAK (Malaisie) a indiqué que la mondialisation et la libéralisation sont des sujets de plus en plus au centre de l'intérêt général, depuis la récente dégradation de l'économie mondiale. La Malaisie reconnaît les avantages de la mondialisation, en raison notamment des apports en capitaux et en investissements étrangers. La Malaisie, grâce à l'ouverture de son économie, a pu attirer beaucoup d'investissements étrangers, ce qui lui a permis de maintenir sa croissance à un niveau élevé depuis le milieu des années 80, atteignant 8% pendant dix ans jusqu'en 1997. La Malaisie est devenue la 19ème nation en matière d'échanges. Mais cette croissance a été interrompue par les effets dévastateurs des flux instables de capitaux.

Pour répondre à cette situation, il est d'abord demandé une plus grande transparence non seulement de la part des gouvernements, mais aussi des acteurs du marché financier. Actuellement, il n'existe pas d'autorité qui régule le fonctionnement des marchés de capitaux internationaux. Dans un deuxième temps, il faudrait établir un mécanisme qui rende les institutions, chargées de régler les taux de change, responsables de leurs actions, notamment quand ces taux sont susceptibles d'avoir un impact négatif sur un pays. D'autre part, il est temps que nous mettions en place un prêteur international de dernier recours. Il est en effet important de pouvoir fournir de façon temporaire les liquidités permettant de soutenir les économies en crise qui doivent faire face à des problèmes engendrés par les mouvements massifs de capitaux. Enfin, il est nécessaire de revoir le rôle du Fonds monétaire international. Le rôle du FMI, de la Banque mondiale et des autres institutions financières internationales doit être revu pour assurer que ces institutions répondent efficacement aux besoins de leurs membres.

Parallèlement à ces suggestions, la Malaisie est convaincue qu'un consensus international sur la réforme du système monétaire international est indispensable pour répondre aux crises financières actuelles et futures.

Quand le Gouvernement de la Malaisie a annoncé le contrôle des capitaux et des changes étrangers, le 1er septembre 1998, il a d'emblée été critiqué. Après diverses tentatives pour sortir de la situation économique actuelle, la Malaisie a dû prendre des décisions difficiles pour stabiliser la valeur de sa monnaie et pour redonner un élan à la croissance économique. Depuis le début de la crise, le Gouvernement malaisien a mis en place un Conseil national d'action économique. Ce Conseil a établi un Plan de relance économique nationale chargé de rétablir la confiance des marchés des valeurs et de maintenir la stabilité des marchés financiers. Ces mesures ont été prises pour protéger l'économie malaisienne d'un environnement extérieur néfaste. Le taux de change du Ringgit malaisien, fixé à 3,8 pour un dollar, a d'emblée supprimé les incertitudes en matière de taux de change.

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Cela a permis au gouvernement, aux investisseurs, aux entrepreneurs, aux importateurs et aux exportateurs de s'engager à long terme. On observe d'autres indicateurs positifs, comme une hausse des réserves de la Banque centrale de Malaisie. Les plans d'expansion du gouvernement et du secteur industriel peuvent maintenant reprendre.

M. ASDA JAYANAMA (Thaïlande) a constaté que la mise en oeuvre de profondes réformes économiques ne suffit pas à regagner la confiance des investisseurs et à remettre l'économie sur la voie de la croissance. La Thaïlande, qui a poursuivi la réforme de ses systèmes politique, économique et social au cours des 14 derniers mois, continue de stagner dans la récession et prévoit un taux de croissance négatif pour l'année 1998. Si l'espoir de voir revenir les investisseurs étrangers s'est partiellement réalisé, les obligations découlant de la dette continuent de provoquer une sortie importante de capitaux. Il est clair que le processus de reconstruction économique dépend maintenant de l'environnement extérieur qui, malheureusement, ne cesse de se détériorer. Les rôles du FMI et de la Banque mondiale demeurant indispensables, il faut faire en sorte que ces institutions améliorent leurs systèmes de prévisions et de fourniture des services. Elles nécessitent également des ressources et le FMI, en particulier, ne peut fonctionner correctement sans les 90 milliards de dollars nécessaires. Les 18 milliards de dollars que doivent les Etats-Unis sont donc indispensables.

