DES MESURES URGENTES POUR FAIRE FACE A LA CRISE ECONOMIQUE MONDIALE SONT SUGGEREES
Communiqué de Presse
AG/EF/217
DES MESURES URGENTES POUR FAIRE FACE A LA CRISE ECONOMIQUE MONDIALE SONT SUGGEREES
19981008 La Commission économique et financière (Deuxième Commission) a achevé ce soir son débat général qui a duré deux jours et au cours duquel les problèmes économiques et financiers internationaux ont été abordés, entre autres, la mondialisation et ses impacts sur l'économie mondiale, en particulier la crise qui en a résulté dans les pays d'Asie de l'Est. Le danger actuel est l'effet de contagion de cette crise qui peut provoquer la décélération de l'économie mondiale, voire dans certains cas, la récession, ont souligné des délégations. D'autres ont évoqué la récession qui frappe déjà les pays d'Asie de l'Est.La Commission a entendu les délégations qui ont insisté sur le caractère irréversible de la mondialisation et la libéralisation qui ont conduit à l'augmentation du volume des échanges dans les domaines des biens et services, des capitaux à court et à long terme, de la technologie et de l'information, assurant ainsi une croissance économique et sociale des pays qui ont su s'intégrer aux marchés internationaux. Les délégations ont pris acte de la crise de la croissance qui se profile aujourd'hui; les estimations les plus optimistes la plaçant à 1,9% en 1998, alors que tout portait à croire qu'elle serait de 3,3%. Ces chiffres équivalent à une chute brutale de 500 milliards de dollars. Si la Commission a observé une divergence de points de vue sur l'origine de la crise, un consensus a semblé se dégager sur le problème que pose le mouvement des capitaux qui ont atteint le volume considérable de 300 à 400 trillions de dollars par an dont 2 ou 3% seulement font l'objet de réelles transactions. Une telle situation ne peut qu'accroître la vulnérabilité des institutions nationales aux décisions d'acteurs privés. La question a donc été de savoir si les institutions financières internationales -FMI et Banque mondiale- sont en mesure de relever les défis d'une place financière internationale sur laquelle les flux de capitaux à court terme, davantage imprévisibles, ont un rôle dominant. La nécessité de renforcer leur pouvoir de contrôle et de régulation des flux financiers a été soulignée comme a été avancée la proposition de créer une nouvelle institution financière en la matière, avec le concours des Nations Unies.
(à suivre 1a)
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La Commission a entendu les délégations des pays en développement qui ont déclaré que la chute des prix de leurs produits à l'exportation -due à la crise financière- conjuguée à un accès difficile aux marchés internationaux et au poids de la dette extérieure et des services de la dette a renforcé leur marginalisation sur la scène économique internationale et compromis, de manière substantielle, leurs efforts de développement. Compte tenu de la sélectivité des investissements directs étrangers, de l'existence des barrières tarifaires et d'autres mesures compliquant l'accès aux marchés, l'importance de l'assistance au développement a été soulignée. Les délégations ont cité comme mesures prioritaires, la réalisation urgente des engagements pris en matière d'aide au développement - dont l'objectif 0,7% du PNB -, la recherche de ressources nouvelles et additionnelles aux fins du développement et une collaboration renforcée entre les Nations Unies, les institutions de Bretton Woods et l'OMC. L'urgence d'une conférence sur le financement du développement a été évoquée. En l'absence d'un multilatéralisme fort et efficace, la mondialisation ne pourra qu'engendrer des crises, ont constaté certaines délégations en qualifiant les Nations Unies d'organe indiqué pour donner la vigueur nécessaire à un tel multilatéralisme.
Les représentants des pays suivants ont pris la parole : Ethiopie, Egypte, Iran, Emirats arabes unis, Bulgarie, Maroc, Bahreïn, Mongolie, Colombie, Slovaquie, Nigéria, Jamaïque, République populaire démocratique de Corée, Mali, Azerbaïdjan, Iraq, Niger, Israël, Pérou, Paraguay, Lesotho, Panama, République de Moldova, Madagascar, Syrie et Cameroun.
La Commission se réunira demain vendredi 9 octobre à 10 heures pour entamer l'examen des questions de politiques macro-économiques.
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Suite du débat général
M. BERHANU KEBEDE (Ethiopie) a indiqué que la co-existence d'un monde de prospérité et d'un monde de pauvreté est une contradiction absolue. Il n'est moralement pas acceptable de laisser la grande majorité de la population mondiale se débattre dans la pauvreté face aux surplus de richesse et aux capacités de production dont dispose le monde. Il est donc indispensable de s'attaquer aux causes de la pauvreté d'une manière globale.
Dans les pays africains, la pauvreté est l'un des plus grands obstacles au développement, obstacle exacerbé par le poids de la dette, la détérioration des termes de l'échange, le déclin de l'aide officielle au développement, et un protectionnisme croissant. La crise de la dette extérieure freine particulièrement les efforts de développement des pays en développement. L'initiative pour les pays pauvres les plus endettés est une avancée mais elle doit être révisée afin d'établir de manière plus décisive les conditions d'un développement durable. Il faut, en outre, fournir d'urgence aux pays qui en ont besoin des capitaux de façon continue pour garantir les bases d'un développement durable. Dans cette optique, il est indispensable de renverser la tendance à la baisse de l'APD, ainsi que le transfert négatif des ressources des pays développés aux pays en développement. Le représentant a réaffirmé l'importance des capitaux privés de long terme et des investissements étrangers directs qui favorisent le dynamisme et la compétitivité des économies des pays en développement.
Le commerce est un moteur du développement. On ne peut imaginer de développement durable sans la participation effective et l'intégration des pays en développement dans le système commercial multilatéral. L'intégration effective et juste de ces pays profiterait aux pays développés eux-mêmes. C'est pourquoi il faudrait renforcer les traitements spéciaux à l'égard des pays en développement, supprimer les barrières douanières aux exportations et appliquer les engagements pris. Dans cet esprit, l'Ethiopie soutient les décisions prises par le Mouvement des non-alignés lors du sommet de Durban.
La crise en Asie et sa contagion à l'ensemble du monde rend nécessaire l'établissement d'un nouveau partenariat entre les pays. Ce partenariat requiert la mise en place d'un cadre démocratique dans lequel toutes les institutions économiques, sociales et financières jouent un rôle important. C'est dans cette optique que les Nations Unies ont un rôle clé à jouer.
M. NEHDI DANES H-YAZDI (Egypte) a estimé que la nouvelle crise des marchés de capitaux souligne la complexité des décisions politiques qu'il y aura lieu de prendre. Si elle s'aggrave, cette situation risque de menacer l'économie mondiale d'une véritable récession. Certains faits relatifs à cette évolution préoccupent particulièrement l'Egypte. Les moyens dont disposent les institutions financières d'absorber ces crises varient si bien que la vie de milliards de personnes sont soumises au risque de la pauvreté et de la marginalisation avec les conséquences politiques et sociales que cela
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implique. Si les crises financières ont des conséquences bien connues, une divergence demeure quant à la manière de les traiter, comme l'a montré récemment la réunion annuelle du FMI et de la Banque mondiale. Un consensus international doit donc se dégager. Aujourd'hui il est reconnu que les institutions nationales et internationales doivent être améliorées pour pouvoir faire face à cette évolution. Un partenariat entre tous les Etats du monde doit être créé pour contrôler les forces du marché et lutter contre leurs conséquences négatives d'une manière qui tienne compte des intérêts des pays en développement et de ceux du maintien de la paix et de la sécurité internationales.
