LA DEUXIEME COMMISSION APPELLE A LA CREATION D'UNE NOUVELLE ARCHITECTURE ECONOMIQUE ET FINANCIERE FONDEE SUR L'EGALITE ENTRE TOUS LES ACTEURS
Communiqué de Presse
AG/EF/216
LA DEUXIEME COMMISSION APPELLE A LA CREATION D'UNE NOUVELLE ARCHITECTURE ECONOMIQUE ET FINANCIERE FONDEE SUR L'EGALITE ENTRE TOUS LES ACTEURS
19981008 La Commission économique et financière a poursuivi ce matin son débat général qui a permis aux délégations de mettre l'accent sur les incertitudes qu'engendre la mondialisation, à la lumière de la crise qui frappe aujourd'hui les économies mondiales et les places financières internationales.La Commission a ainsi entendu les délégations plaider pour l'établissement d'une nouvelle architecture financière et économique mondiale capable de relever les défis actuels. Selon les prévisions du FMI, le taux de croissance mondiale ne sera que de 2 % au cours de l'année à venir, alors que les prix des produits de base ont déjà chuté de 30 % depuis la mi-1997. Pour faire face aux turbulences financières actuelles, les délégations ont préconisé la création d'institutions nationales conformes au degré de libéralisation des capitaux et la création d'institutions internationales capables de gérer la prééminence des flux de capitaux à court terme sur la scène financière. Pour ces délégations, les Etats doivent appliquer des politiques susceptibles de rétablir la confiance des marchés et du monde des affaires. Elles ont aussi souligné la nécessité de faciliter l'accès des pays en développement aux marchés internationaux, de régler les questions de la dette extérieure et du service de la dette, d'accroître la transparence des secteurs public et privé, ainsi que de renforcer le rôle du secteur privé dans la prévention et le réglement des crises financières.
La Commission a entendu les représentants des pays suivants : Equateur, Zambie, Libye, Mexique, République de Corée, Venezuela, Yémen, Bénin, Kazakhstan, Soudan, Croatie, Philippines, Papouasie-Nouvelle-Guinée et Guatemala, au nom des 7 Etats membres du Système d'intégration d'Amérique centrale.
La Commission poursuivra son débat général cet après-midi à 15 heures.
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Débat général
M. LUIS VALENCIA RODRIGUEZ (Equateur) a souligné la préoccupation de son pays face à la crise financière actuelle. Il a indiqué qu'il faudrait mettre en place des moyens de contrôle aux niveaux local, régional et mondial. En matière de stratégie de développement, il faut prendre des décisions à moyen et long terme et des ajustements doivent intervenir dans le contexte international, par le biais d'une ouverture et d'une transparence des marchés nationaux. En effet, les pays développés ne font pas d'efforts sincères pour organiser un ordre international grâce à une ouverture et une transparence des marchés nationaux. Les pays développés ne font pas d'efforts sincères pour mettre en place un ordre internationale du commerce, ce qui empêche les pays en développement de développer leurs activités au niveau international.
La CNUCED doit porter ses travaux sur l'analyse des problèmes commerciaux, comme le commerce des services et des investissements ainsi que le protectionnisme commercial. L'Equateur est membre de l'OMC et tous les pays de l'Amérique latine sont attachés aux engagements de l'OMC qui visent à la libéralisation du commerce mondial. L'Equateur est particulièrement sensible aux distorsions commerciales au niveau international. Le représentant a demandé que l'ONU s'applique à définir la notion de gouvernance économique. Les pays doivent aller dans le sens d'une répartition équitable des recettes et des revenus, et favoriser le transfert des techniques. Des mesures doivent êtres prises pour relancer le commerce international et assurer la coopération économique internationale.
Le paiement du service de la dette extérieure entrave la capitalisation interne des pays en développement. Aussi, les Nations Unies devraient rechercher une solution de paiement viable qui ne remette pas en cause le développement des pays en développement. L'impact d' El Nino a eu des effets néfastes, en particulier sur les pays en développement. L'Equateur se félicite de la tenue d'une réunion internationale d'experts sur cette question entre les 9 et 13 novembre prochain sur son territoire. Le représentant lance un appel pour que les pays industrialisés réduisent leurs émissions de gaz, et pour que les pays en développement utilisent mieux l'énergie et utilisent des sources d'énergie renouvelables. L'élimination de la pauvreté reste un des principaux objectifs éthiques et politiques de l'humanité. Les progrès actuels sont compromis par les difficultés économiques, les guerres, les épidémies et les catastrophes naturelles. Ils sont en outre caractérisés par de grandes inégalités entre les pays.
