En cours au Siège de l'ONU

AG/EF/248

L'ELIMINATION DE LA PAUVRETE EST UN OBJECTIF REALISABLE DES LE DEBUT DU SIECLE PROCHAIN SI LA VOLONTE POLITIQUE EXISTE

12 novembre 1997


Communiqué de Presse
AG/EF/248


L'ELIMINATION DE LA PAUVRETE EST UN OBJECTIF REALISABLE DES LE DEBUT DU SIECLE PROCHAIN SI LA VOLONTE POLITIQUE EXISTE

19971112 Les efforts nationaux doivent pouvoir s'appuyer sur l'aide internationale

La Deuxième Commission (économique et financière) a achevé cet après- midi l'examen du chapitre relatif à la Décennie des Nations Unies pour l'élimination de la pauvreté. Les représentants et observateurs des pays et organisations suivants ont pris la parole: Guyana, Ordre de Malte, Saint- Siège, Philippines, Algérie, Organisation internationale du travail (OIT), Banque mondiale, Venezuela, UNESCO, Organisation mondiale de la santé (OMS), Koweït, Brésil, Yémen, Bénin, Barheïn, République arabe syrienne et PNUD.

Les représentants ont rappelé que l'élimination de la pauvreté est une nécessité morale, économique, sociale et politique. C'est aussi un objectif réalisable dès le début du siècle prochain si la volonté politique existe. Toutefois, même si cet objectif est une tâche qui incombe en premier lieu aux gouvernements, les efforts nationaux ne peuvent souvent, à eux seuls, être suffisants. Il faut donc une aide de la communauté internationale, qui suppose notamment le plein respect des engagements en matière d'aide publique au développement, un allégement substantiel de la dette des pays du Sud ou l'instauration d'un plus grand équilibre dans les échanges commerciaux.

Demain, jeudi 13 novembre, à 10 heures, la Commission reprendra l'examen du point de son ordre du jour relatif à l'environnement et au développement durable. Elle examinera les chapitres consacrés à la Décennie internationale pour la prévention des catastrophes naturelles et à l'application de la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification.

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Débat

M. GEORGE TALBOT (Guyana) a déclaré que sa délégation s'associe à la déclaration faite par la Tanzanie, au nom du Groupe des 77 et la Chine et a affirmé que le monde a les ressources et le savoir-faire pour créer en moins d'une génération un monde sans pauvreté. Toutefois, une forte détermination est nécessaire pour réaliser des progrès significatifs en la matière. L'éradication de la pauvreté est une responsabilité première des gouvernements, qui implique une complémentarité des actions aux niveaux national et international. Afin d'offrir des opportunités de développement économique et social, un taux de croissance durable doit être maintenu et des emplois crées. Le Guyana a mis en place une campagne contre la pauvreté. Le gouvernement a tenté de déterminer des objectifs clairs et de se donner les moyens de les atteindre. Malheureusement, comme dans beaucoup d'autres pays en développement, les efforts du Guyana sont limités à cause des contraintes d'une importante dette extérieure et des effets négatifs de l'ajustement structurel, sur notamment la santé, l'éducation et les prestations sociales. Malgré ces contraintes, le gouvernement a augmenté ses allocations sociales, en matière de santé et d'éducation. Sans remettre en cause son engagement à stabiliser l'économie et à engager une réforme structurelle, le gouvernement a placé l'investissement dans les hommes au rang de facteur clé dans la stratégie d'éradication de la pauvreté. En conclusion, le délégué a déclaré que les efforts nationaux devraient être complétés par un environnement international favorable, certaines remises de dettes et l'aide des Nations Unies et de la communauté internationale.

M. THOMAS CARNEY, (Observateur de l'Ordre de Malte), a déclaré que l'ordre applaudit aux efforts que déploient les Nations Unies pour éliminer la pauvreté. L'Ordre de Malte est la plus ancienne institution au monde dont l'objectif est d'aider les pauvres, a-t-il rappelé. C'est l'un de ces deux objectifs depuis neuf siècles. L'Ordre de Malte compte 11 000 membres et 70 000 volontaires à plein temps dans 40 pays et des missions diplomatiques au rang d'ambassade dans 76. Organisme souverain, il apporte une assistance de proximité dans 100 pays. Il est donc très sensible à tous les efforts internationaux visant à l'élimination de la pauvreté et soutient ceux des Nations Unies. Alors que l'humanité a les moyens financiers et institutionnels de traiter ce grave problème, il est scandaleux qu'autant de nos congénères vivent encore en cette fin de siècle dans des conditions qui ne leur permettent pas d'avoir le minimum de dignité. L'Ordre de Malte souhaite coopérer avec les institutions internationales et recherche les moyens de coordonner son action avec les activités des Nations Unies.