Les Nations Unies semblent être, dans ce contexte, l'instance appropriée. Dès le début des années 90, l'Egypte a adopté un programme ambitieux de réformes économiques et une politique ouverte à l'égard du monde extérieur. Elle a ainsi conclu des accords régionaux Sud-Sud et Nord-Sud, apporté sa contribution active aux négociations de l'OMC, signé une Convention de la Ligue arabe sur la création d'une zone de libre-échange pour 2007 et une autre portant sur la création d'un marché commun de l'Afrique de l'Est. L'Egypte négocie en ce moment avec l'Union européenne, une convention sur une zone de libre-échange pour 2010.
En dépit de ces efforts d'intégration, un grand nombre de problèmes et d'obstacles subsistent. Les pays en développement sont toujours confrontés à des obstacles tarifaires qui sont autant d'obstacles techniques sans justification assortie à une tendance à imposer des normes pour en fait limiter le commerce en invoquant fallacieusement des raisons écologiques. Les pays en développement souffrent en plus du déclin de l'aide publique au développement et de la sélectivité des capitaux internationaux. L'Egypte émet le voeu que les débats de la Commission permettront de dégager un consensus sur la manière d'aborder les conséquences de la mondialisation sur l'économie des pays en développement et les questions du financement du développement, des activités opérationnelles des Nations Unies, du suivi des conférences des Nations Unies, de l'environnement et du développement.
M. SERGEY LAVROV (Fédération de Russie) a rappelé qu'au cours des 12 derniers mois, la communauté internationale a dû, à plusieurs reprises, procéder en urgence à la "réanimation" d'économies à l'agonie. Il en est clairement ressorti que des injections financières supplémentaires ne permettront pas, à elles seules, de résoudre le problème, et que des mesures préventives de la plus grande efficacité doivent être prises de manière conjointe pour repousser la menace d'une crise mondiale généralisée. Il est indéniable que les pays, individuellement, ont la responsabilité de mettre en place des politiques plus ouvertes, mieux gérables et mieux contrôlées, s'efforçant d'attirer les capitaux et les investissements, et de réguler le crédit et le secteur bancaire. Cependant, il est grand temps de poser un oeil critique sur les règles qui s'appliquent au marché mondial, soumis à un contrôle bien moins rigide que celui imposé, au niveau national, par les mécanismes des économies les plus développées et les plus stables, a fait observer le représentant. On ne peut plus échapper à la question de savoir
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comment résister aux jeux spéculatifs, qui, en un instant, peuvent déclencher des sorties massives de capitaux menant ainsi des pays entiers au bord de la faillite. C'est en fait la question de l'efficacité de l'ensemble du système financier mondial qui est posée, et notamment celle du rôle joué par tous les opérateurs, y compris les institutions financières internationales, les grandes banques à dimension multinationale, les compagnies d'investissement et les "clubs" d'investisseurs. C'est pourquoi, la Fédération de Russie soutient l'initiative lancée par le Président Clinton en vue de donner la préférence aux mesures préventives dans les stratégies du Fonds monétaire international.
L'économie russe n'a pas été épargnée par la crise financière, a poursuivi M. Lavrov, ajoutant que le pays a vu son produit intérieur brut (PIB) diminuer de 2,1% en l'espace de 8 mois. Il a expliqué que la crise actuelle ne pourra y être surmontée que grâce à un consensus national quant au besoin de mettre en commun les efforts de toutes les grandes forces politiques. Pour l'heure, le nouveau Gouvernement russe prend des mesures d'urgence, qui visent notamment la stabilisation du rouble, la prévention de la fuite illégale des capitaux, le rééchelonnement de la dette et la réforme du système fiscal. Tant en conservant la ligne stratégique du renforcement de l'économie de marché, le Gouvernement tient à mettre l'accent sur le secteur productif de l'économie et sur la dimension sociale des réformes et réaffirme son intention de satisfaire à ses obligations financières internes et externes et de restaurer un climat favorable aux investissements, notamment extérieurs. Cette crise nous amène à réfléchir sur la réforme macro-économique récente, guidée par les exigences des institutions financières internationales, a expliqué le représentant, estimant que la "thérapie de choc" n'est à l'évidence pas la panacée. Une approche à la fois plus équilibrée et plus pragmatique, permettant d'incorporer avec souplesse marché libre et mécanismes publics de régulation, est nécessaire. Il convient également de prendre davantage en compte les caractéristiques propres à chaque pays, y compris leur situation sociale et politique.
La crise russe permet également de prendre conscience de la fragilité des pays à économie en transition, qui ont besoin d'un soutien accru, en particulier de la part du système des Nations Unies dont il n'a toujours pas été pleinement tiré profit. C'est pourquoi, il est important de poursuivre la mise en oeuvre des recommandations relatives à la réforme du secteur socio-économique de l'Organisation. Il faudrait notamment garantir une meilleure utilisation des commissions régionales, a estimé M. Lavrov. Ce processus de réforme doit tirer les enseignements des effets néfastes de la mondialisation et des conséquences de la crise financière. Il devrait notamment faire en sorte que l'Organisation soit impliquée de manière plus active dans l'élaboration des décisions concernant les problèmes de l'économie et des finances mondiales, a-t-il suggéré en conclusion.
M. MEHDI DANESH-YAZDI (Iran) a souligné la vulnérabilité des pays en développement dans le processus de mondialisation. Si le double processus de mondialisation et de libéralisation a accru les potentialités d'échange et de coopération internationale, les pays les moins avancés ne sont pas parvenus à
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tirer parti de ces avantages. Les inégalités se creusent et le fossé entre les riches et les pauvres s'agrandit. Cette situation doit servir de point de départ à la réflexion à venir. Il faut renforcer la coopération internationale et faire en sorte que les avantages de la mondialisation soient ressentis par tous les acteurs de la scène internationale tout en limitant ses conséquences négatives. L'accès aux marchés - par l'élimination des barrières tarifaires, des mesures économiques coercitives et des législations qui ont une incidence sur d'autres- et le financement du développement semblent être les questions à régler à titre prioritaire.
La fréquence des crises financières souligne la faiblesse intrinsèque des marchés financiers. Il se trouve que dans le contexte de ces crises, les pays emprunteurs se voient dans l'obligation d'assumer tout le poids de l'ajustement économique et financier. De son côté, la dette extérieure continue d'assécher les ressources du développement. Si une initiative a été lancée pour les pays les plus endettés, les pays à faible et moyen revenu, qui souffrent des mêmes maux, ne bénéficient pas de la même attention. Ils ont pourtant besoin d'initiatives qui leur permettraient de consacrer davantage de ressources au développement. Dans ce contexte, la convocation d'une conférence sur le financement du développement est particulièrement nécessaire, d'autant plus que le déclin de l'aide publique au développement se poursuit et que la part du G-7 au développement est de 0,19% au lieu des 0,7% du PNB préconisé.
L'examen triennal des activités opérationnelles des Nations Unies devrait permettre de renforcer le rôle de l'ONU dans les activités de développement. L'Iran déplore le manque de ressources de base dont ont besoin ces activités. Les réformes entreprises par les fonds et programmes des Nations Unies n'ont malheureusement pas entraîné une augmentation des ressources.
M. AL-DHANHANI (Emirats arabes unis) a indiqué que les écarts économiques et sociaux entre les pays en développement et les pays développés se sont accrus. Les pays en développement ont notamment souffert du poids énorme de la dette, des barrières tarifaires et des difficultés d'accès aux marchés des pays développés. Les pays développés doivent apporter leur soutien aux pays en développement en consolidant l'APD, en annulant la dette, en favorisant l'ouverture aux marchés, en augmentant les investissements étrangers et en aidant à leur l'intégration dans le commerce mondial.