De l'avis de la Thaïlande, le G-7 a le pouvoir financier et politique de prévenir la volatilité financière, stimuler la croissance et prévenir la récession mondiale et celui de moderniser le système financier international. Les propositions du Premier Ministre britannique de restructurer les institutions de Bretton Woods et celle du Président américain de tenir des réunions du G-22 doivent être étudiées attentivement et aussi vite que possible. Malheureusement, les conclusions de la dernière réunion annuelle de la Banque mondiale et du FMI ne sont pas de bon augure. Les événements récents ont montré que les flux considérables de capitaux sont responsables de la volatilité financière. Ce fait, conjugué à la chute brutale des valeurs boursières, au cours des dernières semaines, et aux prévisions d'une récession aux Etats-Unis l'année prochaine, n'augure rien de bon pour l'économie américaine. Il faut espérer que ceux qui peuvent faire quelque chose le feront très bientôt. La Thaïlande a fait sa part du travail et souhaite que la mondialisation ne devienne pas une chance pour les forts et un défi pour les faibles.

M. GHANSHYAM LAL DAS (Népal) a souligné que si la tendance mondiale est à la mondialisation et à la libéralisation de l'économie, la totalité des pays en développement n'est toujours pas en mesure d'en tirer les avantages, en raison du manque de capitaux et de technologies et de l'existence d'autres handicaps structurels insurmontables. Après la mise en oeuvre de politiques de réformes et d'ajustement institutionnel, les pays en développement demeurent convaincus qu'ils ne pourront effectuer de progrès réels en l'absence d'une coopération internationale renforcée.

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Dans le contexte de la mondialisation, il est préoccupant de constater que les exportations des pays les moins avancés stagnent à un taux de moins de 0,04% du fait de leur marginalisation sur la scène commerciale mondiale. Il est regrettable que les investissements directs étrangers aient continué de passer outre les pays les moins avancés malgré l'augmentation des investissements dans le monde; les investissements s'étant en fait confinés dans certains pays. L'appui des institutions financières nationales et l'adoption de mesures incitatives ne parviennent toujours pas à attirer l'investissement étranger. Dans ce contexte, il faut souligner le besoin impérieux d'accroître l'aide publique au développement.

M. CARLOS A. GOMEZ (Nicaragua) a expliqué que les projets politiques élaborés par son Gouvernement visent, au plan économique, à promouvoir la croissance dans un climat de stabilité et de transparence. La mondialisation et la libéralisation de l'économie constituent un nouveau défi mondial qui doit conduire à la réorientation des actions et des efforts. En l'an 2000, le Nicaragua dura l'économie la plus ouverte d'Amérique centrale. Il oeuvre activement pour participer à la zone de libre-échange avec le Chili et le Panama et négocie actuellement avec les pays du MERCOSUR et les Etats-Unis. Le Nicaragua garde sa foi en l'économie de libre-échange qui devrait toutefois être dotée d'une sensibilité humaniste et de justice sociale. La mondialisation n'est pas une panacée mais elle doit plutôt s'accompagner de mesures prudentes et réalistes pour en atténuer les effets négatifs. Pour le Nicaragua, les fondements de la paix et de la sécurité internationales sont le développement social et économique qui exige la mobilisation des ressources et le renforcement de la coopération internationale. Il faut aussi veiller à ce que les modèles de développement tiennent compte de toutes les réalités politiques, économiques et sociales du temps.

M. NASTE CALOVSKI (Ex-République yougoslave de Macédoine) a dit que sa délégation partage les vues exprimées par l'Autriche au nom de l'Union européenne. La Macédoine pense qu'il faut d'urgence adopter des mesures permettant de contrôler les potentialités du processus de mondialisation de l'économie et de prévenir ses conséquences négatives. Les analyses du Secrétaire général, dans son rapport annuel sur l'activité de l'Organisation, et les points de vues exprimés lors du débat de haut niveau de la session du Conseil économique et social, pourraient servir de base à la formulation d'un cadre général sur les mesures et les actions à prendre aux niveaux national et international en vue d'arrêter l'aggravation des crises économiques actuelles, et d'éviter les dangers d'une récession mondiale. Si la mondialisation est irréversible, elle est cependant gérable, et il faudrait, dans le cadre des politiques économiques, trouver des solutions aux problèmes sociaux. La démocratie, l'Etat de droit, les droits de l'homme et le droit international ne devraient pas être laissés de côté. Nous sommes concernés par l'avenir des petites économies, au profit desquelles des mesures et des actions favorables devraient être mises en place, chose qui serait dans l'intérêt de tous les pays développés ou en développement.