M. RENATO MARTINO (Observateur du Saint-Siège) a déclaré que la pauvreté est l'un des grands scandales de notre temps. Les contrastes entre le gaspillage des richesses d'une part, la pauvreté de l'autre, est intolérable. Le Sommet de Copenhague, s'est concentré, plus que tout autre, sur la pauvreté et des engagements y ont été pris pour mettre en place des stratégies visant à répondre au scandale de la pauvreté extrême. Une conception de développement

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centré sur l'être humain ne tolère plus de séparation entre les différentes formes de développement, qu'il soit économique, humain, social ou environnemental. Il faut que les besoins de chacun soient satisfaits et l'élimination de la pauvreté doit devenir un élément central de toute théorie économique. Le Sommet de Copenhague a reconnu que la responsabilité première en incombe aux gouvernements nationaux, mais que rien ne pourrait être mené à bien sans un effort de la communauté internationale.

Les investissements directs se sont accrus mais il faut les coordonner avec l'aide publique au développement qui, elle diminue malheureusement, a déclaré le nonce apostolique. L'importance croissante de l'investissement directe ne réduit en rien celle de l'aide publique au développement, qui reste une composante essentielle de la politique de développement car il est des objectifs qu'elle seule peut atteindre avec efficacité. L'aide publique au développement est le symbole de cet impératif moral de l'humanité qu'est la lutte contre la pauvreté et il faut donc se demander dans quelle mesure sa baisse actuelle reflète la distanciation du public par rapport à cette responsabilité morale. L'isolationnisme est une politique à courte vue, que ce soit humainement ou économiquement. Une véritable sécurité ne pourra être obtenue pour chacun d'entre nous que par le respect de tels principes. Les conditionnalités mues par des intérêts politiques ou militaires doivent être éliminées. Ceux qui vivent dans la pauvreté ont les mêmes droits que les riches à prendre part aux décisions qui concernent leur avenir. Les programmes humanitaires et de développement ne doivent pas devenir des entreprises économiques dominées par les intérêts d'une nouvelle élite du développement. L'aide publique au développement doit être orientée en priorité vers l'investissement humain, notamment dans les jeunes filles, et vers l'investissement dans les services sociaux de base comme la santé et l'accès à l'eau potable. Il faut favoriser aussi le développement rural durable et profiter de l'An 2000 pour parvenir à un nouveau consensus pour une relance de l'aide publique au développement.

Mlle MARIA LOURDES V. RAMIRO LOPEZ (Philippines) a attiré l'attention dans le rapport du Secrétaire général sur l'importance d'assurer une forte croissance économique. C'est le seul moyen en effet, de donner aux pays une chance d'éliminer la pauvreté. Elle a observé que dans les pays de l'OCDE l'élimination de la pauvreté est financée par l'augmentation des dépenses dans le domaine sociale. Mais l'ampleur des dépenses et des coûts dans ce domaine dépendent d'une économie nationale en expansion. Cela signifie que la communauté internationale, pour être juste avec les pays qui ont un indicateur élevé de pauvreté doit, très vite leur assurer un cadre favorable pour leur croissance économique. Le manque de solution durable au problème de la dette extérieur des pays en développement, les risques et les coûts de l'instabilité financière pour les pays dont les conditions macro-économiques sont cependant saines, et l'absence d'accès équitable aux marchés sans parler du déclin de l'aide publique au développement, ne sont pas des facteurs qui contribuent à l'élimination de la pauvreté. Le rôle premier de la lutte contre la pauvreté revient aux pays eux-mêmes, a-t-elle reconnu. Elle s'est félicitée de

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l'assistance des Nations Unies dans ce domaine, grâce notamment au PNUD, à l'UNICEF et au FIDA qui ont mis en oeuvre une stratégie globale pour s'attaquer au problème de la pauvreté. Il faut également que cette stratégie s'accompagne de la participation des ONG dans toutes les régions du pays.