Il est indispensable que soit créé un climat propice à la mise en application des programmes qui visent à supprimer les problèmes économiques et sociaux. Le représentant espère que l'accord, signé aux Etats-Unis l'année dernière, qui envisage d'alléger le fardeau de la dette sera réellement appliqué et qu'une annulation de la dette sera même envisagée. Dans ce domaine, la Banque mondial et le FMI ont un rôle décisif à jouer. Les Emirats Arabes Unis appuient tous les efforts en cours pour renforcer le rôle des Nations Unies et ses activités. La place des pays en développement dans l'organisation des Nations Unies devrait être plus importante.
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L'Etat des Emirats arabes unis, qui applique une politique sage d'ouverture aux marchés du monde et sont favorables à l'élimination de toutes barrières tarifaires, tient à assumer sa responsabilité en matière d'APD vers les pays qui en ont besoin. Le représentant a souligné l'inquiétude de sa délégation au regard l'égard de la situation au Moyen Orient, et notamment en ce qui concerne l'occupation israélienne illégale des territoires palestiniens. La violation, l'exploitation et l'acquisition de biens d'autrui va à l'encontre des principes fondamentaux sur lesquels est fondée l'Organisation des Nations Unies. Aussi, le représentant fait-il appel à l'Organisation pour qu'elle fasse pression sur les autorités israéliennes.
M. VLADIMIR SOTIROV (Bulgarie) a déclaré que la nécessité d'assurer une stabilité financière a conduit le nouveau gouvernement, élu en avril 1997, à créer un "conseil de la monnaie" chargé d'imposer une discipline totale sur le plan monétaire et d'imprimer un caractère anti-inflationniste à l'économie pour jeter les bases d'une croissance à long terme. Les résultats ont été encourageants et la confiance dans la monnaie s'est maintenue en dépit de l'influence négative des crises de la Fédération de Russie et des pays d'Asie de l'Est. Après la création de "conseil de la monnaie", les taux d'intérêt ont baissé et atteint des niveaux qui semblaient encore inaccessibles au début de l'année dernière. Les taux d'inflation ont suivi la même tendance. La Bulgarie espère que sa stabilisation financière, ses réformes structurelles de l'économie, sa stricte adhésion aux restrictions budgétaires et la confiance recouvrée des institutions financières internationales attireront l'attention des investisseurs. Récemment, le Conseil des Directeurs du FMI a décidé d'apporter un appui financier au programme triennal de réformes structurelles de la Bulgarie.
La Bulgarie attire l'attention de la Commission sur les conséquences néfastes des sanctions imposées par les Nations Unies sur les pays tiers. Le pays continue d'enregistrer des pertes économiques considérables du fait des sanctions imposées à l'Iraq, à la Libye et surtout à la République fédérale de Yougoslavie. Il faut dire que les pertes enregistrées par la Bulgarie correspondent au montant de sa dette extérieure. Il est important d'étudier des mesures pratiques et nouvelles pour l'assistance aux pays tiers affectés, y compris des mesures d'aide économique et des formes alternatives d'assistance non financières.
M. AHMED AMAZIANE (Maroc) a déclaré que la crise de l'économie mondiale a mis en lumière la nécessité d'associer les pays en développement aux mécanismes internationaux de décision dans les domaines économique et financier, le renforcement de la surveillance internationale des politiques macro-économiques des pays développés, la résolution de la crise et de la dette extérieure, et la réglementation du mouvement des capitaux privés spéculatifs. Les pays en développement ont toujours souligné la nécessité de concevoir des mécanismes incitatifs à même d'imprimer un peu d'équilibre et de stabilité aux flux de capitaux privés. Le représentant a regretté que l'aide publique au développement ne représente plus que 0,22 du PNB.
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Malgré les efforts inlassables de ses pays, le continent africain continue de ployer sous le fardeau des conflits, de la dette extérieure et de la pauvreté, accentuant davantage sa marginalisation sur la scène internationale. Ainsi, l'Afrique ne connaîtra qu'un taux de croissance de 3,7 % en 1998 alors que l'objectif de croissance fixé par l'ONU pour renverser la tendance à la marginalisation du continent est de 6 %. La dette des pays africains représente 256 milliards de dollars dont 64 milliards sont constitués d'arriérés. Il est temps pour la communauté internationale de se pencher sérieusement sur les problèmes de notre continent en l'aidant à rétablir la paix, la sécurité et la solvabilité qui sont des conditions préalables pour que les pays africains reprennent le chemin de croissance économique.
Le représentant a évoqué l'examen triennal des activités opérationnelles de développement des Nations Unies qui doit avoir lieu cette année. Nous réaffirmons à cette occasion notre attachement aux principes de neutralité, de gratuité et d'universalité. Le représentant a exprimé sa préoccupation devant l'amenuisement des ressources financières de base fournies aux organes des Nations Unies.
M. SHUKRI AL-QAISI (Bahreïn) a déclaré que la fin d'une ère ne veut pas dire la fin de toutes les crises. Le représentant a préconisé l'adoption d'une attitude novatrice pour aborder cette nouvelle ère. Le Bahreïn a toujours accordé une grande priorité à un développement économique et social équitable dans les domaines de l'emploi et de l'éducation notamment. Le rapport du PNUD de cette année a montré que le Barheïn tient toujours la première place au monde dans ces domaines.
Le représentant a indiqué que les progrès en matière de développement doivent aller de pair avec une diversification accrue des produits d'exportation afin qu'un pays comme le sien cesse de dépendre exclusivement du pétrole. Dans cette optique, Barheïn a mis tout en oeuvre pour créer un climat favorable aux investissements. Le représentant a plaidé pour un dialogue soutenu seul capable de favoriser la coopération au niveau international. Les Nations Unies peuvent à cet égard jouer un rôle décisif. Tous les pays du monde ont une responsabilité pour que soient assurées à, l'échelle mondiale, la sécurité, la stabilité et la prospérité.
M. D. GANHUYAG (Directeur du Département des organisations internationales du Ministère des relations extérieures de la Mongolie) a déclaré qu'à la lumière des grands changements intervenus dans les domaines économique et politique dans le monde, la coopération Sud-Sud subit des transformations majeures. Bien que certains pays en développement aient été capables de définir les avantages des circonstances mondiales changeantes, le déclin économique dans beaucoup de pays en développement a rendu cette coopération difficile. La Mongolie se réjouit de la tenue de la réunion commémorative du 20ème anniversaire de l'adoption du Plan d'action de Buenos Aires sur la coopération technique entre pays en développement qui a eu lieu hier.
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Cet événement, non seulement permet de célébrer les réussites de cette coopération, mais fournit également une opportunité d'en analyser les conditions.
Le problème de la dette extérieure chronique de la majorité des pays en développement est un obstacle sérieux au développement. Des mesures de soulagement de la dette, comme celles du Club de Paris et l'Initiative en faveur des pays pauvres lourdement endettés, prise par le FMI et la Banque mondiale, ne répondent pas vraiment au problème. Par conséquent, la Mongolie souhaite mettre l'accent sur la nécessité d'actions plus profondes, qui inclueraient à la fois l'annulation de la dette des pays en développement, et un consensus international sur les stratégies de réduction de la dette extérieure de certains de ces pays. Une attention accrue devrait être portée à la situation sérieuse que connaissent les pays en développement enclavés, qui font face à des obstacles et des difficultés énormes dans leurs efforts de développement. La communauté internationale devrait les aider à résoudre la question des coûts de transports extrêmement prohibitifs, dans le cadre des recommandations de l'Agenda pour le développement. La Mongolie réitère son engagement envers les échanges commerciaux libres, l'accessibilité des marchés et le développement durable. Nous soutenons la revitalisation du rôle des Nations Unies dans les domaines économique et social; dans celui de la création d'un mécanisme efficace de coopération internationale pour le développement; et dans ses efforts en vue de la convocation d'une conférence internationale sur le financement du développement. La Mongolie souhaite exprimer son inquiétude face à l'augmentation des catastrophes naturelles et aux changements du climat de la planète; elle appelle tous les Etats à respecter les obligations prises dans le cadre de la Convention sur les changements climatiques et des autres accords multilatéraux liés à la protection de l'environnement.