M. ALBERT M. MUCHANGA (Secrétaire permanent adjoint du ministère des affaires étrangères de la Zambie) a déclaré que sa délégation s'associe à la déclaration faite par le Président du Groupe des 77 et la Chine au début du débat général. La libéralisation dépend de la volonté des Etats de réduire les barrières commerciales et les obstacles aux mouvements de capitaux internationaux.
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La mondialisation va se poursuivre pendant longtemps mais ce ne sera pas le cas de la libéralisation. Des appels légitimes se font déjà entendre en faveur d'une approche plus prudente. Le récent Dialogue de haut niveau sur les conséquences de la libéralisation a montré que l'on ne tirait pas de bénéfices automatiques de la libéralisation et de la mondialisation en l'absence d'une gestion et d'une régulation intergouvernementales efficaces de l'économie mondiale. L'instabilité actuelle des systèmes économiques et financiers constitue un défi pour les Nations Unies. Cette situation permettra à l'Organisation de contribuer au développement d'un consensus international sur la nécessité de mettre en place une gestion et une régulation de l'économie mondiale qui repose sur une large assise. Nous devons donner une chance au multilatéralisme. A moyen terme, nous soutenons les appels en faveur de la mise en place d'une nouvelle architecture financière internationale.
L'allégement de la dette est une nécessité. Tous les pays en développement qui font partie de la catégorie des pays très endettés ne peuvent plus supporter le poids de leur dette. Le poids de la dette dont souffre désormais l'Afrique aura certainement un effet négatif sur les perspectives de développement de la région. Tant que la crise de la dette perdurera, les efforts visant l'élimination de la pauvreté resteront lettre morte. Notre Commission devrait contribuer au processus de l'élimination de la pauvreté, promouvoir le progrès social et des meilleures conditions de vie. Dans ce contexte, un allégement de la dette à hauteur de 80% devrait être mis en place de toute urgence par le Club de Paris. Nous soutenons également un moratoire en faveur des pays qui connaissent des difficultés de paiement et, dans certains cas, l'annulation de la dette. Il est également temps de revoir le concept de conditionnalité qui est devenu une caractéristique de la coopération pour le développement. Les échanges commerciaux à l'échelle mondiale sont positifs mais il est nécessaire de permettre à l'Afrique et aux pays en développement d'accéder aux marchés en évitant le protectionnisme et les dévaluations compétitives.
M. AUJALI (Libye), se déclarant préoccupé par la dégradation des conditions économiques en Afrique, a imputé ces conditions aux politiques imposées par les institutions financières internationales, les mesures protectionnistes et la difficulté d'accès aux marchés internationaux. Le continent africain continue de souffrir de la pauvreté et des conflits qui trouvent en fait leur source dans le colonialisme. Le développement économique est une arme contre la pauvreté et le sous-développement et ce développement nécessite un financement que l'Afrique ne peut plus obtenir à des conditions raisonnables. Acculés, de nombreux pays en développement ont été obligés de faire des concessions et d'accepter des mesures iniques qui ont en fait conduit à la déstabilisation de leur situation économique et financière. Il est temps que les Etats honorent enfin leurs engagements en faveur de l'aide publique au développement. Des ressources nouvelles et additionnelles doivent également être fournies, conformément aux Accords du Club de Paris.
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La dette extérieure continue de représenter un fardeau qui continue de peser sur les efforts de développement. Des mesures vigoureuses et urgentes doivent être prises pour annuler la dette, en particulier celle des pays les plus pauvres. Il faut condamner une fois pour toute, les politiques restrictives au niveau commercial qui empêchent le libre échange des produits, la liberté de mouvement des personnes, des capitaux et des technologies et surtout les politiques unilatérales d'imposition des sanctions. De telles manoeuvres entravent l'établissement d'un nouvel ordre mondial fondé sur l'égalité. Ces sanctions sapent les principes consacrés dans la Charte en même temps qu'elles constituent une ingérence dans les affaires internes des Etats. Ce sont des législations fascistes et iniques que la communauté internationale devrait combattre. La Libye a d'ailleurs l'intention de proposer une résolution en ce sens.
