LE COMITE DE LA DECOLONISATION ENTEND 17 PETITIONNAIRES SUR PORTO RICO ET EST SAISI D'UN TEXTE SUR LE DROIT DES PORTORICAINS A L'INDEPENDANCE
Communiqué de Presse
AG/COL/150
LE COMITE DE LA DECOLONISATION ENTEND 17 PETITIONNAIRES SUR PORTO RICO ET EST SAISI D'UN TEXTE SUR LE DROIT DES PORTORICAINS A L'INDEPENDANCE
19980810 Le Comité chargé d'étudier la situation en ce qui concerne l'application de la Déclaration sur l'octroi de l'indépendance aux pays et aux peuples coloniaux a entendu cet après-midi dix-sept pétitionnaires sur la question de Porto Rico. Ces pétitionnaires, en majorité, ont indiqué leur soutien au projet de résolution présenté par le représentant de Cuba, qui a rappelé que le 25 juillet 1998 a marqué le centenaire de l'intervention militaire des Etats-Unis à Porto Rico. Dans le même temps, la communauté internationale a été témoin des débats qui ont lieu au Congrès américain concernant la nature des relations entre les Etats-Unis et Porto Rico. Cette situation souligne la nécessité impérieuse d'adopter un texte sur la question de Porto Rico. Le texte présenté aujourd'hui tient compte des décisions du Comité spécial sur Porto Rico adoptées depuis 1972. Le droit inaliénable du peuple de Porto Rico à l'autodétermination et à l'indépendance y sont affirmés, a observé le représentant de Cuba dans la présentation du projet de résolution.Le Comité a entendu les représentants des organisations suivantes: Collège d'avocats de Porto Rico; Commission des Eglises pour les affaires internationales; Puerto Rican Independence Party; Cause commune indépendantiste-projet éducatif portoricain; Front socialiste, Grand-Orient national de Porto Rico; Nacional L.U.A.C de la Juventud, Agricultores Pro- Estadidad; Educateurs d'Arecibo Pro-Etat; PROELA; Parti nationaliste de Porto Rico; Commission internationale pour l'Union de la patrie; Association américaine de juristes; Nouveau Mouvement indépendantiste portoricain; Action démocratique portoricaine et Give Porto Rico a Chance.
Le Comité poursuivra l'examen de la question mardi 11 août à dix heures.
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Présentation d'un projet de résolution
Le Comité était saisi d'un projet de résolution (A/AC.109/L/1885), présenté par Cuba, aux termes duquel le Comité spécial réaffirme le droit inaliénable du peuple portoricain à l'autodétermination et à l'indépendance, conformément à la résolution 1514 (XV) de l'Assemblée générale en date du 14 décembre 1960, et aux principes fondamentaux énoncés dans cette résolution qui s'applique à Porto Rico. Le Comité souhaiterait, selon le projet, que le Gouvernement des Etats-Unis d'Amérique assume la responsabilité qui lui incombe de mener à bien rapidement un processus qui permette au peuple portoricain d'exercer pleinement son droit à l'autodétermination et à l'indépendance.
Audition de pétitionnaires
M. MANUEL FERMIN ARRAIZA (Collège d'avocats de Porto Rico) a condamné les ambitions politiciennes américaines sur Porto Rico. Porto Rico est une nation et la patrie de plus de 6 millions de personnes qui résident soit dans l'archipel soit dans des pays tiers en raison de l'invasion américaine. Porto Rico est soumis à un Pacte qui le place sous la juridiction du Congrès de la Métropole. La clause territoriale "infamante" fait que nous appartenons aux Etats-Unis sans y appartenir. La nation portoricaine n'a jamais exercé son droit inaliénable à une autodétermination libre et authentique qui inclut l'ensemble des Portoricains et seulement les Portoricains, a regretté le pétitionnaire. Il existe bien des projets de loi à la Chambre des représentants des Etats-Unis et au Sénat relatifs à la situation à Porto Rico mais tout le monde sait que ceux-ci ne seront pas adoptés à la fin de l'année d'autant que ces projet de texte ne résoudront rien. En effet, a expliqué le pétitionnaire, ceux-ci n'ont aucun effet contraignant sur les Etats-Unis. Les Etats Unis doivent respecter les concepts de liberté et de démocratie et cesser d'intervenir dans le règlement de la situation. Seule l'Assemblée générale des Nations Unies peut mettre un terme à la situation coloniale de Porto Rico.