M. ALFONSO VALDIVIESO (Colombie) a estimé que les effets de la crise financière économique et financière actuelle ont montré l'urgence qu'il y a à revoir le système de gestion de l'économie mondiale. Il est évident que le rôle des institutions de Bretton Woods et de l'OMC doit être réexaminé. Il y a à peine quelques années, le débat portait sur l'absence d'épargne. Aujourd'hui, il s'agit plutôt de régler la question du volume énorme de capitaux qui circulent sans être utilisés à des fins productives. Face aux turbulences internationales, le financement du développement rencontre lui aussi des obstacles. L'aide publique au développement continue de diminuer de manière inquiétante. Dans ce contexte, il faut souligner que les investissements sont importants mais qu'ils ne remplaceront jamais les ressources de la coopération internationale. La dette extérieure demeure, quant à elle, un problème préoccupant. Il est urgent de résoudre ce problème au risque de voir les ressources du développement devenir insuffisantes. Il faut espérer en cela que les travaux du Groupe de travail sur le financement du développement apporteront des directives claires sur la voie à suivre.
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Les activités opérationnelles de développement des Nations Unies nécessitent un financement et une meilleure coordination entre les fonds et programmes de l'ONU et la Banque mondiale. Ces deux ingrédients sont indispensables à la mise en oeuvre des recommandations des conférences internationales. Le mécanisme du microcrédit, qui peut améliorer le niveau de production des petites et moyennes entreprises, doit s'élargir et faire partie intégrante des activités d'assistance des Nations Unies. En matière de commerce international, la Colombie juge important d'insister sur la transparence et sur une meilleure coordination entre l'OMC et la CNUCED. Aussi faut-il renforcer les mécanismes visant à favoriser l'exportation de produits des pays en développement, par l'élimination des obstacles tarifaires et autres pratiques discriminatoires.
M. DRAHOSLAV STEFANEK (Slovaquie) a rappelé que nous célébrons, cette année, le 50e anniversaire de l'Accord général sur les tarifs douaniers et le commerce (GATT), dont la Slovaquie fut l'un des membres fondateurs. Le système commercial slovaque se distingue par son ouverture et ses tarifs très compétitifs. La Slovaquie attache une grande importance à la coopération régionale. En matière de politique étrangère, l'intégration à l'Union européenne reste l'une de ses priorités. La Slovaquie souhaite également ardemment faire partie de l'Organisation pour le développement et la coopération économiques. Le représentant a insisté sur l'importance d'améliorer la coopération non seulement au sein du système des Nations unies mais aussi entre les Nations Unies et les institutions financières et commerciales internationales.
La Slovaquie entend intensifier sa participation aux programmes de développement des agences spécialisées des Nations Unies telles que le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) et l'Organisation des Nations Unies pour le développement industriel (ONUDI), afin d'apporter une aide plus efficace aux pays en développement. Les programmes du PNUD se sont avérés être des outils particulièrement efficaces pour les économies de transition. La Slovaquie a contribué à promouvoir ces programmes grâce à son centre régional de Bratislava, qui supervise des programmes régionaux dans 30 pays d'Europe centrale, d'Europe de l'Est et d'Asie centrale. La Slovaquie est prête a participer à d'autres programmes d'agences spécialisées des Nations Unies. A titre de conclusion, le représentant a donné les chiffres clefs de l'économie slovaque pour l'année 1997: produit intérieur brut en hausse de 6,5%, taux d'inflation de 6,1%, taux de chômage de 11,9%, investissements étrangers en hausse de 16%. Des chiffres qui montrent, selon le représentant, que l'objectif du Gouvernement slovaque reste la croissance et le renforcement de l'économie, en vue de l'intégration de la Slovaquie à l'Union européenne.
M. V. RESHETNYAK (Ukraine) a indiqué qu'il partage l'opinion du Secrétaire général selon laquelle l'un des plus graves problèmes auxquels le monde doit faire face actuellement est la mondialisation. Jusqu'à présent, celle-ci a généralement eu des effets positifs. Mais, désormais, il est indispensable de prendre des mesures pour minimiser ses impacts négatifs,
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grâce à la mise en oeuvre de politiques efficaces dans les domaines économique, financier et social. L'impact économique et social de la mondialisation doit se situer au centre des débats, car l'ONU est l'organisation la mieux placée pour trouver des solutions à ce problème.
Dans le cadre des réformes du système des Nations Unies, la délégation de l'Ukraine est favorable à la création d'un Conseil économique et social de l'ONU, qui permettrait de trouver des solutions aux problèmes économiques et financiers du monde. L'ONU devrait également participer au débat sur la mise en place d'une architecture financière nouvelle. Le moment est en effet venu de cibler le débat sur cette question, afin de mieux contrôler les flux financiers imprévisibles. Une chose est claire : nous avons besoin d'une nouvelle stratégie économique et financière qui profiterait à l'ensemble de la Communauté internationale.
D'autre part, la délégation de l'Ukraine est convaincue que l'ONU devrait davantage prendre en compte les pays émergents, dont son pays fait partie, afin de favoriser leur intégration dans l'économie mondiale. Une stratégie appropriée devrait être définie pour renforcer la solidarité entre les pays en transition. Cette stratégie devrait aller dans le sens de réformes économiques en douceur et d'échanges d'expériences entre les pays. Parmi les difficultés qui freinent les efforts de stabilisation économique et sociale en Ukraine, on compte le problème des peuples qui ont été déportés et qui reviennent en ce moment en Ukraine. L'Ukraine doit également faire face au problème de l'élimination des conséquences de la catastrophe de Tchernobyl.
La coopération économique régionale fait partie des relations économiques internationales et devrait être basée sur la non-discrimination, une compétition équitable et un partenariat sincère pour le plus grand bénéfice de tous. Dans cette optique, l'Ukraine attend beaucoup de ses liens avec l'Union européenne. Les efforts entrepris dans le cadre de la coopération économique de la mer Noire sont également d'une grande importance pour les Etats qui en font partie. Le représentant a répété que l'Ukraine assume entièrement ses responsabilités en matière d'environnement et qu'elle voit des changements positifs dans l'attitude de la population en la matière.
M. GABRIEL SAM AKUNWAFOR (Nigéria) a déclaré que la mondialisation de l'économie est loin d'être le seul sujet digne d'attention. A l'aube du troisième millénaire, la question de la dette extérieure des pays en développement est devenue, de façon aiguë, plus un problème de survie qu'un problème de surendettement ou de simple respect des obligations du service de la dette. La survie des pays affectés a attiré l'attention de l'Assemblée générale lors de sa 49ème session, qui avait adopté, sans vote, la résolution 49/94 sur la nécessité d'une coopération internationale accentuée en vue d'une solution durable au problème de la dette extérieure des pays en développement. Quatre ans après cette résolution, et après la mise en oeuvre de programmes d'ajustement structurel, la question du poids de la dette sur les pays en
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développement, surtout ceux à revenu moyen et ceux les moins développés, les a empêchés de mener à bien les programmes de réduction de la pauvreté qui auraient aidé leur croissance économique et leur développement durable. Ces pays sont restés enfermés dans le cercle vicieux de la dette qui leur bouche les perspectives du prochain siècle. C'est pourquoi, il faut que les pays créditeurs et les institutions financières internationales multilatérales poursuivent non seulement leur assistance financière concessionnelle aux pays à revenu moyen et aux moins développés, mais envisagent aussi des mesures d'annulation pure et simple de la dette envers les pays les plus endettés, notamment en Afrique.