En ce qui concerne la mondialisation, la Libye considère qu'elle est devenue un instrument pour contrôler les pays du Sud. Ces derniers doivent envisager des formules novatrices pour inverser cette tendance. Ainsi la refonte des institutions de Bretton Woods doit se fonder sur de nouvelles formules et partir du constat que les politiques de crédits sont devenues un moyen d'amasser des gains et que la question de la dette et des services de la dette n'a jamais été réglée. Il est temps que le souffle du changement démocratique atteigne aussi ces institutions.
Mme CARMEN MORENO DE DEL CUETO (Mexique) a indiqué qu'il est urgent de répondre à la situation dans laquelle se trouve actuellement l'économie mondiale en lui donnant une nouvelle structure. Outre l'instabilité financière, le Mexique a dû faire face à une chute du prix du pétrole. Aussi, le gouvernement a tout mis en oeuvre pour maintenir la force économique du pays et continue de produire des efforts pour faire face à la situation actuelle. Parallèlement aux efforts internes, l'ensemble des pays doivent trouver de nouvelles voies pour assurer la stabilité de l'économie. La mondialisation va en effet de pair avec une coresponsabilité. Aussi, les pays qui ont contribué à la politique actuelle d'instabilité doivent prendre des mesures pour y remédier. En outre, les organismes financiers internationaux doivent voir leurs pouvoirs accrus afin d'être capables d'agir.
Les instances de Bretton Woods doivent renforcer leur action, comme l'ont indiqué, cette semaine, les discussions à Washington. Afin d'assurer une sécurité monétaire mondiale, la coopération internationale et la co- responsabilité sont indispensables. Il est urgent de revenir à une croissance viable. Il faut prévenir les risques de crises financières en consolidant le système financier aux niveaux national et international, et en garantissant la transparence des informations et en renforçant le rôle des instances internationales. Un meilleur système de prévention, permettant de détecter les symptômes négatifs, doit notamment être mis en place afin de réagir plus rapidement. Dans ce domaine, les Nations Unies ont un rôle important à jouer.
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Il faudrait renouer le dialogue, en matière de développement. Toutes les instances internationales doivent s'unir pour atteindre le but commun du développement. Le plan de Buenos Aires, qui vise à assurer la coopération technique entre les pays, est particulièrement important pour le Mexique. Des actions de coopération avec des pays d'Amérique latine, de degré de développement moindre ou égal ont déjà été accomplies. A ce jour, le Mexique a également mené des expériences couronnées de succès avec le Japon et signé des accords avec l'Union européenne et le Canada. Pour éliminer la pauvreté extrême, il est indispensable de donner suite aux décisions prises lors des grandes conférences internationales et d'agir réellement. Le Mexique a été particulièrement touché par El Nino. Une action internationale est là-aussi indispensable.
M. LEE SEE-YOUNG (République de Corée) a déclaré que la crise financière a frappé juste au moment où le monde pensait connaître une longue ère de prospérité et de croissance économique. Les perspectives de l'économie mondiale sont désormais changées, le Fonds monétaire international ne prévoit plus qu'un taux de croissance de 2 % et les prix des produits de base ont chuté de 30 % depuis la mi-1997. Alors que l'économie mondiale est en prise depuis un an avec ces turbulences financières sans précédent, il est urgent non seulement d'en évaluer les implications, mais surtout d'élaborer une stratégie commune sur la manière d'affronter la crise. A cet égard, la République de Corée estime que le récent dialogue de haut niveau sur les effets de la mondialisation a fourni l'occasion d'examiner les avantages et les risques résultant de la mondialisation croissante et de jeter les bases de nouvelles discussions sur le partenariat pour le développement, dans lesquelles les Nations Unies devront jouer un rôle clef.