Mme Ramiro Lopez a déclaré que des actions ont été menées au niveau régional, et plus particulièrement au sein de l'Association des Nations d'Asie du Sud Est (ANASE), grâce à la création d'un comité de développement rural et d'élimination de la pauvreté. Les experts en matière de développement rural se rencontreront le mois prochain en Indonésie pour discuter de la question de l'élimination de la pauvreté. Cette instance permet en effet un échange d'expérience et d'idées au niveau de la région, et d'adopter les programmes les plus appropriés pour venir plus rapidement à bout de ce fléau. Elle s'est également félicitée des initiatives prises au sein de l'ONU au niveau du suivi des différentes Conférences internationales des années 90 et dans le cadre de la Décennie pour l'élimination de la pauvreté.

M. ZINEDDINE BIROUK (Algérie) a déclaré que les grandes Conférences internationales organisées sous l'égide des Nations Unies au cours de ces six dernières années ont souligné le caractère prioritaire que revêt l'éradication de la pauvreté, qui affecte aujourd'hui un quart de l'humanité et dont la quasi-totalité vit dans les pays en développement. La stratégie opérationnelle dans le domaine de la lutte contre la pauvreté adoptée par le Sommet de Copenhague en 1995 indique clairement que des initiatives doivent être prises sur les plans national et international. Les efforts nationaux ne peuvent en effet suffire à eux seuls pour atteindre l'objectif de l'élimination de la pauvreté. M. Birouk a rappelé les efforts entrepris par les Nations Unies dans ce domaine. Cependant, a-t-il ajouté, la philosophie de bon nombre d'initiatives et d'actions entreprises ne correspond pas entièrement à l'objectif d'une éradication durable de ce fléau. En effet, la "thérapeutique" préconisée à cette fin ne doit pas conduire à penser qu'elle pourrait représenter un substitut aux efforts globaux en faveur du développement économique et social. Il y a là un risque sérieux de voir cette stratégie se substituer progressivement à l'objectif fondamental du développement durable par la croissance économique, et par conséquent de voir les questions de développement économique proprement dites reléguées au second plan. Sans le plein respect des engagements en matière d'aide publique au développement, sans un allégement substantiel de la dette des pays du Sud et sans, entre autres, l'instauration d'un plus grand équilibre dans les échanges commerciaux et, en particulier, un accès plus large et plus équitable des produits des pays en développement aux marchés internationaux, la pauvreté dans le monde risque non pas de stagner ou de diminuer, mais bien d'augmenter. Des efforts collectifs en faveur de l'élimination de la pauvreté doivent donc être appuyés par un traitement global des problèmes de développement économique et social. Le représentant a indiqué que l'Algérie consacre des budgets importants aux secteurs sociaux et s'est félicité des résultats auxquels a abouti le Sommet mondial sur le microcrédit. Ce dernier s'est en effet révélé être un puissant instrument d'émancipation sociale dans les pays en développement, notamment des femmes, a-t-il conclu.

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M. STEPHEN SHAFFER, (Représentant de l'Organisation internationale du Travail, OIT), après avoir qualifié la pauvreté de menace majeure pour la paix et la sécurité dans le monde, a insisté sur le lien entre emploi et réduction de la pauvreté. Il a ensuite présenté les politiques requises pour réduire la pauvreté: des politiques macro-économiques pour établir une stabilité macro-économique et un équilibre fiscal et monétaire; des politiques sectorielles pour promouvoir une motivation au travail; des politiques de marché du travail pour assurer le développement et l'utilisation efficace des ressources humaines; des politiques de lutte contre l'exclusion sociale; des standards de travail pour protéger les droits des travailleurs et améliorer les conditions de travail.

L'Organisation internationale du travail a mis en place plusieurs activités pour lutter contre la pauvreté. Premièrement, l'équipe spéciale du Comité administratif de coordination sur le plein emploi et les modes de vies durables a permis de rendre opérationnel le Programme d'action adopté au Sommet mondial pour le développement social. Ce Comité qui a mis en place des politiques dans sept pays a permis de déterminer la relation entre l'emploi et la réduction de la pauvreté. Deuxièmement, la quatre-vingt troisième Conférence internationale du travail a discuté d'un rapport de l'OIT intitulé "Politiques d'emploi dans un contexte global" et a obtenu un large consensus entre gouvernements, syndicats de patrons et d'employés. Les discussions ont révélé que les réformes du marché sont cruciales pour la croissance durable du travail. Troisièmement, la Commission du développement social a préparé des propositions concernant un ensemble de politiques de développement de l'emploi. Quatrièmement, l'Institut international pour les études sur l'emploi a mené des recherches sur les causes de l'exclusion sociale. Enfin, les 14 équipes multidisciplinaires de l'OIT réparties autour du monde, ont eu à appliquer les conclusions des conférences et commissions de l'OIT et des Nations Unies. Elles ont assisté les gouvernements pour préparer des politiques de lutte contre la pauvreté.