Mme EUNICE SANTANA, Commission des églises pour les affaires internationales, a souligné que le droit des peuples à l'autodétermination est lié au droit de chaque personne à développer tout son potentiel comme fils ou fille de Dieu. Pour le Conseil des églises, le peuple de Porto Rico partage une profonde insatisfaction quant à la situation politique existante. La société portoricaine est aujourd'hui caractérisée par la dépendance et le sentiment d'infériorité. Une grève générale vient d'ailleurs d'avoir lieu, il y a quelques semaines, pour protester contre la politique des autorités locales. Insistant sur la présence militaire américaine dans le territoire, la pétitionnaire a attiré l'attention sur la présence de substances cancérigènes découlant des essais de l'armée. Le cancer est de 6% sur le site concerné où les écosystèmes sont modifiés et détruits mettant en péril la vie des habitants et celle des générations futures. Loin de diminuer l'activité militaire s'accroît compliquant davantage l'accès du peuple portoricain à l'autodétermination. Ce peuple réclame des choses élémentaires comme la
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liberté de la presse ou encore la libération des prisonniers politiques incarcérés aux Etats-Unis. L'incarcération de ces prisonniers montrent à suffisance l'inégalité dont Porto Rico et son peuple sont victimes. La Décennie proclamée par l'ONU est sur le point de se terminer et il est donc indispensable d'agir promptement pour respecter les engagements pris en matière de décolonisation. En célébrant les réalisations depuis la Déclaration des droits de l'homme, il ne faut pas oublier que certains peuples se voient toujours refuser l'exercice de tous leurs droits. Le Comité doit achever sa tâche et ses membres doivent se rendre à Porto Rico pour évaluer les effets économiques, politiques et sociaux des investissements étrangers. Le cas de ce territoire doit être examiné par l'Assemblée générale tant il est vrai que le peuple de Porto Rico doit, à l'instar, de tous les peuples du monde décider seul de son avenir.
M. FERNANDO MARTIN GARCIA (Puerto Rican Independence Party) a déclaré que depuis le début de la Décennie pour l'élimination du colonialisme, le Comité n'a curieusement pas adopté de résolution sur Porto Rico. Il n'a en revanche cessé de reporter l'examen de la situation d'année en année. Il est indispensable que le Comité s'acquitte de son obligation qui est celui de promouvoir l'indépendance de tous les peuples coloniaux. Les circonstances actuelles, en particulière le centième anniversaire de l'invasion américaine, justifient d'autant plus l'adoption du projet de résolution présenté par Cuba. La subordination politique de Porto Rico a été dénoncée depuis des années devant le Comité spécial et il serait inconcevable que durant cette année, celui-ci renonce à ses responsabilités et n'adopte pas le projet de texte. Le processus politique a récemment eu lieu et le référendum attendu pour la fin de l'année ont donné lieu à un discrédit de la politique coloniale des Etats Unis. Il est temps que les Etats-Unis reconnaissent que l'indépendance est la seule solution à la question.