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La Macédoine est préoccupée par l'accès aux marchés d'Europe et d'ailleurs; par les réformes de l'appareil économique, notamment les privatisations; par la réduction du chômage; et par l'accès aux flots de capitaux privés internationaux. Nous sommes soucieux d'atteindre un taux de croissance de 5% et de maintenir la stabilité de notre monnaie tout en gardant l'inflation sous contrôle. Notre pays a adopté des politiques économiques libérales, et a conclu plusieurs accords de libre-échange sur des bases bilatérales. Mais nous sommes convaincus que nous pourrions obtenir de meilleurs résultats, si la situation de notre région n'était perturbée par de nombreux problèmes politiques et de sécurité. Le danger de marginalisation, qui menace les petites économies, peut être évité, et la Macédoine pense que cette Commission devrait adopter une résolution sur la base de laquelle les Nations Unies pourraient débattre, en vue d'actions concrètes, de la prévention de la marginalisation.

Notre pays attache une grande importance à la création de zones de libre-échange, qui permettent l'intégration des économies à l'économie régionale et mondiale. Nous pensons, par conséquent, que l'Assemblée générale devrait encourager la création de ces zones. La Macédoine reconnaît l'importance de l'Organisation mondiale du commerce (OMC), dont le statut de membre est une question importante. L'OMC devrait être ouverte à tous les Etats Membres qui en acceptent les règles et les obligations, et son accès ne devrait être bloqué à aucun pays au moment même où on parle du renforcement de la coopération économique internationale.

M. PIERRE HILI (Malte) a indiqué que le développement social est actuellement remis en cause par la crise économique et la mauvaise gestion des ressources naturelles. Face à l'interdépendance croissante, le délégation de Malte appelle de ses voeux un effort mondial d'intégration équitable, afin que la communauté internationale vienne en aide aux pays les plus touchés, assure la confiance des marchés et soutienne la croissance et le développement. La délégation de Malte est convaincue de la nécessité de promouvoir un environnement économique international caractérisé par des règles mondiales clairement définies et une coopération économique visant à accroître les bénéfices de la mondialisation.

Le Gouvernement de Malte a réaffirmé sa volonté d'être membre de l'Union européenne, parce qu'il est persuadé que l'intégration européenne est un moyen pour les pays européens et leurs citoyens d'avoir une réelle influence sur la mondialisation.

Il ne faut pas oublier qu'à côté de la croissance économique et le développement social, la conservation des ressources naturelles est le troisième pilier d'un développement durable réel. La dégradation de l'environnement est le résultat des effets négatifs découlant des changements climatiques et de l'élévation du niveau de la mer. C'est uniquement par le biais d'une coopération entre les pays que ces tendances négatives pourront être renversées.

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Depuis le Sommet de Rio en 1992, Malte a pris des mesures pour protéger l'environnement des îles. Le représentant a réaffirmé son soutien au Programme d'action de la Barbade et appelle à la mise en oeuvre des décisions qui ont été prises à cette occasion.

M. ATOKI ILEKA (République démocratique du Congo) a indiqué que dans le cadre des priorités établies dans son plan triennal, qu'il avait en son temps présenté aux "amis du Congo", son gouvernement avait estimé l'année 1998 cruciale pour son essor économique et l'avait placée sous le signe de la réforme. L'une des composantes essentielles de la réforme économique, à savoir la réforme monétaire, a été symbolisée, le 30 juin dernier, par le lancement du franc congolais, la nouvelle monnaie nationale. La réforme monétaire se voulait être la base du programme de relance pour raviver une économie en déliquescence. La situation qui prévaut actuellement au Congo a entraîné une dégradation de ses conditions socioéconomiques. Les coûts des dégâts matériels et de la destruction des infrastructures sont évalués à environ 3 milliards de dollars américains pour la seule ville portuaire de Matadi. Les finances publiques sont totalement désordonnées, les exportations et les importations sont quasiment nulles du fait de l'inexistence du trafic maritime.