La délégation coréenne est convaincue que la crise financière actuelle n'est qu'un recul temporaire dans le long processus de mondialisation. Des enseignements pourront en être tirés et la Deuxième Commission est un excellent forum pour promouvoir une réponse consensuelle que la communauté internationale apporterait à ces défis, a fait observer M. See-Young. Il a ajouté que contrer la crise et empêcher une récession à grande échelle passe par quatre étapes. Il faut, en premier lieu, que les pays, au niveau national, réforment leur secteur financier et en améliorent la transparence afin de regagner la confiance des investisseurs. Pour sa part, la communauté internationale doit s'efforcer de réformer le système financier international, puisque les institutions de Bretton Woods, créées à la fin de la Seconde Guerre mondiale, fonctionnent dans un environnement économique très différent. C'est pourquoi l'initiative de réforme proposée, récemment, par deux grands pays industrialisés est encourageante. Il est également nécessaire que les pays industrialisés prennent des mesures immédiates pour relancer la croissance afin de repousser le spectre d'une récession mondiale. La croissance des pays industrialisés peut en effet absorber les exportations des pays en développement frappés par la crise et ainsi leur assurer les fonds nécessaires pour alléger leur pénurie de liquidités, a expliqué le représentant. Enfin, au niveau du commerce multilatéral, il est important de poursuivre la libéralisation et d'éviter tout protectionnisme.
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La communauté internationale doit désormais promouvoir des politiques visant à permettre un consensus général sur les stratégies de développement, prenant appui sur des mécanismes de libéralisation et de libre accès aux marchés, a poursuivi M. See-Young. L'objectif premier de toute coopération future devrait être d'améliorer le niveau de vie de tous et de garantir le développement durable en favorisant l'intégration des pays en développement. A ce propos, la République de Corée sera l'hôte, à la fin du mois, de la "Réunion régionale du millénaire pour l'Asie et le Pacifique", qui cherchera à élaborer un nouveau partenariat et des mécanismes de coopération qui seront bénéfiques à toute la région.
M. OSCAR DE ROJAS (Venezuela) a estimé que dans le contexte de la mondialisation et des crises financières, le message unique qui en découle est que le moment de reconstruire l'architecture financière mondiale est arrivé. La crise financière actuelle et les incertitudes qu'elle engendre conduisent à la conclusion que le système actuel ne paie plus au motif qu'il n'a pas été conçu pour les défis d'aujourd'hui. Le travail de révision du système financier international doit impliquer les pays industrialisés les plus importants et les pays à économie émergentes mais aussi les Nations Unies, seule instance universelle et réellement démocratique. Si le monde nécessite un nouveau Bretton Woods, il doit être établi avec le concours de l'Organisation. Le propos n'est pas de rejeter les acquis et l'expérience des institutions financières actuelles mais, au contraire, de les prendre comme point de départ d'une nouvelle architecture financière. Dans ce contexte, les discussions doivent se fonder sur l'autorité politique et morale d'une organisation universelle comme les Nations Unies. C'est d'ailleurs à juste titre que l'Assemblée générale a décidé de convoquer une conférence sur le financement du développement. Pour le Venezuela, cette conférence doit se tenir avant le "nouveau Bretton Woods".
En prévision de l'Assemblée générale du Millénaire recommandée par le Secrétaire général, le Groupe des 77 et la Chine et le Mouvement des Non Alignés ont décidé de tenir une réunion au sommet à Cuba pour préparer cette Assemblée, conscients qu'elle portera certainement sur les nombreux problèmes économiques et de développement. Dans ce contexte, le Venezuela souhaite souligner le rôle de coordination que doit jouer le Conseil économique et social et regrette que la revitalisation du Conseil demeure la grande question en suspens. Le Venezuela réitère sa conviction que le Conseil est l'organe indiqué de promotion des relations entre les Nations Unies et les institutions financières internationales. Un Conseil économique et social revitalisé rendrait caduque la création d'un "conseil de sécurité économique", comme elle rendrait aussi caduque un "Bretton Woods 2".