M. JUAN MARI BRAS, Cause commune indépendantiste- Projet éducatif portoricain, a déclaré que l'année 1998 coïncide avec le centenaire de l'invasion de Porto Rico par les Américains et le vingt-cinquième anniversaire de la première comparution des représentants de Porto Rico devant le Comité spécial. Ces dernières années, le Comité spécial a approuvé plusieurs textes sur Porto Rico dont le dernier demande au Congrès américain de consulter le peuple de Porto Rico pour qu'il puisse s'exprimer librement sur son avenir politique en réaffirmant le droit de ce peuple à l'autodétermination et à l'indépendance. Sept ans se sont écoulés depuis l'adoption de ce dernier texte, le Comité spécial a préféré attendre que le Congrès des Etats-Unis accomplisse son travail en ce qui concerne le territoire de Porto Rico. Or aucun engagement n'a été pris par les Etats-Unis sur l'octroi de l'autodétermination à Porto Rico. Au contraire, les Etats-Unis ne cessent de renforcer leur présence civile et militaire sur l'île tout en empêchant l'intégration du territoire à l'espace latino-américain et caraïbéen. Les Etats-Unis maintiennent en prison des portoricains pour des motifs politiques. Il est temps que le Comité spécial agisse en conséquence et traduise en réalité les résolutions pertinentes. Il est immoral de priver Porto Rico de ses droits pour la seule raison que la Puissance administrante est également
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la première puissance mondiale. En privilégiant le statu quo, les Nations Unies s'allient aux forces colonialistes de Washington et nourrissent en fait une violence encouragée par cette large injustice.
M. JORGE FARINACCI (Front socialiste) a estimé que la relation coloniale entre les Etats-Unis et Porto Rico traverse une profonde crise. Les problèmes socio-économiques de Porto Rico s'aggravent chaque jour davantage, d'autant plus que les structures coloniales n'offrent pas d'alternatives au peuple colonial. Les Etats-Unis ont aggravé l'exploitation de notre peuple en portant atteinte à des droits sociaux et économiques. Ces mesures ont provoqué de graves perturbations sociales et pour la première fois dans notre histoire une grève générale a eu lieu. Les tensions politiques sont évidentes et l'ONU a la responsabilité juridique d'intervenir. Tenter d'incorporer Porto Rico aux Etats-Unis provoquerait un état d'insurrection de la part du peuple de Porto Rico. Le pétitionnaire a plaidé en faveur de la libération de tous les prisonniers politiques, le démantèlement des bases militaires américaines, le dédommagement de la population pour le pillage économique dont sont responsables les Etats Unis, et le transfert de tous les pouvoirs souverains aux Portoricains. Il existe un projet de loi au Congrès américain qui prévoit un plébiscite. Néanmoins, ce projet de loi ne prend pas en compte des éléments essentiels. Le projet se base en effet exclusivement sur les droits des Etats-Unis. Il ne prévoit pas de transfert de pouvoir, mais au contraire l'intensification des activités militaires et l'élargissement des compétences des Etats-Unis. Le projet de loi repose sur une hypothèse fausse selon laquelle l'opinion du pays est reflétée par trois partis politiques. De grands secteurs de la population échappent à ces partis. Nous ne participerons pas à un processus politique qui maintiendra la mainmise des Etats-Unis sur Porto Rico. La situation est grave et elle requiert une action immédiate. Nous soutenons à cet effet le projet de résolution présenté aujourd'hui
M. ERASTO ZAYAS NUNEZ, Grand Orient national de Porto Rico, a demandé que le Comité spécial condamne les Etats-Unis pour leur politique coloniale, politique qu'ils ont maintenue depuis 100 ans. Il a demandé la libération immédiate des prisonniers politiques et de guerre portoricains et plaidé pour le droit de tous le Portoricains où qu'ils se trouvent à décider de l'avenir politique du pays. Le pétitionnaire a affirmé la nullité du traité de Paris qui, a-t-il dit, a justifié l'occupation militaire américaine pendant un siècle à Porto Rico. Il a par ailleurs alerté les nations des Caraïbes et de l'Amérique latine face à la menace que les Etats-Unis font peser sur la souveraineté des pays de la région. Le pétitionnaire a souhaité que le point de départ des mesures à venir soit la reconnaissance de la souveraineté du peuple et que seul ce peuple doit déterminer son autodétermination. Attirant l'attention du Comité sur l'incohérence des Etats-Unis qui soutiennent les droits du peuple portoricain tout en refusant de les laisser les exercer, le pétitionnaire a lancé un appel pour que ne soit pas exclu de la résolution que le Comité devrait adopter la demande relative à la libération immédiate des prisonniers politiques et de guerre portoricains.