Il est étrange que sur le plan de la libéralisation et de la mondialisation de l'économie, ce qui retienne aujourd'hui le plus l'attention ne soit pas les bénéfices engendrés par ces processus, mais plutôt le besoin urgent de trouver et d'appliquer des remèdes à leurs conséquences négatives, dans l'espoir qu'elles ne se répandent pas à travers le monde. Le Nigéria reconnaît le rôle crucial de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement, et l'utilité de l'Organisation mondiale du commerce. Mais cette dernière, qui a rapidement agi pour ouvrir les marchés internationaux dans les secteurs dominés par les pays industrialisés, a par contre, fait très peu en ce qui concerne l'ouverture des marchés aux produits et aux services dans lesquelles sont spécialisés les pays en développement. Le Nigéria souhaite un système qui facilite l'accès aux marchés aux exportations de tous les pays; nous aimerions voir un système juste, transparent et efficace, qui n'impose pas la volonté d'un Etat Membre aux autres Etats par le moyen de l'introduction de questions non liées au commerce dans les programmes. Nous voulons un système multilatéral et non unilatéral, à la fois dans les prises de décisions et dans la mise en oeuvre des résolutions agréées en commun.
M. DAVID PRENDERGAST (Jamaïque) a déclaré que les pays des Caraïbes reconnaissent l'importance du processus de mondialisation mais demeurent préoccupés par la tendance de plus en plus prononcée au protectionnisme, qui affecte l'accès aux marchés des marchandises et des services. L'accès aux marchés constitue l'un des éléments fondamentaux du commerce international. Il est crucial pour le développement des petites économies dont la vulnérabilité est aggravée par la limitation de l'accès aux marchés, une base de ressources restreinte, un niveau inadéquat du développement des ressources humaines et des risques de catastrophes naturelles. Récemment l'ouragan Georges a causé des dommages considérables dans la région des Caraïbes pour l'économie des pays de la région entraînant des conséquences négatives pour le bien-être social. Les effets délétères de la mondialisation dépassent de loin ses avantages économiques. La Jamaïque souhaite que soit promue avant tout une mondialisation à visage humain et qui soit socialement responsable. A cet égard, le représentant a préconisé le renforcement de la coopération internationale dans les domaines du commerce, de l'accès aux marchés et aux ressources financières, et d'encourager une meilleure répartition du flux des capitaux. Il faut aussi encourager une mondialisation fondée sur des normes universellement acceptées, garantissant la protection de l'individu.
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Le représentant a également suggéré le développement des ressources humaines grâce à l'éducation et la suppression des inégalités en matière d'accès à l'information et à la technologie de l'information; l'examen approfondi de l'architecture des institutions financières internationales; la garantie d'une plus grande souplesse de la mise en oeuvre des politiques adoptées par ces institutions financières internationales et la mise à niveau des appuis technique et financier afin de permettre aux pays de s'adapter à la situation mondiale actuelle. La délégation jamaïquaine estime qu'il faudrait préserver l'aide publique au développement, dans la mesure où de nombreux pays continuent de dépendre de ce moyen d'assistance. Dans les délibérations futures, il faudrait insister notamment sur le rôle fondamental de l'aide publique au développement dans le processus de développement; la coopération financière internationale; la mobilisation des ressources nationales pour le développement et celle des capitaux privés internationaux et des investissements directs étrangers.
M. KIM CHANG GUK (République populaire démocratique de Corée) a déclaré que la mondialisation et la libéralisation ont déçu toutes les attentes puisque leurs effets sont aujourd'hui, pour de nombreux pays, à l'origine des grands défis socio-économiques à relever. Il y a à peine un an, la plupart des membres de la Commission ont souligné que la pauvreté et le processus de marginalisation des pays en développement s'étaient accélérés, au cours des dernières années, du fait des effets néfastes de la mondialisation. Ils ont appelé à l'adoption de mesures de rééquilibrage et au renforcement de la coopération internationale. Aucune mesure satisfaisante n'a été prise jusqu'ici. Il faut également déplorer que la philosophie de la guerre froide continue de régir les relations économiques internationales. Les sanctions économiques, vestiges du clivage Est-Ouest, incitent à la confrontation, compromettent le développement économique en même temps qu'elles affectent les relations économiques internationales. Il faut dire que les programmes d'action et les engagements des conférences internationales n'ont toujours pas été traduites en actions concrètes, que l'aide publique au développement continue de baisser et que la possibilité de collecter des ressources nouvelles et additionnelles aux fins du développement n'a toujours pas été explorée.
Il devient donc urgent d'instaurer de nouvelles relations économiques internationales équitables fondées sur un véritable partenariat, une coopération renforcée et sur la reconnaissance que chaque pays a le droit de conduire son économie dans une direction conforme à ses besoins spécifiques. La pleine participation des pays en développement au processus de prise de décisions économiques, au niveau international, doit également être encouragée. Il revient aux Nations Unies d'établir des relations de coopération étroite et de coordination avec les institutions financières internationales tout en renforçant leur rôle dans le domaine de la coopération internationale au développement. Il faut garder à l'esprit qu'il n'existe pas de modèles ou d'approches uniques dans le domaine du développement économique, les conditions et niveaux de développement différant d'un pays à l'autre.
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Des efforts conjoints doivent être déployés pour établir un nouvel ordre économique Sud-Sud fondé sur l'égalité et l'intérêt commun, et ce, par l'élargissement et le développement de la coopération Sud-Sud.
M. ISSOUF OUMAR MAIGA (Mali) a souligné que la mondialisation constitue un phénomène inévitable qui présente un certain nombre d'avantages, mais aussi des risques de marginalisation des pays les plus pauvres. Comme l'a souligné le Président du Mali, notre monde actuel est de plus en plus complexe et dominé par la conception occidentale de la démocratie, par la domination des plus forts, le règne du marché et la prééminence des médias. La délégation du Mali plaide pour une APD accrue, en faveur des plus pauvres qui bénéficient peu des effets positifs des réformes économiques conduites avec tant de sacrifices pour lutter contre la pauvreté, c'est-à-dire, concrètement, plus d'eau potable, plus de sources d'énergie, plus d'écoles, plus de centres de santé, plus de caisses d'épargne et de micro-crédits et davantage de moyens d'échange et d'expression.
Le développement est un processus complexe et continu d'actions, de réformes et d'apprentissage social et non un simple transfert monétaire ou la mise en oeuvre de programmes et projets souvent inadaptés à l'environnement socio-économique. La délégation du Mali lance un appel aux partenaires publics et privés au développement afin qu'ils se dotent d'une culture de coopération plus apte à répondre aux nouvelles exigences en matière de développement telles que définies dans les Programmes d'action adoptés par les conférences internationales. Les pays en développement auront encore longtemps besoin de la coopération économique et financière internationale. C'est pourquoi, il convient d'orienter et de coordonner les activités des différentes organisations financières internationales dans le but d'améliorer les conditions d'intégration des pays les moins avancés dans l'économie mondiale. Dans cette optique, la délégation du Mali soutient l'idée du Secrétaire général d'un compte pour le développement et adhère à l'idée du resserrement des liens entre les institutions internationales qui s'occupent du développement afin de contribuer à l'émergence d'une solidarité nouvelle.