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M. AHMED AL-HADDAD (Yémen) a indiqué que les Pays-Bas sont l'exemple d'un partenariat réel en matière de développement. Tous les pays en développement souffrent des problèmes de développement. Toujours plus de gens vivent en dessous du seuil de pauvreté. Depuis plus de cinq ans, les pays en développement utilisent leurs ressources pour payer leur dette et rembourser le service de la dette. Parallèlement, l'ADP ne cesse de diminuer. Cette tendance à la baisse doit être inversée afin de promouvoir le développement économique viable dans les pays en développement. La communauté internationale doit aussi faire preuve de volonté politique en mettant en oeuvre des programmes d'action pour les pays les moins avancés. En effet, ces pays ne doivent pas être marginalisés dans l'économie internationale. Promouvoir l'accès à l'importation pour les produits de ces pays est l'un des meilleurs moyens d'assurer leur développement. L'assistance technique est également indispensable pour que les pays les moins avancés puissent tirer profit de la mondialisation.
Les disparités croissantes dues à la crise économique ne doivent pas non plus être oubliées. Comme le prouve l'aspect financier de la crise économique actuelle, il faut que soit mis en place un contrôle du système financier. En raison de l'absence de règles clairement établies, des milliards de dollars sont journellement achetés et vendus sans contrôle. Aussi est-il indispensable que soient mises en place des règles claires.
M. CHARLES BORROMEE TODJINOU (Bénin) a déclaré que sa délégation adhère entièrement à la déclaration faite par le représentant de l'Indonésie au nom du Groupe des 77 et la Chine. L'Organisation des Nations Unies doit s'adapter, dans le cadre de sa réforme, à l'interdépendance entre les nations créée par le contexte international actuel. Elle doit renforcer sa capacité d'action et d'intervention dans les relations économiques internationales et dans la coopération pour le développement, conformément à sa Charte. Il est temps de procéder à une évaluation des recommandations et des programmes d'actions issus des différentes conférences onusiennes tenues au cours des dernières décennies. La sécurité collective et le développement harmonieux de tous les pays dépendent aujourd'hui d'une solidarité accrue entre les nations, et dans ce contexte, l'aide publique au développement ne devrait plus être perçue comme un simple geste de solidarité, mais plutôt comme l'expression de la solidarité et de l'interdépendance des nations. Tout doit être mis en oeuvre pour arrêter la baisse continuelle de cette aide, qui a atteint en ce moment son niveau le plus bas, et le Bénin invite les pays développés à assumer les obligations auxquelles ils ont souscrit en ce qui concerne le financement du développement.
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La question de la dette des pays en développement doit retenir l'attention de la communauté internationale. Le service de la dette, qui absorbe plus du tiers des recettes d'exportation de ces pays, est un obstacle majeur à la croissance et appelle un élan de solidarité collective en vue de son allégement ou de son annulation pure et simple. Les initiatives du Club de Paris, de la Banque mondiale et du FMI sont certes les bienvenues, mais elles sont insuffisantes. Le développement est une nécessité et un droit pour tous les peuples, et, comme cela a été reconnu dans "l'Agenda pour le développement", il ne saurait y avoir ni paix ni sécurité dans le monde tant qu'une répartition inéquitable des richesses de la planète continuera d'être une source potentielle de conflits. Il faut faciliter l'accès aux marchés des pays développés aux produits des pays en développement, comme stipulé dans le communiqué ministériel de la session du Conseil économique et social, qui a aussi constaté que la mondialisation et la libéralisation exigent une orientation d'investissements directs vers les pays en développement et notamment vers l'Afrique, dont la part dans le commerce mondial demeure trop faible. Le Bénin souhaite que les efforts consentis par les pays africains dans le cadre des programmes d'ajustement structurels soient appuyés par la communauté internationale, et il se réjouit de la tenue dans les prochains jours au Japon de la Deuxième Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l'Afrique. Dans le même temps, soucieux de la relation entre l'homme, le développement, et l'environnement, le Bénin salue la tenue en décembre prochain, à Dakar au Sénégal, de la Conférence des Parties à la Convention sur la lutte contre la désertification et la sécheresse.