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M. CARLOS VIZCARRONDO IRIZARDY (Membre de la Chambre des représentants de Porto Rico) a expliqué que son parti soutient le statut d'Etat libre associé qui a fait l'objet d'un vaste soutien au cours des nombreuses consultations populaires. Nous réaffirmons notre engagement en faveur de l'autodétermination des peuples. L'Etat libre associé est le produit de l'exercice du droit à l'autodétermination des Portoricain. Le 25 juillet 1952 un nouveau statut constitutionnel a été approuvé. Porto Rico a donc exercé mais non pas épuisé son droit à l'autodétermination. Le pétitionnaire a regretté que les Etats-Unis aient fait la sourde oreille aux revendications en faveur d'une plus grande délégation de pouvoir et a indiqué son désaccord quant au projet de Loi Young. Celui-ci contient des définitions de différents statuts qui portent préjudice à l'option de statut libre associé et ne respectent pas les résolutions de l'Assemblée générale sur Porto Rico. Le parti démocratique réclame toute la vigilance du Comité spécial dans ce processus politique à Porto Rico.
M. JUAN CARLOS LIZARDI, Nacional L.U.L.A.C. de la Juventud, a souligné que les instances législatives de Porto Rico élaborent un projet de référendum qui bénéficie de l'appui de tous, à l'exception du Parti populaire. Le Président Clinton a lui même exprimé son intérêt en la matière. Le pétitionnaire a appelé le Comité spécial à contribuer au processus et à l'appuyer auprès du Congrès américain et du peuple de Porto Rico.
M. RAMON CRESPI MARRERO (Agricultores Pro-Estadidad) a estimé que les Etats-Unis maintenaient Porto Rico dans une situation coloniale alors que la Décennie pour l'élimination du colonialisme touche à sa fin.
Mme MIRIAM SANTIAGO, Educateur d'Arecibo Pro-Etat, a souligné la dépendance de Porto Rico au pouvoir du Congrès américain alors même qu'il n'est pas représenté. Il est regrettable, a-t-elle dit, qu'il existe une colonie que le monde et le Comité spécial continuent d'ignorer. Le moment est venu de rejeter les manoeuvres des Etats-Unis et de rendre sa souveraineté au territoire. Tout défenseur de la démocratie ne peut douter du fait que Porto Rico est une colonie des Etats-Unis que cela plaise ou non. Il existe trois possibilités quant à l'avenir de Porto Rico, à savoir l'indépendance, la libre association et la constitution d'un Etat. Le Comité spécial doit s'exprimer une fois pour toutes pour que l'on en finisse avec cette ignominie. Les Nations Unies doivent adopter une résolution appuyant clairement l'autodétermination du peuple portoricain et encourager la tenue la tenue d'un référendum sur le statut politique du territoire.
M. LUIS VEGA RAMOS (PROELA) a estimé que le Congrès américain fuit encore ses responsabilités dans le processus d'autodétermination de Porto Rico. La législation en vigueur prévoit un plébiscite local en décembre de cette année mais cette consultation populaire est déjà assombrie par de graves défauts de la législation en place. L'incorporation qui figure au rang des options pour le statut du territoire ne nous accorde pas le droit de vote aux élections législatives et sénatoriales tout en ne nous permettant pas de conserver notre culture et nos traditions. Dans l'état actuel des choses,
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nous risquons d'écarter le concept le plus important qui est l'autonomie. Ce plébiscite devrait permettre de choisir entre l'autodétermination, l'indépendance ou le statut de libre association élargie. Il faudrait éliminer la possibilité d'un Etat libre associé tel qu'il est présenté aujourd'hui car il ne respecte pas les aspirations des Portoricains.