M. ELDAR KOULIEV (Azerbaïdjan) a estimé qu'aujourd'hui la question est de savoir comment assurer une croissance durable et éviter l'émergence de nouvelles crises dans le contexte de la mondialisation. Si les avantages de cette mondialisation ne peuvent être remis en question, il faut souligner que ce processus nécessite des mécanismes de contrôle aux niveaux intérieur, régional et international. Jusqu'ici, les institutions financières internationales se sont avérées incapables de régler ce problème. Il faut tout mettre en oeuvre pour juguler ces crises qui touchent particulièrement les pays en développement et les pays à économie transition. L'ONU a un rôle important à jouer dans ce contexte. Après l'effondrement de l'Union soviétique, espace à économie intégrée, l'Azerbaïdjan a vu son PIB réel baisser de 60%, baisse qui s'est s'accompagnée d'une inflation galopante et d'une détérioration alarmante de tous les indicateurs socio-économiques.
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Depuis 1995, le Gouvernement a mis en place un programme de stabilisation de l'économie par l'adoption de réformes structurelles. Ces réformes ont fait chuter le taux d'inflation à 0% et assurer la croissance du PIB qui a atteint 5,75% en 1997. Ces mesures ont l'avantage d'attirer les investissements directs étrangers qui se chiffrent aujourd'hui à 1 milliard de dollars. A cet égard, l'Azerbaïdjan souhaite que les investisseurs ne se dirigent pas seulement vers l'industrie du pétrole au détriment des autres domaines économiques.
Dans une situation de détérioration de la conjoncture économique mondiale et devant le manque de maturité de certaines économies, il est urgent de renforcer la coopération régionale en tant qu'instrument de lutte contre les crises économiques. Ainsi en Azerbaïdjan, un plan d'intégration sur les marchés internationaux a été mis à l'étude. La conception d'un corridor Est- Ouest et le développement du lien Europe-Caucase-Asie est en bonne voie. Les 7 et 8 septembre 1998, le pays a été l'hôte d'une conférence internationale visant à recréer la route historique de la soie. 32 pays et 13 organisations internationales ont participé à cette conférence qui a abouti à la signature d'un accord multilatéral sur le transport international dans le couloir Europe-Caucase-Asie. Cette initiative permettra de développer les liens entre les différents pays membres et de rapprocher les économies européennes et asiatiques.
M. MOWAFAK AYOUB (Iraq) a indiqué que les turbulences sur les marchés financiers et les crises proviennent des difficultés imposées par la mondialiation. La marginalisation de la majorité des pays impose une plus grande solidarité au niveau international. Les barrières économiques sont érigées de manière délibérée par les pays développés. Il faut les éliminer et trouver des solutions réelles pour mettre un terme à la détérioration de la situation économique.
La délégation iraquienne s'oppose au recours aux sanctions contre les pays en développement, que ce soient des sanctions unilatérales ou par le biais du Conseil de sécurité. L'Iraq est sous le joug de sanctions d'une sévérité sans précédant qui ont entraîné une paralysie complète des domaines de l'éducation et de la santé, ce qui a engendré une paralysie des domaines politiques et sociaux. Comme le montrent les enquêtes menées par les Nations Unies et par des experts iraquiens, près d'un million d'Iraquiens sont morts à la suite de ces mesures. Le dernier rapport de l'UNICEF a indiqué que les enquêtes menées entre 1991 et 1997 en matière de nutrition montrent que les cas de malnutrition aigüe sont passés de 3 à 11% et que la croissance des enfants a été stoppée, que le rapport indique qu'en 1990 l'Iraq a fourni l'éduction de base à tous ses jeunes. En 1996, 68% seulement des enfants de six ans ont été scolarisés, avec des variations entre les zones rurales et les zones urbaines.
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Il faut se demander quel est le rôle de l'ONU dans cette situation. A cause du chantage et des pressions américaines, le Conseil de sécurité n'a pas abordé ces problèmes, malgré les rapports produits par des organes des Nations Unies. Le programme pétrole contre aliments est, quant à lui, largement insuffisant car il ne constitue qu'un apport de 25 centimes par jour aux Iraquiens. Des mesures doivent être prises pour que l'Iraq ne devienne pas un camp de réfugiés. Les membres du Conseil de sécurité doivent lever les sanctions imposées à l'Iraq depuis 8 ans. Il est insupportable que deux membres puissants tiennent en otage le reste des membres de l'ONU. Ces deux membres, par leur pratique, offensent les principes mêmes de l'ONU. L'absence de normes dans les relations internationales a été utilisée par les Etats-Unis qui ont pratiqué une politique de dogmatisme basée sur leurs intérêts égoïstes.
M. SANDI YACOUBA (Niger) a déclaré que l'éradication de la pauvreté est un objectif auquel le Niger souscrit pleinement. Déterminé à relever ce défi, le pays a soumis un programme de lutte contre la pauvreté à la communauté des bailleurs de fonds réunie au mois de mars à Genève. Ce programme a été approuvé. Mais au cours des derniers mois, notamment, depuis le mois de juillet, des calamités naturelles, en l'occurrence des pluies diluviennes, ont frappé le Niger, causant des pertes en vies humaines dans plusieurs localités, décimant le bétail, et infligeant des dégâts considérables aux infrastructures, routières, aux habitations et aux superficies agricoles. Pour faire face à la situation d'aide d'urgence dans laquelle vivent les populations, le Gouvernement du Niger a lancé un appel à la communauté internationale pour mobiliser les ressources nécessaires. Les populations ont besoin de façon urgente de médicaments, de tentes, de couvertures, de produits alimentaires et d'intrants agricoles.
Sur le plan économique, le Niger estime que la mondialisation peut constituer une chance pour les pays en développement si les pays développés acceptent la nécessaire solidarité et la communauté de destin qu'implique l'interdépendance des économies. La tendance de l'élargissement de l'écart des richesses entre les pays riches et les pays pauvres devrait être inversée. La plupart des pays en développement, dont le Niger, mènent de front des programmes d'ajustement structurel et de réformes économiques, qui entraînent des coûts sociaux élevés pour les populations les plus vulnérables, en même temps qu'ils implantent des processus de démocratisation et de bonne gouvernance. Ils font, de ce fait, face à des mouvements de revendication sociale qui, autrefois, étaient contenus par la contrainte ou la peur de la répression. La misère et la démocratie cohabitant difficilement, la démocratie et les réformes en cours ne peuvent être soutenues que par l'augmentation du volume des financements pour le développement. Or, l'investissement privé se fait attendre, alors que l'aide au développement, elle, est tombée à son niveau le plus bas, l'objectif des 0,7% du PNB des pays industrialisés fixé il y deux décennies ressemblant désormais à un mirage. La question de la dette, handicap certain pour les économies des pays en développement, devrait être réglée. Bien que le Niger soutienne l'Initiative
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en faveur de pays pauvres lourdement endettés, nous pensons aussi que les conditions restrictives de sa mise en oeuvre sont à déplorer. Le Niger, enfin, rappelle que la désertification reste une menace à ses efforts de développement durable. Par conséquent, il attache du prix à la mise en oeuvre de la Convention sur la désertification, et espère que le prochain Sommet des Parties contractantes au mois de décembre à Dakar, marquera une étape décisive.
M. DANIEL D.C. DON NANJIRA, Organisation météorologique mondiale (OMM), a alerté la Commission sur l'état alarmant de l'environnement en indiquant que la détérioration de la couche d'ozone a atteint des niveaux alarmants puisque l'espace abîmé correspond aujourd'hui à deux et demie la superficie de l'Europe. L'OMM, a-t-il dit, continuera de faciliter aux pays l'accès aux données et prévisions météorologiques; de surveiller et de prévoir les phénomènes climatiques comme l'ouragan Georges; de servir de guide aux systèmes météorologiques et hydrologiques nationaux et de les aider à développer des services météorologiques publics. L'OMM juge également essentiel de conclure des accords bilatéraux et régionaux pour renforcer les mécanismes encore faibles de contrôle, de prévision et des services météorologiques. Les plans à moyen terme (1998-2003) et à long terme (1996- 2005) de l'OMM prévoient notamment une contribution aux sciences météorologiques et hydrologiques pour renforcer les capacités nationales et oeuvrer au développement durable conformément aux recommandations d'Action 21, au Plan d'action de la Barbade et aux principales conférences des Nations Unies.