MME AKMARAL KH. ARYSTANBEKOVA (Kazakhstan) a déclaré que la crise financière en Asie et dans quelques autres pays a clairement démontré que la mondialisation est un facteur décisif de l'évolution du monde contemporain. En tenant compte de sa complexité et de son universalité, les Nations Unies ont un rôle important à jouer dans la recherche de nouvelles approches de gestion des processus de l'économie mondiale. Le rapport du Secrétaire général sur l'activité annuelle de l'Organisation souligne que les Nations Unies ont cherché à renforcer les cadres régulatoires, juridiques et institutionnels qui permettront à l'économie mondiale d'opérer plus efficacement et plus équitablement. Dans cette perspective, le Kazakhstan s'est réjoui de la tenue de la première réunion jamais tenue entre le Conseil économique et social et les représentants des institutions de Bretton Woods, qui a eu lieu en avril dernier. Au cours des sept années de sa jeune indépendance, le Kazakhstan a accompli d'énormes avancées dans son émergence en tant qu'Etat, et dans sa reconnaissance au plan international, et ses priorités actuelles sont la croissance et le développement de son économie. Dans ce domaine, un axe essentiel du développement est de créer une économie moderne de haute technologie, basée sur un système financier autonome tout en assurant des conditions favorables à un flux d'investissements étrangers dans le pays. Ce développement et le renforcement de nos institutions financières nationales nous a permis de surmonter, avec des pertes minimes, la crise qui a affecté les pays d'Asie du Sud-Est et ceux de la Communauté d'Etats indépendants (CEI).
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Par sa position géographique, le Kazakhstan est un Etat enclavé, mais aussi un Etat doté de réserves énormes de ressources naturelles, dont l'acheminement sur les marchés mondiaux, notamment en ce qui concerne les hydrocarbures, est, pour nous, une question vitale. Le développement des infrastructures de transport est donc une des priorités de développement du Kazakhstan, comme stipulé dans la stratégie de développement jusqu'en l'an 2030 proposé par le Président Nursultan Nazarbaev. Notre pays attache une grande importance à la coopération avec les Nations Unies pour le développement de systèmes de transport et de transit favorables aux pays enclavés d'Asie centrale dans le respect des termes de la résolution 51/158 de l'Assemblée générale. Vu l'importance de ce texte, le Kazakhstan a l'intention de coordonner la proposition d'une autre résolution sur les systèmes de transport et de transit dans les Etats enclavés. Cette proposition sera soumise à l'examen de la Deuxième Commission, et nous demandons aux Etats Membres de la soutenir. Le Kazakhstan veut assurer un transport sûr de ses ressources à travers un réseau mixte de gazoducs et d'oléoducs, et attend une exécution rapide du projet de consortium relatif à l'oléoduc de la mer Caspienne. Nous attachons une grande importance à l'intégration et à la coopération régionale, et notons avec satisfaction le bon fonctionnement de l'Organisation de coopération économique (OCE), dont le Kazakhstan assume la présidence depuis le mois de mai. Cette organisation qui regroupe 10 Etats et une population de 300 millions d'habitants, a un potentiel considérable en ce qui concerne l'expansion du commerce et des liens économiques.
M. MUBARAK HUSSEIN RAHMTALLA (Soudan) a mis l'accent sur la capacité de l'ONU, compte tenu de son caractère universel et démocratique, à rechercher des solutions appropriées aux défis de la mondialisation et à la réalisation de la croissance économique et du développement dans les pays en développement et les pays les moins avancés. Les réformes économiques entreprises courageusement par ces pays se sont avérées insuffisantes et ont montré la pertinence toujours croissante de l'aide publique au développement. Le Soudan a décidé de mettre en oeuvre des réformes économiques en dépit des dangers politiques et sociaux qu'elles pourraient comporter. Dans des circonstances difficiles et dans le contexte d'une guerre qui dure en raison de l'appui étranger et ce, malgré les efforts de paix déployés par le Gouvernement, l'économie a pu enregistré des succès remarquables. Le Fonds monétaire international l'a reconnu lui-même, qui a salué la détermination du Soudan à honorer ses engagements financiers et oeuvrer à la libéralisation de son économie. Aujourd'hui le taux d'inflation a atteint 12 % en avril dernier par opposition au 114 % de 1996. Grâce à des secteurs comme l'agriculture, la croissance est montée à 5,5 %. Le Soudan a entrepris une réforme constitutionnelle et instauré une détente politique fondée sur le principe de l'alternance. Le pays jouit maintenant d'un contexte économique et politique sain et attend des investissements.