Mme MARISOL CORRETJER RUIZ, Parti nationaliste de Porto Rico, a souligné que l'occupation américaine de Porto Rico remonte à cent ans. Il faut constater qu'en 1998, des projets du Congrès américain, tel que le projet Young continuent toujours de "plaisanter" avec la souveraineté du territoire. Les organes internationaux ont le devoir d'empêcher l'empire américain de faire taire la lutte pour l'indépendance du peuple de Porto Rico qui compte déjà plusieurs martyrs. Le Parti nationaliste demande au Comité spécial de refuser aux Etats-Unis un rôle déterminant dans l'avenir de Porto Rico. Les Américains doivent, au contraire, laisser le peuple du territoire vivre en paix. Le Parti nationaliste demande l'accréditation de représentants portoricains aux Nations Unies et la libération des prisonniers politiques et de guerre détenus aux Etats-Unis. Il condamne l'installation de radars sur le territoire par l'armée des Etats-Unis.
M. ALBERTO LOZADA-COLON (Commission internationale pour l'Union de la patrie) a retracé l'histoire coloniale de Porto Rico. L'invasion américaine a produit un gouvernement militaire puis une Charte organique qui est à l'origine du retard de plus de cinquante ans du pays. On a prétendu effacer de la carte l'identité du peuple de Porto Rico, ce qui constitue un crime. Le pétitionnaire a évoqué les nombreux projets de loi au Congrès américain et notamment celui sur lequel le Congrès devrait se prononcer. Ce projet de texte comporte de nombreuses carences et notamment le fait qu'il passe outre le droit international en matière de décolonisation. Ce projet de texte qui est en faveur de l'incorporation de Porto Rico aux Etats-Unis ne respecte pas les résolutions pertinentes de l'Assemblée générale qui stipulent que les habitants du territoire doivent jouir des mêmes droits que ceux de la métropole. Les résolutions du Comité spécial et de l'Assemblée générale des Nations Unies n'ont eu aucun effet concret dans le processus de décolonisation de Porto Rico. Ce Comité, en adoptant une résolution qui réaffirme le droit international en matière de décolonisation, aurait un effet concret et précis sur la législature des Etats Unis. Ce serait une honte de laisser passer cette occasion historique.
Mme VANESSA RAMOS (Association américaine de juristes) a rappelé que son association a condamné la violence superflue contre les hommes et les femmes qui se sont mis en grève les 7 et 8 juillet derniers avec le soutien massif des habitants de Porto Rico. La pétitionnaire a dénoncé le pouvoir du Congrès américain sur Porto Rico et la voracité des grands consortiums américains, la persécution et l'incarcération des combattants de la liberté. Elle a lancé un appel pour que le Comité s'acquitte de son mandat en adoptant le projet de résolution présenté par Cuba. Les Nations Unies, dont le fer de lance est le volet décolonisation, ne peuvent pas rester les bras croisés devant cette violation des droits de l'homme des Portoricains.