M. YORAM ELRON (Israël) s'est déclaré profondément préoccupé notamment, par les questions de la pauvreté, de la désertification et de la déforestation. Mon gouvernement a décidé d'axer sa contribution pour renforcer la production alimentaire et pour développer les communautés fondées sur l'agriculture. M. Elron s'est déclaré convaincu qu'une approche intégrée et centrée sur les ressources humaines pourra jeter les bases d'un véritable développement durable. Cette approche est mise en oeuvre par le Centre israélien pour la coopération internationale (MASHAV). Ce programme vise à transformer l'expérience et le savoir-faire en ressources tangibles, en formant de manière rigoureuse et globale des personnes du monde entier pour assurer de manière efficace le développement de leur pays. Environ 70 000 hommes et femmes ont été formés par le MASHAV au cours des 40 dernières années, originaires d'Afrique, d'Asie, d'Amérique latine et du Moyen-Orient. Par ces efforts, Israël place la priorité sur l'agriculture et le développement rural, car il est convaincu que le développement est indispensable dans les communautés les moins privilégiées des zones rurales. Cela reflète l'idée que le développement et l'intégration des ressources, associés aux innovations technologiques et au transfert du savoir faire, conduisent à la croissance économique.
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Des décideurs de nombreux pays s'inspirent de l'expérience d'Israël. Cette expertise peut contribuer à améliorer la production dans les région où les ressources en eau sont maigres. A cette fin, Israël a pris une autre initiative, notamment oeuvrer avec d'autres pays pour développer des zones de "marge désertique". Israël a contribué à produire de nouvelles technologies destinées en particulier à s'appliquer à un climat désertique, allant des méthodes d'irrigation modifiées aux systèmes de production d'énergie. La coopération est essentielle pour réaliser les objectifs universels. Il est important d'indiquer que ces programmes de formation ont bénéficié de l'aide financière de l'Agence américaine pour le développement international (USAID) et du ministère des affaires étrangères néerlandais. Le Danemark, la Norvège, d'autres organisations internationales ainsi que les Nations Unies jouent également un rôle très actif dans la mise en oeuvre de ces programmes. La coopération régionale est cruciale pour la réalisation de progrès économiques. Le programme de développement international d'Israël est conçu de façon à faire bénéficier les voisins arabes immédiats de l'expertise du pays. En 1997, sur 4 300 stagiaires étrangers, Israël a formé 1 200 personnes originaires de l'Autorité palestinienne et de pays du Moyen-Orient.
M. MATUTE (Pérou) a indiqué que la coopération solidaire doit être une réponse pour juguler la crise actuelle. Les pays en développement sont plus vulnérables que les pays développés à la situation actuelle. Aussi, faut-il mettre en place des mesures appropriées le plus rapidement possible. Pour réaliser un développement durable, il faut créer un système de commerce stable et transparent et favoriser le transfert de techniques et de ressources des pays développés vers les pays en développement. Le représentant a souligné les progrès importants qui ont été réalisés dans le domaine des échanges grâce à des accords régionaux qui entre autres, réexaminent les barrières tarifaires entre les pays. Il est impératif d'appliquer la transparence et une bonne gestion des affaires publiques. Pour assurer la stabilité au niveau international, il faut favoriser la coopération. La réticence des pays industriels à accorder des ressources aux pays pauvres préoccupe particulièrement la délégation du Pérou. Toutefois, en matière de dette extérieure, le représentant a noté un intérêt des pays créanciers pour améliorer les conditions de remboursement de la dette.
Le Pérou a pris l'engagement d'avancer dans le sens d'un développement durable, permettant l'élimination de la pauvreté. La coopération dans ce domaine doit être soutenue. Il faudrait renforcer le rôle des Nations Unies et d'assurer la permanence des ressources destinées au développement. Le représentant encourage les pays à accroître leurs efforts.
M. LUIS JOSE GONZALEZ (Paraguay) a souligné que les questions économiques et financières ont une importance essentielle dans l'élaboration des programmes nationaux et multilatéraux. La mondialisation et la libéralisation, bien que porteuses d'un avenir meilleur, sont susceptibles d'avoir un effet dévastateur sur les pays qui n'ont pas encore atteint le niveau de développement requis. Le Paraguay a atteint une croissance de 4% qui ne permet pourtant pas d'atteindre de meilleurs niveaux de développement.
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Parmi les raisons, on peut citer la dégradation des prix des produits à l'exportation, le faible niveau d'investissements dans les secteurs productifs et la vulnérabilité aux catastrophes naturelles. Un programme de réformes structurelles est en cours qui vise à faire passer le pays du statut d'exportateur de produits agricoles à celui d'exportateur de produits à plus forte valeur ajoutée. La régionalisation de l'économie mondiale et la constitution de blocs commerciaux ont des incidences claires sur le développement de certains pays.
Grâce à la création du MERCOSUR en 1991, des résultats encourageants sur le plan économique ont été enregistrés qui sont aujourd'hui un motif de fierté pour tous les pays membres. En matière de commerce extérieur, il faut saluer les rôles vitaux de la CNUCED et de l'OMC qui ont contribué à la création d'un système multilatéral ouvert et non discriminatoire. Il est donc essentiel d'appliquer les Accords du Cycle de l'Uruguay en ce qui concerne les mesures agricoles, l'accès aux marchés et les différentes mesures protectionnistes. L'Uruguay appuie l'élimination des distorsions dans le domaine de l'exportation des produits agricoles et souligne que la coopération Sud-Sud demeure porteuse d'espoir d'autant qu'elle peut servir à revigorer le dialogue Nord-Sud.
M. PERCY METSING MANGOAELA (Lesotho) a souhaité mettre en relief les problèmes liés à l'environnement. Ce qui nous attend pour le nouveau millénaire, a indiqué le représentant, c'est un environnement détérioré, caractérisé, par exemple, par de plus en plus de pluies acides et la pollution de l'air et de l'eau. Il est indispensable de créer un environnement plus sain. A cet égard, le Sommet de Buenos Aires permettra de se pencher sérieusement sur les problèmes de changement climatique. Seul un partenariat avec la communauté internationale peut soutenir les efforts propres à chaque pays. Le Lesotho a des écosystèmes montagneux fragiles. La sécheresse et la désertification mettent constamment en péril son écosystème. Mais la pauvreté extrême du pays pousse le gouvernement a favorisé le développement social, parfois au détriment de l'environnement naturel.
Le segment de haut niveau de l'ECOSOC a publié un communiqué qui montre la préoccupation à l'égard de la marginalisation des pays les plus pauvres, liée à la mondialisation. Le dialogue de haut niveau était intéressant en ce qu'il a créé un partenariat entre les pays développés et les pays en développement, et qu'il a réaffirmé la nécessité d'une coopération internationale.
Le rapport du Secrétaire général sur les conflits en Afrique a souligné l'importance de l'abolition des barrières non tarifaires et la conversion des dettes bilatérales en dons, afin d'arrêter la marginalisation des pays les moins avancés. Pour ces pays, les grandes conférences de l'ONU ont été très importantes. Il faut également réaffirmer que les pays les moins avancés ont toujours besoin de ressources nouvelles. Pour un pays sans littoral et peu développé comme le Lesotho, qui dépend totalement de certains pays pour l'importation de quelques produits, les difficultés dues au manque de ressources internes ont été accentuées par la mondialisation.