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Le Soudan continuera de dénoncer les sanctions imposées unilatéralement par une grande puissance pour servir ses propres intérêts. Récemment, le pays a été surpris par une agression américaine perpétrée contre une usine pharmaceutique importante. Cette usine fabriquait des antibiotiques et tout autre argument n'est qu'allégations. Le Soudan a d'ailleurs demandé l'ouverture d'une enquête par souci d'équité, demande qui a été appuyée par le Groupe des 77 et la Chine. Les registres confirment que l'usine appartient bien à un homme d'affaires soudanais et qu'elle n'a aucun lien avec Osman Bin Laden. Avec cette agression, le Soudan a perdu la production de 40 millions de dollars de médicaments et plus de trois cents emplois. Le Soudan réitère son attachement aux principes internationaux et son rejet de l'utilisation de la force à des fins hégémoniques. Il se félicite enfin de l'offre de l'Union européenne d'accueillir la Conférence sur les pays les moins avancés dans un de ses pays membres. L'Union montre là son sens du partenariat dans l'économie.
M. IVAN NIMAC (Croatie) a indiqué que l'effet de contagion et la nature systémique de la crise actuelle ont dépassé le cadre du secteur financier, en touchant les monnaies, le commerce et virtuellement tous les domaines de l'activité économique et en donnant du poids aux analyses sur la récession mondiale. La mondialisation a également eu des conséquences sur des questions chères aux Nations Unies depuis leur création, comme la pauvreté et le développement. Les disparités entre les riches et les pauvres n'ont cessé de s'accroître. Trouver des solutions aux impacts négatifs de la mondialisation semble plus facile que de trouver la volonté politique pour les mettre en oeuvre.
Un consensus commence à se faire jour sur la nécessité de s'éloigner de la rigidité des critères de Washington pour favoriser une approche plus individualisée. Les Etats, dans ce contexte, doivent s'efforcer de créer une nouvelle structure financière internationale, et se demander si cet objectif peut être atteint dans le cadre de nouveaux mandats de Bretton Woods, ou d'une nouvelle institution.
Dans les circonstances actuelles, la coopération à travers les institutions multilatérales devient de plus en plus nécessaire. Les pays avec des économies en transition ont été particulièrement touchés par la crise financière et la mondialisation. La vulnérabilité de ces pays rend nécessaire l'appui de la communauté internationale et des organisations économiques internationales. Aussi celles-ci, ne devraient pas imposer des conditions indues pour y participer.
Le fort développement du commerce international, qui a prouvé les bienfaits du libéralisme, n'a pourtant pas permis de réduire le fossé entre les pays industrialisés et les autres. En outre, il est décourageant de voir que les ressources consacrées aux activités opérationnelles sont insuffisantes. Les disparités entre les engagements des pays en matière d'APD et les montants véritablement déversés sont énormes.
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M. FELIPE MABILANGAN (Philippines) a déclaré que les turbulences financières en Asie de l'Est, qui se sont propagées dans d'autres parties du monde, ont pratiquement affecté chaque pays. Même les pays restés en marge de l'économie mondiale ont ressenti l'impact de la crise financière ne fût-ce que par la chute des prix à l'exportation. Les pays développés ont vu baisser le volume de leurs exportations et enregistré des déséquilibres inquiétants de leur balance des paiements. Les turbulences financières ont ainsi montré le caractère inadapté des institutions nationales et internationales. Au niveau national, il devient urgent que les pays créent des institutions conformes au niveau de libéralisation de leurs capitaux. Les institutions financières internationales doivent elles aussi être dotées de moyens adéquats qui leur permettent de faire face à une situation où le flux des capitaux à court terme joue un rôle prépondérant. Pour les Philippines, il est important que les pays affectés par la crise mettent en oeuvre une politique pour restaurer la confiance des marchés, du monde des affaires et du citoyen ordinaire. Les pays industrialisés doivent de leur côté prendre des mesures substantielles, rendre plus faciles leurs conditions monétaires afin de rétablir la confiance dans les marchés financiers internationaux et alléger certaines des pressions dues au manque de liquidités et aux coûts exorbitants du service de la dette extérieure, en particulier pour les pays gravement affectés par les crises.