M. ALFREDO SFEIR-YOUNIS (Représentant spécial de la Banque mondiale auprès des Nations Unies) a déclaré qu'alors que de nombreux progrès ont été faits, trop de gens n'en bénéficient pas encore. Les inégalités entre les communautés rurales et urbaines d'une part, et entre les personnes qualifiées et celles sans qualifications, d'autre part, augmentent. Il est important de noter que le manque de ressources financières n'est pas la seule dimension de la pauvreté. Les peuples pauvres souffrent d'une mortalité importante, de neurasthénie, et d'un manque d'éducation.

Pour lutter contre la pauvreté et l'exclusion sociale, il serait souhaitable de rétablir un taux de croissance et d'investissement suffisant pour créer des opportunités économiques. Les services économiques et sociaux de base comme l'éducation, la médecine préventive, les routes, et les infrastructures de base devraient faire l'objet d'une attention particulière. La participation des couches pauvres de la population est très importante.

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Il est tout aussi essentiel de mettre en place des politiques et des réformes institutionnelles qui assureront aux pauvres l'accès à des services de qualité. Il faudrait par ailleurs répertorier toutes les lacunes au niveau local dans les domaines économique et social.

M. Sfeir-Younis a indiqué que la Banque mondiale a crée un comité chargé de coordonner les stratégies nationales pour s'attaquer à la pauvreté. Le comité s'efforcera non seulement de formuler des stratégies pour la réduction de la pauvreté, mais aussi d'inciter les pauvres à participer activement aux programmes. Dans la même foulée, la Banque mondiale s'efforcera de limiter dans toute la mesure du possible le coût de ces opérations.

Si rien n'est fait aujourd'hui, il y aura 5 milliards de pauvres sur la planète dans 30 ans, a-t-il affirmé.

M. GONZALO PRIETO (Venezuela) a déclaré que, si la pauvreté a été réduite en termes relatifs, elle a augmenté en termes absolus. Si la situation s'est améliorée de nombreux problèmes demeurent en matière d'alimentation, de santé et d'éducation. Sur 470 millions d'habitants en Amérique latine, 235 millions sont des pauvres et 41% souffrent plus ou moins de la faim. En outre 30% des familles dépendent d'une seule personne, la mère, d'où la nécessité de la promotion de la femme dans le cadre du développement. L'élimination de la pauvreté est un impératif moral, économique et politique. Cela suppose la mise en oeuvre des engagements contractés lors des grandes conférences internationales. Les pays développés doivent donc fournir les ressources qu'ils se sont engagés à transférer. Le Venezuela souligne par ailleurs que l'amélioration des conditions politiques et sociales est essentielle pour la protection de l'environnement.

M. ALFATIH I. HAMAD (UNESCO) a déclaré que l'élimination de la pauvreté, que celle-ci soit absolue ou relative, doit obligatoirement aller au-delà du monétaire et de l'économique pour s'intéresser à la pauvreté en tant qu'expression de l'exclusion sociale. Il a indiqué que la démarche intellectuelle en matière de pauvreté dans son Programme de gestion des transformations sociales vise à l'identifier, la mesurer et à la suivre, grâce à des concepts des données qualitatives, des méthodes et des indicateurs de mesure d'évaluation spécifiques à chaque pays. Ce Programme identifie les spécificités et les causes de la pauvreté dans un pays, et sur cette base, développe des projets sur le terrain et élabore des propositions de politiques contre la pauvreté.