La partie orientale du pays, qui regorge de richesses, n'est plus sous le contrôle du Gouvernement. Certes, la production du cuivre et du cobalt n'a pas été interrompue mais la production diamantifère a été affectée quoiqu'il est possible d'estimer qu'elle reviendra à son niveau normal avec la réouverture des aéroports. Le conflit armé a commencé à un moment où la nouvelle monnaie se stabilisait et était acceptée à travers tout le pays. S'il n'a pas été nécessaire de procéder à de nouvelles impressions de la monnaie, il faut reconnaître que cet état de guerre a eu pour effet de saper la valeur du franc congolais. Le taux d'inflation qui était passé de quatre chiffres à une unité a été estimé à 7%, le 30 juin 1998. Les projections les plus optimistes du taux d'inflation pour la fin de l'année seront plus proches des 100%. Du fait de la situation de conflit, le Congo se trouvera dans l'obligation de suspendre le paiement de ses arriérés d'un montant mensuel de 500 000 dollars au FMI, dont le dernier versement a eu lieu en août dernier.

Le Congo compte environ 9 milliards d'arriérés de paiements extérieurs auxquels s'ajoutent des arriérés de paiements substantiels. Pour le FMI, le montant des arriérés est de l'ordre de 500 millions de dollars. Le défi majeur auquel se trouve confrontée la communauté internationale au Congo est le rétablissement de la paix et de la sécurité. C'est pourquoi il réitère son appel au système des Nations Unies et, plus particulièrement, aux "amis du Congo" qui, à l'issue de la Conférence de Bruxelles, avaient décidé d'apporter le concours nécessaire à la réhabilitation du pays. Le Congo, qui s'était engagé à assainir l'environnement macroéconomique, souhaiterait une plus grande implication de la communauté internationale dans la formulation et la conduite des réformes.

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Le Congo compte présenter deux projets de résolution sur l'assistance spéciale pour son relèvement économique et sa reconstruction et sur l'assistance spéciale aux pays d'Afrique centrale accueillant des réfugiés. Le Congo souhaiterait pouvoir bénéficier du soutien financier et technique de la communauté internationale, conformément au Programme d'Action des années 90 en faveur des pays les moins avancés. Les mesures à envisager doivent comprendre une renégociation en vue de la réduction et de l'annulation d'une partie de sa dette bilatérale, un allégement de ses dettes commerciales et multilatérales, une reconversion de sa dette globale en prise de participation ou le paiement de sa dette en monnaie locale.

M. JACK WILMOT (Ghana) a indiqué qu'à la suite de la crise financière mondiale due aux flux volatiles des capitaux à court terme, la communauté internationale a dû renoncer à sa vision optimiste sur les perspectives économiques mondiales. Les activités spéculatives désordonnées de quelques individus et groupes sur les marchés financiers ont pour effet de ralentir les progrès qui résultent des réformes économiques engagées dans la plupart des pays en développement. Cette situation offre des leçons à la communauté internationale. A cet égard, il faut rappeler la symbiose que représente l'interdépendance mondiale. Quel que soit le niveau de développement des pays, ils sont tous touchés par la déstabilisation des marchés. Une autre leçon à tirer est qu'il est urgent de mettre en place un mécanisme de surveillance et de régulation des flux de capitaux à court terme et des échanges monétaires, de la même façon que nous disposons d'un mécanisme mondial qui régule les échanges de biens.

Le but primordial de la coopération pour le développement ne doit pas être perdu de vue. La pauvreté et les inégalités entre nations s'accroissent. Aussi ne faut-il pas sacrifier l'objectif d'éradication de la pauvreté sur l'autel des idéologies économiques qui concentrent la totalité de leur attention sur les ajustements structurels et la libéralisation. Le représentant du Ghana déplore le déclin continu de l'APD et appelle les pays donateurs à prendre exemple sur des pays comme le Danemark, la Norvège, la Suède et les Pays-Bas. Il est inexcusable que les pays ne tiennent pas les engagements pris lors des conférences internationales. En matière de dette extérieure, l'Initiative pour les pays les plus endettés est inappropriée, parce qu'elle est trop limitée. Deux ans après avoir été lancée, seulement un pays a pu en bénéficier pleinement. Le représentant lance un appel aux pays créanciers et aux institutions multilatérales pour qu'ils annulent les dettes des pays en développement qui réforment leur économie, et dont les réformes sont mises en danger par le poids de la dette.

Pour que les pays en développement ne soient pas marginalisés en raison de la mondialisation, il est nécessaire de leur accorder des traitements préférentiels et spécifiques afin qu'ils accroissent leur compétitivité. Il faut donner à la mondialisation un visage humain. Les pays en développement devraient intensifier la coopération dans un cadre Sud-Sud, et la communauté internationale doit s'efforcer de soutenir cette coopération.

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