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M. STAGG (Panama) s'est déclaré préoccupé par l'incertitude ambiante en matière économique et sociale et ce, à l'aube du nouveau millénaire. La crise financière actuelle et la détérioration continue de l'environnement sont des phénomènes qui ne cessent d'inquiéter. Le Panama accorde donc une grande importance au débat de la Commission. Il juge urgent de renforcer les liens entre les Nations Unies, les institutions de Bretton Woods et l'Organisation mondiale du commerce. Le Panama s'est fait fort de continuer d'appliquer les recommandations d'Action 21 qui a notamment conduit à la promulgation d'une loi générale de l'environnement stipulant les normes fondamentales pour la protection et la préservation de l'environnement. Un processus de participation collective a été lancé qui concerne l'aménagement du territoire et ce, afin de protéger la biosphère et le patrimoine de l'humanité qu'il constitue. Le Panama a également été à l'origine d'un couloir biologique méso-américain qui inclut toute la rive des Caraïbes. Au niveau mondial, le pays est signataire du Protocole de Kyoto et dans le cadre de la Convention sur les changements climatiques, il est en train d'effectuer un inventaire national des gaz à effet de serre. En ce qui concerne la Convention sur la désertification, le Panama est en train de procéder à une évaluation des changements infligés aux sols du fait de leur utilisation. Une stratégie de la biodiversité a également été lancée et un rapport de l'état des lieux en la matière est en cours de rédaction. La situation géographique de Panama constitue son atout économique majeur. L'existence du Canal, qui passera sous contrôle panaméen en 1999, en atteste.
M. ION BOTNARU (République de Moldova) a déclaré que les propositions présentées par le Secrétaire général seront bénéfiques pour les Nations Unies et les Etats Membres. La mondialisation a engendré des changements économiques et techniques et l'interdépendance accrue des économies a entraîné un déclin du prix des actifs et une baisse du niveau des capitaux qui circulent dans le monde. Les institutions de Bretton Woods peuvent apporter une réponse importante, de même que les organisations régionales. Les institutions financières internationales devraient, quant à elles, être mieux équipées pour résoudre ces problèmes.
Les Nations Unies doivent jouer un rôle clair pour relancer le développement. L'évolution dans les pays dont l'économie est en transition est la preuve qu'aux politiques mises en oeuvre s'associent des risques en matière économique. Il faut relancer l'examen des questions d'assistance internationale afin de relancer l'économie de ces pays. Le rôle des Nations Unies doit, à cet égard, être renouvelé en matière sociale et économique. Les réformes en République de Moldova ont coûté cher à la population. Cette année, enfin, la croissance économique s'établit à 1,1% et l'équilibre macro-économique a été atteint en 1997. Les efforts n'ont donc pas été vains. En outre, le Gouvernement s'est lancé, cette année, dans la privatisation de 5000 entreprises d'état.
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Le représentant a affirmé que la République de Moldova essaie de résoudre ses propres problèmes d'abord avec les pays voisins. Le pays a également établi des relations avec l'Union européenne et les pays d'Europe centrale et orientale. L'ONU doit favoriser la coopération internationale entre les pays ainsi qu'entre ses organisations et les institutions financières internationales. La République de Moldova est attachée à l'assistance des pays donateurs en matière d'investissements étrangers directs, assistance qui est le résultat de nombreuses années de négociation.
Mme LEA RAHOLINIRINA (Madagascar) a déclaré que la récession qui menace bon nombre de régions du monde a balayé les espoirs de croissance. Beaucoup d'obstacles entravent l'intégration des pays en développement et en particulier des pays les moins avancés pour ne citer que le fardeau de la dette et la persistance des barrières tarifaires et non tarifaires. Nous souhaitons l'élargissement des initiatives pour les pays pauvres les plus endettés à tous les pays les moins avancés et l'augmentation de l'assistance technique des différents organismes liés au commerce. La prolongation et le risque de généralisation de la crise actuelle requiert une réflexion plus profonde du concept de mondialisation et une vision plus réaliste de son application. La mondialisation, pour être un facteur de croissance, doit être assortie de mécanismes tenant compte des intérêts de tous et non de quelques- uns sur la base d'une gestion démocratique des relations économiques internationales. Les pays les moins avancés ressentent plus durement les impacts négatifs de la mondialisation et cette vulnérabilité est beaucoup plus accentuée pour les pays insulaires comme Madagascar.
Lors du dernier Sommet des pays non-alignés, Madagascar avait réitéré sa proposition sur la création de trois fonds qui sont le fonds monétaire ou financier, le fonds de développement économique et social et le fonds de stabilisation des cours de matières premières. Nous lançons un appel pour le renforcement de la coopération internationale aux fins du développement. La crise requiert une coopération fondée sur la répartition équitable des ressources et la globalisation des intérêts. Le transfert de technologies et du savoir-faire devra être une composante essentielle de cette coopération. L'objectif du développement humain qui sous-tend les activités opérationnelles des Nations Unies mérite d'être soutenu par un financement adéquat des programmes. A cet effet, l'augmentation des ressources pour assurer le caractère prévisible, neutre et multilatéral des activités opérationnelles de développement est souhaitable.
M. HUSSAM EDIN A'ALA (Syrie) les crises financières et économiques, survenues après l'effondrement des marchés financiers de l'Asie de l'Est et la forte baisse du cours du pétrole, ne cessent de préoccuper les instances nationales et internationales. Il ressort aujourd'hui que la mondialisation et la libéralisation exposent les pays en développement à de très grands dangers socio-économiques. L'accès aux techniques et aux marchés étant limité, les pays en développement n'ont été en mesure de tirer profit du contexte mondial, accentuant ainsi leur marginalisation. Il faut renforcer la coopération internationale pour trouver des solutions aux problèmes
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économiques et sociaux qui affligent le monde d'aujourd'hui. Il faut permettre aux Nations Unies de jouer un rôle accru en ce domaine en lançant un dialogue entre pays développés et pays en développement et avec les institutions financières mondiales. L'examen du financement du développement fournira l'occasion de discuter de l'importance de la question dans un esprit de partenariat et de coopération et en particulier dans un contexte de déclin de l'aide publique au développement. La Syrie est attachée à la diversification et à la promotion des investissements qui est aujourd'hui encouragée par le climat favorable que le gouvernement s'est employé à créer. Une grande zone de libre-échange arabe est en cours de création, dans un contexte difficile où la paix et la sécurité de la région se heurtent à l'obstination d'Isräel de continuer d'occuper des territoires et de rejeter le principe de la terre contre la paix.
M. FELIX MBAYU (Cameroun) a indiqué que la mondialisation a amplifié les risques de contagion en cas de crise. Il est indispensable de corriger les inégalités à l'intérieur des pays et entre les pays et d'éviter la marginalisation des pays en développement, en particulier, ceux d'Afrique. La situation de ces pays se voit en outre aggravée par le déclin de l'aide extérieure qui atteint aujourd'hui un niveau alarmant de 0,22 %. L'augmentation des investissements directs étrangers ne pourra jamais remplacer l'APD ni compenser son déclin. En 1997, la totalité des pays sub- sahariens n'ont reçu que 3 milliards de dollars d'investissements étrangers. Il est donc important au niveau national de concevoir des politiques macro et micro-économiques pour accélérer la croissance économique, de poursuivre des programmes d'ajustement structurel, d'accroître l'accès aux ressources productives en donnant la priorité au secteur informel et au micro-crédit, et de promouvoir une politique d'égalité entre les sexes.
Au niveau international, il faudrait créer un environnement favorable, en améliorant les échanges commerciaux, en réduisant la dette extérieure et en assurant le transfert des technologies. De même, la capacité des principales organisations multilatérales de gérer et de répondre aux crises économiques doit être renforcée. Il est également important de renforcer l'intégration régionale et la coopération Sud-Sud.
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