Il a rappelé que la Communauté internationale n'a pas tenu ses engagements pris à Copenhague. L'action de l'UNESCO dans la lutte contre la pauvreté porte essentiellement sur le développement des ressources humaines et le renforcement des capacités, notamment par des efforts soutenus en matière d'éducation formelle et non formelle et de formation donnant accès au marché de l'emploi. L'éducation non seulement crée des capacités et génère des savoir-faire endogènes mais élargit également l'horizon des connaissances des

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individus et favorise la participation des pauvres à la vie active et, partant, leur permet de prendre en charge leur propre destin. L'UNESCO met l'accent sur la conception et l'exécution de programmes dans les domaines de l'éducation, de la science, de la technologie, de la culture et de la communication, et sur la formation des spécialistes dans ces domaines. L'Organisation coopère très étroitement avec les fonds et programmes des Nations Unies, notamment l'UNICEF et le PNUD, pour le financement extrabudgétaire des projets ainsi qu'avec les banques régionales de développement, notamment la Banque Africaine de développement. Elle collabore également avec d'autres partenaires qui n'appartiennent pas au système des nations Unies, telle la Grameen Bank du Bangladesh, pour promouvoir le concept de micro financement en faveur des pauvres. Un mémorandum d'accord avec cette banque a ainsi été signé en 1995, visant essentiellement à améliorer l'accès à l'éducation par les emprunteurs de la Banque et à promouvoir la reproduction du modèle de la Grameen Bank.

Mme CECILIA ROSE-ODUYEMI (Organisation mondiale de la Santé, OMS) a rappelé que la Charte constitutive de son organisation fait du plus haut niveau possible de santé, sans distinction de race, de religion, d'opinion politique ou de condition sociale ou économique, un des droits fondamentaux de l'homme. La santé est une condition préalable à l'élimination de la pauvreté et l'OMS a d'importants programmes de coopération technique dans l'ensemble des pays en développement. Elle fournit en outre, une assistance spéciale aux pays les moins avancés pour améliorer la santé des groupes de population les plus pauvres. Les programmes couvrent actuellement 30 pays.

L'OMS cherche à contrôler les principales maladies. Par exemple, l'éradication de la polio doit être achevée d'ici la fin du siècle. La lutte contre la cécité des marais a, elle, permis non seulement de soulager les souffrances, elle a aussi permis l'exploitation de milliers d'hectares. Les programmes de vaccination atteignent désormais 80% des enfants de moins de cinq ans. Les services de santé doivent être améliorés et parvenir aux plus pauvres. L'amélioration de l'état de santé des plus pauvres requiert une coordination intersectorielle et une action collective menées sous l'autorité des gouvernements avec l'assistance technique de l'OMS. A cette fin, il faut identifier des indicateurs pour l'élimination de la pauvreté qui faciliteront le travail de l'OMS.

M. SALEH AL-MULLA (Koweït) a indiqué que la mort de près de 13 millions d'enfants est la conséquence directe de la pauvreté. La communauté internationale se doit donc de fournir les efforts suffisants pour promouvoir le développement économique et social, plus particulièrement dans les pays les moins avancés. Les bailleurs de fonds doivent respecter leurs engagements, a- t-il déclaré, et permettre ainsi aux pays les moins avancés d'utiliser leurs propres ressources pour contribuer au développement et lutter ainsi contre le fléau de la pauvreté. Il a rappelé que depuis son indépendance, son pays a créé le Fonds du Koweit pour le développement qui à l'époque a injecté quelques 6 milliards de dollars pour venir en aide aux Etats arabes et à

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d'autres pays dans d'autres régions du monde que ce soit en Afrique, en Asie ou en Amérique latine ou aux Caraïbes. De 1973 à 1990, le montant total déboursé a été de 18,6 milliards de dollars. Après avoir appuyé une reconstruction rapide du pays après la guerre du Golfe, le Fonds a repris son assistance au niveau international. De nombreuses associations caritatives apportent une aide précieuse au niveau des ressources humaines, matérielles et financières. Le représentant a lancé un appel pour que les pays donateurs respectent leurs engagements et s'attellent à mobiliser les ressources pour venir en aide aux pays en développement. Il faut agir de manière plus concrète au niveau collectif.

M. ENIO CORDEIRO (Brésil) a rappelé que les réformes faites en Amérique latine ont permis de réduire de manière substantielle la pauvreté absolue et d'améliorer la situation des pauvres. C'est le cas au Brésil grâce à la maîtrise de l'inflation qui était explosive les années précédentes. La croissance accumulée entre 1994 et 1996 a permis une augmentation de 13% du PIB, et le PIB par habitant a augmenté de 2,9% par an. Le taux de chômage a été stabilisé aux alentours de 5% et le taux de pauvreté est passé depuis 1994 de 33,4% à 25,1%. Le chiffre est certes élevé mais la tendance est encourageante. Cette amélioration s'est traduite par une relance de la consommation.