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M. JULIO A. MURIENTE PEREZ, Nouveau Mouvement Indépendantiste Portoricain, a indiqué que le peuple de Porto Rico commémore cette année le centenaire de l'occupation américaine. Pendant un siècle, les Etats-Unis ont tenté d'utiliser toutes les formes de colonialisme, y compris l'occupation militaire de Porto Rico. Les Portoricains ont pourtant conservé leur fierté nationale, luttant sans relâche pour leur souveraineté. La lutte pour l'élimination du colonialisme a fait des progrès remarquables à tel point que les Nations Unies ont proclamé une Décennie de la décolonisation. En tant que citoyen d'une des dernières colonies de la planète, le Nouveau Mouvement demande au Comité spécial de reconnaître le droit de Porto Rico à son autodétermination et à son indépendance. Tout processus de décolonisation exige une volonté de décolonisation du peuple colonisé, de la puissance administrante et de tous les défenseurs de la décolonisation. Or les autorités américaines n'ont cessé de louvoyer en mettant tout en oeuvre pour préserver leur domination. L'initiative lancée cette année par le Congrès pour reconnaître la question de Porto Rico a donné lieu à une discussion sur un projet de loi qui reste étranger aux dispositions du droit international relatif, notamment, au transfert du pouvoir, pilier d'un processus de décolonisation. Ce projet de loi est une initiative unilatérale qui maintient à l'écart le peuple de Porto Rico. Les Américains refusent toujours le lien de colonisation entre les Etats-Unis et Porto Rico. Pourtant une partie du territoire continue de servir à des fins militaires et des prisonniers portoricains sont toujours maintenus en prison pour des raisons politiques. Les Etats-Unis ne reculent devant rien pour asseoir leur pouvoir sur le territoire. Tels sont les faits, telle est la réalité. Le référendum créole proposé par le Congrès n'est qu'un simulacre de décolonisation. Les annexionnistes veulent en fait imposer une tentative de plus d'imposer l'option minoritaire de l'annexion. Cette nouvelle farce doit être dénoncée. Le peuple de Porto Rico a livré ces derniers mois une lutte contre la privatisation des biens sociaux. Le gouvernement américain a réagi par la répression et la brutalité policière montrant ainsi son entêtement. La grève du peuple a permis au territoire de développer un grand mouvement national pour dénoncer les actions du gouvernement colonial. Cent ans après l'invasion, le peuple portoricain aspire à ce que le problème colonial soit résolu et le Comité spécial peut apporter une contribution importante en la matière. Le Comité doit demander clairement la résolution de ce problème. L'appel de solidarité va également aux pays d'Amérique latine et des Caraïbes. Dans un esprit bolivarien, le peuple de Porto Rico demande que se manifeste enfin la solidarité. Il est convaincu que le Comité spécial reconnaîtra le droit du peuple portoricain à l'autodétermination et à l'indépendance. Pour sa part, Porto Rico poursuivra sa lutte pour occuper la place qui lui revient dans le concert des nations.
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M. JOHN WARD LLABIS, Action démocratique portoricaine, a souligné que la majorité des Portoricains n'ont cesser d'exprimer leur appui à l'exercice d'une souveraineté propre. Qu'attend le Comité spécial pour agir. Il est indispensable que les Nations Unies soient présentes et assurent le respect du mandat de décolonisation. Le pétitionnaire a regretté que la configuration de la salle, les membres du Comité tournent le dos aux pétitionnaires lorsqu'ils s'expriment. Ils ne faut pas qu'ils tournent ainsi le dos à l'histoire et au cours inexorable des étonnements.
Mme JENNIFER GONZALES-COLON (Give Porto Rico a Chance) a expliqué que son association défend le statut d'Etat. L'Etat libre associé déclaré en 1952 n'était pas un acte d'autodétermination. Depuis, le Congrès des Etats-Unis s'est arrogé le pouvoir sur Porto Rico qui est devenu une sous-division gouvernementale des Etats-Unis mais elle aurait pu s'appeler colonie. De ce fait le Congrès peut intervenir directement pour ce qui est des décisions relatives à Porto Rico alors que le territoire n'est pas incorporé à l'Union. Soumettre tout un peuple à la domination revient à renier les droits de la personne en violation de la Charte des Nations Unies. Ce Comité doit redire l'urgence qu'il y a à relancer le débat avec le peuple portoricain sur le statut d'Etat ou d'indépendance. Porto Rico doit pouvoir exercer son propre destin avec orgueil. La poursuite du statu quo n'est pas une alternative à une solution.
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