Il est essentiel que les marchés restent ouverts aux exportations de ces pays et, dans ce contexte, l'octroi par les pays développés de facilités de crédits à l'exportation ne pourra qu'accélérer le processus de stabilisation. Le fonctionnement des marchés financiers exige aujourd'hui une plus grande transparence de la part du secteur public comme du secteur privé. Il est également indispensable de disposer d'informations complètes et opportunes sur l'état des réserves des pays sur le plan international et leur vulnérabilité à l'extérieur. Il faut aussi adopter des normes universellement acceptées pour évaluer la solvabilité des emprunteurs nationaux et les meilleures pratiques bancaires. La communauté internationale doit enfin réévaluer le rôle du secteur privé dans les marchés financiers. Une plus grande implication de ce secteur dans la prévention et le règlement des crises financières est d'une importance capitale.
M. ADAM DELANEY (Papouasie-Nouvelle-Guinée) a souligné, pour répondre au représentant du Pakistan, que la mondialisation est bel et bien mondiale, et les turbulences qui ont touché le monde entier en sont la preuve. Les crises financières mondiales résultent généralement de l'incapacité dont fait preuve le secteur officiel pour réagir aux mesures du secteur privé. Malgré la crise mondiale, la Papouasie-Nouvelle-Guinée a réussi à minimiser la crise interne. En dépit de cela, la monnaie nationale a été mise à mal, et l'augmentation des taux d'intérêt, qui a pu profiter à certains pays, en a défavorisé d'autres.
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Le Gouvernement de Papouasie-Nouvelle-Guinée a essayé de stimuler l'esprit d'entreprise tout en limitant les dépenses du secteur public. Il a notamment mis en place des réformes structurelles visant à favoriser une croissance viable qui ne dépende pas uniquement des ressources du pétrole. Mais ces efforts ne seront pas suffisants pour atteindre les objectifs fixés si la Papouasie-Nouvelle-Guinée ne bénéficie pas d'un soutien des institutions de Bretton Woods. Le financement du développement reste insuffisant, comme en témoigne la baisse de l'APD.
La mise en oeuvre des engagements du système des Nations Unies est indispensable. La Papouasie-Nouvelle-Guinée se félicite des commentaires à propos du Cadre au développement des Nations Unies, l'UNDAF. Il est prématuré de dire que ce Cadre sera la panacée en matière d'aide aux pauvres, mais les premiers résultats en vue semblent positifs.
Mme SYLVIA CORADO (Guatemala), au nom des sept Etats membres du Système d'intégration d'Amérique centrale, a estimé que l'ordre du jour de la Commission comporte des points auxquels les pays du Système attachent une grande importance. Elle a rappelé la nécessité de faire en sorte que les questions de développement occupent un rang de priorité élevé dans les activités des Nations Unies. Elle s'est donc félicitée de la création d'un Groupe de travail chargé d'analyser les questions de financement aux fins du développement et a formé le voeu que les recommandations de ce groupe conduiront à la tenue d'une conférence sur la question. Il faut, a-t-elle poursuivi, garder à l'esprit que le déclin de l'aide publique au développement peut avoir des conséquences graves pour beaucoup de pays en développement. Les activités opérationnelles des Nations Unies nécessitent des ressources prévisibles et stables. La représentante se félicite donc de la décision du PNUD qui a fixé un objectif de 1,1 milliard pour les ressources de base aux fins du développement. Une Amérique centrale unie serait mieux placée pour relever les défis de la mondialisation et assurer le bien-être des populations. Les économies de ces pays n'aspirent qu'à une chose, à savoir un accès équitable aux marchés mondiaux. Elle a fait remarquer qu'il devenait de plus en plus difficile de se plier aux exigences des institutions financières internationales sans sacrifier le bien-être des peuples qui souffrent déjà de la pauvreté. Elle a engagé la communauté internationale à réfléchir à la question.
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