Le Gouvernement brésilien a mis l'accent sur différents programmes sociaux, qui ont permis, entre autres, de faire considérablement baisser la mortalité infantile, a déclaré le représentant. Il a expliqué que le Plan "Communauté dans la solidarité" vise à accroître l'efficacité des dépenses gouvernementales, et cherche une meilleure coordination entre le gouvernement et la société civile. Dans ce cadre, les municipalités les plus touchées par la pauvreté bénéficient d'une aide supplémentaire. Ce programme illustre bien la conviction qu'un partenariat destiné à améliorer les conditions de vie permettra de contribuer à un monde exempt de misère, d'inégalité et de faim.

M. ABDULAZIZ A. KAID (Yémen) a déclaré que l'engagement conclu au Sommet du développement social doit être honoré. La pauvreté entrave, entre autres, le processus d'innovation de l'individu. Il s'est félicité des initiatives du PNUD et de la Banque mondiale en matière de lutte contre la pauvreté qui témoignent de l'importance de cette question. Des solutions efficaces à ce problème n'ont cependant pas encore été trouvées jusqu'à présent, a-t-il précisé. Et il n'y a pas non plus de développement durable sans ressources financières adéquates, tout comme il n'y a pas de commerce sans la levée du protectionnisme. Il a rappelé le chiffre dramatique de 1,3 milliard de personnes qui continuent à souffrir de la pauvreté, sans parler du nombre tout aussi effrayant de personnes qui vivent avec moins d'un dollar par jour. Le représentant a indiqué qu'il faut trouver des solutions urgentes qui sont tant attendues par les pays les plus pauvres. Certains pays les moins avancés, comme c'est le cas du Yémen, a-t-il ajouté, continuent de souffrir des effets néfastes de la mondialisation. Le Gouvernement du Yémen est conscient des

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changements advenus sur la scène internationale, et le pays est prêt à apporter les changements structurels nécessaires pour faciliter l'accès aux marchés internationaux. A la suite de la crise du Golfe et des pluies torrentielles dont le pays a souffert, il a indiqué qu'une amélioration des infrastructures nationales nécessite une assistance internationale.

M. ROGATIEN BIAOU (Bénin) a rappelé que dans le cadre de la Décennie pour l'élimination de la pauvreté, le thème choisi pour l'année 1998 est "Pauvreté, droits de l'homme et développement". La lutte contre la pauvreté demeure une des priorités fondamentales de l'Agenda des Nations Unies jusqu'à ce que l'objectif de l'élimination de la pauvreté absolue soit atteint par les pays développés et en développement, a-t-il déclaré. En 1995, le Gouvernement béninois a mis sur pied l'Agence de gestion de la dimension sociale du développement chargée de la mise en oeuvre effective des projets et des activités destinés à lutter contre la pauvreté au niveau local, et plus particulièrement rural. L'un des principes clés de l'Agence est d'impliquer les personnes vivant dans la pauvreté et les groupes vulnérables et défavorisés dans la réalisation des activités et différents projets. En outre, le Bénin a adopté l'année suivante le Programme national de l'emploi qui constitue un outil indispensable dans la lutte contre la pauvreté au niveau national. En effet, sans emploi, sans activités génératrices de revenus constants et réguliers, aucun être humain ne peut échapper de manière durable au cycle déshumanisant de la pauvreté. La création d'emploi en cette fin de siècle est donc un défi à relever par tous les gouvernements.

Il a indiqué que le minimum social commun est constitué par la sécurité alimentaire, l'éducation de base, l'accès aux services et soins de santé primaire et le développement de la capacité à générer des richesses, c'est-à- dire des revenus. Pour atteindre l'objectif du bien-être social, les personnes vivant dans la pauvreté seront les acteurs de premier rang. De cette manière, il pourront progressivement se prendre en charge et assurer pleinement la gestion de leurs affaires tandis que l'Etat béninois jouera de plus en plus un rôle facilitateur en créant les conditions nécessaires à l'émergence des initiatives privées. Il a rappelé les différents objectifs du Colloque international sur le minimum social commun, communément appelé Colloque sur la lutte contre la pauvreté, qui répondent aux recommandations à la fois du Sommet mondial pour le développement social et du Consensus d'Oslo sur les moyens de rendre opérationnelle l'initiative 20/20.

M. ABDULLAH AL-KHALIFA (Bahreïn) a déclaré que l'élimination de la pauvreté constitue une urgence et un défi majeur. Les efforts internationaux doivent impliquer tous les Etats Membres des Nations Unies. Présentant le plan de son pays en faveur du développement, le délégué a indiqué qu'au Barheïn, la femme a pleine liberté de travailler et d'accéder à l'enseignement. Les femmes constituent désormais 19% de la main d'oeuvre dans le pays, a-t-il dit. Le taux d'alphabétisation dépasse les 84%. Bahreïn assure en outre l'accès gratuit de tous ses ressortissants aux médicaments, veille à fournir à tous un logement décent et cherche à diversifier son économie pour en assurer les fondements.

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M. HUSSAM EDIN A'ALA (République arabe syrienne) a déclaré que le Sommet mondial pour le développement social a défini des moyens précis qu'il faut mettre en oeuvre et des priorités à prendre en considération notamment en matière d'éducation, de santé, et de malnutrition. Pour trouver une solution durable au problème de la lutte contre la pauvreté, le rapport du Secrétaire général ne présente aucune solution concrète. Les stratégies nationales visant à réduire la pauvreté doivent être couronnées de succès, a-t-il déclaré. La Syrie a indiqué qu'il faut cependant un appui international aux efforts nationaux pour réduire efficacement la pauvreté.

Le déclin de l'aide publique au développement est inquiétante, a-t-il ajouté, et entrave la mise en place d'infrastructures saines et efficaces permettant de créer un environnement propice pour le développement durable dans les pays en développement. L'écart entre les riches et les pauvres ne cesse d'augmenter et le poids de la dette sur les pays en développement ne facilite certainement pas la mise en oeuvre de stratégies nationales dans les secteurs économique et social pour éliminer la pauvreté. Il faut donc trouver rapidement une solution à l'allégement de la dette afin de favoriser la création d'un environnement économiquement favorable. L'économie mondiale n'a en effet pas réussi à créer suffisamment d'emplois dans les pays du Nord et à éliminer la pauvreté dans les pays du Sud.

Vu le taux élevé de la croissance démographique en Syrie, le gouvernement a concentré ses efforts dans le domaine de l'agriculture et des ressources humaines. Les secteurs de la santé et de la malnutrition sont également prioritaires. Ces stratégies visent à améliorer le niveau de vie des habitants, en particulier des pauvres, et le niveau économique du pays. L'accent y est mis sur le développement des zones rurales par le développement du secteur agricole. L'élimination de la pauvreté est une nécessité éthique, sociale et politique et il faut un effort collectif pour trouver des solutions pratiques et durables au problème de l'élimination de la pauvreté.

M. THIERRY LEMARESQUIER (PNUD) a déclaré que davantage de personnes vivent aujourd'hui dans la misère qu'à aucune autre période de l'histoire, et cela alors que le monde est parvenu à un niveau de richesse et de développement tel que cette situation est scandaleuse. Il ne peut y avoir de paix durable sans développement social. Pourtant, a-t-il ajouté, l'élimination de la pauvreté est un objectif réaliste qui peut être atteint au début du siècle prochain. Toutefois, quand bien même la responsabilité de cet objectif incombe en premier lieu aux Etats, la communauté internationale doit cependant les y aider. La croissance à elle seule ne permet pas d'éliminer la pauvreté: Il faudrait en effet des taux trop élevés durant trop longtemps pour atteindre cet objectif sans redistribution. L 'élimination de la pauvreté extrême suppose que les pauvres puissent devenir maîtres de leur propres ressources, ce qui implique l'aide d'ONG, de syndicats et d'autres organisations.

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Le PNUD fait de la mise en oeuvre du Plan d'action de Copenhague une priorité, a rappelé le représentant, qui a présenté un certain nombre de mesures prises. Mais les forces de la mondialisation marginalisent des pays entiers et le fossé s'élargit entre riches et pauvres, y compris à l'intérieur des Etats. L'accumulation de la dette extérieure continue de priver de nombreux pays en développement de ressources. Le PNUD se félicite donc de l'initiative pour les pays les plus lourdement endettés. La communauté des bailleurs de fonds a elle aussi des responsabilités dans la lutte contre la pauvreté, l'aide publique au développement doit être suffisamment importante et correctement distribuée. En 1998, le PNUD publiera son premier rapport sur la pauvreté.

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